developpement des competences cles
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CAFOC de Nantes - 2009 - Développement des Compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie Repères pour la formation PARTIE 1 Méthodologie Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 1 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 2 Préambule Cet écrit a pour fonction de présenter la lecture que nous faisons des compétences clés et des notions essentielles qui s’y rattachent. Le cadre européen n’a pas pour vocation de décliner les objectifs opérationnels ni de proposer des programmes de formation. Cependant, il fait référence à certaines notions qui, de notre point de vue, devraient être considérées comme des fondamentaux, sous peine de vider le texte de son sens. - le cadre européen propose une approche globale, qui ne réduit pas l’individu à une seule dimension. Même si l’on peut qualifier les situations dans lesquelles se trouve une personne, de façon circonstanciée, l’individu ne se résume ni à son statut, ni à son niveau scolaire ni à sa demande sociale. Le cadre européen nous propose cette perspective globale en situant la réflexion pour l’ensemble des contextes de vie et tout au long de la vie. Il y a donc affichage d’une volonté de rupture avec une logique de segmentation par public ou par contexte. - le terme “compétence” a été choisi de façon délibérée. L’expression de “ key competence” a été préférée à celle de “basic skill”. Cette notion de compétence s’articule au “savoir agir en situation” et ne renvoie pas à une conception mécaniste des activités humaines, y compris celle qui concerne l’apprentissage. Cette approche par compétence nécessite d’appréhender les savoirs comme des ressources mobilisées dans l’action. Une compétence clé est plus que la somme des savoir faire et des savoirs ; elle les inclut, ils ne la résument pas. - tous les publics sont concernés. On considère que tous les individus doivent acquérir et développer des compétences qui jusque là étaient réservées principalement à certains niveaux de formation ou à ceux qui exercent des postes à responsabilité : la “sensibilité culturelle”, l’esprit d’entreprise et d’initiative pour ne citer qu’eux. - chaque compétence est considérée comme ayant la même importance que les autres. Ces approches ne sont pas nouvelles. Ce qui est nouveau, c’est la volonté de définir et d’expliciter un cadre de référence ambitieux. Ce qui est nouveau, c’est la force d’entraînement que ce texte peut avoir et la légitimité qu’il donne à des pratiques pédagogiques ouvertes et soucieuses du développement global des personnes en formation. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 3 Schéma de notre approche pédagogique Intérêt présenté Cadre européen des compétences clés par le cadre européen 8 domaines de compétence Définition de la notion de compétence 4 sont concernées par cette étude : - Apprendre à apprendre Activités et - Esprit d’entreprise situations dans le champ - Relations interpersonnelles de la compétence - Sensibilité culturelle et artistique Détermination de compétences par domaine. Exemple du domaine Apprendre à apprendre ! S’organiser ! Se connaître " Rechercher des informations Référentiel de Définition des compétence par degré degrés Didactisation des situations Outils cognitifs mobilisés Ressources associées ConceptsMéthodes- Savoirs Matériaux pédagogiques Fiches outils Activités et situations dans le champ Situations de la compétence problème Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 4 Sommaire Le cadre de référence européen des compétences clés Chapitre 1 Les notions de base du développement des compétences en formation d’adultes Définition de la compétence Compétence et situation Compétence et efficience Compétences clés et savoirs de base Chapitre 2 L’ingénierie pédagogique pour développer les compétences clés Du cadre de référence européen aux référentiels opérationnels Critères déterminant les degrés de compétence Les ressources associées à la compétence Les outils pédagogiques La construction de situation-problème à partir de situations réelles dans des contextes différents Chapitre 3 L’animation pédagogique Les principes d’animation Le développement des processus cognitifs L’articulation des modalités d’apprentissage Un exemple d’animation d’une situation-problème Chapitre 4 Les environnements pédagogiques Les éléments facilitants et les freins Vers une organisation autonomisante? Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 5 Le cadre de référence européen des compétences clés Informations tirées du site europa.eu Compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie Les compétences clés en tant que connaissances, aptitudes et attitudes appropriées à chaque contexte sont fondamentales pour chaque individu dans une société fondée sur la connaissance. Elles comportent une valeur ajoutée au marché du travail, à la cohésion sociale et à la citoyenneté active en apportant flexibilité et adaptabilité, satisfaction et motivation. Parce qu'elles devraient être acquises par tous, la présente recommandation propose un outil de référence aux États membres pour assurer que ces compétences clés soient pleinement intégrées dans leurs stratégies et leurs infrastructures, en particulier dans le cadre de l'éducation et de la formation tout au long de la vie. ACTE Recommandation du Parlement européen et du Conseil, du 18 décembre 2006, sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie [Journal officiel L 394 du 30.12.2006]. SYNTHÈSE Compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie Les compétences clés pour l'éducation et formation tout au long de la vie constituent un ensemble de connaissances, d'aptitudes et d'attitudes appropriées au contexte. Elles sont particulièrement nécessaires à l'épanouissement et au développement personnels des individus, à leur inclusion sociale, à la citoyenneté active et à l'emploi. Les compétences clés sont essentielles dans une société fondée sur la connaissance et garantissent davantage de souplesse de la main d'œuvre. La flexibilité de celle-ci lui permet de s'adapter plus rapidement à l'évolution constante du monde caractérisé par une plus grande interconnexion. Elles constituent également un facteur essentiel d'innovation, de productivité et de compétitivité, et contribuent à la motivation et à la satisfaction des travailleurs, ainsi qu'à la qualité du travail. Les compétences clés devraient être acquises par : • les jeunes au terme de la période obligatoire d'enseignement et de formation les préparant à la vie d'adulte, notamment à la vie professionnelle, tout en constituant une base pour des apprentissages ultérieurs ; • les adultes au cours de leur vie dans le contexte d'un processus de développement et d'actualisation. L'acquisition des compétences clés répond aux principes d'égalité et d'accès à tous. Aussi, les groupes désavantagés dont le potentiel d'apprentissage doit être soutenu sont particulièrement concernés par ce cadre de référence. Il s'agit notamment des personnes ayant des connaissances de base faibles, des personnes quittant l'école prématurément, des chômeurs de longue durée, des personnes handicapées ou des migrants, etc. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 6 Huit compétences clés Le présent cadre définit huit compétences clés et décrit les connaissances, aptitudes et attitudes essentielles qui sont attachées à chacune d'elles. Ces compétences clés sont : • • • • • • • • la communication dans la langue maternelle qui est la faculté d'exprimer et d'interpréter des concepts, pensées, sentiments, faits et opinions oralement et par écrit (écouter, parler, lire et écrire), et d'avoir des interactions linguistiques appropriées et créatives dans toutes les situations de la vie sociale et culturelle ; la communication en langues étrangères qui implique, au-delà des mêmes compétences de base que celles de la communication dans la langue maternelle, la médiation et la compréhension des autres cultures. Le degré de maîtrise dépend de plusieurs facteurs et des capacités d'écouter, de parler, de lire et d'écrire ; la compétence mathématique et les compétences de base en sciences et technologies. La compétence mathématique est l'aptitude à développer et appliquer un raisonnement mathématique en vue de résoudre divers problèmes de la vie quotidienne, l'accent étant mis sur le raisonnement, l'activité et le savoir. Les compétences de base en sciences et technologies renvoient à la maîtrise, à l'emploi et à l'application des connaissances et méthodologies servant à expliquer le monde de la nature. Elles supposent une compréhension des changements liés à l'activité humaine et à la responsabilité de tout individu en tant que citoyen ; la compétence numérique qui implique l'usage sûr et critique des technologies