Utiliser ma voiture de société comme un outil de travail
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Utiliser ma voiture de société comme un outil de travail
F&B160_20_corner_fr_Flash 15/10/07 FLEET-OWNERS 11:20 Page 22 CORNER Utiliser ma voiture de société comme un outil de travail Fleet&business I 160 I OCTOBRE-NOVEMBRE 2007 I Une flotte de voitures de société propres ne se gère pas comme un parc de voitures dites à compensation. Elles sont souvent destinées à un usage plus technique et cela requiert une approche spécifique. Les responsables du dépanneur Touring, de l’entreprise de distribution HLS et du prestataire de services Index Belge échangent leurs points de vue. 22 ROGER VERSCHUEREN BART BORLOO STÉPHANE KEMPEN TOURING HLS INDEX BELGE F&B160_20_corner_fr_Flash 15/10/07 11:20 Page 23 é ROGER VERSCHUEREN VOTRE CARRIÈRE Fonction : Technical Manager Research & development centre Voiture : Opel Zafira Flotte de véhicules : 300 Formes de financement : diverses, avec une prédominance du leasing financier Supérieur direct : directeur des opérations VOTRE CHOIX Voiture de rêve : Lamborghini Countach Destination de vacances : la Provence Boisson favorite : le Rosé ACHETER CHEZ NOS CLIENTS «Un autre point sensible ne doit pas être perdu de vue lors de la constitution de notre flotte. Nous assurons en effet le dépannage de plusieurs grandes marques. D’une certaine manière, quoi de plus logique de nous adresser à elles pour l’achat de nouveaux véhicules. C’est souvent de la corde raide, car on ne peut pas faire plaisir à tout le monde en même temps. Cela déboucherait inévitablement sur une terrible fragmentation de la flotte et ne rendrait service à personne. Heureusement, nous pouvons compter sur une bonne dose de compréhension pour nous sortir de cette situation difficile.» I Commençons par la première question classique : pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Roger Verschueren : «Notre flotte – du moins, dans le segment que je gère – se compose d’un peu plus de 300 véhicules : 60 camions, 9 motos et plus ou moins 240 voitures, ce sont les célèbres voitures jaunes que tout le monde voit sur les routes. En outre – mais ce n’est pas mon segment –, nous disposons de 35 voitures de société. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la constitution de notre flotte de véhicules de société propres tient compte des préférences des travailleurs concernés, les dépanneurs comme nous les appelons. Plusieurs critères jouent un rôle : la hauteur p. ex., ces véhicules doivent souvent pouvoir être utilisés dans des parkings souterrains. Doit-on les équiper de la climatisation ou pas ? Nous établissons des cahiers des charges en nous fondant sur tous ces éléments et sur leurs préférences. Nous prenons certains de ces véhicules en régie, d’autres en leasing opérationnel et d’autres encore en leasing financier. Cette diversité est le résultat d’une évolution historique, mais l’accent est aujourd’hui mis sur le leasing opérationnel, qui représente environ 75 % de l’ensemble. Nous nous efforçons en effet d’effectuer autant que possible les entretiens en régie. La rapidité est très importante dans notre secteur et le leasing financier constitue bien souvent la solution la plus efficace à cet égard.» Stéphane Kempen : «Index Belge est une société de services dans le domaine des Télécommunications et de la Logistique, nos clients sont en grosses parties des opérateurs. Nous disposons d’une centaine de voitures pour nos techniciens et consultant qui s’occupent d’installations techniques. Pour des raisons évidentes, il s’agit essentiellement de breaks ; ils doivent en effet transporter beaucoup de matériel. Nous ne demandons pas l’avis de nos salariés, ce qui ne veut pas dire que nous choisissons nos voitures à la légère. Nous nous renseignons régulièrement sur leurs préférences. Nous avons commencé petits et nous avons noué à l’époque une relation de confiance avec une marque bien précise. Presque rien n’a changé au fil des ans. Une autre marque est bien venue s’ajouter, oui. Chaque véhicule est inhérent à une fonction précise. Un changement de fonction va souvent aussi de pair avec un changement de véhicule. Nous choisissons le leasing opérationnel pour tous nos véhicules.» Bart Borloo : « En tant que groupe familial spécialisé dans la commercialisation et la distribution de boissons, nous disposons aussi d’une flotte complète de véhicules de société au sens littéral du terme, plus précisément 56 camions et 85 voitures. À l’inverse de mes collègues, il ne s’agit pas ici de techniciens mais plutôt de représentants ou de commerciaux. En d’autres termes, leur usage est plus commercial que technique. Cela ne veut pas dire les véhicules ne doivent pas être spacieux ; ils doivent aussi transporter du matériel chez les clients. Nous achetons nos camions et nous les amortissons sur 5 ans. Les frais principaux sont couverts par un contrat de maintenance. Après 7 ans, ces véhicules quittent notre entreprise. Nous avons environ 