Enseignement du Bouddha de Médicine_GR_fr

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Enseignement du Bouddha de Médicine_GR_fr
LA PRATIQUE DE
SANGYE MENLA
Le Bouddha de la Médecine
Enseignement
donné par
Lama Guendune Rinpotché
à Dhagpo Kagyu Ling,
Août 1983
Rédigé par L. Trinlé et L. Lhundroup en mars 1996, puis en mai 2005. Quelques conseils donnés par
Guendune Rinpotché ultérieurement se trouvent intégrés dans le texte.
Développer la motivation juste
Pour accomplir cette pratique, il est important que nous développions tout d’abord
la motivation juste: une attitude d'esprit qui souhaite libérer tous les êtres de la souffrance et les amener vers le bonheur véritable: la bodhicitta (l’esprit d’éveil) d'aspiration. La nature essentielle de tous les êtres est depuis toujours le corps de la vérité, le
dharmakaya, mais dans l’état habituel, cette dimension éveillée de notre esprit est voilée
par l'ignorance.
Comme expression de cette ignorance nous ne sommes pas conscients que tous les
êtres ont été nos pères et nos mères dans nos vies antérieures, et au lieu d’être animés
par la compassion envers eux, nous sommes dans une attitude de compétition. De plus,
les êtres ignorent que le cycle des existences n'est finalement que souffrance. Dans leur
recherche du bonheur ils agissent en suivant les poisons des émotions: colère, désir,
orgueil, jalousie, etc. De ce fait, ils accumulent encore plus de karma négatif, qui va
causer des souffrances supplémentaires et les lier davantage encore au cycle des existences.
Tous les êtres des six classes d’existence ont été un jour nos parents. Ils se sont occupés de nous avec beaucoup d’attention et amour. Nous avons donc une dette envers
tous ces êtres, de même qu'envers nos parents de cette vie qui se sont occupés de notre
bien-être lorsque nous étions tout petits. Tous ces êtres, nos parents du passé, sont actuellement en état de souffrance dans une des six classes d'existence. Ils souffrent du fait
d’expérimenter des douleurs physiques et mentales, du fait de s’attacher à un bonheur
qui ne dure pas, et du fait de la saisie égoïste profonde qui caractérise leur attitude mentale et leur relation au monde. Il y a urgence à les libérer tous de la souffrance, car elle
est énorme --- et pour cela, il faut se consacrer à la pratique de l'écoute, de l'étude et de la
méditation qui sont les trois piliers de la pratique du dharma.
Il est nécessaire de développer une motivation sincère, du fond du cœur, de libérer
tous les êtres de la souffrance et de les établir en l'état de Bouddha. Cultiver le souhait
de faire du bien aux autres et d'œuvrer pour leur bien, c’est la voie vers l’Éveil. Pour
arriver à ce but, il faut s'effacer devant autrui: leur offrir le bonheur et toutes les circonstances favorables et prendre sur nous toutes les souffrances et difficultés. Pour en être
capables nous devons nous détourner des pensées malveillantes, néfastes et cultiver des
pensées bienveillantes. L'esprit est le moteur de toutes nos actions : si nos pensées sont
bienveillantes, nos actes suivront la même direction.
Purifier l’esprit par la méditation
Tout ce qu’on vit, toute la manifestation, est le jeu, la projection de l'esprit. Et l'esprit, quand à lui, depuis le temps sans commencement est indifférencié du dharmakaya,
la vérité ultime. Cette dimension ultime pénètre tout l'espace, tous les êtres, tout l'univers: elle est l'espace omniprésent, omnipénétrant qui anime tous les êtres. Le dharmakaya qui m’anime est identique au dharmakaya qui anime tous les êtres, c'est le même,
l'unique dharmakaya.
Comme êtres qui errent dans le cycle des existences nous ne sommes pas en contact
avec cette dimension ultime que l’on appelle le dharmakaya. Pour le « voir », le réaliser,
il faut purifier les voiles qui recouvrent notre nature éveillée, notre nature de Bouddha,
par les deux phases de méditation: la phase de développement (kyé-rim) puis la phase
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d'achèvement (dzog-rim). Ces deux aspects de la méditation se trouvent dans la pratique
de Sangyé Menla comme aussi dans toute autre pratique du vajrayana.
Dans une telle pratique, dans la phase de développement, on se visualise soi-même
comme étant la divinité éveillée, un bouddha. C’est pour reconnaître que nous n'avons
jamais été séparé de notre nature de bouddha, et pour purifier notre projection d'un
« je », d'un « moi ». Nous avons une tendance très forte à saisir ce « je » imaginé
comme étant vrai, réel, vraiment existant. C’est l'ignorance, le fait de ne pas être conscient de notre nature fondamentale, qui est à la base de cette saisie. La visualisation de
nous-même comme bouddha nous aide à comprendre que notre nature véritable n'est pas
différente de la nature de tous les Bouddhas. La véritable essence de notre esprit est le
dharmakaya depuis les temps sans commencement.
