LaPeste_documentation - Ville de Fort-de
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ATELIER THEÂTRE ACTUEL présente LA PESTE D’Albert Camus d’après le récit paru aux Editions Gallimard Mise en scène et interprétation : Francis Huster 1 Francis Huster nous fait partager sa passion des grands classiques de la littérature en reprenant La Peste, un récit qui met en scène des héros qui nous bouleversent par leur justesse. Oran. À première vue, une ville ordinaire de la côte algérienne. Sauf que ce jour d'avril 194., le docteur Rieux est témoin de curieux événements qui vont plonger la ville entière dans la peur. Il nous relate la tragédie exemplaire qu’il vient de vivre. Trouvant quelques cadavres de rats, le concierge de l’immeuble pense que ce sont de mauvais plaisants qui s'amusent mais quelques jours plus tard, il tombe malade, Rieux ne peut rien faire pour le sauver et il succombe à un mal violent et mystérieux… Dès lors, l'angoisse des habitants s'accroît. Rieux consulte ses confrères. L’un d'eux, confirme ses soupçons : il s'agit bien de la peste. Cette maladie qui déferle provoque alors un vent de panique. Rieux veut convaincre les autorités de "fermer" la ville. Tout en nuance, Huster passe d’une silhouette à l’autre en évitant de durcir le trait, sans outrance, en laissant parler Camus par sa bouche. 2 BIOGRAPHIES ALBERT CAMUS Auteur Albert Camus est né en 1913, à Mondovi, en Algérie. Son père, simple ouvrier agricole, meurt en 1914, lors de la Bataille de la Marne. C’est à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt, qu’Albert Camus passe son enfance et son adolescence, sous le double signe, qu’il n’oubliera jamais, de la pauvreté et de l’éclat du soleil méditerranéen. Boursier au lycée Bugeaud, Camus va découvrir la philosophie grâce à son professeur Jean Grenier, qui deviendra son maître et son ami. Après le bac, il commence des études de philosophie qui le mèneront, malgré la maladie, jusqu'à la licence. Il fonde le théâtre du travail et écrit avec trois amis, sa première pièce La Révolte dans les Asturies qui sera interdite (mais éditée à Alger, en 1936). Journaliste au quotidien du Parti Communiste et à Alger-Républicain (1938), il se marie en 1940 et milite pendant la seconde guerre mondiale dans un mouvement de résistance. En 1942, Gallimard accepte de publier L'Etranger et Le Mythe de Sisyphe. En lisant le manuscrit de L'Etranger, Jean Paulhan et les membres du comité de lecture de Gallimard ont pressenti la naissance d'un grand écrivain. Avec ce texte, Albert Camus accède à la célébrité. La critique salue en Meursault, personnage central de L'Etranger, un ''héros de notre temps''. En 1943, Camus rencontre Sartre. Puis il travaille comme journaliste à Combat qui est diffusé clandestinement et devient lecteur chez Gallimard. Il refuse l'étiquette d'existentialiste qu'on lui prête. En 1951, il défend dans un nouvel essai, L'Homme révolté, une conception très personnelle de la lutte sociale et politique. Lorsque surviennent les événements d'Algérie, Albert Camus hésite entre l'attachement à sa terre natale et la légitimité des revendications algériennes : il s'enferme dans le silence. En 1956, il publie La Chute, oeuvre pessimiste et déroutante. Le ton y est amer et révèle un scepticisme ironique. Prix Nobel l'année suivante, à 44 ans, il devient un modèle pour toute une génération qui admire cet humaniste conciliant la pensée sans complaisance et l'action généreuse. Albert Camus est mort en 1960, sur une route de l'Yonne, dans un accident de voiture, aux côtés de son ami Michel Gallimard, neveu de Gaston Gallimard. Ce 4 janvier 1960, à 13h55, la voiture dans laquelle il se trouvait, s'est écrasée contre un arbre. On retrouva dans le véhicule le manuscrit inachevé du Premier Homme, un récit autobiographique sur lequel il travaillait. Référence de cette biographie : http://albertcamus.mes-biographies.com/biographie-Albert-Camus.html 3 FRANCIS HUSTER Mise en scène et interprétation Acteur, metteur en scène, réalisateur, scénariste, Francis Huster est tout cela à la fois