The Dog Days Are Over
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The Dog Days Are Over
The Dog Days Are Over ANNETTE EMBRECHTS - 24/03/14 **** Jan Martens crée une chorégraphie fascinante à partir du simple pouvoir du saut et de la géométrie. ‘The Dog Days Are Over’ de Jan Martens & ICKamsterdam. 20/3, Frascati, Amsterdam; Tournée: janmartens.com et ickamsterdam.com Huit paires de chaussures attendent sur scène. C’est tout ce dont les danseurs ont besoin pour ‘The Dog Days Are Over’ du jeune chorégraphe Jan Martens (29), invité d’ICKamsterdam et DansBrabant. Et aussi de leur souffle, et de leur persévérence, qu’ils vont devoir utiliser au mieux pendant 65 minutes épuisantes, construites avec une grande précision. Ils sont vêtus au plus simple; pantalon de sport, haut de bikini, un legging brillant. Avec des couleurs théatrales: fluo, or, ou léopard. Tout le reste est très basique. Avec ces huit danseurs en chaussures de sport – quatre femmes, quatre hommes Jan Martens crée une chorégraphie fascinante à partir du simple pouvoir du saut et de la géométrie. Une fois qu'ils ont commencé à petits sauts élastiques, plus rien n'arrêtera les huit danseurs. Ils bondissent par dessus des lignes imaginaires, s'éloignent les uns des autres, forment une étoile, une diagonale, une courbe, une ligne droite. Ils semblent communiquer avec leurs pieds, leurs semelles crissant sur le sol. De temps à autres quelqu'un crie 'count!'; là les danceurs s'assurent de leur synchronicité en comptant à voix haute. On regarde ébahi les figures changeant insensiblement, et à chaque fois qu'on pense avoir vu toutes les configurations possible Martens nous surprend; d'un balancement de fesses, de grands-écarts puissants, fondus au noir, ou encore avec cette interprétation de Bach à la guitare, dans un montage subtil, qui jaillit des hauts parleurs. C'est d'ailleurs le seul accompagnement, pour une pièce qui n'a besoin de rien de plus. Cherish Menzo, Nelle Hens, Piet Defrancq, Kimmy Ligtvoet, Steven Michel, Julien Josse, Laura Vanborm et Naomi Gibson glissent d'un bout à l'autre de la scène, tendus comme des ressorts. Un truc? non, c'est trop intense, trop grisant et raffiné pour cela. De la danse? très certainement; Martens prouve qu'il est un successeur honorable de Krisztina de Châtel, reine de la danse minimaliste. D'ailleurs elle est là dans le public qui regarde avec approbation. De Châtel sait magistralement se servir du pouvoir visuel et esthétique du mouvement répétitif. Sans en avoir l'air, Martens, lauréat du prix Prins Bernhard Cultuurfonds Dansprijs 2013, se sert quant à lui de son travail pour poser des questions politiques. Est-il vraiment humain de tordre huit danseurs comme des ressorts vivants?. Le célèbre photographe américain Philippe Halsman dit: 'Demande à quelqu'un de sauter, et tu verras son vrai visage.' Celui qui saute est tout entier dans l'acte même du saut; en l'air il n'y a ni futur, ni passé, et il n'y a rien à cacher. A moins d'une chute fatale bien-sûr. Comme le chantent Florence & The Machine dans 'The Dog Days Are Over ' (la chanson n'est pas utilisée dans le spectacle) ‘Leave all your love and longing behind, you can’t carry it with you if you want to survive.’ Si tu veux survivre ne porte que toi-même. Et hop, en l'air. Survie, et puissance du saut. Magnifique.