Construction de l`église Saint-Pierre-Saint-Paul et
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Construction de l`église Saint-Pierre-Saint-Paul et
Ville d'Epernay – Archives municipales Construction de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul et édification de l'avenue Paul-Chandon : la métamorphose d'un quartier sparnacien Une nouvelle église... En 1893, un grand nombre de Sparnaciens signe une pétition destinée à l'évêque de Châlons afin de demander la création d'une seconde église paroissiale. A cette époque, la population augmente considérablement et l'église Notre-Dame, vétuste1, devient trop petite. En effet, environ 18 360 personnes vivent à Épernay dont 18 000 catholiques. De plus, l'édifice existant est trop éloigné pour les habitants des nouveaux quartiers situés dans le sud de la ville, alors en extension. Afin que ce projet puisse se concrétiser, le comte Paul Chandon de Briailles fait don à la commune, le 19 septembre 1893, d'un terrain d'une superficie d'environ 4735 m², situé rue de Magenta. Paul Chandon ouvre aussi une souscription pour réunir des fonds. Ses fils, Gaston et Jean-Rémy, y participent. Ils s'engagent également à garnir l'église et ses dépendances de meubles, vases, linges et ornements, nécessaires à l'exercice du culte. En complément, ils subviennent aux frais du culte jusqu'à ce que ce qu'un Conseil de Fabrique soit constitué et qu'il puisse pourvoir aux dépenses. L'édification d'une chapelle paroissiale est validée par le Conseil de Fabrique de Notre-Dame et le Conseil municipal en 1893 puis est confirmée par décret présidentiel le 13 août 1894. La première pierre est posée le 12 mai 1895. Très malade, Paul Chandon de Briailles ne peut assister à cette cérémonie. Il décède peu de temps après, le 9 juin 1895. L'église est consacrée le 4 juillet 1897 par Monseigneur Langénieux, évêque de Châlons. L'abbé Mortas est nommé curé de la nouvelle paroisse. En 1903, un autre des fils de Paul Chandon de Briailles, Raoul, orne l'édifice d'un vitrail consacré à Saint-Vincent, le patron des vignerons. Il donne également à la Ville 100 000 francs pour la réalisation d'un square public accolé à l'église. Son nom est donné au square2, qui existe toujours aujourd'hui. L'église achevée (cf photographie de la construction), de style romano-byzantin, mesure 66 mètres de long, 33 mètres de largeur et 50 mètres de hauteur. Les vitraux de cet édifice représentent des événements historiques champenois, notamment le baptême du roi Clovis, l'édification de l'Abbaye d'Hautvillers, ou encore la consolation de SaintVincent en prison par les anges. Les autres vitraux représentent des saintes et des saints. Ces vitraux et les rosaces du transept ont été offerts par des notables sparnaciens (la famille Boizel, la comtesse Arthur de Maigret...) … à relier au centre-ville d'Épernay A son décès, en juin 1895, le comte Paul Chandon a légué à la Municipalité 100 000 francs pour l'aider à établir une avenue, d'une largeur de 16 mètres, entre l'église Saint-Pierre-Saint-Paul et le centre-ville d'Épernay. Cette somme est accordée sous condition : les travaux d'alignement doivent être effectués dans un délai de quatre ans. Ville d'Epernay – Archives municipales Deux de ses fils, Jean-Rémy et Raoul, participent également en cédant à la Ville des terrains spécialement acquis pour ce projet, depuis la rue de Magenta jusqu'à la rue des Jancelins. Le 20 juin 1895, le Conseil municipal accepte cette proposition et décide de nommer cette avenue ''Paul Chandon'', en hommage au donateur. Le projet est confié à la commission des rues qui doit en étudier la faisabilité. La commission donne un avis favorable pour l'édification de la future avenue mais propose de modifier son tracé. En effet, bien qu'étant plus abordable financièrement, le projet originel ne relie pas le centre-ville directement, mais prend fin au niveau de la rue de Sézanne. Un tracé plus ambitieux est donc proposé, qui prolonge l'avenue en droite ligne jusqu'à la rue Saint Thibault. Ce tracé favorise ainsi le raccordement au centre-ville mais nécessite la destruction d'immeubles et d'une boulangerie situés en travers de la rue Saint-Thibault. Il est également plus onéreux. Il faut attendre la séance du Conseil municipal du 10 décembre 1895 pour que soit voté le tracé définitif. Les héritiers de Paul Chandon sont consultés car les conseillers municipaux sont plus séduits par le second projet, même s'il ne correspond pas tout à fait aux dernières volontés du donateur. Raoul Chandon déclare que la famille, de ce fait, ne s'associe pas à celui-ci mais ne s'y oppose pas non plus. Toutefois, les dépenses supplémentaires seront toutes à