La coopération de l`UE avec les pays ACP

Transcription

La coopération de l`UE avec les pays ACP
La coopération
de l'Union Européenne
avec les pays ACP
La prise en compte
des organisations paysannes
Alex Danau
Collectif Stratégies Alimentaires
1998
Avec l'appui de la DGVIII de la Commission Européenne
et l'Administration Générale de la Coopération au Développement (AGCD)
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Introduction ....................................................................................................................... 5
Partie I
Du Traité de Rome à la Convention de Lomé ......................................................................................... 8
L'association des pays et territoires d'Outre-Mer ....................................................................... 8
Les accords de Yaoundé ........................................................................................................ 8
Le passage à la Convention de Lomé ...................................................................................... 8
Le débat sur les produits de base oppose les pays en développement aux pays riches ...................... 8
Deux avancées importantes de ce dialogue Nord-Sud sur les produits de base ................................ 9
Le Royaume-Uni devient membre de la Communauté économique européenne ............................... 10
De la première Convention de Lomé à la quatrième Convention de Lomé ...................................... 10
Les bases de la Convention de Lomé (Lomé IV-1990-2000) ....................................................................
Les principes et la politique de la coopération de l'Union Européenne avec les ACP .....................
Les objectifs et les grandes orientations de la coopération ......................................................
Les acteurs de la coopération Européenne .............................................................................
Les articles de la Convention de Lomé qui concernent explicitement ou implicitement
les organisations paysannes .................................................................................................
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Les principaux instruments de la Convention de Lomé .........................................................................
L'aide programmable ..........................................................................................................
L'aide non programmable ....................................................................................................
Le stabex ..........................................................................................................................
La stabilisation des revenus d'exportation ............................................................................
Utilisation des transferts STABEX et des fonds de contrepartie: appui à l'agriculture ....................
Des cadres d'obligations mutuelles (COM) ............................................................................
Les dispositions commerciales .............................................................................................
Des préférences commerciales très relatives .............................................................................
Les protocoles particuliers ....................................................................................................
Le protocole n°3 (n°8) sur le sucre ...................................................................................
Le protocole N°5 relatif aux bananes .................................................................................
Le marché européen de la banane au centre d'une guerre commerciale ........................................
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La cohérence des politiques de l'Union Européenne avec la Convention de Lomé ...................................
La Convention de Lomé et la Politique Agricole Commune ........................................................
L'agriculture européenne est soutenue par les pouvoirs publics ...................................................
Des exceptions aux préférences commerciales garanties par la Convention de Lomé ........................
La baisse des prix agricoles compensée par des aides directes pour les producteurs européens ..........
L'organisation commune du marché du sucre: un modèle à suivre? ..............................................
Le fonctionnement de l'organisation commune du marché du sucre .........................................
Le système de préférences généralisé ....................................................................................
Baisse généralisée des droits de douane: la clause de la nation la plus favorisée ........................
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Partie II
L'accès des organisations paysannes aux instruments de Lomé .............................................................
Les organisations paysannes dans l'État ................................................................................
Les procédures de financement ............................................................................................
L'opacité de la coopération de l'Union Européenne disqualifie les organisations paysannes ...........
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Mémorandum du Groupe de concertation des Organisations Paysannes d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique sur les futures négociations de Lomé ...................................... 35
Préambule ........................................................................................................................ 35
Propositions paysannes pour une pleine participation des organisations paysannes
a la future Convention de Lomé ........................................................................................... 35
Partie III
Négocier la nouvelle Convention de Lomé ...........................................................................................
Le mandat de négociation de l'UE ........................................................................................
Le mandat des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique sur le volet commercial ....................
Les principales divergences entre l'UE et le groupe ACP en matière commerciale .........................
Les ONG européennes se positionnent ...................................................................................
ONG, débattre pour aboutir à plus de cohérence ....................................................................
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Bibliographie..................................................................................................................... 47
Sommaire
3
M La prise en compte des organisations paysannes
4
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Aide publique au développement des pays du CAD en 1995
Total autres pays CAD
9,7%
Etats-Unis
12,4%
Pays membres UE*
53,4%
Japon
24,4%
1990
Etats-Unis
Japon
Pays membres UE*
Total autres pays CAD
Total
Dont CE**
*
1991
1992
1993
1994
1995
10 194
9 407
10 813
10 123
9 927
7 303
9 054
10 945
11 119
11 259
13 239
14 354
25 000
26 944
29 302
27 190
27 656
31 350
8 713
9 384
9 616
7 899
8 334
5 703
52 961
56 680
60 850
56 471
59 156
58 710
3 028
3 818
4 416
3 948
4 825
5 501
L'aide communautaire à est incluse dans l'aide totale des Etats membres à 12 sauf la Grèce
qui n'est pas encore membre du CAD
** Part de l'aide des membres de l'UE gérée par la CE (FED & budget général)
Sources: OCDE-CAD
Introduction
La coopération européenne est, à plus d'un titre, importante pour les pays d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique. Son volume est conséquent puisque la coopération des pays
membres (12 pays en 1995, voir tableau ci-contre) de l'Union Européenne équivaut à
53,5% de l'aide des pays du CAD dont 9,4% sont directement gérés par l'Union
Européenne qui peut également jouer un rôle de premier plan dans la coordination
des coopérations de ses Etats membres. La Convention de Lomé qui définit et lie l'UE
et les Etats d'Afrique des Caraïbes et du Pacifique engage aussi les parties à partager
un ensemble de valeurs et d'objectifs dans les enceintes et organisations internationales spécifiques. Imaginons l'importance d'une telle entente sur le choix des orientations à donner aux politiques, commerciales notamment, en particulier lors des
grandes manœuvres de dérégulation conduites par l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC). Quatre-vingt-six Etat s'alignant sur des principes de coopération
dûment mis à l'épreuve lors de la mise en œuvre de la convention de Lomé depuis
1975 pourraient avoir une influence déterminante sur les grands choix de la communauté internationale.
Seulement, le poids réel et potentiel de la coopération européenne ne peut qu'être pondéré
par les nombreuses contradictions non seulement entre ses membres mais entre ceuxci et les Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Autant de conflits d'intérêts se
posent entre les composantes des Nations qui forment ces Etats. Vaguement unanimistes sur de grands principes, les forces en présence s'affrontent pour orienter les
décisions, bénéficier des aides financières et des appuis publics, pour modeler les
législations et réglementations en leur faveur. Mais peut-on supposer voir poindre un
sens commun spontané, auto-structurant, qui annoncerait la disparition des conflits
d'intérêt?
Par ailleurs, l'existence de contradictions n'est pas le seul écueil sur lequel butte la coopération. Même lorsqu'il y a accord parfait, encore faut-il le transposer dans des actions
dont les effets seront conformes aux objectifs qui y ont été définis. Le problème n'est
donc pas uniquement d'ordre politique. Il est nécessaire de se demander ce que signifie réellement, en termes d'activités humaines, développer, en l'occurrence 71 Etats
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. La loi du genre est implacable, la résistance
des éléments et des sociétés à se laisser transformer pour le bonheur des peuples est
terrible. D'autant plus que la méthode utilisée aboutit systématiquement à une technocratisation toujours plus forte des instruments et modes d'actions, marginalisant
ceux qui avaient motivé l'adoption des grands principes de solidarité et d'humanité.
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Introduction
M La prise en compte des organisations paysannes
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Statut des Pays en développement à l'OMC(1998)
Pays les moins développés (PMA)
Pays en voie développement
Membres de la Convention de Lomé
Membres de la Convention de Lomé
Africa (33)
Caribbean (1)
Pacific (5)
Africa (15)
Caribbean (14)
Angola
Haiti
Kiribati*
Botswana
Antigua & Barbuda Fiji
Benin
Solomon Islands
Cameroon
Bahamas*
Papua New Guinea
Burkina Faso
Tuvalu*
Congo-Brazzaville
Barbados
Tonga**
Burundi
Vanuatu**
Côte d'Ivoire
Belize
Cape Verde*
Western Samoa*
Gabon
Dominica
Central African Rep.
Ghana
Dominican Republic
Chad
Kenya
Grenada
Comoros*
Mauritius
Guyana
DR of Congo
Namibia
Jamaica
Djibouti
Nigeria
St Christ. And Nevis
Equatorial Guinea*
Senegal
St Lucia
Eritrea*
Seychelles**
St Vincent & the Gr.
Ethiopia*
South Africa1
Surinam
Gambia
Swaziland
Trinidad and Tobago
Guinea
Zimbabwe
Pacific (3)
Guinea Bissau
Lesotho
PMA
PVD
Liberia*
Non membre-ACP
Non membre-ACP
Non membre-ACP
Non membre-ACP
Madagascar
Afghanistan*
Algeria**
Honduras
Pakistan
Malawi
Bangladesh
Argentina
Hong Kong
Panama**
Mali
Bhutan*
Bahrain
India
Paraguay
Mauritania
Cambodia*
Bolivia
Indonesia
Peru
Mozambique
Lao PDR*
Brazil
Iran IR*
Philippines
Niger
Maldives
Brunei
Iraq*
Qatar
Rwanda
Myanmar
Chile
Jordan**
Saudi Arabia**
Sao Tome & Principe*
Nepal**
China**
Korea DPR*
Singapore
Sierra Leone
Yemen*
Colombia
Korea
Sri Lanka
Somalia*
Costa Rica
Kuwait
Syrian AR*
Sudan**
Cuba
Lebanon*
Thailand
Tanzania
Cyprus
Libyan AJ*
Tunisia
Togo
Ecuador
Mexico
Turkey
Uganda
Egypt
Mongolia
UAE
Zambia
El Salvador
Morocco
Uruguay
Guatemala
Nicaragua
Venezuela
Oman**
Viet Nam**
Source: UN Development Report, 1997; WTO web site
in Options for future d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique-EU trade relations;
Henri-Bernard Solignac Lecomte, ECDPM, Août 1998 .
Notes: * non membre de l'OMC; ** statut d'observateur à l' OMC.
All observers have asked to join. In February 1998, the WTO general council agreed to establish a working
party to negotiate accession terms for Laos, and approved a request for observer status from Cape Verde.
1. South Africa has formally joined the ACP group since Lomé-IV bis was ratified by all European member
states, i.e. in April 1998. However, unlike the 70 others, it does not benefit from Lomé trade preferences; it
has been negotiating a separate free trade agreement with the EU since June1995; under the WTO it is
considered as a developed country.
La Convention de Lomé arrive à son terme (février 2000). Il n'est pas du tout évident que,
soumis à tant de pressions, les outils mis en place par la coopération européenne
soient totalement maintenus, amoindris notamment par l'adoption de politiques plus
conformes à la pensée dominante qu'incarne si bien l'OMC (elle n'est pas la seule,
ainsi aujourd'hui c'est sous l'égide de l'OCDE que se négocie l'accord multilatéral sur
les investissements qui défie la souveraineté des Nations).
Quoi qu'il en soit, il existe de larges espaces à investir pour exercer un pouvoir politique
effectif. La réalisation des buts politiques définis ou leurs ré-appropriations laissent
aussi la place à l'action des gens et des nombreuses organisations populaires. Il ne
faut pas se leurrer, les grandes contradictions ne disparaîtront pas demain mais un
bien meilleur partage de l'espace économique et de ses bénéfices est possible.
La coopération européenne peut parfaitement y contribuer, pour autant qu'elle soit
également investie par les acteurs les plus à même de le revendiquer et de le réaliser.
La maintenir et l'approfondir garde plus que jamais tout son sens.
Les communautés les plus importantes qui se trouvent être également parmi les plus
marginalisées et dominées sont les paysanneries des pays en développement. La place
que leur réservent les textes de la Convention de Lomé est considérable mais le rôle
effectif qu'elles jouent dans son orientation et sa mise en œuvre est sans commune
mesure.
L'amélioration de la coopération au développement européen dépendra en bonne partie de
l'amélioration du rôle que pourront y tenir les communautés paysannes au travers de
leurs organisations et de leurs entreprises. Or la qualité et l'importance de ce rôle
dépend lui-même du développement de ses organisations et entreprises individuelles
ou collectives. Aussi, faudra-t-il favoriser leur inclusion, à tous les niveaux dans les
instances de la coopération, tant pour son orientation que pour sa mise en œuvre,
sans poser la barre à une hauteur qui les disqualifierait. Leur développement demande
du temps, des rythmes et des moyens adéquats et surtout une pratique continuelle
dans l'exercice du rôle politique et économique qui doit être le leur.
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Introduction
M La prise en compte des organisations paysannes
Partie I
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Du Traité de Rome à la Convention de Lomé
L'association des pays et territoires d'Outre-Mer
Lorsque naît la Communauté économique européenne, les Etats fondateurs administrent
encore des colonies et des territoires Outre-Mer. La situation fut prise en compte par la
création de l'association des pays et territoires d'outre-mer et inscrite dans le Traité de
Rome fondant la CEE en 1957.
Les accords de Yaoundé
Si en 1957 le mouvement d'indépendance en Afrique noire n'avait que peu d'ampleur,
nombre d'indépendances ont été obtenues au tout début des années 1960. Il s'en suivit
l'ouverture de négociations avec les nouveaux Etats indépendants qui, fin 1962, ont
débouché sur la définition des Accords de Yaoundé engageant la CEE et les 18 Etats
africains et malgache.
Les buts de l'association sont la diversification de l'économie, l'industrialisation des Etats
africains et malgache en vue d'asseoir leur équilibre et de renforcer leur indépendance.
Les moyens utilisés sont l'octroi d'aides financières et de régimes douaniers particuliers.
L'association fonctionne avec différents organes à caractère paritaire: un Conseil d'association, un Comité d'association et une Conférence parlementaire.
