Le commerce du cacao - Défis en Côte d`Ivoire - SÜDWIND
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Le commerce du cacao - Défis en Côte d`Ivoire - SÜDWIND
Le commerce du cacao Défis en Côte d’Ivoire 27 juin 2012, Bonn Documentation de la conférence Toile de fond La Côte d’Ivoire est le principal fournisseur de cacao brut du marché allemand. Dans ce contexte, les transformateurs de cacao et fabricants de chocolat ainsi que le commerce de détail alimentaire sont confrontés à de grands défis: l’instabilité politique, la fragmentation et l’opacité des chaînes d’approvisionnement, le manque d’organisation des petits producteurs et la chute des prix réels du cacao sur le marché mondial ont réduit une grande partie des petits producteurs de cacao à la pauvreté. La situation sociale a atteint un point critique: de nombreux producteurs n’investissent plus dans le renouvellement de leurs plantations, voire envisagent d’abandonner complètement la culture du cacao pour se tourner vers des cultures plus lucratives. Le but de la conférence était de mieux cerner et de soumettre au débat la situation actuelle en Côte d’Ivoire, les transformations et les réformes les plus récentes affectant le secteur du cacao ainsi que les approches existantes et nouvelles visant à pérenniser la chaîne de valeur. L’organisateur SÜDWIND e.V. ainsi que les projets sectoriels « Politique agricole et sécurité alimentaire» et «Normes sociales et environnementales» de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH s’intéressent depuis longtemps déjà à différents aspects de cette thématique. Le contenu de la conférence a été défini en concertation avec le forum «cacao durable» tout récemment créé. Entre 2009 et 2012, SÜDWIND a publié plusieurs études sur les problèmes sociaux et écologiques dans les structures de production et de commerce internationales de la filière du cacao. La GIZ soutient sous diverses formes l’adoption et la mise en œuvre de normes sociales et environnementales et s’investit pour l’amélioration des conditions de vie des petits producteurs dans le secteur du cacao. Elle promeut en outre des «modèles entrepreneuriaux conçus au bénéfice de tous», qui intègrent les petits producteurs à des chaînes de valeur durables pour les rendre plus fiables et concurrentiels. La question au cœur de la conférence était de savoir quels sont actuellement les défis et les opportunités pour établir de nouvelles relations plus confiantes entre les consommateurs, les fabricants de sucreries, les acheteurs de cacao brut et les producteurs de cacao. [liste des participants] 2 Le déroulement de la conférence Accueil des participants Accueil et mots de bienvenue: Martina Schaub (SÜDWIND), Ingo Melchers (GIZ) 1 | Le cadre 1.1 Le forum «cacao durable»: motivation, mode de fonctionnement, objectifs [Powerpoint] Dr Eberhard Krain est un collaborateur du Eberhard Krain expose les objectifs du forum projet sectoriel «Normes sociales et environ- «cacao durable», qui regroupe des entreprises nementales» de la GIZ responsable pour tout allemandes et leurs fédérations, des minis- ce qui concerne les normes de durabilité dans tères, des ONG, des organismes compétents l’agriculture, en particulier pour le café, le ca- pour l’élaboration de normes, des syndicats et cao et le thé. Il a œuvré pendant plus de vingt des institutions scientifiques. Afin de promou- ans dans des projets agricoles et ruraux de la voir la réalisation de l’objectif qui est de péren- coopération au développement en Afrique et niser la cacaoculture, les participants au forum en Asie, le plus souvent pour le compte de la ont la volonté de coopérer, d’échanger leurs Deutsche idées et de coordonner des projets. Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Son attention se porte en particulier sur le développement et la promotion de chaînes de valeurs globales. 