LA CASE A PEPE - Musiques Tangentes

Transcription

LA CASE A PEPE - Musiques Tangentes
LA CASE A PEPE
Censure, répression, démantèlement...
L'heure n'est plus à la rigolade. Etre artiste est depuis longtemps être un peu militant. Aujourd'hui il faut en plus,
être catcheur et kamikaze. Exercer un métier artistique devient de plus en plus impossible. Il faut accepter pour
plus de 90 % d'entre eux de crever de faim. On nous fait croire que les artistes vivent d'amour et d'eau fraîche,
ce sont bien là des idées reçues. Pourtant la grande majorité d'entre eux ne ménage pas sa peine et travaille
durement. Et oui, la triste réalité est là. Les politiques engagées depuis quelques temps font des ravages,
comme si le milieu artistique n'avait pas déjà sa dose : précarité du travail, horaires difficiles... Tenez, essayez
de louer un appartement en étant intermittent du spectacle !
Jamais de l'Histoire, les citoyens et les artistes n'avaient été attaqués aussi durement. Après quelques années de
maigre reconnaissance, c'est aujourd'hui sur tous les fronts qu'il faut faire face.
Ca a commencé avec le décret bruit du 15 décembre 1998 (voir Fanzy n°1). Si ce décret a le mérite de prévenir
les risques auditifs, il a de son côté négatif et répressif, entraîné la fermeture de plusieurs centaines de lieux en
France dont plus d'une centaine en Ile de France. Ca fait donc autant de lieux en moins pour se produire.
Ca continue avec les lois anti-raves du 3 mai 2002. Là ce sont les musiques électroniques qui sont visées. Leur
côté indépendant n'est pas pour plaire aux autorités et aux businessmen de la musique (lire l'excellent article de
Guillaume dans ce numéro), là aussi saisie de matériel, procès verbal...
Ensuite, surgissent les histoires de mendicité : c'est la traque tout azimut, et, entre autre, celle des musiciens.
Lorsque la marée chaussée leur tombe dessus c'est la confiscation, voire le bris des instruments de musique des
musiciens, et s'ils manifestent leur désapprobation, c'est la garde à vue, P.V. et toute la panoplie des
représailles...
Et maintenant, coup de grâce final, c'est le régime spécifique d'allocation chômage des artistes qui passe au
pilon. Si le projet du MEDEF abouti, ce sont 60% des intermittents qui n'auront plus d'allocation. Là pour le
coup c'est un génocide artistique qui se manigance en direct sous nos yeux. Nos artistes, l'exception française
n'ont plus qu'à crever.
Ce qui est paradoxal, c'est que nous sommes le seul pays où l'industrie du disque ne fut pas en chute libre
l'année dernière, et ce, grâce à la fameuse exception Française. Alors on ne comprend plus rien ! On nous parle
de déficit du régime spécifique des intermittents du spectacle, mais saviez-vous que le régime des intérimaires
du régime général accuse un déficit bien plus scandaleux ? Mais là le MEDEF se tait puisqu'il est le principal
bénéficiaire de ce régime, ce qui lui permet d'avoir de la main d'oeuvre flexible à souhait.
Dernier coup en date, l'interdiction est faite aux musiciens de jouer au parc de la Villette, vous voyez : là où il y
a la "méga" concentration des institutions de la musique, là où l'espace était réservé à la musique : le CNSM, la
Cité de la Musique, le Trabendo, le Zénith, la Grande Halle . C'était le dernier lieu de liberté, de rencontre, de
convivialité et d'échange où les musiciens se retrouvaient. Et bien c'est fini !!! Pourquoi ?
Alors,.... chaud la rentrée. Je vous invite à exprimer votre solidarité aux artistes sous toutes ses formes,
pétitions, manifestations, soutiens financiers, occupations de lieux culturels institutionnels, etc.
Et bonne rentrée.
Le roman noir de la rentrée pour ceux qui veulent savoir comment sont gérés les droits d'auteurs :
Main basse sur la musique (d'Irène Inchauspé aux éditions Calmann-Lévy)
MUSIQUES TANGENTES :
15, rue Salvador Allende 92240 MALAKOFF tel : 01.40.84.80.09, fax : 01.47.35.46.02
40-42, rue de la Passerelle 92370 CHAVILLE tel : 01.47.50.66.63
E-mail: [email protected]
N°ISSN : 1628-8386
FANZY : Trimestriel gratuit édité par Musiques Tangentes à 3500 exemplaires
Directeur de la publication : Ludovic Delage / Rédacteur en chef : Héloise Valezy
Rédacteurs : Benjamin Desplanques, Maixent Landou, Bruno Mauguil, Anouchka Feigelson, Guillaume Michelon
Remerciements à : Marie Sanchez
Couverture : Kropol
QUOI DE NEUF DOCTEUR...
Tout sur l'actualité de Musiques Tangentes...
Une grande rencontre autour
des musiques actuelles aura
lieu le 4 octobre au Zénith à
l'initiative du RIF, le réseau
Ile de France.
Vous pourrez assister à des
débats thématiques et à un
grand concert réunissant
plusieurs groupes
autoproduits.......
Musiques Tangentes se dote
d'un nouveau site situé à
Saint-Denis. Ce lieu sera
spécialement dédié aux quatre
groupes en résidence à partir
de la rentrée, dans le cadre du
programme
"Rezik Dance".
Ce programme vise à
professionnaliser les artistes
en mettant à leur disposition
des formations et des studios
de répétition.
En Octobre, le Forum social
aura lieu à Malakoff.
Il y aura un stand Musiques
Tangentes avec un débat sur
la censure...
La coordination est assurée
par Guillaume (accueil
Chaville).
Musiques Tangentes se lance
dans les concerts à travers sa
filiale, Patch Phonolithe. A
surveiller a partir de la rentrée.
Dorénavant, une rubrique y
sera consacrée dans votre cher
fanzy: "Du côté de chez
Patch"...
Musiques Tangentes
souhaite la bienvenue à
Héloïse à l'accueil jour du site
de Malakoff. Elle vient
remplacer Benjamin qui s'en
est allé du côté de Phonolithe
(!!!), et complète ainsi
l'équipe composée de Bruno
(directeur), Ira
(administratrice), Anouchka
(coordinatrice pédagogique),
J.C. (accueil soirée), et
Guillaume (responsable du
site de Chaville).
Soucieux du confort de ses
adhérents, Musiques
Tangentes investit dans du
nouveau matériel pour la
rentrée :
6 amplis de guitare neufs
seront répartis dans les locaux
de cours et de répétition, sur
les sites de Malakoff et de
Chaville (qui devrait s'équiper
d'une nouvelle sono
également)
Le studio Bamako se
perfectionne avec l'achat
prévu d'une nouvelle console.
Grande nouveauté :
La salle Orchestra va bientôt
être équipée de matériel
informatique musical, afin de
permettre à Musiques
Tangentes d'accueillir les
musiciens électro en quête de
jeu en groupe.
Du nouveau pour les ateliers
d'ensemble !
Cette année, deux nouveaux
ateliers seront proposés :
- un atelier musiques
celtiques, dirigé par Fanny
Bisselbach (violon à
Malakoff)
- un atelier de blues, dirigé
par Arnaud Jules (professeur
de piano).
