EXPLIC 3 - Lettre au Jésuite Le Tellier

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EXPLIC 3 - Lettre au Jésuite Le Tellier
Séquence ③ : Qu’est-ce que l’esprit des Lumières ?
Objet d’étude : La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVI° siècle à nos jours
Texte n° ③
VOLTAIRE, Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas (1763)
“Lettre au Jésuite Le Tellier”
Si Voltaire (1694-1778) était clairement anticlérical, il n'était ni athée ni antireligieux. C'est
l'intolérance, fille du fanatisme, qui fut toujours sa cible privilégiée, ce qu’il appelait
“l’Infâme” (le fanatisme, la superstition, mais aussi les rites religieux et le clergé)
Pour Voltaire, la persécution contre les protestants, qui a ressurgi si vivement deux ans
auparavant, au moment de l’affaire Calas, est une manifestation particulièrement odieuse de
“l’Infâme”.
Dans cette lettre, Voltaire s’en prend aux Jésuites, ses cibles favorites depuis qu’ils avaient
contribué à faire interdire L’Encyclopédie. Cette lettre écrite à un père jésuite est un exemple de
son génie de la provocation. Il feint en effet d'adopter le point de vue de son auteur supposé, en
proposant, pour la défense de la Compagnie de Jésus, les pires méthodes imaginables.
CHAPITRE XVII
Lettre écrite au Jésuite Le Tellier1 par un bénéficier2, le 6 mai 1714 (1)
Mon révérend père,
5
10
15
20
J’obéis aux ordres que Votre Révérence m’a donnés de lui présenter les moyens les plus propres de
délivrer Jésus et sa Compagnie3 de leurs ennemis. Je crois qu’il ne reste plus que cinq cent mille
huguenots4 dans le royaume, quelques-uns disent un million, d’autres quinze cent mille ; mais en
quelque nombre qu’ils soient, voici mon avis, que je soumets très-humblement au vôtre, comme je le
dois.
1° Il est aisé d’attraper en un jour tous les prédicants5 et de les pendre tous à la fois dans une même
place, non-seulement pour l’édification publique, mais pour la beauté du spectacle.
2° Je ferais assassiner dans leurs lits tous les pères et mères, parce que si on les tuait dans les
rues, cela pourrait causer quelque tumulte ; plusieurs même pourraient se sauver, ce qu’il faut éviter
sur toute chose6. Cette exécution est un corollaire7 nécessaire de nos principes : car, s’il faut tuer un
hérétique, comme tant de grands théologiens le prouvent, il est évident qu’il faut les tuer tous.
3° Je marierais le lendemain toutes les filles à de bons catholiques, attendu qu’il ne faut pas
dépeupler trop l’État après la dernière guerre ; mais à l’égard des garçons de quatorze et quinze
ans, déjà imbus de mauvais principes, qu’on ne peut se flatter de détruire, mon opinion est qu’il faut
les châtrer tous, afin que cette engeance ne soit jamais reproduite. Pour les autres petits garçons, ils
seront élevés dans vos collèges, et on les fouettera jusqu’à ce qu’ils sachent par cœur les ouvrages
de Sanchez et de Molina8.
4° Je pense, sauf correction, qu’il en faut faire autant à tous les luthériens9 d’Alsace, attendu que,
dans l’année 1704, j’aperçus deux vieilles de ce pays-là qui riaient le jour de la bataille
d’Hochstedt10.
1. Confesseur de Louis XIV et adversaire passionné des protestants, il poussa le roi à révoquer l’Edit de Nantes en 1685.
2. Possesseur d’un bénéfice ecclésiastique, c’est-à-dire de biens et de revenus attachés à l’exercice d’une fonction dans l’Eglise : la
perception des revenus d’une abbaye ou d’un évêché constitue un bénéfice majeur, la perception des revenus d’une simple paroisse
constitue un bénéfice mineur.