Le chemin pour arriver à cette compréhension, c'est laisser reposer l’esprit dans son
état naturel, dans le samadhi, l’absorption méditative, d'où apparaît la sagesse qui se
connaît elle-même. Ceci équivaut à la phase d’achèvement.
En même temps, tout en se visualisant comme divinité éveillée, on récite le mantra
de la divinité, ici du Bouddha Sangyé Menla. La récitation du mantra de la divinité purifie la parole impure, imprégnée d’ignorance, par la parole pure, imprégnée de la compréhension de la vérité ultime. Les mots courants ne véhiculent pas la vérité ultime ce
qui fait la différence avec les mantras, les paroles éveillées des bouddhas.
Le but de la pratique
Le but de la pratique est de purifier la distorsion originelle: la perte de vue de la
vraie nature de nous-mêmes et la saisie d'un « je » illusoire. Quand on sort de cette distorsion de la vue, on réalise :
-
notre corps est le corps de la divinité,
notre parole est le mantra de la divinité et
notre esprit est indifférencié de l’esprit de la divinité.
On réalise son corps, sa parole et son esprit comme les trois kayas, les trois
« corps » ou réalisations d’un bouddha :
-
le corps est le nirmanakaya (le corps d’émanation),
la parole est le sambhogakaya (le corps de jouissance) et
l’esprit est le dharmakaya (le corps de la vérité).
Parmi ces trois, nirmanakaya et sambhogakaya sont la manifestation spontanée du
dharmakaya, c’est à dire l’expression naturelle et compassionné de la pureté de l'esprit
ultime.
En pratiquant corps, parole, esprit dans leur aspect pur, on ne cherche pas à devenir
la divinité, on réalise simplement que nous n'en avons jamais été séparée.
Comment s’adresser à Sangyé Menla
Sangyé Menla est un Bouddha dont la nature est indifférenciée de tous les Bouddhas. Il a donc l’activité inconcevable de tous les Bouddhas. Il ne faut pas limiter son
activité au seul aspect de Bouddha de Médecine. Quand on fait la pratique de Sangyé
Menla il faut le considérer comme étant le Lama. On va donc prier le Lama, le prier
avec une sincérité profonde. Cela est très important. Si on prie réellement avec une dévotion profonde le Lama Menla, tout est possible instantanément. La pratique de Sangyé
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Menla accomplit tous les bienfaits, purifie tout le karma et exauce tous les souhaits si
elle est faite avec dévotion. La compassion d’un Bouddha est totalement inconcevable,
elle s’exprime sans aucune limite. Si la pratique est faite sans dévotion, il n’est d’aucune
aide d’ajouter les prières les unes après les autres: la plus grande faute est de voir
Sangyé Menla comme dissocié du lama. Il y a beaucoup de livres sur cette pratique,
mais son essence n’est pas à chercher dans ceux-ci.
Des petits conseils supplémentaires
Du fait que chaque maladie a une cause karmique, on ne devrait pas aller chez le
médecin que quand on ne peut pas purifier le karma par la pratique spirituelle.
Aussi, si vous êtes appelés à soigner des personnes, par exemple comme thérapeutes, ne traitez pas juste la maladie, mais traitez-en aussi les causes: le karma, en donnant le dharma.
Pour soigner mettez-vous toujours dans le courant de bénédiction de Sangyé Menla,
indifférencié du lama.
Lors d’une maladie longue, il est d’une grande aide de répéter le mantra de Sangyé
Menla souvent.
Pour une maladie extérieure, par exemple de la peau, il est conseillé de réciter au
moins 108 mantras chaque jour et après de souffler sur la partie du corps qui est malade.
Les préparatifs
Cette explication de la pratique de Sangyé Menla suit un texte de pratique qui appartient aux termas, aux trésors découverts par des maîtres spirituels. Il existe deux
sortes de tels trésors: des termas cachés antérieurement et redécouverts par un lama, et
des termas qui apparaissent spontanément du dharmakaya, au cœur même de la méditation d'un être éveillé qui en découvre la formulation et le sens caché. Ce texte fait partie
du dernier type de terma. Il a été révélé à Mingyour Dordjé lors d’une méditation.
Le rituel peut être effectué en tout lieu, du moment qu'il soit bien propre, bien nettoyé. On peut allumer de l'encens pour purifier l'atmosphère. Ensuite on place les objets
nécessaires à l'accomplissement du rituel.
