Engagement de l`Église et des ONG auprès des migrants.

Transcription

Engagement de l`Église et des ONG auprès des migrants.
Engagement de l’Église et des ONG auprès des migrants.
Depuis déjà de nombreuses années, l’Église catholique en France porte une
attention particulière aux hommes, aux femmes et aux familles de la migration. Cette
attention a été portée à différentes époques en fonction des réalités sociales des pays
de destination de la migration et plus récemment aussi en fonction des réalités sociales
des pays d’origine et de transit. Cette attention a aussi été marquée par les évolutions
théologico-pastorale de l’Église Universelle et de l’Église catholique en France.
Finalement, cette attention a aussi été conditionnée par l’émergence de la société
civile en France et de nouveau acteurs du vivre-ensemble.
Permettez-moi dans un premier temps de faire un tour d’horizon rapide de
l’approche pastorale de l’Église sur l’immigration dans l’histoire contemporaine et dans
un deuxième temps j’aborderais l’aujourd’hui de la présence de l’Église à ce
phénomène.
Un peu d’histoire1
A la sortie de la 2e Guerre mondiale, la création de l’Office National de
l’Immigration permet de pallier au besoin de mains-d’œuvre de la France. De nombreux
Algériens viennent en France et vivent dans des conditions très pénibles et dans de
grandes précarités. Sont arrivés aussi à cette période de nombreux Italiens et
Espagnols. C’est aux Églises d’origine qu’incombe la charge de porter le souci de ces
populations. Depuis le début du XXe siècle c’est la mise en place progressive des
Missions
Catholiques
étrangères :
Croates,
Lituaniennes,
Slovaques,
Antillaise,
Hongroise, Slovènes, Tchèques, Italiennes, Espagnoles. En 1952 c’est la création de la
Commission Épiscopale de l’Émigration et de l’Association française de l’Aumônerie
générale des Étrangers (ancêtre du SNPM). Cette création est faite grâce au soutien
important du Secours Catholique et des Conférences St Vincent de Paul. Entre 46 et 56
de nombreux acteurs se saisissent d’une réalité qui sera marquée par la migration et
par la guerre d’Algérie. En 1952 Pie XII proclame la constitution apostolique Exul
Familia qui interpelle les évêques des Églises locales afin qu’ils puissent « offrir aux
étrangers l’assistance spirituelle proportionnée à leurs besoins et non inférieure à celle
dont bénéficient les autres fidèles du diocèse ». De 1957 à 1966 c’est le contexte de la
guerre d’Algérie, et l’opinion publique est très hostile aux Algériens, de 1959 à 1960 il y
a pourtant une arrivée massive de Maghrébins (Algériens, Marocains, Tunisiens) mais
aussi de Portugais et ensuite d’Africains subsahariens. C’est aussi une période de gros
1
Un large partie de ce qui est repris ci-dessous est tiré d’un très bon schéma que José da Silva, mon prédécesseur avait
réalisé et que vous trouverez à la fin de ce document.
1
développement dans le travail saisonnier En 1960 a lieu le premier Congrès des
Missionnaires des Émigrants avec une forte présence des organismes de solidarité et des
mouvements d’Action Catholique. À partir de 1962 l’Assemblée des Cardinaux et
Archevêques décide d’inscrire officiellement dans ses structures la réalité des
migrations. Pendant cette période, l’Église va découvrir que les étrangers sont des
travailleurs – des ouvriers- et il y a un travail important d’interpellation des
mouvements tels que l’ACO et des congrégations religieuses qui travaillent en milieu
étranger. Le deuxième concile du Vatican (62-65) marque un moment décisif pour le
ministère pastoral auprès des migrants. Vatican II apporte un nouveau regard sur la
mobilité humaine. Gaudium et Spes rappelle le devoir de servir les droits des migrants
déjà Jean XXIII dans Pacem in Terris au n° 25 l’avait formulé en ces mots :
« Tout homme a droit à la liberté de mouvement et de séjour à l'intérieur
de la communauté politique dont il est citoyen ; il a aussi le droit, moyennant
des motifs valables, de se rendre à l'étranger et de s'y fixer (Pie XII, Radio
message de Noël 1952). Jamais, l'appartenance à telle ou telle communauté
politique ne saurait empêcher qui que ce soit d'être membre de la famille
humaine, citoyen de cette communauté universelle où tous les hommes sont
rassemblés par des liens communs. »
En 1968 la société française est en ébullition. Rien ne sera plus comme avant et
les étrangers sont pris dans le débat social et dans le mouvement de solidarité et
d’engagement pour le tiers-monde. Entre 1972 et 1976 surgissent de nombreuses
associations de solidarité : ASTI, CLAP, GISTI, le CIEMI. En 1974 avec la fin des Trente
glorieuses on n’a plus besoins d’immigrés, et on arrête l’immigration de travail. En 1975
c’est l’arrivée des réfugiés du sud-est asiatique.
En 1968 a lieu le premier congrès des Délégués diocésains de la PM, c’est la
période de naissance des équipes d’ACO espagnoles et portugaise, et la naissance du
Comité de la Pastorale des Migrants (bras séculier de la commission épiscopale).
L’objectif de ce Comité est : « la formation et l’information de l’opinion publique et la
coordination du travail des missionnaires et des prêtres français auprès des migrants ».
En 1972 naîtra le Service National de la Pastorale des Migrants. La Pastorale des
migrants sort à ce moment-là de la marginalité et l’Église assume un rôle de vigilance
critique des lois, elle a compris que les migrations loin d’être un phénomène passager
et marginal, sont et seront constitutives de la nation et de l’Église. Elle le fait savoir et
fait des pas en conséquence. La hiérarchie s’engage fortement, occultant parfois,
l’action et l’engagement des chrétiens, plutôt « militant » dans les syndicats et le
monde politique. Mais il faut aussi savoir qu’à cette époque, les travailleurs étrangers
ne sont pas forcément très populaires au sein des syndicats. Face à cet engagement,
2
surgissent les premières interrogations sur la légitimité de la parole et de l’intervention
de l’Église dans les questions de société et dans le débat démocratique.
