comité de groupe
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comité de groupe
[ R e p è re s ] La RATP installe son comité de groupe La création du comité de groupe RATP fait suite, notamment, à l’intégration en mars 2011 de 16 filiales et de leurs 6 500 salariés, après la sortie de la RATP du capital de Transdev. Cette nouvelle instance doit favoriser l’échange d’informations entre représentants des différentes composantes d’un groupe dont on attend une stratégie de promotion des ressources humaines. abouti à la signature d’un protocole d’accord le 17 février 2012 par 6 organisations syndicales sur les 8 invitées aux négociations. Instance d’information « Même si nous souhaitons construire une identité sociale du groupe, il y aura toujours un statut à l’EPIC et des conventions collectives ailleurs.» réé par les lois Auroux de 1982, le comité de groupe est une instance de représentation du personnel au niveau d’un groupe d’entreprises. Sa création est rendue obligatoire par l’atteinte de certaines conditions d’influence entre entreprises, définies aux articles L. 233-1, L. 233-3 et L. 233-16 du Code de commerce. « Dès lors qu’un groupe d’entreprises est formé d’une entreprise dominante et d’entreprises dominées, et par les entreprises qu’elle contrôle et sur lesquelles elle exerce une influence dominante,la mise en place d’un comité de groupe devient obligatoire. » (article L 2331-1 du Code du travail). La reconnaissance de l’existence du groupe et la définition de sa configuration doivent faire l’objet d’un accord des parties intéressées (article L. 2333-5 du Code du travail). A la RATP, les négociations ont débuté en mai 2011 et elles ont C 14 CONNEXIONS _ Juin/Juillet/Août 2012 Tous les syndicats ayant au moins un élu dans un des comités d'entreprise du périmètre du groupe1 ont participé à la négociation ; seules la CFTC et la FNCR (Fédération Nationale desChauffeurs Routiers) ont des élus dans les filiales mais pas à l’EPIC2. Le périmètre retenu dans l’accord est constitué de l’EPIC, entreprise dominante au sens du Code de commerce, et des entreprises qu’elle contrôle c’est-à-dire celles dont elle détient plus de 50 % du capital et dont le siège social est en France. Elles représentent 58 filiales parmi lesquelles celles de rang 1 (RATP Dev SA, IXXI, LOGIS Transports, PROMO METRO, SEDP, TELCITE) et celles de RATP Dev (39 filiales d'exploitation en France). Le comité de groupe est un organe d’information sur la stratégie du groupe, qui doit délivrer à ses membres des éléments plus complets et à un niveau supérieur à celui de leurs entreprises et établissements d’origine. Mais à la différence des comités d’entreprise et d’établissement, il n’est pas consultatif3 et ses membres ne peuvent exprimer que des points de vue motivés sur les éléments communiqués. Lors de la première séance le 20 juin 2012, le comité a reçu des informations notamment sur les comptes consolidés, la situation financière et les effectifs du groupe en 2011. Les performances financières affichées sont proches de celles de l’EPIC, avec toutefois un taux de croissance annuel du chiffre d’affaires (CA) plus élevé : +9% (+3,6% pour l’EPIC). Il atteint ainsi presque 5 milliards d’euros. Mais cette progression provient à plus de 60 % d’éléments non récurrents à savoir l’intégration des filiales issues de la cession d’actifs de Veolia et Transdev. Leur poids reste toutefois marginal dans le groupe RATP : 86% du CA consolidé est porté par l’EPIC et 14% par les filiales (91% et 9% en 2010). Stratégie RH à construire En France, les nouvelles filiales apportent 68M€ de chiffre d’affaires consolidé. Mais à périmètre constant et hors RATP Dev SA, leur taux de profitabilité opérationnelle (avant résultats financiers et exceptionnels) faiblit : 3,3% contre 4,5% en 2010. En outre il y a un risque lié aux difficultés des finances publiques. La croissance récente des filiales françaises reste donc à consolider et rentabiliser : en effet, la moitié des actifs du périmètre du groupe affiche un résultat déficitaire avec des situations très disparates. Les 18 filiales de transport interurbain bénéficient notamment d’une progression de 40% de leur CA grâce à l’intégration des entreprises issues de Veolia et Transdev ; ce secteur présente des opportunités de croissance pour RATP Dev, mais aussi des contraintes réglementaires accrues (équipement des véhicules en ceintures, en éthylotests ; accessibilité). En revanche, la profitabilité des 7 filiales de transport urbain s’est nettement dégradée depuis 2008 en raison d’une tension générale sur le marché. Trois appels d’offres défensifs ont été renouvelés en Liste des 58 filiales incluses dans le périmètre du groupe RATP 2012 : il s’agit des réseaux STU Bourges, Moulins Mobilités et les Cars Dunois. L’activité de transport à la demande, si elle confère à la RATP une solide expérience dans 5 sur 8 départements franciliens, est déficitaire, et le turn-over dans les 8 filiales y est très élevé. Hors transport, les filiales de services NAXOS, PROMO METRO, SEDP et TELCITE sont largement profitables pour le groupe ; seule IXXI peine encore à être bénéficiaire. Quelle sera la stratégie de l’actionnaire dans ces différentes branches d’activités ? Les élus CGT, UNSA, CFECGC et FO du Comité de groupe ont réagi dans une déclaration commune lue en séance : « en choisissant le champ concurrentiel, la RATP a pris le chemin de la compétitivité, ce qui implique un niveau de productivité élevé. Dans l’EPIC ou dans les filiales, les solutions mises en