Prévalence de la fasciolose bovine à Fasciola gigantica

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Prévalence de la fasciolose bovine à Fasciola gigantica
ARTICLE ORIGINAL
Prévalence de la fasciolose bovine à Fasciola
gigantica (Cobbold, 1885) dans les principaux
abattoirs du Bénin
° ASSOGBA M.N. et °°YOUSSAO A K.I.*
° Université Nationale du Bénin , Collège Polytechnique Universitaire, Département des Productions Animales, B. P. 2009, Cotonou, Bénin
°° Université de Liège, Faculté de Médecine Vétérinaire, Institut Vétérinaire Tropical, 20 Bd de colonster B 43, 4000 Liège, Belgique
* Correspondant : YOUSSAO A K. I. Issaka, Faculté de Médecine Vétérinaire, Service de Biostatistique, Bio-informatique, Sélection, 20 Bd de colonster B 43, 4000 Liège, Belgique,
Tél : 00 32 366 41 50, Fax : 00 32 366 41 22, E-Mail : [email protected]
RÉSUMÉ
SUMMARY
L'étude de la fasciolose bovine à Fasciola gigantica a été réalisée à partir de 5117 foies inspectés dans les abattoirs de Cotonou, Parakou et
Malanville de 1994 à 1995. L'aspect général du foie a été d'abord examiné,
et le parenchyme hépatique a été ensuite incisé pour extraire les grandes
douves logées dans les canaux biliaires. Le taux d'infestation en Fasciola
gigantica a été de 24,8, 6,8 et 6,4 %, respectivement dans les abattoirs de
Malanville, Parakou et Cotonou. Les zébus ont été plus infestés que les taurins (p < 0,001) et le mois d'abattage n'a pas influencé la prévalence des
foies infestés par Fasciola gigantica pour l'ensemble des données (p >
0,05). La prévalence mensuelle moyenne a été de 4,5, 4,4 et 3,8 % respectivement pour les classes de foies faiblement, moyennement et hautement
infestées par Fasciola gigantica. L'enquête sur les foies parasités par les
grandes douves est une méthode permettant de connaître davantage l'épidémiologie de la maladie.
Prevalence of Cattle fascioliasis due to Fasciola gigantica (Cobbold,
1885) in Benin main slaughterhouses. By M.N. ASSOGBA and A.K.I.
YOUSSAO.
The study of cattle fascioliasis due to Fasciola gigantica was carried out
starting from 5117 livers inspected in Cotonou, Parakou and Malanville
slaughterhouses from 1994 to 1995. The general liver aspect was initially
examined, then the hepatic parenchyma was incised and pressed directly
towards the bile duct with both hand and the flukes came out of the ducts.
The infection rate in Fasciola gigantica was 24.8, 6.8 and 6.4 %, respectively in Malanville, Parakou and Cotonou slaughterhouses. Bos indicus were
more infected than bos taurus (p < 0.001) and month of slaughter did not
influence the livers infected prevalence for overall data (p > 0.05). The average monthly prevalence was 4.5, 4.4, and 3.8 % respectively for light infection, moderate infection and heavy infection classes.
The method of examination of liver in slaughterhouses is another way to
better know the epidemiology of fascioliasis.
MOTS-CLÉS : fasciolose - Fasciola gigantica - bovin - foie abattoir - Bénin.
KEY-WORDS : fascioliasis - Fasciola gigantica - cattle - livers slaughterhouses - Benin.
Introduction
GRETILAT cité par VISSOH [10]. Cette parasitose est
caractérisée par des lésions hépatiques marquées par une
hépatite parenchymenteuse qui fait progressivement place à
une cholangite, puis à une cirrhose [5]. De ce fait, le foie des
animaux atteints de la fasciolose fait systématiquement l'objet de saisie au cours de l'inspection des denrées alimentaires
d'origine animale dans les abattoirs. Le but de cette étude est
de mieux connaître l'épidémiologie de cette maladie sur la
base d'une enquête réalisée dans les principaux abattoirs du
Bénin.
La fasciolose bovine est une helminthose du foie provoquée par des trématodes de genre Fasciola et dont l'espèce F.
gigantica a été décrite en Afrique occidentale. Au Bénin, la
fasciolose bovine est endémique dans le bassin du fleuve
Niger et plusieurs cas ont été rencontrés dans la plupart des
abattoirs du pays [4, 10]. L'étude épidémiologique de la fasciolose bovine a été réalisée par des analyses coprologiques
et indique que la prévalence de cette parasitose varie d'une
région à l'autre, et selon les saisons [1]. L'importance économique de la fasciolose bovine est très grande en considérant
les pertes de gain de poids, du rendement de la carcasse à
l'abattage et de la production du lait en zone endémique [11].