de la société de l'information (TSI) et, donc, la maîtrise des technologies de l'information et de communication (TIC) ; apprendre à apprendre liée à l'apprentissage, à la capacité à entreprendre et organiser soi-même un apprentissage à titre individuel ou en groupe, selon ses propres besoins, à avoir conscience des méthodes et des offres ; les compétences sociales et civiques. La compétence sociale renvoie aux compétences personnelles, interpersonnelles et interculturelles ainsi qu'à toutes les formes de comportement d'un individu pour participer de manière efficace et constructive à la vie sociale et professionnelle. Elle correspond au bien-être personnel et collectif. La compréhension des codes de conduite et des usages des différents environnements dans lesquels l'individu évolue est essentielle. Par ses compétences civiques, notamment sa connaissance des notions et structures sociales et politiques (démocratie, justice, égalité, citoyenneté et droits civils), un individu peut assurer une participation civique active et démocratique ; l'esprit d'initiative et d'entreprise qui consiste en la capacité de passer des idées aux actes. Il suppose créativité, innovation et prise de risques, ainsi que la capacité de programmer et de gérer des projets en vue de la réalisation d'objectifs. L'individu est conscient du contexte dans lequel s'inscrit son travail et est en mesure de saisir les occasions qui se présentent. Il est le fondement de l'acquisition de qualifications et de connaissances plus spécifiques dont ont besoin tous ceux qui créent une activité sociale ou commerciale ou qui y contribuent. Cela devrait inclure la sensibilisation aux valeurs éthiques et promouvoir la bonne gouvernance ; la sensibilité et l'expression culturelles qui implique la conscience de l'importance de l'expression créatrice d'idées, d'expériences et d'émotions sous diverses formes (musique, arts du spectacle, littérature et arts visuels). Ces compétences clés sont interdépendantes les unes des autres et l'accent est mis, pour chacune d'elle, sur la réflexion critique, la créativité, l'initiative, la résolution de problèmes, l'évaluation des risques, la prise de décision et la gestion constructive des sentiments. Un cadre de référence européen à l'attention des États membres et de la Commission Ces compétences clés offrent un cadre de référence afin de soutenir les efforts nationaux et européens pour atteindre les objectifs qu'ils définissent. Ce cadre s'adresse en particulier aux responsables politiques, professionnels de l'éducation, employeurs et apprenants. Il constitue un outil de référence à destination des États membres pour leurs politiques d'éducation et de formation. Ceux-ci doivent en particulier veiller : • • • à ce que l'éducation et la formation initiales offrent aux jeunes les moyens de développer les compétences clés de sorte à être préparés pour la vie adulte et professionnelle constituant ainsi également une base à de futurs apprentissages ; prendre les mesures appropriées pour les jeunes désavantagés dans leur formation pour réaliser leur potentiel d'apprentissage ; au développement et à l'actualisation des compétences clés tout au long de leur vie, Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 7 particulièrement des groupes cibles prioritaires comme les personnes ayant besoin de mettre à jour leurs compétences ; • à l'existence d'infrastructures appropriées pour l'éducation et la formation continues des adultes, de mesures garantissant l'accès à l'éducation et la formation et au marché du travail et de dispositifs de soutien en fonction des besoins et des compétences spécifiques ; • à la cohérence de l'éducation et la formation des adultes par des liens étroits entre les politiques concernées. Il sert de base à l'action communautaire, notamment dans le contexte du programme de travail Éducation et formation 2010 et plus largement des programmes communautaires en matière d'éducation et de formation. Dans cette perspective, la Commission doit en particulier s'attacher à : • contribuer aux efforts des États membres pour développer leurs systèmes d'éducation et de formation, appliquer le cadre de référence pour faciliter l'apprentissage par les pairs et l'échange de bonnes pratiques et assurer le suivi et la communication des progrès dans le cadre des rapports sur le programme de travail Éducation et formation 2010 ; • utiliser le cadre de référence pour la mise en œuvre des programmes communautaires d'éducation et de formation tout en veillant à ce que ceux-ci promeuvent l'acquisition des compétences clés ; • utiliser le cadre de référence pour la mise en œuvre des programmes communautaires connexes (emploi, jeunesse, politiques sociale et culturelle) et le renforcement des liens avec les partenaires sociaux et les organisations actives dans ces domaines ; • évaluer les répercussions du cadre de référence dans le cadre du programme de travail Éducation et formation 2010 ainsi que l'expérience acquise et les conséquences à en tirer pour l'avenir d'ici décembre 2010. Contexte Les compétences clés sont essentielles en raison de leur caractère transversal. Elles comportent une valeur ajoutée pour l'emploi, la cohésion sociale ou la jeunesse (Pacte européen pour la jeunesse), d'où l'importance de l'éducation et de la formation tout au long de la vie en termes de capacité d'adaptation et d'insertion. Les critères de référence qui permettent à ce titre d'apprécier l'amélioration des performances européennes ont fait l'objet d'un rapport en 2005 aux résultats inégaux. Répondant aux préoccupations du Conseil européen de Lisbonne des 23 et 24 mars 2000, rappelées dans la stratégie de Lisbonne révisée en 2005, les compétences clés s'inscrivent dans le cadre des objectifs du programme de travail Éducation et formation 2010, de la communication de la Commission de 2001 sur la réalisation d'un espace européen de l'éducation et de la formation tout au long de la vie et de la résolution du Conseil adoptée par la suite en 2002. Ces deux dernières proposent concrètement de faire des compétences de base une priorité pour toutes les classes d'âge. Le rapport intermédiaire conjoint de 2004 sur la mise en œuvre du programme de travail Éducation et formation 2010 appelle, quant à lui, à l'élaboration de références et de principes européens communs. ACTES LIÉS Décision n° 1720/2006/CE du Parlement européen et du Conseil, du 15 novembre 2006, établissant un programme d'action dans le domaine de l'éducation et de la formation tout au long de la vie [Journal officiel L 327 du 24.11.2006]. « Éducation et formation 2010 » L'urgence des réformes pour réussir la stratégie de Lisbonne Rapport intermédiaire conjoint du Conseil et de la Commission sur la mise en œuvre du programme de travail détaillé concernant le suivi des objectifs des systèmes d'éducation et de formation en Europe [Journal officiel C 104 du 30.04.2004]. Communication de la Commission - « Éducation et formation 2010 » : L'urgence des réformes pour réussir la stratégie de Lisbonne (Projet de rapport intermédiaire conjoint sur la mise en œuvre du programme de travail détaillé concernant le suivi des objectifs des systèmes d'éducation et de formation en Europe) [ COM(2003) 685 final - Non publié au Journal officiel]. Programme de travail détaillé sur le suivi des objectifs des systèmes d'éducation et de formation en Europe [Journal officiel C142/02 du 14.06.2002]. Communication de la Commission, du 20 novembre 2002, sur les critères de référence européens pour l'éducation et la formation: suivi du Conseil européen de Lisbonne [ COM(2002) 629 final - Non publié au Journal officiel]. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 8 CHAPITRE 1 Les notions de base du développement des compétences clés en formation d’adultes Définition de la compétence page 10 Compétence et situation page 11 Compétence et efficience page 13 Compétences clés et savoirs de base page 14 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 9 Compétence La compétence est le potentiel d’action d’une personne ; nous entendons par action l’accomplissement de tâches complexes (résolution de problèmes, prise décision, réalisation de projets) en mobilisant les ressources appropriées (savoirs et stratégies) dans différentes situations. Ce que n’est pas une compétence Une compétence est relative Décrire une compétence ne devrait pas se résumer à la description exhaustive d’activités, de sous-activités, de tâches, de savoirs, de savoir être et de savoir-faire... La compétence ne se réduit pas à ces listes ou à chacun de ses éléments ou à leur somme. Ce découpage de la compétence correspond aux exigences d’une organisation taylorienne dans laquelle le travail est divisé en un certain nombre de tâches que chacun peut réaliser de façon isolée. L’approche de la compétence devrait permettre aux agents (comme aux apprenants) une réelle marge de manoeuvre dans le traitement des informations et dans la combinaison des savoirs mobilisés. Contrairement à un objectif qui est formulé pour être atteint, une compétence n’est pas «atteinte» parce qu’elle n’est jamais aboutie : elle se développe tout au long de la vie. Le niveau de son développement se caractérise par la diversité et la complexité des contextes dans lesquels elle peut se manifester, par la spécialisation des ressources qu’elle est capable d’utiliser et par les critères de plus en plus exigeants que respectent les performances qu’elle permet de générer. Complexité et compétence Souvent confondue avec la complication, la complexité présente deux caractéristiques essentielles : l’irruption des aléas, des imprévus dans le déroulement d’une action ; la présence de logiques différentes à l’oeuvre, complémentaires ou contradictoires qui exigent du professionnel des activités d’arbitrage. Une compétence est complexe Elle intègre des savoirs, des stratégies, des habiletés, des attitudes dans un processus débouchant sur des comportements observables. La formation doit respecter cette complexité. Il ne suffit pas de mettre les apprenants deux par deux pour développer la compétence à coopérer, pas plus qu’il ne suffit de les “lancer sur Internet” pour développer la compétence à traiter de l’information. La compétence est plus que son énoncé, c’est la mobilisation réfléchie et répétée, dans des contextes variés, d’un processus qui sollicite simultanément toutes ses composantes. Une compétence s’exerce en situation La compétence se traduit essentiellement par la capacité de gérer avec efficience une situation, soit en modifiant la situation pour qu’elle nous convienne (assimilation), soit en s’adaptant soimême à la situation (accommodation). La compétence est reliée à une famille de situations. Le développement d’une compétence s’effectue essentiellement en gérant des situations de plus en plus diversifiées et de plus en plus complexes. Apprentissage par la compétence Une des richesses de l’approche par compétence est de renverser l’entrée dans les apprentissages. Dans la conception académique, les contenus sont d’abord enseignés. L’apprenant est libre de leur trouver ou non des situations dans lesquelles les utiliser. Dans l’approche compétence, les situations deviennent le point de départ des activités d’apprentissage. Apprentissage de la compétence L’apprentissage consiste essentiellement à transformer des expériences en compétences par la réflexion. On fera donc appel à la méta cognition, au « connais-toi toi-même » socratique, à l’auto évaluation, à toutes les modalités destinées à rendre l’apprenant conscient de ses apprentissages. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 10 Compétence et situation Une situation appelle une compétence quand elle est complexe et nécessite une adaptation. Certaines situations n’exigent que l’application mécanique de procédures. Ces situations ne font pas appel à une compétence, mais à une habileté procédurale qui ne pourra contribuer à une compétence qu’à condition de s’inscrire dans une situation plus complexe. Une situation appelle une compétence quand elle débouche sur la résolution d’une tension. Sa gestion efficiente passe par l’accomplissement d’une tâche, la résolution d’un problème, la réalisation d’un projet ou une prise de décision. Une situation appelle une compétence quand elle est complète en soi Même si elle peut s’inscrire dans une cadre plus large, elle peut constituer une fin en soi et ne doit pas être qu’un préalable à une autre situation. Classes de situations Les classes de situations sont des situations qui présentent un certains nombre de caractéristiques communes qui rendent possible le transfert des compétences entre différentes situations. Ces caractéristiques sont de trois ordres : des proximités de contexte, d’objet ou de structure. Les caractéristiques de contexte sont celles qui se rattachent à l’environnement : contextes personnel, professionnel, social dont les finalités et les critères de mesure seront perçus comme étant de même nature. Les proximités d’objet, c’est à dire des situations dont les réalisations sont perçues comme étant de même nature (production d’une action adaptée, résolution de problèmes, de dysfonctionnements, missions, réalisation d’un produit...) Les proximités de structure mettant en oeuvre des schèmes opératoires identiques : par exemple, organiser le rangement de son armoire présente des similitudes avec organiser sa boîte à outils, planifier l’organisation de ses vacances présente des caractéristiques communes avec une situation où l’on doit planifier l’organisation de son stage en entreprise... Une situation didactisée, c’est : - une situation véridique ou vraisemblable, - une situation qui se situe dans un environnement donné qui est décrit, - une situation qui implique de résoudre un problème ou une mission, de mettre en oeuvre des stratégies, - une situation qui peut être réalisée de différentes façons, avec différents niveaux d’efficience et qui laisse une marge de manoeuvre à l’apprenant, - une situation qui fait manipuler des informations de natures et de sources diverses, - enfin une situation qui met réellement la personne en action (réalisation, construction...). Une situation didactisée, ce n’est pas : - un exercice au sens strict, - l’application d’une procédure (même si dans une situation, certaines étapes de la résolution passent par l’application d’une procédure prescrite), - un exercice contextualisé (exemple un problème de maths qu’on « habille » avec des données empruntées à un contexte professionnel), - une étude de cas au sens strict du terme puisque l’on y inclut l’idée d’une performance (action appropriée en fonction d’un résultat attendu) et pas seulement un objet de réflexion. Une situation est une situation clé : - quand elle est problématique et qu’elle appelle l’action, - quand elle est spécifique, c’est à dire quand le bon sens ne suffit pas à venir à bout du problème et qu’elle exige des savoirs, des techniques, des outils pour être traitée, - quand elle est emblématique, c’est à dire qu’elle se présente souvent aux acteurs. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 11 Un schème opératoire Pour Le Boterf (2000), un professionnel "!doit construire et posséder des schèmes qui le rendent capable de mobiliser en temps opportun des combinatoires appropriées de ressources". Il précise à travers quelques exemples sa conception du schème opératoire!: Un schème opératoire peut être plus ou moins complexe. Il peut être constitué d'une combinaison de schèmes plus élémentaires. Cela correspond à ce que nous observons dans l'évolution du concept de compétence. Dans une organisation du travail taylorienne, une compétence se réduit le plus souvent à un savoir-faire. Le schème qui sous-tend l'action ne peut être alors qu'un schème élémentaire. C'est le canevas d'un geste professionnel. Lorsqu'il s'agit de conduire une installation industrielle automatisée en anticipant les pannes et en faisant face aux aléas, le schème revêt alors une certaine complexité. Il induit plusieurs schèmes relatifs à des savoir-faire plus limités!: vérifier les paramètres, changer les outillages, interpréter un indicateur… Conduire et conclure une négociation commerciale en prenant en compte une multiplicité de critères ne peut guère prendre appui sur un schème élémentaire. Le schème est alors celui d'un savoir agir. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 12 Compétence et efficience La compétence se traduit par la mise en oeuvre de conduites plus ou moins adaptées à la situation. Cette adaptation peut être appréhendée à travers différents critères, définis comme pertinents par ceux qui ont “autorité” à le faire. En l’occurrence, ce peut être tour à tour ou de façon simultanée l’apprenant luimême, le formateur ou l’institution. Ces critères renvoient à la notion d’efficience, c’est à dire du “rapport entre ce qui est réalisé et des moyens mis en oeuvre”. Sentiment d’Efficacité Personnelle L’efficacité pour résoudre un problème ou réaliser une tâche donnée peut s’apprécier objectivement si l’on donne des critères d’évaluation précis et des instruments adaptés pour les mesurer. Le “sentiment d’efficacité personnelle” n’est pas toujours en relation avec cette mesure objective : il s’agit de la façon dont la personne perçoit et estime ses possibilités de résoudre un certain type de tâches. Ce “sentiment” précède l’exécution, et d’une certaine façon, en conditionne la réussite. Le SEP, concept développé par Albert Bandura, se construit à partir des expériences vécues. L’auteur canadien énonce quatre facteurs qui contribuent à la construction du SEP: - les performances antérieures, - les expériences vicariantes, - la