Sur la partie surélevée de l'autel, on pose une base ronde (un mandala) sur lequel,
avec du riz, on trace un lotus à huit pétales en commençant par le cercle central. Si l'on
dispose d'une statue, on la place au centre du lotus et l'on met un petit tas de riz sur
chaque pétale. Ce mandala représente la divinité, c'est à dire la présence de Sangyé
Menla. Il nous sert aussi comme support pour faire des offrandes à la divinité. Au dessus, derrière ce mandala, on peut accrocher une thanka, un tableau peint de Sangyé
Menla.
Devant la partie centrale de l'autel on dispose les huit offrandes traditionnelles en
développant un bel arrangement. Cela contribue à l'accumulation de mérite. Lorsqu'on
fait les offrandes, on visualise que des déesses d'offrandes émanant de notre cœur portent des offrandes pures envers Bouddha Menla qui demeure en face dans l'espace.
Tous ces préparatifs (mandala, statue, thanka) ne sont pas obligatoires, la seule visualisation pouvant suffire.
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La pratique
Il existe de nombreuses pratiques différentes relative au Bouddha de Médecine.
Cette pratique-ci appartient à l'Anouttara Yoga Tantra, la quatrième classe des tantras, la
classe la plus élevée. Concernant la consommation de viande et d'alcool la transmission
ne donne aucune règle particulière à respecter en lien avec cette pratique.
Pour effectuer la pratique, il est nécessaire d'avoir reçu l’initiation (wang), la lecture
rituelle (loung) et les explications (tri). Il s'agit ici d'une méditation transmise suivant
l’approche de la lignée Nyingma (les Anciens) où l'on développe simultanément la visualisation de soi-même en tant que divinité et de la divinité en face de soi.
La pratique comprend --- comme toute pratique authentique du dharma --- trois phases:
I. Comme préliminaires nous prenons refuge et développons l’esprit d'éveil de
façon authentique et sincère.
II. Comme pratique principale on médite les phases de développement et d'achèvement qui engendrent les accumulations de mérite et de sagesse et qui purifient tous les voiles et obscurcissements de l'esprit. Cette phase se termine
toujours par une méditation non conceptuelle qui développe plus particulièrement l'accumulation de sagesse.
III. Comme conclusion nous dédions tous les mérites pour le bien, la libération et
l’éveil de tous les êtres. Cette dédicace est, elle aussi, suivie d'une phase de
méditation non conceptuelle qui rend la dédicace parfaitement pure.
I. Préliminaires
Tout d’abord, on éveille une motivation correcte, basée sur un renoncement profond et une aspiration sincère.
Prendre refuge
Ensuite, avec la prière de refuge, on visualise que l’on se trouve assis devant un
ciel très ouvert, vaste, bleu clair, très lumineux avec des arc-en-ciel, le soleil et la lune.
Au centre se trouve un trône d'or précieux recouvert de soieries multicolores, d'un lotus
bleu et d'un disque de lune sur lequel est assis Sangyé Menla, bleu foncé, vêtu des trois
robes monastiques et orné de tous les signes des Bouddhas. Entourant cette figure centrale se trouvent d’innombrables bouddhas et bodhisattvas, arhats et bouddhas-par-soi.
De plus, autour de Sangyé Menla, au niveau de sa tête, se trouvent tous les lamas de la
lignée, au niveau de son buste se trouvent tous les yidams, et au niveau de ses jambes
tous les protecteurs.
Nous même, devant lui, sommes entourés par tous les êtres des six classes d'existence. Nous sommes comme le leader de cette assemblée. Tous ces êtres --- ayant ouverture, confiance et dévotion qui s’expriment par le corps, la parole et l’esprit --- nous
suivent et nous imitent de façon parfaite dans la prise de refuge et le développement de
l’esprit d’éveil.
Par la prière de refuge, on demande protection contre les souffrances du cycle des
existences, contre les maladies et maux et contre la chute dans les trois mondes inférieurs au moment de la mort. On prie que les sources de refuge nous accordent leur
compassion et un refuge véritable jusqu'à l'éveil. Tandis que l'on récite cette prise de
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refuge, il est primordial d'avoir la conviction de cette protection. Le degré de protection
qui nous recevons est proportionnel au degré de notre ouverture, notre confiance et notre
dévotion envers les sources de refuge. Ayant obtenu le refuge, la protection, pour soimême il nous est maintenant possible de prendre le prochain pas :
Développer l'esprit d'éveil
Pour engendrer l’esprit d’éveil (la bodhicitta) --- toujours devant les sources de refuge visualisées en face --- nous développons l’aspiration profonde d'amener tous les
êtres, nos parents antérieurs, à l'éveil du Bouddha. Puis nous nous engageons à pratiquer
jusqu'à l'obtention de l’éveil et à diriger toute notre activité dans le seul but de tirer tous
les êtres de la souffrance et les établir dans la bouddhéité.