3. Transposition burlesque du nom de l’ordre des Jésuites : la Compagnie de Jésus
4. Ce terme désigne les protestants
5. Ministres du culte protestant
6. Avant tout
7. Conséquence
8. Jésuites espagnols
9. Protestants qui suivent la doctrine de l’Allemand Luther
10. Défaite française qui rejeta les Français hors d’Allemagne, en 1704, lors de la guerre de succession d’Espagne
(1) Note de Voltaire, ajoutée en 1771 : Lorsqu’on écrivait ainsi, en 1762, l’ordre des jésuites n’était pas aboli en France. S’ils avaient été
malheureux, l’auteur les aurait assurément respectés. Mais qu’on se souvienne à jamais qu’ils n’ont été persécutés que parce qu’ils
avaient été persécuteurs ; et que leur exemple fasse trembler ceux qui, étant plus intolérants que les jésuites, voudraient opprimer un
jour leurs concitoyens qui n’embrasseraient pas leurs opinions dures et absurdes.
I) Introduction!
- Situation générale : Voltaire
a) L’homme : Militant actif et critique redouté de tous les pouvoirs en place, Voltaire est le plus connu des
philosophes des Lumières.
Depuis 1760, Voltaire s’est retiré dans le château qu’il a acheté à Ferney (tout près de la frontière suisse pour pouvoir s’y
réfugier si nécessaire : au XVIII° siècle, des sentences qui allaient du pilori à neuf ans de galères furent prononcées pour
la vente ou l'achat de publications critiquant l'ordre établi. Pendant presque toute sa vie, Voltaire jugea nécessaire d'avoir
prêts les moyens de fuir s'il apprenait que la police le recherchait).
A Fernay, il “cultive son jardin” (comme le personnage de Candide à la fin du conte), tout en gérant très sûrement ses
affaires. Il correspond avec de nombreuses têtes pensantes et gouvernantes d’Europe et prend parti sur tout : ces 18
dernières années seront les plus militantes de sa vie. Il obtint notamment la révision de procès injustes, et la
réhabilitation d’innocents comme le protestant Jean Calas.
L’affaire Calas : le 12 octobre 1761, Marc-Antoine Calas, fils aîné d’un commerçant protestant, est retrouvé pendu dans
le magasin de son père. Suicide ou crime, on ne le saura jamais, mais dès le départ, l’enquête fut faussée par un
préjugé anti-protestant. La rumeur courut en effet que le père avait tué son fils car celui-ci voulait se convertir au
catholicisme...
Le Parlement de Toulouse, sans aucune preuve, condamna à mort le père, qui fut torturé, roué, étranglé puis brûlé...
Convaincu de l’innocence de Jean Calas, Voltaire prit l’affaire en mains.
b) L’œuvre : le Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas est une des plus belles illustrations de
l’engagement d’un écrivain dans l’actualité de son temps. Au-delà du procès, c’est le fanatisme au quotidien que
dénonce Voltaire : une simple rumeur, amplifiée par une foule haineuse, avait servi de preuve à la culpabilité de Calas.
En 25 chapitres d’une grande diversité de formes et de tons (la lettre dont nous avons ici le début constitue un de ces
chapitres), Voltaire dénonce les dangers de l’intolérance, ce qu’il appelle “l’Infâme”.
- Situation particulière : Notre extrait présente la forme d’une lettre écrite par un bénéficier, en réponse à la mission
dont l’a chargé le Jésuite Le Tellier, qui est d’étudier la manière la plus efficace de se se débarrasser des protestants
du royaume...
Les Jésuites sont les membres de la Compagnie de Jésus, ordre religieux fondé en 1540 par I’Espagnol Ignace de
Loyola, et structuré sur le modèle d’une véritable armée. Cet ordre militant a joué un rôle
important dans la lutte contre le protestantisme à la Renaissance. Au XVIII° siècle, c’est un
ordre qui continue à avoir une grande influence sur la formation des élites du royaume,
puisque les Jésuites sont à la tête d’un grand nombre de collèges prestigieux – Voltaire a
d’ailleurs été leur élève au Collège Louis le Grand à Paris –.
Ils deviennent des adversaires acharnés des encyclopédistes, auxquels ils reprochent leur
matérialisme. Leurs violentes critiques contre l’Encyclopédie jouent un rôle essentiel dans les
interdictions qui frappent l’entreprise en 1752 et 1759.