En comparant les carcasses d'animaux sains à celles d'animaux parasités par Fasciola gigantica, les pertes de poids de
la carcasse sont estimées à 25 % du poids des témoins selon
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Matériel et méthodes
MILIEU ET CARACTÉRISTIQUE DES ÉLEVAGES
Cette enquête a été réalisée sur un effectif de 5117 bovins
abattus dans les abattoirs de Malanville, Parakou et
700
ASSOGBA (M.N.) ET YOUSSAO (A.K.I.)
FIGURE 1. — Situation géographique des abattoirs de Cotonou, Parakou et Malanville.
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PRÉVALENCE DE LA FASCIOLOSE BOVINE À FASCIOLA GIGANTICA DANS LES PRINCIPAUX ABATTOIRS AU BÉNIN
de Cotonou. Ces abattoirs ont été choisis en fonction de
leur capacité d'abattage et de leur situation géographique
(figure 1).
L'abattoir de Cotonou est situé dans le département du
Littoral. Le nombre de bovins examinés a été de 1058 dont
46,36 % de zébus et 53,64 % de taurins. Ces animaux provenaient des départements de l'Alibori (52,2 %) et du Borgou
(25,1 %) situés au Nord du Bénin. En moyenne, 30 bovins
sont abattus par jour.
Le nombre d'animaux examinés dans l'abattoir de Parakou
au Nord du Bénin est de 2389 bovins dont 92,15 % de taurins
de race Borgou et 7,85 % de zébus. Les races Borgou abattus
provenaient des départements du Borgou (80 %) et de
l'Alibori (12,15 %) alors que les zébus (7,85 %) étaient tous
originaires de l'Alibori dans l'extrême Nord du Bénin. En
moyenne 20 bovins sont abattus par jour.
Enfin, l'abattoir de Malanville a été retenu pour l'extrême
Nord du Bénin dans le département de l'Alibori. Les animaux
abattus étaient originaires de ce département et quelquefois
de la région de Gaya, en République du Niger. Au total,
1680 bovins ont été examinés dont 5,99 % de race Borgou et
94,01 % de zébus. En moyenne, 12 bovins sont abattus par
jour.
Les animaux inspectés dans les abattoirs au cours de cette
étude provenaient de tous les départements du Bénin où les
différences de climat et de végétation influencent le mode
d'élevage.
Au Sud du Bénin, le climat est de type guinéen avec une
pluviosité de 1000 à 1400 mm par an et une température
moyenne qui oscille entre 25 et 27°C. La grande saison de
pluie s'étend de mars à juillet, et la petite de septembre à
novembre. Les saisons pluvieuses sont séparées par des saisons sèches. Le réseau hydrographique est marqué par des
lagunes et des points d'eau permanents. L'élevage sédentaire
sous les cocoteraies et les palmeraies est l'apanage de cette
région. La quasitotalité du bétail est constituée de race
Lagunaire.
Le climat est de type soudanien avec en alternance une saison pluvieuse (mai à octobre) et une saison sèche (novembre
à avril) où l'harmattan peut souffler entre décembre et février
de la région de Savè située au centre du Bénin à celle de
Gogounou située au Sud de l'Alibori (Nord du Bénin). La
pluviosité moyenne est de 1 200 mm et la température
annuelle moyenne varie entre 26 et 27°C. La végétation est
constituée de savane à dominance Andropogon gayanus :
celle-ci est affectée chaque année par les feux de brousse non
contrôlés. C'est une des régions favorables à l'élevage des
ruminants au Bénin. La race Borgou est la plus élevée suivi
des zébus Peulh. Le mode d'élevage est de type sédentaire ou
secondairement transhumant. L'embouche bovine est pratiquée dans cette région. Le marché à bétail de Ganou dessert
la plupart des abattoirs de Parakou et de ses environs.
Le climat et la végétation sont de type soudano-sahélien
avec une saison de pluie de mai à septembre et une saison
sèche de novembre à avril de Gogounou au Sud de l'Alibori à
Malanville dans l'extrême Nord du Bénin. La pluviométrie
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varie de 700 à 1000 mm. Les zébus et les races Borgou sont
les plus rencontrés avec une prédominance de la transhumance. L'embouche bovine est également pratiquée dans
cette région. Les marchés à bétail de Guéné, Karimama et de
Malanville desservent la plupart des abattoirs des départements de l'Alibori, Borgou et du Littoral.
