n° 69 - Juin 2016

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n° 69 - Juin 2016
La Promotion violette
Bulletin n° 69 - Juin 2016
Section de l’Isère
ISERE
DAUPHINE
VOIRON
GRENOBLE
VIENNE
BOURGOIN-JALLIEU
LA TOUR-DU-PIN
Le Bureau de la section de l’Isère
Sommaire
Le Bureau de la section
Le carnet de la section
Editorial
La promotion du 1er janvier 2016
Les activités en faveur de la jeunesse :
• Les palmarès des concours 2016 :
Langue française / Eloquence / Arts visuels /
Petit florilège Jeune Poésie et Jeune Nouvelle
• Les bourses universitaires 2015-2016
La nouvelle Université Grenoble-Alpes (UGA)
Les activités culturelles de la section :
• L’exposition Georgia O’Keeffe au musée de
Grenoble
• La Journée « Saint-Nicolas » au Clos-d’Or
Les temps forts au musée de Grenoble :
• Secrets de Fleurs, l’Art espagnol, l’Animal
• Le spectacle des rues et des chemins au musée
de l’Ancien Evêché
• Deux expositions en Suisse
• Introduction au voyage dans Les Pouilles
L’assemblée générale de la section
In memoriam : Michel PIGUET, René-Guy CABANEL, Pierre JOURDAN
• Petit florilège (suite dans le prochain bulletin)
Info nouveaux statuts, nouveau règlement intérieur national, code de déontologie.
Président-fondateur
Maître Jean EYNARD † (1912-2009)
Président de la section de 1963 à 1993
Présidents d’honneur
Mme Marie-Thérèse MASSARD,
Inspecteur d’Académie (H),
Présidente de la section de 1993 à 2012
M. André CLAUSSE,
Inspecteur d’Académie (H)
Vice-présidents d’honneur
M. Robert SALACROUP,
Inspecteur principal de
l’Enseignement technique (H)
M. Louis FORLIN,
Professeur de lycée professionnel (H)
——O——
Présidente d’honneur : Madame Dominique FIS, Inspectrice d’Académie,
Directrice académique
des Services de l’Education nationale de l’Isère
Président : Monsieur Jean-Cyr MEURANT,
Chef d’établissement du Second degré (H)
70, boulevard Franklin-Roosevelt – 38500 VOIRON
Tél. 04 76 91 14 17 / Portable 06 82 91 72 36
[email protected]
Secrétaire : Madame Gisèle BOUZON-DURAND
Chef d’établissement du Second degré (H)
La Valsereine – 1300 La Rossetière
38960 SAINT-AUPRE - Tél. 04 76 06 04 95
[email protected]
Trésorier : Monsieur Jacques PRASSE,
Professeur agrégé des Lettres (H)
220, chemin du Rozat – 38330 SAINT-ISMIER
Tél. 04 76 52 07 78 – [email protected]
Membres : Monsieur Gérard LUCIANI,
Professeur émérite de l’Université Stendhal (H)
Madame Dominique ABRY-DEFFAYET,
Maître de conférences de l’Université Stendhal (H)
Madame Nicole LAVERDURE,
Professeure agrégée de mathématiques (H)
Madame Josiane POURREAU,
Ingénieur d’études (H)
Madame Danièle ROUMIGNAC,
Professeure de lycée professionnel (H)
Membres associés : Madame Mireille VINOT,
Professeure de lycée professionnel (H)
Monsieur Gilbert COTTIN,
Technicien des métiers de l’imprimerie (H)
Missions particulières : Webmestre : Jacques PRASSE ;
Comité des activités culturelles (sorties, voyages, musées) :
Nicole LAVERDURE
Josiane POURREAU
Jacques PRASSE
Danièle ROUMIGNAC
Liaison Université Grenoble-Alpes :
Dominique ABRY-DEFFAYET
Bulletin : Gilbert COTTIN
Ceux qui nous ont quittés
Monsieur Michel PIGUET, officier de l’ordre des Palmes
académiques de la promotion de juillet 1985.
Monsieur René-Guy CABANEL, officier de l’ordre des
Palmes académiques de la promotion de 2007.
Monsieur Roger MASSOT, chevalier de l’ordre des Palmes
académiques de la promotion de juillet 1980.
Monsieur Pierre JOURDAN, commandeur de l’ordre des
Palmes académiques de la promotion de juillet 1992.
Nous renouvelons ici aux familles éprouvées l’assurance de
notre sympathie attristée.
Changements de section
Monsieur Guy MENANT (Alpes-Maritimes)
Monsieur Philippe BRUN (Suisse)
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Le carnet de la section
Les nouveaux adhérents et sympathisants
Adhérents
Monsieur Daniel SALACROUP, chef d’établissement (H),
officier
Madame Claudine PETIT, SAENES à la DSDEN de l’Isère,
commandeur
Monsieur Michel DUBOIS, professeur des universités
(ex-U2 PMF), chevalier
Sympathisants
Déjà « Amis » de la section de longue date
Monsieur Florent CAMPA
Madame Colette COING
Madame Anne-Marie PAOLUCCI
Madame Christiane PASSARO
Monsieur Gérard THOMAS
Nouvelles sympathisantes
Madame Christiane MURE-RAVAUD, professeure agrégée
de Lettres classiques (H)
Madame Annette GUICHARD-MAHINC
La Promotion Violette
Chers amis adhérents et sympathisants de notre section de l’AMOPA® de l’Isère,
J
E voudrais tout d’abord, au nom de notre Bureau, vous adresser tous nos remerciements pour la
confiance que vous nous avez accordée lors de notre assemblée générale, au moment des différents
votes et notamment par celui relatif à la mise en place de la nouvelle équipe pour les quatre ans
à venir. Ce témoignage que vous nous avez apporté dans l’unanimité est pour nous la marque la plus
gratifiante qui soit et croyez bien que nous y avons été très sensibles ; certes, faire vivre notre section est
pour les membres de notre Bureau un plaisir, mais ce plaisir ne peut se concevoir sans la certitude que
nous avons d’œuvrer avec votre total agrément et c’est ce qui nous soutient quand nous nous trouvons
devant des difficultés, ou simplement, permettez-moi de le dire, quand la charge de travail -car c’est
quand même de travail qu’il s’agit- devient un peu lourde.Le nouveau Bureau m’a fait l’honneur de me
reconduire dans ma fonction de président ; j’espère pouvoir mériter cette insigne marque de confiance
lors de ce nouveau mandat. C’est un honneur, mais aussi une grande responsabilité.
Ce n’est pas rien en effet de représenter l’AMOPA®, ce n’est pas rien non plus de représenter l’AMOPA®
de l’Isère, et c’est pour cela que j’ai besoin de vous tous pour asseoir notre crédibilité en face de nos divers
interlocuteurs. Chacun sait bien que l’on reconnaît la représentativité d’une association au nombre de
ses adhérents (c’est une question qui vous est invariablement posée, et j’ai pu constater maintes fois que
ce qui suscite l’intérêt, après la réaction « 23.000 ? ah bon, quand même... », c’est notre nombre dans
notre département).
Merci donc à toutes celles et tous ceux qui renouvellent fidèlement leur adhésion ; nous enverrons
comme d’habitude un, voire deux rappels aux retardataires, en leur disant (sans trop nous répéter)
pourquoi nous comptons sur eux (et puis, doit-on passer sous silence que -j’ose à peine écrire cela de
cette manière, mais tant pis- nous ne sommes pas vraiment une association comme les autres ? Ce n’est
pas moi qui le dis en premier, ce sont nos adhérents, nos sympathisants, qui voient en nous une grande
famille, par l’esprit mais aussi par le cœur) ; oui, ceux qui peuvent convaincre les hésitants de rester
parmi nous ou de nous rejoindre, finalement, c’est vous, chers amis, mieux que nos rappels, mieux que
ce que je peux dire dans les cérémonies.
Nous avons aussi besoin de vous pour mener à bien notre mission d’utilité publique. C’était déjà le
cas pour les jurys de nos divers concours ; mais vous verrez dans les pages qui suivent qu’un nouvel et
important besoin se fait maintenant sentir, du fait du retentissement croissant de notre campagne de
bourses auprès des étudiants de la nouvelle Université Grenoble-Alpes amenés à effectuer, pendant leur
cursus de master, des stages à l’Etranger. Nous allons donc bientôt lancer un appel à nos adhérents universitaires pour nous aider à évaluer les dossiers de demande de bourse dans les différentes formations.
Et bien sûr nous accueillerons avec reconnaissance, pour nos concours habituels, les contributions des
uns et des autres, selon leurs compétences, leurs connaissances, leurs intérêts.
Vous trouverez dans ce bulletin, comme de coutume, divers comptes rendus ; ceux consacrés à nos
activités culturelles, où nous nous retrouvons de plus en plus nombreux, se voudront l’écho de rencontres
marquées au double sceau du Savoir et de de l’Amitié ; les autres donneront une idée de l’ensemble de
nos activités depuis la parution du précédent bulletin. Une place a été faite, pour ce qui concerne nos
activités reconnues d’utilité publique (ARUP), aux lauréats de nos concours, en plus de la publication
des palmarès. Bien sûr il ne fallait pas oublier ce qui concerne le fonctionnement de notre Association :
vous pourrez tout à loisir consulter les nouveaux statuts, le nouveau règlement intérieur national, le
code de déontologie.
Enfin, vous trouverez les descriptifs de nos prochaines activités culturelles, lors desquelles nous aurons
plaisir à nous retrouver ensemble, pour celles et ceux qui pourront y participer, toujours en plus grand
nombre comme je l’espère.
Chers amis, je vous souhaite une agréable lecture de ce bulletin et un bel été.
Votre dévoué président,
Jean-Cyr Meurant
Les activités en faveur de la jeunesse
PALMARÈS DES CONCOURS 2015-2016
DEFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANCAISE
I. Option générale « Expression écrite »
15 copies ont été présélectionnées
au niveau des écoles ou des établissements
Le jury a décerné 4 prix et 1 accessit
CLASSES DE CM1-CM2
(Thème : « La récréation »)
Premier Prix
Jibril HADDAD (CM1)
Elève de la classe de M. CHAPELET
à l’école de la Porte Saint-Laurent à
Grenoble
Second Prix
Kahina SAKET (CM2)
Elève de la classe de M. CHAPELET
à l’école de la Porte Saint-Laurent à
Grenoble
CLASSES DE COLLÈGE
Classe de 6ème
(Thème : « Grandir »)
Premier Prix
Loan MADULI
Elève de la classe de 6ème E de Mme
MAILLET au collège Marcel-Bouvier aux
Abrets
Deuxième Prix
Jessy TAILLEFER
Elève de la classe de 6ème E de Mme
MAILLET au collège Marcel-Bouvier aux
Abrets
Accessit (sujet libre)
Beyza KOKNEL
Elève de la classe de 6ème E de Mme
MAILLET au collège Marcel-Bouvier aux
Abrets pour sa Lettre à Aurore
II. Option Jeune Poésie
8 copies ont été présélectionnées au
niveau des établissements
Le jury a décerné 2 prix et 2 accessits
Classe de 5ème
Prix unique
Adèle BELDJELTI
Elève de la classe de 5ème 1/2/3 de
Mme PIANTINO DEL MOLINO au collège
du Grésivaudan à Saint-Ismier pour son
poème Le Chant du Loup
Accessit unique
Antonin MEISS
Elève de la classe de 5ème 1/2/3 de
Mme PIANTINO DEL MOLINO au collège
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du Grésivaudan à Saint-Ismier pour son
poème L’histoire d’une fois
Classe de 4ème
Prix unique
Adèle DEVLEESCHOUWER
Elève de la classe de 4ème 1/2 de Mme
PIANTINO DEL MOLINO au collège du
Grésivaudan à Saint-Ismier pour son
poème Utopie
Classe de 1ère
Pas d’attribution
Classe de Terminale
Accessit unique
Philippe IANNETTA
Elève de la classe de TL de M.