Zik LAB
Nous proposons aux
musiciens férus de musique
electro (techno, rap, R'N B...),
et désireux de maîtriser les
nouvelles technologies, un
apprentissage de logiciels tels
que Protools, Logic, Reason
etc..
L'enseignement est assuré par
Bruno Ralle, qui sera ravi de
vous aider à percer les
mystères de l'arrangement de
vos compos, ou de l'utilisation
de musique synthétique en
concert.
L'équipe des professeurs de
l'association s'apprête à
accueillir un "revenant".
Certains se souviendront
certainement de lui, car il fut
des nôtres lors de "l'ère
sèvrienne" pendant une petite
quinzaine d'années ! En effet
l'excellent Jean-Marc Labbé,
professeur de saxophone,
ayant joué aux côtés de La
Mano Negra, des Têtes
Raides, d'Azuquita avec Jim
Murple, vous propose ses
talents de maître dès la
rentrée.
Nous sommes heureux
d'accueillir ce musicien
d'exception, qui joue
actuellement dans la
formation P18.
Dossier Censure ou régression culturelle La Rumeur
A l'occasion de notre dossier sur la censure et ce qu'on pourrait qualifier de régression des différents
mouvements culturels et musicaux, nous avons décidé de donner la parole à un rapeur du groupe La
Rumeur, qui encontre des mésaventures avec le Ministère de l'Intérieur.
Hamé, peux-tu nous faire une
présentation de La Rumeur?
La Rumeur est composé de six
membres,
deux
djs/programmateurs Cool M et
Soul G, 4 rappeurs, Maurad,
Ékoué, Philippe et moi. Le
groupe existe depuis 1994
environ. On a sorti une trilogie
entre 1996 et 1999 afin de mettre
alternativement en avant les
différents membres du groupe.
Au terme de la trilogie, sans
promo, on a écoulé entre 30 et 40
000 exemplaires. Ce qui a mis la
puce à l'oreille de certaines
majors. Vu que le label sur
lequel on était déposait le bilan,
après beaucoup de discussions,
on a fini par signer un contrat
avec EMI. On a réussi à obtenir
un droit de regard sur tout ce qui
concerne le travail de La
Rumeur: qui va de l'écriture des
textes, la production des titres,
jusqu'au marketing, ou la mise en
place dans les bacs. On a sorti le
premier album en avril 2002. La
Rumeur,
c'est
une
réappropriation de la parole
pour en faire une arme de lutte et
de défense populaire, à travers
l'identité d'un rap de fils
d'immigrés qui parle à partir de
là où il est, à partir des quartiers
populaires,
c'est
à
dire
l'immigration
du
travail
africaine.
Nous, on est pour un rap
et une expression artistique
populaire
ancrée
aux
préoccupations des quartiers
populaires. On fait partie de ceux
qui pensent que ce sont toujours
les minorités qui ont fait reculer
la bonne grosse connerie
dominante et qui ont rappelé la
majorité aux valeurs humanistes
essentielles. Maintenant, on est
pas des anges, on a nos
contradictions, on prend parfois
pas de gants pour s'en prendre à
certaines impostures d'où qu'elles
proviennent...
Comment le public a-t-il réagit
On a constaté que La Rumeur a
un impact, un écho, c'est pas un
raz-de-marée
mais
on
a
l'impression de voir des gens qui
font la démarche de venir voir un
concert de La Rumeur, parce que
ça dit des choses et parce qu'il y
a un intérêt à voir autre chose.
Un des meilleurs souvenirs, c'est
les premières parties de Noir
Désir, où la majorité du public
ne venait pas écouter du rap, ne
nous connaissait pas a priori,
était plus âgé que d'habitude,
mais d'où on est sorti sous les
applaudissements.
Notre
démarche a, semble-t-il, reçu
l'adhésion d'une partie de ce
public. C'est la preuve qu'en
étant nous mêmes, avec nos
spécificités, on peut exporter et
défendre notre message, notre
musique, sortir de nos codes
pour aller face à des gens qui ne
sont pas familiers au milieu hip
hop. Nous, on veut faire un
maximum de bruit avec un
minimum de moyens, c'est ça
aussi la définition de La Rumeur.
J'ai
entendu
parler
de
problèmes
avec la justice,
peux-tu m'en dire plus ?
En mai 2002, pour accompagner
la sortie de notre album, on sort
un magazine 16 pages gratuit
distribué à 50000 exemplaires
dont on a entièrement réalisé la
rédaction avec des articles, des
chroniques, des interviews...C'est
une sorte de prolongement de
l'album mais sur un autre
support. Deux articles vont
déchaîner
les
foudres,
premièrement de Skyrock, qui
fait pression car la radio est
attaquée dans un pamphlet
intitulé: "Ne sortez plus sans
votre gilet pare-balles" écrit par
Ekoué. Ils ont porté plainte pour
incitation à la haine et au
meurtre, et ont obtenu le retrait
de tous les magazines, puis la
destruction des stocks, dans la
perspective de nous coller un
procès. Quelques jours plus tard,
le Ministère de l'Intérieur porte
plainte.
Cette
plainte
est
consécutive à la première. Si
Skyrock n'avait pas porté plainte,
on aurait pas reçu cette deuxième
plainte pour l'article que j'ai écrit.
Dans mon papier, il était
question de l'insécurité, pas celle
dont on parle habituellement,
mais autrement plus dévastatrice
et qui a été complètement
occultée des débats. Celle-ci
nous vient d'en haut, des
pouvoirs
politiques,
économiques.
C'est
une
insécurité qui, par exemple,
depuis 20 ans, consiste à laminer
et éventrer par des réformes et
des mesures économiques les
quartiers populaires, à mettre des
milliers de familles sur la paille,
à casser avec un arsenal de lois
les populations immigrées. On
pourrait parler du durcissement
des conditions de séjour des
étrangers en France, de la double
peine, les lois Pasqua...C'est
donc de cette insécurité qui est
économique et sociale dont j'ai
voulu parler.
Aujourd'hui, vivre dans
un quartier populaire, c'est avoir
plus de chance de crever avant
60 ou 65 ans. L'espérance de vie
dans les quartiers populaires est
inférieure à la moyenne nationale
de 10 à 15 ans. Mettre en
exergue la violence et la petite
délinquance de certains jeunes de
quartiers, c'est pratique car ça
permet
de
contourner
discrètement
l'insécurité,
la
violence qui nous viennent d'en
haut, à cols blancs et à cravates.
Au
chapitre de cette insécurité,
l'insécurité institutionnalisée, il y
a les crimes policiers, les
exactions, les humiliations que
certains policiers ont un malin
plaisir à nous faire subir. Depuis
30 ans environ, plus de 200
personnes sont mortes pour avoir
croisé la route de certains
policiers. C'est quelque chose
que j'ai déjà dit, que je répète. Et
jamais un policier n'a fait de
peine exemplaire. A l'inverse,
quand un flic est tué, c'est
minimum 20 piges. Il faut que
ce soit puni très lourdement vu
que c'est un homicide. Dans le
camp opposé, il y a une réelle
inégalité de traitement, de poids
et de mesure.
Il me semble parfois que,
même si la peine de mort à été
abolie en 1981, elle est
officieusement en état de marche
pour les pauvres des quartiers et
d'autant plus s'ils sont noirs ou
arabes. Ce débat là est un tabou
des plus redoutables, et un nondit des plus cadenassés du débat
sur la violence. N'importe quel
psychanalyste le dira: un non-dit
finit toujours pas générer des
conséquences catastrophiques.