Dissolution de la visualisation des sources de refuge
Après la récitation du refuge et de la bodhicitta, on pense que les sources de refuge,
principalement Sangyé Menla, émanent des rayons de lumière qui se dissolvent en nous.
Ils nous purifient de tous les voiles et impuretés de corps, parole et esprit, ainsi que tous
les êtres, et nous sommes tous libérés de toute souffrance. Ensuite on reste un instant
dans un état de méditation non conceptuelle, dans la nature originelle de tous les phénomènes.
Purifier le lieu et les offrandes
Quand on émerge de cette méditation non conceptuelle, on pense que dans ce même
instant tout l'univers devient le paradis et le Palais de Sangyé Menla, où tout objet est
offrande à Sangyé Menla. Tous les êtres sont des dieux et des déesses faisant des offrandes à Sangyé Menla, des offrandes pures et inconcevables. Par cette visualisation on
purifie le lieu et les offrandes. Le lieu de pratique devient la terre pure de Sangyé Menla
et les offrandes sont transformées en offrandes de sagesse. Ainsi on transmute notre
perception impure en perception pure de sagesse.
Développer les quatre illimitées
Ayant développé cette vision pure de notre environment on contemple les quatre
pensées illimitées, nécessaires à toute pratique du vajrayana:
1. L’amour illimité: Puissent tous les êtres être heureux et jouir du bonheur !
2. La compassion illimitée: Puissent tous les êtres être libres de souffrances !
On contemple et approfondit ces deux premières qualités jusqu’à développer un
amour et une compassion toujours présents, vivaces, intenses, quasi insupportables,
sans préférence ni partialité, avec une équanimité, une égalité parfaite.
3. La joie illimitée: Que tous les être jouissent pour toujours des conditions du bonheur véritable !
4. L’équanimité illimitée: Que tous les êtres demeurent pour toujours dans
l’équanimité parfaite d'un tel amour, compassion et joie, sans aucune notion d'amis
ou d'ennemis et libre de l’attachement et de l’aversion.
Nous allons développer ces quatre pensées vers tous les êtres qui sont d’un nombre
illimité. Tel l’espace qui est infini, le nombre des êtres est incommensurable. Ces quatre
pensées sont dites « infinies »: on ne doit pas leur donner de limite. Leur source est la
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compassion, elles sont le fruit de la bienveillance à autrui. Leur contemplation nous aide
à engendrer cette aspiration d'exprimer la réalisation pour le bien des autres. L'attention,
la bienveillance envers les autres, est la force vitale, le cœur même du vajrayana.
II. La pratique principale
Visualisation de la divinité
Récitant « OM SOBHAWA SHOUDDHA SARWA DHARMA SOBHAWA SHUDDHO
HANG », on laisse l'esprit dans un état non conceptuel. Sortant de cette phase non conceptuelle, on émerge dans le paradis pur de Sangyé Menla. L'univers est la terre pure et
le palais de Sangyé Menla.
Au milieu d'un ciel pur, clair et ouvert, apparaît spontanément le palais de Sangyé
Menla, très brillant, étincelant. Comme pour toutes les divinités paisibles, ce palais est
carré, avec quatre portes surmontées d'un portique reposant sur deux colonnes, orné de
nombreuses décorations en relief.
Le mur des quatre parois est constitué de cinq épaisseurs concentriques des cinq
couleurs représentant les cinq éléments. La face interne du mur est faite de béryl et aussi
tout le reste du palais est fait de béryl d’un bleu très brillant. L'ensemble du palais est
translucide, transparent: on peut voir au travers.
Au centre de ce palais de béryl se trouve, sur une tige, un lotus bleu à huit pétales
sur lequel il y a un trône d'or et de pierres précieuses, supporté par huit lions des neiges.
Ce trône est recouvert de soieries précieuses, d'un lotus bleu et d'un disque de lune sur
lequel se tient un HOUNG bleu comme le béryl. Cette syllabe germe représente l'esprit de
la divinité, la conscience éveillée.
Sur les sept pétales du lotus sur sa tige, donc à l’exception du pétale qui est directement derrière Sangyé Menla, se trouve un trône surmonté de même par un lotus, sur
lequel repose un disque lunaire avec un HOUNG. Les huit syllabes HOUNG explosent en
un éclair de lumière, en huit Bouddhas de Médecine, et au même instant apparaissent
tous les textes du dharma et tout l'entourage.
Sangyé Menla a un corps d’un bleu profond et lumineux, translucide comme du
cristal. Sa lumière pénètre et emplit tout l'univers. Les huit Bouddhas Menla sont revêtus des trois robes du dharma et dotés de tous les signes et caractéristiques excellents de
tous les bouddhas : les 32 marques principales et les 80 signes mineurs tels que la protubérance crânienne, les roues du Dharma sur les paumes et sur les plantes des pieds,
etc..
