Le rôle de la massothérapie dans la prévention et la

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Le rôle de la massothérapie dans la prévention et la
T r o u b l e s m u s c u l o s q u e l e tt i q u e s
Le rôle de la massothérapie dans
la prévention et la réduction des TMS
Mic hel Lorrain, MD
m assothérapeute
E n c ol l a bora t i on ave c
C a rol i n e B i l ode a u
asstsas
Dans le cadre d’activités de promotion de la santé et du bien-être
en milieu de travail, des séances de massothérapie sont offertes de
plus en plus souvent. Elles peuvent contribuer à réduire les troubles
musculosquelettiques (TMS). Pour profiter pleinement de ces activités,
il importe de bien en encadrer la pratique.
D
e plus en plus, les organisations sont sensibilisées aux
TMS, soit par les assignations temporaires, les rotations de poste obligées, les absences prolongées et les coûts
associés. Soucieux de diminuer les risques au travail, les intervenants en santé, sécurité et en ergonomie agissent de façon
remarquable sur le terrain pour limiter les TMS. Ces intervenants misent sur l’analyse de la situation de travail et sur des
actions intégrées visant les différentes composantes : la personne, la tâche, l’équipement, l’environnement, le temps et
l’organisation du travail.
Les TMS ont considérablement diminué, par exemple, dans
les cliniques dentaires, les soins à domicile et le travail de bureau. D’autres recherches sont présentement en cours pour
contrer cette problématique chez les techniciennes en mammographie et chez les personnes qui travaillent auprès des
enfants handicapés par l’adaptation de la formation Principes
pour le déplacement sécuritaire des bénéficiaires (PDSB). Par
ailleurs, encore beaucoup de travailleurs restent aux prises
avec des douleurs aiguës ou chroniques reliées aux TMS, entre autres les infirmières1.
Soucieux de diminuer les risques au
travail, les intervenants en santé,
sécurité et en ergonomie agissent de
façon remarquable sur le terrain
pour limiter les TMS.
28 – OBJECTIF PRÉVENTION – VOL. 31, NO 4, 2008
Des habitudes de vie saines
Un courant de pensée gagne du terrain actuellement, celui
de la promotion de la santé et du bien-être en milieu de travail. Il aborde la santé des personnes d’un point de vue holistique, c’est-à-dire global, en s’attardant aux dimensions psychosociales du travail et aux caractéristiques individuelles de
la personne.
Encouragé entre autres par la norme Entreprise en santé2,
ce courant se préoccupe d’entretenir la santé et les bonnes
habitudes de vie, tout autant que de régler les problèmes de
santé. Dans cette optique, la massothérapie en milieu de travail est recommandée pour combattre le stress et les douleurs
musculosquelettiques.
La massothérapie est une science du toucher qui a été oubliée. Pourtant, des recherches scientifiques confirment des ré­
sultats significatifs de la massothérapie pour réduire le stress
et l’anxiété3. Sur le terrain, cette science montre des résultats
bénéfiques pour réduire et prévenir les TMS. À titre préventif,
il n’est pas nécessaire d’avoir un problème physique ou psychologique pour recevoir des séances de massothérapie.
En milieu de travail, la sollicitation répétée
et prolongée de certains muscles, jumelée
à une situation de travail inadéquate,
entraîne une cascade d’événements
qui mènent souvent au syndrome
douloureux. L’accumulation de
déchets métaboli­ques provoque
alors une réaction inflammatoire.
Apparaissent ensuite lourdeur et
malaise. Des tensions musculaires s’ins­tallent graduellement. Finalement, des douleurs, qui va­
rient en intensité et en durée, finissent par perturber la qualité de vie
et la performance au travail et à la
maison.
peutique, l’individu apprend peu à peu à reconnaître ses zones de tension. Ainsi, il est
plus facile d’agir sur la situation de travail avant que la douleur chronique
s’installe.
Intervenir de
façon structurée
En milieu de travail, il demeu­re
important que les séances de mas­
sothérapie soient accompagnées
de recommandations des professionnels en santé, sécurité et en er­
gonomie pour analyser et corriger la
situation de travail inadéquate. Pour
avoir des résultats, le massage réalisé en
Par son action locale, la massothérapie
milieu de travail ou en clinique nécessite un
réduit les tensions, même subtiles, pour éviter le
plan d’intervention. Par exemple, trois séances
syndrome douloureux émis par une plus grande
de massothérapie dans une période de 30 jours
La situation de travail
tension musculaire. Pour ce, la massothérapie est
peuvent être nécessaires pour réduire un TMS.
une approche complémentaire à ne pas négliger dans la pré­
Ensuite, une séance par mois, durant quatre mois, peut être
vention et la réduction des TMS. Aussi, par le toucher théra­
souhaitable.
En milieu de travail, il demeure
important que les séances de
massothérapie soient accompagnées
de recommandations des profes­
sionnels en santé, sécurité et en
ergonomie pour analyser et corriger
la situation de travail inadéquate
Ceci nécessite une évaluation et une entente entre le professionnel en massothérapie, d’autres professionnels de la
santé, au besoin, et le client. La massothérapie est un complément efficace en prévention et en réduction des TMS. Les
thérapeutes et la clientèle peuvent en témoigner.
•
Références
1. OCCUPATIONAL HEALTH AND SAFETY AGENCY FOR HEALTHCARE. Massage
on the Job: Pilot Study: the Impact of a Wellness Intervention on Workplace
Health (www.ohsah.bc.ca/?feature=search&section_id=&tpid=558&search
Section=none&search_term=massage).
2. Voir Objectif prévention, vol. 31, no 3, 2008, p. 3 et p. 28 (www.asstsas.qc.ca).
3. GARNER, Belinda, et al. “Pilot Study Evaluating the Effect of Massage Therapy
on Stress, Anxiety and Aggression in a Young Adult Psychiatric Inpatient Unit”,
Australian and New Zealand Journal of Psychiatry, 2008; 42, p. 414-422.
BERGERON, FORTIN, LECLAIRE. Pathologie médicale de l’appareil loco­mo­
teur, Maloine Édisem, 2008, 1 444 p.
FIELD, TM, et coll. “Massage Reducts Anxiety in Child and Adolescent Psychia­
tric Patients”, J Am Acad Child Adolesc Psychiatry, 1992; 31(1), p. 125-131.
FIELD, TM, et coll. “Tactile/Kinesthetic Stimulation Effects on Preterm Neonates”,
Pediatrica, 1986; 77, p. 654-658.
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15, p. 97-103 (DOI :10.1159/000121321).
MARCHAND, Serge. Le phénomène de la douleur, Chenelière Éducation,
1998, 312 p.
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