Le passage à la Convention de Lomé
Le contexte international tant économique que politique et l'adhésion du Royaume-Uni
à la Communauté Européenne ont largement déterminé la refonte complète des Accords
de Yaoundé et la création de la Convention de Lomé.
Le débat sur les produits de base oppose les pays en développement
aux pays riches
Les produits de base sont au cœur des grandes discussions nord-sud des années 70. Ils le
sont parce qu'ils ont une importance vitale tant pour les pays en développement que pour
les pays industrialisés. La différence entre les pays riches et les pays pauvres réside dans
la plus grande dépendance que les économies de ses derniers ont vis-à-vis des produits de
base et de leur bien moindre capacité à absorber les aléas de leur commerce.
La crise pétrolière qui démarre avec la guerre Israélo-Arabe de 1973 jouera un rôle important. Elle révèle magistralement la dépendance et toutes ses conséquences que l'économie
subit vis-à-vis des produits de base mais, surtout, elle va modifier pour un temps le rapport de force entre le Sud et le Nord.
C'est l'empoignade lors de l'assemblée extraordinaire des Nations Unies d'avril 1974. Cette
assemblée se penchait sur les "matières premières et le développement", elle donna lieu
à la déclaration sur le "nouvel ordre économique international" qui énonce quelques points
de revendications des pays en développement:
E Le droit à la nationalisation et la souveraineté permanente sur les matières
premières;
E Établissement d'un lien automatique entre le prix des exportations des pays en
développement et les prix de leurs exportations;
E constitution d'associations de producteurs de matières premières;
E élimination du déficit commercial chronique des pays en développement;
E limitation de la concurrence faite par les produits synthétiques aux produits
naturels;
E accès au moindre coût, à la technologie occidentale;
E contrôle des activités des sociétés multinationales.
Deux avancées importantes de ce dialogue Nord-Sud sur les produits de base
Les années 1974 et 1975 verront l'affrontement Nord-Sud se prolonger, avec toutefois des
avancées importantes.
La signature des accords de Lomé en février 1975 marque un précédent important et ouvre
la voie à des solutions régionales dûment négociées et contractualisées dont les institutions, veillant à leurs mise en œuvres, sont paritaires.
La quatrième conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) qui s'est déroulée à Nairobi en mai 1976 adopte la résolution 93 (IV) sur" le programme intégré sur les produits de base " (PIPB) Cette résolution énonce une série d'objectifs et de mesures pour maîtriser l'économie de 18 produits de bases important pour les
pays en développement.
La régulation des marchés constitue l'objectif principal de cette résolution. Cette régulation serait assurée par la constitution de stocks régulateurs internationaux et par l'harmonisation des politiques de stockage ainsi que par la coordination de stocks régulateurs
nationaux.
La résolution 93 (IV) prévoyait aussi la constitution de deux fonds communs destinés à
financer les mesures préconisées. Pour l'entrée en vigueur de ce dispositif, il a fallu que
l'accord sur le fonds commun (à deux guichets) pour les produits de base soit ratifié par
au moins 90 pays. Le fonds commun a été mis en fonction comme institution financière
internationale en 1889. Les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique demande que dans
le cadre de la Convention de Lomé, l'UE collabore avec eux pour l'amélioration du fonctionnement du fonds commun.
Le bon fonctionnement de ce programme intégré sur les produits de base reposait sur
les deux conditions suivantes:
E Le fonds ne pourrait fonctionner que si les marchés des produits ne chutent pas en
même temps.
E Il serait indispensable de réaliser un maximum d'accord par produits pour rencontrer
la première condition.
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Du Traité de Rome à la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
10
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Aujourd'hui, cette vision d'un "nouvel ordre économique mondial" tranche particulièrement
avec celle qu'incarnent l'Organisation Mondiale du Commerce et les négociateurs de
l'accord multilatéral sur les investissements. Ils atteignent le summum de la dérégulation
de l'économie au seul profit du "marché" et de la perte quasi complète de la souveraineté
des Etats en matières commerciale, financière et d'investissement.
Le Royaume-Uni devient membre de la Communauté économique européenne
L'échéance des accords de Yaoundé marquera la fin de l'association des Etats africains et
malgache pour ouvrir la coopération européenne aux membres d'Afrique et des Caraïbes du
Commonwealth par la création en 1975 de la Convention de Lomé, passant de 18 à 46
Etats liés à la Communauté.
En effet, l'autre facteur, interne à la CEE, qui l'oblige à modifier la configuration de sa
coopération est l'adhésion du Royaume-Uni. Cet Etat entretenait des relations associatives
particulières avec de nombreux pays, dont ses anciennes colonies, formant le
Commonwealth. Le Commonwealth comprenait notamment des relations commerciales
privilégiées et réciproques. Certains dispositifs ont été repris par la Convention de Lomé
et notamment le protocole sucre.
De la première Convention de Lomé à la quatrième Convention de Lomé
Depuis sa création en 1975, la Convention de Lomé n'a cessé d'évoluer: la première
Convention est demeurée en vigueur jusqu'en1980; La deuxième Convention de 1980 à
1985; la troisième de 1985 à 1990; enfin, la convention actuelle est en vigueur depuis
1990 et le sera jusqu'en février 2000. Elle a toutefois été remaniée en 1995.
La première Convention s'inspire, bien entendu, de la Convention de Yaoundé.
L'introduction d'un système de stabilisation des recettes d'exportation pour les produits
agricoles constitue une innovation importante. De même que l'ajout d'institutions paritaires, le Conseil des ministres, le Comité des Ambassadeurs et l'Assemblée paritaire.
La deuxième Convention voit apparaître le Sysmin, équivalent du STABEX pour les produits
miniers. Le champ d'intervention de la Convention s'élargit à de nouveaux domaines
comme la main-d'œuvre (le statut des travailleurs émigrés travaillant dans l'un des pays
membres), le transport maritime, la pêche.
La troisième Convention de Lomé consacre la priorité accordée au développement agricole
et rural. L'approche s'effectue selon deux axes: la satisfaction des besoins alimentaires
essentiels et la lutte (transfrontalière) contre la sécheresse et la désertification ainsi que
la prise en compte du facteur socio-économique avec une attention à la présence de prix
rémunérateurs, existence de marché, capacités de stockage. Cette priorité accordée au
monde rural s'étend au secteur de la pêche qui voit son importance s'accroître. Un nouveau fonds est créé et destiné à l'aide aux réfugiés. Une référence aux droits de l'homme
y est annexée mais la réticence des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique à s'avancer
sur ce thème est réelle.
Les principaux apports de la quatrième Convention de Lomé concernent l'ajustement structurel, la dette, le rôle du secteur privé, l'environnement, la démographie et la coopération
décentralisée. L'ajustement structurel et la dette répondent à une préoccupation majeure
de nombreux Etats ACP, subissant le choc des ajustements structurels conduits par le FMI
et la banque mondiale et étranglé par la dette dont les flux de remboursement dépassaient
les apports financiers extérieurs. Cela conduira l'UE à créer un nouveau fonds utilisé pour
atténuer les effets de l'ajustement structurel. Certains transferts financiers tels les transferts du STABEX seront désormais considérés comme des subventions et donc non remboursables.
Sur un autre plan, le respect des droit de l'homme est explicitement avancés comme
critère d'un développement économique et cette indication devient une condition de la
coopération lors de la révision de la quatrième Convention en 1995. Les critères environnementaux seront mis en exergue dans la conception des projets.
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Du Traité de Rome à la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Les bases de la Convention de Lomé
(Lomé IV-1990-2000)
Actuellement, la convention de Lomé lie 71 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
avec l'Union Européenne (15 Etats membres). Cette coopération s'appuie sur une politique
et un ensemble d'instruments qui donnent à la coopération européenne sa spécificité.
Les principes et la politique de la coopération
de l'Union Européenne avec les ACP
La coopération de l'Union Européenne repose sur les principes de la contractualité, la
cogestion, la prévisibilité et la sécurité du partenariat.
La contractualité repose sur la nature même de la Convention, qui n'est pas unilatérale.
L'union ne peut se dégager unilatéralement de ses engagements puisqu'elle est liée par
une convention internationale. Cet engagement global est précisé, État par État, programme d'actions par programme d'actions, dans un document négocié au début de chaque
cycle de la Convention. C'est ce qui est appelé le programme indicatif national (PIN), qui
définit donc les actions conjointes à entreprendre pour la durée de la Convention. De tels
engagements existent également pour des programmes d'actions régionales, l'appellation
devient alors: "programme indicatif régional" (PIR).
Les accords sont mis en œuvre par des institutions spécifiques dans lesquelles la représentation paritaire est privilégiée: le Conseil des ministres, le Comité des ambassadeurs et
l'Assemblée Paritaire. C'est clairement reconnaître l'égalité entre les deux parties et la responsabilité conjointe dans la gestion de la Convention.
Cette égalité n'empêche pas de reconnaître également les différences de développement
économique entre l'Union Européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,
en retenant la non réciprocité des avantages commerciaux concédés par l'Union
Européenne. De même, une différence de traitement est reconnue parmi le groupe des pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. En fonction de leur handicap, certains signataires
bénéficient de conditions d'aides financières et d'avantages commerciaux plus accentués,
c'est le cas des "pays les moins avancés", des pays insulaires ou enclavés (art. 328 à 337
de la Convention).
La prévisibilité et la sécurité tiennent à la longueur des engagements par tranche de cinq
années et de dix années (avec révision après cinq années) pour Lomé IV.
L'approche de la coopération européenne se veut globale, ce qui signifie qu'elle traite des
différents aspects et des différents secteurs socio-économique: agriculture, pêche, transport, santé... Cette approche globale a été transposée dans l'instrumentation proposée.
Les objectifs et les grandes orientations de la coopération
La coopération européenne "vise à appuyer un développement des Etats ACP centré sur
l'homme et enraciné dans la culture de chaque peuple... Elle favorise la participation des
populations à la conception et à la mise en œuvre du développement"(1). Elle se veut
donc clairement centrée sur l'Homme dans le respect de sa dimension culturelle et sociale.
(1) Article 13 premier § de la Convention.
De même, elle attache une importance particulière au respect de l'environnement et des
ressources naturelles dans l'ensemble des actions, qui, par ailleurs, bénéficient aussi d'actions spécifiques. Le développement de l'économie se doit d'être compatible avec le respect des équilibres naturels.
L'autosuffisance et la sécurité alimentaire sont placées en tête des priorités de la coopération agricole. La coopération agricole vise également le développement et l'organisation
du système productif et l'amélioration du niveau, des conditions et du cadre de vie des
populations rurales ainsi que le développement équilibré des zones rurales.
La coopération dans le secteur des mines et de l'énergie s'engage dans la recherche de l'indépendance des Etats, dans la diversification de l'économie et dans l'intégration et la complémentarité de ce secteur avec les autres.
Le rôle moteur de l'industrialisation, complémentaire au développement rural est avancé
comme moyen de parvenir à une croissance auto-entretenue et à un développement équilibré et diversifié. L'industrialisation est nécessaire à l'augmentation de la productivité et à
la participation aux échanges mondiaux.
Diminuer la dépendance vis-à-vis des produits de bases par la diversification de l'économie
et l'augmentation de la valeur ajoutée attachée aux produits de base par le développement
des activités de transformation, de transport, de distribution et de commercialisations.
Les acteurs de la coopération Européenne
Quels sont les acteurs de la coopération européenne avec les Etats d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique? À l'évidence, ce sont les Etats signataires de la Convention qui sont liés.
La Convention dans son premier article commence par définir son but général qui est de
promouvoir et d'accélérer le développement économique, culturel et social des Etats
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Ce sont les Etats ACP qui s'engagent, qui agissent
et dont le développement est recherché.
La direction des institutions de la Convention de Lomé est réalisée par les représentants
des Gouvernements des Etats membres de l'Union Européenne (et d'un représentant de la
Commission Européenne) et des Pays ACP, à l'exception de l'Assemblée Paritaire dont les
membres sont des parlementaires (du Parlement Européen pour l'UE). L'assemblée paritaire
organise des réunions auxquelles se joignent des membres des Comités économiques et
sociaux de l'UE et des pays ACP.
La gestion des instruments de la Convention de Lomé est confiée à la Commission
Européenne. La Commission est représentée par son délégué dans chaque pays ACP. Pour
les pays ACP, c'est l'ordonnateur national, nommé par le gouvernement, qui gère l'aide de
l'Union Européenne.
Néanmoins, le texte de la Convention réserve de nombreux passages aux divers acteurs
susceptibles de participer à la réalisation de la coopération. Un chapitre spécifique est
consacré aux acteurs de la coopération qui y sont énumérés de la manière suivante: "les
pouvoirs publics décentralisés, les groupements ruraux et villageois, les coopératives, les
syndicats, les établissements d'enseignement et de recherche, les organisations non gouvernementales de développement, les autres associations, groupements et acteurs capables
et désireux d'apporter de leur propre initiative, leur contribution au développement des
Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique" pour autant que ces entités et/ou ces
actions soient sans but lucratif (art. 251 A.2).
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Les bases de la Convention de Lomé
(Lomé IV-1990-2000)
M La prise en compte des organisations paysannes
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Il serait difficile de définir les acteurs de manière plus ouverte. Mais ce chapitre trace
tout aussi clairement le cadre et les conditions dans lesquelles ces acteurs pourraient agir.
"... les ressources de la présente Convention peuvent être utilisées pour appuyer les activités de la coopération décentralisée. Ces activités doivent être conforme aux priorités, aux
orientations et aux stratégies de développement définies par les Etats ACP." (art. 12 bis).
"...la coopération ACP-CE appuie, dans les limites fixées par les Etats intéressés, ces
actions de développement dans le cadre de la coopération décentralisée..." (art. 251 A.1).