Sa main droite dans le geste de suprême générosité, tient la tige de l'Aroura (Myrobalan) connue pour son pouvoir de guérison. C’est une plante complète et épanouie avec
toutes ses feuilles, ses branches, fruits et fleurs. La tête de la plante Aroura est reliée aux
maladies « chaudes », la racine aux maladies « froides » et le milieu à toutes les combinaisons des deux. Donc toutes les maladies sans exceptions peuvent être guéries par
cette plante.
Sa main gauche est dans le geste de l'équanimité parfaite --- signifiant qu'il demeure
dans l'expérience de la réalité ultime des phénomènes. Elle tient un bol de béryl rempli
de nectar d'immortalité protégeant de toutes les formes de souffrance.
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Ses jambes sont dans la posture du vajra, symbole de l’obtention de la réalisation
immuable de la réalité de tous les phénomènes.
Sur chacun des trônes sur les sept pétales autour de lui se trouve un Bouddha Menla
semblable. Ces autres bouddhas du mandala sont l’expression de son activité multiple.
Ils ne doivent pas être perçus comme des entités séparées de lui.
Sur le pétale derrière Sangyé Menla sont disposés tous les textes du dharma, notamment ceux relatifs à la guérison, sous la forme de volumes empilés, doués de la qualité de propagation du son et du sens de l'enseignement. La mélodie du son du Dharma
emplit l'univers.
Derrière Sangyé Menla, à l'intérieur du palais, se trouvent en arrière plan les huit
bodhisattvas masculins et les huit bodhisattvis féminines. Derrière ceux-ci on visualise
les dix protecteurs mondains et tout en arrière se trouvent les douze chefs des Neudjin.
Ils ont promis de protéger le dharma et d'aider à la propagation de l'enseignement de
Sangyé Menla au moment où le Bouddha Shakyamouni donna ces enseignements. Chacun des douze chefs a son propre entourage d'assistants.
Tout l'entourage de Sangyé Menla se trouve dans le palais lui-même, et aux quatre
portes du palais, dans les quatre directions cardinales, se tiennent les quatre grands rois.
Simultanément avec la visualisation de soi-même comme Bouddha Menla central
dans son palais avec entourage on développe la visualisation du mandala en face avec
un deuxième Bouddha Menla dans son palais entouré par toutes ces divinités du mandala. Si l'on souhaite faire une visualisation plus simplifiée, on visualise en face de soi le
mandala de toutes les divinités au complet, et on se visualise soi-même uniquement
comme le Sangyé Menla central sans entourage.
Le plus important est de développer le sentiment que l'on est véritablement Sangyé
Menla avec un corps pur translucide, immatériel ce qui purifie notre tendance à la saisie
égoïste.
La bénédiction par les aspects de sagesse
Quand nous avons établi cette visualisation on invite les divinités de la conscience
non temporelle (les yéshépas) à consacrer celle-ci. Pour accomplir cette invitation en
visualise aux trois lieux de chacun des huit bouddhas des deux mandalas (en face et
nous-même) trois syllabes irradiant de lumière:
-
au front, la syllabe germe OM, blanche, qui représente le corps des bouddhas,
à la gorge, la syllabe germe AH, rouge, qui représente la parole des bouddhas,
au cœur, la syllabe germe HOUNG, bleue, qui représente l'esprit des bouddhas.
Au centre du cœur du Sangyé Menla central, il y a de plus un HOUNG bleu béryl, irradiant d'une lumière encore plus puissante dans toutes les directions et principalement
vers la terre pure de Sangyé Menla à l'Est, c. à d. dans la direction devant nous. Cette
visualisation se fait surtout pour le Sangyé Menla central en face de nous.
Les rayons de lumière venant des ces syllabes font offrande au Bouddha Sangyé
Menla et à tous les bouddhas de partout dans l’espace. On leur fait la requête de manifester leur activité pour le bien des êtres. Comme réponse Sangyé Menla et tous les
bouddhas renvoient leur bénédiction sous la forme d'une multiplicité de corps de Sangyé
Menla (les yéshépas, aspects actifs de la sagesse ultime) emplissant tout l'espace.
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Dans le texte de la pratique l‘invitation de la bénédiction par ces êtres de sagesse
que l’on vient de décrire ce fait ensemble avec l’invitation des dhyani bouddhas (les
bouddhas de l’absorption méditative) auxquels on fait la requête de nous conférer
l’initiation. Cette double invitation est exprimée par une prière de quatre vers qui ce
termine avec le mantra NAMO MAHA BEKADZE SAPARIWARA BENZA SAMAYA DZA DZA.
