commentaire texte - Musique traditionnelles 24.06.13

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commentaire texte - Musique traditionnelles 24.06.13
le pont supérieur
Pôle d’enseignement supérieur spectacle vivant Bretagne Pays de la Loire
Établissement public de coopération culturelle / Ministère de la Culture et de la Communication, Régions Bretagne et Pays de la Loire,
Villes de Nantes, Rennes et Angers, Universités de Nantes et Rennes 2.
Épreuve écrite de commentaire de texte
Musiques traditionnelles des aires culturelles celtiques et bretonnes
Sur la base d’une lecture attentive et d’une compréhension aussi précise que possible du texte suivant,
dégagez quelques idées et commentez-les d’une façon personnelle en vous appuyant sur votre expérience et
sur votre propre culture de musicien (qui peut n’être pas la même que celle évoquée par le texte) :
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Le blues « classique1 » est appelé ainsi parce qu’il contient, semble-t-il, tous les
éléments divers et opposés de la musique noire ; il possède en outre un attrait émotif
plus châtié qui lui est donné par l’« interprétation ». Ce fut la première musique noire
jouée officiellement à titre de divertissement, ce qui ne l’a pas empêchée de conserver
toute l’intransigeante réalité des blues antérieurs. En elle se réalisa un équilibre parfait
entre deux mondes et, à cause de cela, elle a été un pas très net du Noir pour
rejoindre le courant majeur de la société américaine. Le blues primitif avait presque
été une expression consciente de l’individualité et de la séparation du Noir qui ne pourra
jamais plus aussi éloigné de l’ensemble de la société américaine qu’il l’avait été dans
les premières années après la guerre civile. […]
La naissance du blues classique révélait de grands changements chez le Noir. Le
sentiment qu’il avait de sa place, de son statut dans la société s’était radicalement
modifié depuis le temps des « gueulantes » champêtres. Ce qui apparaît peut-être le
plus nettement dans le blues classique, c’est le sentiment, éprouvé pour la première
fois par le Noir, d’appartenance à la société. Ses paroles commencent à se rapporter à
des situations et des idées manifestement issues d’un milieu qui fait partie d’un
ensemble humain plus vaste. Pour cette raison l’Amérique blanche les trouve moins
obscures, et moins embarrassées. Le blues classique tend vers une universalité qu’on
ne pouvait même pas entrevoir précédemment. Mais quand il parvint à avoir une
signification humaine générale, les significations perceptibles par les seuls Noirs qu’on
trouvait dans les formes précédentes perdirent de leur acuité. Son professionnalisme
l’écarta dans une certaine mesure de la vie des Noirs et en fit une réaction stylisée,
bien que beaucoup des préoccupations sociales et émotionnelles du blues primitif
aient persisté. Mais désormais les Noirs pouvaient allez tranquillement s’asseoir dans
une salle de spectacle pour écouter un interprète recréer des tranches de leur
existence.
LeRoi JONES, Le Peuple du blues,
Paris : Gallimard, 1968, p. 134-135.
Dans son ouvrage, l’auteur oppose le blues « primitif » (chansons de travail des esclaves noirs américains, jusqu’à la fin
du XIXe siècle) au blues « classique » (apparu vers 1900, mélodiquement et harmoniquement plus complexe, intégrant des
éléments de la musique de théâtre populaire et de variété).
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