De 1977 à 1986 c’est le regroupement familial qui prédomine comme source
d’immigration et la présence des jeunes migrants ou issus de l’immigration dans la
société va commencer à être problématique. C’est le début de la politique d’aide au
retour, et aussi de nombreuses expulsions de jeunes (y compris parmi ceux nés en
France). En réaction en 1981 il y a une grève de la Faim importante à Lyon et des
figures emblématiques surgissent comme Jean Costil, Christian Delorme et Ahmed
Boukhouma. Avec l’arrivé de François Mitterrand au pouvoir, arrive aussi la carte de 10
ans et aussi le droit pour les étrangers de créer des Associations. En 1983 c’est la
marche pour l’égalité des jeunes. De 1984 à 1987 c’est l’émergence du Front National,
et d’une certaine radicalisation dans la société ainsi que la création des premiers
charters pour rapatrier des étrangers dans leur pays d’origine. Si dans la suite de
Vatican II l’Église s’était engagée dans la lutte pour les droits de l’homme, à cette
époque, elle commence à se poser des questions sur la place de l’évangile et le rapport
en action/engagement et foi. Jean Paul II élu en 1978 réconciliera de manière
authentique ces deux dimensions et dans chacun de ses messages pour la journée
mondiale du migrant et du réfugié, il n’aura de cesse de rappeler ce lien fort entre
respect de la dignité de la vie des migrants et exigence évangélique. Il approfondira
spécialement la relation entre mondialisation et mobilités humaines en vue d’une
fraternité entre les peuples avec l’exigence des droits pour tous y compris les personnes
en situation irrégulière. C’est la traduction de la sacramentalité de l’Église, signe et
moyen de l’unité du genre humain et de l’union en Dieu.
De 1987 à 1996. Cette période est fortement marquée par la problématique de
l’intégration et par les conséquences des lois Pasqua sur l’immigration Zéro, face à ce
nouveau raidissement de la société en 1996 c’est l’apparition du mouvement des Sans
papiers avec les occupations de Saint Ambroise et St Bernard à Paris en août 1996. De
nombreux évêques vont s’engager et soutenir le mouvement des Sans papiers,
Mgr Joatton,
Deledicque,
Labille.
Les
réalités
du
vivre-ensemble
devenues
incontournables dans la société entraînent une plus grande prise de conscience du rôle
des chrétiens dans l’humanisation de la société.
De 1997 à 2006 nous sommes au cœur de la conceptualisation de la
mondialisation et avec l’explosion de la féminisation des flux migratoire. Les politiques
sont de plus en plus restrictives et attaque les droits fondamentaux des hommes et des
femmes de la migration. Il y a une banalisation de la xénophobie, qui reçoit ses lettres
de noblesses dans le développement de la politique de Nicolas Sarkozy, qui veut rallier
les voix du Front National en décomplexant et légitimant le Nationalisme politique.
L’accès à l’espace européen est de plus en plus difficile et depuis dix ans c’est environ
10 000 personnes qui sont mortes en essayant de franchir les murs de l’Europe. Au cœur
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de ces années ce qui va poser questions c’est en résumer « jusqu’où pouvons-nous aller
dans le soutien aux personnes en situation irrégulière ». La question de la
désobéissance civile est au cœur de la réflexion chrétienne en France face à la détresse
des Sans papiers. Dans un travail important de 4 organismes à savoir la PM, la Cimade,
le Secours Catholique et le CCFD, ce sont 90 associations chrétiennes qui protestent
ensemble contre la dureté des nouvelles lois et appellent au respect du droit de vivre
en famille pour les migrants ce fut la campagne : « Ne transigeons pas avec le droit de
l’étranger » (13 avril 2006). L’Église institutionnelle par le biais principal du CECF
interpelle, par la voix des présidents de la CEF, de la Fédé Protestante et l’Église
orthodoxe, la présidence de la république et le premier ministre.
Depuis 2006 l’Église a encore essayé en lien avec d’autres d’être vigilant quant
aux lois en place, et à la situation des migrants, comme par exemple sur la directive
européenne sur le retour, ou bien encore la situation dans les Centres de Rétentions.
Elle contribue aussi à la réflexion européenne sur ces sujets par le biais de la COMECE
et de la CCEE. Par contre la restructuration des services nationaux de la CEF, et la
nouvelle lettre de mission confiée au SNPMPI montre un changement dans la manière
d’agir de l’Église dans la société sur les questions liées à l’immigration.
Un virage à négocier
La conférence des évêques de France s’est engagée il y a déjà quelques années
dans une réforme de ses structures pour qu’elles correspondent davantage à l’actualité
de la mission. Nous assistons à une hyper-épiscopalisation en réaction à ce que de
nombreux évêques ont éprouvé comme une place trop importante des services
nationaux, qui dans certains cas semblaient imposer des objectifs et leurs choix
pastoraux aux évêques. Cela a d’ailleurs habité même les couloirs du Vatican. Donc il
s’agit de la volonté de réduire drastiquement le périmètre d’action des Services
Nationaux et de reprendre le contrôle pour les évêques des orientations pastorales pour
l’Église en France. Cela appelle donc aussi les services nationaux à un nouveau
positionnement et dans le cas de la pastorale des migrants un nouveau positionnement
aussi par rapport à la société civile dans le cadre de l’action auprès des migrants. Vous
l’aurez compris, la PM a depuis plusieurs décennies entretenues des relations proches
avec de nombreux acteurs de la société civile, cela est le fruit de lutte commune, la PM
a été par exemple un des initiateurs et fondateur de la Coordination Française pour le
Droit d’Asile (CFDA) et aussi de la Coordination Européenne pour le Droit de Vivre en
Famille. Elle a de longue expérience de solidarité avec la LDH, la FIDH, la LCR, le MRAP,
et plus récemment avec RESF. La PM est connu dans ce milieu comme «la partie de
l’Eglise qui nous aime bien » comme l’avait déclamé un militant de la LDH. Si dans le
cadre de sa première lettre de mission cela était tout à fait compréhensible et
souhaitable, cela change avec la nouvelle lettre de mission. Il n’est plus possible
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aujourd’hui, de part les nouveaux statuts de la CEF (article 34), à un Service National
de signer des déclarations communes publiques ou des Communiqués de presse. Seuls
les évêques ont autorités pour parler publiquement. Un problème est apparu
rapidement, c’est que dans le cadre d’une actualité mouvante et rapide, le temps de
réaction et de prise de parole des officiels de la conférence est totalement inadapté.
