CARRIER BELLEUSE.Angelica

UNIVERS DU BRONZE
SCULPTURES XIXe, XXe et XXIe
MICHEL POLETTI
ALAIN RICHARME
Experts en sculptures XIXe, XXe & XXIe
Albert-Ernest CARRIER-BELLEUSE
(1824-1887)
ANGELICA
Salon de 1866 (statue en marbre) et E.U de 1867
Terre cuite patinée rosée, Atelier Carrier-Belleuse
Haut : 70,2 cm, Long : 26,2 cm, Prof : 31 cm
Épreuve authentique signée "A.Carrier-Belleuse", atelier Carrier-Belleuse beau tirage.
(N° UDB : 130206)
Circa : 1890
C'est une des représentations les plus sensuelles sinon la plus sensuelle, de l'œuvre de Carrier Belleuse que cette voluptueuse
Angelica théâtralement enchainée au rocher, caressée par l'écume de mer et faussement effarouchée dans une position de
parfait abandon – alors que 20 ans plus tôt Barye le romantique l'avait représentée délicatement enlevée par son libérateur sur
le cheval Hippogriffe.
Au moment de sa création, l'artiste a considéré cette sculpture comme une de ses œuvres importantes puisqu'il a choisi de
l'envoyer en marbre au salon de 1866, puis à l'exposition universelle de 1867.
Par son aspect un peu théâtral, elle s'inscrit dans la continuité de la Femme piquée par un serpent de Clesinger et par la sensualité
qui s'en dégage, elle prolonge les très nombreux nus féminins de Pradier, spécialiste du thème sous la Monarchie de Juillet,
comme celui de la Pandore ou de la Femme mettant son bas. Carpeaux, quelques années plus tard abordera ce thème éternel de la
nudité - Suzanne surprise est celle qui se rapproche le plus d'Angelica - mais, surement moins à l'aise que ses prédécesseurs avec
la gente féminine avec laquelle il entretiendra toujours des rapports compliqués, ses nus seront toujours plus froids que ceux
de Pradier et de Carrier-Belleuse. Rodin se passionnera pour les représentations féminines tout au long de sa carrière allant
toujours crescendo dans l'érotisme et dans des positions corporelles à la limite de la contorsion ; il sera dans ces sujets à
l'origine d'une rupture dans l'histoire de la sculpture.
L'édition en terre de ce petit chef d'œuvre de Carrier-Belleuse est particulièrement heureuse, car la terre suggère le modelage et
sa couleur rappelle celle de la carnation, son réalisme s'inscrit dans la pure tradition de la sculpture française des siècles passés
car il comporte cet harmonieux mélange d'élan, de mesure et de grâce, avec en plus un zeste d'excès en tout qui lui donne son
charme et cette vibration si particulière...
Bien que probablement posthume, le tirage est exceptionnel de qualité d'estampage et de reprise par le praticien de l'atelier, et
sa couleur l'apparente à un tirage d'époque tandis que la finesse de la terre et certains coups d'outils plaident peut être pour un
tirage de la fin du XIXe siècle.
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