mais ne se réduit à aucune catégorie, aucun genre. Il se montre, et il donne de lui-même. La générosité, personnelle et artistique, tout cela se confond, est le maître mot de son rapport aux autres. Sa carrière sur les planches emprunte la voie la plus royale : débuts remarqués et parfois chahutés au Conservatoire (où, déjà, il se lie avec Jacques Weber), entrée à la Comédie-Française où il devient sociétaire. Il quitte l’institution en 1981, créé sa compagnie et initie de grands chantiers dans la fièvre de la création. Les succès publics, considérables sont au rendez-vous. Certains rôles le rendent inoubliable : dans Lorenzaccio de Musset en 1976, dans Hamlet de Shakespeare (auquel il reviendra souvent) en 1984, au Théâtre Antoine, qu’il retrouve la même année dans Le Sablier de Nina Companez, dans Le Cid de Corneille (1986), La Peste de Camus (1989), Crime et châtiment de Dostoïevski… En parallèle, sa carrière au cinéma, où il joue notamment sous la direction de Georges Franju, Nina Companez, Claude Lelouch (à sept reprises), Andrzej Zulawski, le fait accéder à une immense notoriété, que renforce encore la télévision. Imprégné par les oeuvres et les auteurs qu’il défend, Francis Huster possède le don rare de pouvoir adapter sans trahir, de se fondre dans les styles et la sensibilité d’un écrivain. Écrire, mettre en scène, jouer : Francis Huster est un homme de théâtre total. C’est ainsi qu’en 2005 , il porte au théâtre et interprète l’unique roman de Sacha Guitry, Les Mémoires d’un tricheur (Théâtre des Mathurins), Waterloo d’après Victor Hugo (2008, Gaîté-Montparnasse), et qu’il se frotte ensuite à la célèbre trilogie marseillaise de Marcel Pagnol. En même temps que se prépare César, Fanny, Marius sort son film Un homme et son chien, dans lequel, au milieu de certains comédiens de la distribution du Théâtre Antoine, Jean-Paul Belmondo fait son grand retour au cinéma. Et en 2010-2011, le spectacle Traversée de Paris, d’après la nouvelle de Marcel Aymé, après avoir été salué par la critique et les spectateurs aux BouffesParisiens, l’emmène en tournée sur les routes de France. Nommé chevalier le 26 septembre 1991, Francis Huster se vit remettre les insignes d'Officier de la Légion d’Honneur par le Président de la République, monsieur Jacques Chirac le 3 novembre 2006. Il est nommé commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres en janvier 2010. Il est nommé commandeur de l'ordre national du Mérite le 14 mai 2010. En 2011, il se lance dans une nouvelle aventure : créer sa propre troupe, subventionnée par le Ministère de la Culture, la Troupe de France, qui défendra le répertoire et la création, en France et à l’étranger. 4 LA PRESSE 20 septembre 1989 Francis Huster a lu et relu La Peste, il en a fait l’adaptation, il joue seul en scène la ville et ses hommes. Il faut une certaine dose d’audace et d’orgueil - comme au héros de Camus - pour adapter, mettre en scène et jouer La Peste. Huster n’en manque pas, et cette fois il a eu raison. Camus lui va bien. Il passe d’un personnage à l’autre, sans crier gare, sans s’attarder, et c’est bien car le mélodrame n’a pas le temps de s’installer. (…) Tout est sobre, efficace et tend vers un seul but : installer l’atmosphère pesante d’une ville claquemurée sur la peur et le silence, encerclée de charniers impudiques : la peste, on le sait, pour Camus, c’était le fascisme. La voix est étonnante, d’une tenue parfaite : elle a le métal de ce narrateur, qui se veut objectif mais ne parvient pas à contenir son émotion, la panique, la désespérance, la vacuité suffisante. (…) Son spectacle est ainsi fait d’ingrédients désuets et de grand art. Huster gagne son pari, il ne se montre pas, il montre, avec sobriété, avec un charme qu’il s’emploie tout à la fois à cultiver et à détruire. Odile Quirot 30 septembre 1989 Morvan Lebesque voyait dans La Peste une sorte de théâtre enfermé dans un livre. On ne peut mieux dire. Ce n'est pas un roman, mais une tragédie de la mort, parcourue car un mouvement de nature proprement dramatique. L'entreprise de Francis Huster