persuasion verbale, - les réactions physiologiques ou émotives. Apprendre à s’auto évaluer de façon pertinente, à estimer ”raisonnablement” les objectifs que l’on peut atteindre en intégrant les contraintes de la situation (temps, espace, ressources...) fait partie intégrante du programme de développement des compétences clés que nous proposons. Efficience : “Rapport entre ce qui est réalisé et les moyens mis en oeuvre” Critères d’efficience Les critères qu’il est possible de prendre en compte (parmi d’autres en fonction de la situation) : - rapidité - sûreté - efficacité - écologique par rapport à l“énergie” consommée (au sens propre et au sens figuré) - mise en oeuvre d’une éco-citoyenneté pratique, c’est à dire respectueuse des autres et de l’environnement VOIR Processus cognitifs VOIR Référentiels Se Connaître, S’organiser, Rechercher des informations Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 13 Compétences clés et savoirs de base Approche compétence Elargissement des contextes Elargissement des publics Logique de curriculum Elargissement des domaines Approche disciplinaire Contextes et publics segmentés Logique d’adaptation Quelles différences entre compétences clés et savoirs de base? 1. Le premier point commun de ces approches est la question originelle à laquelle elles tentent d’apporter une réponse. Quelles sont les connaissances “de base” nécessaires pour “s’adapter” à notre société et y vivre harmonieusement? “Vivre” peut être segmenté en différents contextes pour répondre à des logiques économiques ou administratives : le contexte professionnel, le contexte social, le contexte personnel. L’accent peutêtre mis sur l’une ou l’autre de ces dimensions. La notion d’adaptation n’a alors pas le même sens et les mêmes objets. C’est ainsi que, pendant longtemps, la formation aux savoirs de base menée dans le cadre de l’éducation populaire, s’est beaucoup attachée à l’adaptation sociale (compréhension des administrations, des droits sociaux et civiques...). Aujourd’hui, une certaine logique économique et administrative fait que l’accent est plutôt mis sur l’adaptation à l’emploi. Les savoirs de base sont donc articulés à ces contextes et à ces priorités. Le cadre européen suggère de prendre en compte toutes les facettes de l’individu et de son intégration positive dans la société : les dimensions sociales, culturelles, économiques et citoyennes. Il s’inscrit dans une perspective à long terme, propose une démarche de curriculum plus qu’une approche ponctuelle et segmentée. 2. Le deuxième point commun de ces approches est la référence plus ou moins explicite aux savoirs enseignés en formation initiale. Dans le cas des compétences clés, la centration se fait plutôt sur l’acquisition d’attitudes adéquates pour résoudre des problèmes en situation. Les connaissances sont nécessaires ; elles ne sont pas suffisantes. Les connaissances sont mobilisées dans l’action et pour l’action. L’approche pédagogique qui en découle devient foncièrement différente. Les premiers référentiels “savoirs de base” en formation pour adultes (*) ont été réalisés dans le champ de l’illettrisme” et dans le champ de “l’insertion sociale et professionnelle”. Très inspirés par le modèle scolaire, ils ont néanmoins permis d’élargir le spectre de la “base” des connaissances nécessaires. Au delà du “lire, écrire, compter”, ils ont intégré les dimensions du raisonnement et des nécessaires repères spatio-temporels. Dans le même temps, les organismes de formation issus du mouvement de l’éducation populaire étaient déjà très soucieux d’intégrer les contextes de vie réelle dans les apprentissages (*). La traduction de cette préoccupation se retrouve dans les outils pédagogiques proposés. Le cadre européen permet de sortir de la logique de segmentation des publics en fonction de leur situation à un moment donné. Il permet un continuum : les compétences visées ne représentent pas des compilations de savoirs sans lien les uns avec les autres, mais couvrent un ensemble d’activités qu’il convient de réaliser de façon de plus en plus efficiente, au fur et à mesure de ses apprentissages et de ses expériences. * Référentiels ILEP - CUEEP de Lille. Référentiels des savoirs de base- Colette DARTOIS (Documentation française) Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 14 Compétences clés et savoirs de base - Tableau Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 15 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 16 CHAPITRE 2 L’ingénierie pédagogique pour développer les compétences clés Du cadre de référence européen aux référentiels opérationnels page 18 Critères déterminant les degrés de compétence page 22 Les ressources associées à la compétence page 24 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 17 Du cadre de référence européen aux référentiels opérationnels Comment passer du texte de référence à une opérationnalisation qui ne dénature pas l’esprit du texte et ses intentions en mettant en oeuvre une démarche d’ingénierie trop mécaniste? Cadre de référence Synthèse des idées, des connaissances, des principes, des normes ou des valeurs généralement implicites et non formulées, par rapport auxquels prennent sens l’action, l’expression des opinions, le contenu des communications. Dictionnaire de la formation et du développement personnel. ESF Editeur 1996 Référentiel Inventaire de compétences permettant de donner une représentation claire d’une activité. André Guittet Référence A quoi on se réfère implicitement ou explicitement. Acte de se référer, de se rapporter à une autorité ou garantie extérieure Nous savons que le travail d’analyse et de programmation contient en lui-même le risque de la décomposition, de la segmentation qui réduit la compétence à la longue liste des ingrédients qui la composent. Nous n’avons pas souhaité égrener une longue liste de capacités qui, sous prétexte d’exhaustivité, noient l’essentiel et nous font perdre le sens global. Les compétences sont énoncées selon ces principes. Chaque compétence peut se décliner en niveaux. Il ne s’agit pas de raisonner de façon binaire (cette personne est compétente ou ne l’est pas), mais de façon à pouvoir tracer un curriculum. Nous avons systématiquement essayé de mettre en relation les éléments du référentiel avec des activités ou des situations réelles, vécues dans l’ensemble des contextes que doit côtoyer une personne en formation. Notre préoccupation est d’articuler au mieux la dimension conceptuelle et la dimension pratique. Ces référentiels sont adossés à un ensemble de ressources associées, d’activités et de situations qu’il est possible de didactiser, ainsi qu’à un ensemble d’outils pédagogiques mobilisables en fonction des situations. Le formateur trouvera une base qu’il pourra compléter en fonction du public auquel il s’adresse et des situations particulières de formation. VOIR Cadre européen - Textes de référence Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 18 Du cadre de référence européen aux référentiels opérationnels. L’exemple de la compétence Apprendre à apprendre Etape 1 : le décryptage Il s’agit de repérer les différentes dimensions explicites ou implicites contenues dans le texte du Parlement européen. Dimension organisation Organiser soi-même son apprentissage Gérer efficacement son temps et les informations Organiser son propre apprentissage Dimension affirmation personnelle S’appuyer sur les expériences d’apprentissage et de vie antérieures Etre motivé et avoir confiance dans sa propre capacité Avoir une attitude positive orientée vers la résolution de problèmes Rechercher des occasions d’apprendre et d’appliquer les acquis dans diverses situations de la vie Dimension connaissance de soi Connaître ses propres méthodes d’apprentissage et ses besoins Connaître et comprendre quelles sont les stratégies d’apprentissage préférées Connaître les points forts et faibles de ses aptitudes et qualifications Dimension auto-régulation S’auto discipliner Gérer efficacement son apprentissage Persévérer dans l’apprentissage, se concentrer pendant des périodes de temps prolongées et réfléchir de manière critique sur l’objet et la finalité de son apprentissage Consacrer du temps à apprendre de façon autonome Evaluer son propre travail Dimension apprentissage avec d’autres Travailler en équipe Tirer les avantages de sa participation à un groupe hétérogène Partager ce qu’il a appris Chercher des conseils, des informations et de l’aide Se décentrer Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 19 Etape 2 : choix de traitement Nous avons choisi d’aborder ce domaine de compétences sous deux angles. La dimension des processus cognitifs et la dimension méthodologique. La dimension des processus cognitifs Les dimensions affirmation personnelle, auto-régulation et apprentissage avec d’autres sont abordées essentiellement à