Les territoires du virtuel
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Les territoires du virtuel
– « Les territoires du virtuel » MEI 37 18 juin 2012 Par Johann Chateau-Canguilhem Date limite : 9 juillet 2012 Appel à contributions « Les territoires du virtuel » MEI 37 Numéro coordonné par Anolga Rodionoff Mondes de synthèse, univers virtuels En raison des nombreuses significations différentes qui lui sont associées, le virtuel se dérobe très souvent à l’analyse. Parmi elles, certaines renvoient au domaine de la technique, d’autres lui accordent le statut d’un concept, d’autres enfin semblent ressortir à un imaginaire. Le pari de ce numéro est de prendre acte de ses diverses significations, une première étape pour déconstruire et circonscrire le virtuel. Une seconde étape nécessaire tient à réduire son champ d’application. Aussi, à travers ce numéro de MEI, souhaitons-nous rassembler des analyses qui interrogent le virtuel, à partir des mondes de synthèse (ou les MMOG) et des univers virtuels (telSecond Life). Omniprésent, voire omnipotent dans un grand nombre de pratiques sociales, le virtuel construit ainsi des mondes, des univers et, en quelque sorte, des territoires. Des territoires, dont on a quelques raisons de penser qu’ils ont leur réalité propre. Tel est également le pari de ce numéro : suggérer qu’à côté du territoire physique et social existent bel et bien d’autres territoires mais virtuels. Trois axes sont proposés à la réflexion dans la perspective de ce numéro de larevue MEI intitulé Les territoires du virtuel. Le virtuel comme matrice logico-mathématique Comment d’abord le caractère logico-mathématique ou technique du virtuel, au coeur de tout jeu vidéo, est-il défini et en quels termes ? Et l’est-il ? Comment, en particulier, sont pensés les rapports entre la programmation ou la modélisation et les règles qui se rapportent spécifiquement à la jouabilité, i.e. entre notamment legame design et le gameplay ? Le game design conditionne-t-il alors le gameplay, en quels termes et de quelles manières ? Et s’agit-il de considérer, comme S. Natkin, que le gameplay est un gigantesque bluff ? Si le caractère ludique des mondes de synthèse est, selon certains, illusoire, notamment parce que le hasard est congédié, pour d’autres au contraire, le caractère ludique s’étend à toute sorte de produits culturels (tels les logiciels éducatifs ou serious game), du moment qu’ils appellent à l’interactivité, clef de voûte du virtuel. Comment in fine le virtuel et l’interactivité sont-ils définis techniquement, en quels termes et le sont-ils ? Le virtuel comme analyseur et/ou comme concept Comment envisager une partition, tracer une limite entre ce qui relève des activités ludiques (mondes de synthèse), des activités sociales (univers virtuels) ou des activités éducatives (serious game) ? Et le peut-on ? Avec le virtuel, les pratiques deviennent-elles ou non toutes « jouables » ? Le « jeu », offert par les mondes de synthèse, est-il « hors réel » ou dans le « réel » ? Les mondes de synthèse et les mondes virtuels se rapportent-ils à une « réalité fausse » ou une « réalité vraie » ? En particulier avec les avatars, peut-on distinguer l’identité simulée de l’identité vraie ? Le virtuel, en d’autres termes, gomme-t-il ou efface-t-il les spécificités ou les différences entre jeu/hors-jeu, fiction/réalité, auparavant des repères et des catégories efficaces ? Partant, le virtuel questionne-t-il alors ce que recouvre le jeu ? Oblige-t-il à le redéfinir ? En somme, les mondes de synthèse interrogent-ils le jeu lui-même ? Et s’agit-il alors d’en déduire que le virtuel permet de mieux comprendre le jeu ? Autrement dit, le virtuel a-t-il des vertus explicatives, i.e. dévoile-t-il la logique des règles à laquelle tout jeu, qu’il soit ou non saisi par le virtuel, obéit ? Enfin, et plus largement, mondes de synthèse et univers virtuels rendent-ils davantage intelligibles les règles sociales, l’économie, etc., des sociétés hors ligne ? Des représentations associées au virtuel Les pratiques des mondes de synthèse et des univers virtuels ont-elles des incidences sur les joueurs, et en particulier, sur la sociabilité ? Le virtuel favorise-t-il à travers de telles pratiques, le rapport à l’autre et accompagne-t-il, complète-t-il ou enrichit-il les relations sociales ? Ou à l’inverse, éloigne-t-il de l’autre, produit-il de l’isolement social, rend-il « autiste », pour in finesubstituer, progressivement, aux relations sociales, une socialité virtuelle illusoire ? Et arase-t-il les hiérarchies sociales ou les renforce-t-il ? En d’autres termes encore, le jeu des identités via les avatars conduit-il à une autonomie relationnelle, aide-t-il à la construction de soi ou, au contraire, renforce-t-il un processus d’enfermement ? S’agit-il, enfin, de reconnaître le caractère thérapeutique du jeu virtuel, voire sur un autre plan ses vertus pédagogiques ou, symétriquement, de ne retenir que son caractère addictif avec l’existence de différentes formes de « cyberaddictions » ? De multiples approches disciplinaires sont à l’oeuvre pour cerner les incidences du virtuel, à propos des mondes de synthèse et des univers virtuel et, généralement, des jeux vidéo, en s’intéressant à leurs pratiques : de la sociologie (Tremel L., 2001), à la psychologie (Gaon T., 2008), à la psychanalyse (Tisseron S., 2000) ou encore à la socio-économie (Natkin, S., 2004), aux sciences de l’éducation (Brougere G., 2008) et aux sciences de l’information et de la communication (Perriault J., 1994, Boullier D., 2008), à la philosophie (Boyer E., 2010, A. Cauquelin, 2010). Toutes les approches disciplinaires pour comprendre les enjeux introduits par le virtuel seront appréciées. Calendrier et organisation scientifique : Soumission des propositions - avant le 9 juillet 2012, les propositions seront à adresser à [email protected] - Rédigée en 300 mots maximum, en français ou en anglais, chaque proposition contiendra : - un titre explicite (provisoire) ; - une présentation de la problématique traitée et l’/les axe(s) à laquelle elle se rapporte ; - une description du/des terrains(s) et l’approche disciplinaire pour le/les explorer. - Une brève présentation de l’auteur complétera la proposition. Calendrier - 9 juillet 2012 : date limite de réception des propositions ; - 20 juillet 2012 : avis aux auteurs de la sélection des propositions et envoi des consignes éditoriales ; - 20 octobre 2012 : date limite de réception des articles ; - 20 novembre 2012 : transmission aux auteurs des évaluations ; - 20 décembre : remise des articles définitifs après expertise et navette avec les auteurs ; - premier trimestre 2013 : publication du numéro de MEI 37 Modalités d’évaluation des textes La revue MEI fonctionne en lecture « double aveugle » : les articles sont anonymisés avant d’être lus et les relecteurs restent également anonymes. Un premier comité de lecture international se réunira, au mois de juillet 2012, pour sélectionner les résumés des propositions, après leur évaluation en « double aveugle ». Un second comité de lecture international élargi se réunira, pour évaluer en « double aveugle » les articles présélectionnés. La revue MEI a été créée en 1993 par Bernard Darras (Université Paris I) et Marie Thonon (Université Paris VIII), MEI « Médiation Et Information » est une revue thématique à comité de lecture en double aveugle publiée deux fois pas an sous forme d’ouvrages de référence. AJOUT Viviane Delahaye Merci Frans Frans Tassigny, Très intéressant ! Jean-Christophe Dardart merci :) date limite la 09 juillet ! ;) Appel à contributions – « Les territoires du virtuel » MEI 37 18 juin 2012 Par Johann Chateau-Canguilhem Date limite : 9 juillet 2012 Appel à contributions « Les territoires du virtuel » MEI 37 Numéro coordonné par Anolga Rodionoff Mondes de synthèse, univers virtuels En raison des nombreuses significations différentes qui lui sont associées, le virtuel se dérobe très souvent à l’analyse. Parmi elles, certaines renvoient au domaine de la technique, d’autres lui accordent le statut d’un concept, d’autres enfin semblent ressortir à un imaginaire. Le pari de ce numéro est de prendre acte de ses diverses significations, une première étape pour déconstruire et circonscrire le virtuel. Une seconde étape nécessaire tient à réduire son champ d’application. Aussi, à travers ce numéro de MEI, souhaitons-nous rassembler des analyses qui interrogent le virtuel, à partir des mondes de synthèse (ou les MMOG) et des univers virtuels (telSecond Life). Omniprésent, voire omnipotent dans un grand nombre de pratiques sociales, le virtuel construit ainsi des mondes, des univers et, en quelque sorte, des territoires. Des territoires, dont on a quelques raisons de penser qu’ils ont leur réalité propre. Tel est également le pari de ce numéro : suggérer qu’à côté du territoire physique et social existent bel et bien d’autres territoires mais virtuels. Trois axes sont proposés à la réflexion dans la perspective de ce numéro de larevue MEI intitulé Les territoires du virtuel. Le virtuel comme matrice logico-mathématique Comment d’abord le caractère logico-mathématique ou technique du virtuel, au coeur de tout jeu vidéo, est-il défini et en quels termes ? Et l’est-il ? Comment, en particulier, sont pensés les rapports entre la programmation ou la modélisation et les règles qui se rapportent spécifiquement à la jouabilité, i.e. entre notamment legame design et le gameplay ? Le game design conditionne-t-il alors le gameplay, en quels termes et de quelles manières ? Et s’agit-il de considérer, comme S. Natkin, que le gameplay est un gigantesque bluff ? Si le caractère ludique des mondes de synthèse est, selon certains, illusoire, notamment parce que le hasard est congédié, pour d’autres au contraire, le caractère ludique s’étend à toute sorte de produits culturels (tels les logiciels éducatifs ou serious game), du moment qu’ils appellent à l’interactivité, clef de voûte du virtuel. Comment in fine le virtuel et l’interactivité sont-ils définis techniquement, en quels termes et le sont-ils ? Le virtuel comme analyseur et/ou comme concept Comment envisager une partition, tracer une limite entre ce qui relève des activités ludiques (mondes de synthèse), des activités sociales (univers virtuels) ou des activités éducatives (serious game) ? Et le peut-on ? Avec le virtuel, les pratiques deviennent-elles ou non toutes « jouables » ? Le « jeu », offert par les mondes de synthèse, est-il « hors réel » ou dans le « réel » ? Les mondes de synthèse et les mondes virtuels se rapportent-ils à une « réalité fausse » ou une « réalité vraie » ? En particulier avec les avatars, peut-on distinguer l’identité simulée de l’identité vraie ? Le virtuel, en d’autres termes, gomme-t-il ou efface-t-il les spécificités ou les différences entre jeu/hors-jeu, fiction/réalité, auparavant des repères et des catégories efficaces ? Partant, le virtuel questionne-t-il alors ce que recouvre le jeu ? Oblige-t-il à le redéfinir ? En somme, les mondes de synthèse interrogent-ils le jeu lui-même ? Et s’agit-il alors d’en déduire que le virtuel permet de mieux comprendre le jeu ? Autrement dit, le virtuel a-t-il des vertus explicatives, i.e. dévoile-t-il la logique des règles à laquelle tout jeu, qu’il soit ou non saisi par le virtuel, obéit ? Enfin, et plus largement, mondes de synthèse et univers virtuels rendent-ils davantage intelligibles les règles sociales, l’économie, etc., des sociétés hors ligne ? Des représentations associées au virtuel Les pratiques des mondes de synthèse et des univers virtuels ont-elles des incidences sur les joueurs, et en particulier, sur la sociabilité ? Le virtuel favorise-t-il à travers de telles pratiques, le rapport à l’autre et accompagne-t-il, complète-t-il ou enrichit-il les relations sociales ? Ou à l’inverse, éloigne-t-il de l’autre, produit-il de l’isolement social, rend-il « autiste », pour in finesubstituer, progressivement, aux relations sociales, une socialité virtuelle illusoire ? Et arase-t-il les hiérarchies sociales ou les renforce-t-il ? En d’autres termes encore, le jeu des identités via les avatars conduit-il à une autonomie relationnelle, aide-t-il à la construction de soi ou, au contraire, renforce-t-il un processus d’enfermement ? S’agit-il, enfin, de reconnaître le caractère thérapeutique du jeu virtuel, voire sur un autre plan ses vertus pédagogiques ou, symétriquement, de ne retenir que son caractère addictif avec l’existence de différentes formes de « cyberaddictions » ? De multiples approches disciplinaires sont à l’oeuvre pour cerner les incidences du virtuel, à propos des mondes de synthèse et des univers virtuel et, généralement, des jeux vidéo, en s’intéressant à leurs pratiques : de la sociologie (Tremel L., 2001), à la psychologie (Gaon T., 2008), à la psychanalyse (Tisseron S., 2000) ou encore à la socio-économie (Natkin, S., 2004), aux sciences de l’éducation (Brougere G., 2008) et aux sciences de l’information et de la communication (Perriault J., 1994, Boullier D., 2008), à la philosophie (Boyer E., 2010, A. Cauquelin, 2010). Toutes les approches disciplinaires pour comprendre les enjeux introduits par le virtuel seront appréciées. Calendrier et organisation scientifique : Soumission des propositions - avant le 9 juillet 2012, les propositions seront à adresser à [email protected] - Rédigée en 300 mots maximum, en français ou en anglais, chaque proposition contiendra : - un titre explicite (provisoire) ; - une présentation de la problématique traitée et l’/les axe(s) à laquelle elle se rapporte ; - une description du/des terrains(s) et l’approche disciplinaire pour le/les explorer. - Une brève présentation de l’auteur complétera la proposition. Calendrier - 9 juillet 2012 : date limite de réception des propositions ; - 20 juillet 2012 : avis aux auteurs de la sélection des propositions et envoi des consignes éditoriales ; - 20 octobre 2012 : date limite de réception des articles ; - 20 novembre 2012 : transmission aux auteurs des évaluations ; - 20 décembre : remise des articles définitifs après expertise et navette avec les auteurs ; - premier trimestre 2013 : publication du numéro de MEI 37 Modalités d’évaluation des textes La revue MEI fonctionne en lecture « double aveugle » : les articles sont anonymisés avant d’être lus et les relecteurs restent également anonymes. Un premier comité de lecture international se réunira, au mois de juillet 2012, pour sélectionner les résumés des propositions, après leur évaluation en « double aveugle ». Un second comité de lecture international élargi se réunira, pour évaluer en « double aveugle » les articles présélectionnés. La revue MEI a été créée en 1993 par Bernard Darras (Université Paris I) et Marie Thonon (Université Paris VIII), MEI « Médiation Et Information » est une revue thématique à comité de lecture en double aveugle publiée deux fois pas an sous forme d’ouvrages de référence. JOURNEES D’ETUDES : DESIGN ET ART CONTEMPORAIN – Post-human pornography : design d’une nouvelle chair 18 mai 2012 Par Johann Chateau-Canguilhem JOURNEES D’ETUDES : DESIGN ET ART CONTEMPORAIN MERCREDI 23 (APRES-MIDI) ET JEUDI 24 MAI 2012 (JOURNEE) MSHA “Post-human pornography : design d’une nouvelle chair” Johann Chateau-Canguilhem Les enjeux érotico-pornographiques actuels sont radicalement différents des préoccupations sociales et pédagogiques des années 2000. La cyberculture, en tant qu’héritière des fantasmes cyberpunk des années 1990 (destruction de toute frontière, hallucination, contre-culture, cyberespace) fusionne réalité et imaginaire pour mettre en scène la corporéité dans la virtualité. Le sexe technosimulé s’y revendique comme libéré du corps, délocalisé dans la fiction. Nous pourrions craindre une solitude autoérotique, “somatophobe” (Järvinen-Tassopoulos), la disparition d’un corps devenu obsolète (Le Breton). Cependant, il ne s’agit pas tant de dissoudre le corps dans sa simulation que de le “hacker”, de le “contaminer”, d’en réévaluer la réalité en le confrontant à la culture des mondes virtuels. Ainsi, la cyberpornographie a pour ambition de modifier les notions de corps et de réalité, d’abolir la frontière entre l’écran et la chair. http://mica.u-bordeaux3.fr/index.php/fr/actu/manifestations#2012-05-23 Bibliographie Devenir hybride 26/03/2012 Par Johann Chateau-Canguilhem La technique n’est plus extérieure à notre corps mais constitue les modes d’action de notre vie quotidienne. Ces hybridations sont visibles sur et dans nos corps : implants, OGM, prothèses, cyborgs, transgeneses, cellules souches, clonages, moteurs, produits chimiques, pollutions… Mais cette peur des hybrides, de la contamination et de l’étranger trouble les repères, les... Lire la suite » SOMMAIRE (272 p.) Editorial: “Réversibilités” Emblèmes et fétiches - L’éclat des corps: le nu au cinéma, Jérôme Soulès. - Georges Bataille, l’obscène et l’obsédant, Agathe Simon. - Le corps exposé. L’obscénité dans l’œuvre de J.