Cancer de l`enfant Découverte d`un gène dont l

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Cancer de l`enfant Découverte d`un gène dont l
16 octobre 2008
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Cancer de l’enfant
Découverte d’un gène dont l’altération
est responsable du neuroblastome
L’altération du gène Alk est étroitement associée au développement de la tumeur solide extracérébrale la plus fréquente chez l’enfant, le neuroblastome. C’est ce que révèle, dans une
publication à paraître dans Nature du 16 octobre, l’équipe d’Olivier Delattre (Unité Inserm 830
« Génétique et Biologie des cancers ») de l’Institut Curie. En étudiant les formes familiales de cette
tumeur, les chercheurs concluent également qu’Alk est un gène de prédisposition au
neuroblastome.
Cette découverte va permettre d’identifier d’une part, dans les familles à risque, les enfants
porteurs d’une altération du gène Alk pour leur proposer un suivi régulier et, d’autre part, pour les
neuroblastomes résistants aux traitements actuellement disponibles, de mettre au point de
nouvelles armes thérapeutiques. Car actuellement plus de la moitié des enfants diagnostiqués pour
un neuroblastome présentant des métastases décèdent encore des suites de leur maladie.
Le neuroblastome est la tumeur solide extra cérébrale la plus fréquente chez les jeunes enfants. 50 % des
enfants atteints – aussi bien des filles que des garçons – ont moins de 2 ans. En France, on compte
environ 150 nouveaux cas par an. L’Institut Curie prend en charge un quart de ces nouveaux patients.
C’est un centre de référence internationale pour la prise en charge et la recherche sur cette pathologie.
Le neuroblastome se développe au détriment du système nerveux sympathique et plus précisément, au
niveau des petites cellules rondes dérivées de la crête neurale, une région transitoire caractéristique des
embryons de vertébrés. Il touche principalement l’abdomen, et plus rarement le thorax, le cou et la partie
inférieure du bassin.
Alk, acteur clé du développement du neuroblastome
A l’Institut Curie, l’équipe d’Olivier Delattre, directeur de l’Unité Inserm 830 « Génétique et Biologie des
cancers », vient de montrer que le gène Alk est impliqué dès les toutes premières étapes du
développement du neuroblastome.
Grâce à une collaboration nationale avec d’autres centres prenant en charge
cette pathologie et au rapprochement exemplaire entre les médecins et les
chercheurs de l’Institut Curie, l’équipe d’Olivier Delattre a pu analyser
« génétiquement » 592 prélèvements de neuroblastome. Ils ont ainsi
découvert que le gène Alk était fréquemment altéré dans ces tumeurs, soit
par une augmentation du nombre de copies, soit par des mutations
activatrices. En outre, l’inhibition du gène Alk dans des cellules de
neuroblastome entraîne une forte baisse de la prolifération cellulaire.
Les chercheurs montrent par ailleurs que, dans les formes familiales de
Coupe histologique d’un
neuroblastome, des mutations de ce gène sont transmises aux neuroblastome
descendants. Alk acquièrent ainsi le statut de gène de prédisposition au
© I. Janoueix-Lerosey/Institut Curie
neuroblastome. En étudiant une dizaine de formes familiales, une équipe américaine confirme d’ailleurs
ce résultat dans le même numéro de Nature1.
Grâce à cette découverte, le service de Génétique de l’Institut Curie, dirigé par le Pr Dominique StoppaLyonnet, va désormais pouvoir identifier, dans les familles à risque, les enfants porteurs d’une mutation du
gène Alk et leur proposer une surveillance adaptée, ce qui devrait permettre un diagnostic plus précoce de
la maladie.
Des applications thérapeutiques devraient découler rapidement de cette découverte. Car précise le
Dr Olivier Delattre, « le gène Alk est aussi impliqué dans certains lymphomes et un type de cancers du
poumon, et des molécules pouvant contrecarrer son effet ont déjà été identifiées ». Alk code pour un
récepteur à activité tyrosine kinase présent à la surface des cellules et qui fonctionne comme un
interrupteur. Constamment allumé dans les cellules tumorales, il leur ordonne de se multiplier sans cesse.
Or, poursuit le chercheur et pédiatre, « dans d’autres cancers, comme par exemple le cancer du sein, des
molécules pouvant bloquer l’effet de ce type de récepteurs – Herceptine® pour n’en citer qu’une – sont
déjà utilisées en routine. » Les études précliniques devraient rapidement débuter pour tenter d’évaluer
l’efficacité de ces molécules sur l’évolution tumorale du neuroblastome.
C’est un espoir important pour les jeunes patients car, dans certaines formes, la progression rapide de la
tumeur n’est nullement enrayée par les chimiothérapies actuellement disponibles.
Cette étude a reçu une aide financière de la Ligue contre le cancer et de plusieurs associations :
Association des Parents et des Amis des Enfants Soignés à l’Institut Curie (APAESIC), Bagouz à Manon,
Association Hubert Gouin, Les Amis de Claire et la Fédération Enfants et Santé.
Références
« Somatic and germline activating mutations of the ALK kinase receptor in neuroblastoma »
1,2
1,2
3
4
5
Isabelle Janoueix-Lerosey , Delphine Lequin , Laurence Brugières , Agnès Ribeiro , Loïc de Pontual , Valérie
6
1,2
6,7,8
1,2,9
4
Combaret , Virginie Raynal , Alain Puisieux , Gudrun Schleiermacher , Gaëlle Pierron , Dominique Valteau3
10
9
5
5
1,2,4
Couanet , Thierry Frebourg , Jean Michon , Stanislas Lyonnet , Jeanne Amiel and Olivier Delattre
1
2
3
4
Institut Curie, Centre de Recherche, Paris, Inserm, U830, Paris, Institut Gustave Roussy, Département de pédiatrie, Villejuif,. Institut Curie, unité
5
de Génétique Somatique, Paris, Département de Génétique, Université Paris Descartes, Faculté de Médecine et INSERM-U781, Hôpital Necker6
7
8
Enfants Malades, Paris, Centre Léon Bérard, FNCLCC, Laboratoire de Recherche Translationnelle, Lyon, Inserm, U590, Lyon, Université de
9
10
Lyon, Lyon1, Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, Lyon, Institut Curie, département de Pédiatrie, Paris, Service de Génétique,
CHU de Rouen et Inserm U614, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Rouen.
Nature, 16 octobre, vol. 455, p. 967
Contacts presse :
Institut Curie
1
Céline Giustranti
Tél. 01 56 24 55 24
« Identification of ALK as a major familial neuroblastoma predisposition gene » Y.P. Mosse et coll. Nature, doi:10.103.
[email protected]