Travailler chez le partenaire » à l`AWO Janvier – décembre 2011
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Travailler chez le partenaire » à l`AWO Janvier – décembre 2011
Bundesverband e.V. Bilan « Travailler chez le partenaire » à l’AWO Janvier – décembre 2011 Camille Farnoux Fin octobre 2010, mon portable sonne. Une jeune femme me propose de venir passer un entretien pour un poste du programme « travailler chez le partenaire » (AbP : Arbeit beim Partner) dans une organisation au nom très mystérieux : AWO, Arbeiterwohlfahrt. Elle avait eu mon dossier par l'OFAJ où j'avais envoyé quelques mois auparavant une candidature spontanée pour le programme. J’ai bien mis quelques mois à comprendre ce que ces trois lettres et ce mot à rallonge voulaient dire. Il faut dire aussi que le type même du Wohlfahrtsverband n’existe pas en France et le nom AWO, issu du mouvement ouvrier, a un petit côté 1920 désuet. Après recherches intensives, j’ai appris que le mouvement de l’AWO, né en 1919 au sein du SPD, a été fondé par Marie Juchacz, femme politique très engagée pour le droit des femmes dans le but de faire changer la législation et d’organiser la prise en charge sociale des ouvriers en accord avec les principes du mouvement ouvrier. Actuellement, si l’AWO, refondée en 1947 sous la forme d’une association, est indépendante du SPD, elle reste un acteur politique important. Avec 5 autres fédérations semblables mais dont les idéologies divergent (Caritas, Diakonie, Deutsches Rotes Kreuz, Zentralwohlfahrtstelle der Juden in Deutschland et ParitätischerWohlfahrtsverband) c’est un interlocuteur incontournable du système social allemand car, conformément au principe de subsidiarité, l’Etat leur délègue une partie des services sociaux. L’AWO gère ainsi des centaines de jardins d’enfants, des maisons de retraites, des centres d’information, des clubs de jeunes et bien d’autres structures à but social. L’AWO est donc à la fois pourvoyeur de services dans le domaine social et association dans laquelle tout un chacun peut s’engager. C’est aussi un acteur politique en ce qu’elle mène, parallèlement, au niveau national une activité de lobbying et de surveillance auprès du gouvernement. La fédération nationale, où j’ai passé l’année, a son siège à Kreuzberg, à Berlin, et est divisée en une dizaine de départements thématiques dont le département « Travail, Questions sociales, Europe » auquel les échanges internationaux, pour lesquels j’ai travaillé, sont rattachés . Mon parcours jusqu’alors ne me prédestinait pas spécifiquement à travailler dans une organisation à but social. Après un master franco-allemand en sciences humaines et sociales, j’avais effectué plusieurs stages dans des structures franco-allemandes culturelles ou pédagogiques et je disposais d’une petite expérience en enseignement, en traduction et en interprétation. J'avais été à plusieurs reprises en contact avec l'OFAJ et le programme AbP m'était apparu comme une piste possible dans ma recherche d'emploi. Une chose était sure, je souhaitais travailler en Allemagne et la perspective de faire mon entrée sur le marché du travail dans une organisation entièrement germanophone ne pouvait que m’intéresser. C’est curieuse et pleine d’élan que j’ai pris mon poste à l’AWO début janvier 2011. Mon travail a principalement consisté à assister la permanente pédagogique de l’OFAJ, Carola Schmidt, dans les tâches de gestion des échanges internationaux au sein de l’AWO. Le bureau des échanges internationaux n’organise pas directement d’échanges mais joue le rôle de centrale partenaire pour différentes structures qui subventionnent et proposent des programmes d’échange avec la France (OFAJ), la Pologne (DPJW), la Russie (Stiftungdeutschrussischer Jugendaustausch), la République Tchèque (Tandem) et Israël (Conact). Mon action s’est concentrée sur les échanges franco-allemands mais, ponctuellement, il m’est arrivé de suivre quelques dossiers avec d’autres pays ; j’ai par exemple participé à la septième rencontre de jeunes allemands et tchèques organisée par