la puissance aérienne - Revue militaire canadienne

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la puissance aérienne - Revue militaire canadienne
LA PUISSANCE AÉRIENNE
Photo du MDN CK2004-0179-13d
Les opérations de la coalition comprennent beaucoup d’activités aériennes.
COMMENT AMÉLIORER
L’INTEROPÉRABILITÉ DU PERSONNEL
NAVIGANT DANS LE CONTEXTE DE LA
GUERRE DE COALITION : LA DIMENSION
HUMAINE DE LA PUISSANCE AÉRIENNE
par Greg Matte
Introduction
« Le commandant doit accepter le fait qu’il a à sa
disposition des ressources humaines et que tout doit
être conçu en fonction de la réalité de ces forces1. »
Malgré les résultats surprenants obtenus lors d’offensives
aériennes assez récentes, comme celles de Desert Storm, la
planification et l’exécution d’une campagne aérienne de
coalition dans un théâtre de combat moderne peuvent poser un
problème très complexe au point de vue de l’interopérabilité.
Les pays coalisés s’attendent à un minimum de pertes, à des
tirs de précision, à peu de dommages indirects et à des résultats
rapides et décisifs. Le commandant de la composante aérienne
doit tenter de répondre à ces attentes. Il doit aussi intégrer
rapidement et aisément les ressources multinationales
disparates qui sont affectées à sa composante pour en faire
une force de combat efficace.
Hiver 2005 – 2006
●
Revue militaire canadienne
Afin de tirer le maximum de la puissance aérienne,
il faut unifier la campagne dans le cadre d’un
commandement et d’un contrôle centralisés et assigner
les diverses tâches de l’opération de façon flexible
et intégrée. L’interopérabilité des participants est donc
cruciale. Il est évident qu’il faut se concentrer sur
l’interopérabilité technique, sans toutefois négliger
l’interopérabilité du personnel navigant, car la réussite
ou l’échec de la campagne aérienne dépend finalement
de la dimension humaine.
Le colonel Greg Matte, pilote de CF-18, a participé à des missions
des Nations unies et de l’Organisation du traité de l’Atlantique
Nord (OTAN). Il a récemment suivi le cours des études sur la sécurité
nationale au Collège des Forces canadiennes, à Toronto. Il est
actuellement commandant de la 4 e escadre à la base de Cold Lake.
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Photo du MDN CK2005-0270-01a prise par le caporal Bob Mellin, formation d’images de l’escadre 4
Un Hercules de l’escadre 8 de Trenton décolle pendant Maple Flag 2005.
La guerre aérienne de coalition : généralités
D
ans le contexte statique de la guerre froide, il était
possible de planifier minutieusement les opérations.
Désormais, les guerres de coalition tendent tout au
plus à mettre un peu d’ordre dans le chaos2. Paradoxalement,
à l’époque des dividendes de la paix, toutes sortes de
menaces ont pesé sur des pays qui semblaient à l’abri
du danger, et il y a eu une pléthore d’opérations au
cours desquelles on a improvisé ou dressé à la hâte des
plans de campagne. Ce changement radical dans le climat
de sécurité mondial a coïncidé avec une préférence
pour les coalitions éphémères de pays volontaires
comprenant soit un petit nombre de membres d’alliances
traditionnelles telles que l’OTAN, soit un mélange
d’alliés traditionnels et non traditionnels 3. Les opérations
Desert Shield et Desert Storm sont les exemples les
plus remarquables de l’émergence soudaine d’un
paradigme différent de celui de la guerre froide.
Bien que les guerres de coalition ne soient pas
un phénomène nouveau, deux dimensions différencient
celles d’aujourd’hui et celles d’autrefois, comme les
guerres mondiales et la guerre de Corée : la rapidité
et la complexité. La guerre moderne exige davantage
de disponibilité opérationnelle, une technologie plus
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avancée et un personnel mieux formé 4. De par leur
nature, les opérations de coalition sont fonction de la
situation, et leur composition est diverse. Comme elles
sont d’ordinaire montées rapidement pour régler une crise
inattendue sur la scène internationale, la planification ou la
préparation de la mission est minimale, ce qui n’empêche
pas les gouvernements de s’attendre à ce que les militaires
résolvent rapidement le problème. De plus, de telles
opérations font généralement intervenir un groupe disparate
de nations qui s’unissent temporairement pour servir
leurs propres intérêts et qui sont liées davantage par
une cause politique superficielle que par un engagement
militaire durable5.