De plus, la société civile a un peu de mal à comprendre ce changement dans le
fonctionnement, et de nombreuses personnes le perçoivent comme un abandon de la
part de l’Église du champ de l’action politique en faveur des hommes et des femmes de
la migration. Ce n’est pas entièrement faux, mais ce n’est pas non plus toute la réalité.
Ce que l’Église institution semble vouloir c’est que les organismes, associations et
mouvements chrétiens, s’investissent sur ce terrain. Par exemple, Mgr Vingt-trois, a
soutenu et continu de le faire, les actions du Secours Catholique et de la Cimade sur la
question des Centres de rétention. Nous sommes donc aujourd’hui face à un nouveau
tournant dans le travail auprès des migrants. La PM au niveau national devient un
service à la disposition des évêques pour leur apporter une expertise sur les
phénomènes migratoires, assurer un travail de formation et d’information du réseau des
DD de la PM pour les aider à faire des communautés chrétiennes de leur diocèse, des
lieux d’accueil ou se vit une véritable catholicité. Finalement la PM continu à soutenir
le travail des communautés des catholiques de la migration. Même si pour faire tout
cela la PM doit continuer à entretenir des liens importants avec la société civile, elle ne
peut en aucun cas, s’impliquer publiquement. La PM est donc aujourd’hui appelée à
soutenir et encourager davantage les chrétiens à s’investir dans les débats et les actions
sur le terrain en faveur des hommes et femmes de la migration. Nous entrons donc dans
une ère ou l’action directe en faveur des migrants devra être portée en priorité par les
organismes, associations et mouvements chrétiens, ainsi que les chrétiens engagés dans
la vie de la cité. Pour certains mouvements comme des mouvements d’action
catholique, il y a un appel à changer un peu de perspective et de passer d’une option
préférentielle pour la relecture à une option préférentielle pour l’action et
l’engagement public en tant que mouvement d’action catholique, action collective et
non plus seulement individuelle. Il est intéressant que votre mouvement se pose la
question d’une implication plus grande dans ce domaine. En tout cas si tel est le cas,
vous pourrez compter sur nous pour vous aider et soutenir votre action.
Stéphane Joulain M.Afr.
5
Evènements
de la vie des
migrants
Présence de
l’Eglise à ces
événements
Des hommes
et des
femmes
1946 - 1956
Sortie de la 2
Guerre mondiale. Besoin de bras et d’enfants. On crée
l’Office National de l’Immigration pour recruter dans les pays voisins. Si les
immigrés sont toujours des travailleurs, on parle pour la première fois des
victimes de guerre : prisonniers et réfugiés.
. Arrivent nombreux des Italiens, des Espagnols (c’est la deuxième vague
après les réfugiés politiques de 1939), des Algériens.
. On rentre en guerre en Algérie.
Les Eglises d’origine sont fortement mises à contribution – soutien social et
religieux
. 1946 (1er mai) – création de la Commission épiscopale pour les Etrangers
(gérer et organiser la place des missions pour les étrangers). Naissance en cette
décennie et mise en place progressive des missions catholiques étrangères :
Croate, Lituanienne, Slovaque, Antilles. Celles des Hongrois, Slovènes,
Tchèques, Italiens, Espagnols, datent du début du XXe ou même de 1837 pour
les Polonais.
. 1952 – Commission épiscopale de l’Emigration
. 1954 – Association française de l’Aumônerie générale des Etrangers (ancêtre
du SNPM qui publie l’ancêtre de Migrations et pastorale « L’Etranger
catholique en France »)
. Soutien important du Secours catholique et des Conférence St Vincent de
Paul.
. Les chrétiens en France sont divisés sur la guerre en Algérie
. Entre 1948 et 1954, des prêtres à Lyon Lille et Paris entreprennent un travail
de lien et de rencontre avec les Algériens. Le drame de la guerre d’Algérie va
rendre ces liens bien plus urgents.
. Mgr Lamy, évêque de Sens, premier président de la Commission
épiscopale et Mgr Rupp, évêque auxiliaire de Paris, directeur des Oeuvres
d’Emigration.
. Le Père Henri Le Masne, du diocèse de Lyon, sera l’une des chevillesouvrières, du dialogue et de la solidarité avec les Algériens et les musulmans.
ème
6
Passages
SANS
en société et . On est société et aussi Eglise en France sans les étrangers. On vit SANS
EUX.
en Eglise
. Les étrangers sont de passage, ils ne sont pas d’ici, ils repartiront. Ils sont
différents, ils ne sont pas assimilables. Ils sont des voleurs du travail et du pain
des Français. Nous sommes dans une logique d’exclusion.
. L’opinion publique chrétienne n’est pas sollicitée même si les Eglises locales
commencent à se sentir un peu plus concernées (déjà pour faciliter le travail
des missionnaires)... mais ce n’est pas leur affaire !