C'est vrai pour un individu, ça
l'est d'autant plus pour une
collectivité. Il est d'intérêt public
d'ouvrir ce dossier et de le
regarder en face. Y a des
solutions. On sait que l'histoire
coloniale n'y est pas pour rien,
que les institutions que sont la
police et l'armée ont toujours une
représentation passéiste de la
société et jouent un rôle de
répression. C'est un travail
urgent que doit faire la
République Française. Tant
qu'une réelle volonté politique
dans ce sens ne sera pas
formulée,
on
continuera
malheureusement à perdre des
frères. Il y a que nous avec
l'organisation collective, avec la
formulation politique, à travers
des
vecteurs
politiques
véritablement liés aux quartiers,
qui pourront permettre d'avancer
vers le bout du tunnel.
C'est le Ministère de
l'Intérieur et monsieur Sarkozy,
en particulier, qui ont tenu à
porter plainte. L' attention de
l'actuel ministre de l'Intérieur
français a donc été "attirée" par
mon article, comme il le dit dans
son courrier. Il porte plainte car
il estime que certains passages
portent atteinte à l'honneur de la
police dans la mesure où mes
propos
insinueraient
des
comportement policiers qui
sortent de la légalité et échappent
à la déontologie policière. Non,
la police ne tue pas, n'humilie
pas, elle ne brutalise jamais. Je
suis un mytho, je suis en proie à
une manipulation et à un
complexe de persécution. Voilà à
quoi, aujourd'hui, il faudrait que
je m'en tienne. Mais bien
évidemment, on va se défendre
comme des hommes.
Il
y
a
beaucoup
d'agressivité en face de nous, il
va falloir être offensif. Il y a des
syndicats de flics droitiers et
fachos qui envisagent de se
porter partie civile pour mettre la
pression, et que la peine soit
d'autant plus exemplaire, pour
nous fermer définitivement notre
gueule. On est en train de mettre
au point une défense sur le fond
politique, on va assumer la
dimension politique. C'est aussi
un procès d'usure financière
parce qu'à la clé, il y a une
énorme amende. Et on sait que je
suis encore chômeur, étudiant,
Ekoué, c'est pareil. La Rumeur,
c'est un groupe de prolos, de gars
qui essaient de se démerder. C'est
pas parce qu'on a signé en major
il y a deux ans, que nos comptes
en banque ont quintuplé de
volume. Ce serait un coup sévère
à notre santé financière, qui n'est
pas au beau fixe. Il y a deux
volets à cette affaire : le financier
et le politique. On veut s'occuper
des deux à la fois. Donc ne veut
surtout pas pleurer et quémander
du soutien. On va faire savoir
que cette affaire existe. On s'est
déjà adressé à un certain nombre
de media, notamment des
télévisions. On va essayer, audelà de ce qui nous arrive, de
mettre en avant les questions
qu'on soulève. Si on peut braquer
les projecteurs vers certains
sujets et fédérer certaines
personnes, tant mieux. Au moins
on aura servi à ça. Le procès est
fixé au 9 janvier 2004. Il risque
peut-être d'être repoussé. D'ici là, on va faire un gros boucan
autour de ça et essayer de
mobiliser ce qui comme nous
refuse certains schémas, refuse
de baisser la tête, refuse la
condition de misère qui nous est
faite.
Interview de Benjamin
DU COTE DE CHEZ
PATCH
Voilà, Musiques Tangentes se
dote d'un nouveau moyen de
promouvoir les musiques
actuelles et les artistes qui lui
tiennent à coeur.
Patch Phonolithe, filiale de
votre association favorite, est
pourvue
d'une
licence
d'entrepreneur de spectacles.
Pour les néophytes, cela veut
dire qu'il nous est possible
d'organiser des concerts.
Ben, qui quitte l'accueil
journée de Malakoff, s'en
occupera à partir de la rentrée.
Le catalogue est en cours de
préparation.
L'action portera sur la
recherche de concerts pour les
groupes travaillant à Musiques
Tangentes,
et
plus
particulièrement, les musiciens
professionnels ou en voie de
professionnalisation.
On travaillera
groupes de profs:
avec
des
FOOD (Christophe Gauthier),
JUKO (Julien Kohler), ZEFIR
(Pascal Morrow); et des
adhérents: SITA LANTAA
(Maixent Landou), KOMA
(Ludovic Delage)....
Dans une période marquée par
la fermeture de salles et le
manque
d'ouverture
de
l'industrie musicale, Patch
Phonolithe veut être un moyen
de diffuser la musique
d'artistes qu'on apprécie, et
ainsi favoriser une certaine
vision de la musique.
Alors préparez-vous à sortir !
Dossier : Censure ou régression culturelle La Techno
Après le premier teknival autorisé par la préfecture, le 1er mai dernier à Marigny, on pourrait penser que
la rave-party est entrée dans les moeurs. Mais cet évènement très médiatisé reste une exception.
A l'ombre des projecteurs,
les
autorités
sont
moins
conciliantes. Le teknival du 1er
mai,
est
le
plus
grand
rassemblement annuel de la scène
free-party. C'est un évènement
gratuit et ouvert où peut s'exprimer
la créativité d'une génération de
musiciens en quête d'alternative et
d'utopie...Le premier teknival a eu
lieu vers Beauvais en 1993 avec
300 personnes, organisé par les
travellers anglais boutés hors de
Grande-Bretagne par miss Thatcher.
Un mythe était né : le camion, le
groupe électrogène, et bientôt
l'uniforme kaki (symbole de la
guérilla sonore) allaient devenir
l'attirail de nombreux soundssystems, petite tribu constituées de
musiciens, dj et potes, partant sur
les traces de leurs aînés (tels les
Spirale tribe) organisant des fêtes
"clandestines" en plein air dans les
champs de France et de Navarre.
Très vite, ce phénomène, dont
l'ambiance libertaire ressemble
étrangement aux festivals pop des
années 70, sera accusé de tous les
maux : drogue, dégradations de
propriétés privées..., Trop tard,
l'épidémie est lancée ,et pendant dix
ans, on ne compte plus les "teufs"
qui rassemblent des milliers de
personne chaque samedi soir dans
toute la france, et surtout l'été dans
le sud. (le "teufeur" à capuche aime
danser en plein air).
Le 1er mai 2001, le teknival
rassemble 25 000 personnes. Pour
beaucoup, ce sera "l'arret de mort"
du
mouvement.
L'esprit
d'autogestion du départ n'y est plus.
Les participants se comportent
comme
n'importe
quels
consommateurs, et les tas de
détritus font la une des journaux.
Le gouvernement Jospin ne sait
comment réagir autrement que par
la répression, d'autant plus que
l'opinion publique voit d'un mauvais
oeil ces rassemblements présentés
par les grands médias comme des
hordes de barbares post-atomiques.
Daniel Vaillant, ministre de
l'intérieur, annonce après mai 2001
qu'il soutient l'amendement antiraves du député RPR Mariani. Le
sénat vote un amendement anti-rave
en novembre 2001 dans le cadre de
la loi de sécurité quotidienne. Pour
les organisateurs la saisie du
matériel, retrait du permis de
conduire pour une durée de trois
ans, des peines de travail d'intérêt
général et l'interdiction de séjour
dans le département.
