Le commerce du cacao - Défis en Côte d`Ivoire - SÜDWIND

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Le commerce du cacao - Défis en Côte d`Ivoire - SÜDWIND
Le commerce du cacao Défis en Côte d’Ivoire
27 juin 2012, Bonn
Documentation de la conférence
Toile de fond
La Côte d’Ivoire est le principal fournisseur de cacao brut du marché allemand. Dans ce contexte, les
transformateurs de cacao et fabricants de chocolat ainsi que le commerce de détail alimentaire sont
confrontés à de grands défis: l’instabilité politique, la fragmentation et l’opacité des chaînes
d’approvisionnement, le manque d’organisation des petits producteurs et la chute des prix réels du
cacao sur le marché mondial ont réduit une grande partie des petits producteurs de cacao à la pauvreté. La situation sociale a atteint un point critique: de nombreux producteurs n’investissent plus dans
le renouvellement de leurs plantations, voire envisagent d’abandonner complètement la culture du
cacao pour se tourner vers des cultures plus lucratives.
Le but de la conférence était de mieux cerner et de soumettre au débat la situation actuelle en
Côte d’Ivoire, les transformations et les réformes les plus récentes affectant le secteur du cacao ainsi que les approches existantes et nouvelles visant à pérenniser la chaîne de valeur.
L’organisateur SÜDWIND e.V. ainsi que les projets sectoriels « Politique agricole et sécurité alimentaire» et «Normes sociales et environnementales» de la Deutsche Gesellschaft für Internationale
Zusammenarbeit (GIZ) GmbH s’intéressent depuis longtemps déjà à différents aspects de cette thématique. Le contenu de la conférence a été défini en concertation avec le forum «cacao durable» tout
récemment créé.
Entre 2009 et 2012, SÜDWIND a publié plusieurs études sur les problèmes sociaux et écologiques
dans les structures de production et de commerce internationales de la filière du cacao. La GIZ soutient sous diverses formes l’adoption et la mise en œuvre de normes sociales et environnementales et
s’investit pour l’amélioration des conditions de vie des petits producteurs dans le secteur du cacao.
Elle promeut en outre des «modèles entrepreneuriaux conçus au bénéfice de tous», qui intègrent les
petits producteurs à des chaînes de valeur durables pour les rendre plus fiables et concurrentiels. La
question au cœur de la conférence était de savoir quels sont actuellement les défis et les opportunités
pour établir de nouvelles relations plus confiantes entre les consommateurs, les fabricants de sucreries, les acheteurs de cacao brut et les producteurs de cacao.
[liste des participants]
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Le déroulement de la conférence
Accueil des participants
Accueil et mots de bienvenue: Martina Schaub (SÜDWIND), Ingo Melchers (GIZ)
1 | Le cadre
1.1 Le forum «cacao durable»: motivation, mode de fonctionnement, objectifs [Powerpoint]
Dr Eberhard Krain est un collaborateur du
Eberhard Krain expose les objectifs du forum
projet sectoriel «Normes sociales et environ-
«cacao durable», qui regroupe des entreprises
nementales» de la GIZ responsable pour tout
allemandes et leurs fédérations, des minis-
ce qui concerne les normes de durabilité dans
tères, des ONG, des organismes compétents
l’agriculture, en particulier pour le café, le ca-
pour l’élaboration de normes, des syndicats et
cao et le thé. Il a œuvré pendant plus de vingt
des institutions scientifiques. Afin de promou-
ans dans des projets agricoles et ruraux de la
voir la réalisation de l’objectif qui est de péren-
coopération au développement en Afrique et
niser la cacaoculture, les participants au forum
en Asie, le plus souvent pour le compte de la
ont la volonté de coopérer, d’échanger leurs
Deutsche
idées et de coordonner des projets.
Gesellschaft
für
Internationale
Zusammenarbeit (GIZ). Son attention se porte
en particulier sur le développement et la promotion de chaînes de valeurs globales.
3
1.2 L’importance de la Côte d’Ivoire pour le marché allemand [Powerpoint]
Friedel Hütz-Adams est collaborateur scientifique à l’institut SÜDWIND depuis 1993. Entre
1997 et 2001, il était en outre responsable des
relations publiques pour la campagne intitulée
en allemand «Erlassjahr 2000 – Entwicklung
braucht Entschuldung» (Jubilé 2000 - Le désendettement au service du développement).