Les dirigeants politiques évaluent peut-être la force
de ces coalitions en fonction du nombre et de la diversité
des participants, mais, sur le plan opérationnel, il est
impossible de faire des prévisions, en raison des
différences inévitables aux points de vue de l’équipement,
de l’instruction et des capacités. Par conséquent, la
guerre de coalition pose des problèmes temporels et
structurels qui, en se conjuguant, présentent d’énormes
difficultés à ceux qui doivent concevoir et appliquer les
solutions militaires. En fin de compte, le commandant de
la force interarmées de coalition et ses commandants
de composantes doivent pratiquer un nouveau genre d’art
Revue militaire canadienne
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Hiver 2005 – 2006
« De par leur nature,
les opérations de
coalition sont fonction
de la situation, et
leur composition
est diverse. »
De tous les commandants de
composantes, le commandant de la
composante aérienne est sans doute
celui qui, au départ, doit surmonter les
plus gros obstacles pour réussir son plan de campagne,
en raison des contraintes temporelles et des exigences
structurelles. Depuis le début de la Seconde Guerre
mondiale, l’histoire a montré à maintes reprises que
la supériorité aérienne est capitale pour les opérations
défensives et que c’est une condition essentielle au
succès des opérations offensives 6. Autrement dit, le
commandant de la composante aérienne doit parvenir
rapidement à éviter d’autres offensives ou à dominer
le champ de bataille et à mener des opérations offensives
pour que les autres composantes puissent poursuivre
leurs objectifs. Dans une campagne aérienne, le temps
n’est donc pas un luxe mais un impératif qui a une
incidence considérable sur la planification, la préparation et
l’exécution de l’opération, selon l’urgence de la crise.
De plus, pour le commandant de la composante
aérienne, l’espace aérien est indivisible et se gère mieux
si le commandement et le contrôle sont centralisés. Cette
méthode, qui a fait ses preuves, maximise la capacité de
réaction, la mobilité et la polyvalence des aéronefs et
permet de mieux surveiller et défendre tout l’espace aérien7.
Dans un système centralisé, il faut intégrer les forces
disparates afin qu’elles constituent une ressource pour la
campagne aérienne. L’interopérabilité est le facteur décisif
pour déterminer jusqu’à quel point l’intégration est réalisable.
L’interopérabilité : une arme à double tranchant
S
ous sa forme la plus simple, la puissance aérienne
repose sur une triade : la structure, la technologie
et le personnel. Vu l’intégration et la centralisation du commandement et du contrôle, les dimensions technologiques et
humaines de l’interopérabilité jouent un rôle fondamental
pour la puissance aérienne. Comme les opérations aériennes
sont la raison d’être de l’armée de l’air et comme il faut
des aéronefs pour les mener, il n’est pas surprenant que
les questions d’interopérabilité soient axées sur la technologie. Seulement, quel devrait être le poids de la dimension
technologique par rapport à la dimension humaine?
D’un point de vue stratégique, la supériorité aérienne
devrait être le premier objectif du commandant de la force
interarmées, ce qui, relativement parlant, donne moins
de temps au commandant de la composante aérienne qu’aux
commandants des deux autres composantes pour régler
les questions d’interopérabilité technologique. Ensuite,
vu le nombre d’aéronefs, de vaisseaux et de formations
de l’armée de terre (au moins de la taille d’un bataillon)
participant à une campagne, les forces aériennes sont plus
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susceptibles d’avoir des problèmes
d’interopérabilité. Enfin, il faut tenir
compte d’un déséquilibre en matière
d’expérience. Alors que des officiers
supérieurs ayant de nombreuses années
d’expérience commandent des navires et
des bataillons, la plupart des membres
du personnel navigant sont relativement
subalternes.
Que signifie cette brève analyse pour le commandement? Elle montre tout simplement que, sur le plan du
personnel, le succès de la campagne dépend beaucoup
plus du personnel navigant. De toutes les personnes clés
qui exécutent les missions tactiques assignées à chaque
élément, les membres du personnel navigant sont ceux
qui ont le moins d’expérience professionnelle. Pourtant, en
comparaison avec les responsables des opérations sur terre
et en mer, ils font face aux problèmes d’interopérabilité
technologique les plus complexes et risquent le plus
d’échouer, étant donné la fréquence de leurs sorties et leurs
engagements ultérieurs.
Pour revenir à la question de la puissance aérienne,
il est clair qu’il faut tenir compte de la dimension technique,
mais que les résultats obtenus au moyen de la technologie
dépendent très largement des équipages. Si l’on veut
maximiser l’interopérabilité, il faut donc se pencher
davantage sur le mode d’interaction des équipages et sur les
circonstances dans lesquelles ils travaillent en équipe.
L’interopérabilité du personnel navigant,
un élément crucial
S
ur le plan tactique, l’intégration de ressources à un
commandement et un contrôle centralisés se prête bien à
la formation d’équipes temporaires, puisque les unités
reçoivent tous les jours des ordres de mission et répartissent
ensuite les tâches parmi les équipages, en fonction de leur
processus de coordination des horaires. Cette méthode crée
une forte interopérabilité, car il y a peu de chances que les
mêmes équipages fassent de nouveau équipe dans les mêmes
circonstances, surtout au début d’une campagne où la
situation exige des interventions soutenues.
Le personnel des opérations affecte des unités aux
missions en fonction des exigences de celles-ci (capacités
des aéronefs et munitions utilisées) et de la disponibilité des
aéronefs. Certaines unités et certains aéronefs remplissent
des missions assez simples et peu dangereuses (par exemple,
transport entre des théâtres d’opérations en territoire ami),
mais d’autres participent à des missions complexes à
risque plus élevé, comprenant des formations d’attaque.