travers l’animation des situations problème proposées au sein de petits groupes de travail. Il s’agit plutôt d’entraîner et de développer les processus cognitifs suivants : - le processus de traitement de l’information - le processus de contrôle et de régulation - le processus de socialisation Dans l’approche que nous proposons, ce sont la pertinence et la qualité des situations d’apprentissage, la médiation pédagogique du formateur et les interactions entre participants qui permettent le développement de ces processus. La dimension méthodologique Les dimensions organisation, connaissance de soi et recherche d’informations documentaires sont abordées sous l’angle de la méthodologie. Les situations problème sont construites dans ces champs de compétence (organiser des ressources, gérer son temps, se situer par rapport à des repères pertinents, mettre en oeuvre une démarche heuristique pour optimiser une action). VOIR Processus cognitifs VOIR Référentiels Se Connaître, S’organiser, Rechercher des informations Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 20 !Construire un référentiel de compétences pour guider une formation professionnelle ! ! Philippe Perrenoud -2001 Construire un référentiel Lorsqu’on construit un référentiel de formation professionnelle, il me semble indispensable d’associer immédiatement un ensemble de ressources à chaque compétence. Ce qui conduira à identifier!: des familles de situations de travail dont la maîtrise globale appelle une compétence définie!; et pour chacune les principales ressources cognitives à mobiliser. L’élaboration d’un référentiel de compétences dans le cadre d’un métier se heurte donc à un triple obstacle!: l’immense variété des situations en jeu!; le caractère subjectif, donc variable et évolutif, de leur regroupement en familles!; les difficultés de l’identification des ressources. On s’expose donc inévitablement à des risques de schématisation, de simplification des fonctionnements individuels. Toute formation initiale se réfère à une pratique abstraite, stylisée, qui ne correspond à d’aucune personne "en chair et en os", mais représente un compromis entre, d’une part, une "moyenne" des pratiques attestées et, d’autre part, un idéal, une forme d’excellence, celle dont sont censés s’approcher les meilleurs professionnels. Il faut donc prendre son parti de la simplification, tout en essayant de lui conférer une certaine représentativité. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 21 Critères déterminant les degrés de compétence La compétence s’exerce en situation. Une situation est composée de constituants qui peuvent être décrits en fonction de critères spécifiques. La complexité d’une situation sera le résultat de la combinaison plus ou moins systématique de ces constituants. Ces éléments de base sont les suivants : - dimensions du cadre spatio-temporel - nature et nombre d’informations à traiter - degré de spécialisation des informations - importance du tri à opérer pour ne retenir que les informations pertinentes pour résoudre le problème - nombre d’interactions engendrées - importance de l’enjeu pour la personne, pour la situation - degré d’autonomie laissé Le degré d’efficience résultera de la combinaison particulière des critères retenus en tant qu’indicateurs de performance. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 22 Critères Degré 1 Degré 2 Degré 3 Pertinence du critère au regard de chaque compétence Nature du familier et contexte défini Cadres spatio- de proximité immédiate évolution dans des espaces connus, sur des durées courtes nécessité de se projeter, d’anticiper construire et mener un projet utiles et peu nombreuses pertinentes ou non dans la situation. Assez nombreuses pertinentes ou non, fiables ou non. Plus nombreuses rechercher des informations peu nombreuses peu nombreuses nombreuses travail en équipe peu d’enjeu enjeux individuels faibles enjeux individuels ou collectifs forts travail en équipe, se connaître cadre structuré sous supervision sous supervision avec cadre structuré avec autonomie partielle autogestion dans la limite des consignes définies toutes Degré centration sur décentration d’implication soi connaissance de soi coopération affirmation de soi se connaître travailler en équipe personnelle utile Se situer dans pour faire des choix pour la son histoire compétence personnelle Savoirs (utiles factuels de base factuels factuels pour la méthodes de méthodes sollicitant des méthodes reposant sur compétence) base principes, des processus des éléments rechercher des informations s’organiser construire un projet notions simples et des concepts théoriques dans des généraux dans un contextes généraux domaine donné dans plusieurs temporels Nombre et nature des informations à traiter Inter actions avec d’autres acteurs Importance de familier et ouvert responsabilité toutes les compétences l’enjeu Autonomie/ non familier un certain degré d’autonomie domaines Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 23 Ressources associées Chaque compétence fait appel à des ressources particulières. Nous les avons définies à travers deux grandes catégories : les outils cognitifs mobilisés d’une part et les savoirs, méthodes et attitudes nécessaires d’autre part. Outils cognitifs mobilisés 1. Dimensions spatio-temporelles Le cadre spatio-temporel est essentiel dans l’appréhension du problème à résoudre ou de la situation. La dimension spatiale recouvre : - la maîtrise des repères “topologiques”, devant, derrière, dessus, dessous, en face de, à gauche, à droite... - la maîtrise des repères “orthonormés” qui permettent d’activer un système de coordonnées afin de situer une position dans un plan - la maîtrise des repères “euclidiens” qui permettent une représentation précise d’objets en trois dimensions, et de traduire la position de ces objets dans un espace plan La dimension temporelle recouvre : - la maîtrise des repères chronologiques et les instruments qui permettent d’en rendre compte - la maîtrise des positions relatives des événements les uns par rapport aux autres, en fonction de la position qui les décrit (hier, aujourd’hui, demain...) Ces dimensions spatiales et temporelles supposent une capacité à se décentrer par rapport à sa position, c’est à dire à anticiper, se projeter, changer mentalement de point de vue. Elles supposent également l’adoption de comportements de socialisation qui incitent à utiliser des repères partagés afin de communiquer et d’échanger. 2. Modes de raisonnement Certaines compétences mobilisent des modes de raisonnement de façon spécifique. Nous pouvons en identifier certains : - raisonnement logico-mathématique : opérations intellectuelles pour organiser les informations, classer, ranger, sérier, établir un lien de causalité logique - raisonnement analogique : mise en relation d’éléments disparates selon un principe d’association qui repose sur des similitudes de formes, d’usage, de fonction... Ce raisonnement est particulièrement sollicité dans les processus de créativité (compétence Innover) - modes de pensée “divergente”, c’est à dire la capacité à produire du sens différent du sens commun pour générer de nouvelles associations - raisonnement inductif : inférer des règles ou des principes généraux à partir de l’analyse d’événements ou d’expériences particulières - raisonnement déductif : appliquer des règles ou des principes à des événements ou des objets particuliers Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 24 - logique modale : la logique modale ou logique “probabiliste”, contrairement à la logique formelle, ne repose pas sur les principes de vérité/fausseté des propositions, mais sur la probabilité plus ou moins forte que les propositions soient vraies ou fausses. Ce mode de raisonnement est particulièrement requis quand il faut mettre en oeuvre une démarche stratégique (domaine de compétences : esprit d’entreprise). Les outils proposés permettent un entraînement spécifique de certaines capacités mobilisées dans ces modes de raisonnement. Savoirs, méthodes et attitudes 1. Concept Il s’agit de la définition des notions essentielles pour la compréhension ou la maîtrise de la compétence. 2. Méthode Il s’agit d’un ensemble de procédures adaptées pour faciliter la résolution de tout ou partie des “problèmes” liés à la compétence ou au domaine de compétences concerné. Certaines méthodes sont communes à différents champs. C’est le cas par exemple des méthodes de résolution de problème que l’on trouve sollicitées dans toutes les compétences. 3. Savoirs factuels ou théoriques Il s’agit de connaissances associées aux compétences qui en facilitent la maîtrise. 