Panorama de jurisprudence n°231
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Panorama de jurisprudence n°231
rubrique du mois Panorama de jurisprudence Au travers de décisions de justice, des avocats à la Cour nous éclairent sur des aspects juridiques pouvant s’appliquer à la distribution. [ droit commercial Définition d’un véhicule neuf la Chambre Commerciale de la Cour de Cassation contredit la Chambre Criminelle plus ou moins significative de la durée de la garantie contractuelle en fonction du laps de temps qui s'écoule entre la première immatriculation du véhicule et sa revente à son premier utilisateur final. Me Christian BOURGEON “La seule immatriculation d'un véhicule ne suffit pas à lui conférer la qualité de véhicule d'occasion.” Il convient pour distinguer un véhicule neuf d'un véhicule d'occasion de “rechercher si le véhicule a déjà été conduit sur la route”. [ droit de la consommation (Cour de Cassation - Chambre Commerciale - 15 Mars 2011) “L’acheteur d'un bien affecté d'un vice caché, qui accepte que le vendeur procède à sa remise en état, ne peut plus exercer l'action en garantie dès lors que le vice originaire a disparu”. Cette décision est intervenue dans le cadre d'un litige opposant un constructeur automobile à un ancien concessionnaire. Ce dernier avait poursuivi parallèlement une activité de vente de véhicules non kilométrés ayant fait l'objet d'une première immatriculation, communément appelés “véhicules d'occasion neufs”. La Cour d'Appel avait estimé, conformément à la jurisprudence de la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation, que ces véhicules avaient perdu leur qualité de véhicules neufs du fait de leur première immatriculation et qu'en les commercialisant, l'ex-concessionnaire ne se livrait donc pas à une activité interdite de revendeur non agréé. La censure de la Cour d'Appel par la Chambre Commerciale de la Cour de Cassation consacre une opposition entre sa définition “concurrentielle” et la définition plus “consumériste” du véhicule neuf adoptée par la Chambre Criminelle. La jurisprudence de la Chambre Criminelle en la matière s'est forgée, à partir des dispositions réprimant la tromperie, sur la qualité substantielle d'un produit. Elle estime qu'une première immatriculation fait perdre à un véhicule sa qualité de “véhicule de première main”, entraînant une décote lors de sa revente en tant que véhicule d'occasion, à laquelle peut s'ajouter une réduction Limite à la responsabilité du vendeur en cas de vice caché (Cour de Cassation - Chambre Commerciale - 1er Février 2011) Un concessionnaire avait été assigné par l'acheteur d'un véhicule neuf qui était tombé en panne à deux reprises à la suite d'un défaut affectant ses systèmes électroniques, alors qu'il n'avait parcouru qu'un peu plus de 50.000 kilomètres. S'agissant d'un vice caché, le concessionnaire avait lui-même appelé le constructeur en garantie. En pareil cas, le Code Civil ouvre à l'acheteur la possibilité de demander l'annulation de la vente et la restitution intégrale du prix, outre l'octroi de dommages et intérêts si le vendeur connaissait le vice, le vendeur professionnel étant présumé être dans ce cas. Au cas particulier cependant, l'expertise avait conclu qu'à la suite de la deuxième réparation à laquelle l'acheteur du véhicule avait accepté qu'il soit procédé, les défectuosités avaient disparu. Partant de ce constat, les Juges d'Appel avaient estimé que l'acheteur ne pouvait plus demander l'annulation de la vente ; cette analyse est approuvée par la Cour de Cassation dans l’attendu de principe indiqué ci-dessus. Me Katia YVER Service Juridique et Fiscal du SEDIMA