dessin informatique et CAO - Ecole d`architecture de Toulouse

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dessin informatique et CAO - Ecole d`architecture de Toulouse
b- La CAO et l’Informatique en architecture
De par les capacités de calcul et de représentation qu'ils offrent, les outils numériques ont rapidement été perçus
comme pouvant aider à la conception, en particulier en architecture: simulations, rendus graphiques, archivage, etc.
Progressivement, ces systèmes ont évolués vers l'interactivité, proposant une démarche centrée sur la
représentation graphique.
La conception graphique assistée par ordinateur en architecture: évolution de la conception ou évolution d’une
méthode de dessin ?
Les images de synthèses sont utilisées très tôt dans beaucoup d’agences. Elles sortent d’ailleurs de plus en plus de
leurs fonctions premières et ne se limitent plus seulement au rendu photo réaliste. Ces images jouent désormais
un rôle prépondérant dans le processus de conception architecturale. Si bien que, certaines agences comme celles
d’Herzog et De Meuron et de Zaha Hadid s’appuient dans leurs recherches sur les images de synthèse et autres
maquettes virtuelles pour définir bien plus qu’une volumétrie ou qu’une insertion dans le site. De même, selon
Franck O. GEHRY: «The Guggenheim museum in Bilbao and the Walt Disney Concert Hall (in Los Angeles) could not
exist today if we hadn't met Dassault, because there was no way to explore these kinds of shapes and make them
economically feasible».En effet, grâce à de nouveaux logiciels spécialisés comme Catia (créé par l’entreprise
Dassault Système) mais aussi Rhinocéros ou 3DSMAX, ces images sont prises en compte dans le travail de
conception des structures, ce qui était habituellement dévolu aux bureaux d’études.
Dans l’article d’ « Architecture d’Aujourd’hui » n° 354 on nous précise que : « …ce nouveau processus de «
projection » n’est pas sans conséquences sur le statut de l’objet architectural. L’image d’architecture des agences
d’infographie nous raconte des expériences sensibles, des situations vécues, elles convoquent des imaginaires et
décrivent des ambiances. On peut s’interroger sur la paternité des projets d’architecture ainsi formalisés.
L’architecte qui souvent ne maîtrise plus ni le codage, ni le décodage, ni les palettes de fabrication de ces
représentations, est en passe d’être dépossédé par l’infographiste des grandes décisions marquant la définition
d’un projet dans une représentation. A moins que l’architecte redevenu homme d’image ne doive s’approprier son
nouveau rôle de manipulateur de cette « matière image ». Certains accuseront ces images d’être maniéristes
inféodées aux effets de mode ou encore de renouer avec le rendu académique et les techniques de « jus » qui
dissimulaient la pauvreté du travail architectural derrière de beaux arbres savamment représentés… »
Il est évident que la conception architecturale a énormément bénéficié de l’apport induit par les outils
informatiques. Mais, aide t-il vraiment le concepteur dans ça démarche première ? Cette démarche d'utilisation de
l'informatique fait partie du processus de conception, car il est probable que les premières simulations ont
engendrées des retours en arrière, des modifications du projet. Mais pour le concepteur, tout n’était-il pas déjà joué
?
Il est d'ailleurs curieux d'observer dans des magazines spécialisés, ou dans des discussions sur Internet, les craintes
qu'émettent de nombreux architectes et d'étudiants de tous âges en regard de la place que prend la CAO dans leur
domaine. Mais, Toutes ces inquiétudes sont elles fondées ? Est il imaginable qu’un jour, les outils actuels de CAO
deviennent les papiers/crayons de demain ? Il est important de mettre ces outils à leur place dans le processus de
conception et d’étudier leur adaptation au concepteur (plutôt que le contraire).
Michel l’Église dans son texte « Plaidoyer pour des dispositifs de conception » abonde dans ce sens en écrivant par
exemple :
« Essayons de définir un dispositif global qui pourrait soutenir l'architecte en phase de préconception, privilégiant
la considération du concepteur comme acteur de son projet plutôt que comme utilisateur assisté par un
programme dit de conception. Un ordinateur y est envisagé avant tout comme un media, comme un moyen
"permettant l'expression et la communication de la pensée"… »
« …examiner un logiciel non pas sous l'angle de ce qu'il "sait" faire, mais sous l'angle de ce qu'un acteur peut en
faire, recentrant l'attention sur l'homme et non sur la machine… »
« À l'acteur humain de percevoir, reconnaître, interpréter, changer de système de représentation, d'échelle, de
granularité, manipuler du flou, de l'imprécis, de l'espace symbolique. À l'acteur machine de mémoriser, calculer,
retrouver, structurer, ranger, représenter. Ce réseau permettant de naviguer dans les connaissances et les
différentes représentations de l'objet en cours d'élaboration, autorise à l'architecte la projection de son propre
réseau de significations dans un contexte donné. »