VERCELLINO à l’Ecole des Pupilles
de l’Air pour son poème Blancheur
infernale chronique
III. Option Jeune Nouvelle
8 copies ont été présélectionnées au
niveau des établissements
Le jury a décerné 5 prix et 1 accessit
Classe de 4ème
Prix unique
Erin MASCLET
Elève de la classe de 4ème A de Mme
BOZZI au collège Le Chamandier à
Gières, pour sa nouvelle fantastique
Maux des sens
Accessit unique
Julie TOURNADRE
Elève de la classe de 4ème A de Mme
BOZZI au collège Le Chamandier à
Gières, pour sa Nouvelle fantastique
Classe de 3ème
Premier Prix : non attribué
Second Prix et Second Prix ex-aequo
Jocelyn ROZAND
Elève de la classe de 3ème A de Mme
DURINDEL au collège Raymond-Guelen à Pont-en-Royans pour sa nouvelle
Un soir de novembre
Louis BROCHIER
Elève de la classe de 3ème A de Mme
DURINDEL au collège Raymond-Guelen à Pont-en-Royans pour sa nouvelle
Un Air connu
Classe de 1ère
Prix unique
Manon RICO
Elève de la classe de 1ère S2 de l’atelier
d’écriture de Mme MATHELIN à l’Ecole
des Pupilles de l’Air pour sa nouvelle
Perdurer
Classe de Terminale
Prix unique
Philippe IANNETTA
Elève de la classe de TL de M. VERCELLINO à l’Ecole des Pupilles de l’Air pour
sa nouvelle Pluie d’étoiles
Soit au total 15 récompenses :
7 Premiers Prix ou Prix uniques
4 Seconds Prix
4 Accessits
Dernière heure : 3 lauréats nationaux :
Jocelyn ROZAND
1er Prix Jeune Nouvelle des classes de
collège (remis en Sorbonne)
Adèle BELDJELTI
1er Accessit Jeune Poésie des classes
de 5ème
Erin MASCLET
3ème Accessit Jeune Nouvelle des
classes de collège
Toutes nos félicitations aux lauréats et
à leurs professeurs !
PALMARÈS DU CONCOURS D'ÉLOQUENCE 2015-2016
*****
Prix départemental d'éloquence des classes de Première et de Terminale des
lycées d'enseignement général
Décerné à Nathan METENIER
Élève de 1ère ES au lycée Pablo-Neruda de Saint-Martin-d'Hères
Summa cum laude
Accessit départemental
Décerné à Landry JARGOT
Élève de Terminale S au lycée Élie-Cartan de La Tour-du-Pin
La Promotion Violette
PALMARÈS DU CONCOURS D'ARTS VISUELS (PHOTOGRAPHIE) 2015-2016
(Cycle 3 de l'école primaire)
Premier Prix
Troisième Prix
Premier Accessit
Roméo BERNA
Elève de la classe de pré-apprentissage
2 de Mme SULTAN à l'Institut La Clé de
Sol à Eybens
Timothé PROAL
Elève de la classe de pré-apprentissage
3 de Mme SULTAN à l'Institut La Clé de
Sol à Eybens
Oscar GOUDAL
Elève de la classe de CE2 de Mme
BOUVERET à l'école Jean-Rostand à La
Tour-du-Pin
Deuxième Prix
Quatrième Prix
Deuxième Accessit
Maël CROS
Elève de la classe de CM2 de M. ULMER
à l'école de Jarcieu
Nolan VIEIRA
Elève de la classe de CM2 de M. CHAMBAZ à l'école Le Barlatier de Brié-etAngonnes
Joseph BERHAULT
Elève de la classe de CM2 de M. ULMER
à l'école de Jarcieu
Infos AMOPA Nationale
Les projets de nouveaux statuts (21 articles), de nouveau règlement intérieur (31 articles) et
le code de déontologie sont « en ligne » sur notre site départemental AMOPA38.fr
Il n'est pas possible de les reproduire ici, les modifications apportées n'apparaîtraient pas).
PROMOTIONS ET NOMINATIONS DU DÉCRET DU 1ER JANVIER 2016
*******
Par décret en date du 1er janvier 2016, sont respectivement promues ou nommées dans l'Ordre des Palmes académiques
les personnes suivantes domiciliées dans le département de l'Isère :
Université Grenoble Alpes
Officier
M. GROSSMANN Francis
Professeur des Universités
Stendhal
M. LEROY FrancisAgent de maîtriseCROUS
Chevalier
M. BENSIMON Jacques
Professeur associé
UPMF
Mme DELGADO LARIOS Almuneda
Professeur des Universités 1ère classe Stendhal
M. DUBOIS Michel
Professeur des Universités UPMF
Mme GINESTE Véronique
Technicienne classe except. UJF
Mme LAVAULT Elisabeth
Professeur des Universités
Stendhal
M. LEVY Patrick
Professeur des Universités
UJF (président)
M. MICHEL GillesSAENES classe except.UPMF
M. MIEL Jean-Michel
Ingénieur d'Etudes 2ème classe
Stendhal
Mme PAILLIART Isabelle
Professeur des Universités classe except. Stendhal
M. VAILLANT Jean-François
Ingénieur de Recherche hors-classe
Stendhal
Rectorat
Officier
Mme ARGENTO Jacqueline
Chevalier
Mme HACCART Christine
Mme JOUBERT Christine
M. PAILLOTIN Jean-François
Technicien classe normale
Adjoint technique principal 2ème classe
Adjoint technique principal 2ème classe
Ingénieur de Recherche 2ème classe
DASEN
Chevalier
Mme BORGHESE Florence
M. DELAIGUE Bruno
M. TOMASSINI Joël
Juin 2016
Médecin conseiller technique
Personnel de direction 1ère classe (Principal-adjoint)
Professeur des écoles hors-cl.
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Les bourses universitaires
2015-2016
*****
L
ors de notre assemblée générale le
27 janvier dernier, évoquant, après
le rapport 2015, les auspices prometteurs de la campagne 2016, j'ai eu le
plaisir de dire que nous avions « fait un
grand pas en avant ». Eh bien ce « grand
pas » s'est encore allongé dans les deux
semaines qui ont suivi, de manière totalement inattendue, puisque nous avons
encore reçu des dossiers jusqu'au dernier moment (1). Nous avons transmis
à la commission nationale 9 dossiers,
avec des avis allant de « très favorable »
à « sans opposition ». Pour ce qui nous
concerne au niveau départemental
(2), nous avons attribué 6 bourses,
d'un montant de 200 à 500€ (3), aux
étudiants ayant reçu un avis allant de
« assez favorable » à « très favorable »(4).
(1) Et même jusqu'à la dernière seconde,
puisque, « grâce » à internet, des candidats m'ont fait parvenir leur candidature jusqu'au milieu de la nuit du
dimanche suivant le jour officiel de la
clôture, samedi 6 février ! (autres temps,
autres mœurs, on a oublié » le « tampon
de la poste (du samedi à 11h. en règle
générale) faisant foi »… et l'on se dit
que ce qui compte c'est que le dossier
« arrive » avant le lundi). Considérant
la date et l'heure d'envoi des e-mails,
nous avons déclaré deux dossiers irrecevables (leurs auteurs n'en ont d'ailleurs pas été pénalisés, puisque leur
dossier était assez « léger »).
(2) Rappelons que « Paris » n'attribue
dorénavant aucune bourse si la candidat n'a pas fait l'objet d'une allocation
au niveau de la section. Il nous faut
donc maintenant mettre en place un
nouveau poste de dépense dans notre
budget… et trouver les ressources
pour l'alimenter, car selon les échos
reçus, nous allons avoir de plus en plus
de candidats (et bien sûr nous devons
.
maintenant faire appel à de nouveaux
spécialistes pour l'évaluation des dossiers des diverses disciplines).
(3) Deux dossiers, émanant d'étudiants
en médecine et pharmacie, étaient particulièrement remarquables. Outre la
qualité du dossier, nous avons pris en
compte le niveau d'études, puisque les
étudiants de licence (en L3) et de master
1 n'effectuent qu'un stage de 3 mois,
alors que ceux de master 2 partent
pour 6 mois) ; et naturellement nous
avons tenu compte aussi des ressources
des candidats et de leurs parents.
(4) Il s'agit, outre les deux candidats
ci-dessus mentionnés, d'étudiants
des facultés de pharmacie (Université Joseph-Fourier), Droit (Université
Pierre-Mendès-France), Economie (Université Pierre-Mendès-France,) de l'UFR
de sciences humaines -département
d'Histoire contemporaine ( Université
Pierre-Mendès-France) et de l'IAE -Institut d'Administration des Entreprises(rattaché à l'UPMF -une candidate est
également étudiante, avec une deuxième formation en parallèle, à l'Ecole
supérieure de commerce – école de
management).
La commission nationale a retenu 4 de
nos propositions, accordant de son côté
2 bourses de 500€ et 2 bourses de 300€
et complétant ainsi d'heureuse manière
les aides que nous avons pu allouer.
Je voudrais réitérer ici mes remerciements aux professeurs responsables
des masters, aux directeurs des UFR et
doyens, vice-doyens, aux personnes
chargées de fonctions au sein des
directions ou des services des relations
internationales de nos trois ex-universités pour tout le précieux concours qu'ils
nous ont apporté, chacun à leur niveau,
pour toute leur obligeante, voire chaleureuse attention. Et je puis assurer
que, si cela a été un travail plutôt conséquent, cela a été aussi un vrai plaisir de
mettre en place des relations on ne
Rappelons que chaque boursier s'est
engagé à présenter un rapport de fin
de stage (susceptible d'être publié,
sauf en ce qui concerne l'un des nôtres,
astreint à un devoir de confidentialité
par son laboratoire). Mais chacun tient
à nous tenir au courant du déroulement de son stage, sans attendre cette
échéance officielle.
J.C. Meurant
La nouvelle Université Grenoble-Alpes (UGA)
De la fusion des universités grenobloises
L
peut plus agréables avec nos candidats
boursiers, pour qui « l'AMOPA est décidément et vraiment une association
formidable », comme nous l'a écrit l'un
d'entre eux et pour ne citer que celui-là.
Sont donc boursiers de l'AMOPA pour
cette année 2016 :
Basile LE MOIGNE, étudiant de master 2
à l'ex-Université Pierre-Mendès-France,
qui effectue son stage au Mexique
(bourse totale 800€, 5ème rang exaequo dans la liste des 44 boursiers
nationaux).
Adam NOUVEAU, étudiant de master 2
à la Faculté de Pharmacie de l'ex-Université Joseph-Fourier, qui effectue son
stage dans un laboratoire rattaché à
l'Université nationale d'Ho-Chi-MinhVille, au Vietnam (bourse totale 800€,
5ème rang ex-aequo).
Rudy HUMBERT, étudiant de master 2
de la Faculté d'Economie, qui effectue
son stage (bourse totale 700€, 7ème
rang ex-aequo).
Soufiane SAHRAOUI, étudiant de
master 1 à la Faculté de Pharmacie,
qui effectue son stage aux Etats-Unis
(bourse totale 700€, 7ème rang exaequo).
Mikaël MAGNANO, étudiant de master
2 à la Faculté de Pharmacie, qui effectue son stage aux Etat-Unis (bourse
départementale de 300€).
Romy ROUZEAU, étudiante de master 1
à la Faculté de Pharmacie, qui effectue
son stage aux Etat-Unis (bourse départementale de 300€).
e 1 janvier 2016, les universités Stendhal, Pierre-MendèsFrance et Joseph Fourier ont fusionné pour créer un nouvel
établissement : l’Université Grenoble Alpes.
Cette décision a été votée par les Conseils d’administration
des trois établissements au printemps 2015. Par ce vote historique, ces 3 universités grenobloises se sont engagées vers
une restructuration significative ; le nouvel établissement créé
ayant pour ambition de mieux répondre à l’ensemble des défis
posés aux universités par le monde d’aujourd’hui et de demain,
er
Page 6
et d’être encore plus visible et attractif à l’international.
Grâce à ses 80 laboratoires et à sa structuration en six pôles, la
recherche à l’Université Grenoble Alpes gagne en interdisciplinarité pour être à la pointe de l’innovation. Son offre de formation, divisée en quatre grands domaines, couvre désormais
l’ensemble des champs disciplinaires. L’université fusionnée
est aujourd’hui en mesure de proposer à ses 45 000 étudiants
des formations transversales et de faciliter les passerelles
entre les diplômes.
Université Grenoble Alpes et COMUE : quelques précisions La
La Promotion Violette
Communauté d’universités et d’établissements (COMUE) est
la structure qui fédère les établissements d’enseignement
supérieur et les organismes de recherche de l’académie de
Grenoble dont le périmètre s’étend sur l’ensemble du sillon
alpin, de Valence à Annecy.
Dénommée « Communauté Université Grenoble Alpes »,
la COMUE comprend des établissements membres, qui
sont l’Université Grenoble Alpes, Grenoble INP, le CNRS
et l’INRIA, ainsi que des établissements associés, en l’occurrence l’Université Savoie Mont-Blanc, Sciences Po Grenoble, l’ENSAG et le CEA.