-K Huysmans, Laurence Decroocq. - Lolita et Ada ou l’Ardeur: l’immoral et l’amoral, Fabrice Humbert. Mises en scène de l’organique... Georges Bataille, le plaisir et l’impossible AuteurAgathe Simon [*] [*] Université de Paris-Sorbonne, École doctorale III. ... suitedu même auteur « Le plaisir, c’est le paradoxe ».Georges Bataille. Le plaisir — c’est-à-dire l’orgasme[1] [1] L’unique définition du plaisir retenue pour cet article... suite— permet selon Georges Bataille d’« embrasser la totalité » sans laquelle l’homme ne se trouve « qu’en dehors »[2] [2] Georges Bataille, L’Histoire de l’érotisme, VIII, 102. ... suite. Dans le même temps, la totalité reste « pourtant indéfiniment hors d’atteinte »[3] [3] L’Histoire de l’érotisme, VIII, 103. ... suite. Par ce paradoxe se joue un désir aux allures d’asymptote : le plaisir dans les œuvres de Bataille est presque constamment évité. En effet, l’érotisme bataillien[4] [4] « L’érotisme est l’activité sexuelle d’un être... suitecoïncide avec un fantasme de totalité. Le désir, se fondant sur une « faille » première, tend vers la coïncidence improbable du Je et duTout[5] [5] L’Expérience intérieure, V, 153. ... suite : son paradoxe est de s’articuler avec le plaisir en une dialectique adversative[6] [6] Agathe Simon, « Georges Bataille : érotisme et hédonisme »,... suite. L’orgasme paraît en effet impropre à résoudre la tension sexuelle car il dérobe le « Tout » — vers lequel tend l’érotisme — par un insidieux glissement. La rupture dont il procède ne transcende pas la quête érotique mais la dévie de son appétit de totalité absolue. 2Or « l’Impossible » — cette rupture fondamentale infligée au champ du possible — se révèle comme le lieu majeur de focalisation érotique chez Georges Bataille. En effet, « la véritable nature de l’excitant érotique ne peut être révélée que littérairement, dans la mise en jeu de caractères et de scènes relevant de l’impossible »[7] [7] L’Histoire de l’érotisme, VIII, 151. ... suite. L’érotisme bataillien relève donc de l’excitation et non de la résolution; il trouve sa véritable nature par la littérature; il a un caractère théâtral, voire de parodie et relève d’une scénographie[8] [8] Agathe Simon, « Georges Bataille, l’obscène et l’obsédant »,... suite; l’érotisme tend enfin vers l’impossible et non vers le plaisir (but ou conséquence ordinaires de l’érotisme). 3Le plaisir bataillien s’articule alors en un fascinant paradoxe : son exclusion est la condition première de l’érotisme, lequel ne se conçoit que dans les errances du désir. Récusé par l’érotisme au profit de l’Impossible, il constitue dans son éviction la possibilité de la littérature érotique, et dans sa potentialité ou sa réalité un « extrême du possible ». Il n’est pas « l’abolition des limites charnelles »[9] [9] Pierre Klossowski, « La Messe de Georges Bataille »,... suitemais le signe même de la limite du possible. L’éviction quasi systématique de l’orgasme est donc un moyen de « briser en un point la limite du possible »[10] [10] Méthode de méditation, V, 208. ... suitede tenter de vivre « souverainement » à « hauteur d’impossible »[11] [11] Méthode de méditation, V, 209. ... suite. L’ÉROTISME BATAILLIEN NE TEND PAS VERS LE PLAISIR MAIS VERS L’IMPOSSIBLE 4Le « possible » est l’enchevêtrement hasardeux et instable de la vie. « L’Impossible » est une impensable rupture imposée au possible, rupture dont les caractéristiques sont l’irréversibilité et la résolution absolue. L’Impossible entretient ainsi une étroite correspondance avec ce que l’homme fabule au sujet de la mort. DansLe Mort, « IMPOSSIBLE[12] [12] Le Mort, IV, 51. ... suite ! » est d’ailleurs le cri de Marie, coïncidant avec l’instant même de son trépas. L’Impossible annihile tout possible futur et rend définitivement révolus tous les possibles antérieurs en rompant leur chaîne. Il est l’ultime possible et dans le même temps l’unique nécessaire. Georges Bataille en proposera une figure avec le « point »[13] [13] L’Expérience intérieure, V, 141-142. ... suite, saisie de l’Impossible lors de l’extase. 5Le désir se caractérise par sa voracité infinie : « Mon désir ? sans limites[14] [14] Le Coupable, V, 364. ... suite… » s’exclame le « narrateur » de L’Expérience intérieure. Il est total, uni, et aspire au Tout que ni le Possible ni l’Impossible — ne seraitce que parce qu’ils sont mutuellement exclusifs — ne peuvent a priori lui accorder. Quant au plaisir, il figure, dans les limites qu’il fixe au Possible, un renoncement à « vouloir être tout »[15] [15] L’Expérience intérieure, V, 34. ... suite. L’homme se trouve donc pris dans une aporie. Or le Possible n’est certes pas un « tout possible » puisqu’il exclut l’Impossible ; l’Impossible en revanche est un « tout impossible » puisqu’il exclut le possible. C’est sans doute pourquoi le désir part en quête de l’Impossible, seule totalité cohérente — l’exclusion du possible n’en est pas la faille mais le parachèvement. L’Impossible enfin ne menace pas comme un Tout absolu qui briserait l’homme. « Autrement dit nous n’avons de possibilité que l’impossible »[16] [16] L’Alleluiah, V, 397. ... suite. L’objet final du désir bataillien est ainsi l’Impossible. 6Par ailleurs, le désir procède par transgression en « levant » les interdits. L’interdit, par nature, s’applique à des possibilités, faute de quoi il serait inutile. Ainsi peut-on émettre l’hypothèse selon laquelle le désir tend vers l’Impossible car l’Impossible met radicalement fin à la possibilité de la transgression : l’Impossible transcende l’interdit (en ce sens, il supplée un surmoi pris de vertige devant l’appétit du ça). Ainsi, l’érotisme chercherait l’abolition de son propre principe, c’est-à-dire une rupture annihilant la possibilité de la transgression en annihilant le fondement même de l’interdit : le possible. Cette rupture est seule garante de la rupture du processus érotique, pris dans la « spirale » de la nécessité de l’interdit. L’érotisme est intolérable car, de transgression en transgression, il devient de plus en plus dépendant d’un interdit, dont l’existence est constamment vouée à la répétition et le renouvellement, soumis au hasard. Or le plaisir n’accorde une résolution — d’ailleurs temporaire — qu’à la tension érotique et non au principe érotique lui-même. Seul l’impossible transcende l’interdit et accorde un terme au processus érotique. LE PLAISIR EST UN IMPOSSIBLE LITTÉRAIRE 7Le fantasme érotique de totalité se double d’un fantasme d’unité : « l’érotisme répond à la volonté que l’homme a de se fondre dans l’univers »[17] [17] L’Histoire de l’érotisme, VIII, 145. ... suite. Les êtres humains réaliseraient d’ailleurs un « continuum »[18] [18] Méthode de méditation, V, 195. ... suitepermettant a priori leur communication. Dans le même temps, l’orgasme est une perte de sens (il participe à « l’ineffable »[19] [19] L’Expérience intérieure, V, 143. ... suite ) et une rupture infligée à la conscience. Dans de telles conditions, un antagonisme insoluble oppose ainsi la parole et l’orgasme. 8Or le plaisir coïncide avec une forme extrême de la communication : la « communication intime ». Cette « communication intime » — et là s’établit le renversement propre à l’orgasme — n’utilise pas les formes extérieures du langage, mais des « lueurs sournoises analogues au rire » (les transes érotiques, l’angoisse sacrificielle, l’évocation poétique…). […] Ce qui attire en elle [la pleine communication] est la rupturequi l’établit, qui en accroît d’autant l’intensité qu’elle est profonde[20] [20] Le Coupable, V, 390. ... suite. La rupture devient paradoxalement le moyen de communication érotique. Par la « déflation » infligée au sens, elle est même indispensable : « Et l’entier abandon d’un sens humain était la condition sans laquelle je n’aurais pu, riant et me libérant comme une flèche, toucher l’être aimé »[21] [21] Julie, IV, 111. ... suite. Toucher, c’est à ce point atteindre l’absence de limites, c’est-à-dire l’absence de sens (puisque la limite, la différence fondent le sens). Le plaisir correspond alors à la fugace résurgence entre deux êtres de ce continuum qui sous-tend l’humanité. Il est donc non seulement inconciliable avec la parole, mais il permet de surcroît une forme de communication se fondant sur l’exclusion du sens. Le plaisir constitue ainsi un Impossible du langage. 9Littérature et plaisir sont donc a priori inconciliables : « la possibilité de la littérature érotique est celle de l’impossibilité de l’érotisme »[22] [22] « Le Paradoxe de l’érotisme », XII, 323. ... suite. C’est sans doute la raison pour laquelle l’écriture bataillienne se tient davantage dans une « exacerbation », voire exaspération du désir que dans une forme de décharge sublimée. Elle recherche l’équilibre le plus tendu : « l’art est moins l’harmonie que le passage (ou le retour) de l’harmonie à la dissonance (dans son histoire et dans chaque œuvre) »[23] [23] L’Expérience intérieure, V, 70. ... suite. L’écriture se tient ainsi « sur le fil du rasoir », perpétuellement menacée par la décharge. La narration d’une jouissance implique souvent la fin d’un récit : c’est le cas de « La Houppette »[24] [24] « La Houpette », in Ébauches, IV, 333. ... suite, un des rares textes — d’ailleurs inachevé et inclus dans les « Ébauches » — où l’orgasme advient. C’est aussi le cas du récit intitulé Le Mort où un double orgasme (Marie et le valet de ferme) interrompt momentanément le texte par des points de suspension. De même, le récit (Madame Edwarda) se délite suite à la jouissance de Madame Edwarda, comme le constate le narrateur : « (Continuer ? je le voulais mais je m’en moque. […]) J’ai fini »[25] [25] Madame Edwarda, III, 30-31. ... suite. La littérature bataillienne est donc une écriture du désir exacerbé; l’évocation de l’orgasme condamne son existence immédiate. Le désir investit le texte, de la même manière que l’orgasme le menace : « le copule des termes n’est pas moins irritant que celui des corps. Et quand je m’écrie : JE SUIS LE SOLEIL, il en résulte une érection intégrale, car le verbe être est le véhicule de la frénésie amoureuse ». La littérature bataillenne se fonde sur l’idéal d’un désir absolu, auquel le plaisir est sans cesse sacrifié. Elle se constitue comme un plaisir en creux, un plaisir dont l’esquive est le sujet premier. C’est l’absence du plaisir qui donne aux récits de Bataille leur dimension pleinement érotique. « Nous voulons un monde renversé, nous voulons le monde à l’envers »[27] [27] L’Érotisme, X, 170. ... suite. Le plaisir — introduisant une rupture dans la tension du récit — constitue un Impossible littéraire : la tension (l’énergie) et le sens sont touchés. LE PLAISIR EST « L’EXTRÊME DU POSSIBLE » 10En regard d’une telle tension et d’un tel projet, le plaisir constitue un relâchement « fade »[28] [28] L’Alleluiah, V, 397. ... suite, une fausse résolution qui entame le désir sans lui accorder de réelle résolution et fait avorter la quête érotique. Le plaisir est ainsi une limite du possible. Il constitue « l’extrême du possible » (expression récurrente dans L’Expérience intérieureet point de focalisation du discours bataillien), Il empêche que le désir touche à l’Impossible ; il retient le désir dans les limites du possible tout en lui laissant entrevoir l’Impossible. Ainsi, lorsque Madame Edwarda jouit avec un chauffeur de taxi « solide et grossier », le narrateur affirme : « de son regard, à ce moment-là, je sus qu’il revenait de “l’impossible” »[29] [29] Madame Edwarda, III, 29. ... suite. Il est ce « presque Impossible » qui fixe les bornes du possible. « Quand je ris ou quand je jouis, l’impossible est devant moi »[30] [30] Méthode de méditation, V, 209. ... suite. Il coïncide avec une restriction soudaine, une rupture certes réversible inscrivant l’excès du désir en une limite. Il est la dernière et unique borne avant le « fond des mondes » : « nous [occidentaux] ne pouvons concevoir l’extrême défaillance autrement que dans l’amour. À ce prix seulement, me semble-t-il, j’accède à l’extrême du possible »[31] [31] L’Expérience intérieure, V, 140. ... suite. Cette expérience limite place ainsi l’auteur « singulièrement loin du monde vivant »[32] [32] L’Expérience intérieure, V, 424 (notes). ... suite. L’orgasme est ainsi décrit par Georges Bataille : « je me pense au-dessus de l’horreur insensée (le moment où le globe oculaire se renverse dans l’orbite). L’abîme est le fond du possible »[33] [33] Le Coupable, V, 354. ... suite. Il est donc cette limite du possible laissant entrevoir l’Impossible, il délimite l’Impossible. Peut-être même le crée-t-il en le distinguant du possible. 11« Il n’y a qu’un homme, qu’un être, qu’une incandescence liquide d’instants éternels. Assurément chaque chose glisse vers le crime, la mort, ou l’excès de joie qui la détruit, comme les morceaux de houille à l’incandescence d’un feu »[34] [34] « Les Problèmes du surréalisme », VII, 454 (Annexes). ... suite. Dans cette dialectique du plaisir et de l’Impossible est sans cesse sous-jacent le désir de perte, ou plutôt la fascination pour l’instant qui précède immédiatement la ruine, la destruction. Le désir bataillien s’inscrit dans un effroi mystique à l’égard de l’imminence perpétuelle[35] [35] Je nomme « imminence perpétuelle » le sentiment provoqué... suite. La possibilité de la rupture est le point de focalisation vers lequel se tend à l’extrême la conscience. L’érotisme évite donc le plaisir pour perpétuer inlassablement sa quête de l’Impossible. Mais l’Impossible ne serait-il pas préféré à l’orgasme, justement parce qu’il est impossible ? L’érotisme bataillien ne serait-il pas simplement un culte à l’imminence perpétuelle, c’est-à-dire à cette tension constamment menacée de résolution ? 