80 % de la flotte des voitures en leasing opérationnel. Nous prenons plutôt les voitures plus chères en leasing financier. » Effractions I Quand il est question de sécurité, on pense très vite à la sécurité routière, mais il existe encore un autre genre de sécurité : la protection des véhicules Fleet&business I 160 I OCTOBRE-NOVEMBRE 2007 I UN CONSEIL A VOS COLLÈGUES GESTIONNAIRES DE FLOTTES « Les chiffres sont très importants, mais n’oubliez pas la bonne communication et concertation avec vos partenaires. » 23 F&B160_20_corner_fr_Flash 15/10/07 11:20 Page 24 STÉPHANE KEMPEN UNE VOITURE PROPRE PAR-DESSUS TOUT VOTRE CARRIÈRE Fonction : Fondé de pouvoir Voiture : Renault Grand Scénic Flotte de véhicules : 100 Formes de financement : leasing opérationnel Supérieur direct : gérant VOTRE CHOIX Voiture de rêve : Rien d’original. Confortable et familiale Destination de vacances : le soleil… Boisson favorite : Champagne Fleet&business I 160 I OCTOBRE-NOVEMBRE 2007 I UN CONSEIL A VOS COLLÈGUES GESTIONNAIRES DE FLOTTES « Exigez de la qualité, comme vous l’offrez! » 24 contre les effractions en tous genres. Quelles précautions prenez-vous ? RV : «C’est l’évidence même que nos véhicules contiennent beaucoup de matériel de valeur. Et oui, nous avons déjà eu affaire à des vols dans le passé. Vous savez, nous sommes confrontés à la difficulté spécifique que, dans certains cas, le moteur de nos voitures doit continuer de tourner pendant une intervention et que, par conséquent, les portes restent déverrouillées. Nous avons réagi à ces situations en installant par exemple des docking stations. Disons que cet aspect de la sécurité ne pose pas de problème pour l’instant, mais qu’il s’agit d’une question prioritaire.» SK : «Chez nous, c’est un vrai problème. Le fait que nous soyons très actifs dans la région de Bruxelles n’y est naturellement pas étranger. Nous avons volontairement décidé de n’apposer aucune inscription sur nos voitures. D’un autre côté, je trouve que le choix de vitres teintées est un peu exagéré ; c’est peut-être un moyen de faire monter l’adrénaline d’un voleur ? (rires)» BB : «Ici aussi, notre situation diffère un peu de celle de mes collègues réunis autour de cette table. Nos commerciaux ne transportent pas beaucoup de matériel «La voiture propre, c’est un peu le cheval de bataille de notre entreprise. Prenez maintenant l’interdiction de fumer dans ces véhicules. Cela fait longtemps que cette mesure figure dans notre car-policy. Ce problème ne se pose presque plus aujourd’hui en raison de l’interdiction de fumer dans divers lieux, mais quand même. Nous appliquons une norme de qualité VCA qui nous impose de pratiquer un contrôle tous les 6 mois. Nous en profitons pour aborder l’un et l’autre sujet avec nos salariés. J’attire entre autres leur attention sur les difficultés éventuelles qui pourraient surgir à la fin du contrat. Il ne fait aucun doute qu’une brûlure dans un siège est un coût qui devra être supporté par le salarié et pas par l’entreprise.» technique, mais ils ont un ordinateur portable. Le problème du vol de leurs ordinateurs est apparu il y a quelques années. Nous avons alors entrepris de sensibiliser notre personnel. Ce qu’on retrouve chez nous c’est les vitres teintées, surtout sur demande du département marketing.» SK : «Concernant leurs ordinateurs portables, nous leur demandons aussi de les sortir en premier quand ils déchargent le véhicule...» Sécurité routière I Et il y a aussi cet autre aspect de la sécurité : la sécurité routière… RV : «Nous prévoyons uniquement une formation de conduite pour nos motards. Ils transportent jusqu’à 90 kg de matériel, ce qui n’est pas évident, notamment sur des chaussées humides. En ce qui concerne les conducteurs de nos autres véhicules d’intervention, nous essayons de les sensibiliser quand c’est nécessaire. Bien sûr, nous leur donnons des règles pratiques à respecter, entre autres pour des interventions sur autoroutes : libérer la chaussée le plus vite possible, toujours porter le gilet de sécurité,... Nous n’avons pas de règles spécifiques pour ceux dont la fréquence d’accidents serait trop élevée mais, dans ces cas-là, on en discute. Idem avec la propreté des véhicules. Les dépanneurs les reprennent chez eux et sont responsables de l’entretien. Comme ils constituent notre carte de visite, ils doivent être entretenus impeccablement – cela me semble logique.» SK : «Nous ne prévoyons pas non plus de véritables cours de conduite. Et en ce qui concerne nos salariés impliqués dans des accidents, nous appliquons une règle on ne peut plus classique : nous prenons les coûts à notre charge la première fois mais, en cas de nouvel accident dans la même année, les réparations sont à charge du travailleur. Pour l’instant, tout va bien au niveau des accidents, même s’ils effectuent beaucoup de kilomètres.» BB : « La sécurité, elle dépend tout d’abord de la voiture même si le deuxième facteur le plus important est le comportement du conducteur. La répression n’est pas toujours à