A propos d`Emmanuel ROBLES

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A propos d`Emmanuel ROBLES
A propos d’Emmanuel ROBLES
Biographie
Emmanuel Roblès est né à Oran, en Algérie, dans une famille ouvrière, le 4 mai
1914. Son père, parti travailler au Maroc à la construction d'un hôpital militaire, meurt
du typhus quelques mois avant sa naissance et le jeune Roblès grandit à Oran
entouré de sa mère, de son frère aîné Lucien et de sa grand-mère maternelle.
L'absence du père restera une dominante dans son œuvre littéraire.
Il est reçu à l'Ecole Normale d'Alger et le charme de cette ville le retient, il s'y fixera
un peu plus tard. A l'Ecole Normale il a pour condisciple Mouloud Feraoun. Durant
son service militaire à Alger il se lie aux jeunes écrivains groupés autour du libraireéditeur Edmond Charlot. Il s'inscrit à la Faculté des Lettres pour préparer une licence
d'espagnol tout en collaborant à "l'Alger républicain" dont Albert Camus est rédacteur
en chef.
La guerre oblige Emmanuel Roblès à cesser ses études et il devient interprète
auxiliaire de l'armée, puis officier interprète jusqu'à ce que le général Bouscat,
commandant l'air en Afrique du nord, le nomme correspondant de guerre en 1943.
La guerre finie il s'efforce de vivre de sa plume à Paris et collabore à divers
quotidiens et hebdomadaires: Le Populaire, Gavroche, Combat, Aviation Française,
etc. Repris pas la nostalgie d'Alger, il y retourne en 1947 et fonde une revue littéraire,
"Forge", qui demeure la première tentative sérieuse de synthèse franco-nord
africaine. Parmi les signatures de collaborateurs, on trouve en particulier celles de
Mohammed Dib, Yacine Kateb, Jean Sénac, Ahmed Séfrioui, Malek Ouary...
Durant cette année 1947, et sous le coup de l'émotion soulevée par les évènements
de mai 1945 en Algérie, il écrit "Les Hauteurs de la ville", roman qui obtient le Prix
Femina l'année suivante. Il écrit également sa première pièce "Montserrat". C'est un
titre provisoire, mais le manuscrit déposé à Paris entre les mains de Charles Dullin
est retenu par le Comité de l'Aide à la Première pièce sans qu'il ait le temps de lui
donner un titre définitif. L'oeuvre créée le même jour à Alger et à Paris (Théâtre
Montparnasse) obtient tout de suite un retentissement considérable. Elle a été
traduite à ce jour en une vingtaine de langues.
Emmanuel Roblès a été l'un des premiers à traduire les écrits poétiques de Federico
Garcia Lorca : Prologue (Alger, 1940, "Méditerranée") et Romances historiques
(Alger, 1942, "Poésie et théâtre"). De son séjour au Mexique en 1954, il rapporte le
thème de son roman "Les Couteaux" et de son voyage au Japon en 1957, celui de
son récit "L'homme d'Avril". Durant ces années là, Roblès fait jouer une autre pièce
"La vérité est morte" à la Comédie Française et publie un roman dont le succès est
très vif: "Cela s'appelle l'Aurore". Luis Bunuel en tire un film avec Lucia Bosé et
Georges Marchal pour principaux acteurs.
Il se passionne pour l'activité d'une compagnie théâtrale d'amateurs: "Le Théâtre de
la rue" dont il a été l'un des fondateurs. Pour cette compagnie, il écrit spécialement
une farce en trois actes intitulée "Porfirio".
De la même manière, il s’intéresse de très près aux problèmes de l'Education
Populaire et figure parmi ses animateurs et ses propagandistes les plus convaincus.
A Paris, il est membre du Comité directeur du mouvement "Peuple et culture".
Il dirige également aux éditions du Seuil une collection littéraire "Méditerranée" qui a
révélé des écrivains comme Mouloud Feraoun, Mohammed Dib, Vilallonga et Marie
Susini.
Il se tournera ensuite vers le cinéma: il collaborera avec Luis Bunuel pour Cela
s'appelle l'aurore et Lucchino Visconti pour l'adaptation de l'Etranger de Camus ainsi
que pour des dialogues et des adaptations télévisées.
Il sera élu membre de l'Académie Goncourt en 1973 au fauteuil de Roland Dorgelès.
Emmanuel Roblès est décédé en 1995 à Boulogne (Hauts de Seine). Sa pièce
Montserrat a été reprise au Festival d'Avignon en 1997. Ses oeuvres principales sont
aujourd'hui disponibles dans les collections de Poche.
Ce qu’ils ont dit de lui
La revue littéraire Oranaise "Simoun" de décembre 1959 a publié un numéro spécial
dédié à Emmanuel Roblès. Cette revue avait pour objectif de "livrer un panorama
des littératures nord-Africaines". De nombreux écrivains ont choisi de témoigner dans
ce numéro : amis ou simples admirateurs, connus ou moins connus, ils lui ont tous
rendu hommage.