La fusion des universités grenobloises s’inscrit aussi dans
un cadre de coopération avec d’autres établissements de la
COMUE, notamment autour du projet Idex.
L’Université Grenoble Alpes en quelques chiffres :
• 45 000 étudiants
• 3000 enseignants et enseignants-chercheurs
• 2500 personnels administratifs et techniques
• 24 facultés, écoles ou instituts
• 80 laboratoires
• 450 millions d’euros de budget
• 500 000 m² de patrimoine sur 12 sites répartis sur 6
départements (Isère, Drôme, Ardèche, Savoie, HauteSavoie et Hautes Alpes).
D. Abry
« L’université conserve, mémorise, intègre, ritualise un héritage culturel de savoirs, idées,
valeurs ; elle le régénère en le réexaminant, l’actualisant, le transmettant […]. A ce titre,
l’Université a une mission et une fonction trans-séculaires, qui, via le présent, vont du passé
vers le futur ».
Edgar Morin
.
Les activités culturelles de la section...
Georgia O’Keeffe au musée
de Grenoble
A
vertissement : l’artiste étant décédée en 1986, ses œuvres sont
protégées (encore pour quarante ans)
et il n’est pas possible de les reproduire
ici ni sur notre site internet, même en
petit format, définition minimale et noir
et blanc (un comble d’absurdité, pour
cette artiste qui nous dit que « la couleur est l’expression des vibrations de
l’âme »...), sauf à envisager pour notre
section de s’acquitter de droits d’auteur auprès de l’ADAGP, alors qu’elle
a bien d’autres dépenses à faire. C’est
bien sûr infiniment dommage. Espérons cependant que nos adhérents qui
n’auront pas vu cette exposition trouveront quelque intérêt à lire ce qui suit
et seront ainsi incités à découvrir par
eux-mêmes l’univers si singulier et si
fascinant de Georgia O’Keeffe. Puisse la
plume suppléer modestement un peu
de ce qu’aurait apporté incommensurablement l’image.
Chère Georgia,
Tu nous as quittés, nous qui ne te
connaissions même pas, voici bientôt
trente ans. Et pendant tout ce temps,
personne ne nous a parlé de toi. Ne
m’en veux pas si je te tutoie, je dis tu à
tous ceux que j’aime, comme disait un
poète de ton temps, lorsque tu avais
une soixantaine d’années. Et j’ai aimé
ce que j’ai vu de toi, de tes œuvres,
Juin 2016
dans notre musée de Grenoble, par un
bel après-midi -un des tout derniers
de notre indulgente saison- avec mes
amis. Tu es maintenant célèbre parmi
nous, Georgia, qui habitons si loin de
ta « Terre d’enchantement », ton nom
est transporté et glorifié partout dans
notre ville, chaque passant peut le voir
sur les tramways qui circulent dans nos
rues. Et pourtant… pourtant, comme
nous l’a si bien expliqué notre guide
-dont l’appellation de « médiateur »
a trouvé là encore une fois sa pleine
justification- il a fallu bien des années
avant que l’on parle de toi. Cela te
déçoit, toi qui as eu l’honneur du Moma
de New York ? Enfin rends-toi compte !
D’abord tu n’étais que « la femme
de… » ; ensuite, l’Art réaliste américain vu par nos Parisiens, tu vois peutêtre ce que je veux dire… ; enfin, enfin
quoi… tu étais « une femme » (et avoue
-ou n’avoue pas- que certaines de tes
peintures semblent montrer que tu
avais bien conscience de cette « infériorité », quand tu as commencé à changer
tes couleurs, non ?). Et puis et puis…
certains disent que tu étais trop américaine pour nous. Bon, tu as quand
même été « exposée » en Europe en
2012, et puis tu as eu droit au musée Pompidou, non ? Ah oui, une seule œuvre,
c’est vrai… Mais aujourd’hui, Georgia,
grâce à un regroupement de musées
(TON musée est à Santa Fe, oui, nous
ne l’oublions pas), grâce à des prêts des
musées de Cleveland, de Saint-Louis,
de Dallas, de Virginie, de San Francisco, Madrid, Munich, entre autres, de
collectionneurs particuliers, tu es avec
nous (en compagnie de tes amis photographes), avec trente-cinq œuvres
exposées chronologiquement dans dix
salles, où l’on retrouve des thèmes qui
te sont chers -ou qui en tout cas ont
marqué ta vie. Tu sais, on parle souvent
de « figuration », d ‘« abstraction » dans
la peinture… Je sens qu’avec toi, cela
ne va pas être facile de te ranger dans
une catégorie. Autant te demander si tu
te sentais plutôt romantique, ou plutôt
symboliste. Mais nous voilà en train de
te catégoriser. Si l’on parlait un peu de
toi ?
On dit que tu es originaire du « Middle
West ». Tu parles d’un espace ! Le « Midwest » (au secours Wiki!), c’est douze Etats,
pas moins. C’est « la Prairie », les grandes
plaines entre les Appalaches et les
Montagnes Rocheuses (bon, un peu à
droite quand même sur la carte, « Mid
» ou pas). Ton Etat à toi, c’est le « Ouiskonsen » -le Wisconsin-, en pleine Amérique rurale. Et c’est dans cette Prairie
que tu vis le jour, à… « Sun Prairie » (ne
me dis pas que c’était un signe, parce
qu’alors je te parlerais de la Virginie, de
New York, du Nouveau Mexique, ok?).
C’était en 1887. A quinze ans, tu pars
avec ta famille pour la Virginie, justement. Ce n’est pas vraiment à côté (et
tu passes de la steppe à la forêt, si je ne
me trompe, mais tu aimes tellement
la nature...). La nature, tu vas bientôt
nous la montrer de manière incroyablement proche, frappante avec tes deux
cents fleurs, à tel point qu’on dira de
toi que tu es un peintre floral -même
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si tu défendais de « savoir peindre une
fleur », te réfugiant dans le secours de
la seule couleur (en admettant tout de
même que tu pouvais « faire part de ton
expérience de la fleur »), cette couleur
qui selon toi « vaut que la vie mérite
d’être vécue », qui est « l’expression
des vibrations de l’âme ». Mais de ces
fameuses fleurs, nous reparlerons, car
il y a beaucoup à en dire... et il est prématuré d’aborder tout de suite ce sujet.
Tu as été professeur, Georgia (j’espère, avec le caractère que tu avais,
dit-on -un caractère hérité de ton
ascendance irlandaise ? -que tu n’as pas
trop fait souffrir tes jeunes élèves dans
leur petit « bled » d’Amarillo, au Kansas
!), alors tu sais que lorsqu’on a la prétention de présenter une œuvre, on doit
commencer par la biographie de l’auteur : ainsi reprenons le fil de ta vie un
instant interrompu. Nous te retrouvons
donc en Virginie, où tu commences à
étudier les arts (tu avais déjà reçu dans
ta famille une initiation), puis à Chicago
(à l’Institut d’art) et surtout à New York,
à l’école des Beaux-Arts (où enseigne
William Merrit Chase, peintre très
engagé en faveur de l’impressionnisme
et par ailleurs portraitiste célèbre, un
professeur qui comptera pour toi). «
Surtout » à New York : pourquoi cette
insistance ? Parce que c’est là que commence vraiment ta vie d’artiste, je crois
et que c’est là que, concomitamment,
tu fais la connaissance de celui qui
deviendra ton mari, un certain Alfred
Stieglitz -et que de là commence à se
répandre ta renommée. Mais qui donc
est ce monsieur ? Un peintre ? Non, un
photographe, et célèbre, s’il vous plaît !
Oh vous ne vous êtes pas mariés tout de
suite, vous vous fréquentâtes d’abord
quelque temps... Si je me souviens bien,
une de tes amies avait envoyé au propriétaire d’une galerie d’art de la 5ème
avenue quelques-un de tes fusains (tu
avais alors 29 ans). Cette galerie résolument « avant-gardiste », la « 291 », tu la
connaissais pour l’avoir visitée un jour .
Stieglitz est intéressée par tes dessins,
les photographie et les expose ; l’année
suivante, tu as droit à une « expo solo » !
Quelques mois plus tard tu viens t’installer à New York et vous vous marierez six
ans plus tard, en 1924. C’était « le grand
amour », non ? (enfin je ne veux pas être
indiscret, mais 350 portraits, quand
même… mazette!). En quoi la rencontre
avec cet homme, puis avec certains de
ses amis, eut-elle une influence dans
ton propre parcours artistique, chère
Georgia, en quoi fut-ce, à ce moment
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de ta vie, déterminant ? Parce que plusieurs d’entre eux étaient non seulement des artistes-peintres, mais aussi
des « artistes en photographie », c’est
bien cela ? Des artistes qui créaient, à
partir des paysages que tu as aimés,
des images tellement fortes qu’elles en
devenaient pour ainsi dire abstraites ?
Oui, si l’on en juge par ce que toi-même
as pu écrire, t’adressant à l’un d’eux
(Paul Strand) : « Je crois que je regarde
les choses et les vois comme je pense
que vous les photographieriez ». Et de
fait tu utilises maintenant la technique
photo dans tes compositions où prédomine entre autres le souci du cadrage ;
cette « vision photographique », elle
donne de la force à tes images. Dès lors,
ton mari et toi allez , depuis votre résidence au Shelton Hotel, « au milieu de
l’océan », célébrer le paysage urbain, les
gratte-ciel -qui remplacent les arbreset « The city of ambition » (une photo de
Stieglitz, que nous montre notre guide,
est quasi-impressionniste). Justement,
ces compositions n’ont rien de figuratif et frisent aussi l’abstraction. L’exposition que nous visitons, en hommage
à ton œuvre, par le choix qui a été fait
d’exposer en parallèle tes toiles et les
photos de tes amis, montre bien toutes
les correspondances qu’il y a entre les
unes et les autres. Je crois que tu aurais
aimé cette mise en évidence particulièrement parlante. Nous parlions « d’abstraction » : il est difficile, parfois, de dire
ce qui prévaut dans ta peinture même
à une époque donnée, car nous voyons
bien que certains de tes tableaux de
fleurs ne sont déjà plus « figuratifs »,
depuis tes débuts. On est bien loin des
« natures mortes » ! (et d’ailleurs, si je ne
me trompe, tu t’étais toi-même détournée de cette orientation en adoptant
un nouveau style privilégiant, à côté de
la couleur -toujours la fameuse couleurla ligne, la géométrie, l’ombre). Tu as
toujours voulu être le peintre des sensations.
Mais, Georgia, entre nous, ces
fleurs…. Si l’on en parlait un peu maintenant ? Des « natures mortes », on en
connaît forcément quelques-unes (et
d’ailleurs notre musée de Grenoble en
compte de magnifiques dans ses collections, à tel point que notre guide
attitrée nous a proposé une séance
consacrée exclusivement aux « secrets
de [ces] fleurs », tout en nous rappelant
-j’emploie ce mot parce qu’elle nous
l’avait déjà dit lors d’une précédente
visite- quel était le « rang » traditionnellement, académiquement accordé
aux Natures mortes dans la Peinture : pas vraiment un des premiers…).
Mais des fleurs comme les tiennes, des
comme ça, on n’avait jamais vues ! Bon,
je récapitule et j’essaie de m’y retrouver, ne voulant pas rejoindre aveuglément la cohorte masculine critique de
ton époque, qui, nous dit notre guide,
n’a voulu voir dans tes toiles que des
représentations d’ordre sexuel, alors
que ton intention, ta volonté particulièrement depuis certaines tentatives
d’interprétation freudienne antérieures
étaient justement de créer à partir de
l’observation en grand de tes fleurs
des abstractions au caractère onirique.