Il apparaît ainsi que les acteurs autres que l'Etat, ne peuvent agir dans le cadre de la
Convention de Lomé sans l'aval de celui-ci et qu'ils devraient l'obtenir dès la programmation quinquennale des actions. En effet, rappelons que les parties contractantes de la
Convention, doivent s'engager sur un programme effectif qui est le programme indicatif
national. En réalité, les freins à la participation des acteurs privés sont nombreux.
Les paysanneries en particulier sont privées de ces leviers potentiels pour construire leur
avenir (voir accès des organisations paysannes aux instruments de Lomé, p. 32).
Les articles de la Convention de Lomé qui concernent explicitement ou
implicitement les organisations paysannes
Objectifs et orientations de la Convention dans les principaux domaines de la
coopération
Art. 13 "La coopération vise à appuyer un développement des Etats ACP centré sur
l'homme et enraciné dans la culture de chaque peuple. Elle appuie les politiques
et les mesures prises par ces Etats en vue de valoriser leurs ressources humaines,
d'accroître leurs capacités propres de création et de promouvoir leurs identités
culturelles. Elle favorise la participation des populations à la conception et à la
mise en œuvre du développement."
Coopération agricole
Art. 44
2. Le développement de la production suppose en outre:
— l'encouragement de toutes les politiques et mesures d'incitation en faveur des
producteurs, appropriées aux conditions locales en vue d'une plus grande productivité et de meilleurs revenu pour les agriculteurs
Art. 45 En vue d'assurer la valorisation des productions, la coopération agricole
concourt à assurer:
— un dispositif de commercialisation de base reposant sur une organisation adéquate
des producteurs disposant des moyens financiers et matériels nécessaires et sur des
moyens de communication adaptés,
Art. 46
Les actions de promotion du monde rural portent sur:
L'organisation des producteurs en groupements ou communautés afin de leurs permettre de tirer meilleur parti des marchés, des investissements et des équipements
d'intérêts commun.
Coopération en matière des produits de base
Art. 72 Les actions de coopération dans le domaine des produits de base...
... peuvent également porter sur:
la valorisation des ressources humaines, incluant en particulier:
— des programmes de formation et de stages, à l'intention des opérateurs des
secteurs concernés
Coopération culturelle et sociale
Art. 142 1. La conception, l'instruction, l'exécution et l'évaluation de chaque projet
ou programme d'actions se fondent sur la compréhension et la prise en compte des
caractéristiques culturelles et sociales du milieu.
2. Cela implique en particulier:
— une appréciation des possibilités de participation des populations
— une information pertinente de tous ceux qui sont associés à la conception et à
la réalisation des actions, y compris le personnel de coopération technique.
Art.144 1.La coopération soutient les efforts des Etats ACP visant à assurer une
participation étroite et continue des communautés de base aux actions de développement. La participation de la population doit être encouragée dès les premiers
stades de l'élaboration des projets et des programmes et conçues de manière à
surmonter les obstacles de langue ou de culture.
Dans ce but, en partant de la dynamique interne des populations, les éléments
suivants sont pris en considération:
1. l'appui aux populations pour s'organiser, en particulier dans des groupements
de type coopératif, et la mise à la disposition des divers groupes concernés des
moyens complémentaires à leurs initiatives et efforts propres:
3. Les institutions ou groupements déjà existants sont utilisés dans toute la
mesure du possible pour la préparation et la mise en œuvre des actions de développement.
Coopération pour le financement au développement
Champ d'application
Art. 224
Dans le cadre de la Convention, la coopération pour le financement
du développement porte sur:
g) la mise en œuvre de moyens souples pour appuyer les efforts propres des
communautés de base;
15
Les bases de la Convention de Lomé
(Lomé IV-1990-2000)
M La prise en compte des organisations paysannes
16
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Eligibilité au financement
Art. 230
— Bénéficient également d'un soutien financier avec l'accord de l'Etat ou des Etats
concernés:
e) les groupements de producteurs ressortissants des Etats ACP
g) les acteurs de la coopération décentralisée des Etats ACP et de la Communauté...
Coopération décentralisée
Art. 251 A
1. En vue de renforcer et de diversifier les bases du développement à long terme
des Etats ACP et afin d'encourager l'épanouissement et la mobilisation des initiatives de tous les acteurs des Etats ACP et de la Communauté susceptibles d'apporter leur contribution au développement autonome des Etats ACP, la coopération
ACP-CE appuie, dans les limites fixées par les Etats ACP intéressés, ces actions de
développement dans le cadre de la coopération décentralisée, notamment sous
forme de conjonctions d'efforts et de moyens entre homologues des Etats ACP et de
la Communauté. Cette forme de coopération vise en particulier à mettre au service
du développement des Etats ACP les compétences, les modes d'action novateurs et
les ressources des acteurs de la coopération décentralisée.
2. Les acteurs visés par le présent article sont les pouvoirs publics décentralisés,
les groupements ruraux et villageois, les coopératives, les entreprises, les syndicats, les centres d'enseignements et de recherche, les organisations non gouvernementales de développement, des associations diverses et tout groupes ou acteurs
capable et désireux d'apporter leur contribution spontanée et originale au développement des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Art. 251 E
Outre les possibilités offertes aux acteurs de la coopération décentralisée par la
présente section, les articles 252 et 253 relatifs aux microréalisations, l'article 278,
paragraphe 2 point c relatif aux projet entrant dans le cadre de la coopération
technique et l'article 300 relatif à l'aide d'urgence, les Etats d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique peuvent demander ou approuver la participation des acteurs de
la coopération décentralisée à la mise en œuvre d'autres projets et programmes
financés par le Fonds, notamment les marchés exécutés en régie, conformément à
l'article 299 et aux autres dispositions pertinentes de la présentes Convention.
M La prise en compte des organisations paysannes
17
Les principaux instruments
de la Convention de Lomé
Les principaux instruments de la Convention de Lomé
L'aide programmable
L'aide programmable ou l'aide par projet correspond à 58% de l'aide apportée par la
Convention de Lomé aux pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. C'est donc l'instrument qui a le plus mobilisé les ressources financières. La plus grosse partie de l'aide s'est
orientée vers les infrastructures (transport, communication, énergie...).
L'agriculture à bénéficié d'une priorité croissante avec un pic lors de Lomé III (1985-1990)
pour s'estomper dès Lomé IV (1990-2000). L'accent tout d'abord mis sur la production de
produits de rente s'est déplacé vers l'appui au développement rural intégré pour ensuite
s'orienter vers le soutien à la commercialisation des produits agricoles.
L'aide programmable est définie et mise en œuvre par le biais des programmes indicatifs
nationaux (PIN) élaboré par les Etats ACP sous le contrôle de l'UE. Les deux hommes clé
en sont l'ordonnateur national pour l'État ACP et le délégué de l'UE résident dans l'État en
question. D'une durée de cinq années, ces programmes indicatifs nationaux ont été captifs
de ces deux hommes clés et n'ont en rien été investis par les acteurs ruraux. Les bilans
très mitigés de la coopération agricole peuvent certainement s'expliquer en bonne partie
par ce hiatus entre les "exploitations familiales" et l'orientation et la réalisation des projets.
La coopération décentralisée vise à insérer des acteurs extérieurs aux instances étatiques
tel qu'ils sont définis à l'article 251 A de la Convention (voir page xx)dans la définition et
la mise en œuvre de l'aide programmable. Les acteurs de la coopération décentralisée peuvent bénéficier de financement pour leurs actions spécifiques. Les modalités d'octroi de
ces financements sont définies sous l'appellation de "microréalisation" et vise à accélérer
et simplifier les procédures de l'aide programmable. Elles sont limitées à des réalisations
de très petite envergure (maximum 300 000 écus)
L'aide non programmable
Les instruments classés sous cette rubrique sont le Stabex, le Sysmin et l'appui à l'ajustement structurel. Les interventions ne sont pas programmées mais déterminées par les mouvements des recettes d'exportation ou, pour l'appui à l'ajustement structurel, par une
contrainte due à l'interventions d'organisations internationales (FMI, Banque Mondiale).
Le stabex
LA STABILISATION DES REVENUS D'EXPORTATION
Les prix des produits agricoles exportés par les pays en développement sont soumis à de
fortes fluctuations et peuvent occasionner de très importantes baisses des revenus des
Etats. L'importance de l'instabilité des marchés d'exportation est proportionnelle à la
dépendance qu'ont les économies des pays en développement vis-à-vis de ces marchés et
elle est souvent très élevée. Il est évident que les fluctuations des prix et des quantités
des produits agricoles exercent avant tout un effet sur le revenu des producteurs et sur
l'ensemble des intervenants dans la filières.
18
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Répartition annuelle de l'aide par instrument
Aides aux réfugiés
0,3%
Sysmin
5,6%
Stabex
8,6%
Aides programmables
54,5%
Aides d'urgence
2,2%
Bonification d'intérêts
2,3%
Capitaux à risques
16,9%
Ajustement structurel
9,6%
Répartition par secteur économique
Divers
9%
Appui ajustement
structurel
16%
Transferts Stabex
24%
Aides exceptionnelles
9%
Promotion commerciale, tourisme
2%
Industrialisation,
energie et mines
10%
Hydraulique, développement urbain
3%
Santé
3%
Enseignement et formation
3%
Production rurale
10%
Transports et communications
11%
Sources: Cour des Comptes, Rapport annuel relatif à l'exercice 1995, journal officiel des Communautés
européennes 96/C 340/01 Luxembourg, novembre 1996.
L'importance du système de stabilisation des recettes d'exportation (STABEX) est confirmée
par la Convention de Lomé IV (art. 28). Les fonds transférés sont assimilés à des dons et
ne sont plus remboursables. Cet article va plus loin, il réaffirme que la solidarité doit aussi
s'appliquer en dehors des instruments prévus par les Accords de Lomé. Il précise que les
parties s'engagent à intensifier le processus de consultation entre elles dans les enceintes
et organisations internationales qui ont pour vocation la stabilisation des marchés des
produits de base.
L'objectif premier du stabex est de compenser les baisses de prix ou de quantité des produits agricoles exportés par les Etats ACP afin de maintenir leurs revenus d'exportations.
Cet instrument fonctionne par l'octroi de paiements compensatoires à posteriori et n'intervient pas sur les marchés. C'est un choix qui mériterait des chapitres entiers parce qu'il est
au cœur du débat. Les marchés ont des effets déterminants sur des économies entières,
mais en aucun cas on n'envisage leur régulation. C'est aux producteurs à s'ajuster.
Les produits agricoles exportés sont éligibles ou non au système en fonction de seuils de
dépendance par rapport à l'ensemble des exportations (que le produit représente une part
significative dans l'ensemble des exportations). La Convention de Lomé IV prévoit un seuil
de 5% pour les pays ACP en voie de développement et de 1% pour les pays ACP les moins
avancés (PMA). Une cinquantaine de produits sont ainsi éligibles à l'exception notable
des produits couverts par la politique agricole commune (PAC), du sucre et de la viande,
couverts par des protocoles spécifiques, et du tabac.
Le STABEX ne compense que la baisse de recettes d'exportation à destination de l'Union
Européenne, sauf pour les pays les moins avancés, et pour autant qu'elle n'ait pas été
compensée par une hausse des autres destinations.
UTILISATION DES TRANSFERTS STABEX ET DES FONDS DE CONTREPARTIE:
APPUI A L'AGRICULTURE.
Le stabex représente une part très importante de l'aide européenne à l'agriculture. Dans
ce secteur, les fonds du stabex sont respectivement pour la Convention de Lomé III et de
Lomé IV de 4,5 et 2,5 fois plus importants que les apports de l'aide programme au secteur
agricole. La dotation du fonds stabex est de 1,8 milliard d'écus pour le second protocole
de Lomé IV (1995-2000)
Lomé IV a élargi les dispositions relatives à l'utilisation des transferts:
"L'affectation des fonds du STABEX doit tenter de remédier aux causes structurelles à
l'origine de la chute des recettes d'exportation, ou pallier les effets de cette dernière."(2)
Les transferts du STABEX sont des transferts monétaires en ECUS dont l'utilisation est
envisageable de trois manières:
1. L'utilisation de devises pour le financement de prestations de services extérieures:
assistance technique, études...
2. L'utilisation des devises pour le financement d'importations, avec constitution ou non
de fonds de contrepartie suivant le destinataire final des importations.
3. L'utilisation libre des devises par la banque Centrale ou le système bancaire avec
constitution immédiate d'une contre-valeur en monnaie nationale.
(2) Lignes directrices pour l'établissement des cadres d'obligations mutuelles (COM) en vue de l'utilisation
des transferts STABEX au titre de la convention de Lomé IV. Commission Européenne 1992 p. 8.
19
Les principaux instruments de la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
20
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Il en résulte que les points d'application et les bénéficiaires de ces fonds sont larges.
Ce sont les différents acteurs de la filière concernée ou de filière de substitution et des
acteurs indirects sur lesquels la baisse de revenu a une incidence. Les points d'application
peuvent être des dépenses de fonctionnement, d'équipement, des aides directes au monde
rural, ou encore l'apurement de dettes d'agents économiques à l'égard d'autres agents.
DES CADRES D'OBLIGATIONS MUTUELLES (COM)
Parallèlement, la Convention a élargi les dispositions de contrôle de l'utilisation des
transferts. Les Etats sont dans l'obligation de procéder à une analyse de la situation qui
conduit aux baisses de revenu et à définir un programme d'actions à même de pallier
à la situation.
Sur cette base, les Etats bénéficiaires négocient et définissent avec l'UE un cadre d'obligations mutuelles (COM) en ce y compris, le cas échéant, la cohérence de la proposition avec
le programme d'ajustements structurels. C'est l'équivalent du programme indicatif national
(PIN) pour les actions non programmables.