est donc parfaitement légitime. Le théâtre était enfermé dans le livre. Huster le libère. Plus légitime encore lorsqu'on sait qu'il ne s'agit pas d'une adaptation au sens courant du mot. Adapter, c'est ajuster, c'est donc corriger. Huster n'a rien entrepris de tel. Il a lu ce livre, avec une attention profonde et une égale ferveur, il en a retenu l'essentiel, a coupé le reste, et il dit La Peste en respectant le texte, le rythme et le sens. Il n'interprète pas. Et il dit seul, sans comparses, sans recours aux procédés scéniques habituels: le décor, l'accessoire, le costume. A peine quelques bruitages. Et une superbe lumière assure l'alternance entre le symbole de la vérité qui éclate et celui du mystère qui angoisse. Huster ne joue pas. Il est au degré extrême du dépouillement, de la transparence. Un corps fragile, presque une silhouette, remplit une scène immense, et de ce corps, économe de gestes, s'élève une voix claire et sobre qui chante un texte admirable, et en fait résonner la tragique profondeur. C'est bouleversant. Quel étonnant garçon! Lui qui, depuis des années, sous les oripeaux les plus inattendus, joue avec tant de talent et de bruit les provocations les plus folles, il jette aujourd'hui aux orties le déguisement et va à l'essentiel au diamant. Mais c'est une autre forme de provocation. Une provocation de l'âme, qui ne se nourrit d'authenticité. Huster se soumet à une épreuve redoutable et la franchit avec éclat. De Camus, il ne trahit jamais la gravité. Par sa présence physique, sa chimie intérieure, il y ajoute une sorte de lumière, une jeunesse, une innocence. Huster est moins réaliste que Camus, moins terrestre. On dirait que, au-delà de la santé de l'homme, son salut aussi que Camus négligeait. Allez donc voir ce superbe acteur et entendre le message de Camus prophétique et éternel. Nous nous endormions. Ils nous réveillent. Philippe Tesson 5 21 septembre 1989 Francis Huster,acteur brillant, a fort bien compris que ce personnage devait se fondre dans la masse ; jetant par-dessus bord tout le bagage romantique, il en donne une image grise, presque terne, qui reflète très exactement l’écriture de Camus. (…) Sans outrance, mais nerveusement, avec une sorte de tension secrète, il inscrit dans son jeu la sympathie pour le semblable, l’humaine complicité qui sont au cœur même du texte. Avec patience et attention, il élague tout pittoresque, il efface toute couleur, ne gardant que l’entêtement, la ténacité, le respect de soi et de l’autre qui font que quelques hommes, pris au piège de l’absurde, mènent un combat sans gloire, non pas seulement pour sauver des malades, mais aussi pour exorciser en eux la peste. Naturellement, ce combat est symbolique, mais Francis Huster a su fort bien éviter tout intellectualisme toute exemplarité démonstrative, pour s’en tenir modestement à la trame réaliste du récit, évitant d’ajouter d’autres signes, de multiplier les commentaires. Cette humilité paie, elle donne à son travail une simplicité qui, d’emblée, nous touche. Sans renoncer à son identité, à son naturel, Huster laisse parler Camus par sa bouche. Rarement on a vu telle fidélité. Pierre Marcabru L’EVENEMENT DU JEUDI 28 septembre 1989 Une salle qui se lève pour applaudir, ce n’est pas si fréquent au théâtre. Depuis qu’il a commencé de jouer La Peste de Camus, Francis Huster a eu à chaque représentation une telle salle. (…) On peut trouver à redire à l’adaptation d’un roman, surtout quand il s’agit d’une œuvre aussi marquante. Mais on ne peut que suivre la démarche de qui donne une cohérence à une telle entreprise. Francis Huster a choisi la simplicité d’une version directe. Il est le narrateur, le docteur Rieux, témoin et acteur dans la ville envahie par les rats porteurs de mort (de l’occupation) autour de qui gravitent les principaux personnages de l’histoire. Sur le magnifique plateau nu, ou devant le rideau de fer, accompagné par des lumières et des sons qui créent les situations, vêtu d’un trench et d’un costume noirs, il fait du roman de Camus une métaphore aussi immédiate et émouvante