Si l' on ajoute à cela les
violences
policières
et
les
perquisitions au domicile des
principaux acteurs du mouvement,
on comprend mieux pourquoi le
hardcore (rythme rapide,univers
chaotique et agressif) est devenu la
musique préférée des free-party.
L'association Technopol dépose
alors un recours devant le Conseil
d'Etat pour réclamer l'annulation du
décret anti-rave. Les soundssystems s'organisent en collectif, et
appellent à la résistance pacifique.
Plusieurs manifestations ont lieu en
France, mais la mobilisation reste
faible. Méfiance de l'engagement
politique et peur des représailles...
La techno a du mal à défiler
derrière une banderole. On préfère
au slogan les postes de radios, tous
calés sur la même fréquence (89.4),
avec un dj qui motive les troupes
depuis les studios de radio
libertaire. Ce nouvel outil de
désobéissance civile sera baptisé
"tune in teknival"). L' avant-garde
radicale des free-party devient le
symbole du mouvement techno.
Dans la tête du profane, il y a alors
d'un coté les "vraies" raves, les
free-party clandestines et gratuites,
et de l'autres la techno commerciale
: des compiles "dance-machine" et
autres attrape-c... C'est en tout cas
ainsi que la télévision et la presse
ont présenté les choses, oubliant la
majorité des technoïdes qui se situe
entre les deux. De nombreux
artistes et organisateurs voulant se
professionnaliser et sortir un peu de
la marginalité, des fêtes payantes et
déclarées donc légales) existent
depuis les débuts du mouvement.
Pour
ceux-là,
la
mauvaise
réputation de cette musique, qui
pouvait être amusante lors des
premières raves, devient vite
fastidieuse.
En effet, on s'apercevra qu'il est
difficile (voire impossible dans
certaines régions) de trouver une
salle acceptant l'organisation d'une
soirée techno, d'autant plus que la
police ou les commissions de
sécurité cherchent la "petite bête"
pour interdire l'évènement. Les
nombreuses
annulations
et
fermetures administratives privent
ces petites entreprises culturelles de
stabilité
économique
et
de
crédibilité vis à vis du public ou des
artistes. Résultat : dépôts de bilans,
abandons par épuisement et crises
de nerfs.
Paradoxe, à l'heure où la
fameuse "french touch" s'exporte
sur toute la planète, où les musiques
électroniques sont omniprésentes
dans les hit-parades et la pub. Il y a
bien sûr une vague électro
politiquement correct ou plus
commerciale se portant bien, mais
elle est malheureusement peu
représentative de l'authenticité et de
l'énergie des années raves, et
s'apparente finalement plus à ce que
les "yé-yé" ont été pour le rock. De
nombreux mélomanes ont d'ailleurs
développé
un
syndrome
de
technophobie aiguë à l'écoute de ces
produits préfabriqués, alors qu'ils
n'ont pas eu l'occasion d'entendre la
techno des raves inexistante à la
radio.
Entre
l'amalgame
techno/drogue/pitbull du journal de
13h et le manque de reconnaissance
artistique (y compris dans le milieu
de la musique), les acteurs français
de la techno pure et dure cherchent
encore leur place.
Guillaume
Dossier Censure et régression culturelle : La Flèche d'Or
Ces derniers temps, les
boîtes
croulent
sous
les
fermetures administratives, le
monde de la nuit et de la culture
est-il en danger ? C'est ce que
nous voulons découvrir en
interviewant Mani, le directeur
artistique de la
Flèche d'Or
(célèbre "gare scénique" qui s'est
vu fermer les portes à deux
reprises en l'espace de quelques
mois)
MT : Peux-tu nous parler, pour
commencer, de la première
fermeture administrative que
vous avez subie en décembre ?
Pour la première fermeture, il y
avait quatre motifs. C'est un peu le
genre de technique qu'utiliserait un
employeur si son salarié ne commet
pas de faute grave, tu lui mets un
paquet de petites fautes sur le dos,
et ça fait une faute grave. Le
premier motif était l'absence de
gérant, le deuxième qu'on avait
servi de l'alcool a un client
passablement éméché (on accueille
quand même environ 120 000
entrées payantes par an, on fait
parfois quatre a cinq cents
personnes dans une soirée, on a du
mal à contrôler tout le monde et
aujourd'hui la loi nous oblige à
savoir ce que les gens ont dans les
poches et dans la tête, c'est un peu
difficile à gérer.) Il y avait aussi le
problème des bruits émergents à
l'extérieur, mais en principe ce bruit
doit être contrôlé par des appareils
de mesure, pas par l'oreille des
policiers. Et puis il y avait une
histoire de tapage nocturne par des
clients à l'extérieur. Tout ça a donné
lieu a 9 jours de fermeture
administrative, la direction de la
flèche d'or a décidé de ne pas faire
appel pour ne pas créer de conflit
avec la police, on a quand même
besoin d'eux aussi. Finalement ça a
continué quand même.
MT : Et les évènements de février
?
Le 26 février, il y a eu une descente
de 22 policiers pour arrêter un
dealer, qu'ils n'ont finalement pas
trouvé. Il y avait une soirée avec de
l'habillage interactif, un mélange de
Vjing (image de synthèse) en
interaction avec des caméras qui
filmaient la scène. C'était une
superbe soirée contre la guerre en
Irak, qui avait l'originalité de
mélanger le milieu hip-hop et celui
de la jungle et des free-parties.
Normalement, ils ne se mélangent
pas trop. Grâce à la flèche d'or, ils
ont pu trouver des connivences. Le
principe était génial! On a vu dans
la presse que la police etait
intervenue dans un concert de rap,
alors que c'était plutôt une soirée
jungle. Pour revenir aux faits, les
policiers ont été filmés aussi et ça
ne leur a pas plu. Nous nous
sommes retrouvés avec une
nouvelle fermeture d'un mois pour
"outrage à agent". Il faut savoir que
jusqu'au 28 mars, l'outrage à agent
ne donnait pas lieu à une
fermeture
administrative.
Maintenant si. Seuls six policiers
sur les 22 présents ont porté plainte,
et cela dix jours après les
évènements. Le tribunal des référés
a suspendu la sanction. Mais il faut
aller sur le fond, au tribunal
administratif, ça va être long, et ils
sont encore en train de mener
l'enquête.
MT : Pourquoi cet acharnement
selon vous ?
Au début, on croyait sérieusement
qu'ils avaient une dent contre la
Flèche d'Or, puis on s'est rendu
compte que nous ne sommes pas
les seuls à rencontrer ce genre de
problèmes. Un tourneur m'a dit qu'il
venait de rayer 40 festivals sur sa
liste pour cet été, des festivals qui
réunissent 1000 à 2000 personnes et
qui font tourner des petits groupes,
annulés faute d'autorisation ou de
subvention. A Lyon, 17 clubs
fermés, des cafés ferment un peu
partout, tout le monde a des ennuis.
157 fermetures administratives
selon la préfecture. Le problème,
c'est que pour eux, ça n'est que des
débits de boissons, pas des salles de
concerts. De toutes façons, ils
veulent
réduire
le
nombre
d'intermittents du spectacle. On
s'attaque aux salles, c'est un peu une
façon de couper l'herbe sous les
pieds des artistes.
MT : Peux-tu nous parler de
l'association de défense des lieux
de vie et de culture à Paris ?