4. Attitudes Il s’agit d’un répertoire d’attitudes adaptées aux situations. Ces attitudes peuvent être mobilisées dans des jeux de rôles ou à travers certains exercices. VOIR Supports pédagogiques Fiches associées à chaque compétence Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 25 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 26 CHAPITRE 3 L’animation pédagogique Les principes d’animation d’une situation-problème page 28 Le développement des processus cognitifs page 32 Un exemple d’animation d’une situation-problème page 33 Les supports pédagogiques page 35 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 27 Les principes d’animation Le fondement de l’approche par la compétence est la mise en situation. Les ressources associées seront mobilisées en cours de séance ou de façon spécifique, en fonction des besoins qui seront apparus au cours de la résolution de la situation. Les étapes de l’animation d’une situation problème La séance se déroule au sein d’un petit groupe. Afin de développer les processus cognitifs dans la séance elle-même, nous proposons de suivre les étapes suivantes : - présentation des éléments de la situation “en vrac” - anticipation sur la nature du problème à résoudre - auto-détermination du niveau d’objectif et des critères d’efficience - sélection des informations pertinentes pour traiter le problème - détermination et verbalisation d’une stratégie (anticipation) - résolution du problème de façon individuelle - verbalisation en groupe des stratégies individuelles - débriefing collectif Les principes d’animation Les principes d’animation sont empruntés à ceux utilisés dans les méthodes de développement cognitif. Les mots clés sont médiation, verbalisation, métacognition, conflit socio-cognitif. Médiation : le formateur est à l’interface entre l’apprenant et le problème à résoudre. Verbalisation : l’apprenant est invité à mettre en mots (ou en schéma) ses représentations du problème, ses actions et ses stratégies de résolution du problème. Métacognition : à travers l’analyse des actions et des stratégies, il s’agit de tirer des conclusions qui permettent de généraliser à d’autres situations de même nature. Conflit socio-cognitif : il s’agit de la confrontation d’idées, de savoirs, de raisonnements, de stratégies différentes sur un même sujet. Il est social puisqu’il prend place au sein d’une interaction entre deux personnes ; il est cognitif car il introduit un déséquilibre, un doute dans le système de connaissance individuel de chacun. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 28 La médiation pédagogique Les critères de médiation (d’après Reuven Feuerstein) Ces 12 critères définissent les attitudes à mettre en oeuvre pour accompagner efficacement un apprenant face à une tâche. 1 L'intentionnalité et la réciprocité Présenter ses objectifs, son projet, le résultat souhaité. Partager l'objectif, les enjeux et ainsi créer la réciprocité. Impliquer le stagiaire dans la démarche et le rendre acteur de son projet. La réciprocité permet de créer un climat de connivence implicite. La technique de la reformulation peut être utilisée pour s’assurer de la réciprocité de l'adhésion au projet. 2 “La transcendance” Dépasser le moment présent, la satisfaction du besoin immédiat. Souligner l'implication dans le temps et dans l'espace, aller au-delà du but immédiat. Créer des liens entre la situation présente et des situations similaires. Atteindre la généralisation, la signification de l'action. 3 Médiation de la signification Expliciter verbalement les comportements, les sentiments que les actions peuvent faire surgir. Permettre l'expression des sentiments. Eclairer le moment actuel, sa signification par rapport aux autres événements. Développer la capacité à s'affirmer, à être capable de dire son ressenti. Initier la découverte du sens, des attachements, des valeurs que l'on accorde aux objets, aux événements, aux relations. Construire un sens sur ce qui se produit dans l'action. 4 Médiation du sentiment de compétence Aider le stagiaire à prendre conscience de ses capacités à agir par lui-même et sur lui-même. Rappel des réussites précédentes, privilégier les prises de paroles. Permettre la mobilisation de toute l'énergie disponible. Faciliter et inciter au dépassement de soi. Travailler sur la prise de risque 5 Régulation et contrôle médiatisé du comportement Contrôler son impulsivité première. Ralentir le mouvement de réflexion, entrée de l'information, élaboration, expression de la réponse. Ajuster l’investissement nécessaire et l’énergie disponible. Faciliter la concentration, le temps de réflexion. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 29 6 Médiation de l'acte de partager Développer la capacité à s'insérer dans des activités de groupe. Initier les bases des conduites et comportements sociaux. Faciliter la relation à l'autre, l'interaction, la coopération, le partenariat. Favoriser l'acceptation, la tolérance. Faciliter la prise en compte des éléments communs. Valoriser l'utilité sociale de la vie et du partage en groupe; Souligner le besoin constant des uns des autres. Initialiser une reconnaissance commune du travail collectif. 7 Médiation des différences individuelles Le médiateur facilite l'existence de points de vue, de sentiments, de formes d'expression qui sont propres au sujet. Participer à la construction de l'identité de chacun, de sa personnalité. Prise de conscience des particularités individuelles de ceux qui nous entourent. Aider à se reconnaître semblable et différent des autres. Puisque l'on se ressemble, on peut se parler et comme on est différent on a quelque chose à se dire. Respect de l'autre, les autres dans leurs démarches. Souligner la spécificité de chacun, différence d'approche, individualisation des parcours, des exigences. Combattre le fait de tout ramener à une « égalité». 8 Médiation dans l’établissement, le choix et l’atteinte des objectifs Insérer le jeune dans des projets inscrits dans la durée. Aider à la projection du sujet dans le temps, au-delà de « ici et le maintenant» . Valoriser une démarche planifiée, organisée. Aider à la prise de conscience des contraintes. Développer les capacités d'anticipation, la définition d'un parcours. Expliquer et définir les différentes étapes d'un parcours. Montrer concrètement l'objectif à atteindre. 9 Confrontation aux défis, aux challenges Développer le goût pour des tâches de plus en plus difficiles. Restaurer le plaisir de la compétition avec soi-même. Inciter les démarches vers le nouveau, la recherche de complexité. Souligner l'excitation et le plaisir de réussir, puissant moteur pour aller de l'avant. Souligner l'intérêt d'une démarche vers le nouveau, vers le complexe. Susciter l'ouverture, la curiosité. Mobiliser par le défi une autre énergie que celle habituellement disponible. Se mesurer, se confronter à soi. Sortir de son habitude pour aller au-delà. Transformer la peur en satisfaction. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 30 10 Conscience de la modifiabilité et du changement Aider à faire prendre conscience de la capacité à changer et ne pas en avoir peur. Valoriser ce qui va dans le sens du changement, du progrès. Montrer que l'on conserve son identité même si l'on change. Réintroduire la dimension de l'espoir, de la vie. Accompagner ce qui va dans le sens du mouvement. Sécuriser face au changement. 11 Vision optimiste des choses, de soi-même, des autres Souligner la capacité à choisir et à décider une orientation optimiste des situations, des événements. Mettre en place un sentiment de tonicité face à une question. Provoquer une nouvelle naissance, se voir gagnant. Inciter la récompense face à la tâche réalisée. Aider à percevoir de manière plus positive son environnement. L'optimisme est de rigueur dans toute construction. Avoir face aux événements un langage positif permanent. Construire une ambiance optimiste, un lieu où il fait bon vivre. Introduire la notion de plaisir, de confort,... 12 Médiation du sentiment d'appartenance Se situer dans sa propre histoire, dans sa culture. Valoriser la dimension sociale de l'acte d'apprendre. Se situer dans un contexte de développement. Utiliser le dynamisme inhérent au groupe. Parler de sa culture de ses attaches. Lier la construction de l'identité à nos différentes appartenances. Identifier ses racines pour avoir des ailes. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 31 Développement des processus cognitifs Processus de traitement de l’information Processus de régulation /contrôle, évaluation Processus de socialisation Les étapes successives de l’animation ont comme fonction de contribuer au développement des processus cognitifs visant à garantir à l’apprenant le contrôle de la situation et d’en faciliter le transfert. L’exemple qui est donné ensuite illustre la mise en oeuvre de ces étapes ainsi que les attitudes et le questionnement du formateur. Processus cognitif du traitement de l’information INPUT S’approprier la situation, comprendre ou construire l’objectif Observer et explorer les données de la situation Sélectionner les informations à traiter Anticiper sur une stratégie de traitement et de résolution ELABORATION Sélectionner, trier, classer, ordonner les informations Mettre en relation des informations Inférer, déduire Mettre en œuvre une stratégie Adapter sa stratégie aux éléments nouveaux OUTPUT Traduire les résultats obtenus Exprimer et communiquer sur les résultats pour être compris Processus cognitif de régulation/contrôle/évaluation Contrôler son passage à l’acte (maîtrise de l’impulsivité) Verbaliser son action (présente, passée, future) Verbaliser son processus de résolution de problèmes Contrôler et modifier ses stratégies Evaluer les résultats de mon travail à partir de critères et d’indicateurs Transférer, généraliser et appliquer ce qui est appris Processus cognitif de socialisation Communiquer à un groupe de pairs et argumenter son point de vue Ecouter, comprendre et intégrer des points de vue différents Collaborer pour trouver une solution collective S’approprier les démarches des autres Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 32 Exemple de scénario d’animation d’une situation problème Compétence: s’organiser La tournée Degré 1 Guide d’animation Tournée Niveau 1 Actions réalisées par le formateur Etapes du processus Présentation des éléments de la situation (en vrac) Observation et appropriation de la situation Informations, nature des informations, contexte Questionnement puis présentation de la fiche consigne Définir l’objectif Questionnements La précision du questionnement est fonction de l’étayage nécessaire à apporter Regardez et observez les objets que vous avez devant vous Quels sont ces éléments Comment les appelle-t-on Est-ce que cela vous évoque quelque chose (de connu, de vu, d’imaginé...) Questions avant la présentation de la fiche Que peut-on faire avec tous ces éléments Quel peuvent être les objectifs poursuivis Quelles « règles du jeu » Différents niveaux d’objectifs (voir « caractéristiques générales ») Comment mesurer l’atteinte de l’objectif Questions après la lecture de la consigne Des mots non compris Que veut dire..... Pouvez-vous me reformuler ce que vous avez compris Préparation de la Sélection des Quelles sont les phase suivante. informations utiles informations Veiller à ce qu’il y importantes ait compréhension Où trouve-t-on ces des informations à) informations traiter Observe la résolution du Actions réalisées par le stagiaire Idées-conceptsmots clés attendus dans la verbalisation Savoirs/méthodes/processus cognitifs /attitudes sollicitées Observation Manipulation possible Verbalisation Identification de la nature des différents documents (colis, dossiers, fiches..., carte Identification de la nature du contexte (livraison, tournée) Capacités liées au processus de traitement de l’information (phase INPUT) Observer, identifier, nommer Lecture de la consigne Mission Tournée Surlignage des mots clés dans la formulation de l’objectif Organisation (des objets, de leurs fonctions) Organisation pour un objectif donné (préparation de la tournée) Consigne (« règles du jeu, contraintes...) Niveau de l’objectif (complètement, rapidement, sûrement...) Evaluation de l’atteinte de l’objectif •Capacités liées au processus de contrôle de soi Comment je contrôle mon passage à l’acte (maîtrise de l’impulsivité) Secteur C3 Livraison des colis et des dossiers à différentes mairies Consignes de livraison respectées et chargement adapté Ne prendre que ce qui relève de votre tournée Enonciation Formulation d’une Comment comptezOrganisation stratégie (d’une Classement/tri vous vous y prendre verbale de la pré stratégie) ou Type de pour réaliser l’objectif stratégie qu’il compte mettre en classement d’un axe directeur Par quelles étapes oeuvre Etapes de passerez-vous ? résolution Qu’allez-vous faire Relation de cause d’abord à effet Qu’allez-vous faire Dimension spatiale ensuite (empilement...) Avez-vous besoin de matériel complémentaire Lequel Lecture de plan Catégorisation Méthodes des mots clés ( ?) Résolution du problème Capacités liées au processus de traitement de l’information (phase Lecture des documents complémentaires. Surlignage des informations utiles •Comment je verbalise mon action (présente, passée, future) Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 33 Exemple de scénario d’animation d’une situation problème (suite) problème Intervient (plus ou moins) en fonction des observations qu’il fait. Tri et sélection des informations utiles à la réalisation de la mission Est-ce que vous allez-vous servir de toutes les fiches Quelles sont les objets utiles pour réaliser la mission Mise en oeuvre d’une ou de plusieurs stratégies de classement et d’organisation spatiale des données Quelle stratégie mettez-vous en place Est-ce que vous changez de stratégie Pourquoi En quoi ce que vous faisiez avant ne correspondait pas à ce que vous vouliez faire Formulation d’un résultat Quel est votre résultat Montrez-nous ce à quoi vous avez abouti Formulation des étapes de traitement Pouvez-vous nous dire par quelles étapes vous êtes passé pour aboutir à ce résultat Trie et classe et range les objets Je ne garde que les objets qui correspondent à la tournée à réaliser Je mets de côté (pour traitement ultérieur) les éléments qui ne correspondent pas entièrement aux critères énoncés. ELABORATION) Ordonnancement des actions Organisation multi-critères Classement alphabétique, classement numérique, catégorielle Organisation spatiale •Comment je verbalise mon processus de résolution de problème •Comment je contrôle et je modifie mes stratégies Colis rangés en Capacités liées au processus de fonction de leur traitement de l’information (phase lieus de livraison et OUTPUT) de leur caractère fragile ou pas. Documents rangés dans un autre endroit Capacités liées au processus de socialisation Aide à la verbalisation des stratégies individuelles et veille à ce que ces stratégies s’expriment sur un mode argumentatif Confrontation des stratégies de résolution de la situation Pouvez-vous nous dire quelles sont les différentes stratégies mises en oeuvre dans le groupe et leurs avantages et leurs inconvénients Capacités liées au processus de régulation, d’auto-évaluation et de contrôle Invite à garder des traces des ét •Avec quels indicateurs j’évalue les résultats de mon travail •Comment je transfère, je généralise et j’applique ce que j’ai appris •Comment je verbalise mon processus de résolution de problème (a postériori) •Comment je contrôle et je modifie mes stratégies (a postérori) Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 34 Supports pédagogiques Pour développer la compétence et les ressources associées à la compétence, nous proposons des supports de nature différente en fonction des objectifs poursuivis. La situation problème est la modalité privilégiée pour développer la compétence. Les capacités associées peuvent être abordées au cours de la résolution ou de façon spécifique, en fonction des besoins repérés. Chaque compétence mobilise un certain nombre de ressources (que l’on appelle également capacités personnelles). Ces ressources sont dites “associées” à la compétence. Les capacités les plus étroitement liées à la compétence peuvent être développées à travers une activité qui mobilise essentiellement la compétence visée (notamment à travers la résolution de “situations problèmes”) ou en tant que telle. Pour développer ces compétences et les capacités associées, nous proposons 6 types de supports différents correspondant à des objectifs distincts. Support situation - problème : développement de l’efficience. Cette activité est la plus appropriée pour développer la compétence dans toutes ses dimensions. Exercices collectifs : développement des attitudes appropriées à la compétence. Exemple : jeu de rôle pour le développement des attitudes adaptées dans le cadre d’un travail en équipe. Jeu de créativité pour développer les attitudes adaptées dans la compétence Innover... Fiches concept et Fiches méthode : développement des connaissances théoriques et factuelles des notions clés attachées à la compétence, ainsi que les savoirs procéduraux adaptés. Ces supports peuvent être utilisés de façon individuelle ou être exploités collectivement. Exercices individuels : propose un entraînement sur certaines capacités de base. Les exercices visent leur automatisation. Ils pourront utilement être complétés par des outils de “remédiation cognitive” si nécessaire. Evaluation : la plupart du temps sous la forme de QCM, ces évaluations permettent de se poser des questions sur ou autour de la compétence travaillée, ainsi que d’avoir une première estimation de son niveau d’efficacité personnelle. VOIR Fiches associées à chaque compétence Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 35 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 