Les dispositions commerciales
L'intérêt de la coopération européenne, c'est notamment d'avoir négocié, avec les pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, des dispositions commerciales afin de faciliter
l'accès des produits de ces pays sur le marché européen. L'objectif vise à faciliter la croissance du commerce des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, reconnaissant par là,
l'importance du commerce pour l'économie des pays en développement. Malheureusement,
le bénéfice conféré par le commerce ne dépend pas uniquement de sa croissance mais également de l'évolution des termes de l'échange (sans parler des questions de redistribution),
au cœur du débat sur les produits de base des années 70.
La Convention de Lomé accorde une exemption des droit de douane sur la plupart des
produits originaires des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Les produits ne bénéficiant pas de l'exemption totale bénéficient d'un traitement plus favorable que celui qui
pourrait être accordé aux produits d'autres pays tiers. Certains pays, ont mis à profit ces
dispositions. C'est le cas de l'île Maurice qui a tiré profit des préférences en développant
son industrie de transformation, principalement dans le secteur des textiles. Elle s'est
appuyée sur ses exportations de sucre qui bénéficiaient des dispositions particulières du
protocole sucre. Néanmoins, les effets des dispositions commerciales demeurent mitigés.
Des préférences commerciales très relatives
Le système de préférence accordé aux pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique n'a pas
suscité une augmentation suffisante du commerce des Etats ACP en direction de l'Union
Européenne. Au contraire, leurs parts de marché ont régressé par rapport à celles d'autres
pays en développement non ACP. Cela s'explique aisément. Les avantages tarifaires significatifs ne concernent en réalité qu'une part minime du commerce des pays ACP: 63,4% du
commerce des ACP ne bénéficient d'aucune marge préférentielle, parce que les droits de
douane appliqués à ces produits sont inexistants, en vertu de la clause de la nation la plus
favorisée (art. I du GATT) ou du système de préférence généralisé (voir infra). Seuls 26,6%
des exportations ACP peuvent potentiellement profiter d'un avantage, dont seulement 7%
bénéficient d'un avantage significatif (3) supérieur à 5%.
Le commerce des pays ACP se base encore très fortement sur des structures de production
dédiées aux produits primaires. C'est un héritage de l'ère coloniale remis au goût du jour
par les programmes d'ajustements structurels. Les détracteurs de la Convention de Lomé
(3) La Convention de Lomé en Question. Les relations entre les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
(ACP) et l'Union Européenne après l'an 2000. GEMDEV. p.145
accusent les avantages commerciaux et les protocoles spécifiques (accords sur l'importation de quantités définies de sucre, viande, banane, rhum aux prix européens), agissant
comme une rente, de dissuader les pays ACP de diversifier leurs productions. Cet effet de
rente est probablement plus réel pour les produits bénéficiant des protocoles, puisque
nous avons vu que les avantages commerciaux sur les produits de base sont en réalité
minimes parce que les droits de douane le sont également. En tout cas, cela bat en brèche
la thèse de l'Union Européenne "forteresse protectionniste" et renvoie à la question du
développement proprement dit et plus particulièrement à l'amélioration de la productivité.
Importations des pays en développement dans l'Union Européenne
90
ACP
80
Asie
Amérique Latine
Valeur en milliards d'écus
70
Méditerranée
60
50
40
30
20
10
0
1976
1980
1985
1990
1992
1994
Part des PVD dans les importations de l'Union Européenne
16
14
ACP
Pourcentage des importations
Asie
12
Amérique Latine
Méditerranée
10
8
6
4
2
0
1976
1980
1985
1990
1992
Source: Eurostat-ODI-mars 1996 in livre vert sur les relations entre l'Union Européenne
et les pays ACP à l'aube du 21e sièvle
1994
Les principaux instruments de la Convention de Lomé
21
M La prise en compte des organisations paysannes
22
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
En matière de compétitivité, les avantages tarifaires ne sont pas les seuls avantages qui
entrent en ligne de compte. Aucun avantage commercial ne peut être saisi ou conservé à
moyen terme s'il ne s'appuie pas sur une dynamique forte de développement de la productivité. C'est évidemment d'autant plus vrai que la mondialisation touche des régions et des
secteurs de plus en plus larges. Les ACP ont effectivement obtenu des gains de productivité, mais les autres pays en développement en ont enregistré de supérieurs (4).
Les pays industrialisés, quant à eux, obtiennent des gains de productivité par des investissements plus soutenus, auxquels s'ajoute un arsenal de moyens propres à renforcer la
compétitivité de leurs produits. Ce sont les nombreuses subventions, telles les aides
directes à l'agriculture, l'ensemble des avantages conférés par les bonnes infrastructures
des transports, de recherche, de formation et de commercialisation. Des entreprises
puissantes, en position dominante sur les marchés, valorisent particulièrement bien ces
avantages structurels.
Les protocoles particuliers
Quelques produits bénéficient de protocoles d'accords particuliers (sucre, banane, viande
bovine, rhum) inséré dans la Convention de Lomé. Le sucre, par exemple, bénéficie des
conditions de l'organisation commune du marché du sucre de la Politique Agricole
Commune (voir infra).
Les conditions particulières qu'octroient les protocoles sont soumises aux adaptations des
organisations communes des marché agricoles et en subissent les baisses de soutien au
même titre que les producteurs de l'Union Européenne.
LE PROTOCOLE N°3 (N°8) SUR LE SUCRE
Le protocole sucre est l'héritage du "Commonwealth sugar agreement" propre au
Commonwealth qui venait à échéance le 28 février 1975, et prévoyait un régime de quota
d'importation sur le marché britannique. Lorsque les membres du Commonwealth d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique s'intégrèrent au pays membres de " l'association des pays
africains et malgache " (Convention de Yaoundé) pour former la Convention de Lomé, ses
fondateurs conservèrent le principe de cet accord particulier sur le sucre.
Le fonctionnement du protocole sucre est totalement lié à celui de la Politique Agricole
Commune (PAC). Il prévoit un mécanisme d'achat, par les organismes d'interventions communautaires, de quantités définies de sucre que les Etats ACP engagés par le protocole (5)
s'engagent à fournir. Le prix d'achat est garanti par la l'UE et est indexé sur le prix garanti
communautaire pour le sucre blanc.
L'édifice du protocole sucre reposait en outre sur l'hypothèse d'une reprise de l'économie
mondiale et par là, de l'extension de la demande de sucre dans le chef des pays pauvres
dont les revenus étaient susceptibles d'augmenter. Le pari de l'accroissement de la
consommation de sucre n'était pas gagné d'autant que la concurrence des édulcorants
se développa très largement (les produits "light" et nombreuses préparations et les
édulcorants vendus en tant que tel).
Le protocole donna lieu à des malentendus et déconvenues, étant donné la contradiction
juridique du protocole qui prévoit la possibilité de négociation tous les cinq ans alors que
les prix communautaires garantis ne sont pas négociables en dehors de la Politique
Agricole Commune (voir La baisse des prix agricoles, p. 26).
(4) Les parts de marché du commerce avec l'Union Européenne, détenues par les ACP, sont tombées de 6,7% à
3,7% entre 1976 et 1992 alors que leurs exportations croissaient de 2% par an. Mais dans le même temps,
les exportations des pays méditerranéens et d'Amérique Latine augmentaient de 6% par an et celles des
pays asiatiques de 12%.
(5) Les Etats ACP engagés par le protocole sucre sont: Barbade, Fidji, Guyane, Maurice, Jamaïque, Kenya,
Madagascar, Malawi, Ouganda, République du Congo, Swaziland, Tanzanie, Trinité et Tobago.
LE PROTOCOLE N°5 RELATIF AUX BANANES
Les dispositions particulières du protocole relatif aux bananes conviennent de l'amélioration des conditions de production et de commercialisation de bananes des Etats ACP et la
poursuite des avantages dont bénéficient les fournisseurs traditionnels. Les engagements
pris par l'UE dans le cadre de la Convention de Lomé et de ce protocole sont concrétisés
dans l'organisation commune de marché de la banane et les tarifs communs extérieurs à
l'Union Européenne.
La structure du marché de la banane et ses particularités sont brièvement décrites dans
l'encadré ci-après. Les nombreux conflits commerciaux qui lui sont attachés lui confèrent
un intérêt pédagogique certain, outre, bien entendu, le poids économique que ce fruit
représente puisqu'il vient en deuxième position sur le marché mondial des fruits frais et
en première position pour la production mondiale.
Le marché européen de la banane au centre d'une guerre commerciale
Le marché communautaire de la banane absorbe environ 30% des bananes échangées
dans le monde. Son importance revêt un caractère particulier parce qu'en valeur il
représente 45% du marché. Cela explique l'âpre lutte qu'il suscite pour l'accaparement
des parts de marché.
Le marché de la banane est particulièrement concentré puisque trois firmes transnationales contrôlent 65% du marché mondial et quelque 83% du marché si l'on considère
les cinq premières. Or le marché européen est organisé et permet donc aux décisions
politiques des institutions de l'Union Européenne d'en orienter le partage. C'est bien
cela qui soulève tant de récrimination et de plaintes auprès de différentes instances et
en particulier auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Le marché de la banane est régi par un règlement de l'Union Européenne (93/404)
auquel s'ajoute des accords internationaux dont la Convention de Lomé et le protocole
n° 5 relatif aux bananes qui lui est annexé, les accords du GATT et des accords bilatéraux conclus après un conflit arbitré par les instances de recours du GATT/OMC.
Trois groupes de pays producteurs fournissent les quatre millions de tonnes de bananes
consommées chaque année en Union Européenne: les pays producteurs européens, les
producteurs des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, qui se divisent euxmêmes en deux catégories (producteurs traditionnels et non traditionnels) et enfin
les pays tiers essentiellement constitués de pays d'Amérique Latine.
La filière de la banane se différencie aussi entre les grands types d'opérateurs économiques, producteurs, transformateurs et les sociétés de négoce. Les types d'opérateurs
peuvent aussi recouvrir des caractéristiques très différentes et avoir des intérêts opposés, en particulier pour les producteurs. Il est clair que les systèmes de production de
bananes sont sensiblement différents selon les régions de production mais aussi selon
les types d'exploitation. L'Afrique et les Caraïbes ne sont pas tout à fait comparables
aux pays de l'Amérique Latine. De même, les exploitations paysannes, se distinguent
totalement des grandes plantations, qui entrent souvent dans une intégration verticale
de la filière.
23
Les principaux instruments de la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
24
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
De nombreuses ONG ont choisi le marché de la banane pour exercer leur solidarité visà-vis des pays en développement mais aussi pour agir sur la "durabilité" de la production de la banane particulièrement dommageable à l'environnement.
Les deux principaux objectifs de l'organisation commune du marché de la banane sont,
comme les autres marchés agricoles organisés par la politique agricole européenne,
d'assurer un approvisionnement pour la consommation européenne de banane tout en
favorisant la préférence communautaire ainsi que la préférence pour les producteurs
des pays signataires de la Convention de Lomé (ACP). L'approvisionnement doit être
réalisé à un prix équitable tant pour les consommateurs que pour les producteurs
européens.
Le niveau d'un prix équitable est difficile à évaluer en particulier en présence de
systèmes de production et de commercialisation très différents dont les coûts de production correspondants sont également différents. Cela a conduit l'Union Européenne
à octroyer aux producteurs européens des aides complémentaires au revenu étant
donné leur faible compétitivité. Les aides compensatoires sont limitées à une quantité
maximale de bananes de 854 000 tonnes.
La préférence communautaire du marché européen de la banane s'appuie sur le contingentement tarifaire des importations, accompagné de l'octroi de licences d'importation.
Un contingent de 857 700 tonnes de bananes est attribué au groupe des 12 pays
importateurs traditionnels ACP. Ce contingent bénéficie de droit de douane nul.
L'importation ne nécessite pas l'acquisition de licences mais bien l'exigence d'un certificat d'origine.
Un deuxième contingent de 2 553 000 tonnes est attribué aux pays ACP exportateurs
non traditionnels de bananes et aux pays producteurs de la zone dollar (Amérique
Latine). Il est soumis à un droit de douane de 75 écus la tonne pour les bananesdollar, mais reste à zéro pour les bananes ACP non traditionnelles.
Ce dernier contingent s'accompagne d'un système de licence qui distingue trois
catégories d'opérateurs: les opérateurs traditionnels de la zone dollar, les opérateurs
traditionnels en Europe ou dans les pays ACP et les opérateurs arrivés sur le marché
après 1992. Les licences sont partagées entre les trois catégories à hauteur de 66%
pour la première, de 30% pour la seconde et de 3,5 pour la dernière. A l'intérieur de
chaque catégorie les licences sont à nouveau réparties entre trois types d'opérateurs:
les importateurs primaires (A) en obtiennent 57%; les importateurs secondaires (B)
en obtiennent 15% et les murisseurs (C) en obtiennent 28%.
Les licences de catégorie B permettent aux opérateurs traditionnels de bananes-ACP de
capter 30% du contingent "bananes dollar". Cette disposition est particulièrement mal
acceptée par les importateurs de la zone dollar, car elle constitue une rente de quota
qui s'ajoute à l'avantage tarifaire relatif de 75 écus/tonne. C'est précisément le dispositif d'allocation des licences qui a été condamnée par le groupe spécial et l'organe
d'appel de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Il est vrai que la création d'un droit à bénéficier de réductions tarifaires génère une
valeur marchande bien comprise par ceux qui en disposent et ceux qui souhaitent
importer dans l'UE. Ces licences font ainsi l'objet d'un intense commerce lucratif.
Le montant global de leur revente est estimé à quelque 900 millions de dollar par an.