Dans la plupart des troupeaux d'où provenaient les animaux abattus, le suivi sanitaire était basé sur les vaccinations
contre la pasteurellose et la péripneumonie contagieuse
bovine. Les vaccinations contre le charbon bactéridien et la
peste bovine ont été suspendues respectivement en 1995 et
1998. Les traitements spécifiques contre les maladies occasionnelles varient selon les troupeaux.
MÉTHODE
Après l'examen de l'aspect général du foie à l'abattoir,
notamment, l'hypertrophie et l'angiocholite, le parenchyme
hépatique a été incisé. Une pression manuelle a été exercée
sur les voies biliaires pour extraire les grandes douves
(Fasciola gigantica) logées dans les canaux biliaires.
Ensuite, la totalité du foie a été disséquée pour récupérer la
totalité des parasites. La date de dissection, l'origine et la race
des animaux, le nombre de foies examinés et le nombre de
foies infestés ont été notés. Parmi les foies infestés, ceux qui
contenaient moins de 20 grandes douves étaient classés dans
le groupe des animaux les moins infestés ; ceux qui étaient
moyennement infestés hébergeaient 20 à 50 grandes douves ;
enfin, les bovins dont le foie contenaient plus de 50 grandes
douves ont été classés dans le groupe de ceux qui étaient hautement infestés.
ANALYSE DES DONNÉES
La prévalence est le pourcentage du nombre d’animaux
parasités sur l’effectif total des animaux. Elle a été calculée
pour l’ensemble des échantillons. Pour évaluer l’importance
du parasitisme, les facteurs de variation retenus ont été :
— le mois d'abattage : 12 mois, de février 1994 à janvier
1995 ;
— l'abattoir : Cotonou, Parakou et Malanville ;
— la race des animaux : taurin ou zébu.
L’interaction entre les différents facteurs de variation n’est
pas significative, et par conséquent, n’a pas été prise en
compte dans l’analyse de la variance. Les données ont été
analysées selon la procédure GLM (General Linear Model
Procedure) de SAS [7], puis les prévalences ont été estimées
par la méthode des moindres carrés et comparées par le test
de t.
Résultats
DISTRIBUTION PAR ABATTOIRS
La prévalence de la fasciolose varie d'un abattoir à l'autre
(p < 0,001). Le taux d'infestation en Fasciola gigantica le
plus important a été de 24,8 % à Malanville et diffère significativement (p < 0,05) de ceux de Parakou (6,8 %) et de
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ASSOGBA (M.N.) ET YOUSSAO (A.K.I.)
Cotonou (6,3 %). Les taurins ont été moins infestés à Parakou
que dans les autres abattoirs, alors que l'infestation des zébus
augmente du Sud au Nord (p < 0,05). Les foies faiblement et
moyennement infestés ont été plus observés à Malanville,
tandis que ceux qui étaient hautement infestés ont été recensés plus souvent à Parakou. Le détail des résultats de la prévalence des foies infestés par Fasciola gigantica est donné au
tableau I.
DISTRIBUTION PAR RACES
Les races bovines abattues dans les différents abattoirs
étaient des taurins (Borgou, Lagunaire et Somba) et des
zébus (Bounadji, M'Bororo, Goudali et White fulani).
L'effectif de foies examinés a été de 2864 et 2253, respectivement pour les taurins et les zébus. La prévalence de la fasciolose a été plus importante chez les zébus (11,02 %) que
chez les taurins (1,61), p < 0,001. Toutefois, à Cotonou,
aucune différence significative n'a été observée entre les
pourcentages d'infestation des taurins et ceux des zébus
(p > 0,05).
DISTRIBUTION PAR MOIS D'ABATTAGE
Pour l'ensemble des données, le mois d'abattage n'a pas
influencé la prévalence des foies infestés par Fasciola gigantica (p > 0,05) et le taux d'infestation mensuel moyen des
trois abattoirs est de 12,8 %. Les prévalences mensuelles des
foies infestés par les grandes douves sont données aux
tableaux II, III et IV par abattoir. A Parakou, le taux d'infestation décroît de février à août de 14,7 à 0,5 %, et croît jusqu'en janvier où le taux d'infestation atteint 13,5 % (tableau
II). Cette tendance a été moins remarquée à Cotonou où le
taux d'infestation décroît légèrement de février à août de 8,2
à 4%, puis croît jusqu'en janvier où il atteint 10,7 % (tableau
III). A Manlanville, en dehors de février, août, décembre et
janvier où les taux d'infestation sont compris entre 10 et
20 %, les taux d'infestation mensuelle étaient globalement
supérieurs à 24 % et pouvaient atteindre 34 % (tableau IV).