12Par ailleurs, le plaisir est ce qui distingue — outre le degré d’investissement corporel et intellectuel — la quête érotique de « l’expérience intérieure ». En effet, l’érotisme bataillien, proche de l’idéalisme, est conduit par un absolu souverain, l’Impossible, qui impose au désir la nécessité d’une résolution que ne saurait assumer l’orgasme : un « anéantissement instantané […] à l’échelle de l’univers »[36] [36] L’Histoire de l’érotisme, VIII, 157. ... suite. La jouissance entrave cette quête. L’intelligence en revanche, dans son élan et son but, ne conçoit pas a priorid’obstacle ni de terme. C’est pourquoi l’extase est plus efficace à saisir le « point », c’est-à-dire l’Impossible. Le plaisir est donc une limite par laquelle l’homme est retenu au sein du possible. 13C’est enfin l’immortalité qui se trouve au cœur de la quête érotique : en effet, au « sommet, l’être sexué est tenté, voire est tenu de croire à l’immortalité d’un principe discontinu qui serait en lui »[37] [37] L’Érotisme, X, 99. ... suite. La rupture du plaisir ou celle de l’Impossible présentent donc en elles le paradoxe de « précipiter » l’immortalité. Ainsi, la « suprême interrogation philosophique coïncide […] avec le sommet de l’érotisme »[38] [38] L’Érotisme, X, 267. ... suite; le plaisir est à l’érotisme ce que l’Impossible est au possible : une rupture radicale, imminente, séduisante et dont la menace — imminence perpétuelle — fascine et effraie. Rendre le plaisir impossible, c’est accorder à sa conscience non cette interruption fallacieuse qui caractérise l’orgasme mais la possibilité de fuir le possible. L’érotisme bataillien, c’est tenter et être tenté par l’Impossible en subvertissant l’aspect inexorable des limites du possible, c’est-à-dire en « transgressant » la possibilité du plaisir. NOTES [ *]Université de Paris-Sorbonne, École doctorale III. [ 1]L’unique définition du plaisir retenue pour cet article est celle de l’orgasme, de la jouissance sexuelle. [ 2]Georges Bataille, L’Histoire de l’érotisme, VIII, 102. Toutes les références, sauf mention spéciale, renvoient aux Œuvres complètes de Georges Bataille, éditions Gallimard. [ 3]L’Histoire de l’érotisme, VIII, 103. [ 4]« L’érotisme est l’activité sexuelle d’un être conscient ». L’Érotisme, X, 192. Il concerne les mouvements du désir. [ 5]L’Expérience intérieure, V, 153. [ 6]Agathe Simon, « Georges Bataille : érotisme et hédonisme », article à paraître. [ 7]L’Histoire de l’érotisme, VIII, 151. [ 8]Agathe Simon, « Georges Bataille, l’obscène et l’obsédant », in La Voix du regard, n° 15, automne 2002, p. 19 à 24. [ 9]Pierre Klossowski, « La Messe de Georges Bataille », in Un si funeste désir, Gallimard, L’Imaginaire, p. 125. [ 10]Méthode de méditation, V, 208. [ 11]Méthode de méditation, V, 209. [ 12]Le Mort, IV, 51. [ 13]L’Expérience intérieure, V, 141-142. [ 14]Le Coupable, V, 364. [ 15]L’Expérience intérieure, V, 34. [ 16]L’Alleluiah, V, 397. [ 17]L’Histoire de l’érotisme, VIII, 145. [ 18]Méthode de méditation, V, 195. [ 19]L’Expérience intérieure, V, 143. [ 20]Le Coupable, V, 390. [ 21]Julie, IV, 111. [ 22]« Le Paradoxe de l’érotisme », XII, 323. [ 23]L’Expérience intérieure, V, 70. [ 24]« La Houpette », in Ébauches, IV, 333. [ 25]Madame Edwarda, III, 30-31. [ 26]L’Anus solaire, I, 81. [ 27]L’Érotisme, X, 170. [ 28]L’Alleluiah, V, 397. [ 29]Madame Edwarda, III, 29. [ 30]Méthode de méditation, V, 209. [ 31]L’Expérience intérieure, V, 140. [ 32]L’Expérience intérieure, V, 424 (notes). [ 33]Le Coupable, V, 354. [ 34]« Les Problèmes du surréalisme », VII, 454 (Annexes). [ 35]Je nomme « imminence perpétuelle » le sentiment provoqué par un événement indéterminé qui, menaçant sans cesse de se produire immédiatement, n’advient jamais. [ 36]L’Histoire de l’érotisme, VIII, 157. [ 37]L’Érotisme, X, 99. [ 38]L’Érotisme, X, 267. RÉSUMÉ « L’Impossible » — rupture fondamentale infligée au champ du possible — constitue chez Georges Bataille le terme de la quête érotique aux dépens de l'orgasme. Le plaisir bataillien s’articule en effet en un fascinant paradoxe : son exclusion est la condition première de l’érotisme, lequel ne se conçoit que dans les errances du désir. Ainsi, l’érotisme bataillien tend vers l’Impossible, tandis que le plaisir — cet « extrême du possible » — forme un Impossible littéraire. Les surprises du sexe 11/12/2011 Par Johann Chateau-Canguilhem Les surprises du sexe, Thème: Hommes/Femmes, La Cause freudienne n°73 Décembre 2009, 237 pp., ISBN : 978-2905040671 Philippe Hellebois Editorial Antonio Di Ciaccia Le rapport sexuel : Lacan versus Ratzinger Marco Focchi Le sexe et ses bienfaits Erminia Macola Internet : un mode de la perversion Rosa Elena Manzetti Crises d’identité sexuée Maurizio Mazzotti Une porno-dépendance virtuelle... Planète, 21h30. Documentaire, «les Surprises du sexe.»...Ou se régaler du sexe des animaux. 24 juillet 1995 à 06:50 Par BOCARD BÉATRICE Ah! Les surprises du sexe! Dira-t-on assez la patience du babouin vert olive, condamné à épouiller pendant des mois la partenaire convoitée avant que celle-ci daigne lui accorder ses faveurs? A moins qu'au dernier moment la garce n'en choisisse un autre, qui propulsait de façon plus convaincante ses charmes alentour. Dira-t-on assez le chant du gibbon de Thaïlande perché à la recherche de sa fidèle compagne égarée dans les lianes? Les caresses passionnées des perroquets verts de Tanzanie, qui se bécotent sans désemparer, accrochés aux troncs d'arbres géants. La duplicité des macaques, qui tentent d'échapper à la vigilance du mâle dominant pour s'accoupler, mine de rien, vite fait, refait. La gougnafierie des sauterelles mormons mâles, qui stridulent comme d'autres sifflent et testent au poids (d'oeufs à féconder) leurs prétendantes grimpées sur leur dos. Quitte à les jeter comme des malpropres au profit d'une plus gironde. La ruse de l'insecte à grosses pinces de Trinidad qui, pendant que deux autres se battent en duel, séduit l'élue en douce. La gourmandise de leurs femelles, plus alléchées par le sac alimentaire que monsieur leur accroche aux ovaires que par la poche de sperme qui va avec. Les peu ragoûtantes babines retroussées de l'ibex aux grandes cornes, qui lui permettent de renifler à coup sûr une ovulation en cours dans son harem. La mêlée des guèbes du désert d'Arizona, telle une foire d'empoigne aux soldes de Tati, dès qu'une femelle sort par nécessité de son trou de sable. Les grappes idoines des reinettes de Trinidad, engagées dans le même combat pour la survie de l'espèce. La virilité des otaries de Patagonie, dont le quintal écrase comme une crêpe les femelles de son cheptel qui disparaissent sous la masse. Le raffinement des chevaliers combattants aux effets de plumes séducteurs qui se perdent en un duel sans pitié. La morale de cette excellente série britannique en cinq épisodes et en rediffusion estivale est triste, hélas. On y apprend que 80% des oiseaux sont monogames par nécessité l'éducation des petits les empêche d'aller voir ailleurs. Encore plus tristes sont les commentaires parfaitement tartes du prologue et de l'épilogue, concernant la sexualité des humains. Le bon docteur Clive Bromhall nous dit que, chez l'homme comme chez la bête, peu importent la fidélité ou l'adultère, la monogamie ou la polygamie, l'essentiel étant de «perpétuer cette vie fragile» venue du fond des âges. Par Johann Chateau-Canguilhem Anthropologie des obsessions, Louis Vincent THOMAS, L’ Harmattan, 2000, 182 pp. ISBN : 978-2738401090 L’intérêt majeur de la littérature de science-fiction, pour l’anthropologue du moins, est de retrouver, telles qu’elles se vivent aujourd’hui en Occident, les obsessions de partout et de toujours. Après avoir situé ce type de récit dans le champ de l’imaginaire, du simulacre... Champ Psychosomatique, N° 43 : www.corps.com, Laurie LAUFER, L’ Esprit Du Temps, 2007, 141 pp. Sommaire : La e-psychothérapie est-elle possible ? La sexualité en l’absence du corps de l’autre : la cybersexualité L’enfant virtuel et les jeux échographiques Entre la jouissance cybernétique et l’intensité encore possible L’addiction virtuelle ” L’amitié sur Internet “ Une... • [numero/bulletin] est un bulletin de : Champ psychosomatique Titre : n° 43 - 2006 - Www.corps.com Type de docume texte imprimé nt : Année de 2006 publicat ion : Importa 140 p. nce : Prix : 18 euros Langue Français (fre) s: Mots-cl Corps ; Internet és : En http://www.cairn.info/numero.php? ligne : ID_REVUE=CPSY&ID_NUMPUBLIE=CP SY_043 Permali http://bsf.spp.asso.fr/index.php? nk : lvl=bulletin_display&id=6693 Contient : Le blog et le nombril / Geneviève LOMBARD in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) Télétechnologies et nouvelles configurations psychiques / Philippe GIVRE in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) Une clinique du virtuel / Anne TASSEL in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) L'amitié sur Internet : entretien avec Danièle Brun / Danièle BRUN in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) L'addiction virtuelle / Dolores ALBARRACIN MANZI in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) Entre la jouissance cybernétique et l'intensité encore possible : à propose de "Denise Calls up", de Hal Salwen / Joël BIRMAN in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) L'enfant virtuel et les jeux échographiques / Sylvain MISSONNIER in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) La sexualité en l'absence du corps de l'autre : la cybersexualité / David LE BRETON in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) La e-psychothérapie est-elle possible ? / Annie ROUX in Champ psychosomatique, n° 43 (2006) Les jeux vidéos comme objet de recherche, Samuel RUFAT, Hovig TER MINASSIAN, L>P, Questions Théoriques, 2011, 216 pp., ISBN 978-2917131060 Présentation de l’éditeur Les jeux vidéo sont fabriqués comme des objets de consommation courante, vendus en grandes surfaces, condamnés ou encensés par les médias, soutenus par la puissance publique, promus exemples du savoir-faire hexagonal. Grâce à l’émergence... Par Johann Chateau-Canguilhem Electronic Eros: Bodies and Desire in the Postindustrial Age, Claudia SPRINGER, University of Texas Press, 1996, 192 pp., ISBN 978-0292776975 Publisher’s note The love affair between humans and the machines that have made us faster and more powerful has expanded into cyberspace, where computer technology seems to offer both the promise of heightened erotic fulfillment and the threat... La réalité virtuelle : Avec ou sans le corps ?, Alain MILON, Zed Books Ltd, Editions Autrement (collection Le corps plus que jamais), 2005, 127 pp. Présentation de l’éditeur “Réalité virtuelle”, “Corps virtuel”… Ces expressions, il nous semble les connaître. Elles peuplent notre environnement sonore, médiatique, culturel, comme pour nous préparer à un état... 3 questions à... Alain Milon. La réalité virtuelle. Avec ou sans le corps ? Alain Milon est professeur de philosophie à l'université Paris-X, rattaché au Groupe d'analyse du social et de la sociabilité (CNRS / Université Paris-VIII). Alain Milon, éd. Autrement, coll. « Le corps plus que jamais », mai 2005, 127 p. – 13 E. Pourquoi cet essai critique sur la place du corps dans la réalité virtuelle, et dans la collection « Le corps, plus que jamais » des éditions Autrement ? Cette réflexion a un point de départ : 1993, date de la mise en place d'une formation sur les hypermédias à l'université de Versailles. Les hypermédias sont des documents électroniques non préalablement mémorisés, alors que le multimédia additionne des fichiers électroniques selon un principe de navigation déterminé une fois pour toutes. Dans l'utilisation qu'ils faisaient de la virtualité, j'ai constaté que les étudiants confondaient cyberréalité et réalité virtuelle. Leur imaginaire du corps était formaté par les jeux électroniques et le cinéma américain… J'ai voulu savoir d'où venait, chez eux, cette fascination pour le cybercorps et les jeux électroniques. Qu'est-ce qui distingue le corps de la cyberréalité de celui de la réalité virtuelle ? Derrière le terme cyberréalité je fais référence à la cyberculture, le cybercorps, la cybersexualité. Dans ce contexte, pour la cyberréalité, le virtuel réduit le corps à de la viande. C'est un moyen de se libérer des contraintes. Le cybercorps devient alors immatériel et tout puissant. C'est de cette façon que l'industrie hollywoodienne construit le corps depuis le cinéma de science-fiction des années cinquante jusqu'à Matrix, Terminator, Simone ou eXistenZ. C'est la dualité des pilules rouge et bleue dans le dialogue entre Morpheus et Néo (Matrix) : on reste dans la matrice, l'illusion, ou on descend au fond du gouffre dans la « dure réalité », la vie (!). À l'opposé, pour les informaticiens, le corps de la réalité virtuelle est un possible, il ne s'oppose pas au réel mais devient une mesure du réel. Il permet de l'évaluer. On parle alors de réalité augmentée ou immergée. En fait, la cyberréalité nie le corps pour le remplacer par des artifices technologiques, alors que la réalité virtuelle le prolonge (projet de casque et gants tactiles pour la visite de musées virtuels). C'est cet imaginaire de la cyberréalité – corps sans contraintes (mais tout puissant), sans matière (mais informatique), sans fragilité (mais devenant cybermachine), sans plasticité (mais fluide), sans visage (mais avec une interface), sans sujet (mais avec avatars), sans désir mais cybersexué (le plaisir sans sujet) et plus intelligent que l'Intelligence – qui est à l'origine de la confusion (et de la fascination) pour la plupart d'entre nous. Il suffit de voir quel corps le Body Art cybernétique à la Sterlac et Orlan 1 propose : un portrait-robot informatique (un cybermorphing), un corps sans vie, qui s'oppose à la vision du corps de certains autres artistes, comme Merce Cunningham, utilisant, eux, la réalité virtuelle pour explorer le corps vivant. Alors, vous acquiescez à ce lieu commun : « la réalité virtuelle, c'est formidable » ? Oui, il suffit de voir l'usage qu'en fait la chirurgie plastique : une sorte de modélisation prototypée. On aura tous les mêmes lèvres, le même nez, les mêmes seins ! Il n'y a plus de corps mais des tendances : collagène, silicone… Bon. Soyons sérieux : le concept de virtualité n'est pas récent. Dès l'Antiquité, la philosophie le définit comme une possibilité d'existence réelle mais non encore actualisée. La réalité virtuelle n'est qu'une expression de la réalité. Loin du corps aseptisé de la cyberréalité, le virtuel est un réel latent. Ce n'est que cela. C'est déjà beaucoup ! Propos recueillis par Léa Monteverdi 1. Deux