Voltaire, quant à lui, a engagé une véritable bataille contre un de leurs responsables, le père
Berthier.
Bien que protégés à la fois par le pape et par le roi, les Jésuites font naître,
par leur intransigeance, et peut-être aussi par leur trop grande influence, une
hostilité qui aboutit à une fermeture progressive de leurs écoles à partir de
1761. La Compagnie sera chassée de France en 1764 et ne sera rétablie qu’un 1814. A noter que le
véritable que Le Tellier mourut en fait quelques jours après la révocation de l’édit de Nantes en 1685, et
ne pouvait donc écrire une lettre en 1714....
II) Lecture
III) Axe et Plan
Nous étudierons l’utilisation que fait Voltaire du l’ironie, qui se présente ici sous la forme d’un décalage entre le fond
et la forme (ce que l’on dit et la façon dont on le dit).
Nous verrons donc dans un premier temps la tournure administrative et bureaucratique de la lettre, et dans un
deuxième temps, le caractère scandaleux des idées avancées.
IV) Explication
A) Une lettre administrative
Préalable : la notion d’ironie.
A la base, l’ironie consiste à dire l’inverse de ce que l’on veut faire entendre, c’est ce que l’on appelle l’antiphrase. Mais
l’ironie peut se faire plus subtile et prendre la forme d’un simple décalage entre les idées et le ton employé : par
exemple ton élogieux pour parler de ce que l’on condamne, ou ton désinvolte pour parler de choses graves... Ainsi dans
notre texte, les idées du bénéficier seront d’autant plus révoltantes qu’il ne paraît pas s’apercevoir qu’elles le sont, et
c’est ce contraste qui va donner toute sa force à la dénonciation.
Ainsi le bénéficier est-il présenté comme un bureaucrate ayant seulement à cœur de bien s’acquitter d’une mission
qu’on lui a confiée
1) L’humilité de celui qui fait son devoir
Le bénéficier insiste sur sa docilité : J’obéis aux ordres (l.1) / mon avis que je soumets très humblement au vôtre,
comme je le dois (l.4) / Je pense, sauf correction (l.18) [ = corrigez-moi si je me trompe]
Cette insistance sur sa soumission lui permet de se réfugier derrière sa fonction, de se décharger de toute responsabilité
puisqu’il ne fait qu’obéir aux ordres, en même temps qu’il fait sa cour, servilement : cette politesse extrême est aussi là
pour flatter le confesseur du roi.
On notera que cette humilité ostensible ne masque pas longtemps sa satisfaction à obéir aux ordres : dès le 2°, il passe
de la formule impersonnelle (Il est aisé d’attraper) à l’utilisation de la première personne : Je ferais assassiner..., avant
de donner, dans le 4°, son opinion personnelle (Je pense qu’il en faut faire autant à tous les luthériens) et même de se
faire témoin à charge et de proposer de condamner toute une population parce que LUI aura vu rire deux vieilles
femmes.
2) L’assurance de celui qui ne doute pas
Jamais le doute n’effleure le bénéficier
- pas de doute sur l’action à mener : la phrase “délivrer Jésus et sa compagnie” pose l’objectif sans s’interroger sur sa
légitimité. Il ne s’agit pas de savoir si l’on a le droit de tuer, mais d’examiner comment s’y prendre... De même, on
n’envisage à aucun moment de débattre avec l’Autre, d’écouter son point de vue, de s’ouvrir à ses raisons (il a
obligatoirement tort), on tâche seulement de s’en débarrasser.
- pas de doute non plus sur l’efficacité des moyens préconisés
Le bénéficier est sûr de ses méthodes : elles sauront résoudre le problème, quelque qu’en soit l’ampleur (en quelque
nombre qu’ils soient). Et cela se fera facilement (Il est aisé d’attraper...) et rapidement (en un jour tous les prédicants / Je
marierais le lendemain toutes les filles)
3) La logique de l’organisateur
Ce qui frappe dans ce programme d’extermination, c’est la rigueur quasi mathématique de l’exposé :
- les idées sont numérotées en quatre parties (1°/2°/3°/4°) marquant un souci d’ordre et de progression rationnelle, qui
ne laissent pas de place à l’émotion
- le bénéficier utilise des raisonnements rigoureux
- insistance sur la logique à travers un grand nombre de mots de liaison marquant
- le but : non seulement pour l’édification, mais pour la beauté
il faut les châtrer tous, afin que cette engeance ne soit jamais reproduite
! !
