Domaine Cauhapé, l`exceptionnel du Jurançon

08/14 JUIL 13
Hebdomadaire Province
Surface approx. (cm²) : 605
N° de page : 37
46 BOULEVARD LUNDY
51100 REIMS - 03 26 40 21 31
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Vins. Henri Ramonteu a construit de ses mains un domaine de M hectares dans le Jurançon. C'est ici, dans le Beam, entre
Pyrénées et Atlantique, que naissent des moelleux surprenants.
Domaine Cauhapé,
l'exceptionnel du Jurançon
VIGNOBLES
7377496300505/FCC/OTO/3
Eléments de recherche : HENRI RAMONTEU : propriétaire du Domaine Cauhape, uniquement les vins, toutes citations
08/14 JUIL 13
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H
enri Ramonteu est fier.
Fier, car à bout de bras,
il a réussi l'exploit de
créer un domaine de 44 hectares, dans une région moins
connue pour ses terroirs viticoles que pour sa gastronomie. Trente années après sa
création, ses vins rivalisent
avec d'autres vins bien plus
cotés que les siens et attirent
désormais la curiosité de la
presse internationale. Henri
Ramonteu a donc de quoi être
fier. Lui, l'agriculteur béarnais
parti de rien.
Lorsqu'il reprend l'exploitation familiale, point de
vigne. Quèlques bêtes et surtout du maïs à perte de vue.
Mais « le paysan » qu'il est,
c'est en tout cas comme cela
qu'il se présente encore
aujourd'hui, est attiré par la
vigne. C'est ici, sur les coteaux
pentus du Beam, entre Pyrénées et Atlantique, entre Biarritz et Lourdes, qu'il va construire Cauhapé, un domaine
qui totalise aujourd'hui 44
hectares, planté de gros et de
petit manseng, les deux cépa-
ges locaux. « Les années 1980
permettaient cela », analyse
Henri Ramonteu.
PASSERILLAGE
Le premier donne naissance à des vins secs, riche
d'arômes fruités ; le second,
récolte tard et par tris successifs, donne des vins moelleux aux arômes de fruits
confits, de miel, ce que l'on
appelle ici, « le passerillage ».
Cette technique vinicole est
utilisée dans certaines
régions viticoles. Elle permet
Tchin
d'enrichir le raisin en sucre
par concentration. Il perd
alors de son volume en eau
et se concentre en sucre. On
le doit au climat caractéristique de cette région, qui allie
rigueur montagnarde et douceur océane. Conjugué à la
qualité du terroir, précieux
mélange d'argile, de silice et
de galets, il permet d'exprimer ici la quintessence des
cépages nobles du Jurançon.
Quintessence, c'est justement la cuvée phare du
domaine, un vin réalisé avec
du petit manseng exclusivement et vendange la veille de
noël, avec des raisins chauffés par le soleil hivernal du
Vins en voie de disparition
Près de 50 DOO professionnels du vin se sont rendus à Bordeaux à l'occasion de Vinexpo, le
salon international des vins et spiritueux. Cette année, plus que jamais, l'événement démontre
toute la démesure d'un système dirigé par l'export. D'abord même si les score de fréquentation
annonces par les organisateurs sont bons, les exposants constatent en majorité une baisse de
fréquentation. Si les deux premiers jours sont apparus très fructueux, le reste de la semaine fut
donc relativement calme. Mais là les pros vous diront qu'il vaut mieux un bon rendez-vous que...
Nous sommes d'accord. On constate seulement l'importance du marché asiatique qui s'ouvre
un peu plus chaque jour, en particulier la Chine. Et si nos vignerons ne sont pas encore aguerris
aux us et coutumes de cette clientèle, et que, cette même clientèle est encore étrangère à la
culture européenne du vin, on sent bien que ces deux-là sont faits pour s'entendre. Faut-il y voir
notre déclin ? Si nos vignerons se rassurent en regardant les chiffres de leurs carnets de
commande, je m'inquiète pour ma part, en tant que Français moyen, constatant, impuissant, la
fuite de nos raisins vers des paradis fiscaux. Vous allez me dire, c'est devenu un sport national.