. Dès le démarrage de la Commission épiscopale, il est recommandé aux
Intuitions
missionnaires ‘de participer aux rencontres organisées par l’évêque du
diocèse et d’être à fond de son diocèse’
. La place prophétique de nombreux chrétiens attentifs à la misère des
étrangers va entraîner une progressive prise en compte de cette réalité au sein
des Eglises locales
1952 - Exul Familia - Pie XII – Introduit de nouvelles normes visant à
Textes
de l’ Eglise organiser l’assistance religieuse aux émigrants. L’Eglise universelle exprime,
de manière très construite, son souci envers les émigrés et les réfugiés. Si les
Universelle
Eglises de départ y sont bien responsabilisées, celles d’accueil ne se trouvent
pas dispensées du souci pastoral de ces foules qui arrivent chez elles. La
Constitution apostolique interpelle les évêques des Eglises locales afin qu’ils
« puissent offrir aux étrangers l’assistance spirituelle proportionnée à leurs
besoins et non inférieure à celle dont bénéficient les autres fidèles du
diocèse ».
Textes de 1953 – Mgr Lamy aux missionnaires étrangers : « Vous missionnaires, mettez
l’Eglise en votre évêque bien au courant de vos activités, de vos réactions, de vos
besoins ». « Le dévouement et le zèle des missionnaires étrangers ne porteront
France
de fruits qu’au prix d’un effort réciproque de compréhension et de
collaboration avec les prêtres des paroisses françaises » (en 1956, le directeur
des étrangers du diocèse de Paris)
Evènements
de la vie des
migrants
Présence de
l’Eglise à ces
événements
1957 - 1966
Dans un contexte de Guerre d’Algérie l’opinion publique est très hostile aux
Algériens
. 1959 – 60 – arrivée massive de Maghrébins, (Algériens, Marocains,
Tunisiens), Portugais et ensuite les Africains subsahariens...
. Développement du travail saisonnier... Si des Slovènes étaient venus avant la
première guerre en région parisienne récolter des betteraves, ce sont, en cette
décennie, des Espagnols et des Maghrébins qui viennent déjà pour les
vendanges.
. 1960 - Lors d’une rencontre de missionnaires italiens, est posée pour la
première fois, au sein de la Pastorale des migrants, la question du témoignage
des chrétiens immigrés auprès de leurs camarades musulmans...
. Poursuite de la mise en place des missions dites ethniques et en 1960 (2830.06) – 1er Congrès des missionnaires des Emigrants avec une présence
forte des mouvements d’AC et des organismes de solidarité. C’est la première
rencontre nationale de la Pm avant la lettre!
. 1962 – l’Assemblée des Cardinaux et archevêques décide d’inscrire
officiellement dans les structures de l’Assemblée la réalité de la migration et
7
élit, comme président de la Com. Episcopale, le Card. Feltin qui institue les
plans national et diocésains pour cette pastorale de l’émigration.
. A partir de là vont se multiplier les délégués diocésains (16 en 1963, 68 en
1965). En 1966, vont naître les premières équipes diocésaines de la Pastorale
des migrants.
. 1963 - Le card. Gerlier lance un appel à la restructuration de l’action de
l’Eglise – jusque-là souterraine - en lien avec les musulmans dans la mouvance
de la guerre d’Algérie. Vont ainsi naître les Comités Huyghe...C’est la base de
ce qui deviendra ensuite Comité Maghreb ... aujourd’hui les Relais Monde
Musulman de la pastorale des Migrants (RMM pm).
. L’arrivée des Portugais va provoquer un sursaut pastoral unique pour
l’époque : ils sont nombreux, pauvres et non accompagnés par des prêtres
portugais. . Plus de 400 prêtres et religieux/ses français se mettent à apprendre
le portugais (en 1970 et 1971 ils seront près de 200 à partir au Portugal pour y
suivre des cours).
. Début du travail d’assistance religieuse aux saisonniers.
Des hommes . Mgr Ramondot devient secrétaire de la Commission épiscopale et apôtre de
la multiplication des délégués diocésains.
et des
. Mgr Huyghe, évêque d’Arras à qui le Cardinal Gerlier va confier la charge de
femmes
la restructuration de l’action auprès des Algériens et des musulmans.
. Présidents de la Commission épiscopale : Mgr Rousset, Mgr Collin... avec
comme secrétaires de la Commission Mgr Rupp et Mgr Ramondot (directeur
de l’Aumônerie des Etrangers en France).
Passages
SANS ET POUR
en société et La relation à l’étranger rentre en phase de transformation : on découvre qu’ils
s’installent ; qu’ils font venir femme et enfants. On va commencer à quitter sa
en Eglise
vie SANS les étrangers pour commencer à faire POUR EUX … ce sont des
pauvres à aider … pour qu’ils aient leur place. De nouveaux modes de relation
entre Église locale et chrétiens venus d’ailleurs. Une action en forme de
capillarité se développe à travers toute la France.
Intuitions En cette période on découvre, en Eglise, que les étrangers sont des travailleurs
– des ouvriers – et il y a un travail important d’interpellation des mouvements
d’Action Catholique spécialisée à l’Eglise et aux Congrégations religieuses qui
travaillent en milieu étranger.
Dans le même sens apparaît l’interpellation des mouvements à l’Eglise ; ils ne
comprennent pas que les étrangers du Maghreb et d’Afrique ne relèvent pas de
la Commission épiscopale de l’Emigration.
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Textes de
l’Eglise
Universelle
Textes de
l’Eglise en
France
Evènements
de la vie des
migrants
Présence de
l’Eglise à
ces
événements
1962-1965 - Vatican II – marque un moment décisif pour le ministère pastoral
des migrants. Il accorde une importance particulière à la signification de la
mobilité humaine ainsi qu’à la place des Eglises particulières dans la vision de
l’Eglise comme mystère de communion. Peuple de Dieu, l’Eglise est capable
de répondre aux besoins de tout baptisé d’où qu’il vienne parce que chacune
des Eglises locales a en elle la totalité de l’Eglise du Christ. La liberté
religieuse, affirmée lors du Concile, va donner une nouvelle impulsion au
dialogue interreligieux.