Nous étions déjà membre de
l'association avant ces évènements,
depuis un peu plus d'un an. On s'est
réuni avec l'Opus Café et le Batofar
qui avaient eu des ennuis à
l'époque, on a voulu les soutenir
avec notre nom. Finalement nous
avons eu des ennuis aussi. Avec
l'association, on défend nos points
de vue. On essaie d'avoir un
interlocuteur à la préfecture pour
que les choses soient un peu plus
claires au niveau des attributions de
nuits. Pourquoi certains peuvent
ouvrir la nuit et d'autres non ?
Pourquoi certains peuvent mettre la
musique fort et d'autres non ? La
préfecture refuse la discussion.
MT : Avez-vous eu des soutiens
lors de ces deux fermetures
administratives ?
Enormément. Même des majors.
La flèche est connue pour être un
lieu alternatif qui se fout des
majors, ce qui est un peu faux. On
dirait plutôt :"Les petits groupes et
les majors, tout le monde au
même niveau". On a donc reçu et
accepté le soutien de Virgin, de
Night -and-Day, de syndicats, de
la mairie du XXème, de café et de
riverains. Le Flèche d'or café est
une ancienne gare désaffectée de
l'ancienne "petite ceinture". Sur le
principe de la gare scénique se
déroulent tous les soirs des
concerts, débats, projections.. .La
Flèche d'or vient de fêter, le 5 mai
dernier, ses 5 ans d'existence. 5
ans de découvertes et d'échanges
dans un espace magique sur le
thème du voyage immobile.
Guillaume et Benjamin
Dossier Censure ou régression culturelle Les intermittents du spectacle
Sujet bouillant de cette rentrée : l'avenir des intermittents du spectacle.
En effet nous pouvons nous faire du soucis pour eux. Musiciens, comédiens, chanteurs, peintres, artistes de
cirque, cadreurs, techniciens du son et lumière, animateurs radio, et j'en passe, sont autant de personnes
concernées par le projet de réforme visant, à terme, à l'augmentation de leurs heures de travail, à la réduction du
laps de temps pour les effectuer, tout en réduisant également la période sur laquelle ceux-ci seraient indemnisés
(sinon ce s'rait pas drôle...)
Jusqu'à présent, un
intermittent du spectacle devait
cotiser 507 heures de "piges" ou
"cachets" afin de bénéficier d'une
indemnisation mensuelle (calculée
par les Assedic selon les heures
effectuées) sur la période d'une
année.
Peut être est-il intéressant de savoir
qu'avant de bénéficier du statut
d'intermittent, la majorité des
artistes et techniciens passe souvent
une année ou plus à effectuer ses
heures sans indemnisation aucune.
Car le statut d'intermittent du
spectacle est un statut qui se gagne
au prix d'un sacrifice que pas mal
de "bosseurs-passionnés" ont été
prêts à faire jusqu'ici.
Mais les premières
réformes sont alarmantes, car le
nouveau statut prévoit tout d'abord
une cotisation de 507 heures sur 9
mois. Celle-ci est rapidement
révisée suite aux premières
mobilisations des syndicats. On
nous parle alors de 507 heures sur
10 mois pour les techniciens, et de
507 heures sur 10 mois et demi
pour les artistes. Peut être que la
première proposition fait office de
fabuleux coup de poker du
ministère de la culture, afin de
mieux faire "avaler" la seconde
proposition de réforme.. Qui sait ?
A ces nouvelles conditions, s'ajoute
la réduction de la durée
d'indemnisation à 247 jours au lieu
de 12 mois. Ces 247 jours
correspondent à une sorte de forfait
dont chaque intermittent est
"détenteur", et au-delà duquel il ne
lui est plus possible de toucher
d'indemnisation.
Pour démarrer plus
rapidement l'indemnisation des
allocataires, les partenaires sociaux
ont décidé, dans le dernier accord
(datant de fin juillet), de porter la
franchise à 30 jours. Le résultat
appliqué au réel est scandaleux. Le
calcul des indemnités prend
soudain des air de loterie : "- si une
personne touche 83 cachets de 207
euros brut chacun, au cours d'une
période de dix mois et demi, elle
gagnera 17 180 euros et elle
obtiendra, avec une franchise de 51
jours, 9 926 euros d'indemnités
pendant les dix mois suivants.
En revanche
- si un autre intermittent gagne la
même somme sur la même période
grâce à 43 cachets de 400 euros, il
ne touchera aucune allocation
pendant les dix mois suivants,
puisque sa franchise aura atteint le
plafond de 247 jours."
Un tel schéma inciterait les
intermittents à déclarer davantage
de cachets moins élevés"
D'après le"Memo protocole"du
calcul des indemnités, distribué à
l'ANPE du spectacle, on s'aperçoit
de la disparition de la fameuse
"date anniversaire" bien connue des
statutaires. Le projet de réforme
semble viser à régulariser les
revenus des intermittents : "chaque
année de référence (ramenée donc à
10 ou 10.5 mois) le salaire total
reçu dans le mois sera divisé par le
Salaire Journalier de Référence de
l'année précédente... Mais s'il fallait
appliquer ce protocole on se
rendrait vite compte que selon les
cas particuliers, ce sont 35% des
intermittents qui seraient dans
l'impossibilité d'effectuer leurs
heures.
A l'heure où vous lirez cet article du
Fanzy, les choses auront peut-être
de nouveau évolué. On l'espère du
moins pour l'avenir de la diversité
culturelle "made in France", même
si l'on sait que le nombre
d'intermittents a presque triplé en
dix ans. De plus, l'assurancechômage accusait en 2001 un
déficit de 739 millions d'euros.
A ce sujet, de grosses sociétés de
production audivisuelle sont
montrées du doigt car leur
utilisation du statut d'intermittent
semble excessive, étant donné la
régularité et la nature de leur
activité, qui n'ont parfois plus rien à
voir avec une activité relatant du
domaine culturel.
De nombreux artistes ne peuvent
pas justifier des fameuses 507
heures nécessaires à l'obtention du
statut. Ils utiliseraient donc
réellement ces périodes que certains
qualifient de "chômage indemnisé "
dans le but de se préparer -à
l'ombre des projecteurs- à l'exercice
de leur métier : à savoir répétitions,
créations, achat de matériel, autoproduction, etc.). Entre ces excès
internes et la détermination du
Medef, on comprend les sérieuses
inquiétudes des défenseurs du
secteur culturel et de l'"exception
française."
La situation reste donc très
préoccupante, notamment pour ces
précaires qui ont déjà des difficultés
à cumuler leurs 507 heures.. Et la
grande portion d'artistes qui
réussissait tout de même à survivre,
risque de ne plus pouvoir garder le
rythme. On peut d'ores et déjà se
poser la question de savoir ce qu'il
adviendra d'eux dans le cas où le
système ne prévoirait pas une place
décente pour nos travailleurs au
service de la culture.
C'est au vu de cet horizon de points
de suspensions et d'attentes que
nous refermons ce dossier.
Nous avons tenté de dégager
quelques faits marquants, selon
nous, de l'actualité de l'année,
illustrant un phénomène d'entrave à
la liberté culturelle de chacun,
(donc d'expression), qu'il s'agisse du
public ou de l'artiste.
Il est malheureusement aisé de
constater qu'au jourd'hui, il est de
moins en moins facile de vivre
d'initiatives culturelles sans passer
sous l'égide des "multinationales"
de la culture.