Pour l'ensemble des trois abattoirs, la prévalence des foies
lourdement infestés a varié en fonction des mois d'abattage
(p < 0,001) contrairement à celles des classes de foies faiblement et moyennement infestés. De février à juin, la prévalence des foies lourdement infestés décroît de 9 à 1 % ; reste
en dessous de 1 % en juillet et en août, puis croît de 1,1 à
5,2 % de septembre à janvier. La prévalence mensuelle
moyenne a été de 4,5, 4,4 et 3,8 % respectivement pour les
classes de foies faiblement, moyennement et hautement
infestés par Fasciola gigantica (Tableau I). Les prévalences
mensuelles des foies faiblement, moyennement et hautement
infestés sont données par abattoir dans les tableaux II, III et
IV.
Discussion
De cette étude, il ressort que le taux d'infestation des foies
par Fasciola gigantica varie d'un abattoir à l'autre, avec 6,3,
Les données d’une même colonne suivies des lettres différentes sont significativement différentes (p < 0,05)
TABLEAU I. — Distribution de l’infestation des foies par Fasciola gigantica dans les abattoirs de Cotonou, Parakou et Malanville.
TABLEAU II. — Prévalences mensuelles de la fasciolose bovine dans les abattoirs de Parakou.
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PRÉVALENCE DE LA FASCIOLOSE BOVINE À FASCIOLA GIGANTICA DANS LES PRINCIPAUX ABATTOIRS AU BÉNIN
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TABLEAU III. — Prévalences mensuelles de la fasciolose bovine dans les abattoirs de Cotonou.
TABLEAU IV. — Prévalences mensuelles de la fasciolose bovine dans les abattoirs de Malanville.
6,8 et 24,8 % respectivement pour les abattoirs de Cotonou,
Parakou et Malanville. Cette variation a été rapportée dans
une étude antérieure portant sur l'épidémiologie de la fasciolose bovine par des analyses coprologiques au Bénin [1].
Selon les auteurs, dans les départements du Littoral et du
Borgou où se trouvent respectivement, les abattoirs de
Cotonou et de Parakou, le taux d'infestation est inférieur à
1 % contre 13, 1% dans le département de l'Alibori où se
trouve l'abattoir de Malanville. Les résultats des enquêtes
réalisées dans les différents abattoirs et ceux des analyses
coprologiques menées dans les départements correspondants
à ces abattoirs présentent la même tendance, toutefois, les
résultats d'abattoir présentent des prévalences beaucoup plus
élevées. Le taux d'infestation des bovins par Fasciola gigantica est très faible dans le Borgou, et les cas enregistrés ont
été uniquement observés chez les animaux d'embouche qui
pâturent aux environs du point d'eau de Karègoussou à
Parakou [1]. La forte prévalence de 6,8 % dans l'abattoir de
Parakou résulterait des animaux en provenance des marchés
à bétail de l'Alibori (Guéné, Karimama et Malanville). Dans
ce département et particulièrement à Malanville, 24,8 % des
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foies sont infestés par F. gigantica alors que 13,1 % des
bovins sont atteints par la fasciolose sur la base des analyses
coprologiques selon ASSOBGA [1]. Ces taux particulièrement élevés seraient liés à l'exploitation du fleuve Niger et de
ses affluents qui abritent des gîtes à limnées, hôtes intermédiaires de F. gigantica [9, 10]. Certains animaux de la région
de Gaya en République du Niger, pâturant et s'abreuvant aux
abords du fleuve Niger et de ses affluents, sont abattus à
Malanville avec pour corollaire un risque d'augmentation du
nombre de foies infestés. Quant à l'abattoir de Cotonou, plus
de 70 % des animaux abattus proviennent des départements
du Borgou et de l'Alibori, d'où une augmentation du nombre
de foies parasités par F. gigantica. Vu le pourcentage d'animaux en provenance du septentrion (Alibori et Borgou) abattus à Cotonou, on pourrait penser que le nombre de foies
parasités augmenterait davantage. Mais, en réalité, les bovins
transportés à l'abattoir de Cotonou présentent le plus souvent
un bon état général et une bonne conformation. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle l'abattoir de Cotonou présente moins de foies hautement infestés. Par contre, à
Parakou, le pourcentage de foies hautement infestés est plus
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important que dans les autres abattoirs. Ces foies sont recensés le plus souvent pendant la saison sèche de janvier à avril.