. 1963 (avril) - « Pacem in Terris » (n° 25) - Jean XXIII considère
l’émigration et l’immigration comme des Droits de l’Homme. Les migrations
doivent être envisagées de manière bien plus globale que jusqu’ici, puisque
l’on est de plus en plus dans l’interdépendance des nations.
. 1965 (décembre) - Gaudium et Spes – le devoir de l’Eglise est de rappeler et
de servir les droits des migrants ; il est important de situer les migrations dans
la perspective des droits fondamentaux, comme celui d’user des biens
matériels nécessaires à une vie digne.
. 1960 - Mgr Rupp – 1er Congrès des missionnaires des Emigrants - « L’année
1960 nous fait entrer dans une phase nouvelle. L’action ministérielle auprès
des migrants y débouche dans la vie profonde de l’Eglise de France. Il est
impensable que les migrants demeurent le terrain de chasse d’une équipe de
spécialistes. Ils relèvent au plus haut point de la pastorale d’ensemble... »
1963 – du Cardinal Gerlier : « Il est nécessaire d’éveiller davantage la
communauté chrétienne sur sa responsabilité missionnaire à un moment où
l’on semble, la guerre étant terminée, se désintéresser presque de l’Algérie !
(...) L’avenir de l’Eglise d’Algérie repose sur nous, chrétiens de France et du
reste de l’Europe ».
1967 - 1976
. 1968 – La société française est en ébullition. Rien ne sera plus comme
avant... et les étrangers sont pris dans le débat social et dans le mouvement de
solidarité et d’engagement pour le tiers monde, les minorités et les exclus de la
société d’abondance.
. Entre 1972 et 1976 - surgissent de nombreuses associations de solidarité :
ASTI, CLAP, département immigrés de la Cimade, ainsi que le GISTI. Les
Missionnaires Scalabriniens créent le CIEMI.
. 1974 – avec la fin des Trente glorieuses... on n’a plus besoin ‘d’immigrés’ et
on arrête l’immigration de travail.
. 1975 - L’Algérie annonce l’arrêt de son émigration à cause des actes racistes
en France.
. 1975 – arrivée des réfugiés du sud-est asiatique
. Le 11 mars 1968 – a lieu le Premier congrès des Délégués diocésains de la
Pm (ils y étaient 33 accompagnés de 4 régionaux et de 17 aumôniers
nationaux). C’est la 2ème rencontre nationale de la Pm.
. Naissance des équipes espagnoles et portugaises de l’ACO et grands débats
autour de la JOC immigrée et sur l’identité des jeunes issus de la migration.
. 1969 – naissance du Comité de la pastorale des Migrants auprès de la
Commission épiscopale (dans la suite de Pastoralis Migratorum Cura), avec
Joseph Brand comme directeur, pour « la formation et l’information de
l’opinion publique et la coordination du travail des missionnaires et des
prêtres français ».
9
Des
hommes et
des femmes
Passages en
société et
en Eglise
Intuitions
Textes de
l’Eglise
Universelle
Textes de
l’Eglise en
France
. Date de cette période l’entrée des Gens du Voyage dans le souci de la
Commission épiscopale des migrations.
. 1969 – janvier – premier numéro de « Migrations et .Pastorale ».
. 1971 – première rencontre Franco-Espagnole sur la pastorale pour les
saisonniers
. 1972 – septembre - naissance du Service National de la Pastorale des
Migrants (Bernard Guillard en est le premier directeur).
. 1975 – naissance du SRI
. François Pichon, prêtre du diocèse d’Angoulême, grand militant de la cause
des saisonniers ; il a créé le pôle saisonniers de la pm.
. Présidents de la Commission épiscopale : Mgr Collin, Mgr Saint Gaudens...
Les successifs secrétaires de la Commission sont les Pères Joseph Brand et
Bernard Guillard
POUR et AVEC
En cette période commence la reconnaissance des différences et du droit à
vivre avec elles. Si certains, dans la société et dans l’Eglise, maintiennent que
les étrangers doivent vivre à la française, d’autres pensent que les différences
(prises comme folkloriques) vont s’estomper un jour... On est dans une logique
d’indifférence.
Le vivre-ensemble commence à poser, déjà à cette époque, la question de la
place des migrants au sein de la société.
On fait toujours POUR EUX mais on FAIT DEJA AVEC EUX.
. La Pastorale des migrants sort de la marginalité au sein de l’Eglise
. L’Eglise assume – en avance par rapport à la société – un rôle de vigilance
critique des lois. Elle a compris que les migrations, loin d’être un phénomène
passager et marginal, sont et seront constitutifs de la nation et de l’Eglise. Elle
le fait savoir et fait des pas en conséquence. La hiérarchie s’engage fortement,
occultant, parfois, l’action et l’engagement des chrétiens, plutôt « militants »
dans les syndicats et le monde politique.
. Surgissent les premières interrogations sur la légitimité de la parole et de
l’intervention de l’Eglise (la hiérarchie) dans les questions de société et dans le
débat démocratique.
1969 – Motu proprio « Pastoralis migratorum cura » – Paul VI – la justice
sociale va de pair avec la justice culturelle (le respect des cultures) ; les
épiscopats doivent être attentifs aux droits de tous les immigrés ; ils devront
faire une place plus juste aux communautés étrangères dans les structures
mêmes de l’Eglise locale. La mission d’assister les migrants incombe à toute
l’Eglise, peuple de Dieu.
La dimension mondiale des migrations parcourt tout ce texte qui donne une
vision positive des migrations.