3 1.2 L’importance de la Côte d’Ivoire pour le marché allemand [Powerpoint] Friedel Hütz-Adams est collaborateur scientifique à l’institut SÜDWIND depuis 1993. Entre 1997 et 2001, il était en outre responsable des relations publiques pour la campagne intitulée en allemand «Erlassjahr 2000 – Entwicklung braucht Entschuldung» (Jubilé 2000 - Le désendettement au service du développement). Depuis le milieu de l’année 2001, il se penche au sein de SÜDWIND sur les tenants et aboutissants et sur les implications de la mondialisation. Friedel Hütz-Adams a rédigé plusieurs études sur le thème du cacao, dont une en 2012 intitulée «Vom Kakaobaum bis zum Konsumenten. Die Wertschöpfungskette von Friedel Hütz-Adams décrit et met en lumière la grande importance de la Côte d’Ivoire pour les fabricants allemands de cacao et de chocolat. Face aux vastes problèmes sociaux et écologiques rencontrés dans la cacaoculture, ces fabricants allemands sont eux-mêmes confrontés à de sérieux problèmes, dans la mesure où le contexte politique dans lequel évoluent les petits producteurs et les entreprises en Côte d’Ivoire a souvent été difficile par le passé. Mais ce contexte s’améliore à l’heure actuelle, car le gouvernement a lancé un vaste processus de réforme dans le secteur du cacao. Schokolade» (Du cacaoyer au consommateur. La chaîne de valeur du chocolat). 2 | La situation de la cacaoculture en Côte d’Ivoire 2.1 | La situation actuelle en Côte d’Ivoire [Powerpoint] Jacques Aboulé prépare un diplôme à l’École part active aux travaux de plusieurs commis- supérieure de commerce d’Abidjan. Depuis sions qui se penchent sur la réforme de la 1997, il a occupé plusieurs fonctions de direc- filière café-cacao. tion dans l’industrie de transformation ainsi que dans le commerce international du café et du cacao. Depuis 2005, il travaille en qualité de consultant et de formateur dans les domaines du développement local durable et de l’optimisation des exportations. Depuis mars 2012, il assure le renforcement des capacités de groupements de producteurs certifiés FLO en qualité de conseiller en commerce équitable pour le programme «cacao» en Côte d’Ivoire. Jacques Aboulé est aussi directeur de l’Union Jacques Aboulé explique l’évolution de la cacaoculture en Côte d’Ivoire et évoque les problèmes existant actuellement dans le secteur. Il discerne toute une série d’opportunités susceptibles d’améliorer sensiblement la situation. Mais encore faut-il que ces opportunités soient saisies par les divers acteurs intervenant sur le marché, que ce soient les autorités gouvernementales, les ONG ou les entreprises. des Coopératives exportatrices de Café Cacao de Côte d’Ivoire (UCOOPEXCI) et a pris une 4 2.2 | Défis en matière de pérennisation de la cacaoculture [Powerpoint] Achim Drewes est responsable des affaires Achim Drewes fait un tour d’horizon des pro- publiques chez Nestlé Allemagne. À ce titre, il blèmes auxquels l’entreprise Nestlé se trouve s’occupe notamment de la mise en œuvre de confrontée en Côte d’Ivoire. Puis il présente le projets globaux de durabilité de l’entreprise plan d’action de Nestlé qui doit aider à maîtri- pour le marché allemand ainsi que de la com- ser ces problèmes. L’objectif est entre autres munication entre les acteurs. Avant son entrée de rationaliser la chaîne d’approvisionnement en fonctions chez Nestlé, Achim Drewes a et d’acheter de plus grandes quantités de ca- travaillé pour le Deutscher Industrie- und Han- cao en partie certifié et ayant une meilleure delskammertag (Fédération des chambres de traçabilité. commerce et d’industrie allemandes), dont plusieurs années passées à l’étranger. 2.3 | Discussion avec Jacques Aboulé et Achim Drewes Animation: Dr Heidi Feldt Les plans évoqués par Nestlé pour améliorer rendements induit une plus grande attractivité les rendements dans la cacaoculture, appelés de la filière cacao, entraînant du même coup Cocoa Plans, ont suscité parmi l’auditoire des une réduction de l’exode des jeunes vers les questions sur les moyens de faire face aux villes. Un autre point critique qui a été signalé besoins de main-d’œuvre accrus induits par est qu’un accroissement général des rende- une augmentation de la production. Vu la pé- ments risque aussi de faire baisser les prix. nurie de main-d’œuvre qui existe déjà dans les régions cacaoyères, la question se pose de savoir si le problème du travail des enfants et des travailleurs migrants risque d’être accentué. Une personne dans l’assistance a par ailleurs insisté sur l’importance d’une diversification des produits cultivés, car elle pourrait réduire la dépendance des paysans vis-à-vis de la cacaoculture. En réponse, il a été souligné Il a été répondu que la hausse des besoins de qu’une hausse des rendements à l’hectare main-d’œuvre ne serait