Tandem, la centrale de coordination des échanges entre la République Tchèque et l’Allemagne. Mon travail s’est divisé en trois ensembles : tout d’abord l’information et l’accompagnement des associations du réseau de l’AWO désirant organiser des échanges et faire une demande de subvention, ensuite l’organisation de formations à destination des professionnels des métiers de la jeunesse et de l’enfance, et enfin la traduction et l’interprétation. En tant que centrale partenaire, l’AWO conseille et accompagne les associations désirant organiser des échanges et gère leurs demandes de subventions. En partenariat avec le département Fördermittelmanagement, les dossiers de demande de subvention sont contrôlés et les projets validés puis transmis aux établissements financeurs (l’OFAJ par exemple). Afin de mieux expliquer notre rôle et d’exposer au plus grand nombre les échanges possibles au sein de l’AWO, j’ai créé une brochure compilant tous les échanges possibles dans le cadre de la centrale partenaire. Le bureau des échanges internationaux reçoit aussi régulièrement des demandes de recherche de partenaires de la part des associations AWO ou de nos partenaires étrangers. Ces demandes sont diffusées, de même que les informations concernant les organismes financeurs dans une newsletter que nous publions régulièrement. Lorsque des associations ont besoin d’aide pour la communication avec leur partenaire en France, elles peuvent se tourner vers lui et par exemple fait traduire leur correspondance. La traduction et l’interprétation ont ainsi fait partie de mes tâches courantes à l’AWO. Les tâches les plus fréquentes dans ce domaine concernaient la traduction de mail et de demandes de partenaires de la part de nos structures. J’ai traduit aussi dans un sens ou dans l’autre des documents d’information et fait office à plusieurs reprises d’interprète. J’ai ainsi assisté les membres d’équipes d’animation aux réunions de préparations pour des échanges de jeunes, et assuré l’interprétation pendant les rencontres qui ont suivi. Et, de façon plus exceptionnelle, il m’est arrivé d’assurer l’interprétation dans des occasions plus officielles. C’est dans ce cadre qu’il m’a été possible de participer à la formation d’interprète de groupe organisée par le BDL cet été à Eckernförde. Aimant beaucoup ce genre d’exercice, j’ai apprécié de pouvoir apprendre des « trucs » de professionnel de l’interprétation et de faire des tests pratique pendant les visites. La semaine a été très intense mais j’étais ravie du résultat. Ces différentes expériences de traduction et surtout d’interprétation m’ont beaucoup plu et ont confirmé ma prédilection pour ces activités. Parallèlement à son activité de conseil, le bureau organise plusieurs formations par an à destination des acteurs de jeunesse (accompagnateurs de groupes, animateurs, éducateurs, etc.). Depuis plusieurs années, en partenariat avec la fédération nationale des Francas, une formation franco-allemande d’une semaine est organisée alternativement en France et en Allemagne. En 2011, cette formation a eu lieu à Mèze dans la région de Sète et avait pour thème les rencontres internationales pour les enfants. Il s’agissait de présenter les particularités des rencontres internationales à destination de ce public et de voir que malgré leur jeune âge, les enfants sont un groupe très intéressant pour ce genre de rencontre. Le programme a balayé assez largement la thématique : développement physique et psychologique de l’enfant, activités et jeux pour ce groupe d’âge dans un contexte interculturel, animation linguistique, préparation du groupe, des parents et de l’équipe à la La course aux mots, Mèze, avril 2011 rencontre, particularités du contexte interculturel pour l’entente et le travail au sein de l’équipe d’animation. En tant que membre de l’équipe, j’ai pu avoir un aperçu concret de la façon dont ces formations étaient organisées et mises en pratique sans subir la pression et la responsabilité de l’organisation. J’ai pu vivre cette semaine de l’intérieur et participer activement