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Journées d'études « Savoirs « citoyens » et démocratie participative dans la question urbaine » des 6 et 7 février 2009.
Ingrid Petit. Travail en cours, merci de ne pas citer sans l'autorisation de l'auteur.
Aux Pays bas, un projet participatif de logements et ateliers d’artistes I cas pratique
Ingrid Petit I communication
INTRODUCTION
Le développement des Pays bas, petit pays à forte densité (34000km2 de terres pour un peu plus de 16 millions d’habitants)
oblige certaines localités à trouver des nouvelles voies a la planification urbaine, à la production de logements, à la qualité de
vie de quartier. L’intervention se base sur un cas pratique : la politique de développement urbain de la ville d’Almere comptant
sur l’initiative civile a une échelle de masse et l’opportunité saisie par un groupe d’artistes, experts techniques et bailleur social
pour y développer un projet collectif de vie et de travail
A) des conditions pour faire émerger les initiatives civiles
1) l’impasse de certaines planifications
- Aux Pays Bas, les planifications urbaines sont traditionnellement très institutionnalisées. Durant tout le XXe siècle et
particulièrement dans la période d'après-guerre, l'état a joué le premier rôle dans la construction de logements dans une
optique sociale et non spéculative. Aujourd’hui, les décisions sont très décentralisées et l’urbanisme est contrôlé par les
communes et des investisseurs, promoteurs privés.
- Certains résultats sont les quartiers dortoirs appellés Vinex (Vierde Nota Extra). Une orientation nationale adoptée en 19931,
qui veut développer et contenir la croissance des villes de la Randstad dans leur périphérie préservant ainsi un vide central,
poumon vert, a l’échelle du pays. Et ce pour avoir un poids au niveau international. Elle prévoit 1 million de logements pour
2015. Pour les décideurs, il s’agit, finalement, de construire du logement, notamment de la maison individuelle, puis qu’il y a
toujours de la demande, et d’éviter les complications programmatique. Avec une mise en œuvre souvent complexifiée par des
intérêts locaux et de la spéculation.
2) une politique participative volontariste de la ville d’Almere
- Parallèlement à ce schéma on peut observer l’évolution de 2 villes :
- Amsterdam, ville ancienne, qui a une histoire urbaine liée aux luttes habitantes (coopératives ouvrières, opérations de
démolitions reconstruction dans les quartiers de Niewmarkt, Dapperbuurt, légalisation de nombreux squats, la présence des
artistes dans la ville soutenue). Aujourd’hui, ses nouveaux quartiers, tels que Ijburg ou le futur Zeeburg, sont très
conventionnels.
- Tandis qu’Almere, ville nouvelle et satellite2 d’Amsterdam, dont la construction a débuté en 1976, et comptant aujourd’hui
184000 habitants, cherche, elle, a se défaire d’une image de ville dortoir. Pour 2030, elle compte atteindre 350000 habitants,
créer 60000 nouveaux logements et 100000 emplois ! Elle s’étendra sur de nouveaux quartiers, Almere Pampus, Almere Oost,
Almere Poort, OlympiaKwartier, Almere Homerus…
- Quels objectifs donner alors a cette planification de masse, pour une vrai dynamique urbaine et des objectifs de
développement durable? Parmi eux, l’innovation, la diversité. Et la participation des gens au développement de la ville, comme
« société durable »….
3) quelques exemples d’application de la politique participative de la ville d’Almere
- en 2006 et sous la grande influence de l’adjoint au maire a la planification de l’espace, Adri Deuvestijn, la ville d’Almere
engage une consultation avec les professionnels et des institutions, pour développer des méthodes « d’urbanisme organique »,
ou encore nommé « de bas en haut », ou « mécénat privé »
- En ce qui concerne le logement, le programme de la ville, ‘IkbouwmijnhuisinAlmere’, est une bourse immobilière de terrains et
d’assistance a la maîtrise d’ouvrage privée. Elle veut faciliter l’accès au plus grand nombre au logement et encourage l’initiative
civile individuelle et, plus innovant, l’initiative collective, pour penser, programmer, réaliser puis vivre en groupe un batiment de
logement. D’autre part, une partie de la bourse, partenariat entre la ville et le bailleur social De key, permet l’accession sociale
par un financement particulier3. Des formations a la maîtrise d’ouvrage individuelle ou collective sont notamment organises au
centre des architectes CASLA (donnés en mai juin 2007 par Citymix)
- on remarque que l’idée communiquée par la ville est de construire et non d’être propriétaire… un autre rêve ?
- autres exemples d’applications
- le soutien des micro entreprises
4) des terminologies qui donnent une reconnaissance et une existence juridique et économique a l’initiative civile
- aux Pays Bas, on peut différencier 3 degrés de développement orientés vers l’habitant.
