« La musique permet de nous retrouver »

8 | MERCREDI 25 MARS 2015 | LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ
VOS LOISIRS
MOIRANS | Une lecture­spectacle
FONTAINE | Dans le cadre du festival Détours de Babel, la famille Khalifé en concert, ce soir, à la Source
Des lettres de Poilus
sauvées de l’oubli
« La musique permet
de nous retrouver »
C’
Les répétitions se multiplient depuis quelques semaines.
Photo Le DL/Anne-Marie CARBONARI
Q
uand ils se sont lancés
dans l’aventure, ils n’ima­
ginaient pas trouver de tels
trésors. À Moirans, une poi­
gnée de passionnés travaille
depuis 2013 autour de la
guerre de 1914­1918. Et a
décidé de créer une lectu­
re­spectacle autour de leurs
trouvailles.
Tout a commencé par une
idée un peu folle, alors que le
centenaire de la Grande
Guerreapprochait :établirla
biographie des 142 Poilus fi­
gurant sur le monument aux
morts de Moirans.
« Faire quelque chose
de ces lettres »
« Ça nous a pris un an et de­
mi, se souvient André Bouis­
sons. Il a fallu fouiller les ar­
chives, solliciter la popula­
tion.Nous avons découvert
des pépites : d’après nos re­
cherches, le premier soldat
tuéen IsèreestMoirannais.Il
s’agit de Gaston Chossut­
Perret, mort le 6 août 1914. »
Le groupe organise deux
conférences pour rendre
compte de son travail. Et lit
quelques extraits de corres­
pondances de soldats au pu­
blic.
« Ça a bouleversé les gens,
assure André Bouissons.
C’était très fort parce que le
public avait conscience que
ces jeunes soldats étaient
des enfants du village. Nous
avions réussi à réunir trois
correspondances complètes
de Poilus avec leur famille,
du début de la guerre à leur
mort. On s’est dit qu’il fallait
faire quelque chose de ces
lettres. »
Le groupe décide donc de
monter une lecture­specta­
cle. Sept bénévoles accep­
tent de lire les lettres, la mise
en scène étant assurée par
lacompagnie Pince sans rire.
« On découvre des visions
très différentes de la guerre,
car les trois soldats qui s’ex­
priment viennent de milieux
très différents.Et leur vision
des choses évolue au fil des
années, explique André
Bouissons. Ce travail autour
de la guerre est jubilatoire.
On n’imaginait pas décou­
vrir tant de choses quand on
a commencé ! Et on est loin
d’avoir tout exploité. »
Marie ROSTANG
Lecture-spectacle à la salle
des fêtes de Moirans, samedi,
à 20h30, et dimanche,
à 17h.Entrée gratuite.
est une grande fa­
mille de musiciens li­
banais qui se produi­
ra ce soir à la Source de
Fontaine, dans le cadre du
festival Détours de Babel.
Marcel Khalifé, figure em­
blématique de la musique
orientale et “passeur” de la
poésie de Mahmoud
Darwich, proposera un trio
avec ses fils Rami, au pia­
no, et Bachar, aux percus­
sions.
Au programme, des chan­
sons de Marcel Khalifé et
également des créations
originales, fruit d’un travail
familial depuis 2011. Ba­
char nous explique ce pro­
jet.
Ü Vous définissez
ce concert comme un
dialogue transgénérationnel.
Dans quel sens ?
«Il y a, dans ce concert, un
peu de nous trois, de nos
parcours musicaux respec­
tifs. On pourra déceler du
jazz, de l’électro, de la mu­
sique orientale. Tout ça non
de manière stylisée, mais
dans ce que ces musiques
ont apporté à chacun de
nous. Il y aura, certes, les
chansons de notre père,
mais aussi une berceuse en
anglais, “Mirror moon”,
qui, vous l’entendrez, ne
peut se ranger dans des
styles prédéfinis.
Heureusement que nous
avons eu la musique dans
notre histoire, car parler de
nous est plus difficile ! Sans
tomber dans les clichés
“universalistes”, j’admets
que la musique permet de
« Il y a, dans ce concert, un peu de nous trois, de nos parcours musicaux respectifs. »
Photo DR
nous retrouver.»
Ü Comment est
né ce projet ?
«Rami et moi avions l’habi­
tude d’accompagner les
chansons de notre père.
Depuis 2011, toutefois,
nous avons voulu faire un
travail à trois, de la compo­
sition aux arrangements.
Le premier concert a eu
lieu cette année­là lors
d’un festival à Beyrouth.
Ce spectacle que vous ver­
rez a été peaufiné sur scène
depuis quatre ans. Il en sor­
tira un enregistrement à la
rentrée prochaine.»
Ü Grenoble n’est pas une
ville inconnue pour vous…
«J’y suis passé en 2013
dans un concert au cœur de
la Villeneuve, lors du festi­
val Quartiers libres. Ce
rendez­vous a été, pour
moi, l’occasion de me con­
fronter à un public familial.
Une dame qui habitait dans
un des immeubles du parc
Jean­Verlhac m’a confié
que cette année­là, elle
avait acheté deux disques :
le dernier Daft Punk et le
mien (rires) !»
Propos recueillis
par Christophe CADET
“Trio Khalifé, Dialogue
transgénérationnel”,
à la Source de Fontaine,
aujourd’hui, à 20 h 30.
Tarifs : 15/22 euros.
Au programme du festival
aujourd’hui et demain
À
l’affiche du festival Détours de Babel ces deux prochains
jours :
F Aujourd’hui :
o “Jusqu’où tu es chez toi ?”, itinéraire artistique et campe­
ment musical, toute la journée, au quartier Mistral, àGreno­
ble. Gratuit.
o Shinigami Band, électro­groove, à 16 h, devant l’immeu­
ble Lou, 31, rue Léo­Lagrange, à Grenoble. Gratuit.
o“Dialoguetransgénérationnel”,avecMarcel,RamietBa­
charKhalifé,à20 h 30,àlaSourcedeFontaine(lireci­contre).
F Demain :
o “Doudouk”, avec Araïk Bartikian, à 18 h 30, à la Maison
de l’international, à Grenoble.Tarif libre.
o “Frontières”, avec Anne Bitran – compagnie Les Remou­
leurs, à 20 h, à l’Amphithéâtre du Pont­de­Claix.
Infos et réservations sur : www.detoursdebabel.fr
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