- la cause : assassiner dans leur lit (...) parce que (...) cela pourrait causer quelque tumulte
(mariages forcés) attendu qu’il ne faut pas dépeupler trop l’Etat (l.12)
!
!
en faire autant à tous les luthériens d’Alsace attendu que (...) deux vieilles riaient (l.18)
!
- la conséquence : Cette exécution est un corollaire nécessaire de nos principes (l.10)
- le raisonnement cause/conséquence du type “si ... alors” : s’il faut tuer un hérétique (...), il est évident qu’il
faut les tuer tous (l.11)
Ainsi le bénéficier se place-t-il sur le plan de la stricte efficacité, avec le souci constant de souligner la logique de son
plan d’action.
B) Le scandale des idées
!
1) Le postulat de base : “tous les tuer”
Il faut bien comprendre que ce ne sont pas les religions en elles-mêmes que dénoncent les Philosophes, mais la foi
exclusive, le sectarisme dans la défense d’une religion.
Le bénéficiaire et Le Tellier vont donc être présentés comme de dangereux extrémistes, qui poussent jusqu’à son point
ultime la logique du fanatisme et du rejet de la différence : l’élimination pure et simple de ceux qui pensent autrement
qu’eux. Comme si un désaccord d’opinion pouvait justifier un massacre général...
C’est ainsi que le nombre réel de protestants (de 500 000 à 1 million et demi ) importe peu aux yeux du bénéficier, qui
propose une méthode pour se débarrasser des protestants en quelque nombre qu’ils soient (l.4), expression qui montre
qu’il est prêt à aller jusqu’au bout de la logique d’extermination.
!
2) Les moyens préconisés
C’est une débauche de sentiments odieux :
- le sadisme : pour la beauté du spectacle (l.7) marque le plaisir de voir les ennemis morts.
On notera que les arguments sont hiérarchisés, le deuxième étant plus important que le premier : non seulement pour
l’édification [c’est-à-dire l’éducation] publique, mais pour la beauté du spectacle. Ainsi le bénéficier est plus intéressé par
la dimension esthétique (!) de la pendaison collective que par sa dimension utilitaire d’exemple et d’avertissement. Il
semble moins servir Dieu que satisfaire ses instincts de tueur.
- la traîtrise : assassiner dans leur lit tous les pères et mères (l.8) marque la lâcheté de celui qui surprend son ennemi
désarmé (et d’autant plus inoffensif qu’on insiste sur son statut familial de “père” et de “mère”). Là encore, deux raisons,
dont la deuxième est plus importante que la première : cela pourrait causer quelque tumulte ; plusieurs même pourraient
se sauver.(l.9) La préservation de l’ordre public compte moins que le désir de n’en laisser échapper aucun.
- la tyrannie : mariage forcé des filles à de bons catholiques(l.12), castration des garçons afin que cette engeance ne
soit jamais reproduite(l.15), endoctrinement des enfants (châtiments corporels à l’appui : on les fouettera jusqu’à ce
qu’ils sachent par cœur les ouvrages de Sanchez et Molina(l.16)). Toutes les violences, physiques ou morales, lui
semblent légitimes pour forcer les consciences.
- le délire meurtrier : les suggestions du bénéficier sont de plus en plus ravageuses.
!
Il commence par les plus dangereux, qui sont en petit nombre : les ministres du culte, les prédicants (1°)
!
Il étend l’opération à tous ceux qui écoutent ces prédicants, les fidèles, précisant qu’il faut les tuer tous :
!
augmentation quantitative (2°)
!
Il élargit le système aux générations futures, en “rééduquant” les jeunes enfants et en faisant en sorte, avec les
!
mariages forcés, que les enfants à naître soient élevés dans le catholicisme : augmentation temporelle (3°)
!
Il englobe même les pays étrangers (4°) : ainsi l’Alsace, qui ne deviendra complètement française qu’à la
!