- le PO (Particulier Opdrachtsgeverschap) ou maîtrise d’ouvrage privée individuelle
- le CPO (Collectiev Particulier Opdrachtsgeverschap) maîtrise d’ouvrage privée collective, en groupe
- le MO (Mede Opdrachtsgeverschap) ou co-maîtrise d’ouvrage, partagée entre une personne privée et un professionnel, qui
sera plutôt le financeur.
1
C’ est un ajout au quatrième rapport sur le développement spatial, VINEX 1990
apparue après le troisième projet de loi de planification urbaine, 1973-83
3
Selon des plafonds de revenus, la valeur de la maison et le prêt obtenu 9 un autofinancement d’au moins 52% est demandé) le
programme « Ikbouwbetaalbaar » finance une partie de la construction sur des terrains mis a dispostion. Le remboursement se fait, selon les
revenus dans le temps. Fin janvier 2009, la bourse présentera 64 terrains et 44 appartements a construire collectivement.
2
Journées d'études « Savoirs « citoyens » et démocratie participative dans la question urbaine » des 6 et 7 février 2009.
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- dans tous les cas, la traduction directe de « opdrachtsgever » est : « celui qui donne l’ordre, le mandat ». Ce qui suggère plus
de pouvoir pour le futur habitant (concept, gestion du projet)
- Ce sont les CPO qui nous intéressent ici. Il semble que le nom institutionnel mis sur une initiative collective donne du crédit
face aux communes, aux banques, et aux juristes.
- A Almere, dans le quartier Noord Plassen West, par exemple, 3 terrains de chacun 10000m2 sont mis a disposition de groupe
CPO qui seront sélectionnés par la commune selon certains critères : l’idée du projet, le planning de réalisation, l’organisation
du collectif et notamment la présence d’équipement culturels.
- On peut s’interroger ici sur la marque du libéralisme, qui autant qu’il offre des espaces d’expression et de réalisation
personnelle, externalise les responsabilités sociales ( qualité de vie, présence de services, mixité des activités) de l’état ou des
collectivités. Un paradoxe de la politique participative ?
B) dans ce contexte, des professionnels s’engagent
1) rapide présentation de Citymix
- Citymix est un bureau néerlandais, situé a Amsterdam. Citymix s’adresse aux habitants, aux personnes qui font le choix de la
participation dans l’élaboration de projets urbains: cette troisième voie alternative mais complémentaire aux projets publics, ou
privés. Autrement dit les projets CPO. C’est un intermédiaire entre des groupes d’habitants et un réseau d’organismes
professionnels pour des projets de développement immobilier sans profit. Il est constitué d’architectes, dessinateurs et
médiateurs qui offrent une expertise et un appui technique aux personnes et entrepreneurs souhaitant développer eux-mêmes
leur propre lieu de vie et d’activités.
- une grande orientation du bureau est la programmation simultanée de l’espace du logement et de l’ espace du travail
- une autre grande ligne est qu’ aujourd’hui, Citymix soutient les artistes et les professionnels de la création, en initiant des
projets de logement-ateliers. Il encourage la présence et la visibilité des artistes et des cultures alternatives, vecteurs de mixité
et de lien a la ville.
2) le développement urbain par le bas
- la ville ne ferait elle pas de la participation par le haut ? En ayant tendance a s’adresser a tous et toutes les disparités. En
ayant besoin du support de tous pour le bon fonctionnement de sa politique
- les promoteurs privés et les bailleurs sociaux s’ils s’engagent dans la participation, ne feraient ils pas eux aussi de la
participation par le haut ? En ciblant des tranches de population et gardant ainsi un contrôle sur le marché (les seniors par
exemple). En subissant la pression de lobbies.
- Citymix veut faire de la participation par le bas (le fameux « bottom up process »). C’est ce qu’elle tente de faire en ayant
initié, en juin 2007, a Almere, un projet MO, autrement dit un CPO protégé par un partenariat avec un bailleur social.
3) ils choisissent leurs partenariats pour un développement par le bas
- Citymix cible également ses partenaires ! Ce sont les artistes et les « créatifs ».
- Comme on l’a énoncé plus haut, l’équipe Citymix veut porter la présence et la visibilité des artistes, des professionnels de la
création et des cultures alternatives. Pourquoi ?
- dans le temps, ils sont vecteurs d’ animation, de mixité, de solidarités et de lien a la ville et aux habitants. C’est aussi un
argument primordial envers les décideurs.
- Pour le développement d’un projet CPO, certains membres du bureau connaissent, par expérience, la réactivité des milieux
artistiques. On peut compter sur des esprits disponibles au renouvellement, sur une foi en l’indépendance, qui peut ‘affirmer
avec imagination dans les projets CPO. D’autre part, ils fonctionnent eux même par réseaux et communautés, ce qu’un projet
CPO requiert. Enfin, il fonctionnent, souvent par économie informelle. La gestion collective d’un bâtiment, sa réalisation autant
que son activité future nécessitent des accords et des organisation de groupe, autant que des montages financiers
économiques.
