Au nom de l`amour
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Au nom de l`amour
AUTO DS5, LE SPORT CHIC VERSION CITROËN Lire en page 33 Histoire de cœurs Est-il possible d'aimer deux personnes à la fois? C'est la question que pose Brigitte Kernel dans son nouveau roman, À cause d'un baiser. L'histoire d'une femme tiraillée entre deux amours aussi forts l'un que l'autre. Lire en page 30 Photo : alain rischard Une drôle de chasse au lion Le théâtre d'Esch présente du 1er au 4 mars Dracula, un spectacle pluridisciplinaire imaginé par David Goldrake et mis en scène par Claude Mangen, sur l'œuvre de Bram Stoker. Lire en page 31 Trois histoires d'une intolérance ordinaire CINÉMA Vendredi dernier, le réalisateur catalan Ramòn Térmens était à l'Utopia pour présenter son film polémique Catalunya über alles. De notre journaliste Pablo Chimienti C 'est un portrait au vitriol de «sa» Catalogne que propose Ramòn Térmens dans Catalunya über alles. Un titre clin d'œil à la chanson des Dead Kennedys, California über alles, qui faisaient eux-même clairement référence à l'Allemagne nazie pour critiquer l'ancien gouverneur Jerry Brown. Un titre coup-de-poing volontairement provocateur qui laisse peu de doute sur la thématique du film. Ramòn Térmens parle bien de la montée du racisme, de la xénophobie et de l'intolérance dans un petit village de Catalogne. «C'est basé en Catalogne juste parce que c'est ce que je connais le mieux puisque je suis catalan, précise pourtant le réalisa- teur, mais ce n'est pas un phénomène exclusivement catalan dont je parle, le phénomène de l'intolérance et la montée de l'extrême droite, c'est malheureusement quelque chose qui arrive un peu partout en ce moment», regrettet-il. Catalunya über alles est divisé en trois parties bien distinctes. La première présente le quotidien d'un exdétenu qui vient de purger une longue peine de prison pour viol et contre qui se ligue tout le village. La seconde se concentre sur une famille d'immigrants africains dont le père vient de perdre son emploi et qui accepte de se ridiculiser pour nourrir les siens. La troisième, enfin, est un peu le contre-coup des deux premiers avec un homme d'affaires catalan de souche, à première vue mari idéal et père modèle mais ripou jusqu'à l'os. > Des faits réels «Trois histoires basées sur des faits divers que j'ai lus dans la presse» explique Ramòn Térmens qui englobe le tout dans un fil rouge commun, celui d'un politicien d'extrême droite dont la politique se résume au slogan : «les catalans d'abord» et qui se présente aux élections communales. «C'est claire- ment un film politique et social, antifasciste, résume le réalisateur, même s'il n'est pas dénué d'humour, dans la deuxième partie, et de suspense dans la troisième.» Le film a ses mérites, il a d'ailleurs été primé aux festivals de San Sebastián, de Malaga et aux «Gaudi»–les prix du cinéma catalan– mais reste un peu en-deçà de l'attente créée par ce titre-choc. Il enfonce un peu des portes ouvertes, mais vaut tout de même la peine d'être vue. Présenté vendredi dernier à l'Utopia par le Centre catalan de Luxembourg dans le cadre de son «Cycle de cinéma catalan», il sera reprogrammé lors du prochain festival du cinéma espagnol, prévu également à l'Utopia en début d'été. Une séance de rattrapage qui risque bien, cette fois-ci, d'être la dernière. Chaque mercredi, retrouvez dans Le Quotidien la présentation d'une œuvre de la collection «Les indispensables de la littérature en BD». Aujourd'hui, écoutons les bobards du soi-disant héros Tartarin de Tarascon... Lire en page 36 Le Cri mis aux enchères Une version du célèbre tableau Le Cri, du peintre norvégien Edvard Munch, sera mise aux enchères à New York le 2 mai