artistes contemporains, gréco-américain et français, qui utilisent leur corps comme lieu d'expérimentation. Between Monsters, Goddesses and Cyborgs: Feminist Confrontations With Science, Medicine and Cyberspace, Nina LYKKE, Rosi BRAIDOTTI, Zed Books Ltd, First Edition, 1996, 272 pp. Présentation de l’éditeur Explores central feminist concerns in science as a whole, the new technologies of the postmodern era, bio-medical discourses, and nature. Emphasizing the importance of dialogue between the... Metaverse Reading: Between Monsters, Goddesses and Cyborgs Uncategorized Add comments Mar312008 Between Monsters, Goddesses and Cyborgs: Feminist Confrontations with Science, Medicine and Cyberspace, edited by Nina Lykke and Rosi Braidotti, is of a piece with the several other anthologies of feminist Science & Technology Studies anthologies I’ve read. It’s probably the best: if I were teaching a course in feminist STS I’d probably choose this as the core reader. The content is more organized, more rigorous and more academic than that of some of the other anthologies – which may be a strength or weakness, depending on one’s perspective. The downside for me is that very little of it was actually useful for my questions of digital identity and embodiment. The anthology was published in 1996, but already some of its discussion of the modernist conception of the purity of boundaries sounds bizarrely anachronistic. I’m reminded of Frank Rich’s column in today’s New York Times, where he adroitly describes a world which has passed by the simplistic, boundary-defined views of so many categories that used to be central to the public discourse. Lykke’s citation of Latour’s definition of modernity as “a process of purification,” seems odd and a little obscene. Like it or not, most of us realize that the old certainties are gone: family, country, employment are messy and complicated, not the black boxes of half a century ago. In that light, the question of what we will be is settled; the challenge for the contemporary era is to get used to it. In that light, online gender anxiety makes even less sense – the gender borderline has been trampled for generations now in art, pop culture and daily experience. One would think there would be no line left to transgress. Clearly I’m still missing something, some manifestation of the Leon Kass “Yuck Factor” that my taste can’t detect. Lykke distinguishes between the cyborg and the goddess in a useful way: The cyborg of virtual reality tends to absorb the material into the semiotic. The material is constructed as potentially changeable by semiotic, sign-producing acts, by programming and reprogramming. The goddess is different. When she represents a mythical reality to her adherents, we might say that she, in contrast to her cyborg counterpart, tends to absorb the semiotic into the material. For her adherents, the goddess is not just a name, a semiotic device; she is. (p. 27) The essay with the most interesting topic was the weakest in the volume, unfortunately. “From Hestia to Home Page: Feminism and the Concept of Home in Cyberspace” is a terrific topic. Unfortunately, Susan Leigh Star didn’t deliver. The analysis is superficial, scattered and reliant on unexamined leftist cliches. There’s good work to be done on the impulse to create homes in virtual spaces. The topic is ripe, with any number of companies creating 3-d rooms that can be plugged into existing web pages on blogs or social networking sites. How and why we nest in synthetic spaces is tremendously important, both intellectually and financially. The topic awaits a good analyst. The essay on dolphins as alien, gender-blurred other was absolutely fascinating. Not relevant in any way I could see, but smart, well-researched and insightful. Most of the rest of the volume was standard STS work on medical issues from a feminist perspective: good scholarship, but neither interesting nor relevant to me. The postface by Lykke and Braidotti raises some useful reminders of nuance, arguing for a constructivist approach bounded by a recognition of the inescapable materiality of the physical body: We want to argue that constructivism liberates natures and bodies from being othered by scientific regimes, which leave them no position other than that of acting as passive objects for the disembodied gaze of the scientist seeking to reveal their universal and context-independent truths…. Even convinced constructivists in the field would agree that the performances of natures and bodies cannot be ascribed exclusively to the symbolic or imaginary orders created by the linguistic and phantasmatic activities of human beings. We believe that in some way or another natures and bodies must be considered as part of a materiality that goes beyond these symbolic and imaginary orders. (pp. 242-3) So, in all, an excellent STS volume, but thin on its utility for the study of the construction of identity and culture in online spaces. Le sexe bizarre : Pratiques érotiques d’aujourd’hui, Agnès GIARD, Le Cherche Midi, 2004, 190 pp. Présentation de l’éditeur Le sexe bizarre fait le tour des jeux sexuels hors normes qui sortent aujourd’hui de l’ombre à la faveur de la révolution technologique internet. Qu’ils soient adeptes d’opérations à cœur ouvert simulées, de chatouille, de babyphilie,... Lire la suite » Qu’ils soient adeptes d’opérations à cœur ouvert simulées, de chatouille, de babyphilie, de femmes gelées, de voraphilie, d’hypnose érotique, de dog play ou de splosh, les principaux acteurs de ce nouveau désordre mondial donnent à leurs fantasmes une audience internationale sur des sites qui échappent généralement à toute censure en raison de leur contenu non pornographique. Ils s’organisent en communautés souterraines. Ils possèdent leurs artistes et leurs lieux de rendez-vous. Ils font de leur sexualité une forme de contre-culture qui ne respecte ni conventions ni règles et – à travers la féerie de leurs fantasmes – ils redonnent à la vie ses vacances d’irréalité. Pour ces hommes et ces femmes aux désirs si étranges, le sexe devient un vaste terrain d’expérimentations et de métamorphoses, un divertissement autant qu’un moyen d’accomplissement individuel. Vous avez consacré un ouvrage aux sexualités «atypiques». Existe-t-il un profil ou un point commun entre les personnes qui s’éloignent du modèle dominant ? Non. Dans le sexe bizarre, on trouve une catcheuse américaine de 136 kilos qui marche en talons-aiguilles sur des hommes-carpettes, une boulangère parisienne qui rêve de se faire avaler par un crapaud géant, une dominatrice professionnelle hollandaise qui a transformé son mari en poupée Barbie plastifiée (voir photo), une journaliste japonaise qui se déguise en extra-terrestre vert pomme… Rien ne les unit, ni l’éducation, ni la culture, ni le niveau socio-professionnel. Aucune n’a subi de traumatisme particulier dans l’enfance.Ces femmes n’ont parfois même pas eu conscience de s’éloigner d’un modèle dominant !Leur seul point commun, à mon sens, c’est que toutes ont grandi avec des fantasmes pas très courants auxquels elles ont laissé libre cours, en refusant de se censurer. Simplement, elles ont vu que certains scénarios érotiques leur procuraient un plaisir incroyable et elles ont décidé d’explorer ce domaine comme un monde enchanté. Dans mon livre, il y a des femmes qui trouvent qu’un ballon rouge, c’est sexy : elles le gonflent et quand le ballon explose, elles explosent aussi. D’autres disent qu’un énorme pot de yaourt, c’est aphrodisiaque. D’autres appuient spasmodiquement sur la pédale d’accélérateur de leur voiture… parce que c’est érotique. J’ai voulu montrer dans le «Sexe Bizarre» que le monde entier est rempli d’érotisme et que chaque objet - même un aspirateur ! peut devenir un objet de désir ou de séduction. Pour certaines personnes en tout cas. Ces dernières années ont vu l’émergence d’une sexualité féminine médiatisée notamment par Despentes ou Millet : quel en a été le déclic ? Je ne vois dans l’oeuvre de Catherine Millet que l’émergence d’un puritanisme rétrograde : la sexualité qu’elle montre est triste, mortellement ennuyeuse… tue-l’amour ! C’est du gâchis. Ce n’est pas parce qu’elle a beaucoup fait l’amour, dans des clubs échangistes ou des soirées privées, qu’elle a fait preuve de subversion et de liberté. Besogneuse, elle baise au compteur, elle met ses désirs à l’usine des rendements. C’est d’une pauvreté affligeante. Aucune joie dans cette sexualité compulsive, ni exaltation, ni féerie, ni appétit, ni imagination, ni bonheur de vivre. Elle ne donne pas envie. Si c’est ça la sexualité féminine, il n’y a plus qu’à se suicider ! Pour moi, les artistes soi-disant subversives qui mettent en scène le dégoût de la chair sont aussi dangereuses et nocives que les intégristes. Peut-être même plus, parce qu’elles avancent masquées.Maintenant, pour en revenir à la question, je pense savoir pourquoi on assiste depuis six ans à la multiplication d’auto-fictions érotiques écrites par des femmes : ça fait vendre. C’est comme la télé-réalité : il y a du vrai sexe, des vrais gens, du vrai voyeurisme… Que demander de plus ? De l’esprit ? Chez les lesbiennes, on est passé d’une sexualité totalement invisible à une autre, suraffichée. L’émergence du mouvement Queer a décomplexé l’échangisme, le SM et même les lesbiennes baiseuses de pédés. Pensez-vous que le sexe soit un moyen d’affirmation de soi, voire de militantisme pour l’égalité ? Le sexe est devenu un terrain d’action, comme la musique. Il y a d’abord eu les balancements de pelvis scandaleux du rock à la Presley. Puis les looks androgynes-décadents de Bowie affichant sa bisexualité. Puis les tenues SM-fetish des punks qui tenaient leurs copines en laisse, pour dénoncer en la parodiant l’institution du mariage. Puis l’explosion du mouvement guérilla-girl avec des groupes aux noms explicites : Bikini Kill (massacre en bikini), Bratmobile (les petites putes au volant), Free Kittens (les minous en liberté), Babes in Toyland (Alice au pays des vibros)… Rachel Orviro, porte-parole du mouvement Riot-girl, proclame : « Se sentir bien parce qu’on est le centre de son propre univers, envoyer paître les conventions, s’habiller pour s’affirmer, s’amuser sans culpabilité : voilà les choses qui font de nous des filles, des vraies». La révolution, c’est aussi simple que ça : sexe, fun et rock’n roll. Tous les moyens sont bons ! Le sexe, la mode, la musique ou l’écriture. Tout, pourvu que ça soit brûlant, intense et jouissif. La mode, par exemple: rien de plus important que s’habiller comme on veut. Il peut sembler excessif (ou dérisoire, au choix) de dire qu’on se bat pour l’égalité des minorités sexuelles en portant un pantalon en vinyle ou un treillis. Et pourtant, c’est vrai : essayez de tenir tête à tous ceux qui vous insultent dans le métro ! Le fait-même de porter une mini-jupe est un combat, y compris contre ceux qui vous veulent du bien : «Pourquoi afficher ta sexualité ? Pourquoi mettre un collier de chien et un maquillage trop noir? C’est ta vie privée, ne la balance au visage des autres. Ou alors, tire les conséquences de tes actes et ne te plains pas de te faire agresser». On a longtemps justifié les viols ainsi. Pour reprendre les propos d’un ami très cher - Francis Dedobbeleer, qui organise des soirées-fétiches à Paris depuis sept ans : «Pourquoi les gens respectent-ils les prêtres en soutane et pas les travestis en tailleur ? » V.Jaime Le Sexe Bizarre, pratiques érotiques d’aujourd’hui, de Agnès Giard, éd Cherche Midi. http://www.lesexebizarre.com The Cyborg Handbook, Chris HABLES GRAY, Heidi J. FIGEROA-SARRIERA, Steven MENTOR, Routledge, 1995, 568 pp. Présentation de l’éditeur : One of society’s oldest dreams has been to create a living machine. To most of us, cyborgs are Terminator or Robocop types who combine artificial robotic strength and firepower with human intelligence/cunning. Yet Gray, a... Manfred Clynes and the Cyborg Chris Hables Gray By the late twentieth century, our time, a mythic time, we are all chimeras, theorized and fabricated hybrids of machine and organism: in short, we are all cyborgs. -- Donna Haraway (1989b, p. 66) The twentieth century human body can be conceived of through any number of rich and insightful metaphors. In important ways it is a disciplined body, a textualized body, a gendered body, and a resisting body. But more and more it seems that one of the most fruitful metaphors is to conceptualize the human body as a rhetorical and material construction, a creature that combines informatics, mechanics, and organics. In other words, a cyborg. It was Manfred Clynes who coined this term in 1960. His colleague at Rockland State Hospital's Research Laboratory, Nathan Kline, had been asked by NASA to participate in a conference about human space exploration. They proposed a number of ways humans could be modified to survive in space. The great insight Clynes had was to think of these modifications systematically because the only possible way to engineer man for space was to see the human and the spacecraft as interpenetrated systems which shared information and energy. So Clynes created the term cyborg from cybernetic and organism, marrying the reality of the organic body with the idea of cybernetics. Norbert Weiner's elaboration of the concept of cybernetics, of a technoscience that explained both organic and machinic control processes as parts of informational systems, was the culmination of many different currents in Western culture. The mechanization of war, the automation of work, the electronization of information, the commodification of culture, the triumph of mass media, the spread of global networks, and the triumph of cybernetic metaphors in science and medicine, all contributed. Long before Clynes and Kline wrote their paper the idea of the organic-artificial creature existed in human culture. It has old roots in Indian, Chinese, Japanese, and Western culture where myths about created beings and gods with metal limbs are thousands of years old. In the middle ages the alchemists tried to grow "little men" called homunculi and dreamed of talking heads and artisans from France to Japan made automatons and puppets of incredible verisimilitude. But it wasn't until the 19th century that the increasing power of science and medicine began to make the realization of such fantasies possible. Mary Shelly's monster, Frankenstein's creature, was the first fully realized cyborg and he was followed by many others, such as L. Frank Baum's Tin Man. The first serious scientific proposal of cyborgs was by the great British scientist J. D. Bernal, who wrote in The World, the Flesh, and the Devil (1926), that humans involved in colonizing space should take control of their evolutionary destiny through genetic engineering, prosthetic surgery, and hard-wired electric interfaces between humans and machines that would allow them to attach "a new sense organ or...a new mechanism to operate..." (Bernal 1929, p. 26) By the end of World War II it was very clear that the mechanization of the human, the vitalization of