Héloïse et Guillaume
EN PISTE
L'agenda concert des groupes sympathisants et musiciens adhérents de Musiques Tangentes.
Sortie officielle d'El Bandi chez M10 Records.
Cheikh Sidi Bemol en concert le 27 septembre
au
Centre culturel d'Orly.
Sortie fêtée lors du tremplin d'Ivry-sur-Seine le 10
octobre
CONCERT de l'association l'Usine
(musique, expos)
le 12 octobre au Centre culturel d'Athis-mons.
Au programme : Gaada, l'Orchestre National de
Barbes, Thal Weg et Sidi Bemol
Renseignements : http://louzine.free.
Vous êtes adhérents, professeurs, ou amis musiciens en concert ? Et bien le Fanzy vous propose de faire
circuler l'information pour vous, car un espace VOUS est consacré dans nos pages.
N'hésitez-plus à me contacter afin de me communiquer vos dates de concerts :
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VIBRATION AFRICAINE
Un petit tour en Afrique noire en compagnie de Maixent Landou...
Bonjour Ami(e)s du Fanzy!
L'aventure continue. C'est avec un grand plaisir que je
vous retrouve une nouvelle fois. Comme je vous l'ai dit
dans le Fanzy précédent, je ne vous parlerai que des
musiques urbaines d'Afrique noire, en commençant par
celle qui m'est la plus familière: la rumba congolaise.
Cette musique, qui malgré le dynamisme d'autres
courants musicaux sub-sahariens, continue d'occuper une
position hégémonique grâce à:
- sa grande popularité en Afrique noire
- son influence importante sur d'autres courants musicaux
tels le "benga" kenyan, le "semba" angolais, le "panko"
nigérian.
Cette rumba congolaise provient d'un "mix" de quatre
influences principales:
- les traditions locales,
- la technique guitaristique des "westcoastmen",
expatriés d'autres pays africains plus à l'ouest,
notamment les camerounais et les ghanéens,
- les apports des musiques afro-cubaines et caraïbéennes,
- les musiques occidentales.
Aujourd'hui, je vous parlerai de la première d'entre elles,
mais avant de le faire, j'aimerais vous faire remarquer
que cette rumba congolaise, comme d'autres genres
musicaux à travers le monde, est le fruit d'un métissage.
Certes la rumba congolaise comme la jazz ou d'autres
courants a bénéficié de relais médiatiques pour favoriser
son expansion. Mais n'a-t-elle pas été médiatisée grâce au
brassage qu'elle porte en elle, et le fait que beaucoup
peuvent donc s'y reconnaître. Ce constat peut paraître
simpliste, cependant, à l'heure où le repli sur soi est le
maître mot de certains, la question mérite, me semble-til, d'être posée.
Revenons donc à l'influence des traditions locales sur la
rumba congolaise. Comme son nom l'indique, cette
musique a son creuset entre les deux Congos, en Afrique
centrale. Les peuples de ces pays sont essentiellement
"bantous", groupe de populations qui va des confins du
Cameroun à l'Afrique du Sud et englobe certaines parties
de l'Afrique de l'est. Les "bantous" (signifiant "homme"
dans certains langues de ce groupe) sont composés des
peuples qui ont énormément de folklores. Les musiciens
de la rumba congolaise, toutes générations confondues,
ne se sont pas privés de puiser dans ceux-ci, et cela pour
différentes raisons: prenant en marche le train de
l'industrialisation et par définition de l'urbanisation, ils
sont souvent encore intimement liés à leurs peuples
d'origine et leurs folklores, n'ayant pas été éloignés de
leurs territoires, ils ont un accès direct à leurs traditions,
même si pendant la période coloniale, l'administration a
tenté de limiter celles-ci par différents moyens,
D'autre part, les musiciens congolais chantent dans les
langues locales avec, depuis les années 40, un net
avantage pour le lingala, langue créée au XIX° siècle
pour les échanges commerciaux à partir de plusieurs
"parlers" locaux et qui est usité dans les deux Congos.
De plus , ils utilisent, dans certains cas, des instruments
traditionnels : les "bitsatsa", sorte de maracas en fer ou
en bois, le "lokolé" qui se joue avec des baguettes, les
"ngomas", sorte de tam-tam, et, pour une génération plus
ancienne, les "patenge", autre type de tam-tam, et les
"mkwakwa", sorte de grattoir. Parmi les rythmes
récurrents de la rumba congolaise, directement issus de
la tradition, on peut citer le "zébola" appelé aussi
"lokolé", comme l'instrument, qui fait partie de la famille
des 6/8, le "walla", genre de 12/8, voire le "mutuashi", un
genre de rumba avec une clave syncopée, cousine de la
samba et qui, comme elle, se pense en 2/2. Je vous citerai
d'ailleurs, comme représentante de ce dernier rythme,
l'une des rares chanteuses reconnues dans le monde un
tantinet machiste de la musique congolaise: Tshala
Muana.
Voici venue l'heure de nous quitter, cher(e)s ami(e)s.
Avant de partir, je vous donne quelques références
discographiques pour vous faire une idée sur les
musiques sub-sahariennes en général et la rumba
congolaise en particulier.
< Discographie >
Franco et le Tp OK Jazz "Mario" et "20ème anniversaire,
6
juin 1956-6 juin 1976"
KoffiI Olomide"Loi","Magie","Noblesse oblige" et "V12"
ZAO "Ancien Combattant" (pour la chanson humoristicosatyrique congolaise).
Zaiko langa Langa "Nippon Banzaî" .
"The sound of Kinshasa,Guitar classics from
Zaîre"Editions Night & Day.
Rochereau Tabu Ley et l'African Fiesta National
(1966/1969)
"Les merveilles du passé", (1957-1975)"Editions African.
"Slows classiques de la Musique Congolaise" Editions
Sonodisc(1998)
A l'occasion de notre dossier sur la censure et la
répression de différents mouvements culturels et
musicaux, nous avons décidé de donner la parole
à un rapeur du groupe La Rumeur, qui encontre
des mésaventures avec le Ministère de l'Intérieur.
Hamé, peux-tu nous faire une présentation de La
Rumeur?
La Rumeur est composé de six membres, deux
djs/programmateurs Cool M et Soul G, 4 rappeurs,
Maurad, Ékoué, Philippe et moi. Le groupe existe
depuis 1994 environ. On a sorti une trilogie entre
1996 et 1999 afin de mettre alternativement en avant
les différents membres du groupe. Au terme de la
trilogie, sans promo, on a écoulé entre 30 et 40 000
exemplaires. Ce qui a mis la puce à l'oreille de
certaines majors. Vu que le label sur lequel on était
déposait le bilan, après beaucoup de discussions, on
a fini par signer un contrat avec EMI. On a réussi à
obtenir un droit de regard sur tout ce qui concde
swaanerne le travail de La Rumeur: qui va de
l'écriture des textes, la production des de swaantitres,
jusqu'au marketing, ou la mise en place dans les
bacs. On a sorti le premier album en avril 2002. La
Rumeur, c'est une réappropriation de la parole pour
en faire une arme de lutte et de défense populaire, à
travers l'identité d'un rap de fils d'immigrés qui parle
à partir de là où il est, à partir des quartiers
populaires, c'est à dire l'immigration du travail
africaine.