Mais que nous restera-t-il ? II faut espérer que le restaurant soit encore capable d'obtenir des
crus français dignes de ce nom. Nous réserverons une table pour déguster des vins en voie de
disparition, comme on va au zoo voir des espèces qui n'existent plus ailleurs.
RL.
VIGNOBLES
7377496300505/FCC/OTO/3
Eléments de recherche : HENRI RAMONTEU : propriétaire du Domaine Cauhape, uniquement les vins, toutes citations
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sud-ouest et légèrement gelé
la nuit. Les rendements sont
minuscules, seulement 9 hectolitres par hectare, alors que
le premier vin du domaine
table sur un rendement de 48
hectolitres à l'hectare. C'est
le vin emblématique et,
encore une fois, la fierté
d'Henri Ramonteu. « Environ 2 000 bouteilles sont produites quand le millésime le
permet, indique le vigneron.
Le raisin, vendange en plusieurs fois, passe ensuite deux
ans en fûts ». Ensuite, c'est
l'explosion. « Une corbeille de
fruits », ajoute-t-il. À l'aveugle, les dégustateurs se font
piéger. À tel point que certains l'ont baptisé le «Yquem
du Jurançon ». Un raccourci
qui plait évidemment au fils
de paysan, mesurant ainsi
tout le chemin parcouru
depuis qu'il a planté ses pre-
mières vignes. Sa Quintessence finira même sur les
tables de Jacques Chirac, à
l'Elysée.
Avec son accent du Beam
très prononcé, il vous dira,
ému, que la région possède
« un énorme potentiel » ;
qu'elle est capable de produire « des vins pointus,
savoureux, dans lesquels se
dégage une certaine esthétique ». Lui, qui continue à
exploiter 50 hectares de maïs,
vous dira également combien
il aime son terroir et combien
il est « un homme enthousiaste », animé par la même
énergie que celle qui pousse
dans ses vignes aux pieds
réchauffés par le soleil matinal, la traduction de « cauhapé», en Béarnais.
PATRICK LEBAS
DÉGUSTATION
Quintessence du petit manseng, Jurançon 2009
C'est le fleuron du domaine. Le
vin vendange le pus tardivement
et celui qui affiche les plus petits
rendements, 9 hectolitres àî'hectare. Une rareté et une prouesse
technique pour ce vin moelleux,
vendange en plein mois de
décembre, alors que le thermomètre descend en-dessous de
zéro degré. Mais les effets du
soleil hivernal garantissent la survie du raisin.
II
Ici, point de pourriture noble
comme à Sauternes, et pourtant
cette même évolution du raisin.
fflkf
Quintessence vous fait un effet
bceuf. Le sucre vous habille le
palais s'en jamais se faire remarquer. S'en suit une déferlante de
sensations agréables. Du fruit, des
fruits même pour un cocktail saisissant et exceptionnel. Il
ne faut pas longtemps au dégustateur pour comprendre
qu'il se trouve face à un ovni, un vin finalement mal identifié que l'on place en premier lieu à Sauternes, capitale
des grands vins moelleux. Nous sommes finalement plus
au Sub, dans Ie Beam. Révélation. Et si ce vin est une rareté
qui a son prix (IOU euros la bouteille), le domaine propose
une gamme de sept autres cuvées (dont quatre vins secs)
à des prix plus que raisonnables. Ainsi, Cauhapé propose
par exemple de monter tout doucement dans l'hiver en
débutant par « ballet octobre » (70% gros manseng et 30%
petit manseng, puis « Symphonie de novembre » (100%
petit manseng), puis « Noblesse du temps » (100% petit
manseng) pour finir sur cette Quintessence. Enfin,cen'est
pas tout puisque le domaine prépare pour le prochain
millésime une cuvée encore plus exceptionnel vendangée
en janvier 2010. En quantité très limitée..
Plusd'infosau domaine, à Monein.
Tél. : 05 59 2133 02 ou www.jurancon-cauhape.com
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