Depuis le milieu de l’année 2001, il se penche
au sein de SÜDWIND sur les tenants et aboutissants et sur les implications de la mondialisation. Friedel Hütz-Adams a rédigé plusieurs
études sur le thème du cacao, dont une en
2012 intitulée «Vom Kakaobaum bis zum Konsumenten.
Die
Wertschöpfungskette
von
Friedel Hütz-Adams décrit et met en lumière la
grande importance de la Côte d’Ivoire pour les
fabricants allemands de cacao et de chocolat.
Face aux vastes problèmes sociaux et écologiques rencontrés dans la cacaoculture, ces
fabricants allemands sont eux-mêmes confrontés à de sérieux problèmes, dans la mesure où
le contexte politique dans lequel évoluent les
petits producteurs et les entreprises en Côte
d’Ivoire a souvent été difficile par le passé.
Mais ce contexte s’améliore à l’heure actuelle,
car le gouvernement a lancé un vaste processus de réforme dans le secteur du cacao.
Schokolade» (Du cacaoyer au consommateur.
La chaîne de valeur du chocolat).
2 | La situation de la cacaoculture en Côte d’Ivoire
2.1 | La situation actuelle en Côte d’Ivoire [Powerpoint]
Jacques Aboulé prépare un diplôme à l’École
part active aux travaux de plusieurs commis-
supérieure de commerce d’Abidjan. Depuis
sions qui se penchent sur la réforme de la
1997, il a occupé plusieurs fonctions de direc-
filière café-cacao.
tion dans l’industrie de transformation ainsi que
dans le commerce international du café et du
cacao. Depuis 2005, il travaille en qualité de
consultant et de formateur dans les domaines
du
développement
local
durable
et
de
l’optimisation des exportations. Depuis mars
2012, il assure le renforcement des capacités
de groupements de producteurs certifiés FLO
en qualité de conseiller en commerce équitable
pour le programme «cacao» en Côte d’Ivoire.
Jacques Aboulé est aussi directeur de l’Union
Jacques Aboulé explique l’évolution de la cacaoculture en Côte d’Ivoire et évoque les problèmes existant actuellement dans le secteur.
Il discerne toute une série d’opportunités susceptibles d’améliorer sensiblement la situation.
Mais encore faut-il que ces opportunités soient
saisies par les divers acteurs intervenant sur le
marché, que ce soient les autorités gouvernementales, les ONG ou les entreprises.
des Coopératives exportatrices de Café Cacao
de Côte d’Ivoire (UCOOPEXCI) et a pris une
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2.2 | Défis en matière de pérennisation de la cacaoculture [Powerpoint]
Achim Drewes est responsable des affaires
Achim Drewes fait un tour d’horizon des pro-
publiques chez Nestlé Allemagne. À ce titre, il
blèmes auxquels l’entreprise Nestlé se trouve
s’occupe notamment de la mise en œuvre de
confrontée en Côte d’Ivoire. Puis il présente le
projets globaux de durabilité de l’entreprise
plan d’action de Nestlé qui doit aider à maîtri-
pour le marché allemand ainsi que de la com-
ser ces problèmes. L’objectif est entre autres
munication entre les acteurs. Avant son entrée
de rationaliser la chaîne d’approvisionnement
en fonctions chez Nestlé, Achim Drewes a
et d’acheter de plus grandes quantités de ca-
travaillé pour le Deutscher Industrie- und Han-
cao en partie certifié et ayant une meilleure
delskammertag (Fédération des chambres de
traçabilité.
commerce et d’industrie allemandes), dont
plusieurs années passées à l’étranger.
2.3 | Discussion avec Jacques Aboulé et Achim Drewes
Animation: Dr Heidi Feldt
Les plans évoqués par Nestlé pour améliorer
rendements induit une plus grande attractivité
les rendements dans la cacaoculture, appelés
de la filière cacao, entraînant du même coup
Cocoa Plans, ont suscité parmi l’auditoire des
une réduction de l’exode des jeunes vers les
questions sur les moyens de faire face aux
villes. Un autre point critique qui a été signalé
besoins de main-d’œuvre accrus induits par
est qu’un accroissement général des rende-
une augmentation de la production. Vu la pé-
ments risque aussi de faire baisser les prix.
nurie de main-d’œuvre qui existe déjà dans les
régions cacaoyères, la question se pose de
savoir si le problème du travail des enfants et
des travailleurs migrants risque d’être accentué.