Ces formations, composées de nombreux aéronefs ayant
des capacités et des rôles variés, sont créées pour mener des
offensives en territoire ennemi.
Compte tenu de la nature dynamique de telles
affectations, l’interopérabilité des équipages se limite
surtout à la planification et à l’exécution des missions,
puisque l’équipe n’est formée qu’au moment de la
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opérationnel en s’attachant à aplanir
rapidement les différences nationales
afin de créer une structure viable
de commandement et de contrôle et de
disposer rapidement d’une force harmonisée pouvant régler la crise.
publication de l’ordre de mission et se
De l’intention du groupe
« L’interopérabilité doit
dissout à la fin de la mission 8.
à l’exécution coordonnée
L’interopérabilité requise dépend de la
être encore plus grande
complexité et du risque de la mission.
cCann et Pigeau, des scientifiques
lorsque les missions
Ces éléments interdépendants sont prode la défense canadienne, ont
en formation d’attaque
portionnels au nombre d’aéronefs affectés
introduit le concept d’intention du groupe,
à la formation et à la gravité du risque.
« l’intention explicite du groupe et
se déroulent la nuit ou
L’interopérabilité doit être encore plus
son intention implicite pertinente pour
dans des conditions
grande lorsque les missions en formation
l’opération », qui est fondamental pour
météorologiques
d’attaque se déroulent la nuit ou dans
déterminer ce qui nuit à l’interopérabilité
des conditions météorologiques difficiles,
des équipages au cours des opérations
difficiles ».
ce qui arrive fréquemment. Finalement,
aériennes de coalition11. Malheureusement,
il faut consolider les avantages tactiques
ils n’étudient pas l’exécution des missions,
de la synchronisation en prenant des mesures adéquates
alors que c’est là que la préparation se conjugue aux
pour éviter les collisions accidentelles ou les tirs amis.
actions pour donner des résultats 12. En d’autres termes,
l’efficacité de l’action coordonnée est inextricablement
Pour utiliser efficacement et en toute sécurité de
liée à ses résultats, pour le meilleur ou pour le pire.
telles formations d’attaque, il faut impérativement une
Mais dans quelle mesure la préparation des missions
interprétation commune et une exécution coordonnée.
permet-elle de bien comprendre l’intention du groupe?
Autrement dit, tous ceux qui participent à la mission doivent
pouvoir la préparer et l’exécuter en équipe. Pour bien
Dans la force terrestre, en raison de la décentralisation
travailler en équipe, il faut être sur la même longueur d’onde.
du commandement et du contrôle, il faut comprendre
Seulement, contrairement à ce qui se passe au cours de la
parfaitement l’intention du commandant du théâtre des
planification, on a peu de temps, en vol, pour dissiper les
opérations, car elle guide les actions des commandants de
malentendus, car les communications entre les aéronefs sont
formations. On insiste donc beaucoup sur cette compréhension,
limitées. Les méprises peuvent n’avoir aucune conséquence,
qui est la base de l’intention du groupe13. Dans la force aérienne,
mais elles peuvent causer l’échec de la mission (la cible n’est
les répercussions directes de l’intention du commandant de la
pas attaquée) et même des tragédies (tirs amis).
force interarmées sur l’interopérabilité des équipages sont
assez minimes, puisque le commandement et le contrôle de
Pour le commandant de la composante aérienne, les
la campagne sont centralisés. Bien que le commandant
échecs tactiques peuvent être acceptables s’ils sont rares et
de la force interarmées énonce officiellement et explicitement
ne portent pas à conséquence, mais, s’ils se répètent, ils
son intention, qui oriente les objectifs, les priorités et l’état
auront une incidence sur la campagne aérienne. En revanche,
final de la campagne, il fournit peu de détails.
pour le commandant de la force interarmées, les répercussions
stratégiques d’une erreur tragique, comme des dommages
Inversement, le commandant de la composante aérienne
collatéraux inacceptables (par exemple, le fait d’avoir ciblé
donne normalement une quantité énorme de directives pour
par erreur le wagon d’un train où se trouvaient des civils
la conduite de la campagne : résumé du plan d’opérations,
pendant la campagne aérienne au Kosovo), peuvent être
règles d’engagement, mesures et ordres de coordination de
immédiates et avoir des conséquences graves, telles qu’une
l’espace aérien, instructions spéciales pour des questions
baisse du soutien du public ou l’hésitation de la coalition à
particulières, etc. Comme dans le cas de l’intention du
poursuivre le plan de la campagne aérienne qui avait été
commandant de la force interarmées, les ordres du
prévu9. Bien que les accidents dus à des méprises ne soient
commandant de la composante aérienne sont de nature
pas des phénomènes nouveaux dans la guerre aérienne, les
explicite et visent à diriger les actions afin d’assurer
attentes des politiciens et du public ont énormément changé
l’application contrôlée de la force létale. Ces ordres servent
depuis l’opération Desert Storm. Sous les effets conjugués de
principalement à orienter la préparation et l’exécution des
l’aversion pour les dommages collatéraux, de la couverture
missions tactiques attribuées au moyen des ordres de mission.