Et effectivement, moi, je trouve que tu
as su extraire du plus profond du calice
de tes fleurs leur essence -visuellement
parlant-, que tu es arrivée à un niveau
de ta description, de ta vision, de ta
représentation qui ne peut appartenir qu’au monde du rêve : j’aimerais
retrouver les mots de notre guide pour
décrire en quoi tes couleurs, tes dégradés, toutes ces nuances incroyables, tes
lignes aussi créent devant nos yeux ces
fleurs transfigurées par la magie de ton
regard -et de ton art. Des fleurs ? Oui,
des fleurs. Cela dit, hum… de simples
abstractions ? Difficile de ne pas ressentir la sensualité qui naît de ces formes
suggestives, même en oubliant la Critique qui t’accusa de déguiser (de bien
déguiser, en tout cas!) ; difficile de ne
pas associer sensualité et sexualité ; difficile de de ne pas rapprocher le « sexe »
floral du sexe humain, féminin ou masculin, même en tenant le plus grand
compte de ton intention d’artiste (et
en laissant de côté Freud & Co et toutes
les métaphores). Alors, chère Georgia,
« Our lady of the lily », finalement que
« signifie la fleur » pour toi ? Conviens
qu’il y a de quoi nager en pleine ambiguïté… Même ceux qui pensent que tu
voulais ne peindre que des fleurs , qui
posent cela comme un principe, font
état de ton subconscient ; et puis n’estce pas une femme qui dit clairement,
sans parler d’ambiguïté, s’appuyant
sur un tableau comme ton Iris Noir III,
que tu es « le peintre de l’érotisme au
féminin » ? Bon, laissons aux uns et aux
autres, comme d’habitude, leur vision
des choses et partons te retrouver, à
la fois dans notre musée et dans ta vie.
C’est bien plus important.
Nous t’avons laissée à New-York,
après ton mariage. Mais depuis
quelques années ton amour de la
nature s’était trouvé un havre sur les
bords du Lake George, à tel point que
La Promotion Violette
c’est dans ces lieux que tu avais installé
ton atelier, dans une grange devenue
« My Shanty », ta petite maison dans la
prairie. C’est là que nous te retrouvons
pour un petit flash back très intéressant, car ce tableau, figuratif a priori,
s’apparente à une représentation « abstraite » : nous oscillons d’un aspect à
un autre, passant d’une représentation
somme toute réaliste d’un paysage
naturel à représentation tellement stylisée qu’elle en devient abstraite.
Mais pour toi, la couleur est l’essentiel, c’est « une libération ». Après la
blancheur immaculée de Calla Lily in
Tall Glass n°2 (1923), on en voit tout
l’éclat chatoyant dans ton tableau de
Pétunias violets peint en 1925, dans tes
flamboyants Red Cannas peints en 1927
(dont le rouge, parmi les nuances de
rose et d’orange, pourrait être, nous dit
notre guide, celui de l’Amour), une peinture tout-à-la-fois romantique et symboliste. Deux magnifiques tableaux,
peints en 1929 et 1930, exaltent ton
éloge de la couleur : le merveilleux (à
mes yeux) Gris, Bleu & Noir – Cercle
Rose (1929) et White Iris (1930). Rougepassion aussi sont tes Amaryllis (1937).
Laissons là cependant les fleurs car,
entre 1918 et 1932, tu en as peint, rappelons-nous, deux bonnes centaines,
dont nous nous souviendrons toujours
avec admiration. Si la peinture de fleurs
est un genre à part entière, tu l’as véritablement révolutionné.
A Lake George, dans le parc des monts
Adirondacks, à plusieurs centaines de
kilomètres de New York, tu vas observer avec bonheur le ciel, les collines, les
paysages, les arbres, en communion
spirituelle avec la nature (et avec Stieglitz -qui a installé sa chambre noire
également dans l’ancienne grange).
Mais tu vas découvrir d’autres couleurs, avec d’autres sujets que tes fleurs
-et d’autres formes aussi, qui ne pouvaient que satisfaire pleinement ton
inclination pour l’abstraction : en 1929,
tu découvres le Nouveau Mexique, ses
espaces immenses, ses ciels changeants
(tu as toujours été fascinée par le ciel)
et le désert, les canyons, les os blanchis
par le soleil, l’omni-présence de la Mort.
« Les couleurs sont différentes là-bas »,
as-tu écrit à propos de cette Terre d’enchantement. Et ce choc devant ces nouvelles couleurs, ces nouvelles formes va
faire de toi, nous dit encore notre guide,
une nouvelle femme. A partir de ces
paysages épurés, abstraits, tu vas créer
une œuvre fantastique et visionnaire,
Juin 2016
en sublimant ta relation avec la Nature,
là où les arbres, les nuages relient la
terre au ciel, chez les Indiens Pueblos
et Hopis. « Il n’y a pas de fleurs dans le
désert, dis-tu, seulement des os blanchis par le soleil ». Tu commences à les
ramasser dans la vallée du Rio Grande,
tu les collectionnes, notamment les os
pelviens, en raison de leur forme, qui te
permet de regarder le paysage à travers
leur cavité ; plus tard tu les peindras. En
attendant, ils sont pour toi l’équivalent
de sculptures. Ce seront tes « trophées ».
Je n’oublie pas les arbres : je pense à
un certain Cotonnier au printemps, où
l’on sent le souffle du vent ; il est clair
que, à l’instar de la fleur, tu entretiens
avec eux une relation toute particulière, tout comme ton mari et toi êtes
fascinés par les nuages, par les effets du
vent. Durant ces années, tes amis photographes continuent de t’influencer :
après Paul Strand, qui t’a convertie voici
bien des années à la photo moderne,
« moderniste » (dont la nouvelle esthétique veut des plans resserrés, de la netteté dans l’ambition d’une « photographie pure », la Straight Photography),
Paul Strand à qui tu disais « Vous autres,
les photographes, m’avez fait voir ou
plutôt sentir des couleurs nouvelles »,
tu te lies avec Ansel Adams, qui vous
rend visite à votre « Ghost Ranch » en
1937. Ce dernier a fondé, avec quelques
amis, le « Groupe f/64 » : pourquoi cette
appellation ? f/64, comme le savent
les photographes, est l’une des plus
petites ouvertures de diaphragme possibles (en l’occurrence c’était la fermeture maximale des objectifs équipant
les chambres de ces photographes),
une de celles qui permettent la plus
grande netteté -mises à part certaines
distorsions inhérentes à l’objectif-, en
tout cas la plus grande profondeur de
champ (« Priorité au diaph », comme on dit
de nos jours -mais une ouverture à f/64, on
ne la trouve que sur une chambre) ; pour
ces photographes qui refusent par principe toute manipulation, qui travaillent
avec des chambres, de surcroît, de grand
format, l’absolue fidélité au modèle est
le credo ultime (aucune retouche possible, ni à la prise de vues, ni après : que
penseriez-vous de « Photoshop », Georgia?…). La parenté entre la vision photographique d’Ansel Adams et ta vision
de peintre est bien réelle.
Les couleurs, tes couleurs sont toujours là : légères, nuancées et fondues,
ou vives, profondes et contrastées,
dans tes Falaises rouges et jaunes, ou
dans tes Purple Hills, ces collines violemment violettes… Dans ce pays
aride, peuplé d’ossements et habité par
le Grand Esprit, où tu sens peut-être
passer dans le souffle du vent l’âme
des Anciennes Tribus (je me souviens
d’avoir vu ton Idol’s Head et tes katsina
tithu, les poupées Kachina Hopi), tu te
sentiras si bien que tu t’y installeras
définitivement. Des années plus tard,
on retrouvera dans un tableau comme
Canyon country, représentation hautement épurée, ta propension à ne retenir que la forme et les couleurs essentielles, la permanence et la continuité
de ton inclination vers l’abstraction
puissamment évocatrice.
Mais les années passent, justement.
As-tu épuisé tous les sujets visibles de
cette Terre ? A soixante-six ans, tu te
mets à voyager ; tu parcours le monde,
tu en fais le tour en avion. Et, de làhaut, admirant de nouveaux nuages, tu
vas découvrir de nouveaux paysages,
retrouvant dans les méandres des
rivières les lignes courbes que tu aimes.
Et que de couleurs, aussi ! et le ciel.
Ce ciel qui est l’emblème du pays des
grands espaces dans la peinture américaine, a-t-on pu dire ; toi pour qui c’était
« primordial de sentir l’Amérique, de
vivre l’Amérique, d’aimer l’Amérique »,
tu écriras aussi : « J’aime les plaines plus
que jamais -et le CIEL ».
Ton inspiration est donc loin de
s’éteindre. Elle s’éteindra avec toi,
voici maintenant trente ans. L’année
suivante, en 1987, la National Gallery
de Washington célébrera ton centenaire, dans l’apothéose glorieuse d’une
artiste devenue célèbre et honorée. A
l’époque pas encore chez nous, maintenant, si. Je n’arrive pas à me rappeler où
j’ai lu ces mots à ton propos, à propos
de ton œuvre : « Une sorte de sainteté
sublimée de perfection limpide ». Oui,
c’est bien cela, pas besoin de commentaires abscons. C’est limpide.
J.C. Meurant
PS : concernant l’absence d’illustrations, je me fais l’effet d’un candidat à
un examen qui rédigerait sa copie sans
jamais aucune citation pour appuyer
ses dires. Mais cette regrettable carence
n’est peut-être pas grave, puisque j’ai
choisi de m’adresser à Georgia ellemême, et qu’elle connaît ses peintures
mieux que personne ? Quant à vous,
amis lecteurs, si votre curiosité est
éveillée, vous savez ce qu’il vous reste
à faire...
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Conférence de M. Delannoy,
« La caverne du Pont d’Arc »
L
ors de notre journée au Clos d’Or
en décembre 2015, M. Jean Jacques
Delannoy, géomorphologue, enseignant
chercheur à l’Université Savoie Mont
Blanc et directeur du laboratoire EDYTEM
(Environnement, Dynamique, Territoires
de Montagne) a eu la gentillesse de libérer un créneau dans son emploi du temps
bien chargé pour venir nous présenter la
Grotte Chauvet. Il a su à merveille transmettre sa passion pour ce lieu qu’il étudie
depuis de nombreuses années. Grâce à
lui, nous avons fait un magnifique voyage
dans le temps.
Les œuvres de la Grotte Chauvet sont
les plus anciennes peintures rupestres
connues à ce jour. En effet, la grotte
commence à être fréquentée par les
hommes, les Aurignaciens, environ 37
000 ans avant JC. Sous un climat très
froid, la région abrite une faune très riche
avec notamment des rhinocéros, ours
des cavernes, bisons, panthères, mammouths, loups… Les premières peintures
réalisées sur les parois datent de 36 000
ans avant JC environ alors que l’homme
de Cro-Magnon peint dans la Grotte de
Lascaux environ 18 000 ans avant JC.
Un nombre impressionnant d’animaux
représentés (plus de 400), les techniques
mises en œuvre, les conventions utilisées concourent à créer une émotion. La
grotte semble vivante ; le relief s’en mêle
aussi, des draperies fines comme de la
soie, des aiguilles transparentes captent
la lumière.
La conservation remarquable des
œuvres pariétales et des vestiges au sol
est due au comblement de l’entrée (environ 21 500 ans avant JC) suite à un effondrement de la corniche calcaire.
Le rouge de l’hématite est la couleur
qui domine l’art pariétal des premières
salles; au fond, ce sont les gravures et les
dessins noirs qui prennent le pas. Cette
partition renforce le caractère exceptionnel de la grotte.
L’entrée d’origine menait directement
à la salle des Bauges; ces très nombreuses bauges, sortes de nids creusés,
témoignent de l’occupation récurrente
des ours des cavernes pour hiberner et
mettre bas.
Les Salles Rouges comportent un
ensemble pariétal varié dans lequel on
retrouve la gravure, la peinture, le dessin.
Toutes ces figurations sont peintes en
rouge sauf une tête de félin en noir et
deux petites têtes de chevaux jaunes.
On retrouve, entre des productions de
Page 10
tailles diverses, des graphismes abstraits
appelés « signes » car on leur prête une
valeur symbolique. La salle Brunel, elle,
est caractérisée par une abondance de
panneaux ornés de points ; sur l’un de ces
panneaux sont juxtaposés près de cinq
cents points-paumes à l’ocre rouge.
Après les Salles Rouges, on pénètre
dans la Grotte Noire.
Une fresque monumentale qui se
déroule sur plus de neuf mètres et atteint
parfois trois mètres de haut orne la Salle
Hillaire. Cet ensemble est spectaculaire
tant par la densité et la diversité des
animaux que par la vie qui les anime. Le
raclage des parois avant les dessins au
charbon crée un fond éclatant et l’on
imagine les aurochs, chevaux, rhinocéros
surgissant de la roche.
La Salle du Crâne est remarquable par
sa mise en scène : un espace circulaire
entouré de banquettes d’argile grise qui
ressemblent à des gradins et au centre,
un monolithe aux arêtes vives sur lequel
est déposé un crâne d’ours. Le sol recèle
de nombreuses empreintes d’ours mais
aussi de loups et des ossements, majoritairement des crânes d’ours. Certains
sont regroupés d’une manière qui ne
paraît pas entièrement naturelle. Ici se
posent les questions sur la nature et les
motivations des manipulations des ossements d’ours.
