Utiliser ma voiture de société comme un outil de travail

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Utiliser ma voiture de société comme un outil de travail
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Utiliser ma voiture de société
comme un outil de travail
Fleet&business I 160 I OCTOBRE-NOVEMBRE 2007 I
Une flotte de voitures de société propres ne se gère pas comme un parc de voitures dites à
compensation. Elles sont souvent destinées à un usage plus technique et cela requiert une
approche spécifique. Les responsables du dépanneur Touring, de l’entreprise de distribution
HLS et du prestataire de services Index Belge échangent leurs points de vue.
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ROGER VERSCHUEREN
BART BORLOO
STÉPHANE KEMPEN
TOURING
HLS
INDEX BELGE
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é
ROGER VERSCHUEREN
VOTRE CARRIÈRE
Fonction : Technical Manager Research & development centre
Voiture : Opel Zafira
Flotte de véhicules : 300
Formes de financement : diverses, avec une prédominance du leasing
financier
Supérieur direct : directeur des opérations
VOTRE CHOIX
Voiture de rêve : Lamborghini Countach
Destination de vacances : la Provence
Boisson favorite : le Rosé
ACHETER CHEZ NOS CLIENTS
«Un autre point sensible ne doit pas être perdu de vue lors de
la constitution de notre flotte. Nous assurons en effet le
dépannage de plusieurs grandes marques. D’une certaine
manière, quoi de plus logique de nous adresser à elles pour
l’achat de nouveaux véhicules. C’est souvent de la corde
raide, car on ne peut pas faire plaisir à tout le monde en
même temps. Cela déboucherait inévitablement sur une terrible fragmentation de la flotte et ne rendrait service à personne. Heureusement, nous pouvons compter sur une bonne
dose de compréhension pour nous sortir de cette situation difficile.»
I Commençons par la première question classique : pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Roger Verschueren : «Notre flotte – du
moins, dans le segment que je gère – se
compose d’un peu plus de 300 véhicules :
60 camions, 9 motos et plus ou moins
240 voitures, ce sont les célèbres voitures
jaunes que tout le monde voit sur les
routes. En outre – mais ce n’est pas mon
segment –, nous disposons de 35 voitures
de société. Contrairement à ce qu’on
pourrait penser, la constitution de notre
flotte de véhicules de société propres tient
compte des préférences des travailleurs
concernés, les dépanneurs comme nous
les appelons. Plusieurs critères jouent un
rôle : la hauteur p. ex., ces véhicules doivent souvent pouvoir être utilisés dans
des parkings souterrains. Doit-on les équiper de la climatisation ou pas ? Nous établissons des cahiers des charges en nous
fondant sur tous ces éléments et sur leurs
préférences. Nous prenons certains de
ces véhicules en régie, d’autres en leasing opérationnel et d’autres encore en
leasing financier. Cette diversité est le
résultat d’une évolution historique, mais
l’accent est aujourd’hui mis sur le leasing
opérationnel, qui représente environ 75 %
de l’ensemble. Nous nous efforçons en
effet d’effectuer autant que possible les
entretiens en régie. La rapidité est très
importante dans notre secteur et le leasing
financier constitue bien souvent la solution
la plus efficace à cet égard.»
Stéphane Kempen : «Index Belge est
une société de services dans le domaine
des Télécommunications et de la
Logistique, nos clients sont en grosses
parties des opérateurs. Nous disposons
d’une centaine de voitures pour nos techniciens et consultant qui s’occupent d’installations techniques. Pour des raisons
évidentes, il s’agit essentiellement de
breaks ; ils doivent en effet transporter
beaucoup de matériel. Nous ne demandons pas l’avis de nos salariés, ce qui ne
veut pas dire que nous choisissons nos
voitures à la légère. Nous nous renseignons régulièrement sur leurs préférences.
Nous avons commencé petits et nous
avons noué à l’époque une relation de
confiance avec une marque bien précise.