- On remarquera enfin que leur leitmotiv premier avant l’argument financier est « on veut l’esprit de communauté ».
4) Ils organisent les outils de travail et de communication pour la réalisation du projet CPO
- On illustrera le propos avec le projet WoonKunstWerk, 80 logements et ateliers d’artistes avec équipements collectifs et
publics. Une machine à travailler et a créer.
- Bien que l’on parte du principe que les participants soient prédisposés (!) à la concertation et à la prise d’initiative, on
s’aperçoit qu’il faut les stimuler et les guider.
- Depuis juin 2007, et avec une vraie dynamique depuis septembre 2008, différentes échelles de discussion sont organisées, de
l’échelle du groupe a celle de l’individu. Rencontre régulières générales (avec participants, équipe de maîtrise d’œuvre, bailleur,
experts invités parfois) ; petits groupes de travail (recherche de financements extérieurs, destination et gestion des
équipements communs, écologie du bâtiment, accueil des nouveaux participants, site web, événementiel…) ; des entretiens
individuels (pour un suivi à l’échelle du logement) ; et, via Internet, des enquêtes régulières ou cahier de recommandations
auxquels la réponse est individuelle.
- on remarque qu’elles permettent à chacun, selon sa personnalité, de trouver son mode d’expression. Certains sont plus a
l’aise dans tel ou tel type de rencontres.
- on remarque que cela permet une nécessaire prise de temps, pour faire émerger les idées, les recherches. Et que ces
échelles sont autant de filtres pour les tester.
- on remarque que cela permet des prises de décisions qui ne seront pas liées à une idée unique, ni à l’argument du sens
commun. L’équipe de Citymix part du principe que la procédure du vote démocratique exclut les idées individuelles, et qu’au
contraire, il faut les inclure, pour avoir une variété de possibles. Et décider à partir de la. Donc il faut trouver des moyens de
faire émerger ces possibles, en démultipliant notamment les espaces d’expression.
Journées d'études « Savoirs « citoyens » et démocratie participative dans la question urbaine » des 6 et 7 février 2009.
Ingrid Petit. Travail en cours, merci de ne pas citer sans l'autorisation de l'auteur.
C) a propos d’un couple architecte-habitant d’un autre genre
- En étant moi-même architecte et en étant tous présents dans une école d’architecture je souhaiterai faire ce point.
- le bureau d’architecte, dans ce cas d’étude, est une fondation. Raisons et conséquences.
- Dans un projet CPO ou ici, MO protégé, le rôle de chaque parti (architecte, bureau d’étude, bailleur, technicien de la ville) n’est
plus traditionnel car le mode de développement a changé. Il introduit également des temporalités plus longues. Chacun doit être
patient. Une enquête est en cours dans l‘ équipe de maîtrise d’œuvre et chez le bailleur. Les résultats seront donnés lors de
l’intervention du 6 et 7 février 20009.
- Rôle de l’architecte : Il est soudain au service de l’habitant et non de la conception d’un produit. Dans le cas de Citymix,
l’architecte est aussi développeur de concept, et manageur d’un processus.
- Parallèlement, il effectue encore un service de conception et de dessin. Qu’il doit organiser d’un point de vue technique et
général pour les bureaux d’études, et d’un point de vue participatif et libre pour les choix individuels les évolutions de décisions
collectives.
- Il doit accepter que la vision du projet ne vient pas de lui mais des participants. Bien qu’ elle ne s’incarnera qu’a travers les
conseils et l’encadrement d’un architecte expérimenté, dans le domaine du logement notamment. C’est une entente entre vision
des participants et savoirs techniques de l’architecte.
- Finalement une part d’ego doit être mise de cote.
CONCLUSION
Pistes de conclusion
- l’échelle de masse
- On notera le transfert de politique d’une ville a l’autre. Soudain la ou on les attendaient pas (a Almere et non a Amsterdam)
des surfaces bon marche et une liberté d’initiatives.
- On notera un engouement actuel pour la maîtrise d’ouvrage privée individuelle et collective pour des bonnes (possibilité
d’expressions, diversité ) et moins bonnes raisons (désengagement de la collectivité dans la création de la mixité, de l’urbanité.
Et risque que l’initiative privée favorise l’individualisme). Tandis qu’en France, cette maîtrise d’ouvrage privée est plus
banalisée.
Nb :
- Les notes en bleu représentent des termes à préciser ou des recherches en cours. Ils seront donnés lors de l’intervention du 6
et 7 février 2009.
- La présentation se fera avec un power point.
Projet Vrijbucht, Amsterdam Ijburg, Hein de Haan, architecte et fondateur de Citymix, avec Casa Architectes
50 logements et espaces de travail en accession, équipements collectifs et commerciaux, réalisation hiver 2007
Projet WoonKunstWerk, Almere, Citymix
80 logements et ateliers d’artistes (60% d’habitat social), équipements collectifs et commerciaux, en cours, dépôt du Permis de Construire mars 2009