Une personne dans l’assistance a par ailleurs
insisté sur l’importance d’une diversification
des produits cultivés, car elle pourrait réduire
la dépendance des paysans vis-à-vis de la
cacaoculture. En réponse, il a été souligné
Il a été répondu que la hausse des besoins de
qu’une hausse des rendements à l’hectare
main-d’œuvre ne serait que de courte durée,
tend plutôt à favoriser la diversification, car les
l’objectif étant d’accroître la productivité et de
paysans peuvent ainsi utiliser une partie de
réduire à long terme le volume de travail né-
leurs surfaces pour la culture d’autres produits.
cessaire. De surcroît, une amélioration des
De gauche à droite : Jacques Aboulé, Heidi Feldt et Achim
Drewes
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3 | Approches visant à pérenniser les relations d’affaires
3.1 | Impulsion: les modèles entrepreneuriaux conçus au bénéfice de tous, une nouvelle perspective dans le secteur du cacao? [Powerpoint]
Margret Will est consultante indépendante
Margret Will préconise un ancrage de la cultu-
pour la promotion du secteur privé (chaînes de
re du cacao et d’autres produits agricoles dans
valeur agricoles et agroalimentaires, pôles de
le contexte du développement durable. Une
développement industriel, modèles entrepre-
contribution dans ce sens peut être apportée
neuriaux conçus au bénéfice de tous) et les
par les «modèles entrepreneuriaux conçus au
normes de sécurité alimentaire et de durabilité.
bénéfice de tous» qui, sur la base d’une de-
Mme Will est agent commercial import-export
mande concrète et d’une relation d’affaires
et agro-économiste spécialisée en horticulture.
économiquement viable, optimisent les avan-
Elle a plus de vingt ans d’expérience dans des
tages économiques et sociaux et intègrent les
pays en développement et en transition en
petits producteurs dans des chaînes de valeur
Afrique, en Amérique latine et en Europe orien-
durables. Des modèles innovants garantissant
tale, comme collaboratrice de l’ex GTZ et de
d’une part l’accès à la matière première et
sociétés d’études et de conseil et, durant plus
contribuant d’autre part à améliorer la situation
de dix ans, comme consultante indépendante.
des petits producteurs pourraient être aussi
Elle est l’auteur et éditeur de plusieurs ou-
intéressants pour tous les acteurs de chaîne
vrages sur le thème du développement éco-
d’approvisionnement dans la filière du cacao.
nomique régional et communal ainsi que sur
les normes de sécurité alimentaire et de durabilité.
3.2 | Chances, risques et conséquences de la certification [Powerpoint]
Jonas Mva Mva est né au Cameroun et a
Crops Program, STCP). Depuis 2010, il dirige
œuvré durant de longues années au service
le programme cacao de la « Sustainable Trade
de l’organisation «Catholic Relief Services»
Initiative» (IDH).
(CRS) dans divers projets de développement
Face à la demande accrue de cacao, M. Mva
en Afrique centrale (Tchad, Cameroun, Guinée
Mva juge nécessaire d’accroître sensiblement
équatoriale, République centrafricaine). Il a
le rendement des plantations grâce à de meil-
dirigé INADES Formation au Cameroun, un
leures méthodes de récolte. Des systèmes de
organisme qui s’investit dans la formation des
certification peuvent aider à dispenser les apti-
adultes, les programmes de formation du sec-
tudes requises aux paysans et renforcer leur
teur agricole et le développement rural. Il a
position sur le marché. Mais on manque de
également créé une ONG appelée ODECO
moyens pour cibler les producteurs sur tout le
(Organisme de développement, d’étude, de
territoire. Une option est de réduire les coûts
formation et de conseil) et a œuvré dix ans au
grâce à la création de manuels communs par
Cameroun pour le programme de développe-
les principaux certificateurs, un objectif réalisé
ment des cultures pérennes (Sustainable Tree
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avec des entreprises et la GIZ dans le projet
Certification Capacity Enhancement (CCE).
3.3 | Renforcement des agriculteurs en tant qu’entrepreneurs et configuration des relations
d’affaires
Farmer Business Schools [Powerpoint]
Dr Annemarie Matthess est consultante et
cacao et d’autres cultures. Le projet entend
chef d’équipe au sein du programme pour une
ainsi promouvoir la sécurité alimentaire, aider
cacaoculture durable mis en œuvre au Ghana,
à garantir les revenus et améliorer la qualité de
en Côte d’Ivoire, au Nigéria et au Cameroun.
vie des producteurs et productrices de cacao.