Nous, on est pour un rap et une expression
artistique populaire ancrée aux préoccupations des
quartiers populaires. On fait partie de ceux qui
pensent que ce sont toujours les minorités qui ont
fait reculer la bonne grosse connerie dominante et
qui ont rappelé la majorité aux valeurs humanistes
essentielles. Maintenant, on est pas des anges, on a
nos contradictions, on prend parfois pas de gants
pour s'en prendre à certaines impostures d'où qu'elles
proviennent...
Comment le public a-t-il réagit
On a constaté que La Rumeur a un impact, un écho,
c'est pas un raz-de-marée mais on a l'impression de
voir des gens qui font la démarche de venir voir un
concert de La Rumeur, parce que ça dit des choses et
parce qu'il y a un intérêt à voir autre chose. Un des
meilleurs souvenirs, c'est les premières parties de
Noir Désir, où la majorité du public ne venait pas
écouter du rap, ne nous connaissait pas a priori, était
plus âgé que d'habitude, mais d'où on est sorti sous
les applaudissements. Notre démarche a, semble-t-il,
reçu l'adhésion d'une partie de ce public. C'est la
preuve qu'en étant nous mêmes, avec nos
spécificités, on peut exporter et défendre notre
message, notre musique, sortir de nos codes
pour aller face à des gens qui ne sont pas familiers
au milieu hip hop. Nous, on veut faire un maximum
de bruit avec un minimum de moyens, c'est ça aussi
la définition de La Rumeur.
J'ai entendu parler de problèmes avec la justice,
peux-tu m'en dire plus ?
En mai 2002, pour accompagner la sortie de notre
album, on sort un magazine 16 pages gratuit
distribué à 50000 exemplaires dont on a entièrement
réalisé la rédaction avec des articles, des chroniques,
des interviews...C'est une sorte de prolongement de
l'album mais sur un autre support. Deux articles vont
déchaîner les foudres, premièrement de Skyrock, qui
fait pression car la radio est attaquée dans un
pamphlet intitulé: "Ne sortez plus sans votre gilet
pare-balles" écrit par Ekoué. Ils ont porté plainte
pour incitation à la haine et au meurtre, et ont obtenu
le retrait de tous les magazines, puis la destruction
des stocks, dans la perspective de nous coller un
procès. Quelques jours plus tard, le Ministère de
l'Intérieur porte plainte. Cette plainte est consécutive
à la première. Si Skyrock n'avait pas porté plainte,
on aurait pas reçu cette deuxième plainte pour
l'article que j'ai écrit. Dans mon papier, il était
question de l'insécurité, pas celle dont on parle
habituellement, mais autrement plus dévastatrice et
qui a été complètement occultée des débats. Celle-ci
nous vient d'en haut, des pouvoirs politiques,
économiques. C'est une insécurité qui, par exemple,
depuis 20 ans, consiste à laminer et éventrer par des
réformes et des mesures économiques les quartiers
populaires, à mettre des milliers de familles sur la
paille, à casser avec un arsenal de lois les
populations immigrées. On pourrait parler du
durcissement des conditions de séjour des étrangers
en France, de la double peine, les lois Pasqua...C'est
donc de cette insécurité qui est économique et
sociale dont j'ai voulu parler.
Aujourd'hui, vivre dans un quartier
populaire, c'est avoir plus de chance de crever avant
60 ou 65 ans. L'espérance de vie dans les quartiers
populaires est inférieure à la moyenne nationale de
10 à 15 ans. Mettre en exergue la violence et la
petite délinquance de certains jeunes de quartiers,
c'est pratique car ça permet de contourner
discrètement l'insécurité, la violence qui nous
viennent d'en haut, à cols blancs et à cravates.
Au chapitre de cette insécurité,
l'insécurité institutionnalisée, il y a les crimes
policiers, les exactions, les humiliations que certains
policiers ont un malin plaisir à nous faire subir.
Depuis 30 ans environ, plus de 200 personnes sont
mortes pour avoir croisé la route de certains
policiers. C'est quelque chose que j'ai déjà dit, que je
répète. Et jamais un policier n'a fait de peine
exemplaire. A l'inverse, quand un flic est tué, c'est
minimum 20 piges. Il faut que ce soit puni très
lourdement vu que c'est un homicide. Dans le camp
opposé, il y a une réelle inégalité de traitement, de
poids et de mesure.
Il me semble parfois que, même si la peine
de mort à été abolie en 1981, elle est officieusement
en état de marche pour les pauvres des quartiers et
d'autant plus s'ils sont noirs ou arabes. Ce débat là
est un tabou des plus redoutables, et un non-dit des
plus cadenassés du débat sur la violence. N'importe
quel psychanalyste le dira: un non-dit finit toujours
pas générer des conséquences catastrophiques. C'est
vrai pour un individu, ça l'est d'autant plus pour une
collectivité. Il est d'intérêt public d'ouvrir ce dossier
et de le regarder en face. Y a des solutions. On sait
que l'histoire coloniale n'y est pas pour rien, que les
institutions que sont la police et l'armée ont toujours
une représentation passéiste de la société et jouent
un rôle de répression. C'est un travail urgent que doit
faire la République Française. Tant qu'une réelle
volonté politique dans ce sens ne sera pas formulée,
on continuera malheureusement à perdre des frères.
Il y a que nous avec l'organisation collective, avec la
formulation politique, à travers des vecteurs
politiques véritablement liés aux quartiers, qui
pourront permettre d'avancer vers le bout du tunnel.
C'est le Ministère de l'Intérieur et monsieur
Sarkozy, en particulier, qui ont tenu à porter plainte.
L' attention de l'actuel ministre de l'Intérieur français
a donc été "attirée" par mon article, comme il le dit
dans son courrier. Il porte plainte car il estime que
certains passages portent atteinte à l'honneur de la
police dans la mesure où mes propos insinueraient
des comportement policiers qui sortent de la légalité
et échappent à la déontologie policière. Non, la
police ne tue pas, n'humilie pas, elle ne brutalise
jamais. Je suis un mytho, je suis en proie à une
manipulation et à un complexe de persécution. Voilà
à quoi, aujourd'hui, il faudrait que je m'en tienne.
Mais bien évidemment, on va se défendre comme
des hommes.
Il y a beaucoup d'agressivité en face de nous,
il va falloir être offensif. Il y a des syndicats de flics
droitiers et fachos qui envisagent de se porter partie
civile pour mettre la pression, et que la peine soit
d'autant plus exemplaire, pour nous fermer
définitivement notre gueule. On est en train de
mettre au point une défense sur le fond politique, on
va assumer la dimension politique. C'est aussi un
procès d'usure financière parce qu'à la clé, il y a une
énorme amende. Et on sait que je suis encore
chômeur, étudiant, Ekoué, c'est pareil. La Rumeur,
c'est un groupe de prolos, de gars qui essaient de se
démerder. C'est pas parce qu'on a signé en major il y
a deux ans, que nos comptes en banque ont quintuplé
de volume. Ce serait un coup sévère à notre santé
financière, qui n'est pas au beau fixe. Il y a deux
volets à cette affaire : le financier et le politique. On
veut s'occuper des deux à la fois. Donc ne veut
surtout pas pleurer et quémander du soutien. On va
faire savoir que cette affaire existe. On s'est déjà
adressé à un certain nombre de media, notamment
des télévisions. On va essayer, au-delà de ce qui
nous arrive, de mettre en avant les questions qu'on
soulève. Si on peut braquer les projecteurs vers
certains sujets et fédérer certaines personnes, tant
mieux. Au moins on aura servi à ça. Le procès est
fixé au 9 janvier 2004. Il risque peut-être d'être
repoussé. D'ici - là, on va faire un gros boucan
autour de ça et essayer de mobiliser ce qui comme
nous refuse certains schémas, refuse de baisser la
tête, refuse la condition de misère qui nous est faite.
