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왘 NARBONNE
NA03A
L’INDÉPENDANT
DIMANCHE
5 JUIN 2016
3
FIGURE LIBRE - JERRY COLLINS
Un an après, ils se souviennent…
Le 5 juin 2015, Jerry Collins, ancien All Black du RCNM, et Alana Madill, sa compagne, trouvaient la mort sur
l’autoroute entre Narbonne et Béziers laissant leur petite fille Ayla orpheline et sérieusement blessée. Un an
jour pour jour après le drame, ceux qui l’ont croisé, côtoyé ou affronté évoquent Jerry Collins.
LE COÉQUIPIER
Sébastien Petit :
« Il ne pouvait
rien nous arriver »
Capitaine et joueur phare
du Racing durant de
longues saisons,
Sébastien Petit a ouvert
pour nous les portes du
vestiaire. « Lorsqu’on
nous a annoncé l’arrivée
de Jerry Collins, on n’y
croyait pas ! C’était une
légende du rugby mondial
qui arrivait à Narbonne.
On a appris à le découvrir
petit à petit. J’étais assis à
côté de lui dans le
vestiaire : je ne parlais pas
un mot d’anglais, il ne
parlait pas un mot de
français mais juste avec
un sourire
ou un
regard on
arrivait à
se faire
passer
des
messages. De
l’homme,
je retiens
la gentillesse, le
charisme, la capacité à se
rendre disponible et à se
fondre dans un groupe.
Du joueur, je retiens sa
puissance et sa solidité
face à l’adversaire. Il est
arrivé à un moment où on
était en difficulté au
classement et il nous a un
peu poussés. Avec lui on
avait le sentiment qu’il ne
pouvait rien nous arriver.
J’ai appris la nouvelle de
sa mort le vendredi au
matin et j’ai eu du mal à y
croire. D’ailleurs j’ai
toujours du mal à y
croire… On s’entendait
bien et je pense
régulièrement à lui et ça
me fait toujours quelque
chose quand je viens au
Parc des sports et que je
passe devant sa photo...»
L’ENTRAÎNEUR
Philippe Benetton :
« Il s’est mis au
service de l’équipe »
Philippe Benetton s’est
installé sur le banc de
Narbonne en mars 2015,
deux mois après l’arrivée au
club de Jerry Collins.
Quelques semaines de
collaboration ont suffi à
Philippe Benetton pour
cerner le personnage : « Je
retiens avant tout son
humilité. Malgré son
palmarès et son vécu, il est
arrivé sur la pointe des
pieds et s’est mis au service
de l’équipe. À aucun
moment il n’a cherché à
user de son aura et c’est
aussi grâce à ce genre
d’attitude
que l’on
reconnaît
les grands
sportifs.
Après une
année
sabbatique,
il a su se
remettre en
question pour retrouver son
niveau. En tant qu’ancien
troisième ligne, je lui
demandais des choses très
précises sur le terrain et il
respectait les consignes à la
lettre. Il parlait peu mais il
était leader par l’exemple et
grâce à ce comportement il
avait le respect de tous.
Son sang-froid permettait
de rassurer les joueurs, il
était capable de faire
retomber la pression. Et
surtout il suscitait la crainte
chez ses adversaires. Je
me souviens avoir évoqué
la suite de sa carrière avec
lui, il était heureux de
poursuivre l’aventure
Narbonne d’autant plus que
sa femme et sa fille l’avaient
rejoint et ça, c’était le plus
important pour lui ».
◗ Ballon sous le bras et regard pointé vers la ligne adverse, c’est
l’image que les supporters garderont de Jerry Collins.
Ph. L.
L’ADVERSAIRE
LE SUPPORTER
Rémy Martin : « un
joueur redoutable »
André Marty : « Il ne
disait jamais non »
Rémy Martin, 3e ligne,
sélectionné à 23 reprises
avec les Coqs, a croisé la
trajectoire de Jerry Collins
en novembre 2006, lors de
la tournée d’automne des
All Blacks en Europe. Deux
matchs au cours desquels
le 3e ligne tricolore a pu se
mesurer à un Jerry Collins
dans la force de l’âge et au
meilleur de sa forme.
« En une semaine, nous
avons joué deux fois les
Blacks qui déjà à l’époque
marchaient sur l’eau. La
troisième ligne était
composée de légendes du
poste : McCaw, So’oialo et
Collins ; Chris Masoe était
remplaçant, c’est vous dire
la qualité l’équipe ! Sur le
premier
test-match à
Lyon nous
avions
“chargé”
(47 - 3) et
une
semaine
après lors
du match du
centenaire de la Fédération
nous avions aussi perdu (23
- 11) mais le combat était
plus serré. Je n’ai pas
oublié l’affrontement avec
Jerry Collins qui était mon
adversaire direct. C’était
vraiment le genre de
troisième ligne que j’aimais
défier : il était rude et
rugueux. Je me souviens
d’un joueur capable de faire
des différences grâce à des
appuis incroyables. Il
cassait énormément de
plaquages. Il était utilisé par
les All Blacks comme un fer
de lance pour aller défier les
défenses adverses. Et dans
les 1 contre 1 il était
redoutable. C’est un des
joueurs les plus marquants
que j’ai affronté ».
Quelques matchs ont suffi
à Jerry Collins pour se
faire une place dans le
cœur des supporters.
Généreux sur le terrain et
pas avare de son temps
avec les aficionados en
dehors, il a laissé un
grand vide. André Marty,
président du groupe de
supporters les Tigres
Cathares raconte.
« Lorsqu’il est arrivé à
Narbonne nous étions
dubitatifs car il n’avait pas
joué depuis deux ans !
Passé la surprise de voir
arriver un monstre du
rugby mondial, on a
découvert un homme
d’une gentillesse infinie. Il
était
toujours
d’accord
pour une
photo, un
autographe. Il ne
savait pas
dire non
décrit
André Marty avec les
larmes aux yeux. Le
simple fait d’évoquer
l’homme me procure
encore aujourd’hui
beaucoup d’émotions, ça
me retourne… Il avait
réussi en très peu de
temps à se faire une
place énorme au sien du
club autant pour ses
qualités humaines que
pour ses qualités
sportives. Avec les Tigres
Cathares nous avons
décidé au début de la
saison dernière de
déployer un tifo à son
effigie à chaque match à
domicile. C’est notre
façon de dire qu’on ne
l’oublie pas… »
Témoignages recueillis
par Julien Puyuelo
Des nouvelles de leur petite Ayla
Très gravement touchée dans
l’accident qui a coûté la vie à
ses parents, Ayla, 4 mois au
moment du drame, a passé
plusieurs jours dans le coma à
l’hôpital de Montpellier avant
de retrouver la famille de sa
mère au Canada où elle a
dans un premier temps été
admise dans un hôpital pour
enfants. Les dernières
nouvelles d’Ayla dont on
dispose émanent de journaux
néo-zélandais ; ils décrivent
une petite fille, aujourd’hui
âgée d’un an et demi et
épanouie auprès de ses
grands-parents et de ses
cousins qu’elle accompagne
lors d’excursions.
Si son état de santé s’est
nettement amélioré et lui a
permis de quitter aujourd’hui
les structures hospitalières,
les médecins restent prudents
précisant qu’ils ne pouvaient
toujours pas se prononcer de
façon définitive quand à
d’éventuelles séquelles.

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