Elle travaille depuis 1988 au service de la GIZ,
dont plus de 20 ans en Afrique. Actuellement,
son principal domaine d’activité est le renforcement, dans les pays sus-indiqués, des capacités des organisations partenaires à organiser des formations entrepreneuriales pour
des petits paysan(ne)s. L’objectif du projet est
de les qualifier pour une participation active
dans des chaînes de valeur globales (cacao)
et locales (produits vivriers), et de faire qu’ils
soient à même d’accroître et de diversifier, par
des investissements, leurs revenus issus du
Annemarie Matthess présente l’approche des
Farmer Business Schools mise au point par la
GIZ. L’élément déclencheur de ce projet était
la nécessité, face aux revenus souvent bas
des paysans, d’améliorer leur formation afin
qu’ils puissent dégager des gains plus importants de la cacaoculture tout en diversifiant
leurs sources de revenus grâce à la culture
d’autres produits agricoles. En outre, on travaille actuellement à la mise en place de services financiers innovants pour les
pay-
san(ne)s.
PRODEMIR [Powerpoint]
Andrea Wilhelmi-Somé travaille pour la GIZ
du cacao sont actuellement mis en œuvre en
depuis 2004, d’abord au Burkina Faso comme
coopération avec l’industrie chocolatière.
directrice de la composante «Promotion des
chaînes de valeur» au sein du programme de
développement agricole, et actuellement en
Côte d’Ivoire où elle dirige le programme «Développement économique en milieu rural et
biodiversité»
(PRODEMIR).
L’objectif
du
PRODEMIR est d’aider la population à exploiter le potentiel économique de ses ressources
naturelles locales tout en préservant au mieux
la biodiversité. Le programme a également une
composante visant à promouvoir les actions
PPP, dans laquelle quatre projets de la filière
Andrea Wilhelmi-Somé expose les problèmes
qui gravitent autour du parc national de Taï en
Côte d’Ivoire. Suite à un fort afflux de populations nouvelles dans les régions voisines dont
les forêts ont pratiquement disparu, la survie
de la réserve de biosphère paraît compromise.
L’adoption de méthodes d’exploitation améliorées par les petits agriculteurs vivant aux alentours et qui pratiquent entre autres la cacaoculture pourrait réduire la pression s’exerçant sur
le territoire du parc national et améliorer la
situation des paysans. Afin d’y parvenir, la GIZ
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réalise déjà plusieurs projets en coopération
avec de petits paysan(ne)s et des entreprises.
3.4 | Le modèle d’affaire d’ECOM [Powerpoint]
Cédric van Cutsem travaille à Abidjan en
belge, Cédric van Cutsem est titulaire d’un
qualité de directeur pour le cacao durable chez
master en sciences commerciales.
Ecom Agroindustrial Corp. Il surveille entre
autres le lancement de plusieurs initiatives
d’ECOM en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigéria et au Cameroun, et est responsable pour
les relations avec les différents partenaires des
projets. Auparavant, il était en activité au siège
d’ECOM en Suisse où il avait la responsabilité
pour deux pays, le Ghana et le Nigéria, et pour
des produits spéciaux dont le cacao certifié. En
2005, il lance au Nigéria et dirige durant trois
Cédric van Cutsem décrit les problèmes auxquels est confronté l’ensemble de la filière
suite à la demande croissante de cacao jointe
à une concurrence accrue par d’autres produits cultivés et à la paupérisation des petits
producteurs. Dans le cadre de plusieurs projets pilotes, son entreprise a tenté d’améliorer
la situation par un contact direct avec les agriculteurs au moyen d’actions de formation, et
désire maintenant étendre ces projets pilotes.
ans des opérations d’ECOM. De nationalité
De gauche à droite: Bintou Ohin, Andrea Wilhelmi-Somé, Annemarie Matthess, Heidi Feldt, Cédric van Cutsem et
Margret Will
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3.5 | Discussion plénière avec Margret Will, Jonas Mva Mva, Dr Annemarie Matthess, Andrea
Wilhelmi-Somé et Cédric Cutsem
Animation: Dr Heidi Feldt
Suite à une question de l’auditoire concernant
du cacao expliqueraient que ce secteur ne soit
la coordination des nombreux projets dans la
plus pour les gens une possibilité d’emploi leur
filière du cacao, il y a eu une brève présenta-
permettant de nourrir une famille.
tion du Conseil Café Cacao (CCC), plateforme
de dialogue mise en place par le gouvernement ivoirien et devant bénéficier entre autres
de l’appui de la GIZ. La question a en outre été
posée de savoir si, au-delà de la discussion
sur de nouveaux types de modèles entrepreneuriaux, il ne fallait pas discuter également
des prix et de leur importance pour le secteur.