médiatique en temps presque réel et de la précision
spectaculaire des munitions modernes, les attentes du public
Dans la pratique, c’est pendant la planification tactique
sont devenues irréalistes, ce qui alourdit le fardeau des
que l’intention du groupe revêt une importance fondamentale
commandants d’opérations10.
pour la réussite de la mission. Même si celui qui a été choisi
comme chef de la formation14 s’aperçoit tout de suite que
En fin de compte, sur le plan tactique, beaucoup de
certains éléments sont ambigus, des éléments plus subtils
choses dépendent des résultats des missions, et il est
peuvent nuire à la compréhension de l’intention commune et
peut-être irréaliste de s’attendre à ce que des officiers
ne pas être détectés avant que leur incidence ne se fasse sentir
relativement subalternes accomplissent leurs missions sans
en vol. Le grand achoppement, c’est la doctrine, autrement
faire d’erreur. Afin d’éviter les problèmes éventuels
dit, ce qui oriente la raison, la planification et le déroulement
et d’améliorer l’efficacité des groupes disparates qui
de la mission. La doctrine, ce sont « les convictions distillées
contribuent aux opérations, il est essentiel de savoir ce
par l’expérience [...], les pratiques codifiées sur la meilleure
qui fait obstacle à l’interopérabilité du personnel, surtout
façon d’employer [...] la puissance aérienne15 ». Elle façonne
en ce qui concerne la compréhension et la coordination des
les tactiques et les méthodes de planification mais aussi
mesures prises en vol.
celles liées à l’exécution d’une mission. Comme McCann et
M
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Étant donné que la doctrine repose sur des convictions
et sur l’expérience, il ne faut pas sous-estimer le rôle de
l’intention implicite, c’est-à-dire le rôle de notre perception
subjective de la réalité. Les recherches ont montré à quel
point notre développement durant l’enfance façonne notre
système de croyances et à quel point ce système influence
notre perception tout au long de notre vie17. De même, le
processus de socialisation du personnel navigant au début de
la formation et au cours des premiers vols a une influence
durable sur la conception de l’application tactique de la
puissance aérienne. En raison de ces fortes influences,
l’individu peut se méprendre sur l’intention implicite des
autres équipages ou percevoir différemment les événements
qui se déroulent pendant la mission18.
On pourrait penser qu’il est plus facile de travailler avec
des alliés traditionnels dans le cadre de programmes comme
celui du leadership tactique ou de participer à des exercices
comme Maple Flag ou Red Flag, mais rien n’est moins sûr.
Bien que l’OTAN existe depuis plus de 55 ans, elle a récemment connu une expansion sans précédent : elle rassemblait
16 pays membres en 1999 et en compte 29 actuellement.
La participation des nouveaux membres à des campagnes
aériennes pourrait soulever des problèmes semblables si
l’on ne s’efforce pas continuellement d’offrir de l’instruction
collective et d’appliquer une doctrine commune20.
P h o t o d u M D N C K 2 0 0 5 - 0 2 8 1 - 0 3 b p r i s e p a r l e c a p o r a l J . - F. L a u z é , f o r m a t i o n d ’ i m a g e s d e l ’ e s c a d r e 4
L’effet subtil mais nuisible des différentes perceptions
de l’intention tacite est amplifié par la faible participation
du personnel aux séances de planification du chef de la
formation et aux exposés précédant la mission; les absents
reçoivent de l’information incomplète de seconde main.
À cela s’ajoutent les problèmes que peuvent poser la
dispersion des unités dans diverses bases du théâtre
d’opérations et les modifications apportées à la dernière
minute au calendrier de vols. Comme c’est au cours de
la planification et des exposés collectifs que se précise
l’intention du groupe, quelles sont les répercussions des
malentendus ou de l’information de seconde main? Il
est difficile de quantifier ces répercussions, mais il
suffit d’imaginer qu’un pilote chargé d’une mission
d’escorte rapprochée n’attaque pas un ennemi parce qu’il
saisit mal le danger que pose cet ennemi ou qu’il ne
comprend pas parfaitement les tactiques qu’il fallait
appliquer. Les chasseurs bombardiers plus vulnérables
doivent faire face aux conséquences qu’entraîne le fait de
ne pas avoir la supériorité aérienne19.
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Pigeau l’ont clairement montré, l’intention explicite du
groupe avant la mission dépend largement de son intention
tacite16. Les différences entre les doctrines nationales peuvent
engendrer des écarts dans la façon d’interpréter le véritable
sens du message, et il faut reconnaître que cela peut poser
des problèmes en vol.
Hans Bergstrom, pilote des forces suédoises, dans un Hercules C-130. Photo prise pendant l’exercice Maple Flag 2005 dans le polygone de tir aérien
de Cold Lake.
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Photo du MDN 2005-0244-01d prise par le corporal Bob Mellin, formation d’images de l’escadre 4
À bord d’un appareil de l’OTAN doté d’un système aéroporté de détection et de contrôle, basé à Geilenkirchen (Allemagne), pendant l’exercice Maple
Flag 2005 à Cold Lake (Alberta). Des membres des forces aériennes grecques, américaines et canadiennes regardent les écrans de leurs radars
juste avant le lancement de Maple Flag, pendant la première semaine de l’exercice.