1969 – « L’Eglise veut le respect des Droits de l’Homme pour les migrants »
(Mgr Collin avec la Commission Episcopale des Migrations).
1972 – « Pour une pratique chrétienne de la politique », conférence des
évêques de France.
1977 – « Pour le regroupement familial » - Mgr Saint Gaudens
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Evènements
de la vie des
migrants
Présence de
l’Eglise à ces
événements
Des hommes
et des
femmes
1977 - 1986
Le regroupement familial prédomine comme source d’immigration et, par leur
installation, surgissent ainsi les bases des débats que la présence des jeunes va
provoquer dans la société
. Début de la politique d’aide au retour (Stoléru)
. Expulsion de nombreux jeunes de l’immigration (y compris parmi ceux nés
en France)
. 1981 (avril) – Grève de la faim à Lyon (Jean Costil, Christian Delorme et
Ahmed Boukhouna) contre les expulsions des jeunes
. 1981 – arrivée de Mitterrand au pouvoir (carte de 10 ans, droit d’association
pour les étrangers, 130 000 régularisations... Le droit de vote pour les étrangers
est demandé... mais pas accordé).
.1983 (octobre-décembre) - Marche pour l’égalité des jeunes, de Marseille à
Paris, provoquée par la criminalisation des modes de vie des jeunes accusés,
déjà, comme les responsables des crises des banlieues !
. 1984 – Surgissement du Front national
. 1986-1987 – débats âpres sur la nationalité et l’identité nationale et premiers
charters.
. 1978 (17-18.04) - 2ème rencontre nationale des Délégués diocésains à
Orsay (il y est question de la pastorale des migrants ouvriers). C’est la 3ème
Rencontre nationale de la PM.
. 1979-80 - Création d’un groupe oecuménique qui publie analyses, réflexions
et interpellations aux Eglises et aux politiques – grand impact au sein des
débats parlementaires sur les lois.
. Naissance, à l’initiative du SNPM, de l’ «inter commission racisme »
(regroupant neuf services nationaux de la Conférence des évêques).
. Date de cette période l’intensification du travail régulier et fructueux entre les
responsables de la Com. Episcopale, l’équipe du SNPM, les délégués
régionaux et les Aumôniers nationaux. C’est la commission nationale qui fait
ses premiers pas.
. Fort engagement du SNPM et de la Commission épiscopale dans le débat
démocratique autour des lois et en faveur des droits et particulièrement contre
la montée du racisme. L’intervention des chrétiens est plus évidente et
remarquée que celle des partis de l’opposition aux projets de loi. Difficiles
débats avec le pouvoir.
. Les grévistes de la faim de Lyon. Le jeune Toumi Djaïdja, blessé par balle à
Lyon, et qui, de son lit d’Hôpital, a lancé l’idée de la Marche pour l’égalité.
. Présidents de la Commission épiscopale : Mgr Delaporte, Mgr Joatton... Les
secrétaires de la Commission épiscopale sont les Pères André Costes SJ et
Jean-Claude Lucquin
. Manuel Pimentel (Portugais) et Bruno Bertoletto (Italien), deux prêtres de la
migration, premiers « étrangers » dans l’équipe nationale de la Pastorale des
Migrants.
11
Passages en POUR et AVEC
société et en La relation à l’étranger, en cette période, devient objet de débat
essentiellement à cause de la montée en puissance des jeunes générations.
Eglise
. Les jeunes générations se découvrent de quelque part... cherchent leurs
racines...
. La société devient de plus en plus consciente de l’enrichissement mutuel avec
les migrants conscient aussi que la France est de plus en plus le produit des ces
échanges et mélanges (restera toujours la question de l’acceptation de cette
prise de conscience...).
. On devient AVEC les migrants dans la société parce qu’ils sont d’ici.
Intuitions . Lentement on prend conscience que le migrant n’est pas seulement objet de
la sollicitude pastorale et de la solidarité de l’Eglise, mais qu’il est surtout
sujet de sa destinée et de son baptême. On passe lentement à une pastorale
avec les migrants.
. L’Eglise qui s’est « en quelque sorte » ralliée aux Droits de l’Homme à
Vatican II, commence à vouloir mettre des mots « d’Evangile » sur ses
engagements et sur son rôle de vigilance morale dans la société. Perdure
encore la question de savoir comment rendre compte de l’espérance qui est en
nous. La recherche sera longue y compris au sein de la pm. . On est déjà sur le
débat entre l’engagement solidaire et la « mission pastorale » ; après la
séparation/distinction on cherche à trouver les mots pour dire le rapport de foi
entre l’un et l’autre !
1978 – élection de JP II qui ne cessera pas de parler des migrations notamment
Textes
de l’ Eglise par ses Messages pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié. Il y
Universelle approfondit la relation entre mondialisation et mobilités humaines en vue
d’une fraternité entre les peuples, avec l’exigence des droits pour tous y
compris les personnes en situation irrégulière. C’est la traduction de la
sacramentalité de l’Eglise, signe et moyen de l’unité du genre humain et de
l’union en Dieu
Textes de 1983 – « La mission en monde ouvrier », à Lourdes ; la Pm y est considérée
l’Eglise en comme partie intégrante de la mission ouvrière.
1983 – « Il est possible et bon de vivre ensemble » - La Commission
France
épiscopale s’adresse aux immigrés qui sont en France – texte phare traduit en
20 langues et diffusé à 800 000 exemplaires.
. 1985 – « Au-delà des différences, les chances d’un avenir commun » - texte
des Présidents de cinq Commissions épiscopales.
. 1986 – « Les aumôneries ethniques dans la Pastorale des Migrants au
service de la catholicité »... parce que la légitimité du travail des aumôniers et
missions « dites » ethniques était interrogée et mise en cause.