oeuvre pour atteindre cet objectif sont souvent synonymes de dégradation des conditions d’exercice des métiers.» Plusieurs membres ont interpellé la direction sur la situation sociale dégradée dans certaines filiales, en particulier à MobiCité, Cars Perrier et SQY Bus où le schéma actuel d’organisation (SQY Bus réalise sa prestation avec les Cars Perrier et 2 autres opérateurs) sème le doute sur des pratiques de dumping social. Or le Président du groupe, M. Pierre Mongin, a assuré aux membres du comité réunis à la séance de mise en place le 5 avril 2012 que « la concurrence entre les composantes du Pôle valorisation des espaces Pôle ingénierie L’habitation transports LOGIS Transports NAXOS PROMO METRO Roue libre développement SADM SEDP TELCITE RATP International IXXI EPIC RATP Pôle transport Transport inter-urbain Alpbus Fournier Cars Dunois Cars Jacquemard Cars Perrier Cars Saint-Martin Céobus Champagne Mobilités CTVMI GEM Bus Giraux Eure et Loire MobiCité SQY Bus STD Marne STI Allier STI Centre STI Haute Savoie Collonges et La Roche TIM Bus Voyages Dunois Voyages Desbiolles Transport urbain STU Bourges CTCM Charleville-Mézières CTY – ImpulsYon Moulins Mobilité TP2A TVM Vienne Mobilités STU Vierzon Transport à la demande FLEXCITE 77 FLEXCITE 91 FLEXCITE 93 FLEXCITE 94 FLEXCITE 95 + TSE FLEXCITE SA FLEXCITE TAD Autres activités RATP Dev S.A. EM Services Orlyval Service RATP Dev France Investissement RATP Dev France Services SLT Etablissement Chateauroux Etablissement Socetra Etablissement Collonges Etablissement La Roche SCI Pimian SCI Perrier SCI Parc Saint-Clair SCI Procession Source: Annexe 1 du protocole d'accord relatif au comité de groupe RATP groupe est une aberration et qu'elle est exclue de sa politique » (cf. extrait du PV). Vers le comité d’entreprise européen (CEE) La prise en compte des enjeux de ressources humaines du groupe reste pourtant à développer. A commencer par la construction d’un reporting social groupe, inexistant faute de système infor- Protocole d’accord relatif au comité de groupe RATP Attributions : le comité de groupe reçoit des informations sur l’activité du groupe, sa situation financière, l’évolution et les prévisions d’emploi annuelles et pluri-annuelles, et les actions éventuelles de prévention envisagées, les comptes et bilans consolidés et le rapport des commissaires aux comptes (…) sur les évolutions majeures de la structure du groupe et de sa stratégie, des éléments qualitatifs et quantitatifs de l’emploi dans le groupe, les politiques ressources humaines groupe. Composition : un Président, assisté de 3 représentants de la direction dont un membre des filiales ; un Secrétaire et un Secrétaire adjoint ; 30 membres (15 titulaires et 15 suppléants) désignés par les syndicats parmi leurs élus aux comités d'entreprise ou d’établissement ; 8 représentants syndicaux. matique RH à ce niveau et parce que l’obligation de bilan social ne concerne que les entreprises de plus de 300 salariés (seules 10 filiales de RATP Dev France dépassent la centaine de salariés). Collectées manuellement, les données présentées au comité en séance le 20 juin ne permettent pas de refléter l’évolution des effectifs du groupe France. Ils sont 47 415 salariés (dont 93% à l’EPIC, 6% dans les filiales de RATP Dev et 1% dans celles de rang 1) ; la proportion de femmes atteint 20% (23% et 43,6% dans les filiales de RATP Dev et celles de rang 1) ; 70% des sorties de l’EPIC sont des départs en retraite, quand 60% de celles de RATP Dev sont des démissions et des licenciements. Cette disparité de motifs de sortie est à l’image de celle des conventions collectives et des statuts sociaux dans le groupe RATP. « Même si nous souhaitons construire une identité sociale du groupe, il y aura toujours un statut à l’EPIC et des conventions collectives ailleurs » a indiqué le Président du comité à cette séance. Certes la communication sur l’identité sociale et les valeurs du groupe est lancée : le carnet de bord du plan d’entreprise Vision 2020 y fait référence, et un code éthique groupe est paru fin 2011. Mais il faudra que la stratégie RH groupe soit partagée grâce à une gestion des mobilités et compétences concrète pour chacun : actuellement seuls 1% de salariés (cadres dirigeants notamment) sont concernés par une mobilité groupe, réservée à 14 profils stratégiques. Il est important que la politique RH groupe instaure le dialogue social à ce niveau, via la négociation d’accords en matière de mobilité, d’égalité, de responsabilité sociale… Ce dialogue devra également être mis en place à un échelon européen via le comité d’entreprise européen. La création de cette instance d’information et consultation sur les affaires transnationales est en effet obligatoire pour la RATP, groupe de dimension communautaire. La direction a annoncé que les négociations débuteront au printemps 2013, et laissé entendre qu’elle maintiendrait le comité de groupe et le futur CEEde manière concomitante. [Laurence Bourguignon] Mandat : 3 ans (2012-2015), puis 2 ans (2015-2017). Les séances plénières ordinaires ont lieu deux fois par an. 1 Moyens de fonctionnement : budget annuel de 9 500 euros ; en outre les élus s’appuient sur un cabinet d’experts pour analyser les comptes consolidés du groupe RATP. Il y a 8 comités d’entreprise, 14 délégations uniques du personnel. Dans le périmètre du groupe France il y a 388 élus titulaires et suppléants, et 30 sans étiquette. 3 Ce fut d‘ailleurs une des objections de la CFDT à la signature du protocole. 2 CONNEXIONS _ Juin/Juillet/Août 2012 15