Appelés à "grandir"
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Appelés à "grandir"
Dimanche 30 décembre 2012 Fête de la Sainte Famille I Appelés à « grandir » l est assez étrange qu’en cette fête de la Sainte Famille l’Évangile se présente comme une sorte de « fait divers ». Il arrive parfois que des enfants fuguent… On a un peu cette impression en lisant le récit de l’évangile selon saint Luc. Oh ! bien sûr, ce n’est pas tout à fait une fugue, au sens strict du terme. Jésus a douze ans, il a l’âge où s’accomplit dans la tradition juive la « bar mitzvah ». C’est une fête qui marque l’entrée dans l’âge adulte. Le jeune juif est invité à lire la Torah (la Loi de Moïse) par lui-même, à haute voix. C’est un peu l’équivalent, toutes proportions gardées, de nos célébrations dites de la « Profession de foi » (ou « communion solennelle », comme on l’a dit longtemps). Selon les traditions juives, c’est à douze ans que Samuel s’est mis à prophétiser (cf. 1 S 3, 20) et c’est au même âge que Daniel fait preuve de sagesse (cf. Dn 13, 45-64) 1. Donc, comme le raconte l’évangile selon saint Luc, « comme ils s’en retournaient à la fn de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. » Cela peut surprendre, mais une explication est avancée : « Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils frent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. » Le garçon est déjà grand, et on peut comprendre l’espèce de légèreté des parents qui lui font confiance. Il y a un aspect très moderne dans ce récit ! La suite est encore plus savoureuse. Au bout de trois journées de recherche, les parents de Jésus le trouvent enfin dans le Temple, et le spectacle a de quoi les étonner. Il est « assis au milieu des docteurs de la Loi, les écoute et leur 1 Sur ces indications, voir : Hugues COUSIN, L’Évangile de Luc, coll. « Commentaires », Centurion, Paris, 1993, p. 45. pose des questions. » Et ces savants réunis autour de ce jeune homme sont étonnés de son intelligence et de ses réponses… On comprend dès lors la stupéfaction des parents. Cette stupéfaction redouble quand il répond : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviezvous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. » La perplexité des parents est alors totale. Un petit détail est assez surprenant : jamais les parents de Jésus ne sont désignés par leur nom. En quelque sorte, ce détail atteste que Jésus atteint l’âge adulte et que son ministère, sa prédication commencent déjà. Et s’il faut encore que Jésus grandisse « en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes », c’est sans doute un appel qui nous est aussi adressé. Comment faisons-nous « grandir » la présence de Jésus en nous, au milieu de nous ? Peut-être nous arrive-t-il d’oublier que nous sommes « appelés enfants de Dieu », comme le rappelle la première lettre de saint Jean. Cette réalité est aussi une promesse : « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. » Si ce message semble un peu compliqué, il est bien une invitation qui nous est adressée : nous avons, nous aussi, à grandir « en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes. » Cela fait écho, d’une certaine manière, à ce que nous pouvons lire dans la lettre de saint Paul aux Éphésiens : « Jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes, à la taille du Christ dans sa plénitude » (Ep 4, 13). Bref, pour le résumer d’un trait, la « Sainte Famille », c’est certes Jésus, Marie et Joseph, mais c’est aussi nous, tous ensemble, qui sommes appelés à former le Corps du Christ. C’est ce que nous célébrons dans chaque Eucharistie.