12
Evènements
de la vie des
migrants
Présence de
l’Eglise à ces
événements
Des hommes
et des
femmes
Passages en
société et en
Eglise
1987 – 1996
. 1991 – tentative de définition du terme et de la réalité « intégration » par le
HCI
. 1991 – grand mouvement des déboutés du droit d’asile, des dizaines d’églises
sont occupées ou accueillent des grévistes de la faim.
. 1993 – Lois dites Pasqua visant « l’immigration zéro » !
. Réforme de l’OFPRA et quelques milliers de régularisations
. Enfermement dans des politiques d’amalgame entre immigration et
insécurité, entre vrais et faux réfugiés ;
. Surgissement des sans-papiers à Saint Ambroise et puis à Saint Bernard,
Paris (23.08.1996)
. Effondrement du rideau de fer
. La construction européenne et l’ouverture à de nouveaux pays entraîne de
nouvelles restrictions et le nivellement par le bas des législations.
. Suites des conflits dans les pays de l’ex-Yougoslavie et mouvements
migratoires qui s’y attachent.
Développement du Comité Maghreb et transformation de leur nom en Relais
Maghreb, puis en Relais Maghreb Méditerranée, ensuite Relais Monde
Musulman avec la volonté d’embrasser la diversité des « islams » présents en
France.
. 1991 (23-24.02) – 3ème rencontre nationale des équipes diocésaines de la
Pm – Paris – 240 participants : « Aux marges et au Cœur » . C’était la 4ème
Rencontre Nationale de la Pm
. 1992 – Campagne œcuménique « Accueillir l’étranger »
. Fort engagement avec les sans-papiers (à la lumière des évènements de Saint
Bernard
. Vont se développer les interpellations fraternelles et réciproques entre
diverses instances d’Eglise, communautés de la migration, paroisses, entre les
Eglises de départ et l’Eglise en France. Les messes des nations et les fêtes des
peuples vont se multiplier partout en France, donnant ainsi corps à « des
journées diocésaines des migrants » que l’Episcopat refuse d’étendre au niveau
national.
. Conséquences de la Guerre de Golfe sur le dialogue islamo-chrétien
. Les liens entre l’équipe du SNPM et les aumôneries nationales sont
poursuivis. Les aumôniers des Portugais, Italiens, Espagnols, Africains et
Cambodgiens, par leur localisation dans les locaux du SNPM, font partie
intégrante de la vie du SNPM au nom de leur expérience concrète et comme
apport de la vie de toutes les communautés.
. Présidents de la Commission épiscopale (devenue Comité épiscopal à partir
de 1995) : Mgr Joatton, Mgr Déledicque, Mgr Labille... Les secrétaires de la
Commission (Comité...) épiscopale sont les Pères Jean-François Berjonneau et
Dominique Simon.
. Nombreux chrétiens, avec leurs Evêques, s’engagent dans le soutien des
Sans-papiers.
PAR
. Les migrants sont renvoyés (comme dans l’air du temps) à toute une
recherche sur la mémoire blessée de leurs origines et de leurs parcours.
. On commence à reconnaître qu’ils prennent une place importante dans le
mouvement associatif et revendicatif et qu’ils sont moteurs de la vie
économique et culturelle française.
13
Intuitions
Textes
de l’ Eglise
Universelle
Textes de
l’Eglise en
France
. Prend corps et fondement la revendication du droit commun pour tous ceux et
celles qui vivent dans ce pays quelles que soient leur origine et nationalité.
. On devenait AVEC les migrants, avec l’autre ; maintenant on va VIVRE
aussi PAR eux, par la place prise par les migrants
. Les réalités du vivre-ensemble devenues incontournables dans la société
entraînent une plus grande prise de conscience du rôle des chrétiens dans
l’humanisation de la société en perte de points de repère.
. On confirme la place active et incontournable des migrants dans la pastorale
de l’Eglise.
. La catholicité commence à être reformulée en prenant en compte l’altérité
apportée par l’autre – étranger. C’est une catholicité qui fait sortir de soi : on
ne se compte pas... mais on va vers...
. Les mouvements d’AC se posent la question de l’identité complexe des
migrants jusque-là considérés seulement comme travailleurs.
. La vision ecclésiale de la pastorale des migrants a été bien enrichie,
dépassant la seule approche sociologique, législative ou politique. C’est le
regard de foi qui transparaît en cette période avec la volonté de semer l’espoir.
. On balbutie les premières réflexions autour de la réalité théologique du
migrant au cœur de la foi des chrétiens : les migrations que nous disent-elles
de Dieu ?
. Parmi les messages de Jean-Paul II pour la Journée annuelle mondiale du
migrant et du réfugié, il importe de souligner l’importance de celui de 1996
dans lequel le pape affirme de manière forte la dignité de toute personne y
compris des personnes en situation irrégulière.
. 1993 - « Nous avons besoin de vous » – Mgr Joatton – témoignant aux
immigrés « la solidarité des chrétiens au moment où les nouvelles dispositions
légales (Loi Pasqua) les concernant peuvent donner l’impression qu’on les
désigne comme cause de tout ce qui ne va pas dans ce pays ».
. 1995 – « Un peuple en devenir » - Comité épiscopal – comme contribution à
la prise de conscience que le vivre-ensemble, en société et en Eglise, est le
levier qui permet à ce peuple de «devenir » ce qu’il devient jour après jour.
. 1996 - « Non aux mots qui tuent » – Mgr Deledicque – à la suite
d’expressions racistes prononcées par le président du Front National.
14
1997 – 2006
Evènements . Mondialisation et féminisation des flux migratoires
de la vie des . Poursuite des politiques restrictives avec des révisions successives de
l’ordonnance de 1945 sur l’entrée et le séjour des étrangers en France, avec le
migrants
même refrain à chaque fois : mieux contrôler les frontières pour mieux intégrer
ceux qui sont déjà en France.
