LE ROMAN NATURALISTE I. Qu`est-ce que le naturalisme ? L`école
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LE ROMAN NATURALISTE I. Qu`est-ce que le naturalisme ? L`école
LE ROMAN NATURALISTE I. Qu’est-ce que le naturalisme ? L’école naturaliste est baptisée ainsi le 16 avril 1877 lors d’un dîner réunissant Flaubert, Edmont Goncourt, Zola et tout le futur groupe de Médan. Dès le XVIIème siècle, l’Académie des Beaux-Arts appelaient « naturaliste » l’opinion qui « estime nécessaire l’imitation de la nature en toutes choses ». Le terme a surtout été appliqué à la peinture. Le mot prend enfin son sens « d’efforts de l’écrivain pour essayer sur les faits sociaux ce que le naturaliste essaie sur les faits zoologiques » (1859, Préface de la Légende des siècles). Baudelaire en 1848 appelle Balzac « un savant…un observateur…Un naturaliste… » II. Vers le naturalisme L’art réaliste : Un certain souci de franchise, parfois crue, dans la peinture des êtres et des choses est aussi ancien que la littérature ; la société depuis l’Antiquité est explorée jusque dans ses bas-fonds et les auteurs en ont rappelé et rapporté des observations précises : ce sont les « pionniers du documentaire » ! La passion des enquêtes sociales se répand au XIXème siècle : Eugène Sue et ses Mystères de Paris… Balzac et sa Comédie Humaine, puis viendra Stendhal et Le Rouge et le Noir. Après 1850, la doctrine réaliste des romanciers Champfleury et Duranty annonce plusieurs points du programme naturaliste : réaction d’esprits masculins contre les « rêveurs à nacelles » (romantiques), le réalisme hait les enjolivures ; il refuse les individualismes et envisage « le côté social de l’homme » ; il proscrit le roman historique (romantisme) et veut seulement l’étude de l’époque contemporaine aux auteurs ; il s’oppose à la peinture qui ignore la réalité, tout en sachant que certains des aspects de cette réalité sont laids, sordides…Il veut prendre en compte les aspects repoussants du monde autant que sa beauté. Les romanciers réalistes peignent volontiers les « petites gens et leur mouvement fut une étiquette, un mot dit de « transition »…Après s’être voué à « l’étude patiente des humbles de ce monde » (Zola), le modeste romancier va céder la place à l’ambitieux naturaliste. C’est Flaubert, romantique « mal repenti », allergique à ses contemporains qui deviendra aux yeux du grand public, le plus prestigieux hérault du réalisme. La « philosophie naturaliste » : Selon Diderot (XVIIIème siècle), « les naturalistes » sont ceux qui « ont pour métier de bien observer la nature et pour religion unique celle de la nature ». Vers 1870 quand s’élaborent les Rougon-Macquart de Zola, la pensée naturaliste devient un triomphe. Au XIXème siècle tout est fondé sur les progrès de la science expérimentale avec Darwin et les biologistes. Balzac, en 1842 déjà, affirmait qu’ « il existe des espèces sociales comme il ya des espèces zoologiques », et Zola se réclamait souvent de Balzac… Et lorsqu’il compose son « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire », il croit en les théories de Darwin et en outre, il croit avoir trouvé en 1868 une théorie complète de Georg Lucas (docteur) sur l’hérédité qui lui inspire l’idée de l’arbre des Rougon-Macquart. Il définira ensuite sa méthode d’après « l’introduction à la médecine expérimentale » du Docteur Claude Bernard, son ami : « je compte sur tous les points me retrancher derrière Claude Bernard…Le plus souvent il me suffira de remplacer le mot « médecin » par le mot « romancier ». Dans le Roman expérimental, en 1880, le romancier OBSERVE, puis CONFRONTE chaque personnage à une série d’EXPERIENCES permettant de VERIFIER des HYPOTHESES pour que le résultat aboutisse à des DEDUCTIONS ! Démarche purement scientifique… III. Comment définir le naturalisme ? « C’est la volonté d’observer de façon purement scientifique en vue de les représenter dans une œuvre littéraire, des caractères et des comportements humains, de la même façon qu’un savant naturaliste étudie objectivement une roche, une plante ou un animal. » On rencontre cette ambition dès le XVIIIème siècle : Diderot déjà imagine dans « le rêve » de D’Alembert (1769), que des caractères se transmettent par hérédité ; Darwin au XIXème siècle affirme que l’hérédité déterminerait notre comportement ; du coup, notre liberté n’existerait plus et notre responsabilité non plus ! Les instincts et les pulsions domineraient donc notre vie sociale ; nous serions alors « prédestinés » et « non libres » de nous-mêmes. Les naturalistes se montrent encore plus absolus dans leur enthousiasme pour les sciences que les savants eux-mêmes ! Ainsi Zola et ses amis eurent-ils l’espérance qu’un jour, l’homme pourrait tout comprendre, tout expliquer, et par là tout guérir, puisque la recherche scientifique était surtout destinée au service de l’Homme et de son Bonheur… Ils défendirent donc l’idée d’une soumission absolue à l’esprit scientifique dans tous les domaines de l’activité humaine. ! IV. Les principes à la source des œuvres naturalistes Eliminer du genre romanesque toute tradition académique afin d’être résolument de son temps, « l’âge d’une réalité exacte et triste » disait Zola Ils se veulent les « anatomistes de l’âme et de la chair » disséquant les hommes et leurs comportements pour les comprendre en profondeur Dépasser les thèses des réalistes : s’intéresser à la peinture de tous les milieux sociaux et des personnages moyens dans chacune des classes, dont ils donneront une représentation scientifique comme s’ils étaient médecins ou juges d’instruction…En fait ils veulent traiter surtout des bas-fonds psychologiques et sociaux. « Peindre les hommes et la nature dans leur vérité », disait Zola…Les misères physiologiques, matérielles et morales, les petitesses de toutes sortes, les comportements marginaux de la société contemporaine mis à nus et analysés avec une froideur de chirurgien qui détaille sans rien cacher… Voilà comment sont apparus les romans naturalistes dans le dernier quart du XIXème siècle. Va suivre un cours sur les auteurs à connaître de cette époque…. G. P.