Il a été observé qu’il n’y a pas de pénurie de
main-d’œuvre dans les régions cacaoyères
d’Afrique de l’Ouest compte tenu du taux de
chômage élevé, et que la faible attractivité de
la cacaoculture est plutôt liée au faible niveau
de rémunération. Les maigres salaires préva-
Un autre problème évoqué est le fait que les
programmes de formation pour les agriculteurs
s’adressent le plus souvent à des petits producteurs exploitant leurs propres terres. Mais
dans la mesure où, en Côte d’Ivoire, la plupart
des agriculteurs sont des fermiers à bail, ces
programmes tiendraient à l’écart une large part
des personnes et groupes concernés.
Il a été constaté qu’une professionnalisation et
une mécanisation du processus cultural sont
nécessaires afin d’induire un allègement du
travail des agriculteurs. Ont été mentionnés à
titre d’exemples la fermentation et le séchage
collectifs des fèves de cacao.
lant depuis de longues années dans le secteur
4 | Faciliter l’intégration :
défis posés aux acteurs de la chaîne de valeur
Animation: Dr Heidi Feldt
Bintou Ohin est depuis 2005 secrétaire géné-
Dr Ludger Breloh est depuis 2008 directeur
rale du GEPEX, le Groupement professionnel
de la division «Achats stratégiques de fruits et
des exportateurs de café et de cacao, qui re-
légumes bio / Approvisionnements durables»
groupe quelque 15 sociétés exportant 75 % du
au sein du groupe REWE, l’un des plus grands
café et cacao ivoirien. Le GEPEX est un grou-
groupes allemands de commerce de détail. De
pement privé qui défend les intérêts de ses
1985 à 1987, il a officié en qualité d’assistant
adhérents et fait fonction d’intermédiaire entre
technique auprès du ministère de l’Agriculture
l’État et les exportateurs ainsi que les autres
en Équateur. Il a créé deux sociétés, la «Lan-
acteurs de la filière café-cacao. Cet organisme
dlinie GmbH» et la «Breloh Bauern KG», qui
est l’interlocuteur de l’État pour tout ce qui
gèrent la culture et la commercialisation de
concerne les réformes et les mesures devant
produits bio. Après s’être séparé de ces deux
être prises dans cette filière.
entreprises en 1995, il devient conseiller de la
REWE Zentral AG à Cologne début 1996 et
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est associé à ce titre à la création de deux
d’héritiers. D’autres pertes sont à redouter du
marques bio : «Füllhorn» (qui deviendra plus
fait que les arbres sont déjà trop vieux et que
tard «REWE Bio ») et «Naturgut».
de nouveaux arbres ne peuvent être plantés
Ingmar Streese est depuis 2008 directeur des
programmes et partenariats mondiaux chez
Mars Inc., l’un des leaders sur le marché mondial des produits chocolatés. Depuis avril 2011,
il est compétent pour le développement et la
gestion de programmes avec des partenaires
externes dans le domaine de la durabilité. Par
ailleurs, il est membre du comité directeur de
l’Initiative internationale sur le cacao (ICI) et de
Caobisco, l’Association des industries de la
chocolaterie, biscuiterie et confiserie de l’UE.
en raison de problèmes de financement. Un
grand nombre de paysans qui exploitent leurs
propres terres ont déjà converti leurs plantations de cacaoyers en plantations de caoutchouc, plus lucratives. À ce niveau, la supposition a été émise que même les fermiers à bail,
pour la plupart des migrants, se convertiraient
à la culture du caoutchouc s’ils avaient un droit
garanti pour exploiter les terres qu’ils louent et
modifier à loisir l’exploitation qu’ils en font.
Dans ce contexte, il a été également souligné
que l’industrie souhaite vivement créer des
Friedel Hütz-Adams, Institut SÜDWIND (pour
incitations pour les agriculteurs et conjuguer la
de plus amples informations voir 1.2)
hausse de la productivité des cacaoyers avec
Andrea Wilhelmi-Somé, GIZ (pour de plus
une diversification des cultures. C’est là le seul
amples informations voir 3.2)
moyen de faire en sorte que les paysans puissent continuer à produire du cacao, maintenir
l’étendue des surfaces cultivées et satisfaire la
D’emblée, il a été unanimement constaté qu’il
demande des consommateurs.
y a eu ces dernières années une évolution
franchement positive au niveau de la certifica-
Les fluctuations extrêmes du prix du cacao
tion et de l’engagement du secteur privé.
soulignent l’importance, pour les agriculteurs,
Le problème du droit foncier rural en Côte
d’Ivoire a été de nouveau soulevé avec force.