que de courte durée, tend plutôt à favoriser la diversification, car les l’objectif étant d’accroître la productivité et de paysans peuvent ainsi utiliser une partie de réduire à long terme le volume de travail né- leurs surfaces pour la culture d’autres produits. cessaire. De surcroît, une amélioration des De gauche à droite : Jacques Aboulé, Heidi Feldt et Achim Drewes 5 3 | Approches visant à pérenniser les relations d’affaires 3.1 | Impulsion: les modèles entrepreneuriaux conçus au bénéfice de tous, une nouvelle perspective dans le secteur du cacao? [Powerpoint] Margret Will est consultante indépendante Margret Will préconise un ancrage de la cultu- pour la promotion du secteur privé (chaînes de re du cacao et d’autres produits agricoles dans valeur agricoles et agroalimentaires, pôles de le contexte du développement durable. Une développement industriel, modèles entrepre- contribution dans ce sens peut être apportée neuriaux conçus au bénéfice de tous) et les par les «modèles entrepreneuriaux conçus au normes de sécurité alimentaire et de durabilité. bénéfice de tous» qui, sur la base d’une de- Mme Will est agent commercial import-export mande concrète et d’une relation d’affaires et agro-économiste spécialisée en horticulture. économiquement viable, optimisent les avan- Elle a plus de vingt ans d’expérience dans des tages économiques et sociaux et intègrent les pays en développement et en transition en petits producteurs dans des chaînes de valeur Afrique, en Amérique latine et en Europe orien- durables. Des modèles innovants garantissant tale, comme collaboratrice de l’ex GTZ et de d’une part l’accès à la matière première et sociétés d’études et de conseil et, durant plus contribuant d’autre part à améliorer la situation de dix ans, comme consultante indépendante. des petits producteurs pourraient être aussi Elle est l’auteur et éditeur de plusieurs ou- intéressants pour tous les acteurs de chaîne vrages sur le thème du développement éco- d’approvisionnement dans la filière du cacao. nomique régional et communal ainsi que sur les normes de sécurité alimentaire et de durabilité. 3.2 | Chances, risques et conséquences de la certification [Powerpoint] Jonas Mva Mva est né au Cameroun et a Crops Program, STCP). Depuis 2010, il dirige œuvré durant de longues années au service le programme cacao de la « Sustainable Trade de l’organisation «Catholic Relief Services» Initiative» (IDH). (CRS) dans divers projets de développement Face à la demande accrue de cacao, M. Mva en Afrique centrale (Tchad, Cameroun, Guinée Mva juge nécessaire d’accroître sensiblement équatoriale, République centrafricaine). Il a le rendement des plantations grâce à de meil- dirigé INADES Formation au Cameroun, un leures méthodes de récolte. Des systèmes de organisme qui s’investit dans la formation des certification peuvent aider à dispenser les apti- adultes, les programmes de formation du sec- tudes requises aux paysans et renforcer leur teur agricole et le développement rural. Il a position sur le marché. Mais on manque de également créé une ONG appelée ODECO moyens pour cibler les producteurs sur tout le (Organisme de développement, d’étude, de territoire. Une option est de réduire les coûts formation et de conseil) et a œuvré dix ans au grâce à la création de manuels communs par Cameroun pour le programme de développe- les principaux certificateurs, un objectif réalisé ment des cultures pérennes (Sustainable Tree 6 avec des entreprises et la GIZ dans le projet Certification Capacity Enhancement (CCE). 3.3 | Renforcement des agriculteurs en tant qu’entrepreneurs et configuration des relations d’affaires Farmer Business Schools [Powerpoint] Dr Annemarie Matthess est consultante et cacao et d’autres cultures. Le projet entend chef d’équipe au sein du programme pour une ainsi promouvoir la sécurité alimentaire, aider cacaoculture durable mis en œuvre au Ghana, à garantir les revenus et améliorer la qualité de en Côte d’Ivoire, au Nigéria et au Cameroun. vie des producteurs et productrices de cacao. Elle travaille depuis 1988 au service de la GIZ, dont plus de 20 ans en Afrique. Actuellement, son principal domaine d’activité est le renforcement, dans les pays sus-indiqués, des capacités des organisations partenaires à organiser des formations entrepreneuriales pour des petits