. Banalisation du racisme et de la xénophobie
. Présence de tous les jours des sans-papiers dans le paysage de notre société.
. Des migrations de la misère de plus en plus visibles dans les medias et
pressantes aux portes de l’Europe... Dix ans : 10 000 morts parmi ceux et
celles qui essayent de franchir les murs artificiels et les barrières naturelles des
mers et des déserts.
Présence de .1997 – Jeunes Pentecôte 97 – rencontre à Lourdes de 850 jeunes de 55
l’Eglise à ces origines. Les suites sont difficiles puisque l’on ne sait pas comment faire
événements place, en Eglise et dans la société, à « l’identité complexe » des jeunes de la
famille de la migration.
. Le travail au sein de la Commission nationale de la Pm permet d’affermir la
conviction que nous sommes appelés à « faire Eglise ensemble » ; aumôniers
et coordinateurs provinciaux dégagent les conséquences de l’estime et respect
pour la vie communautaire. Revient en force, cependant, la question de la
légitimité de la présence des aumôneries dans le tissu ecclésial national et
local.
. 2000 – à l’occasion du Jubilé, campagne de signatures et de réflexion pour
demander la régularisation des sans-papiers : « Quand l’homme est en
danger ! »
. 2006 (15 janvier) – première célébration en France – à une date commune de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié.
. 2006 (27-29.octobre) - 5ème Rencontre Nationale de la Pastorale des
migrants. Nantes-Rezé (150 participants) : « La Pastorale des Migrants :
mission d’Eglise » où l’on a affirmé le caractère pastoral de sa mission..
. 2006 (8.novembre) – l’Assemblée plénière des évêques, réunie à Lourdes,
valide la Lettre de Mission du nouveau « Service National des Migrants et des
Personnes Itinérantes » (dont le premier directeur national est le Père Bernard
Fontaine), au sein duquel le secrétariat national de « La pastorale des
Migrants » (jusqu’ici SNPM) aura, pour sa part, à exercer la mission qui lui est
confiée. Font partie, aussi, du nouveau SNMPI l’Aumônerie nationale des
Gens du Voyage, la Mission en Monde maritime, l’Aumônerie de la Batellerie,
l’Aumônerie nationale des Forains et Artisans de la fête.
Des hommes . Présidents du Comité épiscopal : Mgr Thomas, Mgr Brunin, Mgr Schockert,
avec comme secrétaires les Pères Dominique Simon et Bernard Fontaine.
et des
femmes
15
Passages en PAR et toujours POUR et AVEC
société et en Les familles de la migration, prises dans leur diversité, sont considérées
comme une transversale constitutive de la société française.
Eglise
. Les migrants et leurs descendants prennent conscience de leur place dans la
société.
. On parle davantage de concitoyenneté que d’intégration au sein de la vie
civique.
. Même si les différentes formes de relation avec l’autre–étranger continuent
de se développer ou reprennent de la vigueur (sans, pour et avec), nous
sommes dans la phase où les étrangers sont de manière incontournable des
acteurs de vie sociale. La France et l’Eglise existent PAR EUX aussi.
On poursuit l’effort de transformation de la Pm en un bien commun à toute
Intuitions
l’Eglise
. Les migrants surgissent de plus en plus comme acteurs de la mission et dans
ce contexte, la théologie d’une Eglise fraternité prend de nouveaux contours.
. Cette ecclésiologie permet de regarder avec une certaine sérénité le passage
d’une action pastorale « d’assistance religieuse » aux migrants à une
évangélisation responsabilisant les migrants dans la mission commune
. On sent que les jeunes peuvent devenir le présent de l’Eglise... mais l’inertie
propre à une Eglise qui prend de l’âge empêche cette intuition portée par JP
97.
. L’engagement des chrétiens pose avec pertinence la question de l’objection
de conscience... de la désobéissance civile quand les droits et la dignité sont
bafoués ; surgit avec force la question de la légitimité de la place des chrétiens
dans le débat public et politique.
2004 – sous Jean Paul II – « Erga migrantes Caritas Christi » - du Conseil
Textes
de l’ Eglise Pontifical, pour mettre à jour la pastorale des migrants, en tenant compte des
Universelle nouveaux flux migratoires et de leurs caractéristiques : interculturalité,
diversité, monde de plus en plus interreligieux. Il s’agit d’éléments pour
répondre ecclésialement aux nouveaux besoins des migrants.
Textes de 1998 – « Un chemin de dialogue entre catholiques et musulmans » l’Eglise en Conférence des Evêques - engage les catholiques à entrer dans une démarche
évangélique de rencontre et de dialogue avec les frères et sœurs croyants de
France
l’islam ».
. 1998 – « Lettre aux catholiques de France » - Conférence des Evêques.
. 1997 - « A la rencontre de l’autre : l’immigration un rendez-vous pour la
foi » - Comité épiscopal des migrations
. 2001 – « De toutes langues et cultures – être et devenir ensemble une Eglise
qui propose la foi en terre de migration » - signé par toutes les instances de la
Pastorale des migrants – prenant acte de la place de plus en plus visible des
chrétiens de la migration dans la mission de l’Eglise.
. 2004 – « Quand l’étranger frappe à nos portes » - Comité épiscopal – pour
aider à la réflexion autour de l’accueil des migrants et réfugiés.
. 2006 – « Les Eglises, les migrants et les réfugiés – 35 textes pour
comprendre »... les prises de parole des chrétiens sur les questions de la
migration et de l’exil, coordonné par Bernard Fontaine (avec La pastorale des
Migrants et les Ed. de l’Atelier)
. 2006 – « Qu’as-tu fait de ton frère ? » - du Conseil Permanent de la
Conférence des évêques de France, à l’occasion des prochaines échéances
électorales : « pour les chrétiens, l’accueil des migrants est signe de
l’importance attachée à la fraternité ».
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