julien - Bien Boire en Beaujolais

sunier
rêveur éveillé
3 ha en Régnié, Morgon, Fleurie
Label AB en 2012
100 % de vente directe
Signe particulier : vigneron agriculteur
L
a main posée sur son verre de Morgon, Julien vous
jure qu’il vit « à fond » le Beaujolais, plus que la
Bourgogne d’où il est pourtant natif. Il vous parle
de « canons » en parlant des ses Gamays. Son credo ? « La
bouteille est bonne quand elle est vide ! ». Sylvie, qui partage sa vie, apprécie son enthousiasme naturel : « Julien
est un optimiste passionné. Il n’a pas peur de l’avenir »,
précise cette fille de vigneron bourguignon. « Si tu te
poses trop de questions, tu n’avances pas », résume celui
qui est revenu au Beaujolais après avoir travaillé sur une
propriété de la grande maison de vin Momessin entre
2003 et 2007. Grâce à sa polyvalence et à son expérience
et malgré son « simple » BTS, il a été préféré à des œnologues pour en diriger les quinze hectares. Quatre ans
et demi à vinifier au cuvage de Monternot des Côte de
Brouilly, Morgon, Fleurie, Juliénas et autres Saint-Amour.
Voilà de quoi appréhender la région par ses fleurons.
Choisissant aussi les fournisseurs, il allait aux vignes chez
les autres producteurs : « Du coup, j’ai capté ce qui se passait dans le coin ». Il était aussi le soutien technique des
commerciaux de la marque en partant trois mois par an
à l’étranger. C’est à ce moment-là qu’il se rend compte du
potentiel commercial du Gamay. L’amorce est posée.
Le détonateur sera la rencontre avec des producteurs de
vins natures (mouvement que Jules Chauvet avait créé au
début du XXe siècle). Pour autant, Julien aime tout sauf
être mis dans des cases. Il se réserve le droit de sulfiter
quand cela lui semble nécessaire. Autre exemple, le logo
AB de la certification biologique apparaîtra à partir du
millésime 2012, mais discrètement, en noir et blanc…
En s’installant sur sa petite structure en 2008, il était sûr
qu’il pourrait faire du bio mais surtout bien travailler ses
vignes. Avec trois hectares exploités en fermage sur trois
appellations aux ceps quarantenaires (Régnié, Morgon,
Fleurie), il peut bichonner ses ceps comme il le fait avec
son jardin potager. D’ailleurs, l’agriculture l’intéresse.
Attenant à sa ferme vigneronne, 2,5 hectares de forêts
servent au bois de chauffage. Attendent encore 4,5 hectares de prés déjà classés en bio. Selon lui : « La vie est
courte » et, avec déjà quinze millésimes à son actif, il se
voit bien planter ses prés de seigle mais aussi d’orge afin
d’élaborer une bière artisanale. Forcément biologique.
Avec sa petite surface, ses rendements en vins modestes
et son choix de vie, il ne pouvait que commercialiser la
totalité de sa production en bouteilles. Cette insouciance
enfantine, Julien la caractérise en se résumant en une
phrase : « La vie est un jeu. Il faut mettre en pratique
le rêve ». À vingt ans, il voulait être vigneron, il l’est. Il
voulait avoir sa ferme, il l’a et l’agriculture le branche…
Son potager est énorme. En 2011, les vendangeurs ont été
nourris uniquement avec les produits du potager. Mais
qu’on ne lui parle pas de décroissance. Il a une adresse
électronique et un numéro de portable. C’est que le bonhomme a des clients qui viennent de très loin goûter ses
vins, il ne faudrait pas qu’ils se perdent en route. Paradoxalement, c’est à Beaune qu’il vend le plus de vin par
l’entremise des restaurants et des bons cavistes. Ils lui ont
apporté une clientèle internationale et des importateurs
comme les Japonais, les Australiens ou encore les Américains. Le potentiel de son grand corps de ferme lui a
donné l’envie de développer l’œnotourisme, comme une
évidence. Ses racines sont là, dans sa ferme des Noisetiers, son bout du monde.
Son père rêvait de voir son garçon pérenniser son salon
de coiffure dijonnais… Alors, quant à dire à son futur
enfant qu’il reprendra les vignes, Julien jette un : « Laissons-le déjà avoir sa vie. On verra plus tard. » C’est vrai
que la vie de Julien va plus vite que le vin. Vous avez dit
enthousiaste ?
«
La bouteille est
bonne quand elle
est vide !
»
f leu r i e • m o r g o n • rég n ié
julien
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