the machine, and the integration of them both through cybernetics was producing a whole new range of informational disciplines, fantasies, and practices that transgress the machinic-organic border. This marks a major transition from a world where human and tool, human and machine, living and dead, organic and inorganic, close and distant, natural and artificial, seemed clear (even if they really weren't) to the present where all of these distinctions seem plastic, if not ludicrous. Many humans are now literally cyborgs, single creatures that include organic and inorganic subsystems. Inorganic subsystems can range from complex prosthetic limbs to the programming of the immune system that we call vaccinations. In the industrial and post-industrial countries, a cyborg society has developed where the intimate interconnections and codependencies between organic and machine systems are so complex and pervasive that, whether or not any particular individual in that society is a cyborg, we are all living a cyborgian existence. It was Manfred Clynes' who invented a word that would encompass this new relationship between humans and our technologies. The term cyborg will certainly last as long as the English language. Perhaps it took someone of the unusual qualities of Manfred Clynes to create the perfect word for this fundamentally extraordinary stage of human development. Clynes combines the artistic sensibility of a world-class pianist with a relentless technical genius powered by a restless intelligence and an exuberant enthusiasm for knowledge. It is a unique combination. It is hard to imagine anyone else coming up with cyborg. But he did more than coin a neologism. Since 1960 Clynes has been contributing to cyborgology both with his philosophical reflections as well as his technical research. Clynes and Kline concluded their seminal article with the comment that cyborg developments "will not only make a significant step forward in man's scientific progress, but may well provide a new and larger dimension for man's spirit as well." (Clynes and Kline, 1960, p. 33) How right they were. Humans, for good or ill, are clearly embarked on a path of "participant evolution" as Clynes and Kline argued earlier in that same article. The end of this road is unclear but Clynes is certainly right when he argues that cyborg transformations will continue and become more profound. In an interview he granted me in 1994 he charts at least five levels of cyborgization, ending with the potentially incredible changes of genetic engineering which he labels Cyborg IV and perhaps some day in the distant future, even disembodied intelligence (Cyborg V). (Clynes 1995b) In other reflections on cyborgs he has focused on the importance of his theory of sentics for cyborg space travel. (Clynes 1995a) Perhaps he is making his most powerful contribution to the cyborgian process with his work on sentics, a field he has created himself, that seeks to understand on a technical level human emotions. Clynes attempt to specifically map the physiology of human emotion is explained elsewhere in this volume (see Chapter ?) but what is striking is how this research, like his work on computer biosensors such as CAT machines (see Chapter ?) and on computer music (see Chapter ?) combines innovative science, concrete engineering, and the dreams of an unrestrained imagination. At the end of his interview with me, he remarked, "After all we need to dream now, and often, mysteriously to us, we may be wiser in our dreams then we think." (Clynes 1995b, p. 53) What makes Manfred so special is that not only are his dreams protean, but he has done much to bring them to life. Cyborgs are proliferating in numerous sites of contemporary culture and as they do they are redefining many of the most basic concepts of human existence. Advances in medical cyborg research are completely changing the meaning of death and life, for example. Working doctors and medical technologist no longer speak of death plain and simple. Patients are"single-dead," "double-dead," or "triple-dead" depending on if, or how, their organs can be harvested for transplantation (Hogle 1995). When humans venture into the depths of the ocean, the deeps of space, or the nether world of cyberspace, they go only as cyborgs. Cyborg systems are central to current military thinking (Levidow and Robins, 1989) and to contemporary manufacturing. Scholars now even talk of Cyborg Anthropology as a subfield of anthropology dedicated to study human-machine relations (Downey, Dumit and Williams, 1995), of cyborg ideology (Hayles 1995), even of a whole discipline dedicated to studying cyborgs (cyborgology) and of a cyborg epistemology (Gray, Mentor, and Figueroa-Sarriera, 1995). Clearly, the idea of the cyborg is changing humanity and the way we think about ourselves. There are dangers in this, of course, but great opportunities as well. As Manfred Clynes and Nathan Kline noted in their 1960 article, the idea of cyborg was to help liberate what is best in humans from the slavery of machinery, whether that "machinery" is organic or machinic. If man in space, in addition to flying his vehicle, must continuously be checking on things and making adjustments merely in order to keep himself alive, he becomes a slave to the machine. The purpose of the Cyborg, as well as his own homeostatic systems, is to provide an organizational system in which such robot-like problems are taken care of automatically and unconsciously, leaving man free to explore, to create, to think, and to feel. (Clynes and Kline 1960) _____________ References Bernal, J.D., (1929) The World, The Flesh and the Devil, London: K. Paul, Trench, Trubner. Clynes, Manfred E., (1995a) "Cyborg II: Sentic Space Travel," in Gray, Mentor, and Figueroa-Sarriera, eds., The Cyborg Handbook, New York: Routledge, 1995, pp. 35-42. _____, (1995b) "Interview," in Gray, Mentor, and Figueroa-Sarriera, eds., The Cyborg Handbook, New York: Routledge, 1995, pp. 43-54. Clynes, Manfred E. and Nathan S. Kline, (1960) "Cyborgs and Space," Astronautics, September, pp. 26-27 and 74-75; reprinted in Gray, Mentor, and Figueroa-Sarriera, eds., The Cyborg Handbook, New York: Routledge, 1995, pp. 29-34. Downey, Gary Lee, Joseph Dumit, and Sarah Williams (1995) "Cyborg Anthropology," in Gray, Mentor, and Figueroa-Sarriera, eds., The Cyborg Handbook, New York: Routledge, 1995, pp. 341-345. Gray, Chris Hables, Heidi J. Figueroa-Sarriera and Steven Mentor, eds., (1995) "Cyborgology: Constructing the Knowledge of Cybernetic Organisms" in The Cyborg Handbook, New York: Routledge, pp. 1-15. Haraway, Donna (1989) "A Cyborg Manifesto: Science, Technology, and Socialist Feminism in the 1980s," in Simians, Cyborgs and Women, New York: Routledge. Hayles, N. Katherine, (1995) "Engineering Cyborg Ideology," American Book Review, vol. 17, no. 2, Dec./Jan., pp. 3, 9. Hogle, Linda F. (1995) "Tales From the Cryptic: Technology Meets Organism in the Living Cadaver" in Gray, Mentor, and Figueroa-Sarriera, eds., The Cyborg Handbook, New York: Routledge, 1995, pp. 203-217. Levidow, Les and Kevin Robins, eds, (1989) Cyborg Worlds: The Military Information Society, New York: Columbia University Press. Donna HARAWAY, Cyborg Manifesto, Exils Editeur, 2007, 333 pp. Présentation de l’éditeur ” La fin du XXe siècle, notre époque, ce temps mythique, est arrivé et nous ne sommes que chimères, hybrides de machines et d’organismes théorisés puis fabriqués ; en bref, des cyborgs. Le cyborg est notre ontologie ; il définit notre politique.... Lire la suite » Donna Haraway, "A Cyborg Manifesto: Science, Technology, and Socialist-Feminism in the Late Twentieth Century," in Simians, Cyborgs and Women: The Reinvention of Nature (New York; Routledge, 1991), pp.149-181. AN IRONIC DREAM OF A COMMON LANGUAGE FOR WOMEN IN THE INTEGRATED CIRCUIT This chapter is an effort to build an ironic political myth faithful to feminism, socialism, and materialism. Perhaps more faithful as blasphemy is faithful, than as reverent worship and identification. Blasphemy has always seemed to require taking things very seriously. I know no better stance to adopt from within the secular-religious, evangelical traditions of United States politics, including the politics of socialist feminism. Blasphemy protects one from the moral majority within, while still insisting on the need for community. Blasphemy is not apostasy. Irony is about contradictions that do not resolve into larger wholes, even dialectically, about the tension of holding incompatible things together because both or all are necessary and true. Irony is about humour and serious play. It is also a rhetorical strategy and a political method, one I would like to see more honoured within socialist-feminism. At the centre of my ironic faith, my blasphemy, is the image of the cyborg. A cyborg is a cybernetic organism, a hybrid of machine and organism, a creature of social reality as well as a creature of fiction. Social reality is lived social relations, our most important political construction, a world-changing fiction. The international women's movements have constructed 'women's experience', as well as uncovered or discovered this crucial collective object. This experience is a fiction and fact of the most crucial, political kind. Liberation rests on the construction of the consciousness, the imaginative apprehension, of oppression, and so of possibility. The cyborg is a matter of fiction and lived experience that changes what counts as women's experience in the late twentieth century. This is a struggle over life and death, but the boundary between science fiction and social reality is an optical illusion. Contemporary science fiction is full of cyborgs - creatures simultaneously animal and machine, who populate worlds ambiguously natural and crafted. 150 Modern medicine is also full of cyborgs, of couplings between organism and machine, each conceived as coded devices, in an intimacy and with a power that was not generated in the history of sexuality. Cyborg 'sex' restores some of the lovely replicative baroque of ferns and invertebrates (such nice organic prophylactics against heterosexism). Cyborg replication is uncoupled from organic reproduction. Modern production seems like a dream of cyborg colonization work, a dream that makes the nightmare of Taylorism seem idyllic. And modern war is a cyborg orgy, coded by C3I, command-control-communication-intelligence, an $84 billion item in 1984'sUS defence budget. I am making an argument for the cyborg as a fiction mapping our social and bodily reality and as an imaginative resource suggesting some very fruitful couplings. Michael Foucault's biopolitics is a flaccid premonition of cyborg politics, a very open field. By the late twentieth century, our time, a mythic time, we are all chimeras, theorized and fabricated hybrids of machine and organism; in short, we are cyborgs. Ths cyborg is our ontology; it gives us our politics. The cyborg is a condensed image of both imagination and material reality, the two joined centres structuring any possibility of historical transformation. In the traditions of 'Western' science and politics--the tradition of racist, male-dominant capitalism; the tradition of progress; the tradition of the appropriation of nature as resource for the productions of culture; the tradition of reproduction of the self from the reflections of the other - the relation between organism and machine has been a border war. The stakes in the border war have been the territories of production, reproduction, and imagination. This chapter is an argument for pleasure in the confusion of boundaries and for responsibility in their construction. It is also an effort to contribute to socialist-feminist culture and theory in a postmodernist, non-naturalist mode and in the utopian tradition of imagining a world without gender, which is perhaps a world without genesis, but maybe also a world without end. The cyborg incarnation is outside salvation history. Nor does it mark time on an oedipal calendar, attempting to heal the terrible cleavages of gender in an oral symbiotic utopia or post-oedipal apocalypse. As Zoe Sofoulis argues in her unpublished manuscript on Jacques Lacan, Melanie Klein, and nuclear culture, Lacklein, the most terrible and perhaps the most promising monsters in cyborg worlds are embodied in non-oedipal narratives with a different logic of repression, which we need to understand for our survival. The cyborg is a creature in a post-gender world; it has no truck with bisexuality, pre-oedipal symbiosis, unalienated labour, or other seductions to organic wholeness through a final appropriation of all the powers of the parts into a higher unity. In a sense, the cyborg has no origin story in the Western sense - a 'final' irony since the cyborg is also the awful apocalyptic telos of the 151 'West's' escalating dominations of abstract individuation, an ultimate self untied at last from all dependency, a man in space. An origin story in the 'Western', humanist sense depends on the myth of original unity, fullness, bliss and terror, represented by the phallic mother from whom all humans must separate, the task of individual development and of history, the twin potent myths inscribed most powerfully for us in psychoanalysis and Marxism. Hilary Klein has argued that both Marxism and psychoanalysis, in their concepts of labour and of individuation and gender formation, depend on the plot of original unity out of which difference must be produced and enlisted in a drama of escalating domination of woman/nature. The cyborg skips the step of original unity, of identification with nature in the Western sense. This is its illegitimate promise that might lead to subversion of its teleology as star wars. The cyborg is resolutely committed to partiality, irony, intimacy, and perversity. It is oppositional, utopian, and completely without innocence. No longer structured by the polarity of public and private, the cyborg defines a technological polls based partly on a revolution of social relations in the oikos, the household. Nature and culture are reworked; the one can no longer be the resource for appropriation or incorporation by the other. The rela-tionships for forming wholes from parts, including those of polarity and hierarchical domination, are at issue in the cyborg world. Unlike the hopes of Frankenstein's monster, the cyborg does not expect its father to save it through a restoration of the garden; that is, through the fabrication of a heterosexual mate, through its completion in a finished whole, a city and cosmos. The eyborg does not dream of community on the model of the organic family, this time without the oedipal project. The cyborg would not recognize the Garden of Eden; it is not made of mud and cannot dream of returning to dust. Perhaps that is why I want to see if eyborgs can subvert the apocalypse of returning to nuclear dust in the manic compulsion to name the Enemy. Cyborgs are not reverent; they do not re-member the cosmos. They are wary of holism, but