paysan(ne)s. L’objectif du projet est de les qualifier pour une participation active dans des chaînes de valeur globales (cacao) et locales (produits vivriers), et de faire qu’ils soient à même d’accroître et de diversifier, par des investissements, leurs revenus issus du Annemarie Matthess présente l’approche des Farmer Business Schools mise au point par la GIZ. L’élément déclencheur de ce projet était la nécessité, face aux revenus souvent bas des paysans, d’améliorer leur formation afin qu’ils puissent dégager des gains plus importants de la cacaoculture tout en diversifiant leurs sources de revenus grâce à la culture d’autres produits agricoles. En outre, on travaille actuellement à la mise en place de services financiers innovants pour les pay- san(ne)s. PRODEMIR [Powerpoint] Andrea Wilhelmi-Somé travaille pour la GIZ du cacao sont actuellement mis en œuvre en depuis 2004, d’abord au Burkina Faso comme coopération avec l’industrie chocolatière. directrice de la composante «Promotion des chaînes de valeur» au sein du programme de développement agricole, et actuellement en Côte d’Ivoire où elle dirige le programme «Développement économique en milieu rural et biodiversité» (PRODEMIR). L’objectif du PRODEMIR est d’aider la population à exploiter le potentiel économique de ses ressources naturelles locales tout en préservant au mieux la biodiversité. Le programme a également une composante visant à promouvoir les actions PPP, dans laquelle quatre projets de la filière Andrea Wilhelmi-Somé expose les problèmes qui gravitent autour du parc national de Taï en Côte d’Ivoire. Suite à un fort afflux de populations nouvelles dans les régions voisines dont les forêts ont pratiquement disparu, la survie de la réserve de biosphère paraît compromise. L’adoption de méthodes d’exploitation améliorées par les petits agriculteurs vivant aux alentours et qui pratiquent entre autres la cacaoculture pourrait réduire la pression s’exerçant sur le territoire du parc national et améliorer la situation des paysans. Afin d’y parvenir, la GIZ 7 réalise déjà plusieurs projets en coopération avec de petits paysan(ne)s et des entreprises. 3.4 | Le modèle d’affaire d’ECOM [Powerpoint] Cédric van Cutsem travaille à Abidjan en belge, Cédric van Cutsem est titulaire d’un qualité de directeur pour le cacao durable chez master en sciences commerciales. Ecom Agroindustrial Corp. Il surveille entre autres le lancement de plusieurs initiatives d’ECOM en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigéria et au Cameroun, et est responsable pour les relations avec les différents partenaires des projets. Auparavant, il était en activité au siège d’ECOM en Suisse où il avait la responsabilité pour deux pays, le Ghana et le Nigéria, et pour des produits spéciaux dont le cacao certifié. En 2005, il lance au Nigéria et dirige durant trois Cédric van Cutsem décrit les problèmes auxquels est confronté l’ensemble de la filière suite à la demande croissante de cacao jointe à une concurrence accrue par d’autres produits cultivés et à la paupérisation des petits producteurs. Dans le cadre de plusieurs projets pilotes, son entreprise a tenté d’améliorer la situation par un contact direct avec les agriculteurs au moyen d’actions de formation, et désire maintenant étendre ces projets pilotes. ans des opérations d’ECOM. De nationalité De gauche à droite: Bintou Ohin, Andrea Wilhelmi-Somé, Annemarie Matthess, Heidi Feldt, Cédric van Cutsem et Margret Will 8 3.5 | Discussion plénière avec Margret Will, Jonas Mva Mva, Dr Annemarie Matthess, Andrea Wilhelmi-Somé et Cédric Cutsem Animation: Dr Heidi Feldt Suite à une question de l’auditoire concernant du cacao expliqueraient que ce secteur ne soit la coordination des nombreux projets dans la plus pour les gens une possibilité d’emploi leur filière du cacao, il y a eu une brève présenta- permettant de nourrir une famille. tion du Conseil Café Cacao (CCC), plateforme de dialogue mise en place par le gouvernement ivoirien et devant bénéficier entre autres de l’appui de la GIZ. La question a en outre été posée de savoir si, au-delà de la discussion sur de nouveaux types de modèles entrepreneuriaux, il ne fallait pas discuter également des prix et de leur importance pour le secteur. Il a été observé qu’il n’y a pas de pénurie de main-d’œuvre dans les