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34097_860.qxp 9.4.2009 10:09 Page 1 point de vue Arômes de fumé, tabac parfumé : danger ! L 1 2 e sujet n’avait jusqu’ici qu’encore scientifiques de l’EFSA ont analysé l’exété peu abordé de manière scienposition cumulative aux divers produits tifique dans une dimension saniaromatiques présents dans différentes cataire à la fois individuelle et collective. tégories d’aliments, en se basant sur les C’est désormais chose faite. L’Autorité eusuggestions d’utilisation et les niveaux ropéenne de sécurité des aliments (EFSA) d’utilisation proposés par les fabricants. vient de publier les premiers avis scientiCette analyse indique que l’exposition surfiques d’une série concernant les provient principalement : duits aromatiques aujourd’hui ajoutés aux • par le biais de la consommation de aliments pour leur donner des fragrances viande et de produits à base de viande de «fumé». ainsi que de la consommation de soupes Il importe de bien faire la part entre ce et de sauces (pour le produit aromatique sujet et les conséquences organolepti«Unismoke») ; ques des vieilles techniques de fumage • via la consommation de viande et de traditionnellement utilisées pour favoriser produits à base de viande, de poisson et de produits à base de poisson, d’aliments la conservation de certaines denrées alicomposés (tels que les plats préparés et mentaires parmi lesquelles les produits les tourtes à la vianlaitiers, les poissons de) et de fruits et léet les viandes. Au fil «… la commercialisation gumes transformés du temps et des dédes cigarettes parfumées (pour «Zesti Smoke veloppements mulest survenue alors même tiformes de l’indusCode 10») ; que les taux de tabagisme trie agro-alimentaire, • par le biais de la étaient devenus stables …» on a vu progressiveconsommation de viande et de produits ment fleurir des moà base de viande, de soupes, de sauces, difications du goût apportées aux aliments de produits protéiques et d’amuse-gueule grâce au fumage, progressivement déconsalés tout prêts (pour «Smoke Concentrate nectées des fonctions initiales de conser809045»). vation. C’est ainsi que les arômes de fuLe groupe scientifique CEF de l’EFSA1 mée – ou plus précisément de «fumé» – a notamment conclu que l’utilisation du sont aujourd’hui des additifs incorporés produit aromatique «Smoke Concentrate pour maquiller le parfum de divers aliments 809045» ne devait pas soulever d’inquiédont beaucoup, sinon la plupart, ne sont tude en matière de sécurité. Il a en repas parfumés lors de leur élaboration travanche exprimé des préoccupations sur ditionnelle. la sécurité de l'utilisation de deux autres Et c’est dans ce contexte que la Comproduits aromatiques dénommés «Unimission européenne a demandé à l’EFSA smoke» et «Zesti Smoke Code 10». Ces d’étudier la sécurité des arômes de fumé résultats sont basés sur des estimations utilisés – ou destinés à être utilisés – au qui ont été réalisées sur l’exposition à sein de l’Union européenne. Objectif: dresl’ensemble des arômes de fumé utilisés ser une liste des produits aromatiques dans l’Union européenne. Ils sont publiés pouvant être raisonnablement autorisés dans un avis scientifique distinct. ainsi que, par définition tacite, une autre «En ce qui concerne "Unismoke" et de ceux qui ne pourraient pas l’être. Les "Zesti Smoke Code 10", le groupe scienconclusions qui viennent d’être rendues tifique a conclu à une insuffisance des publiques ne seront pas les seules. L’EFSA marges de sécurité entre l’exposition esdevra ainsi publier des avis scientifiques timée aux deux produits aromatiques et sur huit autres arômes de fumé d’ici la fin les niveaux d’absorption au-delà desquels de l’année 2009. des effets nocifs pour la santé peuvent Pour ses estimations sur les consése présenter, a déclaré Klaus-Dieter Jany, quences des expositions alimentaires, les président du groupe scientifique CEF. Le groupe a toutefois conclu que les marges de sécurité pour "Smoke Concentrate Le groupe scientifique CEF de l’EFSA traite des questions de sécurité liées à l’utilisation de matériaux en contact avec les 809045" étaient suffisamment importanaliments, les enzymes, les arômes et les auxiliaires technolotes. Dans les trois cas, le groupe scientigiques ainsi que des questions de sécurité relatives aux profique a estimé que les études existantes cédés. Ce groupe scientifique est opérationnel depuis le 10 juillet 2008. étaient suffisantes pour dissiper les craintes concernant le risque d’altération du «Cigarettes aromatisée, la nouvelle arme de l’industrie du matériel génétique des cellules.» tabac». Bertrand Dautzenberg, Service de pneumologie, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris. Des études ont montré que «Unismoke» Contact: [email protected] et «Zesti Smoke Code 10» ont des effets 860 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 15 avril 2009 nocifs sur la santé des rats au-delà d’un certain niveau d’absorption. En raison de l’absence de données sur la toxicité pour la reproduction et le développement et du manque d’études à long terme sur ces deux produits aromatiques, le groupe scientifique CEF a conclu que l’utilisation et les niveaux d’utilisation préconisés par les fabricants nécessiteraient de plus larges marges de sécurité. A l’inverse, «Smoke Concentrate 809045» n’a pas révélé d’effet nocif sur la santé des rats aux niveaux les plus élevés utilisés lors des tests expérimentaux. Une question reste toutefois entière : celle de savoir si ces modifications organoleptiques industrielles sont devenues indispensables à une majorité de nos contemporains ; et si oui pourquoi ? Avec les nouvelles «cigarettes aromatisées», c’est un sujet moins éloigné qu’on ne pourrait le croire que traite, depuis Paris et dans les colonnes de La Revue du Praticien, le pneumologue Bertrand Dautzenberg.2 «Une initiation précoce au tabagisme est une nécessité absolue pour l’industrie du tabac si elle veut maintenir son marché, observe-t-il. Car si l’on fume avant quinze ans, on devient deux fois plus vite dépendant au tabac que si l’on commence à fumer après dix-sept ans.» Mais il observe aussi – sans véritablement y voir une coïncidence – que l’apparition suivie du développement de la commercialisation des cigarettes parfumées (comme celle des chichas ou «pipes à eau») est survenue en France alors même que les taux de tabagisme étaient pratiquement devenus stables chez les 12-14 ans. Cigarettes parfumées ? On parle aussi à leur endroit de pink elephant cigarettes (de couleur rose) et des black devil (entièrement noires). On imagine sans mal les arguments publicitaires vendus auprès des plus jeunes: elles sont «plus douces» donc «moins toxiques» que les autres. Rien de plus faux, souligne preuves à l’appui Bertrand Dautzenberg : «Elles libèrent le maximum "autorisé" de monoxyde de carbone et de goudrons. Ces cigarettes sont au tabac ce que les prémix sont aux alcools forts, conclut-il. C’est une manière pour l’industrie de faciliter l’initiation au produit en masquant habilement la toxicité et l’addictivité d’un produit en le présentant comme doux, léger et sucré.» Pour mieux le fumer ? Jean-Yves Nau [email protected] Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 5 janvier 2009 00