prochain par Sotheby's, qui estime qu'il pourrait dépasser la somme de 80 millions de dollars. Seulement quatre versions existent de ce tableau expressionniste, montrant un homme criant, les mains sur les oreilles sur fond de ciel ensanglanté. Celle que Sotheby's mettra en vente est une huile, tempera et pastel, réalisée en 1895, la seule encore possédée par un particulier. Elle appartient depuis 70 ans à la même famille, celle de l'homme d'affaires norvégien Petter Olsen, dont le père Thomas était un ami de Munch. Les trois autres versions du Cri appartiennent à des musées. La maison d'enchères a prévu de l'exposer à Londres le 13 avril et à New York à partir du 27 avril. Créé personnellement pour: serge bressan correspondant à paris MITTWOCH 22 FEBRUAR 2012 I www.lequotidien.lu mittwoch 22 februar 2012 Au nom de l'amour Peut-on aimer deux personnes à la fois? C'est la question que pose Brigitte Kernel dans son nouveau roman, À cause d'un baiser. L'histoire d'une femme tiraillée entre deux amours aussi forts l'un que l'autre. Après Fais-moi oublier, voici le nouveau roman d'amour de Brigitte Kernel. Celui d'une femme tiraillée entre Léa, celle qu'elle aime, et l'envoûtante Marie qui, en un baiser, vient tout bouleverser. Entretien avec notre correspondant à Paris Serge Bressan U ne voix. À la radio, au cœur de la nuit, sur France Inter. Sur le papier, aussi, pour des romans. Brigitte Kernel, toute de charme et d'élégance humbles, est de retour en librairies. Avec un nouveau roman, le huitième, joliment titré À cause d'un baiser. La narratrice aime Léa avec qui elle vit depuis trois ans. Un jour, elle a embrassé Marie l'envoûtante et l'a dit à Léa. L'amour va-t-il résister? Va-t-il exploser, juste à cause d'un baiser? Et si ce baiser cachait, en fait, des fissures? Et pourquoi la narratrice a-t-elle raconté ce baiser à sa compagne? En quatre temps – déchirure, déconstruction, reconstruction et derniers temps – Brigitte Kernel signe là un texte d'une universalité, d'une sensibilité, d'une justesse aussi rares qu'étincelantes. Rencontre avec un auteur hautement fréquentable puisque, parmi ses repères, elle cite le poète-éditeur Pierre Seghers et Françoise Sagan. Autour d'À cause d'un baiser, l'éditeur a mis un bandeau rose, y a fait imprimer : "Peut-on aimer deux personnes à la fois?" Pourquoi? Brigitte Kernel : Au départ, je voulais écrire une histoire de trois femmes. La question que je me suis longuement posée était toute simple : "Est-ce que j'y vais ou non?" Et je ne voulais pas écrire un roman qui me rangerait dans la case «auteur de l'homosexualité féminine». D'autres l'ont déjà fait, comme Anne F. Garréta ou Nina Bouraoui. Mais je voulais aussi écrire un texte qui donne la possibilité aux parents de comprendre combien est difficile ce que vivent leurs enfants homosexuels, qu'ils soient garçons ou filles. Oui, j'aimerais vraiment que les parents lisent mon roman. Vos héroïnes sont homosexuelles. N'avez-vous pas craint le risque que ce livre soit jugé "communautaire"? Mais ce sont des histoires d'amour. C'est pareil entre un homme et une femme, entre deux hommes, entre deux femmes… Je voudrais tant que les gens puissent vivre heureux. Dans mon écriture, je développe une sorte d'empathie, mais aujourd'hui, dans notre monde, on est en permanence dans la discrimination. Des juifs, des Arabes, des Roms, des homos... et je ne parle pas des transsexuels pour qui c'est encore plus compliqué! Ce nouveau livre apparaît comme une suite au précédent, Fais-moi oublier, paru en 2008... Quand j'ai achevé Fais-moi oublier, je ne pensais pas un instant qu'il aurait un jour une suite. Et puis, sur Facebook, on me demandait ce qui allait se passer pour la narratrice, son