Rendez-vous à Ostende par Sonia Doucet Pour le concours de l
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Rendez-vous à Ostende par Sonia Doucet Pour le concours de l
Rendez-vous à Ostende par Sonia Doucet Pour le concours de l’association Arbramots, mars 2014 Radiologue distant et réservé, Roland R., avait rarement ri pour de quelconques frivolités. Enfant, il était très émotif. Adolescent, il s’enlisa dans une insupportable timidité. Il fit néanmoins la rencontre surprenante de Nadine Nathier, son unique compagne. Roland la détourna d’un morne destin solitaire en l’épousant, deux mois après un désespérant déjeuner, écourté par les aléas œsophagiens de Roland. Ils s’étaient rencontrés un été, à la terrasse du Zinc, à treize heures, par l’entremise de Zoé, facétieuse et adorable voisine de Nadine. Zoé voulait égayer la vie terne de sa brave amie et prétexta, en s’esquivant, un rendez-vous à Ostende. Aussitôt seuls, Nadine s’immobilisa dans son mutisme et Roland, pris d’un hoquet uniforme et ridicule, pris la fuite après avoir griffonné « mes excuses » sur une carte de visite. Sensible à la situation cocasse et prise de sympathie pour lui, Nadine, esseulée, le suivit et arriva à l’adresse indiquée sur la carte de visite. Surpris, il lui ouvrit les bras machinalement. Rayonnante, elle délaissa sa timidité et se blottit sans embarras dans cet écrin réconfortant. Eduqués sans fantaisie, ils érigèrent tous deux une vie heureuse, simple et harmonieuse. Ils n’osèrent jamais, par pudeur, évoquer l’idée d’une quelconque postérité et n’eurent aucun descendant. Dévouée à son époux, Nadine ne souhaitait rien d’autre que ce paisible quotidien. Etonné pareillement après dix années de cette rencontre inespérée, Roland estimait Nadine et Zoé. Il les invita le 11 août 2012 à treize heures au Zinc, pour célébrer l’initiative fabuleuse et vaillante de son épouse au visage tendre. Joyeuse et volubile, Zoé avoua ne pas connaître Ostende. A ce moment, Roland invita à leur table Roberto Bossaert, un aimable collègue, unique d’ailleurs, qu’une coïncidence faisait passer devant eux. Flamand, Roberto se rendait, sa valise à la main, gare du nord puis en Flandre. Zoé, saisie par ces signes du hasard, apostropha Roberto, et s’éclipsa en riant: « je vais chercher ma valise ! Rendez-vous à Ostende, ce soir, 20h ». Et ce jour là, la vie conjointe de Zoé et Roberto Bossaert commença.