Le véritable test de l’interopérabilité
des équipages
S’
il est impératif que le groupe exprime son
intention avant la mission, c’est dans les airs que
l’interopérabilité est mise à l’épreuve. Il faut d’abord
examiner la notion de connaissance individuelle de la
situation pour déterminer l’effet de cette connaissance sur
la façon dont le groupe perçoit la situation mouvante
dans laquelle il se trouve. Pour Randall Cunningham, l’as
du Vietnam, il s’agit d’« une prise de conscience et d’une
sensation à trois dimensions comprenant le temps, la
distance et le mouvement relatif [...]; ce n’est que si l’on est
sensible à ce qui se passe autour de soi que l’on peut agir
et prendre les bonnes décisions. » Selon Michael Spick, un
historien de la force aérienne, une bonne connaissance de
la situation est le facteur le plus important pour le succès
des opérations aériennes depuis le début de l’histoire de la
guerre aérienne21.
En se basant sur les perceptions des membres de la
formation, on peut coordonner la réaction à une menace
mouvante, qu’il s’agisse de chasseurs défendant la
supériorité aérienne contre un aéronef détecté à l’aide d’un
système de surveillance et d’alerte aéroporté ou bien
d’aéronefs d’attaque spécialisés réagissant à un missile
surface-air posant un danger aux chasseurs bombardiers
tactiques. Au cours de la préparation de la mission, le chef de
82
la formation a communiqué l’intention du groupe et a précisé
les rôles et les priorités des aéronefs. En faisant part à ses
subordonnés de sa connaissance de la situation, il facilite le
déroulement de la mission.
Les communications en vol sont vitales pour le partage
des connaissances sur une situation mouvante; il est donc
impératif que les systèmes de communication entre les
aéronefs soient interopérables. Cependant, malgré certaines
améliorations (capacités de chiffrement, de déchiffrement et
d’antibrouillage, communications par satellite, multiples
postes radio), les moyens de communication en vol
demeurent assez limités, surtout lorsque de nombreux
aéronefs utilisent une fréquence commune.
Les équipages doivent donc se montrer parfaitement
disciplinés afin que l’information capitale, qu’il s’agisse
d’ordres ou de précisions sur la situation, soit communiquée
à temps. Comme un engagement aérien peut survenir
soudainement et ne durer que quelques secondes 22, une
méprise peut rapidement donner des résultats tragiques.
Il n’est donc pas surprenant que, dans le cadre d’exercices
tels que Maple Flag et d’autres exercices avec des
membres de l’OTAN, le « besoin d’améliorer les
communications » soit un leitmotiv dans les comptes
rendus de vols, en particulier lorsque la réaction à
des menaces simulées en surface ou dans les airs a été
mal coordonnée23.
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A
Lorsque le personnel navigant travaille dans une langue
étrangère, le risque de malentendu est assez élevé, surtout
s’il n’est pas habitué aux mots brefs ou à d’autres termes
non normalisés et finalement ambigus, qui sont utilisés
pour décrire ou diriger la mission 26. En outre, il peut
arriver que les mots soient mal prononcés ou que le message
soit grammaticalement incorrect ou comporte une erreur
de traduction subtile mais importante. Ainsi, un pilote de
chasse français poursuivant un contact radar rapide parlerait
de contact de haute vitesse. En traduisant, surtout dans
une situation extrêmement stressante, il pourrait parler de
high speed ou de high fast, car fast est un des mots brefs
communément acceptés par l’OTAN. Quoi qu’il en soit,
il est probable que les autres membres de la formation
comprendraient high de différentes façons, car c’est l’un
des quatre termes courants pour désigner l’altitude27.
Une erreur de traduction apparemment aussi bénigne
pourrait tromper les membres de la formation et les amener
à diriger leur radar et leur système de recherche à vue
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Revue militaire canadienne
La dernière considération est celle de la doctrine. Outre
les « croyances » implicites associées à la doctrine nationale
ou à celle des alliés, il y a la connaissance de la doctrine.
Les capacités physiques et mentales de l’équipage
d’un aéronef très performant en formation d’attaque dans un
environnement très dangereux sont mises à très rude épreuve.
Le stress est tellement énorme que les membres de l’équipage
tendent à reprendre leurs habitudes pour répondre aux
exigences de la situation, utiliser leurs détecteurs
(radars, nacelles infrarouges d’acquisition d’objectifs, etc.)
et interagir les uns avec les autres. Ces habitudes qui
s’enracinent après de nombreuses heures d’entraînement
sont renforcées par l’expérience acquise durant l’instruction
collective ou lors d’opérations antérieures. Participer aux
missions plus exigeantes dans des milieux très dangereux
sans bien connaître les tactiques et les procédures
préconisées par la doctrine équivaut à piloter un aéronef
extrêmement rudimentaire. Cela pourrait être désastreux
aux moments critiques de la mission, où la coordination
doit être très étroite30.