Le constat est que la clarification des droits de
propriété est d’une haute importance afin que
des progrès puissent être induits dans la filière
du cacao. Tant que les questions du droit foncier ne seront pas clarifiées, les paysans ne
pourront pas obtenir des crédits ni planter de
nouveaux cacaoyers ou d’autres cultures.
d’une plus forte diversification des cultures.
Mais la nécessité d’une stabilisation des prix a
aussi été évoquée. Le gouvernement ivoirien
devrait pouvoir assumer un rôle important à ce
niveau. Un aspect qui a aussi été souligné à
maintes reprises est l’importance d’une coopération étroite entre les nombreux programmes
existants, ainsi que la nécessité d’un débat sur
le prix du cacao. Une structure des prix avisée
en amont de la chaîne de valeur pourrait don-
Il a été souligné que, même si la demande de
ner des impulsions afin que la cacaoculture en
cacao augmente, il existe un risque de voir les
Côte d’Ivoire redevienne attractive pour toutes
surfaces cultivées diminuer dans la mesure où
les parties: le commerce, les transformateurs
les paysans sont souvent âgés et n’ont pas
et les petits producteurs.
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De gauche à droite: Ingmar Streese,
Bintou Ohin, Heidi Feldt, Andrea Wilhelmi-Somé, Friedel Hütz-Adams, Dr. Ludger Breloh
5 |Allocution de clôture
Ingo Melchers (GIZ)
Dans son allocution de clôture, Ingo Melchers
sés des intervenants de Côte d’Ivoire ont don-
(GIZ) a remercié les intervenants et tous les
né un excellent aperçu des opportunités et
participants pour les exposés enrichissants et
défis existant au niveau de la mise en œuvre
les discussions fécondes. De son point de vue,
concrète. Mais comme l’a aussi montré la dis-
l’atmosphère coopérative était la preuve qu’il y
cussion, il ne faut surtout pas sous-estimer
a, dans la filière du cacao, une volonté accrue
l’importance de la structure des prix et du
de s’engager dans une action commune. Il est
comportement des consommateurs à l’autre
clair aussi qu’une modernisation du secteur du
bout de la chaîne. Car du côté de la demande,
cacao, où prédominent actuellement les petits
des impulsions importantes peuvent être don-
producteurs, est inéluctable si l’on veut induire
nées pour des processus de changement tout
les gains de productivité et de qualité néces-
au long de la chaîne de valeur. Dernier point
saires afin d’assurer aux petits agriculteurs
important selon Ingo Melchers: dans la discus-
l’accès à des débouchés et donc à des bases
sion sur l’avenir de la filière du cacao, le rôle
d’existence fiables. Sans nul doute, ce néces-
de l’État doit toujours être gardé à l’esprit.
saire changement structurel a des incidences
L’État en effet a un rôle essentiel à jouer pour
positives mais aussi négatives, comme par ex.
la mise en place de conditions d’ensemble
l’éviction des maillons les plus faibles de la
propices. C’est vrai pour la question du droit
chaîne de valeur. Précisément pour cette rai-
foncier actuellement en suspens en Côte
son, il est essentiel, afin d’assurer la durabilité
d’Ivoire comme pour l’association intelligente
de l’ensemble de la chaîne, de s’intéresser de
d’approches pour la promotion de l’agriculture
plus près à la question de savoir comment
et de l’économie avec des mesures de protec-
l’autonomisation sociale et économique des
tion sociale. C’est ainsi seulement que le né-
petits paysans peut être promue dans le cadre
cessaire changement structurel pourra être
de relations commerciales directes. Les expo-
aménagé sous une forme socialement accep11
table et que pourront être amorties les implica-
particulièrement vulnérables.
tions négatives pour les groupes de population
Publié par:
Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Projet sectoriel « Politique agricole et sécurité alimentaire »
Sièges de la société
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Tél.: +49 - (0)2241 - 259735
Fax: +49 - (0)2241 - 51308
[email protected]
www.suedwind-institut.de
Auteur
Lara Ertener
Maquette
Isabel Sommer/Till Rockenbauch
Crédits photos
Pages 2, 2, 5, 8, 11  _SÜDWIND/Bettina Jahn
Situation:
Juillet 2012
La GIZ est responsable des contenus de la présente documentation.
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