En récitant ce mantra le ciel devient empli d’aspects de sagesse et des dhyani bouddhas.
Puis, avec le mantra BENZA SAMAYA TISHTA LEN les aspects de sagesse (yéshépas)
se fondent en les corps des Sangyé Menla visualisés (les damtsikpas, aspects
d’engagement) comme des gouttes de pluie dans l’eau. Ceci conduit à l'union indissociable de l'aspect véritable de sagesse et de l'aspect visualisé. Le mantra affirme et selle
cette union indissociable. Cette consécration de notre visualisation par la conscience non
temporelle permet de recevoir véritablement tous les accomplissements.
L’initiation par les dhyani bouddhas
Quand la pluie des aspects de sagesse s’est fondue en la visualisation, il reste encore
les dhyani bouddhas dans le ciel en face de nous. Ils sont en nombre de dix : cinq bouddhas masculins (les dakas) accompagnés par cinq bouddhas féminins (les dakinis). Les
dakas, détenteurs de la sagesse par leur méditation, sont assis en posture de méditation.
Ils confèrent l'initiation par la force de leur absorption méditative.
Les dakinis, détenteurs de la sagesse par leur activité, sont débout et tiennent des aiguières d'initiation dans leurs mains. Elles confèrent l'initiation en déversant le nectar de
sagesse contenu dans les aiguières par le sommet de la tête de chaque divinité des deux
mandalas. Le nectar pénètre et emplit le corps lumineux des divinités purifiant toute
saisie ou perception restée impure. L'excédent déborde pour former les cinq syllabes sur
la tête de chacune des divinités. Ainsi elles deviennent couronnée par les dhyani bouddhas sous la forme des cinq syllabes germes qui sont prononcés à ce moment de la pratique : OM, HOUNG, TRAM, HRIH, AH.
Puis avec ABHIKINTSA HOUNG les dakas et dakinis se dissolvent finalement en les
divinités, et on a vraiment reçu l’initiation.
Accumulation de mérite par des offrandes et louanges
Pour toutes les offrandes qui suivent, depuis le HOUNG dans le cœur du Sangyé
Menla central en face et de nous-mêmes comme Sangyé Menla émanent, comme les
rayons du soleil, innombrables déesses des cinq couleurs, symboles des cinq aspects de
la sagesse ultime. Elles emplissant l'espace et présentent des offrandes aux déités de
chacun des deux mandalas. Tout l'univers devient source d'offrande. On visualise les
offrandes comme elles sont décrites successivement dans le texte. On distingue différentes formes d’offrandes:
1. L’offrande matérielle : Ceci inclut tout ce qu’on peut donner directement
comme les huit offrandes traditionnelles sur l'autel.
2. L’offrande imaginée : mentalement on multiplie les offrandes à l'infini jusqu'à
remplir tout l'espace.
3. Offrande de tout ce qui peut être possédé par les êtres : on offre mentalement
toutes les diverses possessions des êtres comme des jardins, châteaux, voitures
etc.
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4. Offrande des choses naturelles: on offre les montagnes, planètes, océans etc.
comme si nous étions propriétaire de tout l'univers
Les offrandes imaginées sont particulièrement importantes car elles permettent l'extension des offrandes et la multiplication du mérite accumulé.
Le but des offrandes est de purifier notre attachement aux choses et à nos possessions. Pratiquer la générosité purifie notre tendance à la saisie et à l'attachement et nous
libère du voile qui empêche la reconnaissance de notre vraie nature.
Précisions complémentaires concernant les offrandes
Dans le texte de la pratique on passe par une succession de six offrandes :
1. Les offrandes substantielles : D'abord les déesses d'offrande présentent les huit
offrandes traditionnelles --- de l’eau pour se laver, de l’eau à boire, des fleurs, de
l’encens, de la lumière, du parfum, de la nourriture et de la musique.
Ceci est suivi dans la même phrase par l'offrande des jouissances des cinq sens
par des déesses tenant un miroir, une flûte, une jarre de parfums, des nourritures exquises et de fines soieries. Ces attributs représentent respectivement les formes visuelles, les sons, les odeurs, les goûts, et les sensations de la touchée.
2. Les huit substances auspicieuses: le yaourt, le fruit Bilwa, le remède à base de
cervelle d'éléphant, le miroir, la conque blanche, l'herbe Dourwa, les grains de moutarde blanche et la teinture vermillon.
3. Les huit symboles auspicieux: la fleur de lotus, le nœud magnifique, la roue
d'or, les deux poissons d'or, la précieuse ombrelle, la bannière de la victoire, la
conque blanche et le précieux vase.