La Galerie des Mégacéros, passage
obligé sur une trentaine de mètres de
long conduit à la Salle du Fond. Des mouchages de torche tous situés à environ
un mètre du sol sont visibles de façon
régulière, le plus souvent en vis-à-vis.
Comme son nom le suggère, la décoration pariétale est marquée par la figure
du cerf mégacéros mais aussi par de
nombreuses autres représentations qui,
par leur qualité, préparent le visiteur au
choc émotionnel que lui réserve la salle
terminale.
La Salle du Fond est un foisonnement
de représentations animales et symboliques. Cette salle a un côté délibérément
spectaculaire. La superposition d’images
est utilisée pour générer l’illusion du
mouvement.
Le Grand Panneau, élément majeur
dont la mise en scène impressionne, a été
soigneusement construit, symétrique par
rapport à la niche centrale, chaque volet
latéral représentant deux parties déterminées par des reliefs de la paroi avec
des sujets distincts. Sur le panneau ont
d’abord été peints en rouge cinq félins et
une série de grosses ponctuations épousant la concavité de la paroi. Ces images
rouges sont surchargées par quatre lions
et un renne à six pattes peints en noir.
Ensuite, viennent les rhinocéros, dix-sept
au total de tailles et de techniques comparables. La mise en perspective décroissante des cornes pour les rhinocéros du
haut et leurs lignes de dos superposées
donnent une idée de mouvement.
Un cheval noir dessiné au fond de la
paroi de la niche centrale, son arrièretrain étant masqué par le relief donne
l’impression d’un animal sortant des profondeurs de la roche.
Le côté droit du panneau peut se
scinder en deux parties avec des bisons
à gauche et des lions à droite ceux-ci
chassant ceux-là. Au pied de la paroi, on
découvre un petit tas de charbon, réserve
probable de matériau pour le dessin.
La construction symétrique du Grand
Panneau, la répétition constante des
conventions pour représenter les animaux plaide en faveur d’une unité des
figures noires. Même si une phase rouge
antérieure à la noire a été mise en évidence sur la gauche du Grand Panneau,
l’impression générale n’est pas celle d’apports multiples échelonnés mais d’une
réalisation pendant un temps relativement court.
Rien n’est plus pareil dans l’histoire de
l’art depuis la découverte de la Grotte
Chauvet. Pendant un siècle, les scientifiques estimaient que l’art avait évolué de
manière linéaire : de ses balbutiements au
début de l’Aurignacien (37 000 ans avant
JC) à sa pleine expression au Solutréen
dans la Grotte de Lascaux vers 18 000
avant JC. Les œuvres très abouties de
la Grotte Chauvet viennent bouleverser
cette théorie.
Officiellement reconnue par l’UNESCO,
la Grotte Chauvet figure désormais sur la
liste du patrimoine mondial. Surveillée
comme un joyau planétaire, cette cavité
fait l’objet d’exceptionnelles mesures de
conservation. Pour la montrer au grand
public, il fallait la cloner !
Un comité scientifique international
a délégué trois membres de l’équipe de
recherche de la grotte, dont M. Delannoy, pour assurer le suivi scientifique de
la Caverne du Pont d’Arc, réplique de la
Grotte Chauvet.
En avril 2015, la Caverne du Pont d’Arc
ouvrait ses portes aux visiteurs : une
véritable prouesse technologique et
technique mais aussi le résultat de
beaucoup de patience, de minutie et de
savoir-faire d’hommes et de femmes,
dignes héritiers des chasseurs-cueilleurs aurignaciens.
Nicole Laverdure
La Promotion Violette
Les Temps forts de la collection du musée de Grenoble
C'est avec plaisir qu'un groupe d'une vingtaine d'Amopaliens a suivi le nouveau cycle de six conférences thématiques proposé par Madame Corinne PINCHON, historienne de l'art et conférencière.
Secrets de Fleurs
L
a visite commence par la belle
nature morte d'Osias BEERT (15801624) : « Fleurs, fruits, vases et autres
objets ».
Ce peintre flamand né près d'Anvers
est considéré comme l'un des plus
remarquables maîtres de nature morte
du 17ème siècle. C'est l'époque où la
tulipe est l'objet d'une « tulipomania »
dans les Provinces-Unies ; c'était aussi
le moyen d'avoir chez soi toute l'année
de luxueux bouquets. La partie droite
du tableau réunit les symboles de l'Eucharistie, suscitant une réflexion sur les
valeurs de l'existence.
Le tableau de Philippe DE CHAMPAIGNE (1602-1674) « Louis XIV au lendemain de son sacre reçoit le serment
de son frère Monsieur, duc d'Anjou,
comme chevalier de l'ordre du Saint
Esprit » nous permet d'étudier la symbolique de la fleur de lys, qui représente
la pureté et fut choisie par les Capétiens comme fleur royale (on note que
les membres de cet ordre portaient un
cordon bleu : en fins gourmets, ils terminaient leurs réunions par des banquets renommés, d'où l'expression «
cordon bleu » pour désigner un(e) fin(e)
cuisinier(e) ! ).
Nous voici au 18ème siècle devant le
tableau de François DESPORTES (16611743), « Animaux, fleurs et fruits » .Cette
toile est une allégorie des cinq sens, les
fleurs pour le plaisir de l'œil et l'odorat,
et des quatre éléments, les fleurs représentant la terre.
Le tableau de Joseph-Marie VIEN
(1716-1805), « L'Enlèvement de Proserpine » nous donne à voir, dans un décor
de fleurs éparses, une scène bucolique
de la mythologie, très en vogue au
18ème siècle .
Nous voici dans les salles des œuvres
du 19ème siècle. Impossible bien sûr
de ne pas s'arrêter devant le tableau
de François Gérard dit Baron GERARD
(1770-1837) intitulé « Flore caressée par
Zéphir » présentant une jeune femme
au visage extatique, vêtue d'un voile
transparent et nimbée de fleurs . Seuls
les personnages de la mythologie permettaient de représenter des scènes à
connotation érotique.
Un arrêt s'impose aussi devant le très
Juin 2016
joli petit tableau (33 x 30 cm) « Nature
morte dite de fiançailles » exécuté par
Henri FANTIN-LATOUR (1836-1904),
peintre originaire de Grenoble, afin
d'être offert en cadeau de fiançailles
à Victoria Dubourg, sa future épouse.
C'est une belle composition très équilibrée où chaque objet est judicieusement choisi ; les jonquilles symbolisant
la fidélité, les cerises, le désir, le rouge
du vin faisant pendant à celui des
cerises, le blanc du camélia à celui de la
coupe en porcelaine.
Encore une nature morte, mais de
grandes dimensions (130 x 97 cm), il
s'agit du beau tableau « Fleurs » de ce
peintre disparu trop jeune qu'était Frédéric BAZILLE (1841-1870) et représentant un énorme bouquet d'héliotropes,
de dahlias et d'amarantes dans un vase
posé sur une console sur laquelle des
dahlias sont épars . La lumière venant
de droite en fait vibrer les textures et les
couleurs.
L'impressionnisme est illustré par le
tableau de Claude MONET (1840-1926)
« Coin de l'étang à Giverny ». La toile est
entièrement remplie par une végétation luxuriante où dominent le vert et le
bleu, les coups de pinceaux remplacent
les touches délicates des siècles précédents. L'idée de la fleur est plus importante que la représentation de la fleur.
Ce tableau a été donné au musée de
Grenoble en 1923 par Monet lui-même
afin « d'encourager ce musée dans ses
tendances modernes ».
En quelques pas nous arrivons dans
les salles du 20ème siècle et, à tout seigneur tout honneur, voici le fleuron de
la collection d'art moderne du musée,
le tableau d'Henri MATISSE (1869-1954)
« Intérieur aux aubergines » : cette toile
donne l'impression d'un foisonnement
de couleurs alors que le peintre n'en
utilisé que six environ , il n'y a aucune
notion de perspective (on croit voir
tomber les aubergines), l'espace est
modelé par l'utilisation de la couleur.
Et nous terminons cette visite par un
tableau du peintre américain Tom WESSELMANN (1931-2004), « Bedroom painting N°31 ». Dans le style schématisé
des affiches publicitaires, un visage de
femme en très gros plan voisine avec
des objets de la vie quotidienne dont
une rose très sexuée .
L’Art espagnol
L
’art espagnol est présent dans les
collections du musée de Grenoble
grâce à des œuvres couvrant essentiellement le 17ème et le 20ème siècle, que
l’on peut considérer comme deux des
plus grands moments de la création
artistique espagnole.
Le 17ème siècle est considéré comme le
siècle d’or. Il est pour nous l’occasion de
s’arrêter devant quelques toiles signées
de grands maîtres ainsi :
JOSE DE RIBERA (1591-1652) : « Le martyre de saint Barthélémy », grande toile
de 180 x 115 cm. Formé en Espagne, ce
peintre s’installe en Italie et fait partie
de l’école caravagesque. Ce tableau
représente Barthélémy, martyr des premiers temps de l’Eglise attendant de
subir son supplice. On retrouve dans ce
tableau l’influence du Caravage dans le
clair-obscur ; le réalisme du corps d’un
vieil homme en gros plan dont la posture en croix, en particulier la tension
du bras droit, le regard trahissant à la
fois l’espoir et l’inquiétude, suscitent
une grande proximité et par là-même
une grande émotion chez le spectateur.
JUAN DE VALDES LEAL (1622-1690) :
« Portrait de Frère Alonso de Ocana ».
Cet artiste espagnol à la fois peintre,
sculpteur et orfèvre, proche de Zurbaran et Vélasquez, travaille à Séville,
grand centre de création de l’art espagnol au 17ème siècle. Ce tableau est une
commande d’un monastère et représente Frère Alonso, moine très humble
qui avait pour fonction de s’occuper du
bétail, puis de préparer la célébration
des messes, donc représenté ici tenant
des cierges ou des burettes. A ses pieds
une lance brisée rappelle que dans sa
jeunesse une lance envoyée par un
adversaire se brisa sans l’atteindre.
Ce tableau fit partie de la collection de
Louis-Philippe, collection qui fut dispersée lors d’une vente à Londres.
Il fut acheté en 1901 par le général
de Beylié qui en fit don à la ville de
Grenoble avec les quatre tableaux de
Zurbaran .
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FRANCISCO DE ZURBARAN (15981666) : « L’Annonciation », « L’Adoration des bergers », « L’Adoration
des mages », « La Circoncision » : ces
quatre toiles font partie des plus beaux
tableaux que possède le Musée de
Grenoble. Ces œuvres appartenaient à
l’origine, avec une autre toile conservée
au Metropolitan Museum de New York
et quelques panneaux plus petits dont
on a perdu la trace, à un retable destiné
au maître-autel de la Chartreuse Nostra
Senora de la Defension à Jerez. Elles ont
été réalisées alors que l’artiste était au
sommet de son art.
Lors de la réduction puis de la fermeture des couvents d’hommes, ce
magnifique retable de style baroque
fut démantelé puis détruit en 1828 et
les tableaux dispersés. Le général De
Beylié acquit ces quatre toiles en 1901
pour en faire don au musée de Grenoble.
L’Espagne, très catholique en cette
période (1638-1639), laisse peu de
liberté d’expression aux artistes qui
doivent suivre les directives de Francisco Pacheco, peintre, théoricien sous
peine des foudres de l’Inquisition. Ainsi
du tableau « L’Annonciation » : tout
est peint dans le respect des injonctions religieuses (une jeune vierge,
un archange agenouillé, un livre de
prières, la colombe au ciel.…) ; très
bel avant-plan avec les lys symbole de
pureté mais on peut noter l’arrièreplan moins travaillé, en effet Zurbaran
maîtrisait mal les plans intermédiaires
mais il se perfectionnera au contact de
Velasquez.
« L’adoration des bergers » est peint
dans un style plus ténébriste, toute la
lumière du tableau vient de l’Enfant
Jésus.
Nous ne verrons pas « L’adoration des
mages », actuellement prêté pour une
exposition.
« La circoncision » : une scène aux
couleurs plus froides, dont Marie est
absente.
Ces panneaux ont quelques points
communs : il n’y a jamais de détail
inutile, il y a toujours un élément
architectural (colonne, pilier..) reliant
symboliquement la terre et le ciel, il y
a toujours un personnage nous indiquant où porter notre regard.
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LE GRECO (1541-1614) : « La Pentecôte ». Prêt exceptionnel du musée
national du Prado .
verselle, mais le projet n’a pas abouti.