à son déroulement en accompagnant certaines unités de travail en groupe ou en proposant une animation linguistique, domaine dans lequel j’ai fait mes premiers pas. Une bonne entrée en matière en somme pour moi qui étais assez néophyte dans ce domaine ! J’ai ensuite approfondi mon exploration en accompagnant une rencontre en tant que membre à part entière de l’équipe. Début juillet, l’UBV Schwedt (Brandebourg), une association accompagnant des jeunes en formation et l’Ecole régionale de la deuxième Chance de Perpignan (CEMEA), accompagnant des jeunes en recherche de formation, tentaient de mettre sur pied un échange mais rencontraient de grosses difficultés de communication et avaient besoin de soutien de la part de leur centrale partenaire. Pour la réunion de préparation, nous sommes allées leur prêter main forte, tant du point de vue méthodologique que pour l’interprétation. Il a aussi été convenu pendant la réunion de préparation que je m’occuperais de la partie interprétation et animation linguistique pendant les deux semaines de l’échange, ainsi que de la préparation linguistique du groupe allemand. Ce n’est pas sans appréhension que je me suis lancée. La partie animation linguistique surtout me faisait un peu peur, n’ayant pas tellement d’expérience en la matière et ne connaissant pas très bien le public-cible, des jeunes adultes avec des difficultés d’insertion professionnelle. Finalement, les deux semaines d’échanges, une semaine à Perpignan et une semaine à Schwedt, se sont bien passées. Les deux groupes, bien que ne disposant d’aucune connaissance linguistique, se sont très bien entendus et étaient très intéressés par la langue de l’autre. Dans l’ensemble, je tire un bilan positif de ces deux semaines. J’ai suivi la totalité du projet tant du côté plus administratif que sur le terrain. J’ai beaucoup appris sur la dynamique d‘une équipe binationale, notamment l’importance de la communication, ainsi que sur le public particulier avec lequel nous travaillions, à la fois très sympathique et très éprouvant. J’ai particulièrement apprécié la partie interprétation et vu quels points de l’animation linguistique sont à retravailler pour moi. Si j’en ai l’occasion en 2012, j’aimerais me former un peu plus sur ces questions. Parallèlement au suivi et à la participation à cet échange entre Schwedt et Perpignan, j’ai eu l’occasion d’organiser de façon autonome mon propre projet. Début 2011, l’OFAJ présentait un nouveau matériel pédagogique à destination des tout-petits : la valisette francoallemande. L’AWO étant un acteur important dans le secteur de la petite enfance, l’idée d’introduire cette valisette à l’AWO et de la mettre à disposition des jardins d’enfants nous a paru intéressante. J’ai donc réfléchi à une façon de procéder et prévu trois étapes : dans un premier temps participer à la formation des multiplicateurs et recevoir la valisette, puis tester moi-même la valisette en proposant aux jardins d’enfants de l’AWO à Berlin et dans le Brandebourg une animation linguistique ponctuelle ou régulière avec leurs groupes, et enfin organiser au niveau national une formation à destination d’éducateurs intéressés. La formation des multiplicateurs était très intéressante et j’ai pu y nouer un contact important pour la suite. Dagmar Vogel, une des personnes ayant participé à la conception de la valisette franco-allemande, se trouvait être directrice d’un jardin d’enfants francoallemand de l’AWO à Karlsruhe et nous avons convenu que nous pourrions organiser une formation au sein de l’AWO dans le courant de l’année. La deuxième partie de ce projet, la prise de contact avec les jardins d’enfants de l’AWO à Berlin et dans le Brandebourg, a été plus difficile. Et malheureusement, j’ai dû abandonner cet aspect du projet, faute d’intérêt de la part de mes interlocuteurs et faute de contacts directs avec les jardins d’enfants. L’éloignement géographique de Berlin par rapport à la France et le type de public généralement client de l’AWO ont peut-être aussi contribué au faible intérêt que j’ai pu