4. Les sept emblèmes de la royauté qui sont les possessions du roi universel et la
racine des plaisirs et des biens: la précieuse roue, le précieux « Joyau qui exauce les
souhaits », les boucles d'oreille de la précieuse reine et les boucles d'oreille du précieux ministre, la broche du précieux général, les défenses du précieux éléphant, la
corne de la précieuse licorne (ou le précieux cheval).
5. Le mandala de l’univers : mont Merou avec les quatre continents et toutes les
meilleures offrandes de l’univers
6. Offrande d’un bain en trois étapes :
-
les déesses d'offrande baignent les corps des bouddhas avec de l'eau parfumée
elles offrent à chacun une étole blanche comme serviette pour essuyer les corps
elles offrent les trois vêtements monastiques couleur safran pour revêtir les
corps
Après la série des offrandes on fait une hommage et louange aux qualités de
Sangyé Menla, dans le but de purifier notre attachement à nous-mêmes, notre orgueil,
notre tendance à nous mettre au premier plan.
Pendant la série des offrandes, les déesses d’offrandes, issues de notre cœur, vont
faire les offrandes aux divinités des Mandalas, puis elles chantent la louange en chœur
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avec nous avec de merveilleuses mélodies. A la fin de la louange, les déesses se dissolvent en les divinités principales.
Ensuite on récite le mantra de Sangyé Menla pour le restant de la session.
Visualisation pendant la récitation du mantra
Pendant la méditation il faut éviter toute forme de tensions induite par l'effort de visualisation. Il ne faut pas oublier que nous récitons le mantra pour recevoir l'influence
spirituelle de Sangyé Menla --- et nous ouvrir à cela.
Dans le cœur de Sangyé Menla, se trouve une sphère de lumière bleue, au centre de
laquelle il y a un disque de lune. Dessus, se trouve un HOUNG étincelant bleu béryl, très
brillant et lumineux. Ce HOUNG est débout et on peut le lire du côté gauche de la divinité. Les syllabes du mantra sont placées sur les bords du disque de lune, mais la guirlande du mantra commence seulement à OM qui se trouve en face du HOUNG. Le
TEYATHA est récité, mais non visualisé au sein du mantra.
Les lettres du mantra sont lisibles de l'extérieur car elles expriment la compassion
de Sangyé Menla. Elles ont pour hauteur le 1/3 de la syllabe HOUNG centrale. Elles sont
écrites dans le sens inverse des aiguilles d'une montre avec un écart régulier entre
chaque syllabe de sorte que la première et la dernière se rejoignent pour former le cercle
du mantra.
Pour une visualisation complète il y a une progression de trois phases à respecter:
1. On commence avec la visualisation statique d’abord de son propre Mandala,
puis de celui en face,
2. ensuite on entre dans la visualisation dynamique des mouvements de lumière, et
3. finalement on laisse tout se dissoudre dans la méditation non conceptuelle.
Visualisation statique
Tout d'abord, on pose son esprit en visualisant bien le HOUNG au niveau du cœur de
Sangyé Menla. Le HOUNG au départ est fixe et terne, puis s'illumine, sa lumière s'amplifie et l'on prend conscience que c'est l'essence de l'esprit de Sangyé Menla, élargissant
ainsi notre conscience. Puis on visualise les syllabes du mantra lui-même.
Ensuite on visualise le corps de Sangyé Menla en suivant les détails de haut en bas:
la tête, ses mains et ses attributs, ses robes, la posture de vajra, le trône etc.. Puis on
porte le regard au grand lotus à huit pétales: les sept pétales avec les sept Menlas semblables et le pétale en arrière où sont empilés tous les textes des enseignements sur la
médecine.
Ensuite, en arrière, on visualise les plans successifs des divinités de l'entourage: les
treize Bodhisattvas, les dix protecteurs mondains et les douze gardiens assermentés,
chefs des Neudjin. On visualise les murs du palais avec leurs cinq couches concentriques et les quatre portes du palais où se tiennent les quatre grands rois.
Arrivé au terme du développement de la visualisation de notre propre mandala, suivant une séquence de l'intérieur vers l'extérieur et du haut vers le bas, on procède à la
visualisation du mandala de Sangyé Menla en face suivant un mouvement inverse, c'est
à dire de l'extérieur vers l'intérieur et du bas vers le haut: les quatre grands rois, les
quatre portes, les murs du palais, les divinités de l'entourage à partir du fond, les textes
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et les sept bouddhas Menlas sur les pétales du lotus, le trône, le corps de Sangyé Menla
de bas en haut, le cœur de Sangyé Menla avec la guirlande du mantra et le HOUNG central.
Ce cheminement de la visualisation est un support pour développer de l'attention, un
esprit stable et un calme mental profond. Le faisant ainsi la visualisation devient stable.