83
LA PUISSANCE AÉRIENNE
Le recours à des mots brefs, tirés
dans la partie supérieure de l’espace
« Bien que l’OTAN
d’un lexique spécialisé dont les termes
aérien. Si le contact radar était ailleurs
ont un sens bien défini, permet de résoudre
(par exemple, à basse altitude), un aéronef
existe depuis plus
la plupart des problèmes lorsque ces mots
pourrait arriver suffisamment près pour
de 55 ans, elle a
sont utilisés correctement. Ces termes
être à la portée de l’artillerie, sans avoir
récemment connu
présentent l’avantage d’avoir un sens
été la cible de l’un des chasseurs. Cet
clair, même s’ils ne sont pas insérés
exemple fictif montre que la diversité
une expansion sans
dans une phrase ou accompagnés d’autres
des langues maternelles des équipages
précédent ».
mots. Malheureusement, s’ils ne sont
peut causer des méprises dans l’interpas bien compris ou s’ils sont mal
prétation collective d’une situation.
utilisés, cela peut entraîner des conséquences immédiates
Même si on remarque l’erreur, il se peut qu’on ne puisse
et imprévues jusque dans le déroulement des opérations
pas le faire savoir, étant donné l’accroissement des
interarmées au sein d’une même force 24. Dans des
communications radio dans des situations mouvantes,
situations stressantes ou complexes, on peut oublier
par exemple, lorsqu’il faut réagir à un danger dans les
d’utiliser des mots brefs ou de suivre les règles en matière
environs immédiats.
de transmissions radio.
Il y a aussi la dimension culturelle. À supposer que
L’aplanissement des différences
tous les membres des équipages parlent assez couramment
la langue qui est utilisée, les différences culturelles
u cours des opérations coalisées, les différences
pourraient-elles avoir un effet négatif sur les commude doctrine, de langue et de culture peuvent nuire
nications en vol? Les répercussions de ces différences
aux communications entre les aéronefs et donc à la
sont peut-être plus subtiles que celles des différences
mission. Le problème principal est que les moyens de
linguistiques et risquent de se manifester surtout dans
communication interpersonnelle sont très subjectifs.
le domaine de l’implicite 28. Durant une mission réelle,
Les mots utilisés et la communication non verbale, comme
ce qui a une incidence sur la perception commune de
les gestes et le ton de la voix, sont des choix personnels.
la situation mouvante, ce sont probablement les
Dans certaines cultures, comme celles des Français,
différences d’interprétation et peut-être même le fait que,
des Italiens et des Espagnols, les gestes sont un moyen
inconsciemment, on ne retient pas les éléments qu’on
de communication important, dont il faut tenir compte.
ne reconnaît pas dans le cadre de son expérience cognitive
La façon d’écouter est aussi très subjective; elle est
et de son système de croyances 29. Une interprétation
influencée par de nombreux facteurs, dont la compréhension
erronée peut avoir une incidence sur toute la formation,
du contenu et du contexte du message et l’interprétation
si celui qui a mal compris le message transmet des
des mots, du ton et du langage corporel de l’interlocuteur25.
instructions incorrectes ou des renseignements trompeurs.
Étant donné la puissante influence de la subjectivité et
Ce qui est important pour un membre de la formation
l’absence de langage corporel lors des communications
peut être jugé insignifiant ou moins important par un autre. Si
entre les aéronefs, il est extrêmement important d’utiliser
les éléments clés d’une transmission ne sont pas enregistrés
des mots brefs, bien définis, pour éviter les malentendus.
(écoute sélective involontaire), cela peut avoir des
Toutefois, le fait que les membres d’équipage ont des
conséquences dramatiques, surtout lorsque la situation est
langues maternelles différentes nuit-il à la clarté et à la
dangereuse. Cela peut mener à l’identification erronée
concision des communications?
d’un aéronef ami et à un tir fratricide.
Les limites et les solutions
D
e toute évidence, les différences
de doctrine, de langue et de
culture peuvent compromettre l’interopérabilité pendant la préparation et
l’exécution des missions. Que peut-on
faire pour limiter les éventuels effets
négatifs? Une fois les problèmes et
leurs causes détectés, il peut être très
difficile de trouver des solutions applicables, comme
l’ont récemment signalé des officiers supérieurs31. Si l’on
peut régler certains problèmes à court terme en créant
un programme de sensibilisation, la majorité des
problèmes exige des solutions à plus long terme 32. Par
conséquent, au début de la campagne, le commandant
de la composante aérienne et son personnel auront peu
d’options et des choix difficiles, mais, avec le temps,
ils devraient pouvoir améliorer l’interopérabilité des
équipages. En revanche, pour appliquer des solutions
à plus long terme, il faudrait une boule de cristal pour
prévoir avec précision quels pays sont les plus
susceptibles de s’unir pour une cause commune.