mari Olivier qu'elle quittait pour Léa qui, elle, venait de perdre sa compagne Louise, emportée par la mort. Au bout d'un certain temps, je me suis demandée si Léa était vraiment morte – elle avait sauté d'un pont... J'ai repris l'histoire trois ans plus tard. Je ne sais pas encore s'il y aura d'autres suites, je sais seulement qu'il existe un grand nombre de possibilités. Par exemple, avec Olivier, l'ex-mari parti en Inde... Sur la forme, certains vous reprochent la structure de votre roman, une structure qui sent la technique avec ses quatre chapitres pour quatre temps. Et aussi des redites de passages ou encore des phrases mal construites... « À tout ça, je répondrai que, à mes yeux, la structure d'un roman est importante mais que l'écriture l'est encore plus. Au départ, mon manuscrit, c'est quelque chose écrit de manière très linéaire. Et je travaille le texte, le retravaille encore et encore. Quand j'écris, j'ai besoin d'expérimenter. Tout est à l'intérieur de tout. Écrire, c'est la vie, il faut laisser les choses, les mots, les situations se télescoper. Revenons à l'argumentaire de votre éditeur : selon vous, peut-on aimer deux personnes à la fois? Au départ, je souhaitais écrire un roman sur la reconstruction. D'ailleurs, mon premier titre était La Reconstruction. Dans tous les couples, hétérosexuels et homosexuels, on peut toujours être troublé par quelqu'un d'autre. Que fait-on? Dans À cause d'un baiser, je pose la question. Je suis comme un chirurgien qui opère, qui dissèque... On peut aussi se demander pourquoi la narratrice a parlé de ce baiser à sa compagne Léa... J'ai un problème terrible : depuis toujours, je ne supporte pas le mensonge sous toutes ses formes. Et la narratrice d'À cause d'un baiser a, elle aussi, un problème avec le mensonge. Mentir à la personne qu'on aime, ça me pose problème... Dans une vie, on peut connaître plusieurs fois l'amour? J'ai le sentiment romantique de croire qu'on a un seul grand amour dans sa vie. Mais on ne le sait qu'à la fin de sa vie. En fait, on a deux grands amours : un de jeunesse, l'autre à l'âge adulte. Et il faut se méfier de l'illusion du sentiment amoureux : ça donne des ailes mais ça détruit... J'ai le sentiment romantique de croire qu'on a un seul grand amour dans sa vie « Brigitte Kernel : «Écrire, c'est la vie. Il faut laisser les choses, les mots, les situations se télescoper.» À cause d'un baiser, de Brigitte Kernel. Flammarion 18 Implacable thriller Voyage baroque LE CHIFFRE Avec Le Sniper, Stephen Hunter confirme qu'il est bien un des maîtres du genre. Opéra anatomique fait voyager dans toute l'Europe avec le tsar Pierre le Grand. Q U Dix-huit auteurs russes à succès dans leur pays ou à l'international participeront, du 16 au 19 mars à Paris, au Salon du livre, dont la ville de Moscou est l'invitée cette année, avec le Japon. Après Buenos Aires en 2011, c'est la deuxième fois que le salon célèbre une «ville littéraire», soulignent les organisateurs. Romanciers, poètes, auteurs jeunesse ou encore critiques, ces écrivains, parmi lesquels Dmitri Bykov, Boris Akounine, Andreï Guelassimov, Mikhaïl Chichkine, Ilya Kotcherguine, Natalia Sokolovskaïa, Tatiana Tolstoï ou Maxime Ossipov représentent les multiples facettes de la littérature russe. Avec la trentaine d'écrivains japonais qui feront aussi le déplacement à Paris, la présence de ces auteurs russes témoigne, selon l'organisation, «de la volonté grandissante d'internationalisation du Salon du livre». Pour ce 32e rendezvous à la Porte de Versailles sont attendus pas moins de 200 000 visiteurs dont 30 000 jeunes, 30 000 professionnels, quelque 1 200 éditeurs et 2 500 auteurs. www.salondulivreparis.com uelle réputation! À 65 ans, l'Américain