L'objectif poursuivi par l'UE en attribuant les quotas de licences est de rééquilibrer la
compétitivité de la filière des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et celles les
opérateurs européens. La question qui se pose c'est l'efficacité du moyen utilisé et surtout sa pertinence en regard des critères politiques retenus. La préférence communautaire, l'équité entre producteurs et consommateurs sont les critères retenus dans les
différentes organisations communes de marchés agricoles de l'Union Européenne.
La Convention de Lomé et le protocole banane y ajoute la préférence pour les pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Mais le critère d'équité devrait aussi s'appliquer entre les producteurs ainsi qu'au sein
même de la filière. Peut-on soutenir de la même manière des multinationales et des
petits producteurs? Peut-on justifier l'existence même de cette rente en licence dont
bénéficient les opérateurs, uniquement parce qu'ils disposaient déjà de parts de marché
importantes à l'époque de la mise en œuvre du système? Cela constitue un subventionnement direct des oligopoles et plus encore, puisque apparemment, ce système permettrait à certaines sociétés de bénéficier de cette rente sans plus avoir d'autres activités.
L'une des solutions proposées par un réseau d'ONG serait de vendre les licences aux
enchères. Le premier effet de cette nouvelle disposition serait de restituer le produit
des licences au domaine public et ainsi de pouvoir le réinjecter dans la filière, en
fonctions de critères sociaux ou environnementaux, par exemple. Le second avantage
serait une meilleure distribution des licences. Elle peut être atteinte par la définition
de lots accessibles et de plafond de prix, aisément réalisables en utilisant le système
de l'enchère inversée (l'enchère débute au plafond défini et les prix baissent jusqu'à
la première enchère).
En plus de la taille très importante du marché européen, les prix relativement élevés
qui y sont en vigueur suscitent toutes les convoitises. Le système de gestion des parts
de marché pose un réel problème d'équité qui pourrait plaider pour l'ouverture pure et
simple du marché européen. Pourtant, c'est justement la présence de cette régulation
du marché qui permet le maintien de prix rémunérateurs pour la filière, de la production à la commercialisation. Il semble donc que le débat devrait porter sur le partage
de la valeur ajoutée au sein même de la filière, entre l'ensemble des acteurs. La
dérégulation du marché peut-elle apporter une solution en ce sens ou renforcera-t-elle
les contradictions internes à la filière?
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Les principaux instruments de la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
La cohérence des politiques de l'Union Européenne
avec la Convention de Lomé
La Convention de Lomé et la Politique Agricole Commune
L'agriculture européenne est soutenue par les pouvoirs publics
Les Pays membres et l'UE elle-même, ont une longue histoire d'interventions publiques
dans le secteur agricole. Depuis la fondation de la CEE en 1958, la politique agricole est
communautaire et à ce titre, c'est l'UE qui organise les principaux marchés agricoles tels
ceux des céréales, du sucre, des produits animaux et plus récemment celui de la banane
(production de l'Espagne, du Portugal et des départements et territoire d'outre-mer
français...). Le niveau de prix minimal à la production est garanti par l'Union Européenne.
Si le prix minimal n'est pas atteint sur le marché, l'UE s'engage à acheter, par l'intermédiaire des organismes d'intervention, les quantités qui lui sont présentées. Depuis l'apparition des excédents chroniques, diverses limitations des interventions ont été introduites
tels les quotas, les quantités maximales garanties...
La politique agricole européenne garantit également la préférence communautaire.
L'UE prélève des droit de douanes sur les produits agricoles importés pour s'assurer que
les productions agricoles européennes, qui font l'objet d'une organisation commune de
marché, soient en permanence mieux placées pour les consommateurs européens.
En sus de ces avantages, les exportateurs européens obtiennent également des subventions
équivalentes à la différence entre les prix européens et le prix du marché mondial. Ce sont
les restitutions. Ces restitutions aux exportations constituent la forme d'aide la plus
contestable, d'autant plus qu'elles accaparent une part importante du budget agricole
communautaire. L'accord sur l'agriculture du GATT a limité les possibilités de subventionner
les exportations mais a induit une transformation des modalités de subventionnement qui
demeurent tout aussi pernicieuses (voir aides directes).
Des exceptions aux préférences commerciales garanties
par la Convention de Lomé
La plupart des produits ACP entrent en exemption de droit de douane dans l'Union
Européenne, cependant, l'Union Européenne accorde une priorité à ses propres producteurs.
Pour les produits agricoles sensibles, et de manière à assurer la préférence communautaire
prévue par la PAC, les Pays ACP ne bénéficient plus de l'exemption de droit de douane.
Mais ils disposent toujours d'une préférence relative par rapport aux exportateurs non ACP.
La baisse des prix agricoles compensée par des aides directes
pour les producteurs européens
Outre les problèmes structurels d'équité, de surproduction et de contrainte budgétaire,
les interventions sur les marchés agricoles de l'Union Européenne suscitent d'insistantes
récriminations de ses principaux partenaires commerciaux relayées par les instances du
GATT, accord qui définit les règles des relations commerciales internationales. L'agriculture
est demeurée longtemps en marge du GATT, bénéficiant d'exemptions. Les longues négocia-
Organisation commune du marché des céréales
Avant réforme de la PAC
Après réforme de la PAC
300
Prix institutionnels
250
Prix indicatif
Prix de seuil
Prix en ECU/tonne
200
Prix d'intervention
de base/unique
Aide compensatoire
(complément de revenu)
Prélèvements
150
Prélèvements
Restitutions
Restitutions
100
Prix des marchés UE
et international
50
Prix à la production
en Belgique
Prix CAF Rotterdam
(moyenne annuelle)
1988/89
1989/90
1990/91
1991/92
1992/93
1993/94
1994/95
1995/96
Dispositif institutionnel
Les institutions de l'Unions Européennes définissent le dispositif de prix qui permet
d'assurer la préférence communautaire et d'encadrer le marché intérieur de sorte qu'il assure
un prix équitable pour le producteur et le consommateur.
Prix d'intervention: les organismes d'intervention sont tenus d'acheter à ce prix d'intervention les céréales qui leur sont offertes tout au long de la campagne.
Prix indicatif: il donne le niveau de prix considéré comme adéquat pour la zone déficitaire
de l'UE (Duisbourg-RFA).
Prix de seuil: il est dérivé du prix indicatif et applicable à la frontière extérieure de l'UE.
Il est fixé de telle manière que les céréales importées des pays tiers ne puissent être
offertes, sur le marché intérieur de l'UE, à un prix inférieur à celui du prix indicatif.
Paiement compensatoire: il est destiné à compenser la baisse du prix des céréales
intervenues lors de la réforme de la PAC. Le paiement compensatoire attribué aux producteurs est fixé à l'hectare sur une base régionale.
Prélèvement: droit de douane (variable) qui hausse le prix des céréales importées au
niveau du prix de seuil. Les prélèvements variables ont été transformés en droits fixes
en 1995.
Restitutions: paiement attribué à l'exportateur qui compense la différence entre le prix
intérieur et le prix sur le marché mondial.
La cohérence des politiques de l'Union Européenne
avec la Convention de Lomé
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M La prise en compte des organisations paysannes
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
tions de l'Uruguay round ont abouti à un accord sur l'agriculture en 1993 par lequel les
membres du GATT acceptent de réduire leurs aides publiques à l'agriculture et en particulier celles qui auraient une incidence sur les marchés.
L'ajustement de la Politique Agricole Commune aux règles du GATT et aux conditions du
marché mondial conduit à des baisses des prix garantis aux producteurs (baisse de 29%
pour les céréales entre 1992 et 1995; une nouvelle baisse de 20% est envisagée pour la
campagne 2000-2001). Ces baisses sont partiellement compensées par des aides directes
attribuées aux exploitations en fonction de leur superficie ou à la tête de bétail.
Cette méthode d'aide aux exploitations est dite découplée, parce qu'elle intervient sur
les revenus des producteurs indépendamment de la production et n'aurait pas d'effet sur
les marchés. Elle permet pourtant à des exploitations de produire alors que les prix ne
couvrent pas complètement les coûts de production.
Les aides directes améliorent donc artificiellement la compétitivité des producteurs
européens sur les marchés, y compris sur les marchés des pays du Sud. Cela pose question,
mais la réforme de la politique agricole commune induit un deuxième effet défavorable
pour les producteurs des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. La baisse des prix
garantis érode de facto le niveau de garantie octroyé aux producteurs des pays ACP par les
protocoles spécifiques. En effet, ces baisses se transmettent automatiquement à ceux qui
sont garantis par le protocole.
Cette situation serait peut-être tenable si l'évolution de la productivité et des structures
de productions des agricultures européennes et de celles des pays en développement
n'étaient différentes. Les gains de productivité de l'agriculture européenne ont permis de
compenser partiellement la baisse des prix garantis (produire plus dans un premier temps
et ensuite à moindre coût, pour compenser les baisses de prix et maintenir le revenu),
l'évolution des structures (la sortie de nombreux agriculteurs) fit le reste. Qu'en est-il dans
les pays du Sud?
L'organisation Commune du marché du sucre: un modèle à suivre?
Les principales organisations communes de marché fonctionnent sur la base de principes
identiques et avec des instruments similaires. De par ses particularités, l'organisation commune du marché du sucre est particulièrement intéressante.
Les différents acteurs de la filière y interviennent, tant la communauté et ses Etats
membres que les producteurs et les industriels (en interprofession) et, indirectement
au travers du protocole sucre, un échantillon des Etats du sud.
Le financement de l'organisation du marché du sucre est à charges des producteurs.
La définition de quota distinguant l'autoconsommation communautaire et les surplus
en ce, y compris l'isoglucose.
La prise en charge financière de l'organisation de ce marché permet de contourner une des
principales contraintes à ce choix d'organisation qu'est la contrainte budgétaire. La limitation de garantie de prix au marché intérieur (quota A) estompe les effets négatifs que
peuvent avoir les exportations subsidiées sur des marchés de pays tiers ne pouvant bénéficier de mesures similaires. Et le fonctionnement en interprofession assure une meilleure
prise en compte des intérêts et des responsabilités de chaque maillon de la filière.
LE FONCTIONNEMENT DE L'ORGANISATION COMMUNE DU MARCHE DU SUCRE
La production communautaire est divisée en trois catégories, qui correspondent au volume
auto consommé, à un volume de réserve et à un volume excédentaire. Le prix indicatif est
le niveau de prix considéré comme souhaitable pour les transactions communautaires. Cet
objectif de prix est recherché par l'utilisation de trois instruments que sont la protection
du marché intérieur, la garantie d'achat et l'aide à l'exportation.
La préférence communautaire (protection de la production intérieure) est assurée par
le relèvement des prix à l'importation, effectuée par des prélèvements (taxe variable à
l'importation), de manière à ce qu'ils atteignent le prix de seuil. La quantité prévue par
le protocole sucre bénéficie d'une franchise, donc les prélèvements ne s'y appliquent pas.
La garantie de prix est assurée par l'achat au prix d'intervention, par les organismes
d'intervention, de la production qui ne trouverait pas acheteur.
Les excédents de production bénéficient d'aide à l'exportation sous la forme de compensations financières qui pallient les différences de prix entre le marché communautaire et le
marché mondial. Ce sont les restitutions à l'exportation.
Le marché européen du sucre est donc organisé par les pouvoirs publics mais contrairement à d'autres organisations communes de marché, les dépenses sont financées par les
acteurs de la filière. Le volume d'exportation induit par les importations bénéficiant de
préférences (protocole sucre) est quant à lui, financé sur le budget de l'Union Européenne.
L'effet sur le budget européen de l'organisation du marché du sucre communautaire est
donc neutre. Cette neutralité est assurée par les cotisations des producteurs sur l'ensemble
de la production A et B équivalente à 2% du prix de base pour la betterave et d'une
deuxième cotisation (cotisation B) si nécessaire, appliquée sur le quota B. Une cotisation
complémentaire peut être perçue en cas d'insuffisance des deux premières.
Le stockage et les frais de stockage, qui interviennent aussi lourdement dans l'organisation
du marché, sont assurés par les entreprises et répartis entre elles par un système de
péréquation.
Le système de préférences généralisées
Le système de préférences généralisées est mis en œuvre le 1er juillet 1971 par la
Communauté Economique Européenne. Il résulte d'une disposition prise par la CNUCED.
La deuxième Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement adopte
la résolution 21 II (en 1968) qui instaure le système de préférences généralisé (SPG).
Cette disposition préconise l'adoption d'abaissements relatifs des droits de douane pour
les pays en développement, leurs conférant un avantage commercial sur les autres pays.
Cet avantage n'est pas soumis à réciprocité. La définition de pays en développement est
auto-élective.
Ce système de préférence à ensuite été introduit dans la partie quatre de l'accord général
sur le commerce et les droits de douane (GATT) lors du Tokyo round.
Ces avantages commerciaux accordés aux pays en développement dans le cadre du système
de préférences généralisées ne sont donc pas à confondre avec les avantages commerciaux
accordés par la convention de Lomé aux 71 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,
qui sont plus élevés. Ce ne sont d'ailleurs pas là les seuls engagements que l'Union
Européenne ait signé avec des pays tiers. La hiérarchie des avantages commerciaux accordés aux différents groupes d'Etats est illustrée par la pyramide des privilèges.
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La cohérence des politiques de l'Union Européenne
avec la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
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La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
La pyramide des privilèges
Pays ACP
PMA avec super SPG
Accords Méditerranée
Pays en développement avec SPG
Zone libre échange (réciprocité) Pays de l'AELE
Négociations commerciales avec pays de l'Europe Centrale et de l'Est
Système de préférences généralisé (Amérique Latine, ASEAN)
Accords des Nations les plus favorisées (Etats-Unis, Canada, Japon…)
Sources: Christopher Stevens in La convention de Lomé, GEMDEV p. 120
Au sommet de la pyramide, le groupe des Etats ACP qui bénéficie des préférences les plus
élevées. La base de la pyramide représente le solde des Etats qui bénéficie de la clause de
la nation la plus favorisée, octroyée dans l'accord général sur le commerce et les droits de
douane (GATT). Les groupes intermédiaires bénéficient d'avantages octroyés par différents
accords de coopération ou commerciaux tel le système de préférences généralisées.