Cette sculpture représente la lutte des
ouvriers et la résistance des Catalans.
Son exposition au milieu des salles
d’art moderne peut surprendre ; c’est
une exigence du musée du Prado.
Considérée comme une peinture
gestuelle en bronze, elle met en valeur
toutes les possibilités physiques de ce
matériau .
Grec d’origine, ayant étudié les
artistes italiens, ce peintre et sculpteur
s’installe en Espagne où il mourra, à
Tolède.
Ce tableau appartenait à un retable
démembré dont 5 panneaux sont
regroupés au musée du Prado, un autre
se trouvant au musée de Bucarest.
Comme les tableaux de Zurbaran,
il perd de sa charge émotionnelle en
étant sorti de son contexte d’origine .
C’est une représentation traditionnelle de la Pentecôte, les langues de
feu symbolisant la venue de l’Esprit
Saint sur les Apôtres, la Vierge et deux
femmes. C’est un panneau à la gloire de
Marie représentée dans une sorte de
mandorle au centre du tableau.
L’originalité de cette toile tient à
la façon maniériste dont sont réalisés les portraits aux visages allongés
empreints d’émotion ainsi qu’aux couleurs des vêtements et au travail des
plis spécifiques de l’école vénitienne .
En faisant un grand saut dans le
temps et un petit trajet dans la musée,
nous abordons l’art espagnol contemporain.
PABLO PICASSO : « Femme lisant » :
il s’agit d’un portrait d’Olga, danseuse
des ballets russes rencontrée à Rome et
première épouse de Picasso, réalisé lors
d’une période où la peinture connaît
un retour à l’ordre avec référence à
l’art ancien (nez grec, yeux enfoncés,
style cariatide) appelée aussi « peinture
ingresque ».
JULIO GONZALEZ (1876-1942) : « La
Grande faucille »
Gonzalez est un grand sculpteur, faisant partie d’une famille d’orfèvres et
qui a connu Picasso avec qui il a travaillé
à Paris ; c’est l’inventeur de la sculpture
en fer (il avait appris la soudure autogène en travaillant chez Renault).
En 1937, Picasso peint « Guernica »
et l’agrandissement de cette sculpture devait être présenté face à la
toile de Picasso dans le pavillon républicain espagnol de l’exposition uni-
Cette sculpture qui sera reproduite
en grand format après sa mort est une
des fiertés du musée de Grenoble.
JUAN MIRO (1893-1983) : « Grande
bande »
Cet artiste espagnol a parfois été
rattaché au courant surréaliste mais
en réalité, il est resté en marge des
courants artistiques, en inventant son
propre « miromonde » avec ses « miroglyphes en liberté» (Jacques Dupin).
Cette œuvre de 57 cm x 500 cm ne
raconte pas une histoire, en effet sur
fond brun et bleu délavé pouvant rappeler le cosmos, flottent des signes
peints s’apparentant à l’écriture automatique ; on est dans un monde à la
fois onirique et naïf.
EDUARDO CHILLIDA (1924-2002) :
« Ikaraundi » (Grand tremblement)
C’est un artiste qui a travaillé de
nombreux matériaux (fer, bronze, bois,
papier, albâtre) et qui travaille sans plan
ni maquette, se confrontant directement à la matière.
Cette œuvre est un tirage en bronze,
l’original étant découpé, tordu et
étiré dans une plaque de fer épaisse.
Et pourtant cette sculpture dégage
une impression de légèreté rappelant
les papiers découpés .Pour Chillida,
une sculpture est la trace d’une écriture dans l’espace. Il dira : « J’aime le
net et le découpé,avec des écarts, de
retournements qui créent la distance,
provoquent ces silences ou ces vides,
comme on voudra, où la forme peut
vibrer ».
Nous vous donnons rendez-vous
dans le prochain bulletin pour partager
d’autres découvertes muséales.
Il n’est malheureusement pas possible de publier les photographies des
œuvres présentées mais tableaux et
sculptures seront ravis de votre visite
lors d’une promenade dans ce beau
musée de Grenoble.
Josiane Pourreau
La Promotion Violette
L’Animal
I
l existe dans l’Art huit manières
de représenter l’animal, ce sera le
thème de notre visite.
L’Animal, image ou attribut des
dieux.
Nous commençons notre visite par
les collections égyptiennes .
Dans l’Egypte ancienne l’animal est
important puisque les divinités sont
représentées indifféremment sous
forme d’animaux ou d’humains. L’animal assure le lien entre le monde réel
et le monde imaginaire. Ainsi la coiffe
du pharaon est ornée du cobra et de
la tête de vautour, représentations de
deux divinités protectrices de l’Egypte,
Ouadjet et Nekhbet et un autre attribut
du pharaon est la queue de taureau,
symbole de puissance.
On remarque aussi un coffre noir sur
lequel se trouve un canidé noir (chien
ou chacal) représentant Anubis, grand
dieu funéraire symbole de renaissance
dans l’Au-delà. C’est le passeur entre le
désert et le Nil.
Dans une des vitrines, le scarabée
(objet n° 27) mérite d’être observé car
il est orné de petits personnages illustrant les formes de la divinité solaire :
scarabée au lever du jour, Ré humain
à tête de scarabée à midi et Atoum
humain à tête de bélier au coucher du
soleil (version de la rédactrice très simplifiée car ceci nécessiterait un long
développement !).
Remontons des profondeurs de
l’Egypte ancienne pour nous intéresser au 17ème siècle, avec Jacob JORDAENS (1593-1678) et « Le sommeil
d’Antiope » : ce peintre flamand, qui fut
élève de Rubens, nous donne à voir ici
un tableau d’inspiration caravagesque
(on creuse avec des tons chauds et on
rehausse avec des tons plus froids) au
style très réaliste. Il s’agit d’une scène
très animée dans laquelle Zeus a pris
la forme d’un satyre afin de séduire
Antiope dans son sommeil.
Puis au 19ème siècle pour :
L’animal magique ou fantastique
Affrontons le monstre, en nous arrêtant devant la sculpture de François
TRUPHEME (1820-1888).
« Angélique attachée au rocher » :
d’après Orlando furioso de L’Arioste, ce
Juin 2016
récit très à la mode au 19ème siècle (le
chevalier Roger aveuglera le monstre
et pourra ainsi le tuer d’un coup d’épée
et sauver Angélique).
L’animal métaphore de l’être
humain
François DESPORTES (1661-1743) :
« Animaux, fleurs et fruits »
Il est à noter que le monstre marin
n’est pas représenté dans cette sculpture de marbre exécutée en 1856.
Ce peintre français fut appelé à la
cour de Louis XIV pour en devenir le
peintre animalier.
L’animal attribut des dieux
Jean-Baptiste MAUZAISSE (17841864) et son « Hercule et Lichas » :
Cette peinture de grandes dimensions (325 x 272 cm) représente Hercule
précipitant Lichas dans la mer après
que celui-ci lui a remis de la part de
Déjanire la tunique empoisonnée du
sang de Nessus (Hercule est très souvent représenté vêtu de la peau du lion
de Némée qui le protège).
Jean-Jules-Antoine LECOMTE DU
NOUY (1842-1923) et son « Homère
mendiant » :
Ce très grand triptyque (382 x 236
cm) est une parfaite illustration de l’art
académique en vogue dans la seconde
moitié du 19ème siècle. Le panneau central représente Homère sous les traits
d’un vieillard aveugle conduit par un
jeune garçon, auprès desquels on distingue une carapace de tortue et des
cornes de bouc, avec en arrière-plan
les principaux monuments d’Athènes.
Le panneau de gauche, tout en sérénité, illustration de l’Odyssée, présente
Pénélope tenant le portrait d’Ulysse
avec à ses pieds un chien, symbole de
fidélité. Le panneau de droite illustre
l’Iliade et ce de manière plus violente,
avec la déesse de la vengeance brandissant torche et flèches au-dessus du
cadavre d’Hector. On distingue très
bien la chouette d’Athéna ainsi que le
serpent.
L’animal tutélaire
De Victor SAPPEY (1801-1856), voici «
la mort de Lucrèce » :
Ce sculpteur grenoblois a réalisé
entre autres œuvres la fontaine de la
place Grenette, la fontaine du Serpent
et du Lion, la statue de Bayard, la fontaine des éléphants de Chambéry.
Nous sommes ici devant l’original
d’un haut-relief en plâtre, avec en haut
à gauche de la scène, la louve romaine
et les jumeaux. La sculpture de la louve
qui a servi de modèle au sculpteur est
conservée au musée du Capitole à
Rome.
Ce tableau est une métaphore des
cinq sens. On citera par exemple le chien
pour le toucher et l’odorat, le paon et
ses ocelles pour la vue... Chaque animal
y est représenté de manière expressive
et réaliste ; il pourrait s’apparenter à un
personnage de cour, donc apparaître
comme une critique de la société.
L’animal symbolique
Simon VOUET (1590-1649) : « le Christ
apparaissant à saint Antoine abbé ».
Le thème de ce tableau est la tentation de saint Antoine reconnaissable à
ses attributs : clochette, chapelet, tau et
le sanglier envoyé par le diable comme
symbole du vice et qu’il avait domestiqué. (Il faut bien observer ce tableau
pour découvrir le sanglier).
L’animal pour lui-même
François POMPON (1855-1933)
Les sculptures animales présentées
dans la vitrine sont en plâtre.
Ce sculpteur animalier observait
attentivement les animaux du Jardin
des plantes.
Cette apparente simplicité nécessitait un travail de base extrêmement
détaillé.
L’artiste souhaitait que l’on regarde
ses œuvres comme une ombre chinoise.
L’animal stylisé
De Etienne HADJU, sculpteur français d’origine hongroise (1907-1996) : «
Le coq, la poule et le poussin », œuvre
réalisée en marbre. L’idée de sculpture
en volume réside dans la compression
ainsi que les caractéristiques des animaux représentés.
De Germaine RICHIER (1902-1959), «
La fourmi » : comme chez Giacometti, l’
œuvre conserve la trace des doigts ou
de l’outil qui l’ont sculptée.
Nous sommes face à un être hybride,
mi-femme mi-insecte, dans une attitude pouvant évoquer l’attaque ou la
défense. Un réseau de fils permet d’inscrire la sculpture dans l’espace.
Josiane Pourreau
Page 13
Grenoble il y a 100 ans :
« Le spectacle des rues et
des chemins »
au musée de l’Ancien Evêché
P
our notre deuxième sortie de la
nouvelle année, nous étions de
nouveau très nombreux, à tel point
que nous avons dû solliciter le musée
pour que nous soit accordée la possibilité d’avoir simultanément (avec
un léger différé de quelques minutes)
deux groupes de dix-huit personnes.
Quel était donc l’objet de cette exposition qui attirait tant d’Amopaliens ce
4 février dernier au musée de l’Ancien
Evêché, après nos deux dernières visites qui nous permirent d’admirer « Les Alpes
de Doisneau »1 et la « palette »
de Diodore Rahoult2 ? Celle-ci
est consacrée une nouvelle fois
à un photographe (inconnu
pour nous), un certain Joseph
APPRIN qui laissa derrière lui (et
légua donc finalement à la Postérité, comme nous le constatons) quelque 640 négatifs sur
plaque de verre de vues prises
dans notre région du Dauphiné
entre 1890 et 1908. L’exposition présente, en quatre espaces thématiques
distincts, une sélection de 110 images
qui ont pu être retouchées puis numérisées -et datées et surtout localisées, le
tout par un travail considérable, on s’en
doute- dans cette collection acquise un
jour par un photographe grenoblois,
Jean-Louis ROUX. Qui était Joseph
APPRIN, photographe « du dimanche »
(sans aucune connotation péjorative,
bien sûr), adhérent de la Société dauphinoise d’amateurs photographes ? Un
greffier. Un greffier amateur de belles
photos. De belles photos de son pays.
Que voyons-nous, qu’éprouvonsnous au fil de notre visite ?
Des vues de la Chartreuse, du Vercors,
de Grenoble mais aussi du Trièves, de
l’Oisans, prises lors de promenades à la
ville et à la campagne (on le voit, l’auteur a beaucoup voyagé dans la région,
comme nous le fait remarquer notre
guide). Des paysages magnifiques (avec
la profondeur de champ -de quasiment
zéro à l’infini- et les somptueux dégradés de gris permis par une chambre
de grand format). Joseph APPRIN était
en délicatesse avec les tenants du
« pictorialisme » (tiens-tiens, est-ce
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que cela ne nous rappelle
pas quelque chose ? Vous
savez, ces « artistes-photographes » pour qui l’Art
de la photo ne pouvait
exister en-dehors de la
transformation du réel -à
l’aide d’artifices techniques
divers-, qui privilégiaient
« l’impression », l’expression de la sensibilité de « l’artiste » ? Cette conception
contre laquelle s’est élevée par exemple
Ansel ADAMS, dont nous avons fait
la connaissance en visitant l’exposition consacrée à Georgia O’KEEFFE?).