needy for connection- they seem to have a natural feel for united front politics, but without the vanguard party. The main trouble with cyborgs, of course, is that they are the illegitimate offspring of militarism and patriarchal capitalism, not to mention state socialism. But illegitimate offspring are often exceedingly unfaithful to their origins. Their fathers, after all, are inessential. I will return to the science fiction of cyborgs at the end of this chapter, but now I want to signal three crucial boundary breakdowns that make the following political-fictional (political-scientific) analysis possible. By the late twentieth century in United States scientific culture, the boundary between human and animal is thoroughly breached. The last beachheads of uniqueness have been polluted if not turned into amusement parks--language tool 152 use, social behaviour, mental events, nothing really convincingly settles the separation of human and animal. And many people no longer feel the need for such a separation; indeed, many branches of feminist culture affirm the pleasure of connection of human and other living creatures. Movements for animal rights are not irrational denials of human uniqueness; they are a clear-sighted recognition of connection across the discredited breach of nature and culture. Biology and evolutionary theory over the last two centuries have simultaneously produced modern organisms as objects of knowledge and reduced the line between humans and animals to a faint trace re-etched in ideological struggle or professional disputes between life and social science. Within this framework, teaching modern Christian creationism should be fought as a form of child abuse. Biological-determinist ideology is only one position opened up in scientific culture for arguing the meanings of human animality. There is much room for radical political people to contest the meanings of the breached boundary.2 The cyborg appears in myth precisely where the boundary between human and animal is transgressed. Far from signalling a walling off of people from other living beings, cyborgs signal distrurbingly and pleasurably tight coupling. Bestiality has a new status in this cycle of marriage exchange. The second leaky distinction is between animal-human (organism) and machine. Pre-cybernetic machines could be haunted; there was always the spectre of the ghost in the machine. This dualism structured the dialogue between materialism and idealism that was settled by a dialectical progeny, called spirit or history, according to taste. But basically machines were not self-moving, self-designing, autonomous. They could not achieve man's dream, only mock it. They were not man, an author to himself, but only a caricature of that masculinist reproductive dream. To think they were otherwise was paranoid. Now we are not so sure. Late twentieth-century machines have made thoroughly ambiguous the difference between natural and art)ficial, mind and body, self-developing and externally designed, and many other distinctions that used to apply to organisms and machines. Our machines are disturbingly lively, and we ourselves frighteningly inert. Technological determination is only one ideological space opened up by the reconceptions of machine and organism as coded texts through which we engage in the play of writing and reading the world.3 'Textualization' of everything in poststructuralist, postmodernist theory has been damned by Marxists and socialist feminists for its utopian disregard for the lived relations of domination that ground the 'play' of arbitrary reading.4 It is certainly true that postmodernist strategies, like my cyborg myth, subvert myriad organic wholes (for example, the poem, the primitive culture, the biological organism). In short, the certainty of what counts as nature -- a 153 source of insight and promise of innocence -- is undermined, probably fatally. The transcendent authorization of interpretation is lost, and with it the ontology grounding 'Western' epistemology. But the alternative is not cynicism or faithlessness, that is, some version of abstract existence, like the accounts of technological determinism destroying 'man' by the 'machine' or 'meaningful political action' by the 'text'. Who cyborgs will be is a radical question; the answers are a matter of survival. Both chimpanzees and artefacts have politics, so why shouldn't we (de Waal, 1982; Winner, 1980)? The third distinction is a subset of the second: the boundary between physical and non-physical is very imprecise for us. Pop physics books on the consequences of quantum theory and the indeterminacy principle are a kind of popular scientific equivalent to Harlequin romances* as a marker of radical change in American white heterosexuality: they get it wrong, but they are on the right subject. Modern machines are quintessentially microelectronic devices: they are everywhere and they are invisible. Modern machinery is an irreverent upstart god, mocking the Father's ubiquity and spirituality. The silicon chip is a surface for writing; it is etched in molecular scales disturbed only by atomic noise, the ultimate interference for nuclear scores. Writing, power, and technology are old partners in Western stories of the origin of civilization, but miniaturization has changed our experience of mechanism. Miniaturization has turned out to be about power; small is not so much beautiful as pre-eminently dangerous, as in cruise missiles. Contrast the TV sets of the 1950s or the news cameras of the 1970s with the TV wrist bands or hand-sized video cameras now advertised. Our best machines are made of sunshine; they are all light and clean because they are nothing but signals, electromagnetic waves, a section of a spectrum, and these machines are eminently portable, mobile -- a matter of immense human pain in Detroit and Singapore. People are nowhere near so fluid, being both material and opaque. Cyborgs are ether, quintessence. The ubiquity and invisibility of cyborgs is precisely why these sunshine-belt machines are so deadly. They are as hard to see politically as materially. They are about consciousness - or its simulation.5 They are floating signIfiers moving in pickup trucks across Europe, blocked more effectively by the witch-weavings of the displaced and so unnatural Greenham women, who read the cyborg webs of power so very well, than by the militant labour of older masculinist politics, whose natural constituency needs defence jobs. Ultimately the 'hardest' science is about the realm of greatest boundary confusion, the realm of pure number, pure spirit, C3I, cryptography, and the preservation of potent secrets. The new machines are so clean and light. Their engineers are sun-worshippers mediating a new scientific revolution *The US equivalent of Mills & Boon. 154 associated with the night dream of post-industrial society. The diseases evoked by these clean machines are 'no more' than the minuscule coding changes of an antigen in the immune system, 'no more' than the experience of stress. The nimble fingers of 'Oriental' women, the old fascination of little Anglo-Saxon Victorian girls with doll's houses, women's enforced attention to the small take on quite new dimensions in this world. There might be a cyborg Alice taking account of these new dimensions. Ironically, it might be the unnatural cyborg women making chips in Asia and spiral dancing in Santa Rita jail* whose constructed unities will guide effective oppositional strategies. So my cyborg myth is about transgressed boundaries, potent fusions, and dangerous possibilities which progressive people might explore as one part of needed political work. One of my premises is that most American socialists and feminists see deepened dualisms of mind and body, animal and machine, idealism and materialism in the social practices, symbolic formula-tions, and physical artefacts associated with 'high technology' and scientific culture. From One-DimensionalMan (Marcuse, 1964) to The Death of Nature (Merchant, 1980), the analytic resources developed by progressives have insisted on the necessary domination of technics and recalled us to an imagined organic body to integrate our resistance. Another of my premises is that the need for unity of people trying to resist world-wide intensification of domination has never been more acute. But a slightly perverse shift of perspective might better enable us to contest for meanings, as well as for other forms of power and pleasure in technologically mediated societies. From one perspective, a cyborg world is about the final imposition of a grid of control on the planet, about the final abstraction embodied in a Star Wars apocalypse waged in the name of defence, about the final appropriation of women's bodies in a masculinist orgy of war (Sofia, 1984). From another perspective, a cyborg world might be about lived social and bodily realities in which people are not afraid of their joint kinship with animals and machines, not afraid of permanently partial identities and contradictory standpoints. The political struggle is to see from both perspectives at once because each reveals both dominations and possibilities unimaginable from the other vantage point. Single vision produces worse illusions than double vision or many-headed monsters. Cyborg unities are monstrous and illegitimate; in our present political circumstances, we could hardly hope for more potent myths for resistance and recoupling. I like to imagine LAG, the Livermore Action Group, as a kind of cyborg society, dedicated to realistically converting the laboratories that most fiercely embody and spew out the tools * A practice at once both spiritual and political that linked guards and arrested anti-nuclear demonstrators in the Alameda County jail in California in the early 1985. 155 Of technological apocalypse, and committed to building a political form that acutally manages to hold together witches, engineers, elders, perverts, Christians, mothers, and Leninists long enough to disarm the state. Fission Impossible is the name of the affinity group in my town.(Affinity: related not by blood but by choice, the appeal of one chemical nuclear group for another, avidiy.)6 FRACTURED IDENTITIES It has become difficult to name one's feminism by a single adjective -- or even to insist in every circumstance upon the noun. Consciousness of exclusion through naming is acute. Identities seem contradictory, partial, and strategic. With the hard-won recognition of their social and historical constitution, gender, race, and class cannot provide the basis for belief in 'essential' unity. There is nothing about teeing 'female' that naturally binds women. There is not even such a state as 'being' female, itself a highly complex category constructed in contested sexual scientific discourses and other social practices. Gender, race, or class consciousness is an achievement forced on us by the terrible historica experience of the contradictory social realities of patriarchy, colonialism, and capitalism. And who counts as 'us' in my own rhetoric? Which identities are available to ground such a potent political myth called 'us', and what could motivate enlistment in this collectivity? Painful fragmentation among feminists (not to mention among women) along every possible fault line has made the concept of woman elusive, an excuse for the matrix of women's dominations of each other. For me - and for many who share a similar historical location in white, professional middle-class, female, radical, North American, mid-adult bodies - the sources of a crisis in political identity are legion. The recent history for much of the US left and US feminism has been a response to this kind of crisis by endless splitting and searches for a new essential unity. But there has also been a growing recognition of another response through coalition - affinity, not identity.7 Chela Sandoval (n.d., 1984), from a consideration of specific historical moments in the formation of the new political voice called women of colour, has theorized a hopeful model of political identity called 'oppositional consciousness', born of the skills for reading webs of power by those refused stable membership in the social categories of race, sex, or class. 'Women of color', a name contested at its origins by those whom it would incorporate, as well as a historical consciousness marking systematic breakdown of all the signs of Man in 'Western' traditions, constructs a kind of postmodernist identity out of otherness, difference, and specificity. This postmodernist identity is fully political, whatever might be said abut other possible postmodernisms. Sandoval's oppositional consciousness is about contradic156 tory locations and heterochronic calendars, not about relativisms and pluralisms. Sandoval emphasizes the lack of any essential criterion for identifying who is a woman of colour. She notes that the definition of the group has been by conscious appropriation of negation. For example, a Chicana or US black woman has not been able to speak as a woman or as a black person or as a Chicano. Thus, she was at the bottom of a cascade of negative identities, left out of even the privileged oppressed authorial categories called 'women and blacks', who claimed to make the important revolutions. The category 'woman' negated all non-white women; 'black' negated all non-black people, as well as all black women. But there was also no 'she', no singularity, but a sea of differences among US women who have affirmed their historical identity as US women of colour. This identity marks out a self-consciously constructed space that cannot affirm the capacity to act on the basis of natural identification, but only on the basis of conscious coalition, of affinity, of political kinship.8 Unlike the 'woman' of some streams of the white women's movement in the United States, there is no naturalization of the matrix, or at least this is what Sandoval argues is uniquely available through the power of oppositional consciousness. Sandoval's argument has to be seen as one potent formulation for feminists out of the world-wide development of anti-colonialist discourse; that is to say, discourse dissolving the 'West' and its highest product - the one who is not animal, barbarian, or woman; man, that is, the author of a cosmos called history. As orientalism is deconstructed politically and semiotically, the identities of the occident destabilize, including those of feminists.9 Sandoval argues that 'women of colour' have a chance to build an effective unity that does not replicate the imperializing, totalizing revolutionary subjects of previous Marxisms and feminisms which had not faced the consequences of the disorderly polyphony emerging from decolonization. Katie King has emphasized the limits of identification and the political/ poetic mechanics of identification built into reading 'the poem', that generative core of cultural feminism. King criticizes the persistent tendency among contemporary feminists from different 'moments' or 