Presque rien n’a changé au fil des ans.
Une autre marque est bien venue s’ajouter,
oui. Chaque véhicule est inhérent à une
fonction précise. Un changement de fonction va souvent aussi de pair avec un changement de véhicule. Nous choisissons le
leasing opérationnel pour tous nos véhicules.»
Bart Borloo : « En tant que groupe familial spécialisé dans la commercialisation et
la distribution de boissons, nous disposons
aussi d’une flotte complète de véhicules de
société au sens littéral du terme, plus précisément 56 camions et 85 voitures. À l’inverse de mes collègues, il ne s’agit pas ici
de techniciens mais plutôt de représentants ou de commerciaux. En d’autres
termes, leur usage est plus commercial
que technique. Cela ne veut pas dire les
véhicules ne doivent pas être spacieux ; ils
doivent aussi transporter du matériel chez
les clients. Nous achetons nos camions et
nous les amortissons sur 5 ans. Les frais
principaux sont couverts par un contrat de
maintenance. Après 7 ans, ces véhicules
quittent notre entreprise. Nous avons environ 80 % de la flotte des voitures en leasing opérationnel. Nous prenons plutôt
les voitures plus chères en leasing financier. »
Effractions
I Quand il est question de sécurité, on
pense très vite à la sécurité routière,
mais il existe encore un autre genre de
sécurité : la protection des véhicules
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UN CONSEIL A VOS COLLÈGUES GESTIONNAIRES DE FLOTTES
« Les chiffres sont très importants, mais n’oubliez pas la bonne
communication et concertation avec vos partenaires. »
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STÉPHANE KEMPEN
UNE VOITURE PROPRE
PAR-DESSUS TOUT
VOTRE CARRIÈRE
Fonction : Fondé de pouvoir
Voiture : Renault Grand Scénic
Flotte de véhicules : 100
Formes de financement : leasing opérationnel
Supérieur direct : gérant
VOTRE CHOIX
Voiture de rêve : Rien d’original. Confortable et familiale
Destination de vacances : le soleil…
Boisson favorite : Champagne
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UN CONSEIL A VOS COLLÈGUES GESTIONNAIRES DE FLOTTES
« Exigez de la qualité, comme vous l’offrez! »
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contre les effractions en tous genres.
Quelles précautions prenez-vous ?
RV : «C’est l’évidence même que nos véhicules contiennent beaucoup de matériel de
valeur. Et oui, nous avons déjà eu affaire à
des vols dans le passé. Vous savez, nous
sommes confrontés à la difficulté spécifique que, dans certains cas, le moteur
de nos voitures doit continuer de tourner
pendant une intervention et que, par
conséquent, les portes restent déverrouillées. Nous avons réagi à ces situations
en installant par exemple des docking stations. Disons que cet aspect de la sécurité
ne pose pas de problème pour l’instant,
mais qu’il s’agit d’une question prioritaire.»
SK : «Chez nous, c’est un vrai problème.
Le fait que nous soyons très actifs dans la
région de Bruxelles n’y est naturellement
pas étranger. Nous avons volontairement
décidé de n’apposer aucune inscription sur
nos voitures. D’un autre côté, je trouve
que le choix de vitres teintées est un peu
exagéré ; c’est peut-être un moyen de
faire monter l’adrénaline d’un voleur ?
(rires)»
BB : «Ici aussi, notre situation diffère un
peu de celle de mes collègues réunis
autour de cette table. Nos commerciaux
ne transportent pas beaucoup de matériel
«La voiture propre, c’est un peu le cheval de bataille de notre
entreprise. Prenez maintenant l’interdiction de fumer dans
ces véhicules. Cela fait longtemps que cette mesure figure
dans notre car-policy. Ce problème ne se pose presque plus
aujourd’hui en raison de l’interdiction de fumer dans divers
lieux, mais quand même. Nous appliquons une norme de qualité VCA qui nous impose de pratiquer un contrôle tous les
6 mois. Nous en profitons pour aborder l’un et l’autre sujet avec
nos salariés. J’attire entre autres leur attention sur les difficultés éventuelles qui pourraient surgir à la fin du contrat. Il ne fait
aucun doute qu’une brûlure dans un siège est un coût qui devra
être supporté par le salarié et pas par l’entreprise.»
technique, mais ils ont un ordinateur portable. Le problème du vol de leurs ordinateurs est apparu il y a quelques années.