Révolution [de nombreux territoires d’Alsace, quoique sous suzeraineté française, appartenaient encore à des
!
seigneurs allemands, et d’autres dépendaient même directement du St Empire Romain Germanique]
Ainsi il n’y a pas de limite à cette rage destructrice, ni quantitativement, ni temporellement, ni spatialement.
!
3) Les justifications du massacre
- On dit que “qui veut noyer son chien l’accuse de la rage” : ainsi, lorsqu’on veut attaquer quelqu’un, la première
justification est de le présenter comme étant peu estimable, voire méprisable. D’où un vocabulaire dédaigneux, qui
assimile les protestants à une vermine nuisible.
D’abord le fait de vouloir les tuer tous montre qu’ils sont considérés comme une masse indistincte, globalement, sans
prendre en compte les différences entre individus, ni la valeur de chacun (les opinions racistes passent toujours par une
globalisation, une généralisation hâtive et sans nuance). Plus loin, le bénéficier parle de détruire (l.14) les garçons de 14
ou 15 ans comme s’il s’agissait d’éradiquer des animaux nuisibles, idée que l’on retrouve dans le mot “engeance” (afin
que cette engeance ne soit jamais reproduite, (l.15), qui signifie “race” en parlant d’animaux, et qui est donc péjoratif
lorsqu’il est appliqué à des humains.
- Par ailleurs, ce carnage n’est pas présenté comme devant bénéficier à la gloire de Dieu (“justification” habituelle des
fanatiques), mais à la gloire de la Compagnie : il s’agit uniquement de délivrer Jésus et sa Compagnie de leurs
ennemis(l.2). L’enjeu n’est donc pas divin, il ne s’élève guère au-dessus d’une querelle de voisinage... D’autre part, le
possessif “leurs ennemis” marque que la Compagnie considère les protestants comme ses ennemis personnels, comme
si les Jésuites se considéraient comme les compagnons d’armes de Jésus, que les ennemis de l’un devenaient les
ennemis des autres et que finalement tout le monde, maître et disciples, soit sur un pied d’égalité. Cette façon de se
hausser au niveau de Jésus frôle le sacrilège !
- Enfin les “raisons” avancées pour justifier le massacre sont proprement risibles.
La première raison est que “de grands théologiens prouvent qu’il faut tuer un hérétique” (l.11).
Comment peut-on prouver qu’il faut tuer quelqu’un ? Bien sûr, cette thèse n’est soutenue par aucun argument, sinon un
argument d’autorité (ces théologiens ont raison, puisque ce sont de grands théologiens) qui reste lettre morte tellement
il est vague (on ne sait pas qui sont ces théologiens)
La deuxième raison est le rire de deux vieilles Alsaciennes le jour de la défaite de Hochstedt en 1704 (l.19). Des faits
qui ont eu lieu dix ans auparavant, 500 km de distance entre Hochstedt et l’Alsace, un rapport qui reste à prouver entre
un rire et une bataille, de vieilles femmes qui ne devraient pas constituer un grand danger, la mort pour “tous les
luthériens d’Alsace” à cause... d’un rire : Voltaire s’amuse.
V) Conclusion
- Toute la force persuasive de ce texte vient du décalage entre le ton froid de l’évidence et le caractère inacceptable des
choses dites. Formellement impeccable et foncièrement ignoble, ce discours de petit technocrate proposant les pires
horreurs sans état d’âme donne une terrifiante image du fanatique.
- Le Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas eut une influence décisive sur la révision du procès :
en 1764, après trois années de combat, l’arrêt du Parlement de Toulouse est cassé, et l’année suivante, Calas
réhabilité.
Voltaire apparaissait désormais comme le champion de la justice et de la liberté de penser.
“Après l’affaire Calas, la tolérance devient un de ces principes que seuls contestent les esprits bizarres ou fanatiques.
De là date l’immense popularité de Voltaire”1
1. René POMEAU, Voltaire par lui-même, 1955
Ecouter Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), qui, en plus d’être un grand philosophe, fut aussi musicien : Le Devin
de Village, petit opéra en 1 acte