On peut considérer que le système de préférences généralisées entre en concurrence avec
les préférences de la Convention de Lomé. Il est en partie responsable de la perte de parts
de marché détenues par des pays ACP au profit d'autres pays en développement, en particulier des Etats d'Asie et de l'Amérique Latine.
Il est vrai que de telles contradictions sont constatées à l'intérieur même des groupes
(Etats bénéficiant du SPG, Etats ACP) qui sont composés de pays disposant de capacités
commerciales de niveaux différents. Il en résulte que pour un niveau donné, les avantages
bénéficient surtout aux pays dont l'économie est plus performante d'un point de vue commercial et qui donc ne devraient pas être "prioritaires".
Le système de préférences généralisées de l'Union Européenne a été revu à la lumière de
ces distorsions internes (les pays en développement, sont maintenant différenciés en fonction de leur niveau relatif de développement et de performance pour le secteur concerné
et progressivement exclu du bénéfice du SPG) mais il n'a pas été mis en cohérence avec le
dispositif de la Convention de Lomé. C'est d'ailleurs la question inverse qui se pose, et la
Convention d'être montrée du doigt car elle est accusée d'introduire une discrimination
entre les pays en développement et contrevenir ainsi aux règles du GATT.
Baisse généralisée des droits de douane:
La clause de la nation la plus favorisée
Pour conclure sur cette question, revenons à la clause de la nation la plus favorisée de
l'accord général sur le commerce et les droits de douanes (GATT). C'est elle qui étend à
l'ensemble des membres du GATT toutes les baisses de droits de douane concédées par un
Etats à un autre. Le démantèlement des droits de douanes, premier objectif du GATT,
contribue donc largement à éroder (indirectement) les avantages tarifaires dont bénéficient les pays en développement et les signataires de la Convention de Lomé.
A contrario, il faut considérer l'extension des barrières non tarifaires qui, insidieusement,
entravent plus largement le commerce des pays en développement que celui des pays
industrialisés. Ces derniers disposent de meilleurs moyens d'adaptations à l'extension des
normes commerciales. L'incidence des barrières non tarifaires sur la circulation des marchandises prend le pas sur les barrières tarifaires, les premières ne cessant d'augmenter,
les secondes ne cessant de diminuer.
La question des normes commerciales sera l'un des axes importants de la coopération de
l'UE avec les Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, sur le double plan de la maîtrise
des normes par les producteurs ACP et la convergence, dans l'adoption de normes, entre
l'UE et les Etats ACP.
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La cohérence des politiques de l'Union Européenne
avec la Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
Partie II
32
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
L'accès des organisations paysannes
aux instruments de Lomé
Les organisations paysannes dans l'État
Conçue et négociée entre des Etats, la coopération européenne dépend de la capacité
de ceux-ci à transcender les attentes légitimes des populations et de les transformer en
programmes politiques dûment mis en œuvre sur l'ensemble du territoire. Leurs insuccès
et leur dégraissage par les ajustements structurels ne les a toutefois pas empêchés de
maintenir cette exclusivité contractuelle.
Alors que la Convention touche à son terme, les rapports entre les pouvoirs publics et
les populations évoluent enfin au rythme du renforcement des organisations populaires.
Ce sont elles qui contestent cette exclusivité et revendiquent une implication large dans
la coopération et le développement de leurs régions.
Pour l'essentiel, les acteurs autres que l'État ne peuvent agir dans le cadre de la
Convention de Lomé sans l'aval de celui-ci. La participation des organisations paysannes
à la définition et aux orientations des politiques et des actions dans le cadre de la
Convention de Lomé dépend, avant toute chose, de la qualité du dialogue qu'elles ont
avec les instances de leurs États respectifs. Cette qualité de dialogue dépend des capacités
propres des organisations paysannes à se faire entendre et de celle des instances
publiques, soutenues par l'ouverture et la volonté politique des gouvernants, à les
considérer.
C'est sur ce terrain qu'opère par exemple le CNCR au Sénégal. Il y joue un rôle de
coordination et de concertation entre toutes les fédérations nationales d'organisations
paysannes. Cela le prédispose à s'imposer comme interface entre les pouvoirs publics
(ainsi qu'entre les bailleurs de fonds) et les nombreuses associations paysannes.
La stratégie adoptée est la "reconnaissance" de l'État, de son autorité, de ses prérogatives. C'est une manière, pour le CNCR, de légitimer sa position de partenaire social avant
qu'elle ne soit institutionnalisée et de ménager les nombreuses susceptibilités des pouvoirs, ce qui lui permet de participer de facto aux orientations politiques aux plus hauts
niveaux.
Les procédures de financement
L'accès aux financements ne dépend pas uniquement des décisions politiques. Les financements doivent suivre des procédures longues et complexes inadaptées aux capacités organisationnelles des paysanneries. Le Fonds européen de développement (FED) ne traite que
des dossiers dont les montants dépassent largement les capacités particulières des utilisateurs finaux. L'accès suppose donc, à défaut de réformer les procédures et les moyens
internes de gestion des instruments de la Convention, l'existence de dispositifs opérationnels privés (non gouvernementaux), à même d'instruire et de gérer, de découper et de
coordonner de gros dossiers de financement, acceptables par le Fonds européen de développement (FED). En vertu des dispositions prises pour la coopération décentralisée, de
telles dispositions ont déjà été expérimentées et des fonds ont été mis à la disposition
d'organisations chargées de sous-traiter les demandes de financement. Plusieurs exemples
sont relatés dans une étude sur la coopération décentralisée (COTA)(6).
(6) Coopération décentralisée. Une approche européenne nouvelle au service du développement participatif.
Étude méthodologique. Coordination Francis Douxchamps. COTA asbl. Novembre 1996.
L'inadéquation des modalités de financement impliquerait donc la création d'interfaces de
gestion coordination telles qu'elle sont appelées dans cette même étude. C'est là une évolution suspecte. Ces interfaces gestionnaires peuvent pervertir la vision paysanne du développement et imposer sa propre vision. Ce nouveau type d'intermédiaire risque de surcroît
de se substituer à une structuration autonome des mouvements paysans ou d'en freiner le
développement. Le débat est d'actualité car de nombreux bailleurs interviennent pour
façonner la représentation paysanne en fonction de leurs propres critères et modèles. Par
exemple, la coopération française, avec la collaboration des AFDI (7), soutient dans différents pays sahéliens la création de chambres d'agriculture, inspirées du modèle français,
entravant l'émergence de fédérations des mouvements paysans. Ces structures de représentation paysanne se livrent une concurrence pour le leadership et la légitimité. Ont-elles
pour autant la même connivence avec les paysans et jouissent-t-elles d'une même indépendance?
A contrario, pour prendre l'exemple du Sénégal, les mouvements paysans, à l'initiative de
la FONGS, se sont rassemblés en un Conseil National de Concertation et de Coordination
(CNCR) des Ruraux, qui a réussi à s'imposer comme interlocuteur social. Justement, le
Conseil National de Concertation et de Coordination des Ruraux (CNCR) ont créé une organisation avec d'autres partenaires (ASPRODEB) qui actuellement instruit et coordonne des
fonds de la Banque Mondiale destinés à de petits projets ruraux. Ce qui est remarquable
dans ce cas, c'est l'autonomie statutaire de cette association, entièrement contrôlée par
des organisations paysannes, elles-mêmes rassemblées au sein du CNCR. Il ne s'agit pas
d'un "comité de pilotage" incluant les bailleurs de fonds et les pouvoirs publics centraux,
mais d'un outil mis en place et dirigé, à leurs propres fins, par les mouvements paysans du
Sénégal.
L'opacité de la coopération de l'Union Européenne
disqualifie les organisations paysannes
Des organisations paysannes déclaraient récemment (8) tout ignorer du STABEX, de son
fonctionnement et de son utilisation. De même, leur connaissance des programmes indicatifs nationaux de leur pays est quasi nulle. Ce document central, qui définit le programme
de la coopération européenne dans chaque pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, est
régulièrement classé "secret d'État". Le centralisme et l'accaparement du pouvoir par les
gouvernements ont conduit à de nombreux échecs de développement. L'affaiblissement
progressif des appareils des Etats par l'endettement et les ajustements structurels ont
aussi eu des effets négatifs sur la capacité des Etats à gérer l'aide au développement.
Face à l'indigence de l'État, son incapacité à représenter les populations et à arbitrer les
contradictions des acteurs du développement, c'est le Délégué de l'Union Européenne qui
agit en potentat de fait, plus ou moins éclairé, ne palliant ses propres déficiences qu'en
dépensant une part importante des fonds de la coopération dans le financement d'études
en tout genre et de contrats de sous-traitance. Or, c'est au nom de l'efficacité que ses
pouvoirs pourraient être étendus lors du renouvellement de la Convention. C'est l'articulation entre populations et Etats qui doit être établie en priorité. Cela signifie un pouvoir
fonctionnel et démocratique et des interlocuteurs populaires capables et contrôlés par la
base.
(7) Les Agriculteurs français et développement international (AFDI) sont des organisations non gouvernementales issues de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA).
(8) Lors du séminaire de Yaoundé (mai 1998) auquel participaient une dizaine d'organisations paysannes des
pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dont plusieurs organisations nationales.
33
L'accès des organisations paysannes
aux instruments de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
34
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Conscientes de la fracture existante, des organisations paysannes des ACP proposent de
modifier le rôle de l'ordonnateur national (9): "[...] la gestion des ressources issues des
différents instruments devra être améliorée: l'association des différents représentants de la
société civile et de l'Etat autour d'un comité de concertation et de gestion à la place de
l'ordonnateur national serait un progrès important pour la transparence et l'efficacité des
appuis de la Convention de Lomé. Pour ce faire, un code d'éligibilité devra être défini au
niveau national pour garantir un accès équitable et transparent"(10).
Le vocable "société civile" utilisé par ces organisations paysannes ne doit pas leurrer. La
redistribution des rôles de l'ordonnateur national pose tout aussi directement la nécessaire
clarification des rôles et prérogatives des très nombreuses organisations incluses dans le
champ de cette expression. Sans oublier que d'ores et déjà les bailleurs de fonds leur renvoient la balle et posent la question de leur légitimité eu égard à leur représentativité et
à leur démocratisation interne, ainsi que celle qui concerne leur efficience dans l'action.
(9) Le rôle de l'ordonnateur national est central dans l'orientation et l'affectation des ressources de la
Convention de Lomé, voir les articles 312 à 315 de la Convention.
(10) Lors du séminaire de Yaoundé (mai 1998) auquel participaient une dizaine d'organisations paysannes des
ACP dont plusieurs organisations nationales.
M La prise en compte des organisations paysannes
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Mémorandum
Groupe de concertation des Organisations Paysannes
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique sur les
négociations de Lomé
Mémorandum
Bruxelles, le 26 juin 1998
Préambule
Considérant l'importance que revêt la convention de Lomé pour les organisations
paysannes des pays ACP,
Soucieuses d'apporter leur contribution aux négociations futures revues en septembre
1998,
nous, organisations paysannes de 18 pays d'Afrique, des Caraïbes et des Pacifiques, nous
sommes réunies d'abord à Yaoundé au Cameroun en avril 1998 en vue d'approfondir nos
connaissances sur la convention ACP/UE de Lomé.
La réunion que nous venons de tenir à Bruxelles, en marge de la session des Ministres
des Finances des pays ACP, avec l'appui d'ONG du Nord notamment SOS Faim Bruxelles et
le Collectif de Stratégie Alimentaire (CSA Belgique) est une suite logique de la première
rencontre et devait nous permettre d'une part:
E de partager nos réflexions avec les organisations professionnelles agricoles d'Europe,
les fonctionnaires et parlementaires européens, ainsi que les ONG et le grand public
du Nord,
E d'autre part de prendre contact avec les représentations diplomatiques des pays ACP
à l'Union Européenne et discuter avec elles de l'état d'avancement des préparations de
la négociation, et comprendre leurs positions en vue de mieux profiler les nôtres.
Ce fut également l'occasion d'établir des contacts avec les autorités de nos différents pays
en vue d'une possible participation aux futures négociations.
Au sortir de ces rencontres, nous vous faisons part à travers ce présent mémorandum de
nos inquiétudes et nos espoirs, mais aussi de nos propositions pour une coopération
UE/ACP fructueuse et au service du développement économique et social de nos sociétés.
Propositions paysannes pour une pleine participation
des organisations paysannes à la future Convention de Lomé
... Pour la participation aux négociations
Le monde rural des pays ACP représente plus de 70% de leur population.
D'importants efforts d'organisation sont réalisés ces dix dernières années en milieu rural
ACP donnant lieu à l'existence de mouvements paysans tant aux niveaux national que
régional.
A ce titre, les organisations paysannes offrent de véritables cadres de mobilisation des
opinions, de cumulation de propositions, mais aussi de mise en œuvre effective des
prochains accords.
36
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
La future convention de Lomé devrait être attentive à cela et viser aussi bien le renforcement des capacités des Etats à remplir leurs fonctions fondamentales que le renforcement
des capacités des organisations paysannes à assumer leur fonction d'acteurs économiques,
mais aussi de citoyen.
Il ne s'agit pas de marginaliser ou de contourner les Etats, mais d'assurer une distribution
équitable des ressources disponibles entre le maximum de secteurs et d'acteurs, de
construire un véritable partenariat entre les Etats, les secteurs privés et publics en vue
d'harmoniser nos positions, resserrer nos rangs et mieux entrer dans le concert des
nations.