Nous avons alors entrepris de sensibiliser notre personnel. Ce qu’on retrouve
chez nous c’est les vitres teintées, surtout sur demande du département marketing.»
SK : «Concernant leurs ordinateurs portables, nous leur demandons aussi de les
sortir en premier quand ils déchargent le
véhicule...»
Sécurité routière
I Et il y a aussi cet autre aspect de la
sécurité : la sécurité routière…
RV : «Nous prévoyons uniquement une
formation de conduite pour nos motards.
Ils transportent jusqu’à 90 kg de matériel,
ce qui n’est pas évident, notamment sur
des chaussées humides. En ce qui
concerne les conducteurs de nos autres
véhicules d’intervention, nous essayons
de les sensibiliser quand c’est nécessaire.
Bien sûr, nous leur donnons des règles
pratiques à respecter, entre autres pour
des interventions sur autoroutes : libérer la
chaussée le plus vite possible, toujours
porter le gilet de sécurité,... Nous n’avons
pas de règles spécifiques pour ceux dont
la fréquence d’accidents serait trop élevée
mais, dans ces cas-là, on en discute. Idem
avec la propreté des véhicules. Les dépanneurs les reprennent chez eux et sont responsables de l’entretien. Comme ils constituent notre carte de visite, ils doivent être
entretenus impeccablement – cela me
semble logique.»
SK : «Nous ne prévoyons pas non plus de
véritables cours de conduite. Et en ce qui
concerne nos salariés impliqués dans des
accidents, nous appliquons une règle on
ne peut plus classique : nous prenons les
coûts à notre charge la première fois mais,
en cas de nouvel accident dans la même
année, les réparations sont à charge du
travailleur. Pour l’instant, tout va bien au
niveau des accidents, même s’ils effectuent beaucoup de kilomètres.»
BB : « La sécurité, elle dépend tout
d’abord de la voiture même si le deuxième
facteur le plus important est le comportement du conducteur. La répression n’est
pas toujours à conseiller, mais elle est parfois nécessaire. Nous connaissons tous les
cowboys parmi nos conducteurs. La sensibilisation et l’information sont essentielles dans ce domaine aussi. Démontrer
aux conducteurs les conséquences possibles de leurs actes (par exemple les
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BART BORLOO
VOTRE CARRIÈRE
Fonction : Facility Diretcor
Voiture : BMW 520
Flotte de véhicules : 85
Formes de financement : essentiellement le leasing opérationnel
Supérieur direct : un des actionnaires
VOTRE CHOIX
Voiture de rêve : Mercedes ML
Destination de vacances : Italie
Boisson favorite : Carlsberg, «naturellement»
UN CONSEIL A VOS COLLÈGUES GESTIONNAIRES DE FLOTTES
« Analysez le marché et confrontez régulièrement les différents
constructeurs et les différentes sociétés de leasing. »
coûts) suffit généralement. Nous ne prévoyons pas non plus de formations additionnelles à la conduite. »
Nous discutions de la responsabilité
des salariés dans l’entretien de leur
véhicule. Selon vous, traitent-ils différemment leur voiture de société et leur
propre voiture ?
SK : «Je crains malheureusement que oui.
Quand vous voyez à quoi ressemble parfois un véhicule neuf après quelques
semaines seulement. Bien entendu, il ne
faut pas mettre tout le monde dans le
même sac. Mais malgré tout, les dérapages sont un fait.»
