ce que contient l`ébauche de compromis proposé à David Cameron
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ce que contient l`ébauche de compromis proposé à David Cameron
« Brexit » : ce que contient l’ébauche de compromis proposé à David Cameron Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a présenté, mardi, l’esquisse d’un compromis censé prévenir la sortie de l’UE du Royaume-Uni. « Etre ou ne pas être ensemble, telle est la question. » C’est par cette formule shakespearienne que le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé, mardi 2 février à la mi-journée, ses « propositions pour un nouvel accord avec le Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE) ». S’il demande encore à être validé par ses partenaires, ce préaccord est présenté par le gouvernement de David Cameron comme un succès, qui devrait conduire le premier ministre à faire campagne pour le maintien de son pays dans l’UE en vue d’un référendum, probablement organisé le 23 juin. « Il semble qu’un accord soit en vue, a déclaré, mardi après-midi, le secrétaire d’État britannique chargé des affaires européennes, David Lidington, devant les Communes. Mais « il y a encore beaucoup de travail à faire avant que nous puissions dire qu’un accord satisfaisant est assuré ». De fait, si l’essentiel des demandes britanniques a été traité et déminé pour permettre à M. Cameron de se présenter en vainqueur devant les électeurs et maximiser les chances d’un maintien du Royaume-Uni dans l’Union, bien des points à haute sensibilité politique restent à négocier, au moins jusqu’au Conseil européen des 18 et 19 février. C’est alors que les 27 partenaires du Royaume-Uni devraient formellement accepter les nouveaux termes de sa relation avec l’UE, dont voici les principaux points annoncés mardi par Donald Tusk. Pas d’intégration plus poussée dans l’Union Les Britanniques souhaitent être exemptés de l’engagement de construire « une union toujours plus étroite ». Ils considèrent que cette clause du traité de Rome de 1957 engage à marche forcée une intégration politique qu’ils refusent. Le préaccord, annoncé mardi, ne leur donne pas entièrement satisfaction sur ce point et ouvre la voie à la constitution de deux cercles de pays au sein de l’Union. Il rappelle que « l’union toujours plus étroite » vise à « promouvoir la confiance et la compréhension entre les peuples de l’Europe » et non une intégration politique. Ainsi, la référence à cet objectif commun est « compatible » avec la possibilité pour les différents Etats membres de « suivre des chemins différents d’intégration » et « ne les oblige pas tous à viser une destination commune ». Spécifiquement, le texte reconnaît, par le biais d’une déclaration, que le Royaume-Uni, « à la lumière de sa situation spécifique », n’est « pas engagé à une intégration plus poussée » dans l’Union. Cette exception britannique en la matière devrait même être incluse dans le traité européen lors d’une prochaine révision, à une date encore incertaine. Des droits nouveaux pour les Parlements nationaux Le préaccord rappelle le principe de subsidiarité destiné à faire en sorte que les décisions soient prises « aussi près que possible des citoyens ». Il ouvre un droit nouveau aux parlements nationaux. Si 16 des 28 Parlements des États de l’Union (soit 55 % du total de leurs sièges) s’accordent pour contester un projet de législation européenne qu’ils estiment contraire au principe de subsidiarité, leur démarche déclenchera une « discussion approfondie » au Conseil européen où siègent les représentants des États. Ces derniers pourront retenir le texte contesté jusqu’à ce qu’il tienne compte des observations des parlementaires nationaux. Un nouveau mécanisme pour contester les décisions de la zone euro Le Royaume-Uni veut avoir son mot à dire dans toute décision des pays de la zone euro ayant un impact sur les non-membres comme le Royaume-Uni. Londres veut s’assurer qu’aucune décision des 19 Etats ayant adopté l’euro ne nuise à l’activité de la City, première place financière européenne. Donald Tusk, le président du Conseil européen, pose le principe d’un « respect mutuel » entre les Etats des deux catégories. Alors que Londres souhaite faire reconnaître que l’UE a « plusieurs monnaies », le préaccord rappelle que « l’objectif de l’Union est de créer une union économique et monétaire dont la monnaie est l’euro ». Il déclare que les pays non membres de la zone euro « ne créeront pas d’obstacles » à un approfondissement de cette union. A l’inverse, les Etats ayant adopté l’euro « respecteront les droits et les compétences » des autres. Au-delà de ces intentions, le texte propose un nouveau mécanisme destiné à permettre au Royaume-Uni de contester les décisions de la zone euro qu’il juge contraire à ses intérêts. Si un certain nombre (qui reste à négocier) de pays non membres de la zone euro contestent une décision du Conseil européen « à une majorité qualifiée », ce dernier devra mettre le sujet en discussion pour parvenir à une « solution satisfaisante ». Actuellement, neuf Etats membres n’utilisent pas l’euro, dont deux – le Royaume-Uni et le Danemark – n’ont pas vocation à l’adopter. Ce mécanisme « ne constitue pas un droit de veto et ne pourra retarder des décisions urgentes » en cas de crise financière, a assuré M. Tusk, répondant à une crainte exprimée par la France. Les conditions précises de sa mise en œuvre demandent à être détaillées lors des négociations qui se poursuivront au moins jusqu’au Conseil européen des 18 et 19 février. La possibilité d’actionner un « frein d’urgence » en matière de libre circulation et d’immigration Bruxelles rejette la revendication initiale de M. Cameron, qui réclamait le droit pour son seul pays de priver d’allocations sociales les ressortissants des autres pays européens s’installant au Royaume-Uni pendant les quatre premières années de leur séjour. Cette revendication initiale a été récusée par les autres pays comme « discriminatoire ». Le préaccord admet cependant que le Royaume-Uni, mais aussi les 27 autres pays, puissent actionner un « mécanisme de sauvegarde », baptisé « frein d’urgence » par les médias britanniques. Ce mécanisme aboutirait à suspendre les allocations des Européens expatriés, dans le cas où ces Etats prouveraient que leurs services publics subissent une pression exceptionnelle du fait des arrivées. Concession majeure, la Commission considère que « les informations fournies » par Londres montrent que ce type de situation exceptionnelle « existe aujourd’hui au Royaume-Uni ». Reste à préciser quelle instance autorisera à l’avenir l’usage de ce « frein d’urgence » par d’autres États, à quelle condition et pour quelle durée : David Cameron revendique sept ans. Bruxelles souhaite qu’un accord du Conseil européen soit nécessaire. M. Cameron voudrait s’en passer. La restriction des droits ne pourra pas s’appliquer plus de quatre ans à un individu donné, selon les autorités européennes, et ne visera que les nouveaux arrivants. Bizarrement, elle devrait introduire une nouvelle différence de traitement entre non-Européens et Européens au détriment de ces derniers. Enfin, le préaccord reprend des éléments de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union à propos du recours abusif aux prestations sociales par des chômeurs européens installés dans un pays de l’Union dont ils n’ont pas la nationalité. Le droit des États à limiter leurs droits sociaux est confirmé. « La libre circulation des travailleurs peut être restreinte par des mesures proportionnelles aux buts légitimes poursuivis », indique le texte. De même, les États sont autorisés à limiter ou refuser les droits de ressortissants européens ayant contracté un mariage de complaisance avec des non-Européens. Enfin, la possibilité très controversée au Royaume-Uni pour les « migrants européens » de percevoir des allocations familiales pour leurs enfants restés dans leur pays d’origine à moindre niveau économique, est solidement encadrée : le montant de ces prestations pourra être « indexé » sur le niveau de vie du pays de l’UE où ces enfants résident. Source :© « Brexit » : ce que contient l’ébauche de compromis proposé à David Cameron