la charge de la Ville. Le second tracé est donc adopté. Pour effectuer ces travaux d'aménagement, la Ville doit acquérir une quinzaine de propriétés (cf plan ''état actuel de l'avenue''). Des jardins sont coupés, des commerces supprimés et des immeubles déplacés de plusieurs mètres. La Municipalité doit alors négocier des indemnités auprès des propriétaires et faire appel à l'expropriation, la construction de l'avenue étant déclarée d'utilité publique en 1897. Le cours du Cubry doit être déplacé également. Huit projets seront proposés entre 1897 et 1899. Finalement, il est décidé de dévier le cours du ruisseau et de l'enfouir en partie sous l'avenue. Les habitations sont construites sur les abords de l'avenue essentiellement entre 1906 et 1913. D'après les recensements de population de 1906 et 1911, la majorité des nouveaux habitants est issue des professions libérales. Le quartier est assez aisé, ce qui se révèle à travers l'architecture des maisons et des hôtels particuliers. Il faudra attendre 1924 pour que le sol de l'avenue subisse des travaux d'empierrement et de goudronnage. L'avenue Paul-Chandon commence dès lors à avoir l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui. Réflexions à l'origine du nouveau quartier sparnacien Il est intéressant d'étudier en parallèle l'édification de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul, du square Raoul-Chandon et de l'avenue Paul-Chandon. En effet, les débats sur les évolutions urbaines depuis le XVIIIe siècle démontrent la nécessité d'ouvrir les villes afin de faire circuler les airs et les eaux pour éviter la propagation des éléments souillés. Ces mesures d'hygiène publique ont pour but de faire reculer les épidémies. Cette réflexion se traduit notamment par l'ouverture des quartiers et la création d'espaces verts. Ville d'Epernay – Archives municipales Au XIXe siècle, le préfet Haussmann, à la tête du département de la Seine de 1850 à 1870, met en place à Paris une grande mutation urbanistique, reprise par les grandes villes de province et aussi par de plus petites villes. Le principe de cette évolution est la réunion des anciens et nouveaux quartiers pour faciliter les déplacements de la population, tout en maintenant l'accès au centre de la ville. C'est pourquoi les avenues des nouveaux quartiers sont très larges. Nous pouvons constater que le ''quartier Paul-Chandon'' s'est inspiré de ces réflexions urbanistiques. L'église est située au cœur de cette zone et est reliée au centre-ville par une avenue très vaste. La rue des Jancelins a été prolongée et la rue de Magenta déplacée pour s'adapter au nouveau visage de cet espace urbain. La volonté d'échanges entre le Nord et le Sud de la ville est clairement marquée. Sources : Fonds relatif à l'église Saint-Pierre-Saint-Paul (1884-1951), MHCS Moët & Chandon. Registres des délibérations du Conseil municipal : 1 D 40 (1893-1895) ; 1 D 41 (1895-1896) ; 1 D 42 (1896-1898) ; 1 D 43 (1898-1899) ; 1 D 58 (1922-1924), Archives municipales d'Épernay. Projet de construction de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul : plans des terrains [fin XIXe siècle], Archives municipales d'Épernay, 1S9. Église Saint-Pierre-Saint-Paul : photographies de la construction, des cloches et de l'inauguration [Fin XIXe siècle], Archives municipales d'Épernay, 1S10. Église Saint-Pierre-Saint-Paul, acquisition d'un terrain et rénovation (1905-1947), Archives municipales d'Épernay, 2M2. Église Saint-Pierre-Saint-Paul, création d'une chapelle paroissiale et d'un Conseil de fabrique (18931905), Archives municipales d'Épernay, 1P1. Dossier relatif à l'édification de l'avenue Paul Chandon (1895-1929), Archives municipales d'Épernay, 1O29. Dossier relatif à la dérivation du Cubry pour l'avenue Paul Chandon (1899), Archives municipales d'Épernay, 3O1. Documents : projet de construction de l'avenue Paul Chandon, plan de l'état actuel, Archives municipales d'Épernay, 3O1 ; home page : construction de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul, Archives municipales d’Épernay, 1S10. Bibliographie : Bernard DUCOURET, Épernay, cité du Champagne, Inventaire général du patrimoine culturel, 2010. Ville d'Epernay – Archives municipales M. AGULHON, F. CHOAY, M. CRUBELLIER ET ALII, La ville de l'âge industriel, le cycle haussmannien, Éditions du seuil, 1998. 1Cf ''Le portail Saint-Martin, vestige des églises Notre-Dame'' : http://www.epernay.fr/sites/epernay/files/document/article/epernay_archives_doc_n9_portail_ saint_martin.pdf 2Cf ''Petite histoire des parcs et jardins publics sparnaciens'' : http://www.epernay.fr/sites/epernay/files/document/article/epernay_archives_parcs_jardins_pu blics_sparnaciens.pdf