Le raconteur d`histoires

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Le raconteur d`histoires
Cinéma « Si je n'ai pas d'histoire à raconter, je deviens fou », raconte Steven Spielberg,
qui présente son nouveau film, «Cheval de Guerre»
Le raconteur d'histoires
ILS ÉTAIENT TOUT ÉMUS, ces jeunes
admirateurs, en sortant d'une conférence de presse au Bristol à Paris. Émus
d'avoir vu «un maître» du cinéma,
d'avoir obtenu un autographe de cet
homme habillé de gris et de noir, casquette sur la tête et barbe grise. C'est
vrai que cet homme affable, c'est juste
le cinéaste «le plus populaire du monde», Steven Spielberg. Le même qui
recevait un hommage de star à la Cinémathèque Française. Dans la salle des
mômes qui ont grandi avec ses films, et
sur scène Serge Toubiana et Costa-Gavras en caution cinéphilique du réalisateur qui a fait «les plus gros chiffres de
toute l'histoire du box-office».
En quelques mois, Spielberg signe
«Les aventures de Tintin : le Secret de la
Licorne», «Cheval de Guerre» (sortie en
France mercredi), et a déjà tourné
«Lincoln». «Si je n'ai pas d'histoire à
raconter, je deviens fou», assure celui
qui se dit un «storyteller», un raconteur
d'histoires. «Cheval de Guerre» est
d'ailleurs une belle histoire d'amitié,
entre un jeune homme et un cheval,
pendant la Première Guerre mondiale.
Dans le fond, je ne me suis jamais
éloigné de l'enfant que j'étais. Et
c'est peut-être ça mon secret :
rester un enfant».
«J'ai commencé à faire des films
quand j'étais gosse parce que je ne
voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de
plus drôle à faire», raconte Steven, qui
bricolait des petits films avec sa caméra
Super 8. En quarante ans, il a créé des
héros populaires, ce petit extraterrestre
qui téléphone maison, «E.T.» (dont le
vélo est le symbole de la société «Amblin», titre de son premier court-métrage), ce drôle d'aventurier qu'est «Indiana Jones», il a foutu la trouille sur les
plages avec «Les dents de la mer» (premier film à dépasser les 100 millions de
dollars de recettes), recréé les dinosaures pour «Jurassic Park»... mais aussi
fait des films «sérieux», «La liste de
Schindler», «Munich», «Amistad».
Même s'il assure qu'«Il n'y a pas de
bonne façon de représenter la guerre»,
Spielberg a révolutionné la façon de la
filmer avec «Il faut sauver le soldat
Ryan» et les mini-séries «Band of Brothers» (coproduites avec Tom Hanks).
«Je les ai faites pour mon père», dit-il,
K Steven Spielberg a révolutionné la façon de filmer la guerre pour son père.
pour ce père qui a combattu en Birmanie.
François Truffaut, qu'il avait fait jouer
dans «Rencontres du troisième type»,
lui avait conseillé de «travailler avec des
enfants, travailler pour les enfants».
«Travailler avec des enfants n'a jamais
été difficile pour moi, j'en ai sept à la
maison», dit-il en souriant. Son cinéma
reste ancré dans l'enfance, la jeunesse :
«Dans le fond, je ne me suis jamais
éloigné de l'enfant que j'étais. Et c'est
peut-être ça mon secret : rester un enfant».
C'est pour les petits et les grands qu'il
a adapté «Tinnetinne», même si dans
son film le reporter belge à la houppette
a un côté «Indiana Jones». Tintin va
revenir : «Le scénario n'est pas terminé,
le film sera tiré de trois albums», précise le cinéaste, qui laissera Peter Jackson
le réaliser dès que celui-ci aura terminé
«Bilbo le Hobbit». Pour Tintin, il a utilisé la technique de la «performance
capture» et la 3D, veut bien se servir du
numérique pour ce qui n'existe pas,
mais préfère encore la pellicule traditionnelle : «Vous avez accepté les dinosaures parce que vous vouliez croire en
l'histoire, mais le public veut voir ce qui
existe», dit-il.
«Je suis occupé, je fais des films, je
produis des séries, je dirige un studio...», rappelle Spielberg, cofondateur
de l'usine à rêves DreamWorks, producteur d'«Urgences», «Disparition»,
ou «Terra Nova» (actuellement sur Canal+) où il y a aussi des dinosaures. Il se
dit «très fier» de son film sur Abraham
Lincoln, avec Daniel Day-Lewis dans le
rôle du président américain, et va tourner «Robopocalypse» : «Un film de
science-fiction, un popcorn movie...
mais avec un message», précise-t-il.
«C'est juste l'expérience, la pratique,
qui m'aident à faire de meilleurs choix,
avec plus d'expérience on tourne
moins, j'ai vieilli», assure ce gamin de
65 ans.
PatrickTARDIT
Photo PQR
Bio express
18 décembre
1946Naissance
1975 « Les dents
de la mer »
1978
« Rencontres du
troisième type »
1985 « E.T.
l’extraterrestre »
1993 « La liste de
Schindler »
1998 « Il faut
sauver le soldat
Ryan »
2006 « Munich »
2011 « Les
aventures de
Tintin : le secret
de la Licorne »
22 février 2012
Sortie en France
de « Cheval de
guerre »