Discours du Maire -Inauguration Collège Aimé CESAIRE aux TSV

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Discours du Maire -Inauguration Collège Aimé CESAIRE aux TSV
Jeudi 8 Décembre 2011
Inauguration du collège
« Aimé CESAIRE de FORT-DE-FRANCE »
Mesdames, Messieurs les enseignants du collège des Terres Sainville,
Monsieur le doyen Yves BERNABE,
Chefs d’établissements, Proviseurs et Principaux de lycées et
collèges,
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs d’Académie de la Martinique
Monsieur le Principal, Léon POLOMAT et son Conseil d’Administration
Mesdames et Messieurs de la Communauté Educative
Monsieur le Recteur d’Académie, André SIGANOS,
Mesdames, Messieurs les élus,
Madame la Présidente du Conseil Général, Josette MANIN
Monsieur Raphael SEMINOR, Conseiller général du Canton
Monsieur le Président du Conseil Régional, Serge LETCHIMY
Monsieur le Député, Alfred ALMONT
Monsieur le Préfet, Laurent PREVOST
Une pensée pour Raymond LEDRAN, 1er Principal de ce collège,
enterré hier après-midi
Cher Jacques CESAIRE,
Chers collégiens,
Chers Collègues du Conseil Municipal de la Ville de Fort-de-France
Mesdames et Messieurs en vos degrés, qualité et fonction, bonjour
Je m’empresse de vous remercier de m’avoir invité, avec d’autres
personnalités politiques mais aussi de la société civile, afin d’assurer
la Présidence de la cérémonie de dénomination de votre collège qui,
dans quelques instants prendra le nom de notre illustre et aimé
Aimé CESAIRE
Maire de Fort-de-France du 27 mai 1945 au 24 mars 2001
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Aimé CESAIRE, Maire-poète, chantre de la Négritude, éveilleur de
consciences qui, aujourd’hui et plus que jamais, constitue pour tout
Martiniquais et au-delà, pour tous les hommes de progrès, une
lumière dans la Culture Universelle et Contemporaine.
Je m’empresse disais-je, afin de laisser éclater ma joie tout autant
que mon immense fierté de voir mon cours complémentaire- celui que
je fréquentai de l’âge de 12 ans à 15 ans au cœur même du village des
Terres Sainville, prendre nom.
Terres Sainville : une communauté de petites gens, les Sainvilliens,
toujours prompts à se porter secours, décrits de manière subtile et
savoureuse par Paul GABOURG dans : Rasin Kas, une république de
quartiers.
Terres Sainville : autrefois, quartier les Misérables avec ses
personnages pittoresques :
- COPPET, volè mouton
- DESIRE, do bossi
- Gran zong
- Momo, Club Golden
- Matant, djol pann’
Terres Sainville : avec son église dont le patron est Saint-Antoine
où « l’Homme sans tête trouva refuge »vers 1948-49
Terres Sainville : avec ses artisans, forgerons, ébénistes,
marchandes de bonbons aux grilles des écoles, Gwadloup, fournisseur
de sinobol
Terres Sainville : avec ses musiciens joueurs de clarinette, banjo,
guitare, chacha, violon, scie musicale, ses joueurs de domino, de
baccara
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Terres Sainville : berceau du groupe folklorique martiniquais avec
Loulou BOISLAVILLE, le même qui, aujourd’hui devenu Grand Ballet
de la Martinique célèbre ses 65 ans
Terres Sainville : constamment dans le souci et de la tendresse
d’Aimé CESAIRE qui, créant une ville- FOYAL- eu l’intelligence du
cœur, d’offrir à des rues qui ne portaient que numéros
d’immatriculation, des noms de personnalités révolutionnaires et du
Monde et de la Martinique pour donner à chacune d’elle, force de
reconnaissance et disons-le, force identitaire.
Egrenons pêle-mêle pour les évoquer : ROBESPIERRE,
VOLTAIRE, Jean-Jacques ROUSSEAU, Emile ZOLA, Amédée
KNIGHT, Joseph DEL, Henri BARBUSSE, Commandant DELGRES,
Gabriel PERI, Anatole France, BOLIVAR, Franklin ROOSEVELT,
Jules MONNEROT, Toussaint LOUVERTURE
Mais aussi : Rue de la Guinée, Rue du 23 mai 1848
Et encore : Avenue Abbé LAVIGNE, Avenue Jean JAURES
Ces deux dernières portant ou déboulant Place Abbé GREGOIRE
Abbé GREGOIRE, prêtre anti-esclavagiste, émancipateur, militant au
sein de la Société des Amis des Noirs pour l’abrogation immédiate de
la traite des nègres et la suppression de l’Esclavage.
Il l’a fait, Aimé CESAIRE, afin que les Sainvilliens s’autorisent à
jeter sur eux-mêmes un regard différent pour s’inviter à verticalité,
à pleine dignité.