Visualisation dynamique
Au début du HOUNG et des syllabes du mantra émanent de la lumière immobile ;
elle représente l’énergie de la conscience éveillée.
Au fur et à mesure de la récitation du mantra, la guirlande du mantra des deux
Sangyé Menla principaux (en face et nous-mêmes) se met à tourner. D'abord elle tourne
très doucement, puis de plus en plus vite dans le sens des aiguilles d'une montre. Simultanément de la lumière bleu béryl irradie de plus en plus forte du mantra et forme un
anneau circulaire --- la lumière intense du HOUNG formant une sphère lumineuse. Cette
lumière représente l’énergie du mantra et du HOUNG. La taille de l'anneau et de la sphère
s’accroît de sorte qu'ils se fusionnent en une seule sphère lumineuse.
La lumière s'intensifie, monte en spirale le long du canal central et sort par notre
bouche pour entrer comme une offrande dans la bouche de Sangyé Menla principal en
face. Elle descend au niveau de son cœur ce qui intensifie la lumière de son mantra et du
HOUNG. Ainsi la compassion de Sangyé Menla est éveillée, et depuis son cœur la lumière remonte par le canal central pour émaner comme offrande depuis son front dans
les dix directions, éveillant la compassion de tous les bouddhas et bodhisattvas dans
tous les univers, les exhortant à manifester leur activité éveillée.
Tous les bouddhas et bodhisattvas répondent en renvoyant des rayons de lumière
qui pénètrent tous les êtres des six classes d'existence, purifiant leurs voiles et karma
négatif, dissipant toutes leurs souffrances et maladies, et les transformant en la forme de
Sangyé Menla. Tout l'espace devient la terre pure de Sangyé Menla.
Les bouddhas et bodhisattvas envoient également de la lumière à Sangyé Menla en
face. Elle emplit tout son corps et se fond en le mantra et le HOUNG dans son cœur. Ainsi il devient le réceptacle des qualités de bénédiction de tous les bouddhas du passé, présent et futur de tous les univers.
Ensuite la lumière irradie à nouveau pour se fondre en le mantra et le HOUNG dans
notre cœur. C’est un transfert de la sagesse et des bénédictions concentrées de tous les
bouddhas qui se fait de cœur à cœur, d'esprit à esprit. Nous recevons nous-mêmes les
mêmes qualités et capacités que les bouddhas. La lumière nous confère toute l'influence
spirituelle, tous les pouvoirs et toutes les qualités de tous les bouddhas et bodhisattvas.
Pendant tout ce temps là, on récite le mantra de S. Menla. Il est comme une requête
pour que les qualités et bienfaits de Sangyé Menla se manifestent : « Grand Guérisseur,
accordez votre bienfait, votre très grand bienfait, tous vos bienfaits ! »
Méditation non conceptuelle
Cette phase de développement de la visualisation où l’on utilise l’esprit conceptuel
est suivi ou peut alterner avec des phases non conceptuelles : on demeure dans la confiance totale que l'on est vraiment Sangyé Menla avec toutes ses qualités et on laisse de
côté la visualisation développée auparavant.
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III. Conclusion
Prières de conclusion
Pour conclure la pratique on fait d’abord une petite prière de confession dévoilant
tous nos actes négatifs et ceux de tous les êtres. Puis on prononce la dédicace du mérite
pour le bienfait et l’éveil de tous les êtres. On poursuit par une prière pour que tout soit
auspicieux du fait que les êtres soient libres des maladies et de toutes les influences nuisibles. Enfin on formule une prière de révocation qui se termine par BENZA MOU dans
laquelle on demande aux divinités mondaines de retourner en leur résidence. Ils regagnent tous leur résidence et seuls les bouddhas et bodhisattvas restent.
Dissolution
Arrive maintenant la phase de dissolution de la visualisation : le mandala de Sangyé
Menla en face se dissout en la figure principale ; puis elle se fond en nous-mêmes
comme Sangyé Menla, ainsi que toutes les divinités autour. Nous-mêmes nous dissolvons en le dharmakaya, la vérité ultime. On expérimente l'état originel pur du dharmakaya et reste dans cet état de méditation non conceptuel, sans référence.
Remarques finales
Cette pratique accomplie avec sincérité apporte des bienfaits infinis: elle empêche le
mûrissement des conséquences des actes négatifs et elle purifie le karma négatif accumulé par les endommagements à la conduite éthique. Tous nos besoins seront pourvus
et l'on sera protégé des maladies physiques et mentales. Pour le cas où l’on renaîtrait
dans un des royaumes inférieurs, cette existence serait très courte et l’on reviendrait
rapidement dans l’un des royaumes supérieurs où, rencontrant le dharma, on se développera progressivement jusqu’à atteindre l’état de bouddha.
FIN
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