'conversations' in feminist practice to taxonomize the women's movement to make one's own political tendencies appear to be the telos of the whole. These taxonomies tend to remake feminist history so that it appears to be an ideological struggle among coherent types persisting over time, especially those typical units called radical, liberal, and socialist-feminism. Literally, all other feminisms are either incorporated or marginalized, usually by building an explicit ontology and epistemology.10 Taxonomies of feminism produce epistemologies to police deviation from official women's experience. And of course, 'women's culture', like women of colour, is consciously created by 157 mechanisms inducing affinity. The rituals of poetry, music, and certain forms of academic practice have been pre-eminent. The politics of race and culture in the US women's movements are intimately interwoven. The common achievement of King and Sandoval is learning how to craft a poetic/political unity without relying on a logic of appropriation, incorpora-tion, and taxonomic identification. The theoretical and practical struggle against unity-through-domination or unity-through-incorporation ironically not only undermines the justifica-tions for patriarchy, colonialism, humanism, positivism, essentialism, scient-ism, and other unlamented -isms, but all claims for an organic or natural standpoint. I think that radical and socialist/Marxist-feminisms have also undermined their/our own epistemological strategies and that this is a crucially valuable step in imagining possible unities. It remains to be seen whether all 'epistemologies' as Western political people have known them fail us in the task to build effective affinities. It is important to note that the effort to construct revolutionary stand-points, epistemologies as achievements of people committed to changing the world, has been part of the process showing the limits of identification. The acid tools of postmodernist theory and the constructive tools of ontological discourse about revolutionary subjects might be seen as ironic allies in dissolving Western selves in the interests of survival. We are excruciatingly conscious of what it means to have a historically constituted body. But with the loss of innocence in our origin, there is no expulsion from the Garden either. Our politics lose the indulgence of guilt with the naivete of innocence. But what would another political myth for socialist-feminism look like? What kind of politics could embrace partial, contradictory, permanently unclosed constructions of personal and collective selves and still be faithful, effective - and, ironically, socialist-feminist? I do not know of any other time in history when there was greater need for political unity to confront effectively the dominations of 'race', 'gender', 'sexuality', and 'class'. I also do not know of any other time when the kind of unity we might help build could have been possible. None of 'us' have any longer the symbolic or material capability of dictating the shape of reality to any of'them'. Or at least 'we' cannot claim innocence from practicing such dominations. White women, including socialist feminists, discovered (that is, were forced kicking and screaming to notice) the non-innocence of the category 'woman'. That consciousness changes the geography of all previous categories; it denatures them as heat denatures a fragile protein. Cyborg feminists have to argue that 'we' do not want any more natural matrix of unity and that no construction is whole. Innocence, and the corollary insistence on victimhood as the only ground for insight, has done enough damage. But the constructed revolutionary subject must give late-twentieth158 century people pause as well. In the fraying of identities and in the reflexive strategies for constructing them, the possibility opens up for weaving something other than a shroud for the day after the apocalypse that so prophetically ends salvation history. Both Marxist/socialist-feminisms and radical feminisms have simul-taneously naturalized and denatured the category 'woman' and conscious-ness of the social lives of 'women'. Perhaps a schematic caricature can highlight both kinds of moves. Marxian socialism is rooted in an analysis of wage labour which reveals class structure. The consequence of the wage relationship is systematic alienation, as the worker is dissociated from his (sic) product. Abstraction and illusion rule in knowledge, domination rules in practice. Labour is the pre-eminently privileged category enabling the Marxist to overcome illusion and find that point of view which is necessary for changing the world. Labour is the humanizing activity that makes man; labour is an ontological category permitting the knowledge of a subject, and so the knowledge of subjugation and alienation. In faithful filiation, socialist-feminism advanced by allying itself with the basic analytic strategies of Marxism. The main achievement of both Marxist feminists and socialist feminists was to expand the category of labour to accommodate what (some) women did, even when the wage relation was subordinated to a more comprehensive view of labour under capitalist patriarchy. In particular, women's labour in the household and women's activity as mothers generally (that is, reproduction in the socialist-feminist sense), entered theory on the authority of analogy to the Marxian concept of labour. The unity of women here rests on an epistemology based on the ontological structure of'labour'. Marxist/socialist-feminism does not 'natur-alize' unity; it is a possible achievement based on a possible standpoint rooted in social relations. The essentializing move is in the ontological structure of labour or of its analogue, women's activity.11 The inheritance of Marxian humanism, with its pre-eminently Western self, is the difficulty for me. The contribution from these formulations has been the emphasis on the daily responsibility of real women to build unities, rather than to naturalize them. Catherine MacKinnon's (198Z, 1987) version of radical feminism is itself a caricature of the appropriating, incorporating, totalizing tendencies of Western theories of identity grounding action.12 It is factually and politically wrong to assimilate all of the diverse 'moments' or 'conversations' in recent women's politics named radical feminism to MacKinnon's version. But the teleological logic of her theory shows how an epistemology and ontology - including their negations - erase or police difference. Only one of the effects of MacKinnon's theory is the rewriting of the history of the polymorphous field called radical feminism. The major effect is the production of a theory 159 of experience, of women's identity, that is a kind of apocalypse for all revolutionary standpoints. That is, the totalization built into this tale of radical feminism achieves its end - the unity of women - by enforcing the experience of and testimony to radical non-being. As for the Marxist/ socialist feminist, consciousness is an achievement, not a natural fact. And MacKinnon's theory eliminates some of the difficulties built into humanist revolutionary subjects, but at the cost of radical reductionism. MacKinnon argues that feminism necessarily adopted a different analyt-ical strategy from Marxism, looking first not at the structure of class, but at the structure of sex/gender and its generative relationship, men's constitu-tion and appropriation of women sexually. Ironically, MacKinnon's 'ontology' constructs a non-subject, a non-being. Another's desire, not the self's labour, is the origin of 'woman'. She therefore develops a theory of consciousness that enforces what can count as 'women's' experience - anything that names sexual violation, indeed, sex itself as far as 'women' can be concerned. Feminist practice is the construction of this form of consciousness; that is, the self-knowledge of a self-who-is-not. Perversely, sexual appropriation in this feminism still has the epistemolo-gical status of labour; that is to say, the point from which an analysis able to contribute to changing the world must flow. But sexual object)fication, not alienation, is the consequence of the structure of sex/gender. In the realm of knowledge, the result of sexual objectification is illusion and abstraction. However, a woman is not simply alienated from her product, but in a deep sense does not exist as a subject, or even potential subject, since she owes her existence as a woman to sexual appropriation. To be constituted by another's desire is not the same thing as to be alienated in the violent separation of the labourer from his product. MacKinnon's radical theory of experience is totalizing in the extreme; it does not so much marginalize as obliterate the authority of any other women's political speech and action. It is a totalization producing what Western patriarchy itself never succeeded in doing - feminists' consciousness of the non-existence of women, except as products of men's desire. I think MacKinnon correctly argues that no Marxian version of identity can firmly ground women's unity. But in solving the problem of the contradictions of any Western revolutionary subject for feminist purposes, she develops an even more authoritarian doctrine of experience. If my complaint about socialist/Marxian standpoints is their unintended erasure of polyvocal, unassimilable, radical difference made visible in anti-colonial discourse and practice, MacKinnon's intentional erasure of all difference through the device of the 'essential' non-existence of women is not reassuring. In my taxonomy, which like any other taxonomy is a re-inscription of history, radical feminism can accommodate all the activities of women named by socialist feminists as forms of labour only if the activity can somehow be sexualized. Reproduction had different tones of meanings for the two tendencies, one rooted in labour, one in sex, both calling the consequences of domination and ignorance of social and personal reality 'false consciousness'. Beyond either the diff~culties or the contributions in the argument of any one author, neither Marxist nor radical feminist points of view have tended to embrace the status of a partial explanation; both were regularly constituted as totalities. Western explanation has demanded as much; how else could the 'Western' author incorporate its others? Each tried to annex other forms of domination by expanding its basic categories through analogy, simple listing, or addition. Embarrassed silence about race among white radical and socialist feminists was one major, devastating political consequence. History and polyvocality disappear into political taxonomies that try to establish genealogies. There was no structural room for race (or for much else) in theory claiming to reveal the construction of the category woman and social group women as a unified or totalizable whole. The structure of my caricature looks like this: socialist feminism--structure of class // wage labour // alienation labour, by analogy reproduction, by extension sex, by addition race radical feminism - structure of gender // sexual appropriation // objectification sex, by analogy labour, by extension reproduction, by addition race In another context, the French theorist, Julia Kristeva, claimed women appeared as a historical group after the Second World War, along with groups like youth. Her dates are doubtful; but we are now accustomed to remembering that as objects of knowledge and as historical actors, 'race' did not always exist, 'class' has a historical genesis, and 'homosexuals' are quite junior. It is no accident that the symbolic system of the family of man - and so the essence of woman - breaks up at the same moment that networks of connection among people on the planet are unprecedentedly multiple, pregnant, and complex. 'Advanced capitalism' is inadequate to convey the structure of this historical moment. In the 'Western' sense, the end of man is at stake. It is no accident that woman disintegrates into women in our time. Perhaps socialist feminists were not substantially guilty of producing essentialist theory that suppressed women's particularity and contradictory interests. I think we have been, at least through unreflective participation in the logics, languages, and practices of white humanism and through searching for a single ground of domination to secure our revolutionary voice. Now we have less excuse. But in the consciousness of our failures, we 161 risk lapsing into boundless difference and giving up on the confusing task of making partial, real connection. Some differences are playful; some are poles of world historical systems of domination. 'Epistemology' is about knowing the difference. THE INFORMATICS OF DOMINATION In this attempt at an epistemological and political position, I would like to sketch a picture of possible unity, a picture indebted to socialist and feminist principles of design. The frame for my sketch is set by the extent and importance of rearrangements in world-wide social relations tied to science and technology. I argue for a politics rooted in claims about fundamental changes in the nature of class, race, and gender in an emerging system of world order analogous in its novelty and scope to that created by industrial capitalism; we are living through a movement from an organic, industrial society to a polymorphous, information system--from all work to all play, a deadly game. Simultaneously material and ideological, the dichotomies may be expressed in the following chart of transitions from the comfortable old hierarchical dominations to the scary new networks I have called the informatics of domination: 12/06/2011 Par Johann Chateau-Canguilhem J. G. BALLARD, La foire aux atrocités, Tristram, 2003, 219 pp. Présentation de l’éditeur : De William Burroughs à Jean-Jacques Schuhl, de Joy Division à David Cronenberg, nombreux sont les lecteurs pour qui La Foire aux atrocités a été une révélation. Commencé à la fin des années 60, complété et achevé dans les années... Lire la suite » La Foire aux Atrocités de J.G. BALLARD [The Atrocity Exhibition, 1970] ED. TRISTAM - aussi traduit sous le titre La foire aux atrocités ED. CHAMPS LIBRE Par Daylon Le mieux est de commencer par cette paraphrase de la quatrième de couverture : "Commencé à la fin des années 60, complété et achevé dans les années 90, ce roman-laboratoire traverse tous les livres de l’auteur de "Crash !", "Empire du Soleil", "La Bonté des Femmes" et "Super-Cannes" - et les contient tous." Roman-laboratoire ? Sans en douter une seule seconde. Le recueil contient les textes suivants : • "L’université de la mort" • "L’arme de l’assassinat" • "Vous : coma : Marilyn Monroe" • "Notes servant d’introduction à une dépression nerveuse" • "Le grand nu américain" • "Les cannibales de l’été" • "Tolérances du visage humain" • "Vous, moi et le continuum" • "Plan pour l’assassinat de Jacqueline Kennedy" • "Amour et napalm : export USA" • "Crash !" • "Les générations de