Etre juristes syrien en France - Affiches Parisiennes

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Etre juristes syrien en France - Affiches Parisiennes
Être juriste syrien en France
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Être juriste syrien en France
Jean-Paul VIART - publié le 16 février 2016 - Actualité
Le Cercle Montesquieu et Oxygen + accueillaient dernièrement neuf juristes syriens venus témoigner. Après avoir vécu au cœur de l'enfer,
ils tentent de reconstruire en France leurs vies familiales et professionnelles, en attendant que leur pays retrouve un semblant d'équilibre.
Même si la solidarité entre juristes n'est pas un vain mot, ce sont essentiellement les compétences qui leur permettent aujourd'hui
d'intégrer des cabinets français.
Comme beaucoup de Syriens, comme beaucoup de leurs confrères, ces juristes doivent fuir la guerre et ses menaces, pour
leur sécurité. La situation politique à Damas et dans sa banlieue commence à devenir très difficile en mai 2012, virant à
l’incontrôlable au fil des mois et des années. Face à l’insécurité permanente, chacun des neuf juristes présents à la réunion
organisée par le Cercle Montesquieu et Oxygen + prend la décision qui s’impose : quitter le pays et venir en France. Chacun a
sa propre expérience de ces dramatiques événements avec néanmoins de lourdes constantes : les bombes, la disparition de
proches, l’omniprésence de la mort…
La solidarité des juristes se met également en place afin de les intégrer le plus rapidement possible en cabinet d’avocat ou en
entreprise. Parallèlement à leur recherche d’un toit et d’emploi, les juristes syriens se familiarisent en un temps record avec la
langue française.
Deux invités à cette soirée, Nathalie Debeir et Alban Lo Gatto, ayant employé Lubana Abdou et Hani Almashnouk apportent
leur témoignage.
Deux beaux exemples parmi d’autres
Lubana Abdou a été recrutée comme juriste senior par Stéphane Lefer fondateur du cabinet Oxygen + qui propose des
prestations juridiques aux entreprises. Sa première mission concernait l’introduction à la Bourse de Shanghai d’Adisseo – l’un
des leaders mondiaux dans la production de solutions nutritionnelles pour l’alimentation animale. Nathalie Debeir, secrétaire
générale du groupe Adisseo juge tout d’abord que « Lubana, comme beaucoup de juristes syriens travaillant en France, a fait
preuve d’une grande capacité d’adaptation. »
Comme le raconte Nathalie Debeir, « cette introduction est une opération si particulière que j’ai commencé à chercher un juriste
en droit boursier. Au moment du recrutement, Stéphane Lefer m’a proposé du support via Lubana. Son profil m’a intéressé car
je cherchais quelqu’un qui réfléchisse différemment. Je l’ai rencontrée et nous avons échangé sur ses compétences, sur ses
connaissances du droit boursier ainsi que du droit civil. Comme elle avait monté la Bourse de Damas, elle a cette capacité à
travailler sur des schémas. Elle se montre proactive, travaillant sur les nombreux textes et surtout ne se décourageant jamais
devant la complexité de l’opération. Voilà ce qui m’a amené à embaucher Lubana. Par ailleurs, Lubana s’est parfaitement
intégrée au sein du staff parisien d’Adisseo. » Contrainte de décoder rapidement les us et coutumes de l’entreprise française
en général – un véritable challenge ! –, Lubana a, pour sa part, trouvé « des collègues gentils et compréhensifs, me posant
beaucoup de questions sur la Syrie ». Reste, une fois encore, qu’au-delà de la solidarité nécessaire entre les juristes, Lubana,
à l’instar de tous ses collègues syriens, a été essentiellement recrutée pour ses compétences.
Les compétences d’abord
Autre expérience d’intégration dans
une entreprise française, celle d’Hani
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Être juriste syrien en France
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Almashnouk, juriste spécialisé dans le
secteur des télécommunications, qui
vient d’être recruté par Alban Lo
Gatto, directeur juridique chez
Orange, pour la zone AMEA –
Afrique, Moyen-Orient, Asie. Comme
l’expose Alban Lo Gatto, « le groupe
Orange a plusieurs activités. Outre
opérateur télécoms « grand public »
sur un peu plus de 40 pays dans le
monde, dont une vingtaine sur la
zone Afrique – Moyen-Orient, il est
également opération en BtoB, relations interentreprises dans plus de 180 pays, nous sommes en permanence à la recherche
d’expertise. »
Stéphane Lefer a sensibilisé le directeur juridique groupe, Nicolas Guérin sur la question des juristes syriens. « J’ai donc fait
passer des entretiens à plusieurs d’entre eux. Nous lançons actuellement une série d’opérations dans de nombreux pays de la
zone, Irak, Jordanie, Egypte, notamment, mais aussi d’une manière plus large le Maghreb, Maroc et Tunisie, et nous avions
besoin d’un juriste arabophone télécoms. C’est un travail particulier qui demande une compréhension des impacts politiques
d’une décision économique. Nous ne cherchions donc pas un juriste “technique”, mais un juriste d’affaires internationales,
appelé à superviser et à aider des juristes en local et capable de comprendre quand les plaques bougent dans cette zone.
Le message que je souhaite passer est sous-jacent, c’est qu’au-delà du réflexe de solidarité initial, nous travaillons pour des
opérateurs économiques qui cherchent des juristes compétents. Le sujet n’était donc pas tant de rencontrer Hani pour écouter
son histoire personnelle que de savoir comment il pouvait répondre à mon besoin. Il est hors de question pour moi de le
recruter dans un statut autre que celui de juriste à part entière. Hani a donc suivi le processus classique de recrutement chez
Orange, sur la base d’une fiche de poste et sur laquelle il a été capable de répondre, avec en plus l’expertise de la zone qui
nous intéresse en l’occurrence. »
Les juristes syriens présents
> Leen Toukatli, 29 ans, a travaillé comme avocate dans des cabinets d’affaires internationales, puis juriste de la
société Syriatel Mobile Telecom.
> Gamal Ismail, 33 ans, avocat et juriste depuis 2007. Il a travaillé à Alep, puis à Dubaï, en droit des affaires.
> Majd Moubayed, 31 ans, diplômée de l’université Panthéon-Assas et de l’université de Damas. Elle a obtenu un
master en droit international privé et en droit du commerce international.
> Lubana Abdou, 34 ans, avocate et puis secrétaire générale de la Bourse de Damas, diplômée de l’université
Panthéon-Assas et de l’université de Damas. Elle a obtenu un master en droit des affaires internationales et en droit
français et européen.
> Hani Almashnouk, 33 ans, avocat et juriste, a travaillé au sein de la direction juridique de Syriatel Mobile Telecom,
ainsi qu’en cabinet d’avocats.
> Ayham Sabra, 34 ans, avocat inscrit au barreau de Paris en 2016, inscrit au barreau de Damas depuis 2007.
> Tarek Toukatli, 23 ans, est diplômé en droit de l’université de Damas. Il prépare un DSU en droit des affaires et de
l’entreprise à l’université Panthéon-Assas.
> Rana Almarzafy est titulaire d’une licence en droit de l’universi- té d’Alep et Damas. Depuis 2010, elle était
avocate en droit civil en Syrie.
> Alkilani Almoutassim Bellah, 29 ans, est avocat/juriste. Il avait un cabinet de conseils juridiques pour les PME à
Damas. Il a obtenu une maîtrise en droit à l’université arabe de Beyrouth en 2011.
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