Un tel partenariat exige adhésion, appui et accompagnement de nos pouvoirs publics et de
leurs ambassadeurs à UE; ce sur quoi nous attendons une position de nos différents états.
Les organisations paysannes demandent davantage de responsabilités. Elles veulent devenir des partenaires à part entière dans la coopération UE/ACP et participer à la mise en
œuvre de la convention actuelle et aux débats portant sur l'avenir de celle-ci.
Les organisations paysannes reconnaissent que les Etats sont souverains, ils ont des
responsabilités et des fonctions à assumer vis-à-vis des citoyens. À ce titre, il leur revient
la responsabilité de définir les orientations et politiques qui régissent les évolutions économiques, sociales et culturelles des pays.
Par ailleurs, les acteurs de la société civile, les organisations paysannes en particulier,
doivent être capables de compléter le rôle de l'Etat non de s'y substituer.
Les organisations paysannes souhaitent que s'établissent au niveau national, de véritables
cadres de dialogue entre elles et les Etats, pour assurer leur participation effective et
efficace à la définition des programmes indicatifs nationaux, aux discussions dans les
cadres d'obligations mutuelles.
Elles demandent à disposer d'un statut permettant leur participation aux sessions des ACP
et à toute autre rencontre où se discutent des questions touchant le développement rural.
Pour ce faire, des structures de dialogue devraient être mises en place au niveau national
et régional.
La participation des organisations paysannes au processus de formulation des politiques de
développement qui les concernent, permettrait que celles-ci soient mieux ancrées dans les
réalités économiques et sociales des pays ACP.
... Pour la transformation du Stabex
Véritable instrument destiné au soutien à l'agriculture, le Stabex mérite d'être maintenu,
mais aussi amélioré dans son contenu comme dans son utilisation. Le Stabex est demeuré
pendant très longtemps dans la clandestinité.
Conçu pour régler des problèmes d'instabilité de la production et de la baisse des cours
mondiaux des produits agricoles, le Stabex n'a permis ni d'améliorer la compétitivité du
secteur agricole des ACP ni sa diversification.
Les transferts liés à ces fonds se sont concentrés sur quelques produits (60%) sur le café,
le cacao et l'arachide, et sur quelques pays (30%) sur la Côte d'Ivoire et le Cameroun.
Les aides Stabex ont favorisé des situations de monoculture, de gros producteurs exportateurs et l'appui à la balance des paiements des états au détriment des structures familiales
de production.
Il a essentiellement soutenu des exploitations agricoles concentrées et tournées vers les
marchés extérieurs au détriment des marchés nationaux et du commerce trans-ACP.
Face à cette situation, les organisations paysannes proposent:
E de lever la restriction sur les produits couverts pour diversifier davantage les produits
pouvant bénéficier du soutien Stabex et particulièrement les produits vivriers;
E de renforcer le fonds;
E d'assouplir les conditionnalités et procédures conçues dans les cadres d'obligation
naturelle, les procédures de mobilisation, et réduire les temps d'entrée en opérationnalité des COM.
Les organisations paysannes étant aujourd'hui tenues à l'écart tant au niveau de la définition, des priorités couvertes par le Stabex qu'au niveau de l'accès aux fonds, demandent à
être davantage impliquées et responsabilisées dans la gestion des Stabex nationaux mais
aussi d'en bénéficier de manière plus accrue.
... Pour une meilleure intégration régionale
En ce début du 21ème siècle caractérisé par la mondialisation, les grands ensembles régionaux et sous régionaux où s'effectuent la concertation, la prise de position commune sur
des questions cruciales sont devenues indispensables.
C'est pour cette raison que les organisations paysannes soutiennent tout apport allant
dans ce domaine.
Elles considèrent cependant que:
E l'intégration régionale demande du temps et des moyens: la construction de l'Union
Européenne en est une preuve;
E entre autre, les organisations paysannes pensent que leur participation et celle des
peuples dans son intégralité à l'effort d'intégration sont indispensables si l'on veut que
ces stratégies régionales s'inscrivent dans le jeu des acteurs privés, reflètent la volonté
populaire, rencontrent l'adhésion des masses et aient un réel ancrage dans les sociétés.
Les organisations paysannes souhaitent que la convention future soit attentive à ces
éléments.
Dans ce domaine, beaucoup d'initiatives sont prises et des cadres d'intégration existent
déjà. La convention doit être conçue de manière à renforcer ces cadres et non les déstructurer; ainsi, l'établissement de zones de libre échange mérite des études plus approfondies
effectuées de manière à bien mesurer son impact économique et social sur la vie des producteurs et sur les efforts d'intégration déjà consentis.
Le soutien à l'intégration doit prendre en charge l'appui aux organisations paysannes
en vue de renforcer leurs capacités, développer leurs réseaux et favoriser un véritable
dialogue pluriel.
37
Mémorandum
M La prise en compte des organisations paysannes
38
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Il doit mettre l'accent sur le développement de la coopération technique et commerciale
à l'intérieur des ACP qui sera complété par une coopération tournée vers l'Europe.
... Coopération commerciale
A. Sur l'institution de zones de libre-échange
Sur la base d'une analyse profonde et des expériences vécues, les organisations paysannes
considèrent que l'instauration de zones de libre-échange constitue une menace réelle pour
la survie de nos agricultures.
Dans nos pays respectifs, la population rurale se situe à plus de 70%. L'agriculture y est,
comme partout d'ailleurs, à la base de l'alimentation de la population et par conséquent
elle pose un véritable problème de souveraineté.
L'agriculture structure la société rurale et constitue un mode de vie. Sur cette base, elle
dépasse les préoccupations mercantiles et ne peut être traitée uniquement sous l'angle
commercial.
L'instauration de zones de libre-échange et perçue et comprise par les organisations
paysannes comme le prolongement des accords de l'OMC qui prônent une application à
outrance de l'ouverture des marchés et du libéralisme qui ont déjà causé d'énormes
difficultés aux producteurs.
La zone de libre-échange met en concurrence sur les marchés ACP deux économies et deux
agricultures qui sont à tout point de vue inégales au moment où les marchés du Nord nous
seront interdits par les normes qui constituent de véritables barrières non douanières.
D'autre part, la zone de libre-échange représentera à nos yeux une grande perte de richesse pour nos Etats et donc leur affaiblissement économique. Ainsi, nous OP, nous nous
opposons radicalement à une telle mesure et proposons que nos Etats s'engagent dans
des négociations où nos agricultures seront soutenues et nos économies protégées. Cette
proposition recoupe l'objectif de lutte contre la pauvreté clairement affichée par les deux
parties (UE, ACP).
B. Sur les autres aspects commerciaux
Le bilan de la convention de Lomé est très mitigé au regard de la coopération commerciale
UE/ACP et des deux objectifs qu'elle s'était fixés à savoir:
E la diversification de la production;
E l'intégration des pays ACP dans le marché mondial.
Depuis 1976, la part des exportations ACP vers l'UE n'a cessé de décroître en passant de
6,7 en 1976 à 3,7 en 1997.
Pour les OP, la coopération commerciale UE/ACP doit être pensée comme un instrument
de développement de l'ensemble des composantes du monde rural. C'est à ce niveau où se
situe l'importance d'assurer la cohérence d'une part entre objectifs fixés et mesures à
mettre en œuvre et d'autre part entre les secteurs d'intervention ciblés par l'accord. Pour
se faire, les propositions portant dialogue politique doivent être clarifiées et la réciprocité
appliquée.
Si les organisations paysannes consentent que la mondialisation est irréversible pour elles,
cela ne peut signifier que toutes les règles doivent être calquées sur les seules lois du
marché et de la concurrence.
La libéralisation du commerce n'est pas une fin en-soi et ne doit pas empêcher à nos
Etats de mettre en place des politiques agricoles nationales et sous régionales adaptées
aux réalités spécifiques de chaque pays ou région. Lesquelles politiques permettront un
développement économique durable d'un point de vue économique, social et environnemental.
Pour les OP, il est nécessaire que les Etats (ACP) puissent définir des politiques agricoles
intérieures qui permettent aux petites exploitations familiales de se développer.
Ces exploitations familiales qui constituent l'essentiel de la population et assurent la
majorité de la production agricole, ne peuvent être laissées vulnérables en les soumettant
aux seules lois du marché, et une concurrence outrancière inégale et sans frein qui
pourrait déstructurer le monde rural et en contradiction avec l'ambition de lutte contre
la pauvreté.
... Par rapport à l'OMC
L'OMC est un Forum politique à l'intérieur duquel ACP et EU, se sentant unies, doivent
lutter pour la sauvegarde de nos agricultures réciproques. Pour se faire, l'intérêt commun
ne doit pas faire oublier les divergences "l'Agriculture des ACP n'est pas celle de l'UE".
La jonction entre UE et ACP pouvait se situer sur:
E l'établissement des normes communes tout en veillant à ce qu'elles soient bénéfiques
pour toutes les parties;
E et l'établissement de relations économiques et commerciales qui assurent la sécurité
alimentaire des peuples, un développement économique équilibré respectueux du développement humain et de l'environnement, passant par le soutien des agricultures familiales.
Enfin, les organisations paysannes considèrent que contrairement à la tendance qui se
dessine et dont le souci est d'adapter Lomé à l'OMC, les Etats ACP et UE en relation avec
leurs sociétés civiles doivent concevoir des propositions qui soient de véritables alternatives par rapport à celles de l'OMC.
Enfin, les organisations paysannes considèrent que la libéralisation des investissements
proposée par l'OMC ne peut être acceptée ni dans le cadre de la convention ni dans les
instances de l'OMC.
... Sur les procédures
Les organisations paysannes demandent:
L'assouplissement des conditionnalités, la simplification des procédures, la facilitation de
la mobilisation des ressources et leur décentralisation.
Elles souhaitent la valorisation et l'utilisation des compétences locales.
Les organisations paysannes appellent nos dirigeants pour qu'au-delà des spécificités de
nos pays et des intérêts propres des nations ce qui est pour nous légitime que les pays
ACP s'unissent pour faire un bloc et parler d'une seule voix.
39
Mémorandum
M La prise en compte des organisations paysannes
40
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
LE COMITE DE CONCERTATION
Points de contact
• Ndiogou FALL; FONGS, secrétaire général; B.P. 269 Thiès; Tél. 221-951.12.37;
Fax 221-951.20.59; Sénégal
• Samba GUEYE, secrétaire général
• Ousmane NDIAYE, conseiller; CNCR, B.P. 249 Dakar; Tél. 221-827.40.97;
Fax 221-821.45.09; Sénégal
• Antoine SAWADOGO; secrétaire général, Union des Groupements NAAM;
B.P. 100 Ouahigouya; Burkina Faso
• Lydie MAKODOUM; BINUM, Cameroun
• Rose IKELLE; AGROCOM; Cameroun
• Léon MONNET; Coopérative des Agriculteurs de Côte d'ivoire; Côte d'Ivoire
• Mercy KARANJA, chief executive, KNFU, Kenya
• Yacouba DOUMBIA, SYCOV, Syndicat des cotonniers et vivriers du Mali; Mali
• Hama OULD SOEILEM, FAEM et Plate-forme des Organisations paysannes du Sahel;
Mauritanie
• Kennet ROSE; WINFA; St-Vincent & the Grenadines
• Angui DEFE représentant de l'OPZK et de la Plate-forme des organisations paysannes
du Sahel; Tchad
• Ronald GWEBU, Organisation of Collective Coopératives of Zimbabwe (OCCIZ);
Zimbabwe
• Deo NYUNKURU; Service d'Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD);
Cameroun
• André-Marie AFOUBA; APM Afrique, Réseau Agriculture
• Paysanne et Modernisation; Cameroun
• Hamuli KABARHUZA, secrétaire exécutif; Conseil National des ONG de Développement;
Congo RDC
Négocier la nouvelle Convention de Lomé
Les négociations pour le renouvellement de la Convention de Lomé ont officiellement
commencé au mois de septembre dernier. Les parties disposent de leur mandat respectif
pour conduire cette négociation qui devrait se prolonger jusqu'à l'échéance de la
Convention actuelle, soit le mois de février 2000.
L'Union européenne propose une simplification très importante des instruments financiers
de la Convention de Lomé et entend en réorienter totalement le volet commercial.
Le mandat de négociation du groupe ACP propose des options différentes que nous n'envisageons ici que sur le volet commercial.
Le mandat de négociation de l'UE
Le Conseil des ministres, réuni en Conseil affaires générales à Luxembourg le 29 juin 1998,
à clôturé les débats du Conseil sur le mandat de négociation qui servira de base aux
discussions pour le renouvellement de la Convention de Lomé, entre l'Union Européenne
et les Pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Les objectifs prioritaires de la coopération de l'UE avec les pays d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique sera la lutte contre la pauvreté et la promotion de leur intégration dans
l'économie mondiale. À ce titre, une place privilégiée est réservée au développement du
secteur privé.
Une distinction est faite entre les 48 pays jugés capable d'intégrer des zones de libreéchange, future base de la coopération commerciale européenne avec les ACP et les pays
les moins avancés. Ce deuxième groupe bénéficiera d'une coopération commerciale organisée autour du système des préférences généralisées.
La compatibilité de la coopération commerciale avec l'OMC, au travers des zones de libreéchange sera traitée de manière durable durant la période de transition (2000-2005).
Entre-temps, elle fera l'objet d'une demande de dérogation.
Les protocoles spécifiques sur le sucre, la banane et la viande bovine sont reconduits,
moyennant l'introduction d'une clause de révision jusqu'en 2004, année de leur réexamen.