Pendant cette période, le nombre de troupeaux transhumants
en provenance de l'Alibori est très important dans le Borgou.
C'est pendant cette période que les éleveurs se débarrassent
des animaux malades, fatigués et épuisés par le déplacement,
la soif et la malnutrition.
Comparativement aux résultats de cette enquête, des pourcentages plus élevés ont été observés dans neuf abattoirs de
l'Ituri en République démocratique du Congo, où, 30 à 70 %
d'animaux sont positifs dans le secteur Nord, 33 à 52 % au
centre et 26 à 41 % dans le secteur sud [2]. Des taux d'infestation de 23 à 50 % ont été rapportés dans les différents abattoirs du Kenya [11]. Ces taux sont supérieurs à ceux obtenus
à Malanville où le taux d'infestation a été le plus important
parmi les trois abattoirs étudiés. Au Sénégal, au Niger, au
Nigeria et en Ouganda de fortes variations semblables à
celles obtenues au Bénin ont été observées d'un abattoir à
l'autre [3, 6, 8].
Des résultats de cette étude, il ressort que les zébus ont été
plus infestés que les taurins. Cette différence est essentiellement due à leur répartition géographique, à l'hydrographie
locale ainsi qu'au type de pâturage fréquenté par les animaux.
La quasi-totalité des bovins est représentée par des zébus à
Malanville et ses environs qui sont exposés aux métacercaires dans les bassins du fleuve Niger et ses affluents pendant la saison sèche. A Parakou, 0,45 % des taurins sont
infestés contre 6,4 % de zébus qui proviennent de l'Alibori,
département où le risque d'infestation est très élevé. Par
contre, à Cotonou, aucune différence significative n'a été
observée entre les pourcentages d'infestation des taurins et
ceux des zébus dans la mesure où la plupart des bovins abattus provenaient de l'Alibori où les zébus sont majoritaires et
le Borgou où l'effectif des taurins est dominant. Il est important de souligner que les animaux transportés de l'Alibori et
du Borgou vers l'abattoir de Cotonou sont des animaux qui
présentent un bon état général et une bonne conformation
pour limiter les risques de mortalité liés au surcharge, à la
fatigue, à la déshydratation et à l'insuffisance de l'alimentation pendant toute la durée du voyage (24 à 72 heures).
Contrairement aux résultats des enquêtes de foies parasités
par des grandes douves dans les différents abattoirs, la prévalence a varié selon le mois de prélèvement dans l’ensemble
des cas observés lors des enquêtes coprologiques ; elle
décroît d’octobre à janvier, atteint son plancher en février et
en mars et croît d’avril à août [1]. Selon ces enquêtes, la fasciolose a été observée toute l’année dans l'Alibori, confirmant les résultats observés à l'abattoir de Malanville. A
Parakou, les enquêtes coprologiques ont révélé la présence
de la fasciolose en octobre et en novembre avec des prévalences mensuelles de 3 % ; puis en janvier 1 % et en septembre 1 % [1]. Dans le littoral, les cas de fasciolose ont été
également observés en mai, juin et juillet avec respectivement des prévalences de 1, 2, et 2 % [1]. Par contre dans les
abattoirs de Parakou et de Cotonou, le taux d'infestation des
animaux abattus est continu avec une prévalence plus élevée ;
et pourrait s'expliquer par le transport d'animaux de l'Alibori
vers le Borgou et le Littoral.
ASSOGBA (M.N.) ET YOUSSAO (A.K.I.)
Conclusion
L'étude de la faciolose bovine dans les abattoirs de
Malanville, Parakou et Cotonou a permis de connaître davantage l'épidémiologie de la maladie. La prévalence a été plus
importante dans l'abattoir de Malanville que dans les autres
abattoirs. Les zébus ont été les plus touchés par la fasciolose
alors que l'influence du mois d'abattage a été très peu observée. Le transport d'animaux d'un département à l'autre a largement influencé le taux d'infestation dans les abattoirs de
Parakou et de Cotonou. Tenant compte des résultats des
enquêtes coprologiques et des enquêtes en abattoir, une étude
malacologique s'avère nécessaire dans ces régions et d'une
manière générale dans toutes les zones irriguées ou aménagées. Pour lutter efficacement contre cette parasitose, une
action doit être entreprise conjointement sur les sujets
malades, réservoirs de parasites, et sur les mollusques, hôtes
intermédiaires des grandes douves.
Remerciements
Les auteurs remercient le Professeur P.L. LEROY et les
lecteurs anonymes pour leur contribution.
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