SSP - Vaud / Syndicat des services publics

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SSP - Vaud / Syndicat des services publics
SSP - Vaud / Syndicat des services publics - Le Courrier: Les «petits pas» de Pascal Broulis trébuchent su
Écrit par Michaël Rodriguez, Le Courrier
Mardi, 21 Octobre 2008 23:26 - Mis à jour Mardi, 21 Octobre 2008 23:32
édition du 21 octobre 2008
ANALYSE - Dans une réforme aussi titanesque que celle lancée par Charles Favre, la
méthode chère au grand argentier vaudois se retrouve prise à contre-pied.
«Decfo-Sysrem»: cet acronyme à deux têtes n'aura cessé, durant les six années de gestation
de la réforme sous la direction de Pascal Broulis, de hanter la vie politique vaudoise. Car la
réforme du système salarial s'est illustrée avant tout par sa nature impalpable, son vide
envahissant. Les rares nouvelles du projet qui parvenaient à la presse – le plus souvent par
l'intermédiaire des syndicats – semblaient émaner d'une autre galaxie, où les lois terrestres ne
se vérifient plus, voire sont carrément inversées.
Négocier, mais sur quoi?
Sur la planète Decfo-Sysrem, par exemple, l'on commence à négocier avant même de savoir
sur quoi l'on négocie. Forcément, les syndicats sont dans une position inconfortable et s'agitent
un peu sur leur chaise. Mais l'avantage est qu'ils n'ont presque aucun chiffre sous la main pour
étayer leurs hypothèses, qui passent donc facilement pour farfelues.
Alors que les premières «discussions» avec les syndicats avaient eu lieu en 2002 déjà sous la
houlette de Charles Favre, père de la réforme, il a fallu attendre juillet 2007 pour que débutent
les négociations proprement dites. Mais à ce moment-là, Decfo-Sysrem ressemblait encore à
un ovni. Jusqu'au début octobre 2008, environ 10 000 personnes (sur les 27 000 employés de
l'Etat de Vaud) sont restées dans l'incertitude complète quant à leur sort. Mal à l'aise avec un
chantier titanesque, typique de la méthode Favre, et qui ne correspond guère à sa propre
démarche politique, Pascal Broulis a voulu quand même lui appliquer sa fameuse méthode des
«petits pas». En débitant la négociation et l'information en tranches, le ministre radical pensait
éviter les levées de boucliers qu'un paquet aussi énorme risquait de susciter.
Protestation décuplée
C'est à peu près l'inverse qui s'est produit: les actions de protestation s'en sont trouvées
démultipliées, et étalées dans le temps. En novembre 2007, près de 10 000 personnes ont
manifesté contre la réforme – du jamais vu depuis trois ans. Alors que, six mois plus tard, la
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Écrit par Michaël Rodriguez, Le Courrier
Mardi, 21 Octobre 2008 23:26 - Mis à jour Mardi, 21 Octobre 2008 23:32
mobilisation s'effondrait, laissant croire que le Château avait la partie presque gagnée, les
syndicats lançaient une sorte de «guérilla» sectorielle: grève des amendes à la police, grève
des notes dans les écoles...
Au lieu de jouer cartes sur table, Pascal Broulis a préféré cacher les plus désagréables d'entre
elles sous le tapis, pour les sortir le plus tard possible. Alors que les enseignants de gymnase
passaient d'abord pour être les principales – si ce n'est les seules – victimes de la réforme, ils
ont été rejoints récemment par des secrétaires, des conseillers en orientation, des inspecteurs
du Service des autos, des laborantins, des infirmières (lire ci-dessous)... Sans compter le
personnel de nettoyage, carrément exclu de la nouvelle grille.
Le pire, c'est que ces déclassements n'ont pas été motivés ni assumés politiquement par le
Conseil d'Etat. Si l'Etat employeur estime que les maîtres de gymnase ou les secrétaires ont
été trop payés jusqu'ici, qu'il le dise franchement! Or, tout se passe comme si le sort du
personnel se résumait à une vaste opération comptable. Les perdants ont juste eu la
malchance d'atterrir dans la mauvaise colonne.
On se dit que tous ces calculs devraient au moins donner une somme. Mais c'est oublier une
autre particularité de la planète Decfo-Sysrem: les projections financières y relèvent de
l'astrologie. Alors que le Conseil d'Etat s'enorgueillit de sa nouvelle planification financière, il se
dit dans l'incapacité de chiffrer les effets de la réforme sur la masse salariale à cinq, dix ou vingt
ans. Voilà qui est de nature à inquiéter tout le monde: la droite peut se demander si cela ne
cache pas une explosion des dépenses de personnel, tandis que les syndicats soupçonnent au
contraire que la réforme soit à terme une vaste opération d'économies.
L'Hôtel de Ville semble en tout cas ne pas être dans la même galaxie que le Château cantonal.
Le syndic de Lausanne, Daniel Brélaz, a annoncé récemment que la grille salariale des
employés communaux serait elle aussi revue. Mais il a tenu à se démarquer du canton: «En
tant que responsable des Finances et mathématicien, je vais m'intéresser à l'évolution du
système sur vingt ans», a souligné le syndic en marge de la conférence de presse sur le budget
2009 de la ville. Et d'ajouter: «Je suis à peu près sûr qu'à l'Etat, ils ne l'ont pas fait...»
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