Où sont passées nos scènes d`été?
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Où sont passées nos scènes d`été?
Date : 21/05/2015 Heure : 21:43:30 www.franceculture.fr Pays : France Dynamisme : 124 Page 1/2 Visualiser l'article Où sont passées nos scènes d'été? La Revue de presse culturelle est présentée toute cette semaine par Emilie Chaudet Pour mon avant dernière revue de presse, et dernière en présence d'Eric Loret, je ne parlerai pas du nu dans la musique. D'abord pour éviter toute monotonie, et après pour être sûre d'arriver à vous parler pendant 5 minutes. Le sujet dont je vais vous parler ici est nettement mois réjouissant, il pourrait avoir des incidences, sur vos emplois du temps de ces prochains mois. De quels festivals sera fait notre été ? La question revient d'autant plus ces dernières semaine qu'Emeline Jersol, médiatrice culturelle basée à Valenciennes a mis en ligne ce qu'elle appelle une cartocrise, une carte de France interactive, où chacun peut répertorier les festivals supprimés ou annulés cette année. Sur la centaine de festivals annulés répertoriés un quart d'entre eux sont des festivals de musique, parmi lesquels Résonances à Rochefort, Musik'elles à Meaux, le Calvi Jazz festival, des manifestations qui ont duré quasiment une trentaine d'été, sans compter les plus vieilles comme le festival de musique de Strasbourg qui a aussi disparu l'année dernière après 82 ans d'existence. Le Parisien enquête, reprenant les données de cette cartes, sur les causes premières de ce flot d'annulations en 2014 et en 2015. Les journalistes Thierry Dague et Eric Bureau interrogent les coupes drastiques dans les budgets de ces festivals, et le retrait des conseils généraux et régionaux, principaux soutiens financiers de la plupart de ces événements. Et ils pointent aussi ce changement de cap imposé par les élections municipales d'il y a un an : « un nouveau maire, c'est un nouveau réseau. Je te sabre parce que tu as soutenu l'autre » selon Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS cité dans cet article, et coauteur du livre : « festivals de musiques : un monde en mutation » (publié chez michel de maule). Et face à cela les directeurs de différents festivals réagissent avec la même perplexité, devant ce qu'ils considèrent note le Parisien comme une brutalité d'action de la part des élus politiques. Dans ce contexte de baisse de budget et de tensions politiques les raisons avancées parfois pour annuler une manifestation culturelle laisse pantois. Le site d'information en ligne le Devoir.com rapporte les mots du nouveau maire de Lans-en-Vercors, Michael Kraemer, qui justifie l'annulation de l'Hadra, le plus grand festival de musique électronique en France, en disant que cet événement ne correspond pas à l'esprit familial de la station alpine. En du côté des usagers, là aussi le soutien laisse à désirer : Eric Bureau dans cette grande enquête, s'attarde sur le cas des Voix du Gaou ce festival des Alpes Maritimes, qui a acceuilli l'année dernière des noms aussi connus du grand public que Fauve, stromae, Massive Attack, et qui cette année est contraint lui aussi de s'arrêter. Et à en croire les voisins du festival, ils ne s'en portent pas plus mal, les commerçant jugent le manque à gagner assez faible, le camping parle des problème de stationnement que pouvait générer l'événement et le patron du bar d'à côté se réjouit de l'annulation d'un festival qui bloquait la route de son établissement. Manque de soutien des élus, mauvais accueil de certains riverains, qui parfois peut parfois aller jusqu'à la dégradation matérielle, comme le rapporte Ouest France. Des anti Hell Fest ont saccagé le site du festival, à Tous droits réservés à l'éditeur HADRA 247289999 Date : 21/05/2015 Heure : 21:43:30 www.franceculture.fr Pays : France Dynamisme : 124 Page 2/2 Visualiser l'article la veille de l'installation des scènes. Des arbres coupés en deux, des plantations arrachés indique le journal, et des inscription taguées un peu partout, « Vade retro » ou « Saint-Michel Sauve-nous ». Ben Barbaud, le directeur du plus important festival de hard rock et de métal, indique avoir porté plainte souligne le soutien" indéfectible" des collectivités locales ». Au moins un, dans ce paysage qui peut s'en vanter, et se féliciter d'une fréquentation qui ne faiblit presque pas. Car l'autre problème de ces festivals outre les subventions, c'est bien le public. Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes de Belfort, cité dans l'enquête du Parisien, exprime sa crainte de voir ce grand festival disparaître à son tour, dans les années à venir. « les collectivités nous prédisent des années encore plus difficiles dit-il(…) et la crise touche de plein fouet notre public jeune ». Un public qui devient même sollicité dans le cadre d'opération de financement participatif sur Internet, pour aider des festivals en danger comme le Mas des Escaratiers. Et pour ceux qui restent, les festivals qui continuent à survivre en ces temps budgétaires hostiles. Il y a ce constat de Romain Capelle dans Télérama, cette impression de voir toujours un peu les mêmes têtes chaque année, sur les scènes estivales. Le journaliste s'appuie sur un graphique publié sur le site spécialisé, Sourdeoreille. Net où l'on voit que Massilia sound system, et Fauve font partie des plus gros « squatteurs de festivals ». Et cela s'explique encore et toujours par des exigences économiques. Un fragile équilibre entre des cachets de plus en plus chers, et pour autant une volonté de miser sur des groupes, connus et visibles pour attirer coûte que coûte le public. Un vrai casse tête note Sourdeoreille, pour les directeurs de festival les plus exposés aux difficultés. Et là aussi une manière de disparaître puisque l'absence de programmation alternative finit par dissoudre l'identité de ces festivals. La carte de nos vacances musicale ne fait donc pas dans l'insouciance estivale, et Diapason va encore plus loin dans le pessimisme, en prenant l'exemple que j'ai cité, de la « cartocrise » : le magazine pose la question « faudra-t-il, demain, établir la même carte pour nos conservatoires menacés par le désengagement de l'Etat et, celui, souvent parallèle, des collectivités locales ? » Tous droits réservés à l'éditeur HADRA 247289999