Stephen Hunter est considéré, outre-Atlantique, comme un des meilleurs romanciers de sa génération. Et aussi comme un des très bons auteurs de thriller. Ce qui est confirmé avec la parution de Le Sniper, son cinquième livre traduit en français. Mais, aux ÉtatsUnis, Hunter c'est à ce jour dix-sept romans… et aussi trois essais (consacrés au cinéma). Une précision : avant de se consacrer à la littérature, il fut critique ciné au Baltimore Sun puis au Washington Post – il reçut même en 2003 le prix Pulitzer, catégorie critique… Là, il propose de nous glisser dans les pas du Sniper, le fameux Bob Lee Swagger – un de ses héros récurrents auquel il a consacré, à ce jour, sept romans (Le Sniper étant le sixième Stephen Hunter. paru en Amérique en 2009, suivi en 2010 de Dead Zero). Mi-sérieux, mi-ironique, l'auteur confiait : «Je suis le Dostoïevski du thriller!». On peut en sourire, mais on peut aussi le croire puisqu'il sait à la perfection garnir son roman d'un personnage principal aussi héroïque qu'impitoyable, de personnages secondaires taciturnes, tous évoluant au cœur d'une enquête explosive. Donc, Le Sniper pourrait sembler n'être qu'un récit banal. Celui d'un ancien marine, Carl Hitchcock, record d'ennemis abattus durant la guerre du Vietnam, suspecté d'avoir tué quatre militants pacifistes et qu'on retrouve suicidé. Certains affirment alors que ce geste confirme la culpabilité d'Hitchcock. Nick Memphis, le directeur adjoint du FBI, ne croit pas à cette hypothèse et, pour l'aider dans son enquête, fait appel à Bob Lee Swagger, le meilleur sniper de la marine. Problème : face à Swagger, son ennemi juré, un tireur d'élite réputé pour sa rapidité et son caractère perçant. Entre les deux, il va y avoir match. Une confrontation sanglante. Et un seul survivra… S. B. Le Sniper, de Stephen Hunter. Éditions du Rocher. ne ouverture qui sent l'épopée : «Les carrosses et les fourgons avançaient avec peine. Les roues s'enlisaient dans les ornières. Les membres de la Grande Ambassade avaient des faciès moroses. Ils tremblaient sous leurs perruques et leurs gros manteaux de zibeline aussi bien de froid qu'à cause d'un spectacle récent ayant eu pour protagoniste un rebellé déterré, mort depuis douze ans...» C'est parti pour un Opéra anatomique, le nouveau roman de Maja Brick. À 51 ans, elle en est à sa deuxième vie. Elle est née en Pologne, y a grandi et vécu une première carrière littéraire sous le nom de Maja Jurkowska. En 1990, elle s'est installée en France, a continué d'écrire. Et après Roman de gare et Le Rat, mon ami, Opéra anatomique a aussi écrit directement en français. Là, on est emmené, à travers l'Europe, dans un voyage aussi baroque qu'éblouissant au XVIIe siècle. Il y a le tsar Pierre 1er, dit le Grand, qui un temps se mêlera au peuple sous le nom de Pierre Mikhaïlov. Quand il arrive à Amsterdam, il veut la collection de l'anatomiste Frederik Ruysch – une collection de… cadavres. Le voyage continue. Étapes à Londres, Vienne, Venise ou encore à travers la Russie. Dans la foulée de Maja Brick. Pierre le Grand, on est confronté aux troubles intellectuels et politiques du moment, aux profondeurs de l'âme. Le roman de Maja Brick est bercé, rythmé par l'opéra avec Caldara, Scarlatti, Pistocchi, Bononcini… C'est lyrique, avec les arias. C'est noir, avec les crimes. Et formidablement écrit par un voyageur solitaire qui n'est autre que l'historiographe du tsar Pierre le Grand. Un bourlingueur qui, avec force descriptions, pointe avec acuité la même folie baroque qui anime le théâtre et le monde des hommes… C'est brillant, érudit. Inquiétant. S. B. Opéra anatomique, de Maja Brick. Gallimard. Créé personnellement pour: serge bressan correspondant à paris 30 LIRE