que la chanson de Reggiani, Les loups sont entrés dans Paris. Brigitte Salino septembre 1989 Pour qui se souvient des prestations de Francis Huster dans Hamlet de Laforgue, ou même dans Jacques le Fataliste, de Diderot, sa présence unique de suffit au plaisir du public. C’est lui qu’on vient voir en premier, tant il sait séduire par son talent, certes, mais aussi par un charme teinté d’ironie. Sous cet apparent scepticisme, on devine chez lui une sincérité, un goût du théâtre, qui ne s’embarrasse d’aucun repentir. Son élégance corporelle, son sourire ont assez de magnétisme pour convaincre un vaste public du bien-fondé de ses choix. Albert Camus, lui aussi, savait jouer de son charme de beau ténébreux. Nul doute que Francis Huster aurait plu à ce moraliste sévère qui, trop méditerranéen en cela, n’avait rien d’un puritain. Il avait cependant refusé de donner à Jean-Louis Barrault une adaptation de La Peste, préférant écrire une autre version, L’Etat de siège, qui mettait directement en cause le fascisme, et plus particulièrement le fascisme espagnol. Joué au Marigny, avec une distribution prestigieuse, cette pièce fut néanmoins un échec. Quarante ans après, Francis Huster relève le gant. La saison théâtrale débute sous de bons auspices. Guy Dumur 6 LE QUOTIDIEN DE PARIS 21 septembre 1989 (…) L’homme vient de loin et traverse, minuscule, le vaste plateau sous des lumières qui jouent si haut au-dessus de lui qu’il demeure dans la pénombre. Il y a quelques instants, après que les trois coups ont retenti une première fois, une voix s’est élevée, jeune, tendre, moelleuse. Un homme disait que le théâtre est un des lieux du monde où il se trouve heureux. Une voix venue de par-delà le temps. La voix d’un homme pur, profond et bon. Albert Camus, disparu il y aura bientôt trente ans. « L’artiste est comme le dieu de Delphes : il ne montre ni ne cache : il signifie. » Au bord du précipice qui sépare scène et salle, une autre voix s’élève, au diapason de la première. Ferme, claire et légèrement voilée pourtant, nimbée d’angoisse aux premiers mots. Francis Huster se laisse traverser par La Peste. Seul en scène durant à peu près une heure quarante dans un exercice dramatique étonnant qui ne sacrifie jamais la matière textuelle au jeu : Francis Huster réussit l’extraordinaire prouesse d’être non seulement le docteur Rieux, le narrateur du récit de Camus, et tous les personnages (une trentaine), mais il est le livre, il est l’écriture de Camus, il l’incarne. C’est en cela que son travail est magnifique. Ce n’est pas un comédien qui dit un texte, c’est un Protée subtil qui donne vie aux protagonistes et corps à l’écriture. Il est l’encre de Camus. (…) il fait ainsi de La Peste un lai, un poème narratif, pour le temps présent. C’est tout à fait fascinant, tout à fait bouleversant. Le plus bel hommage que l’on puisse rendre à Albert Camus, et également un très grand spectacle. Car c’est l’exercice périlleux d’un comédien riche, doué, qui passe d’un personnage à l’autre avec une grâce éblouissante. Fin, fragile, léger, comme la plume de l’écrivain. Rien de l’émotion du récit, rien du poids des réflexions de l’auteur, ne se perd sur l’immense plateau. Il y a là un jeu avec les fantômes tout à fait impressionnant : comme les rats envahissent Oran, les âmes mortes des personnages prennent possession de l’espace. Les lumières superbement réglées, la bande-son parfaite de discrétion et d’efficacité, les mouvements de l’acteur qui ne s’appuie que sur quelques rares objets pour jouer, tout appelle quelque chose de mystérieux et d’envoûtant. N’allez pas croire pourtant que la représentation soit sombre, oppressante. Elle est au contraire lumineuse, vive. L’émotion, la force dramatique : il suffit d’un filin comme ensanglanté qui se balance au-dessus du plateau, comme le fil trop tôt tranché d’une vie, comme le seul lien qui relie les petits humains aux forces qui les dépassent. Armelle Héliot 7 ATELIER THEATRE ACTUEL 103, rue la Boétie – 75008 Paris 01 53 83 94 94 – télécopie : 01 43 59 04 48 www.atelier-theatre-actuel.com 8