La doctrine et les communications sont les éléments
fondamentaux. La doctrine est la fondation sur laquelle on
bâtit l’intention du groupe et les aptitudes requises dans
des situations intenses. Elle est manifestement le facteur
le plus déterminant en matière d’interopérabilité des
équipages dans le cadre d’opérations aériennes interarmées,
interalliées et coalisées 33. Quant à la communication, elle
permet d’échanger, de contester et de concilier des idées
et de mener des missions coordonnées. Lorsqu’une
coalition est formée rapidement, le commandant de la
composante aérienne doit s’efforcer de détecter les
symptômes d’éventuels problèmes et, le cas échéant, traiter
les causes de ces problèmes avant que ne surviennent
des conséquences tragiques. Le présent article a tenté de
relever ce qui pourrait nuire à l’interopérabilité du personnel
navigant.
Pour améliorer la compréhension de l’intention
du groupe au cours de la préparation des missions, il
suffit de prendre les mesures nécessaires pour déterminer
si chacun saisit bien cette intention. Autrement dit, les
membres des équipages doivent avoir le plus d’occasions
possible d’interpréter l’intention tactique qui sous-tend leur
mission ainsi que d’évaluer et de concilier les diverses
interprétations. Il faudrait alors sans doute ralentir le rythme
des affectations afin que les participants aient plus de temps
pour déterminer l’intention du groupe, qui est capitale;
il faudrait aussi choisir les membres de la formation
d’attaque uniquement parmi les équipages travaillant à
proximité les uns des autres, comme ce fut le cas au début
de Desert Shield 34. De plus, en appliquant des mesures
adaptées et intelligentes, on pourrait sensibiliser assez
rapidement les équipages aux aspects culturels pouvant
avoir un effet sur les opérations. En cas de doute sur
les compétences linguistiques de certains membres de
l’équipage, on pourrait leur faire passer des tests pour
déterminer s’ils ont le minimum de connaissances requis.
84
On pourrait prendre des mesures
additionnelles dans le théâtre d’opérations
pour renforcer les éléments essentiels de
l’intention du groupe, comme l’obligation
pour tous les membres des équipages
de faire des comptes rendus après chaque
mission, l’organisation périodique de
séminaires sur les tactiques ou la mise
en circulation, à l’interne, des leçons
apprises par d’autres équipes au cours
de missions récentes. Ces mesures présenteraient l’avantage
d’approfondir la connaissance individuelle et de faciliter
la compréhension de l’intention implicite du groupe.
Les recherches montrent que le moyen fondamental de
rejeter ou de modifier ses opinions ou d’en adopter
de nouvelles, ce qui permet de mieux comprendre son
environnement, est de tester intérieurement son propre
système cognitif 35. De même, les activités de socialisation
améliorent la compréhension de l’intention implicite 36.
L’application de ces mesures exigerait le ralentissement
du rythme des opérations pour que l’on puisse consacrer du
temps aux comptes rendus et aux séminaires, mais il
s’agirait d’un excellent investissement pour améliorer
les résultats des missions.
« Dans certaines
cultures [...], les gestes
sont un moyen de
communication
important, dont il faut
tenir compte. »
Toutefois, puisque l’intégration des forces est
fondamentale lorsque le commandement et le contrôle
sont centralisés, le commandant de la composante aérienne
pourrait décider de limiter les missions assignées aux
nations qui ne sont pas assez interopérables pour participer
à des opérations offensives à haut risque dans certaines
formations d’attaque. Cette approche a été adoptée
pendant l’opération Deliberate Force, au cours de laquelle
le rôle de certains aéronefs comportait peu de risques
ou était moins exigeant sur le plan des capacités 37.
Cependant, quand cela est possible, le commandant
pourrait demander que l’on alloue du temps supplémentaire
à l’instruction dans le théâtre d’opérations afin de
résoudre les questions d’interopérabilité. D’autres facteurs
stratégiques ont déterminé le déroulement de l’opération
Desert Storm, mais, dans le cas de Desert Shield, le
commandant a pu consacrer de précieuses semaines
à l’entraînement des forces coalisées pour en faire une
force de combat très efficace avant le commencement de
l’offensive aérienne38.
En réalité, pour trouver des solutions adéquates
aux différences doctrinales importantes, il faut du temps
pour sensibiliser le personnel et lui faire suivre un
entraînement collectif, en insistant surtout sur les
exercices aériens multinationaux tels que Red Flag,
Maple Flag, etc. Ainsi, il a fallu des années pour
concilier les doctrines des services des forces armées
américaines; il ne faut donc pas sous-estimer l’importance
des difficultés 39. Cependant, s’il est possible de prévoir
qui seront nos alliés dans les futures coalitions
de pays volontaires, nos efforts en vaudront la peine.
L’analyse exhaustive qui a suivi le conflit de la
guerre du Golfe renforce cette conclusion, et les
résultats étonnants de l’opération Desert Storm sont
révélateurs40.