Notre photographe se dégage de cette
manière impressionniste -en deux
mots, il préfère la netteté au flou…
artistique à la mode- et nous livre des
compositions de paysages empreintes
d’une grande rigueur, des photos
urbaines aussi parfaitement construites
et si « réalistes » qu’à peu de choses près
l’on pourrait penser qu’elles ont été
prises hier, avec du matériel moderne :
plusieurs parmi nous étaient, comme
on dit aujourd’hui, « scotchés » devant
des vues de Grenoble intra-muros, par
exemple la place Victor-Hugo.
Mais ce n’est pas tout : l’originalité
vient de ce que les paysages de Joseph
APPRIN ne sont pas « déshumanisés » :
dans des images remarquables, nous
voyons devant nous vivre ses contemporains au quotidien, qu’il s’agisse de
scènes de la ville ou de la campagne
(les animaux familiers ne sont pas non
plus exclus, comme dans le Marché
aux bestiaux). On retrouve cette présence humaine à la fois dans
des scènes marquantes de
l’époque, qu’elles soient
courantes ou exceptionnelles (ainsi ces femmes en
train de faire la grande lessive à la fontaine ou les funérailles grandioses de Mgr
FAVA, évêque de Grenoble)
et dans les portraits qu’il fit
des membres de sa famille,
loin de tout académisme :
des photos prises sur le vif,
comme cet enfant perché
au sommet d’un escabeau, plein cadre
sans arrière-plan. Ces hommes, ces
femmes, ces enfants (on pense aussi à
la petite fille « à la chèvre »), ces arbres
-tellement présents dans les tableaux
-pardon les photos- que nous voyons
amènent à penser, sans trop de risque
de se tromper, que notre photographe
greffier « amateur » (parmi la kyrielle de
ses semblables bourgeois fraîchement
convertis à « l’art photographique » en
ce début du XXème siècle grâce aux nouvelles techniques bien plus accessibles)
était aussi un homme qui avait l’amour
de ses semblables et de la nature (avec
des traces de nostalgie parfois -déjà-,
comme devant ces « radiers » au bord
de l’Isère).
Cette visite nous aura permis aussi de
nous familiariser avec le matériel utilisé
à l’époque de Joseph Apprin (plaques
de verre, stéréoscopie…).
J.C. Meurant
(1) Compte rendu de Jacques Prasse
dans le bulletin de juin 2013
(2) Compte rendu de Mireille Vinot
et Josiane Pourreau dans le bulletin de
juin 2014
La Promotion Violette
Deux expositions en Suisse :
Zao Wou-Ki
et Paul Signac
S
ouvenez-vous. Le mois d’avril a
été particulièrement maussade,
mais en ce jeudi 28 avril, le temps est
radieux, idéal pour traverser la vallée
de Chamonix et rejoindre, de l’autre
côté, Martigny. Pics, glaciers, massifs
se déroulent, tout au long de la route,
comme autant de cartes postales.
Et notre Président les désigne et les
nomme, forçant notre admiration (pour
sa connaissance des lieux et pour la
beauté des paysages). Nous arrivons à
la Fondation Gianadda ; à peine sortis
du car, nous nous précipitons dans la
salle de conférences, pour un premier
contact avec Zao Wou-Ki, qui, selon la
définition de Claude Roy est « un des
meilleurs peintres modernes de l’Occident ».
Notre conférencière, projections à
l’appui, présente sa vie et quelques
œuvres que nous découvrirons plus
tard dans la salle d’exposition. Résumons.
Zao Wou-Ki est né le 1er février 1920
à Pékin. Sa famille est
une très ancienne famille
dont l’origine remonte
à la Dynastie Song (XeXIIe siècles). Il est l’aîné
de sept enfants. Élève
très doué, passionné de
littérature, Wou-Ki dessine et peint dès l’âge
de dix ans. Sa famille ne
décourage pas le garçon
de poursuivre dans cette
voie. Son grand-père lui
apprend à observer et
apprécier la calligraphie.
En 1935, Zao Wou-Ki
entre, à quatorze ans, à
l’école des Beaux-arts de
Hangzhou. Il étudie pendant six ans le dessin d’après des plâtres
puis des modèles, la peinture à l’huile,
la peinture traditionnelle chinoise, la
perspective à la manière occidentale
et la calligraphie. Les professeurs de
l’école des Beaux-arts de Hangzhou
sont en majorité chinois mais il y a aussi
des enseignants venus de l’Académie
royale des Beaux-arts de Bruxelles, et
certains professeurs chinois ont été
formés aux Beaux-Arts de Paris. Très
vite, Zao Wou-Ki ressent le besoin de
Juin 2016
s’éloigner de la peinture traditionnelle
ou académique, et il a envie de chercher ailleurs une autre forme d’inspiration. Il la trouve dans des cartes
postales que son oncle lui rapporte de
Paris, ou bien dans des pages des journaux reproduisant des peintures qu’il
découpe dans des revues (Life, Harper’s Bazaar, Vogue). Il est donc d’une
certaine manière en contact avec Paul
Cézanne, Amedeo Modigliani, Auguste
Renoir. Les solutions aux problèmes
qu’il se pose sont chez ces maîtres,
principalement Cézanne et Matisse, et
non plus dans la peinture traditionnelle
chinoise ou dans la peinture académique européenne.
Le 26 février 1948, il s’embarque à
Shanghai avec sa femme Lan-Lan. Le
couple débarque à Marseille un mois
plus tard. Il arrive à Paris le 1er avril. Au
chauffeur de taxi, le peintre indique le
seul mot de français qu’il connaisse : «
Montparnasse ». Il s’y installe, dans un
petit atelier rue du Moulin-Vert voisin
de celui d’Alberto Giacometti. Pendant
un an et demi, chaque après-midi, il
visite des musées et des expositions :
Rouault, Cézanne, Renoir, Modigliani,
Matisse, Picasso. Ses amis sont à ce
moment-là, Nicolas de Staël, Pierre Sou-
lages, Maria Elena Vieira da Silva, Hans
Hartung, artistes venus de différents
pays.
Une exposition de gravures à Berne
et à Genève, en 1951, permet à Zao
Wou-Ki de découvrir Paul Klee. Pour
lui, une porte va s’ouvrir : « Klee va être
un médiateur, un recours merveilleux
contre deux périls qui menacent alors
le jeune artiste : rester un peintre enraciné à l’excès dans l’admirable passé de
son peuple, ou se trouver agressive-
ment détaché de celui-ci, européanisé,
et peut-être par là même, dénaturé. »
(Claude Roy) Car Klee aborde la peinture
avec une attitude intérieure analogue
à celle des peintres d’Extrême-Orient
sans avoir jamais connu la Chine. Pendant quelques années Zao Wou-Ki
trouvera en Klee des réponses à ses
questions.
Régulièrement exposé à Paris à partir
de 1952, puis en Suisse, à Bâle et à
Lausanne, aux États-Unis, à Washington, Chicago et New York, Zao Wou-Ki
est maintenant internationalement
reconnu. C’est à cette époque qu’apparaît une métamorphose de son art qui
déroute les collectionneurs : « Ma peinture devient illisible. Natures mortes et
fleurs n’existent plus. Je tends vers une
écriture imaginaire, indéchiffrable », se
souvient-il en 1976. On voit en lui l’un
des tenants de l’abstraction lyrique.
Pour surmonter l’épreuve que représente le départ de sa première épouse
Lan Lan au début de 1957, le peintre
parcourt le monde jusqu’en 1959. Il va
à New York et y il rencontre des artistes
qui deviendront des amis. Puis avec
Pierre et Colette Soulages, il visite un
grand nombre de musées (San Francisco, Chicago, Washington, D.C.).
Ensemble ils découvrent
l’expressionnisme abstrait, l’action painting.
Zao Wou-ki est enchanté
par cette peinture qui
éclate de « spontanéité
avec violence et fraîcheur ». Son voyage le
conduit ensuite au Japon
à Tokyo, puis à Hong
Kong. C’est là qu’il rencontre en 1957 celle qui
va devenir sa deuxième
épouse : Chan May Kan,
actrice de cinéma d’une
extraordinaire beauté.
Grâce à André Malraux,
dont il a illustré « La Tentation de l’Occident » en 1962, il obtient,
en 1964, la citoyenneté française. Pour
s’occuper de son épouse, May, malade,
sujette à des rechutes, il cesse de voyager et se réfugie dans son travail. Il se
remet à peindre des encres de Chine
à cause, dit-il, de leur plus grande facilité d’exécution. Chan May Kan meurt
au début du mois de mars 1972. Le
peintre supporte mal cette douloureuse épreuve.
En 1977, il épouse Françoise Marquet,
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conservatrice au Musée d’art moderne
de la ville de Paris.
À partir des années 1980, le talent du
peintre a été reconnu et consacré dans
plusieurs pays d’Europe ainsi qu’aux
États-Unis et au Mexique. En 1981 une
grande rétrospective de son œuvre est
présentée aux Galeries nationales du
Grand Palais à Paris. L’exposition sera
reprise dans cinq musées japonais, à
Hong Kong, puis à Singapour. En 1985 il
est invité en Chine pour faire découvrir
à de jeunes professeurs, conservateurs,
élèves l’art occidental prohibé auparavant pendant la « révolution culturelle.
Il sera déçu par ce séjour.
En France il est promu en 1993 au
grade de commandeur de la Légion
d’honneur et reçoit la Médaille de Vermeil de la Ville de Paris. A Tokyo il reçoit
le prix Praemium Imperiale - Award of
Painting, des mains de l’Empereur du
Japon et de son épouse l’Impératrice
En 2011, après avoir longtemps vécu
à Paris, le couple s’installe à Dully,
en Suisse, au bord du lac Léman.
Zao Wou-Ki est atteint de la maladie
d’Alzheimer. Il meurt à l’hôpital de
Nyon le 9 avril 2013 âgé de 93 ans. Il est
enterré au cimetière du Montparnasse.
Françoise Marquet va créer à Genève la
Fondation Zao Wou-Ki pour promouvoir l’œuvre de son mari.
Il est temps de pénétrer dans
la salle d’exposition. L’architecture de celle-ci, quatre murs
sur lesquels sont accrochées
les œuvres et un grand espace
central, permet d’embrasser
du regard la cinquantaine
de toiles, dont d’immenses
grands formats. On reste stupéfait, interdit, subjugué. Et
je crois que beaucoup d’Amopaliens ont ressenti ce choc
devant des œuvres difficiles,
sans aucune allusion au réel,
un assemblage de formes et
de couleurs animé par le seul
geste pictural.
L’exposition suit le parcours chronologique du peintre durant une soixantaine d’années.
Sa première période est figurative :
portraits, natures mortes, et paysages
réinventés. L’influence de Picasso et
surtout de Cézanne est manifeste. Mais
déjà ses natures mortes et ses paysages
se dépouillent de plus en plus : des
Page 16
signes, des lignes esquissant un
dessin sur un fond chromatiquement très travaillé.
La découverte de Paul Klee le
conduit vers de larges développements de plus en plus abstraits.
Les titres des tableaux : « Corrida »,
« Vent », « Poursuite », « Cerf-volant
et oiseaux » renvoient à des bribes
de réalité à peine discernables. Les
tableaux s’acheminent vers l’abstraction pure.
En 1959 Zao Wou-ki décide de changer d’atelier. Il s’installe rue Jonquoy
dans un entrepôt transformé en atelier.
«Ce nouvel atelier me permettait enfin
de peindre de grands formats. Il m’offrait de l’espace pour avoir du recul et
déplacer les tableaux. (…) Je découvrais
l’amplitude des gestes. (…) J’éprouvais
une grande joie physique à tartiner de
très grandes surfaces, au point d’en
devenir obsédé et de ne faire plus que
cela ». Et de fait, avec une inspiration
et une énergie renouvelées, il « tartine
» de grands formats qui préludent aux
larges développements réunis parfois
en triptyques, diptyques, brossés dans
les années 80. Parmi les toiles exposées,
l’une atteint 525cm de long sur 200 !