régions cacaoyères d’Afrique de l’Ouest compte tenu du taux de chômage élevé, et que la faible attractivité de la cacaoculture est plutôt liée au faible niveau de rémunération. Les maigres salaires préva- Un autre problème évoqué est le fait que les programmes de formation pour les agriculteurs s’adressent le plus souvent à des petits producteurs exploitant leurs propres terres. Mais dans la mesure où, en Côte d’Ivoire, la plupart des agriculteurs sont des fermiers à bail, ces programmes tiendraient à l’écart une large part des personnes et groupes concernés. Il a été constaté qu’une professionnalisation et une mécanisation du processus cultural sont nécessaires afin d’induire un allègement du travail des agriculteurs. Ont été mentionnés à titre d’exemples la fermentation et le séchage collectifs des fèves de cacao. lant depuis de longues années dans le secteur 4 | Faciliter l’intégration : défis posés aux acteurs de la chaîne de valeur Animation: Dr Heidi Feldt Bintou Ohin est depuis 2005 secrétaire géné- Dr Ludger Breloh est depuis 2008 directeur rale du GEPEX, le Groupement professionnel de la division «Achats stratégiques de fruits et des exportateurs de café et de cacao, qui re- légumes bio / Approvisionnements durables» groupe quelque 15 sociétés exportant 75 % du au sein du groupe REWE, l’un des plus grands café et cacao ivoirien. Le GEPEX est un grou- groupes allemands de commerce de détail. De pement privé qui défend les intérêts de ses 1985 à 1987, il a officié en qualité d’assistant adhérents et fait fonction d’intermédiaire entre technique auprès du ministère de l’Agriculture l’État et les exportateurs ainsi que les autres en Équateur. Il a créé deux sociétés, la «Lan- acteurs de la filière café-cacao. Cet organisme dlinie GmbH» et la «Breloh Bauern KG», qui est l’interlocuteur de l’État pour tout ce qui gèrent la culture et la commercialisation de concerne les réformes et les mesures devant produits bio. Après s’être séparé de ces deux être prises dans cette filière. entreprises en 1995, il devient conseiller de la REWE Zentral AG à Cologne début 1996 et 9 est associé à ce titre à la création de deux d’héritiers. D’autres pertes sont à redouter du marques bio : «Füllhorn» (qui deviendra plus fait que les arbres sont déjà trop vieux et que tard «REWE Bio ») et «Naturgut». de nouveaux arbres ne peuvent être plantés Ingmar Streese est depuis 2008 directeur des programmes et partenariats mondiaux chez Mars Inc., l’un des leaders sur le marché mondial des produits chocolatés. Depuis avril 2011, il est compétent pour le développement et la gestion de programmes avec des partenaires externes dans le domaine de la durabilité. Par ailleurs, il est membre du comité directeur de l’Initiative internationale sur le cacao (ICI) et de Caobisco, l’Association des industries de la chocolaterie, biscuiterie et confiserie de l’UE. en raison de problèmes de financement. Un grand nombre de paysans qui exploitent leurs propres terres ont déjà converti leurs plantations de cacaoyers en plantations de caoutchouc, plus lucratives. À ce niveau, la supposition a été émise que même les fermiers à bail, pour la plupart des migrants, se convertiraient à la culture du caoutchouc s’ils avaient un droit garanti pour exploiter les terres qu’ils louent et modifier à loisir l’exploitation qu’ils en font. Dans ce contexte, il a été également souligné que l’industrie souhaite vivement créer des Friedel Hütz-Adams, Institut SÜDWIND (pour incitations pour les agriculteurs et conjuguer la de plus amples informations voir 1.2) hausse de la productivité des cacaoyers avec Andrea Wilhelmi-Somé, GIZ (pour de plus une diversification des cultures. C’est là le seul amples informations voir 3.2) moyen de faire en sorte que les paysans puissent continuer à produire du cacao, maintenir l’étendue des surfaces cultivées et satisfaire la D’emblée, il a été unanimement constaté qu’il demande des consommateurs. y a eu ces dernières années une évolution franchement positive au niveau de la certifica- Les fluctuations extrêmes du prix du cacao tion et de l’engagement du secteur privé. soulignent l’importance, pour les agriculteurs, Le problème du droit foncier rural en Côte d’Ivoire a été de nouveau soulevé avec force. Le constat est que la clarification des droits de propriété est d’une haute