Revue militaire canadienne
●
Hiver 2005 – 2006
L
Photo du MDN 2005-0270-29a prise par le corporal Bob Mellin, formation d’images de l’escadre 4
Comme le personnel navigant, qui est relativement
subalterne, joue un rôle énorme dans le succès de
la campagne aérienne et de l’opération de la coalition,
LA PUISSANCE AÉRIENNE
il faut soigneusement évaluer les
obstacles à l’interopérabilité du per« s’il est possible de
sonnel navigant, obstacles qui sont
a planification et l’exécution d’une
prévoir qui seront
inévitables dans un environnement
campagne aérienne dans un théâtre
nos alliés dans les
multinational. En particulier, le comd’opérations moderne peuvent s’avérer
mandant devrait examiner les différences
très complexes, surtout au sein d’une
futures coalitions
de doctrine, de langue et de culture
structure centralisée de commandement et de
de pays volontaires,
et prendre des mesures préventives
contrôle qui continue de faire ses preuves et
nos efforts en
pour atténuer les effets de ces
d’offrir des avantages considérables, malgré
différences; il devrait également
des inconvénients évidents. Le principal
vaudront la peine. »
utiliser des moyens créatifs pour
inconvénient est que l’exploitation maxiaméliorer la situation de façon à
male de cette façon intégrée d’aborder
appliquer la puissance aérienne avec le plus de
la guerre aérienne exige l’interopérabilité. Bien qu’il
flexibilité possible. De toute façon, en n’abordant
faille évidemment se concentrer sur l’interopérabilité
pas les problèmes, on risque de faire des victimes et
technique, il est important de tenir compte de la
de faire échouer la mission.
dimension humaine dans l’équation de la puissance aérienne.
Conclusion
Appareils allemands et belges sur l’aire de trafic pendant Maple Flag 2005.
Hiver 2005 – 2006
●
Revue militaire canadienne
85
NOTES
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
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Peder Beausang, The Role of Intent and the Ideal
Command Concept in Military Command and
Control. Canadian and Swedish Commanders’
Perspectives, FOI Swedish Defence Research
Agency, Stockholm, 2004, p. 21-22. Dans
le contexte contemporain, le terme intention du
commandant correspond au processus de
planification durant lequel le commandant précise
son ou ses objectifs, l’approche générale et les
problèmes ou les contraintes qui déterminent
les paramètres des actions acceptables.
Selon l’ordre de mission, il est chargé de
planifier, de présenter et de diriger la mission.
United States Air Force (2003), op. cit.,
p. 1-3. [TCO]
McCann et Pigeau (2000), op. cit., p. 166.
Robert Jervis, Perception and Misperception in
International Politics, Princeton University Press,
Princeton, 1976, p. 249-257.
Ibid., p. 143-145.
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and Associates, Winnipeg, 1996, p. 64-67, et
Thomas Durell-Young, « Command in Coalition
Operations », dans Thomas J. Marshall, Phillip
Kaiser et Jon Kessmeir, Problems and Solutions
in Future Coalition Operations, Strategic Studies
Institute, Carlisle Barracks, 1997, p. 32-35.
Voir le site Web de l’OTAN à l’adresse
[www.nato.int/home-fr.htm].
Michael Spick, The Ace Factor, Avon Books, New
York, 1988, p. 165 et p. 186-187.
Stan Morse (dir.), Gulf Air War Debrief,
Aerospace Publishing, London, 1991, p. 70-71.
L’exercice Red Flag a lieu à la base aérienne de
Nellis, au Nevada, et l’exercice Maple Flag fait
participer la 4e escadre de Cold Lake, en Alberta.
Michael Smith, « Doctrine and Training:
The Foundation of Effective Coalition
Operation », dans Marshall, Kaiser et Kessmeir,
op. cit., p. 71-72.
25.
26.
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M. L. J. Abercrombie, The Anatomy of
Judgement: An Investigation into the Processes
of Perception and Reasoning, London,
Hutchinson and Company, 1965, p. 106-107.
Dans ce cas, l’auteur décrit la confusion
provoquée par l’utilisation de mots ayant
des connotations multiples et pouvant être
interprétés de plusieurs façons.
Les autres termes sont low, medium et
very high.
Maurer, op. cit., p. 55-63.
Jervis, op. cit., p. 143-154.
Mandeles, Hone et Terry, op. cit., p. 151.
R. A. Dallaire, « Command Experiences
in Rwanda », dans McCann et Pigeau (2000),
op. cit., p. 35; et Alan Ryan, « The Strong
Lead-Nation Model in an Ad Hoc Coalition
of the Willing: Operation Stabilise in East
Timor », International Peacekeeping, vol. 9,
no 1, printemps 2002, p. 35.
Ryan, op. cit., p. 41.
Mandeles, Hone et Terry, op. cit., p. 151.
Peter
C.
Hunt,
Coalition
Warfare:
Considerations for the Air Component
Commander, United States Air University
Press, Alabama, 1998, p. 28.
Abercrombie, op. cit., p. 60-62.
McCann et Pigeau (2000), op. cit.,
p. 168-172.
Hunt, op. cit., p. 41-42.
United States Air Force, Gulf War Air
Power Survey. Volume II: Operations
and Effects and Effectiveness, sous la
direction de Eliot A. Cohen, Library
of Congress, Washington, 1993.
Maurer, op. cit., p. 101-103.
Mandeles, Hone et Terry, op. cit.,
p. 151, et United States Air Force (1993),
op. cit.
Revue militaire canadienne
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Hiver 2005 – 2006