les mille et une nuits
Transcription
les mille et une nuits
Antonio Panzuto dans LES MILLE ET UNE NUITS un court voyage sur le fleuve des histoires lieu objets actions ANTONIO PANZUTO voix récitante MARIAGRAZIA MANDRUZZATO lumières PAOLO POLLO RODIGHIERO sons et mise en scène ALESSANDRO TOGNON "Les histoires ont deux grands pouvoirs : elles peuvent changer les hommes et elles peuvent vivre pour toujours ." Les MILLE ET UNE NUITS sont un grand fleuve d’histoires qui défilent l’une après l’autre et souvent l’une dans l’autre, dans un flux calme et continu. L’aspect fantastique naît du quotidien, le prodige et la normalité s’entremêlent jusqu’à se fondre l’un dans l’autre, et la magie de la transformation devient le moteur secret et l’essence invisible des choses. La scène est une grande dune du désert, qui peut devenir la mer ou la ville arabe que le Calife Harùn Ar Rashid veut parcourir et découvrir pendant la nuit et en incognito. Avec de simples éléments scéniques, des bouts de bois, des feuilles, des petits morceaux de bambou, de la corde, des lampes, des figures de fer ou de plâtre peint, Antonio Panzuto recrée et évoque des milieux, des nuits, des jours, des saisons, des climats, des contextes dans lesquels les histoires se développent. Les enfants s’asseyent sur des coussins placés sur les deux côtés les plus longs de la scène. Deux petits théâtres ferment la scène. Dans l’un d’eux, Sharazad, une marionnette indienne authentique commence et termine les histoires, dont le cœur se développe sur la scène à travers les actions, évoquées et enrichies par des sons qui s’inspirent des traditions arabes et orientales. L’autre petit théâtre devient, tour à tour, le palais du sultan, une arène de combats et de duels, une prison, une caverne. Les histoires sont de petites allusions, et tout se concentre sur les personnages et sur leur mouvements : Sharazad elle-même, Sharyàr, Dunyzàd, Aladin, le Magicien Farizàd, le Génie, Sinbad, le vizir Giafàr, l’oiseau de feu et le cheval volant véhiculent les émotions des femmes, des hommes et des animaux. La fiction théâtrale est évidente, et tous les mouvements et les changements se font à vue, car c’est la figure humaine qui génère et détermine l’action. Antonio Panzuto, comme dans ses autres œuvres, bouge donc autour de la scène, et il donne le mouvement et la parole aux objets crées et transformés en marionnettes ou en des figures précieuses qui étaient, jusqu’il y a un moment, seulement décoratives. Il leur donne ainsi la fonction importante de raconter l’amour, la trahison, la liberté et l’esclavage, l’intelligence et la stupidité, la magie et la divination, la mort et la beauté, la guerre et le voyage, incarnés dans des types humains, des princesses et des larrons, des enfants et de vieux ambulants, des soldats et des marins mais aussi des oiseaux qui parlent, des arbres qui chantent, des chevaux volants et de terribles génies. Il se développe ainsi un parcours narratif qui nous transporte dans le fleuve des histoires non plus seulement avec des paroles, mais avec des images et des évocations, en défiant l’essence même de la parole racontée. Les séquences dramaturgiques sont simples et intuitives. Elles naissent plutôt d’un ordre constructif et créatif que de séquences écrites, de l’usage des objets et de leur transfiguration artistique plutôt que d’un ordre linguistique littéraire. On assiste à un spectacle qui est une vision "fantastique" liée à la stupeur de la transformation ; une vision déterminée par les rapports entre les objets mêmes et leur capacité de raconter. Nous poursuivons l’utopie d’une œuvre qui veut donner un sens nouveau aux choses qui l’ont perdu, en en réinventant la fonction dans un champ d’intensité poétique et émotionnelle.