36 CHAPITRE 4 Les environnements pédagogiques Les éléments facilitants et les freins page 38 Vers une organisation autonomisante ? page 39 Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 37 Les environnements pédagogiques Des éléments de contexte peuvent être des éléments facilitants ; d’autres constituent des freins. Des environnements pauvres en sollicitations, à la fois sur le plan des situations à résoudre que sur le plan de l’autonomie d’action permise, vont constituer des freins au développement. Au contraire, des environnements ouverts, riches et interactifs pourront constituer des éléments facilitants dans la mesure où les prises de risque seront autorisées et accompagnées. Les éléments facilitants une prise en compte des choix argumentés des apprenants dans l’élaboration de leurs parcours les situations d’apprentissage (leur présentation) les attitudes adaptées du formateur les outils personnels de suivi la possibilité de confronter ses objectifs, ses productions et ses évaluations à d’autres points de vue (formateur, pairs) la cohérence pédagogique la continuité dans le temps le travail inter-disciplinaire mené par l’équipe pédagogique l’existence d’un fonds documentaire conséquent permettant de travailler spécifiquement certaines ressources attention portée exclusivement sur le résultat et non sur le processus organisation taylorienne du travail au sein de l’organisme. Centration sur la tâche et non sur l’apprenant Freins d’ordre culturel formateurs sans distance par rapport à une organisation mécaniste des formations et de l’ingénierie : pas de distance avec la “pédagogie par objectifs”. Incompréhension de la logique compétence. centration exclusive sur le diplôme (en attendant que les référentiels de certification incluent de façon claire l’importance à attacher à la compétence) Les freins l’absence de choix en fonction des projets spécifiques des apprenants une contractualisation biaisée, des prises de décision unilatérales recours exclusif à des évaluations externes. Impact aggravé par absence de critères et d’indicateurs de performance apprentissage massé dans le temps apprentissages non articulés avec les autres apprentissages approche centrée sur la discipline Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 38 Vers une organisation « autonomisante » ? Jean Paul Martin- CAFOC de Nantes Avoir l’intention de développer des «!compétences-clés!» impose bien évidemment de considérer les apprentissages à proposer, la relation pédagogique à instaurer. Mais si cela est nécessaire, est-ce suffisant!? Au Cafoc de Nantes, nous pensons qu’il est également indispensable de considérer l’organisation globale dans laquelle se réalisent ces apprentissages, de travailler cette organisation pour qu’elle soit incitative ou favorable au développement de ces compétences. Nous nous forgeons cette conviction de par les repères théoriques que nous mobilisons mais également forts des expériences et observations que nous avons déployées dans de nombreux organismes. Les raisons qui nous font nous intéresser à l’organisation à mettre en place pour favoriser le développement des compétences-clés. Tout d’abord, nous partageons la définition que Guy Le Boterf donne de la compétence!: «!le professionnel n’est pas celui qui possède des savoirs ou des savoir-faire, mais celui qui sait les mobiliser dans un contexte professionnel. … La compétence est toujours compétence - d’un acteur - en situation!». Dès lors, la mobilisation des compétences ne peut être isolée du contexte particulier de leur exercice. Leur mise en œuvre ne dépend donc pas exclusivement des caractéristiques intrinsèques d’une personne ou d’un groupe mais elle est la résultante de l’interface d’une la personne et le contexte dans lequel elle agit. De cette approche que Le Boterf qualifie de « ! fiabiliste ! », retenons l’importance des conditions d’exercice de la compétence, des conditions qui structurent la situation de travail. Quelles sont ces conditions qui ont un impact sur les compétences!? G Le Boterf cite!: «!l’organisation du travail, les relations inter-personnelles, les conditions de travail, les informations disponibles, relations de management, les équipements et installations, les règles de fonctionnement, les relations inter-services, ….!» Nous prenons également appui sur des travaux menés en Sciences de l’Education depuis de nombreuses années sur les relations entre les processus d’enseignement et d’apprentissage. En effet, constatant l’emprise des pratiques traditionnelles d’enseignement, les chercheurs ont mis en évidence que les comportements mobilisés par les enseignants notamment s’expliquent moins par le reflet de la personnalité, de l’expérience ou encore de la formation que par les situations dans lesquelles ils évoluent. En formation, ce n’est pas le professionnel qui contrôle la situation mais la situation qui contrôle le professionnel, telle pourrait être la formule qui exprime cette approche écologique. Elle met en évidence le poids des paramètres situationnels qui contraignent fortement le comportement des acteurs, formateurs-formés. E. Bayer a notamment démontré que la variabilité comportementale d’un enseignant est plus grande que la variabilité de plusieurs enseignants placés dans une même situation. Nous pouvons en conclure que les tentatives de modifications des façons de faire en formation qui font fi des contraintes et situation ont peu de chance de réussir. Complémentairement, nous prenons appui sur des observations relatives aux dispositifs et aux pratiques déployées au sein des organismes. Quelques exemples, à nos yeux révélateurs. Dans l’organisme X doté d’un centre de ressources bien documenté, les ressources sont disposées dans les armoires non accessibles aux personnes sans autorisation. Les formateurs limitent au maximum les déplacements au nom de la concentration nécessaire et insistent beaucoup sur le caractère individuel des évaluations. Bien évidemment des apprentissages s’effectuent dans un tel contexte, la maîtrise de certains savoirs et techniques est réalisée. La question à se poser est celle du lien entre ces éléments descriptifs et les visées pédagogiques poursuivies réellement au-delà des intentions et des déclarations. Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 39 Autre exemple relatif à l’information sur la formation tout au long de la vie. Dans l’organisme A!: aux demandes d’informations, l’assistante d’accueil remet une fiche comprenant 3 adresses (ANPE, ASSEDIC, n° de téléphone de la plate-forme régionale). Dans l’organisme B!: dans chaque formation longue, le directeur intervient 2 heures pour présenter toutes les possibilités. Dans l’organisme C!: dans le centre de ressources et à l’espace détente, deux bornes interactives sont en permanence à la disposition des personnes. Ces pratiques ne s’inscrivent en aucune façon dans les mêmes perspectives et ne cherchent à établir ni la même relation ni à développer les mêmes comportements ou compétences en matière de recherche d’informations. De la nécessité d’une approche systémique Nous pensons que pour atteindre l’objectif fixé, il faut agir en faveur du développement des compétences individuelles mais aussi d’une évolution des organisations de formation ou, tout du moins, de leurs process, ceci afin de rendre possibles à la fois l’émergence et la mise en œuvre de ces compétences-clés. Au sein d’un organisme de formation, l’organisation, le mode de fonctionnement et les visées de développement des compétences inter-agissent en générant des cohérences ou des incohérences. Il n’y a pas indépendance de la visée et des moyens, du processus et des résultats. Aussi le développement des compétences est à l’intersection de trois paramètres la personne en formation, la pédagogie et les apprentissages, l’organisation et le fonctionnement de l’organisme. Comment, par exemple, pourrait-on développer des compétences interpersonnelles, interculturelles si l’on n’est pas dans un contexte qui le permet ? Comment la compétence «!esprit d’entreprise» pourrait-elle se déployer si l’organisation récuse ou freine toute prise d’initiative!? Comment développer l’éco-citoyenneté dans un organisme dont les pratiques quotidiennes s’inscriraient à l’opposé de cette perspective!? Comment favoriser l’autonomisation des personnes quand l’accès aux ressources est strictement contrôlé, les initiatives ignorées, les travaux d’application majoritaires!? Aussi privilégions-nous une approche systémique qui articule étroitement les dimensions organisationnelle (ou fonctionnelle) et pédagogique, tant il est peu efficace de tenter de développer des compétences dans une organisation qui ne les stimule ni ne facilite leur mise en œuvre. CAFOC de Nantes - 2009 - Développement des Compétences clés - CAFOC de Nantes - Gérard Hommage - Avril 2009 page 40