importance afin que des progrès puissent être induits dans la filière du cacao. Tant que les questions du droit foncier ne seront pas clarifiées, les paysans ne pourront pas obtenir des crédits ni planter de nouveaux cacaoyers ou d’autres cultures. d’une plus forte diversification des cultures. Mais la nécessité d’une stabilisation des prix a aussi été évoquée. Le gouvernement ivoirien devrait pouvoir assumer un rôle important à ce niveau. Un aspect qui a aussi été souligné à maintes reprises est l’importance d’une coopération étroite entre les nombreux programmes existants, ainsi que la nécessité d’un débat sur le prix du cacao. Une structure des prix avisée en amont de la chaîne de valeur pourrait don- Il a été souligné que, même si la demande de ner des impulsions afin que la cacaoculture en cacao augmente, il existe un risque de voir les Côte d’Ivoire redevienne attractive pour toutes surfaces cultivées diminuer dans la mesure où les parties: le commerce, les transformateurs les paysans sont souvent âgés et n’ont pas et les petits producteurs. 10 De gauche à droite: Ingmar Streese, Bintou Ohin, Heidi Feldt, Andrea Wilhelmi-Somé, Friedel Hütz-Adams, Dr. Ludger Breloh 5 |Allocution de clôture Ingo Melchers (GIZ) Dans son allocution de clôture, Ingo Melchers sés des intervenants de Côte d’Ivoire ont don- (GIZ) a remercié les intervenants et tous les né un excellent aperçu des opportunités et participants pour les exposés enrichissants et défis existant au niveau de la mise en œuvre les discussions fécondes. De son point de vue, concrète. Mais comme l’a aussi montré la dis- l’atmosphère coopérative était la preuve qu’il y cussion, il ne faut surtout pas sous-estimer a, dans la filière du cacao, une volonté accrue l’importance de la structure des prix et du de s’engager dans une action commune. Il est comportement des consommateurs à l’autre clair aussi qu’une modernisation du secteur du bout de la chaîne. Car du côté de la demande, cacao, où prédominent actuellement les petits des impulsions importantes peuvent être don- producteurs, est inéluctable si l’on veut induire nées pour des processus de changement tout les gains de productivité et de qualité néces- au long de la chaîne de valeur. Dernier point saires afin d’assurer aux petits agriculteurs important selon Ingo Melchers: dans la discus- l’accès à des débouchés et donc à des bases sion sur l’avenir de la filière du cacao, le rôle d’existence fiables. Sans nul doute, ce néces- de l’État doit toujours être gardé à l’esprit. saire changement structurel a des incidences L’État en effet a un rôle essentiel à jouer pour positives mais aussi négatives, comme par ex. la mise en place de conditions d’ensemble l’éviction des maillons les plus faibles de la propices. C’est vrai pour la question du droit chaîne de valeur. Précisément pour cette rai- foncier actuellement en suspens en Côte son, il est essentiel, afin d’assurer la durabilité d’Ivoire comme pour l’association intelligente de l’ensemble de la chaîne, de s’intéresser de d’approches pour la promotion de l’agriculture plus près à la question de savoir comment et de l’économie avec des mesures de protec- l’autonomisation sociale et économique des tion sociale. C’est ainsi seulement que le né- petits paysans peut être promue dans le cadre cessaire changement structurel pourra être de relations commerciales directes. Les expo- aménagé sous une forme socialement accep11 table et que pourront être amorties les implica- particulièrement vulnérables. tions négatives pour les groupes de population Publié par: Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Projet sectoriel « Politique agricole et sécurité alimentaire » Sièges de la société Bonn et Eschborn Friedrich-Ebert-Allee 40 53113 Bonn (Allemagne) T +49 228 44 60-0 F +49 228 44 60-17 66 Dag-Hammerskjöld-Weg 1-5 65726 Eschborn (Allemagne) T +49 6196 79-0 F +49 6196 79-1115 [email protected] www.giz.de SÜDWIND e.V. - Institut für Ökonomie und Ökumene Lindenstr. 58-60 53721 Siegburg (Allemagne) Tél.: +49 - (0)2241 - 259735 Fax: +49 - (0)2241 - 51308 [email protected] www.suedwind-institut.de Auteur Lara Ertener Maquette Isabel Sommer/Till Rockenbauch Crédits photos Pages 2, 2, 5, 8, 11 _SÜDWIND/Bettina Jahn Situation: Juillet 2012 La GIZ est responsable des contenus de la présente documentation. 12