Schéma des propositions de l'UE sur la future coopération commerciale UE-ACP
E Zones de libre-échange:
• Négociation des zones de libre-échange: de 2000 à 2005
• Mise en œuvre progressive des Zones de libre-échange: de 2005 à 2015 (ou plus?)
E Système de préférences généralisées (SPG):
• Pour les pays les moins avancés (PMA), un accès préférentiel amélioré dès 2000 mais
approfondi de 2000 à 2005
• Pour les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique non considérés comme PMA et ne
pouvant s'engager dans une zone de libre-échange: Glissement vers le SPG et
recherche d'une alternative spécifique lors de la révision du SPG en 2004 et permettant
de maintenir une équivalence avec la situation actuelle.
E Protocoles spécifiques:
• Révision des protocoles en 2004
41
Partie III
M La prise en compte des organisations paysannes
42
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Le mandat des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
sur le volet commercial
Voici les options de négociation du volet commercial comprises dans le mandat des pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
E L'organisation de réunions conjointes UE ACP sur des questions d'intérêt commun
inscrites dans l'accord, y compris dans les domaines comme les produits de base, le
système commercial mondial...
En particulier les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique demandent une application plus souple des articles XXIV et XXXVI du GATT-OMC permettant l'asymétrie de
traitement dans le cas de zones de libre-échange ou comme pays en développement;
ils souhaitent une meilleure application des mesures prévues en faveurs des pays en
développement et des pays les moins avancés.
E Les pays ACP souhaitent examiner d'abord les implications de création de zones de
libre-échange avant de s'engager sur cette option.
E L'option de transformer les préférences Lomé en préférences généralisées (SPG) pour
les pays en développement (non PMA), qui ne sont pas en mesure de conclure des
accords de libre-échange, n'a pas l'assentiment du groupe ACP.
E Le maintien des préférences non réciproques en faveur de pays d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique pour une période de 10 ans au moins ainsi que l'appui de l'UE en vue
d'une dérogation aux règles de l'OMC.
E Simplifier et assouplir les règles d'origine de manière à favoriser la transformation des
produits et l'industrialisation dans les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ainsi
qu'une intégration régionale significative.
E Supprimer les barrières réglementaires, tarifaires et non-tarifaires appliquées aux
importations en provenance des ACP, en particulier de produits agricoles y compris les
bois tropicaux.
E Entamer en septembre 2006 des négociations en vue de la mise en place d'autres
formes d'arrangements commerciaux ACP-UE applicables à partir de 2010.
E Maintien de préférences non-réciproque pour les pays ACP les moins avancés et les
pays ACP très vulnérables.
E Renforcer le rôle du fonds commun des produits de base et permettre la pleine utilisation des deux fonds spécifiques pour des mesures de développement des filières des
produits de base.
E Le maintien et l'amélioration du STABEX par l'accélération des décaissements, l'apport
de ressources suffisantes, la simplification des procédures, l'augmentation du nombre
de produits couverts, la réduction du seuil de dépendance et l'amélioration du mode
de calcul.
E Le maintien et l'amélioration des protocoles relatifs aux produits de base.
Les principales divergences entre l'UE et le groupe ACP
en matière commerciale
La comparaison des mandats respectifs de l'UE et des ACP montre des divergences
importantes. En voici les principales en matière commerciale. Le groupe ACP souhaite
globalement reconduire les dispositions commerciales de l'actuelle Convention de Lomé
tout en les améliorant, alors que l'UE propose des changements radicaux. Une différence
de calendrier de cinq ans pour la mise en application de la future Convention oppose
également les deux parties.
L'UE envisage une différentiation de sa coopération commerciale en trois groupes. La
création de zones de libre-échange pour les Etats qui le peuvent, l'octroi de préférences
commerciales non réciproque pour tous les pays les moins avancés (PMA) et enfin, le
groupe des pays ACP n'appartenant pas à la catégorie des PMA mais qui ne peuvent entrer
dans une zone de libre-échange. Pour ce dernier groupe, des préférences commerciales,
du type SPG renforcé, pourront être négociées.
Le groupe ACP ne souhaite en fait aucune de ces propositions. L'orientation vers des zones
de libre-échange n'est pas explicitement exclue, mais le groupe ACP énonce les contreindications majeures à l'adoption de cette voie. Se sont le coût d'adaptation très lourd
de l'économie des pays ACP, la perte de recettes douanières, constituant important des
ressources financières pour les Etats, l'inégalité de bénéfice entre l'UE et les ACP, en cas
de réciprocité des concessions tarifaires et le subventionnement de nombreux produits
agricoles de l'UE.
Le groupe ACP constate par ailleurs que la portée actuelle des intégrations ou partenariats
économiques régionaux entre pays ACP est encore limitée, laissant entendre par là l'énormité de la tâche et leurs doutes sur sa faisabilité, du moins selon le calendrier proposé par
l'UE.
La position du groupe ACP sur la transformation des préférences "Lomé" en préférences de
type "système de préférences généralisées" (SPG) est plus directe. Il ne le souhaite pas
parce que vraisemblablement, elles ne seraient pas aussi favorables que les préférences de
Lomé et, ce qui n'est pas dit, elles se partageraient également avec des pays n'appartenant pas au groupe ACP mais ayant le statut de PMA.
Sur un autre plan, le système de préférences généralisées n'a pas le caractère contractuel
que possède la Convention. Ce sont des concessions unilatérales et discrétionnaires
qu'accorde un Etat ou une Région.
Bref, les concessions commerciales actuelles (la Convention de Lomé IV) sont plus favorables qu'elles ne risquent de l'être dans la Convention suivante, et le groupe ACP en est
conscient.
Une des raisons de cette opposition entre les deux mandats de négociation c'est l'appréciation différente qu'ont l'UE et le groupe ACP des contraintes dues à l'Organisation mondiale du Commerce. Le document de l'UE répète inlassablement l'obligation de conformité
avec les règles de l'OMC, ne laissant entendre que seule une dérogation pourrait être
obtenue pour cinq ans (de 2000 à 2005).
Le groupe ACP souhaite modifier les articles XXIV et XXXVI en vue de leur assouplissement.
C'est une approche radicalement différente, mais qui n'en est pas moins plausible, à condition que l'UE y adhère.
43
Négocier la nouvelle Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
44
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Les ONG européennes se positionnent
Les ONG européennes ont eu l'occasion d'échanger leur point de vue sur les prémices des
négociations lors d'un séminaire organisé par le Comité de liaison européen, les 5 et 6
novembre 1998. Les critiques du monde Ong sur le mandat de négociation de l'UE portent
sur des point similaires à ceux énoncés par le groupe ACP.
Le rythme de création de zones de libre-échange et d'intégration économique est considéré
comme irréaliste. Les ONG proposent de ne pas s'attacher à un calendrier mais à l'observation de conditions préalables à la mise en œuvre de zones de libre-échange. Huit conditions préalables ont été citées:
E tenir compte des contraintes du côté de l'offre;
E veiller à la mise en place d'institutions régionales efficaces;
E introduire des réformes fiscales qui réduiront la dépendance vis-à-vis des recettes
douanières en diminution;
E supprimer les distorsions engendrées par la PAC;
E répondre aux besoins particuliers des PMA et des Etats vulnérables;
E étendre et améliorer les préférences commerciales là où il est démontré qu'elles
fonctionnent;
E veiller à ce que les barrières non tarifaires ne se multiplient pas;
E veiller à ce que les nouveaux dispositifs commerciaux participent d'un développement
durable.
La réciprocité des concessions commerciales profitera largement plus à l'UE qu'aux pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique; les études engagées sur ce thème tentent à le
montrer (11). La libéralisation du commerce privera les Pays en développement de recettes
douanières qui constituent actuellement une partie importante de leurs moyens financiers.
Les ONG rappellent que la Convention actuelle se base sur deux principes fondamentaux:
l'inégalité de développement et de moyens entre l'UE et les Pays en développement qui
justifie la non réciprocité des concessions et le lien entre commerce et développement,
qui justifie l'intégration de la coopération commerciale à la coopération technique et
financière. Or cette conception de la coopération perd du terrain; la disparition de la non
réciprocité est programmée pour de nombreux partenaires ACP et la coopération commerciale semble se différencier complètement des questions de développement et de lutte
contre la pauvreté.
ONG, débattre pour aboutir à plus de cohérence
Les prises de position des ONG européennes sur les questions commerciales de la
Convention de Lomé posent des questions pertinentes mais faute de débat suffisant (qui
masque peut-être des oppositions importantes), elles juxtaposent des propositions plus
qu'elles ne s'avancent vers l'adoption d'une doctrine cohérente. Quelques orientations de la
position des ONG mériteraient en particulier d'être débattues: l'attitude vis à vis de
l'Organisation Mondiale du Commerce, la substitution des préférences Lomé par le système
de préférences généralisées et la vision de la politique agricole commune.
(11) European research office sur le commerce UE et Afrique du Sud et les études spécifiques commandées par
la Commission mais toujours confidentielles.
Sur l'OMC
La position à tenir vis-à-vis de l'Organisation Mondiale du Commerce est soit temporisante,
soit réformiste. Elle porte sur l'obtention d'une dérogation plus longue que celle suggérée
par le mandat de l'UE ou elle soutiendrait la voie prônée par le groupe ACP qui demande
une modification de deux articles de l'Organisation Mondiale du Commerce. Dans un cas
comme dans l'autre, les ONG pourraient proposer des alternatives radicales et souhaiter
pour les produits de base une régulation internationale et une exception aux règles de
l'OMC. C'est une position qui a été discutée notamment au forum ONG du Sommet mondial
de l'alimentation en 1996 et, depuis, au cours de diverses rencontres internationales
Sur les SPG
Actuellement, l'ensemble des pays ACP disposent d'avantages commerciaux supérieurs à
ceux octroyés par l'UE, dans le cadre du système de préférences généralisées, aux pays
en développement et même aux pays les moins développés. Le système de préférences
généralisées diffère de la Convention de Lomé en ce qu'il est unilatéral et donc décidé
uniquement par l'UE.
Par ailleurs, l'utilisation du système de préférence généralisé changera la configuration
de la concurrence entre les pays en développement ACP et non ACP. Faut-il maintenir cette
discrimination entre pays en développement ou faut-il préférer d'autres voies futures qui
permettraient de sortir d'une configuration directement liée à l'histoire coloniale de
quelques Etats membres?
La seule évidence qui s'impose pour nous c'est la supériorité de la Convention de Lomé
en tant que système de coopération. Elle constitue une valeur à sauvegarder. Le groupe de
bénéficiaire de la Convention pourrait le cas échéant s'élargir à l'ensemble des pays les
moins avancé, ce qui constituerait une avancée alors que l'option SPG ressemble plus à
une régression de la coopération européenne.
Sur la PAC
La politique agricole commune apporte des moyens aux producteurs et aux opérateurs
européens que n'ont pas ceux des pays en développement. Nous croyons cependant que
la préférence communautaire se justifie et qu'elle doit être maintenue par des voies équitables. Cela signifie que pour les produits agricoles sensibles, des barrières douanières et
des contingentements sont recommandés.
A contrario, les aides à l'exportation des excédents agricoles ont une incidence perverse
sur l'économie des pays tiers et n'ont aucun mérite. Même si on les condamne, elles nous
obligent de poser une question primordiale qui est de savoir ce que signifient les prix des
marchés internationaux. Car c'est la différence de prix entre le marché intérieur européen
et les marchés mondiaux qui suscite l'utilisation des restitutions à l'exportation.
Accuser les restitutions à l'exportation de fausser les marchés internationaux comme le fait
l'OMC, c'est confondre la cause et l'effet, c'est prendre le symptôme pour l'origine de la
maladie. Leurs existences sont liées à l'édifice communautaire de la politique agricole qui
tente de maintenir des prix équitables pour les producteurs et les consommateurs européens. Les restitutions répondent, malheureusement de manière inique, à l'absence de
régulation des marchés internationaux mais également aux déficiences de la gestion de
l'offre européenne.
45
Négocier la nouvelle Convention de Lomé
M La prise en compte des organisations paysannes
46
La cooperation de l'Union Européenne avec les pays ACP M
Les marchés des produits agricoles sont par essence instables. Cette nature particulière,
intimement liée à celle des structures et des contraintes de production, appelle l'intervention des pouvoirs publics.
En cela, le vieux continent demeure un rempart sacré face à la dérégulation, appelée des
vœux des firmes agroalimentaires et du grand négoce. Les "consommateurs" sont un bien
mauvais alibi, dès lors qu'ils ne captent en réalité que la portion congrue des baisses de
prix lorsqu'elles se produisent et qu'ils paient intégralement les hausses de prix lorsqu'elles
se présentent.
Qui peut croire, d'ailleurs, que les prix intérieurs de l'Union Européenne sont trop élevés
alors qu'ils correspondent de plus en plus difficilement aux coûts de production, que l'écrémage des producteurs n'en finit plus. Comment, par ailleurs, ignorer les baisses structurelles de prix sur les marchés intérieurs qui suivent les gains de productivités recherchés
par les agriculteurs?
Les pays ACP peuvent user de protection pour les produits agricoles, ce sont des mesures
payantes à plus d'un titre. La connivence avec l'Union européenne y trouvera un terrain
encore trop inexploré. Les arrangements particuliers du protocole sucre, associés à l'organisation commune du marché du sucre, proposent des voies intéressantes qui montrent que
la sauvegarde de prix décents pour les producteurs (européens et ACP bénéficiaires de
quota sucres) est préférable à des baisses de prix profitables à l'agrobusiness.
M La prise en compte des organisations paysannes
47
Bibliographie
Bibliographie
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Collectif Stratégies Alimentaires
Boulevard Léopold II, 184 D . 1080 Bruxelles
Tél +32 (0)2 412 06 60 . Fax +32 (0)2 412 06 66 . E-mail: [email protected]