RV : «Je ne sais pas comment les choses
se déroulaient auparavant mais, si je me
fonde sur ce que j’entends de mes collègues, on peut parler d’une légère régression. Peut-être doit-on chercher la cause
de cela dans le trafic augmenté et dans les
circonstances pas toujours évidentes dans
lequel nos employés doivent travailler. »
BB : « A ce niveau aussi, nous connaissons
nos conducteurs après un certain temps.
D’un côté, ce facteur est très fortement lié
à la personne. Cependant, il faut reconnaître que les conducteurs se montrent
moins attentifs à leur voiture de société
qu’à leur véhicule personnel. »
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I
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LE VIDE DE LA LÉGISLATION
ENVIRONNEMENTALE
« La législation d’inspiration écologique recèle un certain
nombre de zones floues. J’ai déjà intégré la taxe CO2 dans les
budgets. Plus des normes et des règlements de cette nature
seront décidés, plus cela arrivera. Enfin, le problème est que
nous ne savons pas exactement ce que l’avenir nous réserve
sur le plan législatif. Et ce facteur contribue à créer le vide dans
lequel nous nous trouvons, surtout pour les sociétés de leasing figurant parmi nous. J’espère que ce travail législatif ne
sera pas inutile et qu’il ne passera pas à côté de son objectif. Dans notre secteur, nous avons déjà connu ce genre d’histoire avec la cotisation sur les emballages de boissons. »
Histoire verte
Quel rôle joue l’écologie dans la façon
dont vous façonnez votre politique de
flotte ?
RV : «C’est un élément qui compte, même
si cela ne concerne que la consommation
qui constitue aussi un poste financier.
Malgré tout, nous n’avons peut-être pas
les mêmes possibilités d’action que
d’autres entreprises. La réduction de la
cylindrée est une tendance générale, mais
Touring ne peut la suivre que dans certaines limites. Un véhicule qui effectue
une intervention doit aussi être en mesure
de sortir des véhicules d’un garage en les
remorquant. Pour cela, vous avez besoin
de beaucoup de puissance. Dans le passé,
nous avons plus d’une fois cassé des
embrayages en effectuant ce genre de
tâches avec des véhicules trop peu puissants. Ceci étant dit, les alternatives vertes
sont une chose, mais savoir dans quelle
mesure elles peuvent devenir des alternatives réelles en est une autre. Les biocarburants en sont un excellent exemple. Où
devez-vous faire le plein ? Voilà la grosse
difficulté.»
SK : «Nous regardons qui doit rouler à
Bruxelles et qui doit rouler en dehors de
Bruxelles. Pour ceux qui roulent uniquement ‘en ville’, nous avons des voitures
I
légèrement moins puissantes. Il est inutile
de payer des chevaux qui n’apportent rien
de plus. Ceux qui roulent moins en ville
peuvent mieux les exploiter. Mais bon, si
les véhicules hybrides peuvent constituer
une alternative demain, je serai le premier
à les choisir.»
BB : « L’environnement est un sujet très
chaud actuellement et je rejoins volontiers
l’avis de mes collègues, même si j’ai
quelques remarques à formuler. Les émissions de CO2 des véhicules figurent parmi
les priorités actuelles alors qu’elles ne
représentent qu’une partie des émissions
globales de CO2. En raison de cette pression, toute l’attention des constructeurs, va
au développement d’une motorisation
hybride à court terme. Cette technologie
va peut-être réduire les émissions de CO2,
mais elle va également donner naissance
à d’autres formes de pollution. J’espère
que l’on réfléchit aussi à des solutions
plus durables. Pendant ce temps, nous
essayons de toute façon de limiter le
nombre de kilomètres parcourus. Nous
avons ainsi lancé un projet visant à ramener le kilométrage annuel de 50.000 à
45.000 km. »
Interview : Michaël VANDAMME
Photos : Arnaud SIQUET