Interview
de
Benjamin
DU CÔTE DE CHEZ PATCH
Voilà, Musiques Tangentes se dote d'un
nouveau moyen de promouvoir les musiques
actuelles et les artistes qui lui tiennent à
coeur.
Patch Phonolithe, filiale de votre association
favorite, est pourvue d'une licence
d'entrepreneur de spectacles. Pour les
néophytes, cela veut dire qu'il nous est
possible d'organiser des concerts.
Ben, qui quitte l'accueil journée de Malakoff,
s'en occupera à partir de la rentrée.
Le catalogue est en cours de préparation.
L'action portera sur la recherche de concerts
pour les groupes travaillant à Musiques
Tangentes, et plus particulièrement, les
musiciens professionnels ou en voie de
professionnalisation.
On travaillera avec des groupes de profs:
FOOD (Christophe Gauthier), JUKO (Julien
Kohler), ZEFIR (Pascal Morrow); et des
adhérents: SITA LANTAA (Maixent
Landou), KOMA (Ludovic Delage)....
Dans une période marquée par la fermeture
de salles et le manque d'ouverture de
l'industrie musicale, Patch Phonolithe veut
être un moyen de diffuser la musique
d'artistes qu'on apprécie, et ainsi favoriser une
certaine vision de la musique.
Alors préparez-vous à sortir!
Après le premier teknival autorisé par la
préfecture, le 1er mai dernier à Marigny, on
pourrait penser que la rave-party est entrée dans
les moeurs. Mais cet évènement très médiatisé
reste une exception.
A l'ombre des projecteurs, les autorités sont moins
conciliantes. Le teknival du 1er mai, est le plus
grand rassemblement annuel de la scène free-party.
C'est un évènement gratuit et ouvert où peut
s'exprimer la créativité d'une génération de
musiciens en quête d'alternative et d'utopie...Le
premier teknival a eu lieu vers Beauvais en 1993
avec 300 personnes, organisé par les travellers
anglais boutés hors de Grande-Bretagne par miss
Thatcher. Un mythe était né : le camion, le groupe
électrogène, et bientôt l'uniforme kaki (symbole de la
guérilla sonore) allaient devenir l'attirail de
nombreux sounds-systems, petite tribu constituées
de musiciens, dj et potes, partant sur les traces de
leurs aînés (tels les Spirale tribe) organisant des fêtes
"clandestines" en plein air dans les champs de
France et de Navarre.
Très vite, ce phénomène, dont l'ambiance libertaire
ressemble étrangement aux festivals pop des années
70, sera accusé de tous les maux : drogue,
dégradations de propriétés privées..., Trop tard,
l'épidémie est lancée ,et pendant dix ans, on ne
compte plus les "teufs" qui rassemblent des milliers
de personne chaque samedi soir dans toute la france,
et surtout l'été dans le sud. (le "teufeur" à capuche
aime danser en plein air).
Le 1er mai 2001, le teknival rassemble 25 000
personnes. Pour beaucoup, ce sera "l'arret de mort"
du mouvement. L'esprit d'autogestion du départ n'y
est plus. Les participants se comportent
comme n'importe quels consommateurs, et les tas de
détritus font la une des journaux.
Le gouvernement Jospin ne sait comment réagir
autrement que par la répression, d'autant plus que
l'opinion publique voit d'un mauvais oeil ces
rassemblements présentés par les grands médias
comme des hordes de barbares post-atomiques.
Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur, annonce
après mai 2001 qu'il soutient l'amendement antiraves du député RPR Mariani. Le sénat vote un
amendement anti-rave en novembre 2001 dans le
cadre de la loi de sécurité quotidienne. Pour les
organisateurs la saisie du matériel, retrait du permis
de conduire pour une durée de trois ans, des peines
de travail d'intérêt général et l'interdiction de séjour
dans le département. Si l' on ajoute à cela les
violences policières et les perquisitions au domicile
des principaux acteurs du mouvement, on comprend
mieux pourquoi le hardcore (rythme rapide,univers
chaotique et agressif) est devenu la musique préférée
des free-party. L'association Technopol dépose alors
un recours devant le Conseil d'Etat pour réclamer
l'annulation du décret anti-rave. Les sounds-systems
s'organisent en collectif, et appellent à la résistance
pacifique. Plusieurs manifestations ont lieu en
France, mais la mobilisation reste faible. Méfiance
de l'engagement politique et peur des représailles...
La techno a du mal à défiler derrière une banderole.
On préfère au slogan les postes de radios, tous calés
sur la même fréquence (89.4), avec un dj qui motive
les troupes depuis les studios de radio libertaire. Ce
nouvel outil de désobéissance civile sera baptisé
"tune in teknival"). L' avant-garde radicale des freeparty devient le symbole du mouvement techno.
Dans la tête du profane, il y a alors d'un coté les
"vraies" raves, les free-party clandestines et
gratuites, et de l'autres la techno commerciale : des
compiles "dance-machine" et autres attrape-c... C'est
en tout cas ainsi que la télévision et la presse ont
présenté les choses, oubliant la majorité des
technoïdes qui se situe entre les deux. De nombreux
artistes et organisateurs voulant se professionnaliser
et sortir un peu de la marginalité, des fêtes payantes
et déclarées donc légales) existent depuis les débuts
du mouvement.
Pour ceux-là, la mauvaise réputation de cette
musique, qui pouvait être amusante lors des
premières raves, devient vite fastidieuse. En effet, on
s'apercevra qu'il est difficile (voire impossible
dans certaines régions) de trouver une salle acceptant
l'organisation d'une soirée techno, d'autant plus que
la police ou les commissions de sécurité cherchent la
"petite bête" pour interdire
l'évènement. Les nombreuses annulations et
fermetures administratives privent ces petites
entreprises culturelles de stabilité économique et de
crédibilité vis à vis du public ou des artistes. Résultat
: dépôts de bilans, abandons par épuisement et crises
de nerfs.
Paradoxe, à l'heure où la fameuse "french touch"
s'exporte sur toute la planète, où les musiques
électroniques sont omniprésentes dans les hitparades et la pub. Il y a bien sûr une vague électro
politiquement correct ou plus commerciale se
portant bien, mais elle est malheureusement peu
représentative de l'authenticité et de l'énergie des
années raves, et s'apparente finalement plus à ce que
les "yé-yé" ont été pour le rock. De nombreux
mélomanes ont d'ailleurs développé un syndrome de
technophobie aiguë à l'écoute de ces produits
préfabriqués, alors qu'ils n'ont pas eu l'occasion
d'entendre la techno des raves inexistante à la radio.
Entre l'amalgame techno/drogue/pitbull du journal
de 13h et le manque de reconnaissance artistique (y
compris dans le milieu de la musique), les acteurs
français de la techno pure et dure cherchent encore
leur place.
Guillaume