rencontrer. La troisième partie, en revanche, a rencontré plus de succès. Comme nous l’avions prévu avec ma collèguee, nous avons organisé à Stuttgart une formation à destination d’éducateurs intéressés par cet outil pédagogique. Le choix du Bade-Wurtemberg ne s’est pas fait au hasard : à la lumière de mon expérience peu concluante à Berlin, nous avons décidé de rester non loin de la frontière française, quitte à proposer plus tard, en fonction des résultats de la première, une formation dans un autre Land. J’ai eu la chance d’avoir une totale liberté d’organisation et de décision et cela m’a permis d’expérimenter à petite échelle les différentes étapes de l’organisation d’une formation. J’ai découvert d’ailleurs à cette occasion que ce type d’activité me plaisait beaucoup. Sur place, les participants étaient satisfaits de la formation et demandeurs d’une rencontre quelque temps plus tard pour faire le point et échanger sur leur pratique de la valisette ainsi que sur les problèmes qu’ils auraient pu rencontrer. Ceci pourrait être une idée de continuation du projet pour la prochaine AbP. Outre ces tâches spécifiques à mon poste, être AbP, c'est aussi participer à la réunion annuelle des AbP. L'édition 2011 avait lieu à Berlin et, comme chaque année, l'équipe d'organisation était composée de participants au programme appuyés par les responsables du programme à l'OFAJ, Noëlle Marceaux et Karl Boudjema. J'avais été invitée à participer à la préparation de cette réunion avec trois autres AbP et c'est avec grand plaisir que nous nous sommes attelés à la tâche ! Nous avons planifié le déroulement de ces trois jours en alternant les moments de réflexion et de détente pour permettre à tout le monde d'en tirer le plus grand bénéfice. Au programme des réjouissances se trouvaient la présentation des structures et du cadre de travail de chacun mais aussi de nombreux groupes de réflexion autours de questions variées ayant pour but de nous permettre d'échanger sur notre travail, nos expériences et aussi l'épineuse question de l'après-AbP. Une partie du programme était aussi consacrée à la visite et la présentation de l'OFAJ. Cette réunion m'a permis de faire connaissance avec les autres participants et de voir aussi quels étaient leur rôle et leurs tâches dans leur structure. Dans l’ensemble, et dans le détail, le bilan de mon expérience AbP est positif et je suis très contente d’avoir pu y participer, ce programme étant à mon sens une bonne façon d’entrer sur le marché du travail. Il offre en effet à la fois un premier emploi, une expérience professionnelle à l'étranger et l'accès à un réseau, matérialisé en autre par un groupe permettant de faire circuler des informations intéressantes par mail. Il permet de lier des contacts intéressants et c'est précisément une des forces de ce programme que d'encadrer cette période parfois peu aisée, d'autant qu'elle se passe à l'étranger. La réunion annuelle permet aux participants d'échanger sur leurs expériences, de se rassurer ou de s'encourager et de tisser des liens entre eux. La présence de quelques anciens permet aussi de se faire une idée de ce qui peut se passer ensuite, car la grande question qui se pose, pour moi comme pour les autres, est bien souvent celle de l'après AbP. Dans mon travail, j’ai eu la chance d’intégrer une équipe sympathique avec une bonne ambiance qui m’a fait confiance et donné une grande indépendance. J’ai donc vraiment pu organiser mon année et mes projets comme je l’entendais. C’était l’occasion de mettre en pratique et de prolonger ce que j’avais pu expérimenter sur de plus courtes durées pendant des stages. Mon intérêt pour la traduction et l’interprétation s’est confirmé et approfondi et, comme je l’ai dit plus haut, j’ai pu avoir accès à une formation et progresser dans ce domaine en accumulant de l’expérience. J’ai de plus découvert de nouveaux champs d’exploration tels que l’organisation d’événements que je souhaiterais pratiquer à plus large échelle. A charge pour moi de développer et d’intégrer ces champs à mon activité future.