Et c’est sur cette Place Abbé GREGOIRE, depuis laquelle s’érigent
une stèle dénonçant l’esclavage et l’antisémitisme et depuis laquelle
file vers la lumière un arbre majestueux qui a pour nom, selon
CESAIRE, « Oreille de nègre, oreille de juif » que prend place ce
collège…
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Votre collège qui a accueilli les plus humbles du quartier mais aussi de
l’Ermitage, Trénelle, Citron, Pavé, Crozanville, Calvaire, Bô Kannal,
Pont Viard, Obéro,
Ceux dont le destin était tout tracé puisqu’ils étaient voués à
« chercher les marrons à la Compagnie », trouver place comme
apprentis chez les petits artisans de l’époque ou encore, à prendre
rang dans l’armée française en mal de guerres coloniales.
Aujourd’hui ce collège de quartier populaire et populeux va prendre
nom du meilleur d’entre tous les martiniquais, à proximité immédiate
du Parc Floral et Culturel qui porte déjà son nom :
Aimé CESAIRE, « ce petit homme timide » comme l’avait présenté
Camille DARSIERES à Michel ROCARD, aurait été, j’aime à le croire,
très fier et très honoré de votre choix.
Oui, ce choix rend hommage à CESAIRE, mais le faire c’est rendre
hommage à :
Léon Gontran DAMAS, le guyanais et Léopold Cédar SINGHOR, le
sénégalais, inventeurs avec lui, accoucheurs avec lui de LA
NEGRITUDE.
C’est aussi rendre hommage à Frantz FANON et à tous « les damnés
de la terre » à tous ceux « qui n’ont point de voix » à tous les
indignés, à tous les dominés du Monde.
Dans cette société où la cohésion sociale est fragile, en équilibre
instable, sans cesse à recomposer, à repenser, à refonder ; puissionsnous accrocher, nous raccrocher à l’ambition d’Aimé CESAIRE de
construire un autre projet humain et partager un monde plus
respectueux, plus solidaire, plus fraternel en un mot, plus universel.
Car alors même qu’il nous proposait un projet pour l’HUMANITE, il a
contribué toute sa vie, sans faillir, avec acharnement, comme un
devoir, comme une mission, à nous rendre à notre HUMANITE.
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Et c’est cet équilibre entre Universel et particulier sans cesse
renouvelé que traduit l’action du Service Municipal d’Action
Culturelle, votre voisin le plus proche, le SERMAC, forçant chacun,
tel que l’a voulu Aimé CESAIRE, à approfondir et à valoriser ses
particularités, à approfondir et à valoriser son identité et à être, en
même temps, davantage ouverts poreux à tous les souffles du monde.
C’est d’ailleurs cette construction identitaire qui nous autorise à
faire venir chez nous les multiples et extraordinaires beautés du
Monde sans risquer de nous perdre dans le Monde, dans l’Universel et
ce dans le respect des cultures.
Cette philosophie du rapport à l’autre, nourrissant la pensée de
CESAIRE fait sens et prend sens dense et intense dans nos sociétés
d’aujourd’hui. Nous avons devoir d’en perpétuer l’héritage.
Nous sommes ici dans un établissement du réseau ECLAIR (Ecoles
Collèges, Lycées, Ambitions, Insertion, Réussite) implanté dans un
quartier devenu multiculturel, composé de la communauté Haïtienne,
Dominicaine, Sainte-Lucienne, Cubaine, Brésilienne, Chinoise
aujourd’hui dénommé « Collège Aimé CESAIRE », situé Place Abbé
GREGOIRE.
Puisse cet environnement être propice à l’ouverture au Monde et que
l’action de ces deux humanistes trouve écho en vous, Collégiens et
vous inspire ambition et réussite.
Aimé CESAIRE est arrivé au bout du chemin, au petit matin du 17
avril 2008 en nous laissant comptables et tous responsables des
fondements, des piliers, des fondations de notre NATION qu’il nous
appartient, maintenant d’animer, c’est-à-dire de lui donner une âme.
Ce chemin de la NATION MARTINIQUAISE, il l’a sillonné, déblayé,
pour nous en nous remettant ses « armes miraculeuses », l’écriture et
l’action politique.
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Faisons-en bon usage.
Collégiens, faites-en bon usage,
Puisse sa philosophie, ses combats, sa poésie péléenne, sa pensée
fassent écho et trouvent écho en vous et vous aident à rester
quoiqu’il arrive « HOMME LIBRE ».
Je conclurai mon propos en citant Aimé CESAIRE :
« Il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons
maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la
parcelle qu’a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de
ciel en terre à notre commandement sans limite » (Aimé CESAIRE
dans Cahier d’un retour au Pays Natal).
Ce message, je veux l’adresser à la génération en construction, à vous
collégiens d’aujourd’hui ; soyez conquérant, soyez ambitieux et la
lumière tournant autour de chacun de vous, éclairera le chemin que
vous seul déciderez de tracer.
Mesdames et Messieurs, que la pensée d’Aimé CESAIRE nous aide à
demeurer tous « HOMME DROIT », tous « HOMME DROIT »
tous « HOMME LIBRE » à « toiser l’Avenir avec Insolence », que
chacun d’entre nous, avec force et vigueur « transforme porté et
habité par Aimé CESAIRE, un ciel de défaites en un ciel
d’espérances » (Aimé CESAIRE).
Vive le Collège foyalais Aimé CESAIRE à Terres Sainville !
Raymond SAINT-LOUIS-AUGUSTIN
Maire de la Ville de Fort-de-France
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