conseiller, mais elle est parfois nécessaire. Nous connaissons tous les cowboys parmi nos conducteurs. La sensibilisation et l’information sont essentielles dans ce domaine aussi. Démontrer aux conducteurs les conséquences possibles de leurs actes (par exemple les F&B160_20_corner_fr_Flash 15/10/07 11:20 Page 26 BART BORLOO VOTRE CARRIÈRE Fonction : Facility Diretcor Voiture : BMW 520 Flotte de véhicules : 85 Formes de financement : essentiellement le leasing opérationnel Supérieur direct : un des actionnaires VOTRE CHOIX Voiture de rêve : Mercedes ML Destination de vacances : Italie Boisson favorite : Carlsberg, «naturellement» UN CONSEIL A VOS COLLÈGUES GESTIONNAIRES DE FLOTTES « Analysez le marché et confrontez régulièrement les différents constructeurs et les différentes sociétés de leasing. » coûts) suffit généralement. Nous ne prévoyons pas non plus de formations additionnelles à la conduite. » Nous discutions de la responsabilité des salariés dans l’entretien de leur véhicule. Selon vous, traitent-ils différemment leur voiture de société et leur propre voiture ? SK : «Je crains malheureusement que oui. Quand vous voyez à quoi ressemble parfois un véhicule neuf après quelques semaines seulement. Bien entendu, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Mais malgré tout, les dérapages sont un fait.» RV : «Je ne sais pas comment les choses se déroulaient auparavant mais, si je me fonde sur ce que j’entends de mes collègues, on peut parler d’une légère régression. Peut-être doit-on chercher la cause de cela dans le trafic augmenté et dans les circonstances pas toujours évidentes dans lequel nos employés doivent travailler. » BB : « A ce niveau aussi, nous connaissons nos conducteurs après un certain temps. D’un côté, ce facteur est très fortement lié à la personne. Cependant, il faut reconnaître que les conducteurs se montrent moins attentifs à leur voiture de société qu’à leur véhicule personnel. » Fleet&business I 160 I OCTOBRE-NOVEMBRE 2007 I I 26 LE VIDE DE LA LÉGISLATION ENVIRONNEMENTALE « La législation d’inspiration écologique recèle un certain nombre de zones floues. J’ai déjà intégré la taxe CO2 dans les budgets. Plus des normes et des règlements de cette nature seront décidés, plus cela arrivera. Enfin, le problème est que nous ne savons pas exactement ce que l’avenir nous réserve sur le plan législatif. Et ce facteur contribue à créer le vide dans lequel nous nous trouvons, surtout pour les sociétés de leasing figurant parmi nous. J’espère que ce travail législatif ne sera pas inutile et qu’il ne passera pas à côté de son objectif. Dans notre secteur, nous avons déjà connu ce genre d’histoire avec la cotisation sur les emballages de boissons. » Histoire verte Quel rôle joue l’écologie dans la façon dont vous façonnez votre politique de flotte ? RV : «C’est un élément qui compte, même si cela ne concerne que la consommation qui constitue aussi un poste financier. Malgré tout, nous n’avons peut-être pas les mêmes possibilités d’action que d’autres entreprises. La réduction de la cylindrée est une tendance générale, mais Touring ne peut la suivre que dans certaines limites. Un véhicule qui effectue une intervention doit aussi être en mesure de sortir des véhicules d’un garage en les remorquant. Pour cela, vous avez besoin de beaucoup de puissance. Dans le passé, nous avons plus d’une fois cassé des embrayages en effectuant ce genre de tâches avec des véhicules trop peu puissants. Ceci étant dit, les alternatives vertes sont une chose, mais savoir dans quelle mesure elles peuvent devenir des alternatives réelles en est une autre. Les biocarburants en sont un excellent exemple. Où devez-vous faire le plein ? Voilà la grosse difficulté.» SK : «Nous regardons qui doit rouler à Bruxelles et qui doit rouler en dehors de Bruxelles. Pour ceux qui roulent uniquement ‘en ville’, nous avons des voitures I légèrement moins puissantes. Il est inutile de payer des chevaux qui n’apportent rien de plus. Ceux qui roulent moins en ville peuvent mieux les exploiter. Mais bon, si les véhicules hybrides peuvent constituer une alternative demain, je serai le premier à les choisir.» BB : « L’environnement est un sujet très chaud actuellement et je rejoins volontiers l’avis de mes collègues, même si j’ai quelques remarques à formuler. Les émissions de CO2 des véhicules figurent parmi les priorités actuelles alors qu’elles ne représentent qu’une partie des émissions globales de CO2. En raison de cette pression, toute l’attention des constructeurs, va au développement d’une motorisation hybride à court terme. Cette technologie va peut-être réduire les émissions de CO2, mais elle va également donner naissance à d’autres formes de pollution. J’espère que l’on réfléchit aussi à des solutions plus durables. Pendant ce temps, nous essayons de toute façon de limiter le nombre de kilomètres parcourus. Nous avons ainsi lancé un projet visant à ramener le kilométrage annuel de 50.000 à 45.000 km. » Interview : Michaël VANDAMME Photos : Arnaud SIQUET