J`imprime - Hello Théâtre

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J`imprime - Hello Théâtre
Les Damnés : l’effroyablement belle mise en
scène d’Ivo van Hove
Les Damnés – d’après Visconti – mise en scène par Ivo van Hove
Au Festival d’Avignon du 6 au 16 juillet 2016 puis à la Comédie Française, salle
Richelieu du 24 septembre au 13 janvier 2017
Avec la Troupe de la Comédie Française : Sylvia Bergé, Éric Génovèse, Denis Podalydès,
Alexandre Pavloff, Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery, Adeline d’Hermy,
Clément Hervieu-Léger, Jennifer Decker, Didier Sandre, Christophe Montenez.
Après 23 ans d’absence, la Comédie Française fait son retour au Festival d’Avignon
avec Les Damnés, pièce mise en scène par le belge plusieurs fois primé cette
année, Ivo van Hove.
Un complot à la Macbeth
Inspiré du film de Luchino Visconti sorti sur les écrans en 1969, Les Damnés raconte
la descente aux enfers d’une famille d’industriels allemands. Le 27 février 1933,
alors qu’Hitler est chancelier depuis à peine un mois, le Reichstag prend feu. Les
nazis instrumentalisent l’incendie à des fins politiques. Dans le même temps, le Baron
Joachim (Didier Sandre), chef de la famille von Essenbeck, propriétaire de grandes
aciéries dans la Ruhr, est assassiné. Le jeune directeur des usines Herbert Thallmann
(Loïc Corbery), fervent opposant au régime nazi, est accusé à tort du meurtre de
Joachim et doit fuir en laissant sa femme Elisabeth (Adeline d’Hermy) et ses deux
filles. Friedrich Bruckmann (Guillaume Gallienne) et sa maîtresse Sophie von Essenbeck
(Elsa Lepoivre) à l’aide de son fils dégénéré Martin (Christophe Montenez), proches
des S.S, vont organiser un complot à la Macbeth pour s’emparer des usines. L’industrie
von Essenbeck devient rapidement une usine d’armement au service du régime nazi. S’en
suit une série de massacres et de crimes au sein d’une famille entièrement détruite
par le nazisme.
Bain de sang
Représenter l’horreur, personnifier la haine, montrer la mort. Ivo
van Hove a fait
fort dans cette mise en scène dérangeante des Damnés de Visconti. Dans l’enceinte de
la Cour d’honneur du Palais des Papes, les gradins tremblent à l’arrivée des premiers
personnages. Toute la pièce sera ainsi : dans une ambiance lugubre, terrorisante,
imposante. Un sol de revêtement orange figure « l’appareil bureaucratique de l’Etat »
précise Tal Yarden, responsable vidéo du spectacle.
Sur fond d’images documentaires,
les comédiens font revivre des épisodes clés de l’Allemagne de 1933-1934 : l’incendie
du Reichstag, les autodafés allemands ou la Nuit des longs couteaux symbolisée par un
épisode sanglant dans lequel Konstantin von Essenbeck (Denis Podalydès), membre de la
S.A, après une beuverie démente et obscène, termine dans un bain de sang. C’est un
spectacle effroyable mais criant de vérité.
La mort en direct
Dans cette mise en scène magistrale, Ivo van Hove fait vivre à son public la mort en
direct et sur écran géant. A chaque personnage qui meurt, la cérémonie, comme un
véritable rituel, se répète : les comédiens se rassemblent, raides, le regard vide.
L’un s’avance vers la mort, des cercueils disposés côté cour, le visage blafard. Sur
l’écran géant, le spectateur le suit jusqu’à l’agonie, pendant que la pièce reprend
sur scène. C’est un schéma répétitif, évoquant la mort à la chaîne, une mort anonyme
et violente. Du début à la fin tragique et puissante des Damnés, la tension est
palpable. L’ambiance musicale y joue aussi pour beaucoup : du quatuor de saxophones
installé auprès des cercueils, à l’utilisation du groupe de métal allemand Rammstein,
la musique fait partie intégrante du spectacle. Selon ses maîtres d’oeuvre, on
retrouve dans cette musique « la volonté de créer de nouveaux moyens de destruction
massive ».
Jusqu’à la scène finale d’une violence monstrueuse, c’est un silence complet dans la
cour du Palais des Papes. Puis c’est une standing ovation pour la troupe de la Comédie
Française (tous excellentissimes) et pour Ivo van Hove et son équipe. Plus que
dérangeante, les Damnés laisse à son public un goût amer, mais c’est l’effet escompté.
Attendons de voir comment cette mise en scène sera adaptée en salle Richelieu, à la
rentrée.
Les prix 2016 de la critique de théâtre
dévoilés
L’association professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse
dévoile son palmarès 2016. Focus sur le palmarès théâtre qui décerne une double
récompense au metteur en scène belge Ivo Van Hove (meilleur spectacle étranger et
meilleur spectacle de l’année).
GRAND PRIX (meilleur spectacle théâtral de l’année) : VU DU PONT, d’Arthur Miller,
mise en scène Ivo van Hove (Odéon, Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier)
PRIX GEORGES-LERMINIER (meilleur spectacle théâtral créé en province) : FIGARO
DIVORCE, de Ödön von Horváth, mise en scène Christophe Rauck (Théâtre du Nord,
Lille / Le Monfort)
MEILLEURE CRÉATION D’UNE PIÈCE EN LANGUE FRANÇAISE : BOVARY de Tiago Rodrigues,
mise en scène de l’auteur (Théâtre de la Bastille)
MEILLEUR SPECTACLE ÉTRANGER : KINGS OF WAR, d’après Shakespeare, mise en scène Ivo
van Hove (Théâtre national de Chaillot)
PRIX LAURENT-TERZIEFF (meilleur spectacle présenté dans un théâtre privé) : QUI A
PEUR DE VIRGINIA WOOLF ? d’Edward Albee, mise en scène Alain Françon (Théâtre de
l’Œuvre)
MEILLEURE COMÉDIENNE : Dominique VALADIÉ dans Qui a peur de Virginia Woolf ?
d’Edward Albee, mise en scène Alain Françon (Théâtre de l’Œuvre)
MEILLEUR COMÉDIEN : Charles BERLING dans Vu du pont d’Arthur Miller, mise en scène
Ivo van Hove (Odéon Théâtre de l’Europe – Ateliers Berthier)
PRIX JEAN-JACQUES-LERRANT (révélation théâtrale de l’année) : Maëlle POESY pour les
mises en scène de Candide, si c’est ça le meilleur des mondes, de Kevin Keiss
d’après Voltaire (Théâtre Dijon Bourgogne, CDN Théâtre du Gymnase, Espace des Arts
Marseille, Scène nationale Chalon-sur-Saône) – et Le Chant du cygne/L’Ours de
Tchekhov (Comédie-Française – Studio Théâtre)
MEILLEURES CRÉATIONS D’ÉLÉMENTS SCÉNIQUES : Éric RUF, Valérie LESORT, Carole
ALLEMAND pour 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne, mise en scène Christian
Hecq (Comédie-Française – Vieux-Colombier)
MEILLEUR COMPOSITEUR DE MUSIQUE DE SCÈNE : Alexandre MEYER pour Und de Howard
Barker, mise en scène Jacques Vincey (CDR Tours, Théâtre Olympia / Théâtre de la
Ville – Les Abbesses)
MEILLEUR LIVRE SUR LE THÉÂTRE : LE THÉÂTRE ET LA PEUR, par Thomas Ostermeier (Actes
Sud)