Notre ami Roblès
L'Afrique commence aux Pyrénées. Voilà pourquoi Roblès est deux fois algérien,
unissant en lui, comme beaucoup d'entre nous, le sang espagnol et l'énergie
berbère. On sait assez que cela donne une race d'hommes qui se sent mal à l'aise
en métropole, mais devant qui, aussi bien, les métropolitains se sentent dans
l'inconfort. De même manière, cela donne des oeuvres particulières qui s'inscrivent,
bien sûr, dans la tradition française mais qui se distinguent aussi par un air de
barbarie, parfois subtile, parfois sans apprêts. Il y a ainsi dans les oeuvres de
Roblès, une brutalité, une virilité ostensible, et surtout une générosité qui explique
leur succès direct et devant lesquelles ne pèsent pas lourd les centaines de romans
qui se publient chaque année à Paris. Qui ne préfèrerait au robinet d'eau tiède d'une
certaine littérature l'oued, tantôt sec et pierreux, tantôt déchaîné ? Roblès, du moins,
sait ce qu'il a à dire. Il le sait et il le sent aveuglément, dans l'obscurité du sang.
L'homme aux prises avec la femme, l'honneur des humbles, la tragédie du devoir, la
passion jusqu'au sang, et tout cela plongé dans une grande et bonne chaleur
populaire, ce sont les thèmes d'une oeuvre que j'ai vu naître et qui a grandi comme
une plante vigoureuse sous les pluies et le soleil africains.
Albert Camus
L’homme de la rencontre
Emmanuel Roblès est bien l'homme de la rencontre. Nous le retrouvions soit dans la
rue, soit dans ses livres toujours le même, patient et contenu, prêt à reprendre la
conversation ou le dialogue au point où il l'avait laissé. C'est un écrivain qui lie, qui
renoue, qui rassure. Chacun de ses héros donne appétit de notre pauvre terre
quotidienne. Emmanuel Roblès nous rend au monde des hommes; il nous remet ce
que certains nous avaient arraché, ce droit imprescriptible au bonheur " qui éclaircit
le jugement ", cette salubre passion des êtres qui sont fidèles à la cause de ce
bonheur. Monde des hommes où l'amour ne grimace pas, où, quand le jour se lève,
cela s'appelle l'aurore, où les combats humbles et ceux qui sont valeureux ne sont
pas seulement menés par des rivaux " intendants de leur grandeur ". Emmanuel
Roblès sait, une fois pour toutes, que rien ne peut finir dans cette éternelle
empoignade humaine. La mort ne se dresse pas au bout comme un astre glacé. " In
my end is my begining ". A chaque instant, tout peut renaître de la cendre, de la
haine, de la fierté. C'est la leçon majeure de l'oeuvre d'Emmanuel Roblès qui prend
la garde même dans la colère ou dans le désespoir, de cette oeuvre gardienne du
matin, d'une émotion très ancienne, de la chaleur d'une main ou d'un soleil.
Emmanuel Roblès, homme comme les autres, écrivain pas comme les autres, il suffit
de regarder dans les yeux de vos personnages pour être rassuré sur notre terre
réconciliable.
Jean CAYROL.
Images algériennes d'E. Roblès :
Mouloud Feraoun a été dans la même classe qu'Emmanuel Roblès. Il l'a perdu de
vue pendant quatorze ans, puis a repris contact avec lui.
Il y'a dix ans, j'ai donc retrouvé le camarade de l'adolescence, mais ce camarade m'a
introduit auprès d'un homme exceptionnel qui aime ses semblables parce qu'il
connaît leur puissance et leur limites, leur inquiétude et leurs souffrances; un homme
qui a choisi pour tâche d'exprimer le drame de ses contemporains avec une
singulière acuité et dont le métier d'écrivain est avant tout une affaire de dignité. De
m'avoir fait connaître cet homme, j’en suis reconnaissant au potache à blouse noire
qui, abandonnant ses bouquins poussiéreux, me tint compagnie, un soir d'été, sur un
sentier de haute montagne.
Il y a dix ans aussi, je découvrais l'oeuvre d'Emmanuel Roblès Travail d'homme
d'abord, puis L'Action et Montserrat. C'était juste avant Les hauteurs de la ville dont
j’avais lu quelques pages publiées par la revue Forge. A partir de là, j'ai assisté pour
ainsi dire à l'élaboration de tous les autres ouvrages et je sais à quel point ces
ouvrages le déchirent, le dévorent, avec quelle générosité il se livre à ses créatures
pour leur communiquer ce souffle de vie dont elles ont besoin.
Mouloud FERAOUN
Le fonds ROBLES de l’Université Paul Valéry
Le fonds Emmanuel Roblès, à l'université Paul Valéry de Montpellier depuis 1995,
regroupe les oeuvres de l'écrivain ainsi que sa bibliothèque personnelle. Pour mieux
comprendre le contenu et l'histoire de ce fonds, voici une interview de Guy Dugas,
professeur de littérature comparée à Montpellier III et responsable de ce fonds. Pour
toute question complémentaire ou contact avec le fonds, veuillez vous référer au bas
de cette page.
Pourquoi ce fonds est-il déposé à l'université Paul
Valéry ?