l’Amérique" • "Pourquoi j’ai envie d’enculer Ronald Reagan" • "L’assassinat de John Fitzgerald Kennedy" Voici une chronique qui arrive un peu en retard [la re-parution date de juillet dernier, quand même] mais après une diffusion presque confidentielle, la nouvelle se répand : "La Foire Aux Atrocités" aurait été localisée en France. Alors, quid de ce BALLARD ? Autant vous prévenir tout de suite : C’est une écriture carrément expérimentale qui marque "La Foire Aux Atrocités", une succession de paragraphes aux liens ténus placés sous le signe d’une icône ou d’une métaphore. De personnages en personnages, de malades en malades, tout semble normal et on sent pourtant la névrose ramper dans l’esprit des narrateurs. Parfois même nous passons du coté des médecins. On pourrait même rapprocher le personnage du docteur Nathan du fameux personnage de Benway du "Festin Nu" de W. BURROUGHS [les points communs entre ces deux oeuvres pullulent]. Mais, paradoxalement, ce n’est qu’une fois le livre refermé [quand bien même vous ne l’auriez achevé] qu’une trame se dessine. Vague, lointaine, mais bel et bien présente. Des pièces de ces improbables puzzles s’assemblent en un nouvel ensemble. On ne peux jurer savoir, et pourtant... Sur ce point [attention, c’est très subjectif], "La Foire Aux Atrocités" est beaucoup plus abordable qu’un roman comme "Le Festin Nu", qui déstabilisera le lecteur [préparé ou non] jusqu’au dégoût [pour certains]. Ici, point de LSD. La drogue EST la culture. Une installation hallucinante d’icônes pop et trash des sixties. Accidents de voitures, image de stars, films de guerre, vidéos de meurtre présidentiel... Tout s’assemble, forme les parcelles d’un univers parcouru par des psychotiques, nos propres reflets. Bref, un livre dont il faut laisser littéralement couler la lecture, ne pas s’arrêter sur les détails qui ne collent pas, ne pas chercher à s’offusquer des changements à la fois spatiaux et temporels. Ce serait nager à contre courant d’un torrent déchaîné. On glisse sur une oeuvre expérimentale, compilation obscène de ce qui forme le tissu de notre époque, succession de flashs improbables. Violent, paroxysme d’une pornographie conceptuelle et mécanique, "La Foire Aux Atrocités" ne laisse pas indemne. Mention spéciale à l’éditeur, qui nous propose un produit de très grande qualité et d’une finesse remarquable. Préfacé par BURROUGHS [tiens donc ?], augmenté d’une postface ainsi que d’appendices, cette édition se révèle riche et forme un tout cohérent, justifié. Chaque fin chapitre est annotée par l’auteur, paragraphe par paragraphe [en général]. On retrouve donc pêle-mêle anecdotes, références, clins d’oeil, explications... Peut-être ce qui manquait auFestin Nu pour être pleinement apprécié. Loin d’être rébarbatives, ces parties rendent le livre passionnant. Rien ne trahit l’oeuvre. Tristram est donc un éditeur qui gagnerait à être [re]connu. Anticipation acide et traumatisante du futur Crash ! du même auteur, La Foire Aux Atrocités est un classique à découvrir Présentation de l'œuvre[modifier] Une édition actualisée du livre a été publiée en 1990, enrichie d'une préface de William Burroughs, d'un fragment de fiction de Jean-Jacques Schuhl, et surtout des notes et commentaires, pour la plupart ironiques, de Ballard lui-même sur ses propres textes. Le livre a été adapté au cinéma par Jonathan Weiss en 2001. L'histoire est délibérément confuse, constituée de fragments indépendants - rédigés à partir de 1965 -, dans la lignée, dans une certaine mesure, du modèle d'écriture de William Burroughs, dont J. G. Ballard est un admirateur de longue date. Chaque chapitre est fractionné en sous-chapitres de seulement un paragraphe, constituant ainsi un puzzle de petites histoires avec un thème central particulier, que Ballard lui-même appelle des « romans condensés ». Le livre ne comporte pas de début ni de fin, et la narration ne suit aucunement les règles conventionnelles et linéaires du roman. Le personnage central change d'identité à chaque chapitre (Talbert, Traven, Travis, Talbot, etc.), comme si sa vision du monde changeait constamment avec lui. Synopsis[modifier] Le thème de l'histoire consiste en une description du paysage médiatique et culturel qui envahit et brise l'esprit de l'individu. Souffrant de maux de tête, le protagoniste, médecin déboussolé dans un hôpital psychiatrique, s'attelle à des expériences diverses basées sur la matière visuelle de la culture médiatique qui l'entoure : le suicide de Marilyn Monroe, la bombe d'Hiroshima, l'assassinat de John F. Kennedy, les encastrements de voitures de luxe - thème que Ballard développera ensuite dans Crash ! (1973). Références musicales à cette œuvre[modifier] Ce roman a inspiré certains artistes dans le monde du rock : Une chanson de Joy Division reprend le titre anglais du roman, Atrocity Exhibition, sur l'album Closer. L'album de Merzbow Great American Nude tire son nom de l'un des chapitres du roman. Par ailleurs, deux chansons de l'album Sacrifice de Gary Numan font référence au livre : Love and Napalm et A Question of Faith, qui contiennent les phrases « I'll be your exhibition of atrocity ». Enfin, le groupe de thrash metal Exodus titre son huitième album Atrocity Exhibition: Exhibit A. J.G. BALLARD Un obsédé du chaos Par Jean-Claude Dunyach et (L'Express), publié le 28/08/2003 Toute sa vie, J. G. Ballard a imaginé des mondes terribles, effrayant jusqu'à ses éditeurs. Livre maudit parmi d'autres, La Foire aux atrocités est à découvrir • • • • • Envoyer par email Imprimer Zoom moinsZoom plus 0 Voter (0) Dans la seconde moitié des sixties, le magazine anglais New Worlds, dirigé par Michael Moorcock, publia un certain nombre de textes expérimentaux qui exploraient de façon clinique les déviances du monde moderne. Ils étaient signés J. G. Ballard, auteur surtout connu du grand public pour ses romans de science-fiction catastrophe. Certains d'entre eux, aux titres explicites comme Pourquoi je veux baiser Ronald Reagan (1965) ,déclenchèrent de miniséismes dans la prude Albion. Un recueil fut publié une première fois en 1969, mais l'éditeur de l'époque,Nelson Doubleday, décida de pilonner l'ensemble du tirage avant même sa mise en vente, de peur d'être accusé de pornographie.La Foire aux atrocités est donc un livre maudit, comme le fut en son temps Gens de Dublin, le premier recueil de James Joyce. Heureusement pour le lecteur, il n'est pas que cela. "Un témoignage clinique de la fin du présent" Les textes originaux de Ballard sont des instantanés obscènes, des collages obtenus par empilement d'éléments symboliques: Marylin Monroe, la bombe d'Hiroshima, l'assassinat de Kennedy, les encastrements amoureux de voitures de luxe, les images surréalistes de Duchamp ou de Max Ernst constituent les briques de base du décor. Le personnage central - l'ombre du narrateur - s'appelle Talbot, Travis, Travers, Tallis ou toute autre combinaison sonore vide de sens. La narration est constituée de couches indépendantes, rassemblées comme des puzzles hérissés de termes médicaux. On y trouve la première mouture de ce qui deviendra plus tard Crash, avec ses juxtapositions obsessionnelles de carrosseries tordues, de corps blessés et de sexe. Sur cette première couche sont venus se greffer divers ajouts, soigneusement repris dans l'édition récente. Une préface deWilliam Burroughs, un fragment de fiction de Jean-Jacques Schuhl, et surtout les commentaires ironiques de Ballard lui-même sur ses propres textes, qui, loin de les éclairer, les prolongent et les pervertissent. On peut se contenter de lire ces notes dans le désordre, comme une autobiographie des décennies précédentes, ou bien piocher au hasard dans les images et les sections aux titres évocateurs: "Corps enchevêtrés", "Cannibalisme estival", "Paysages du rêve". La Foire aux atrocités décourage volontairement toute approche linéaire, toute tentative de lecture confortable. Il faut l'aborder comme un rapport d'autopsie entremêlé d'extraits de journaux, un témoignage clinique de la fin du présent. Trois ans dans un camp de prisonniers. La vie de Ballard est elle-même une succession de ruptures. Né en 1930, à Shanghai, de parents anglais, il vit ses sept premières années dans le luxe, jusqu'à ce que l'invasion japonaise fasse exploser sa bulle. Il passe ensuite trois ans dans un camp de prisonniers - de cette période naîtra le roman L'Empire du Soleil,dont Spielberg tirera un film - puis rejoint l'Angleterre, où il étudie la médecine avant de se lancer dans l'écriture. Son oeuvre tout entière est le reflet de sa fascination pour les décombres, les débris humains découpés et soigneusement étiquetés, les points de rupture. Dans le vaste cimetière de la littérature conceptuelle, La Foire aux atrocités occupe une place à part, comme une voiture accidentée que sa célébrité même mettrait à l'abri des récupérateurs. Vu à travers le prisme de cette chronique annonciatrice des trente dernières années du millénaire, l'accident de lady Di n'est qu'une forme particulièrement perverse d'accouplement et l'effondrement des tours jumelles du 11 septembre, l'écho de l'assassinat de Kennedy. Ballard a été le premier à décrire l'incarnation dans notre quotidien des archétypes les plus extrêmes de la modernité. Depuis, nous vivons dans un monde qui ressemble de plus en plus à une fiction dont il serait l'auteur. D'ailleurs, les derniers romans qu'il a publiés sont considérés comme de la littérature générale. Comme il le disait lui-même dans une interview restée célèbre: les choses ne changent pas, elles rouillent. Mathieu TRICLOT, Philosophie des jeux vidéo, Zones, 2011, 248 pp. Présentation de l’éditeur : Vous êtes face à un jeu vidéo. Vous pressez les bonnes touches, vous déplacez la souris, vous appuyez en cadence sur les boutons du pad. Qu’est-ce qui se produit alors ? Quel est cet état si particulier, à la limite... Lire la suite » Michel FOUCAULT, Le Corps utopique, Les Hétérotopies, Présentation de Daniel DEFERT, Fécamp: Éditions Lignes (coll. Belles Lettres), 2009, 64 p. Présentation de l’éditeur: Un autre ton de Foucault. Un autre Foucault. Plus près de l’aveu de soi. Plus près de la littérature. Deux conférences de 1966 : totalement inédite pour l’une (Le Corps Utopique) ; inédite sous cette forme pour... Michel Foucault LE CORPS UTOPIQUE - LES HÉTÉROTOPIES Présentation de Daniel Defert Un autre ton de Foucault. Un autre Foucault. Plus près de l’aveu de soi. Plus près de la littérature. Deux conférences de 1966 : totalement inédite pour l’une (Le Corps Utopique) ; inédite sous cette forme pour l’autre (Les Hétérotopies). Dans le premier des deux textes réunis dans ce court volume, « Les Hétérotopies », Michel Foucault se fait l’initiateur, et peut-être le praticien d’une science nouvelle et, par définition, improbable : la science des espaces utopiques, ou, plus précisément (précision paradoxale ou aporétique), comme il le nomme lui-même, des espaces hétérotopiques (il les appelle aussi des « contre-espaces »). Cette science, il la baptise du nom en effet scientifique d’hétérotopologie. La vérité oblige cependant à préciser qu’il entend par là moins une science savante qu’une science rêveuse, moins une hétérotopie savante qu’une hétérotopie rêveuse, comme son sujet y invite en effet. S’il s’agit d’« ailleurs », d’« ailleurs »-sans lieu, comment les connaître et les enseigner sinon sur le mode du désir, de l’unique et impérieux désir d’y fuir, d’y échapper aux « ici » – aux topoï –, rudes, massifs, oppressifs. Faute d’aller jusqu’à tenter d’engager un inventaire impossiblement rigoureux de ces ailleurs sans lieu (ce serait les rabattre sur tous ceux qui n’ont que trop lieu et trop de lieux), Foucault en énumère un certain nombre. Étrange liste où l’on sent un attrait, une connivence, une convoitise, même quand certains de ceux-ci sont sombres ou mortifères : les jardins, les cimetières, les asiles, les maisons closes, les prisons, les maisons de retraite, les musées, les bibliothèques, etc. Les bateaux, enfin et peut-être surtout. Il entre un étrange enchantement dans cette énumération qui s’inspire secrètement de l’enfance : « Les civilisations sans bateaux sont comme les enfants dont les parents n’auraient pas un grand lit sur lequel on puisse jouer ; leurs rêves alors se tarissent, l’espionnage alors y remplace l’aventure, et la hideur des polices la beauté ensoleillée des corsaires ». Où la science annoncée fait un pas de côté pour aller à la rencontre de la littérature d’un Roussel ou d’un Leiris. La seconde de ces deux conférences – « Le corps utopique » – est plus surprenante encore, et pour le coup, presque intime. Qu’y a-t-il de moins utopique, demande Foucault, que le corps, que le corps qu’on a – lourd, laid, captif. Rien n’est en effet moins utopique que le corps, lieu duquel il ne nous est jamais donné de sortir, auquel l’intégralité de l’existence nous condamne. Semble-t-il. Car cette affirmation suscite son objection, que Foucault formule aussitôt : rien n’est certes moins utopique que le corps lui-même, à ceci près que nul ne l’est plus que lui aussi, que c’est de lui que sont nées et nous sont venues toutes les utopies – le corps est lui-même une autotopie en quelque sorte, par opposition aux « hétérotopies » qu’imaginait la première conférence. Le corps grandi, tatoué, maquillé, masqué forme autant de figures possibles de cette utopie inattendue et paradoxale du corps. La parure, les uniformes en sont aussi de possibles. Comme la danse (« corps dilaté selon tout un espace qui lui est intérieur et extérieur à la fois »), ou encore la possession… Mais, c’est l’érotisme, à la fin – Michel Foucault dit même « faire l’amour » – qui est le plus susceptible d’apaiser l’inapaisable désir du corps de sortir des limites qui sont les siennes. Ou des caresses comme moyen d’« utopiser » le corps. Dans sa présentation, qui vient clore ce recueil, Daniel Defert retrace l’improbable destin du concept d’"hétérotopie", entre Venise, Berlin (surtout) et Los Angeles. « Mon corps est comme la Cité du Soleil, il n'a pas de lieu, mais c'est de lui que sortent et que rayonnent tous les lieux possibles, réels ou utopiques » MORCEAU CHOISI « Et si l'on songe que le bateau, le grand bateau flottant du XIXe siècle, est un morceau d'espace flottant, un lieu sans lieu, vivant par lui-même, fermé sur soi, libre en un sens, mais livré fatalement à l'infini de la mer et qui, de port en port, de quartier à filles en quartier à filles, de bordée en bordée, va jusqu'aux colonies chercher ce qu'elles recèlent de plus précieux en ces jardins orientaux qu'on évoquait tout à l'heure, on comprend pourquoi le bateau a été pour notre civilisation - et ceci depuis le XVIe siècle au moins - à la fois le plus grand instrument économique et notre plus grande réserve d'imagination. Le navire, c'est l'hétérotopie par excellence. Les civilisations sans bateaux sont comme les enfants dont les parents n'auraient pas un grand lit sur lequel on puisse jouer; leur rêves alors se tarissent, l'espionnage y remplace l'aventure, et la hideur des polices la beauté ensoleillée des corsaires. » 1.