Je connaissais Roblès depuis les années 80, en liaison avec le Fonds Littéraire
Méditerranéen de Marseille où sont conservés beaucoup de documents concernant
J. Amrouche, A. Guibert, Jules Roy, J. Sénac... Roblès avait émis le voeu de
déposer sa bibliothèque, mais il ne savait pas où ce serait possible. Les Universités
intéressent énormément les écrivains pour les dépôts, non seulement de leur
bibliothèque, mais également de leurs archives : tout écrivain souhaite que son
oeuvre soit lue mais fasse aussi l'objet de travaux de recherche. En revanche, les
bibliothèques universitaires sont moins enthousiastes par manque de place et de
personnel.
Roblès et moi avions beaucoup discuté, notamment de son fonds, de ses archives.
Au moment de sa disparition, sa fille Jacqueline Macek s'est adressée à moi pour me
demander de trouver un endroit susceptible d'accueillir la bibliothèque, les archives
étant prises par l'IMEC (Institut Mémoire de l'Edition Contemporaine).
Il aurait été intéressant de déposer ce fonds Roblès à Paris IV, au Centre des Etudes
Francophones, où se trouve déjà le fonds Jacqueline Arnaud, mais il n'y avait pas de
place. Nous avons alors pensé à Montpellier qui entend se donner depuis plusieurs
années une vocation méditerranéenne et il me semble cohérent que des oeuvres
d'auteurs hispanistes (plus de la moitié de la bibliothèque de Roblès est en langue
espagnole) se trouvent à l'université Paul Valéry, dans cette ville dont on vante les
liens avec la Catalogne et l'Espagne.
Ce fonds, en quoi consiste-t-il ?
Ce fonds comporte plus d'un millier d'ouvrages : 600 ou 700 en langue espagnole
(langue hispanique et latino-américaine); 250 ou 300, déjà inventoriés, d'écrivains
maghrébins liés à Roblès : Feraoun, Dib, Nabile Farès et même des écrivains publiés
sur place, de jeunes écrivains algériens dont la notoriété n'a pas dépassé les limites
de l'Algérie et qui envoyaient leurs ouvrages à Roblès, soit dans l'espoir d'être édités
au Seuil, comme cela s'est fait pour Feraoun avec Le fils du pauvre, et plus tard pour
Tahar Djaout, soit peut-être dans l'espoir d'être remarqués par un Goncourt. Il y a
donc quantité d'ouvrages rarissimes, de petites plaquettes qui n'ont rien à voir avec
le Seuil. Paradoxalement, c'est sur les oeuvres de Roblès lui-même qu'il nous
manque le plus de références. Je suis entré en relation avec Louis Gardel aux
éditions du Seuil, et celles-ci nous ont promis de compléter, gracieusement, chaque
fois qu'il leur était possible, ce qui manque de Roblès ou de la collection
"Méditerranée".
Nous voulons que ce fonds soit vivant et nous cherchons donc à faire des
acquisitions, par exemple par le biais d'un réseau de bouquinistes, non seulement
sur Roblès, mais aussi sur les littératures maghrébine, espagnole et latinoaméricaine.
Ce fonds, à qui sera-t-il accessible et dans quelles
conditions ?
Ce fonds Roblès, déposé à la section Lettres de la Bibliothèque Universitaire sera
accessible dans les mêmes conditions que le fonds Cocteau au plus large public
possible. Les ouvrages qui ne sont pas d'une grande rareté peuvent être soumis au
prêt, voire au prêt interuniversitaire. S'il y a rareté, le prêt sera réservé sur place. Le
catalogue (en cours d'élaboration) tiendra compte de tout le para texte : mention de
dédicaces, manuscrits, papiers, illustrations intégrées à l'ouvrage. Dans les fonds
spéciaux, nous considérons ces éléments comme aussi importants, sinon plus, que
l'ouvrage lui-même. Ajoutons que le fonds est d'ores et déjà accessible sur Internet à
l'adresse indiquée à la fin de cet article.
Quel rôle ce fonds peut-il jouer pour les études et la
recherche ?
Les étudiants ne connaissent strictement rien de la littérature du Maghreb, à part
deux ou trois grands noms, ce qui conduit à cette triste constatation que les thèses
se font toujours sur les mêmes sujets et les mêmes auteurs : Chraïbi, Ben Jelloun,
Boudjedra... Mais que sait-on des conditions d'émergence, de publication de cette
littérature, des collaborations au sein de revues et de maisons d'édition locales ? Il
faut un gros travail d'information, je pense que ce fonds Roblès, venant s'ajouter à ce
qui est déjà disponible à Marseille (Fonds Littéraire Méditerranéen) et à Aix-enProvence (fonds Déjeux), devrait devenir l'instrument d'une rénovation dans les
études et la recherche sur la littérature maghrébine, au moins dans nos régions et les
universités qui en dépendent.
Contact
Fonds Roblès, Centre d'Etude du XXe siècle, université Paul Valéry-Montpellier III
BP 5043. 34199 MONTPELLIER cedex 5
site Internet du fonds Emmanuel Roblès
contacter l'université Paul-Valéry par courriel
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