Certaines œuvres sont des hommages
dédiées à une personne : « Hommage
à Edgar Varèse », « En mémoire de May »,
« Hommage à Henri Matisse », mais la
plupart portent le seul titre de leur date
d’achèvement.
Nous sommes dans l’abstraction
pure. Libéré des contraintes du visible
et de l’image, le peintre jette sur la toile
son monde intérieur jubilatoire ou douloureux. Pas de repères : on n’est plus
spectateur, puisqu’il n’y a rien à voir,
mais « regardeur » d’une image mentale qui ne se laisse pas assimiler, mais
seulement interpréter. Chacun regarde,
interroge, interprète et reconstruit son
propre tableau.
La fondation propose aussi une
rétrospective des œuvres sur papier. Si
l’artiste a exécuté ses premières encres
de Chine en 1945, il a abandonné cette
technique pendant vingt-quatre ans.
Il ne l’a reprise qu’en 1971-1972 au
moment où sa seconde épouse May
était malade et où il avait abandonné
les grands formats. Il s’en explique à
Françoise Marquet : « En 1971, May était
malade, je ne pouvais plus peindre. Je
n’arrivais plus à me concentrer. D’ailleurs tu peux remarquer qu’entre 1971
et 1972 j’ai fait très peu de tableaux.
Dans certains moments de grandes
angoisses, il m’était plus facile de
prendre un morceau de papier et un
peu d’encre de Chine, et d’essayer
de tracer ». Sa rencontre avec Henri
Michaux est également déterminante.
Avec lui il découvre une nouvelle
manière de travailler l’encre de
Chine.
Avec l’encre, l’artiste retrouve
le geste de la calligraphie, le
tracé du pinceau à l’encre de
chine auquel l’avait initié son
grand-père. Il l’adapte à son
usage de l’abstraction. « C’était,
dit-il, une préparation mentale
à la peinture. » Les jeux d’encre,
sur le blanc du papier, déploient
des coulées noires plus ou moins
diluées. Alors que les toiles
peintes sont recouvertes en totalité, les lavis se déploient autour
du vide du papier ; œuvres réalisées très rapidement comme l’exige
l’exercice de la calligraphie qui n’admet
aucun repentir, elles fascinent tout
autant.
L’exposition s’achève sur la projection d’une vidéo. On y voit quelquefois
l’artiste à l’œuvre. Une séquence singulière. Zao Wou-ki, au fond de son vaste
atelier, contemple longuement une
immense toile. Il s’approche, retravaille
deux ou trois cm2 et se déclare satisfait.
La Promotion Violette
Musée de l’Hermitage. Paul Signac.
U
n peu d’autoroute et nous voici
à Lausanne, à la Fondation de
l’Hermitage. L’exposition « Paul Signac »
présente les toiles collectionnées par
une famille de passionnés. Elle possède
un des plus grands ensembles d’œuvres
de Paul Signac, des premiers tableaux
impressionnistes aux dernières aquarelles : près de 140 peintures, aquarelles
et dessins qui illustrent la carrière du
peintre, dans un déroulement chronologique et thématique.
Paul Signac est né à Asnières le
11 novembre 1863, ses parents sont
commerçants. Très jeune, il perd son
père. Dès 1880, avec l’accord de sa
mère, il quitte le lycée pour embrasser
une vie d’artiste. Pour se former, il fréquente les expositions et les galeries,
étudie les œuvres de Manet, Monet
et des Impressionnistes. Dans leur sillage, il réalise des œuvres énergiques
où prime le plaisir de la matière: « Çà
consistait à empâter des rouges, des
verts, des bleus et des jaunes, sans
grand souci mais avec enthousiasme ».
Un jour de juin 1880, il regarde les toiles
de Monet à «La Vie moderne». C’est le
déclic. «Qu’est-ce qui m’a poussé à faire
de la peinture ? C’est Monet et l’aspect
révolutionnaire de son œuvre» dit-il. En
1882, il commence à peindre, seul, mais
très influencé par les Impressionnistes.
La manière impressionniste se voit
dans une série de marines.
Deux ans plus tard, il rencontre
Georges Seurat et cette rencontre
va bouleverser sa vie. L’œuvre la plus
marquante de Seurat, « Un dimanche
après-midi à l’île de la Grande Jatte «
met au point la technique de la division
des tons. La technique divisionniste
(ou pointilliste) est issue des théories
scientifiques d’Eugène Chevreul, sur les
phénomènes optiques et l’utilisation
des couleurs complémentaires, qui permettent de faire vibrer la couleur. L’idée
d’appliquer sur la toile une succession
Juin 2016
de petites touches mélangées revient
aux impressionnistes. Mais les peintres
pointillistes, eux, ne mixent pas leurs
petites touches, ils appliquent leur
petits points l’un à côté de l’autre. C’est
le regard de l’observateur qui recrée
l’unité de l’image
Grâce à Guillaumin et à Pissarro qui
s’intéressent aux recherches de ces
jeunes artistes, ils sont invités à exposer, en 1886, à ce qui sera la huitième
et dernière exposition du groupe
impressionniste. Seurat y montre son
« Un Dimanche après-midi à l’île de la
Grande Jatte », Signac, avec ses « Gazomètres » confirme son adoption de la
méthode divisionniste. Il conserve la
technique pointilliste, mais remplace
les points par de minuscules rectangles.
Leur ami, le critique Félix Fénéon, qualifiera bientôt ce mouvement de «néoimpressionniste».
Désormais Signac travaille en compagnie de Seurat et Pissarro, dont il
épouse une cousine : Berthe Roblès.
Avec Seurat il fonde également la
Société des artistes indépendants dont
Signac fut président.
Après avoir eu une perspective plus
ou moins socialisante au cours des
années 1890, le peintre engage son
talent sur des paysages sans personnage, avec une palette de plus en plus
libre et une grande passion des couleurs.
En 1891, Signac est très marqué par
la mort de son ami Georges Seurat. Il
se lasse de Paris et des mondanités et
l’année suivante, il découvre Saint-Tropez (il achètera sa maison, La Hune, en
1897). Là, sans rompre les liens avec la
capitale, il trouve la sérénité nécessaire
à son travail. Il peint des œuvres de plus
en plus colorées et de grandes compo-
sitions comme Au Temps d’Harmonie,
révélatrices de son adhésion aux idées
anarchistes. «Harmonie» devient alors
l’un des maîtres- mots de l’artiste qui
renonce à la peinture sur le motif, préférant rassembler des «notations», le plus
souvent à l’aquarelle, à partir desquelles
il travaille ensuite à l’atelier ; adoptant
aussi des touches plus larges, Signac
réaffirme son goût de la couleur pure,
ce qui lui vaudra l’intérêt de Matisse
et des Fauves. Désormais il passe une
partie de l’année dans le petit port et sa
maison devient un lieu de vacances et
rencontres pour de nombreux peintres
: Matisse, Derain, Marquet, Cross, Denis.
Paul Signac adorait la voile et commença à voyager en 1892, naviguant
sur un petit bateau vers presque tous
les ports de France, vers la Hollande
et autour de la Méditerranée, jusqu’à
Constantinople. De ses différents ports
d’escale, Signac ramène de vibrantes
esquisses d’aquarelle colorées.
En 1904 et 1908, Signac séjourne à
Venise. Il est évident que cette ville
d’eau, de lumière et de reflets ne le
laisse pas indifférent. Il y réalise une
belle toile. Le ciel occupe 70% du
tableau, troué par un arc- en-ciel, dont
le jaune éclaire toute la toile. Les petites
touches rectangulaires bleues et rouges
construisent les architectures. L’église
au milieu à droite apparaît comme un
deuxième soleil. Toute la majesté et la
fragilité de Venise sont là.
En 1909, il se rend à Londres et
observe les toiles de Turner. Il est bien
sûr sensible aux brumes et brouillards
du peintre anglais.
Libertaire et pacifiste, Signac est
effondré par la première guerre mondiale. Il s’installe à Antibes où il voit souvent une vieille connaissance : Bonnard.
A partir de 1929, il sillonne la France,
dans le but d’en représenter les ports. Il
réalise ainsi un album relié, comprenant
une centaine d’aquarelles.
Après un court séjour en Normandie
et en Corse, Signac décède à Paris en
avril 1935. Il a 72 ans.
Nous arrivons au terme d’une belle
journée riche en émotions esthétiques.
Beauté de la nature, beauté de l’art.
On oublie, une journée, le désordre du
monde.
Jacques Loseille.
Si nous avons les autorisations
nécessaires, nous publierons sur le site
quelques œuvres remarquables de ces
deux expositions.
Page 17
Introduction au voyage dans les Pouilles
Pour saluer le projet de Voyage de l’AMOPA dans cette région des Pouilles, on propose aux futurs participants
ces quelques réflexions géographico-historico-etc nées d’un autre voyage, réalisé il y a bien longtemps. Pour
des motifs géographiques et plus encore historiques, la Sicile mérite d’être évoquée ici.
La Puglia.
«La» ou «les» Pouilles ? Ce nom de
région provient du latin Apulia et l’italien l’emploie au singulier, alors que
le français préfère le pluriel, ce qui
pourrait traduire une division géographique : la «Pouille plate»(puglia piana),
celle du Tavoliere (vaste plaine, une des
plus grandes de l’Italie du Sud, dont l’altitude moyenne est de 60 m.), et d’autre
part les zones plus montueuses qui l’encadrent : au N., le Gargano, culminant à
1056 m., et au S.les plateaux calcaires
des Murge (alt. moy. 300 m.), qui appartiennent à l’Apennin et se prolongent
en direction de Tarente et du Salento.
Bordée à l’Est par l’Adriatique, au Sud
par la Mer Ionienne, l’Apulie forme le
talon de la botte italienne et s’allonge
en direction de la Grèce et du MoyenOrient, ce qui l’a longtemps cantonnée
dans un rôle peu enviable de zone de
passage, ou de conflits : en particulier,
l’Apulie verra s’opposer l’Empire byzantin, l’Empire romain-germanique et le
Saint-Siège. Par ailleurs, le Moyen-âge
lui sera profitable, surtout pour sa zone
côtière, avec tous les mouvements
de population liés aux Croisades, et
aussi du fait de l’activité commerciale
dans une Adriatique dominée par la
présence vénitienne. Après la Renaissance et le changement de l’équilibre
européen, elle se trouvera à l’écart
des grands courants d’action, sous la
domination somnolente de l’Espagne,
puis des Bourbons de Sicile. Quelques
grands travaux assez récents d’adduction d’eau ont suffi à transformer cette
terre traditionnellement assoiffée («siticulosa Apulia» disait Horace) en une
immense entreprise viticole.
Préhistoire. Les Pouilles sont une
vieille zone de peuplement. Durant la
dernière glaciation, certaines de ses
grottes ont été occupées : indice de
la température qui y régnait, on y a
retrouvé des fossiles du grand pingouin
arctique (Alca impennis)! Plus récents,
on y rencontre de nombreux menhirs
et dolmens.
Protohistoire. L’Apulie fut occupée
d’abord par des Sicules, qui passèrent
ensuite en Sicile, puis par des Iapyges,
Page 18
originaires de l’Italie du Nord. La proximité de la Grèce favorisa le passage
de colons grecs qui fondèrent très tôt
des cités : Crétois à Otrante, Rhodiens
à Salapia, Laconiens à Tarente (v.-705).
On trouve la trace de ces mouvements
de population et de l’importance de
l’apport grec dans les mythes : Minos
aurait fondé Monopoli, Diomède de
nombreuses cités du Tavoliere et du
Gargano, et un héros troyen, Idoménée,
serait à l’origine d’Otrante.
Des conflits simplement locaux
eurent des répercussions inattendues : au -IVème s., Rome décida de
conquérir Tarente, qui fit appel à son
voisin Pyrrhus, roi d’Epire (de l’autre
côtté de l’Adriatique). Celui-ci, après
deux campagnes victorieuses, finit
pourtant par être défait et Rome s’empara de Tarente (-272).
La Seconde Guerre Punique (-218/201). Hannibal avait décidé de porter
la guerre en Italie. Après avoir fait le
tour de la Méditerranée occidentale
par l’Afrique, l’Espagne et la Gaule, il
parvient aux environs de Pérouse, sur
les bords du lac Trasimène où il écrase
une première armée romaine (-217),
avant de contourner Rome pour aller
s’établir en Italie du Sud qu’il essaie vainement de soulever contre Rome. En
-216, à Cannes (entre Canosa di Puglia
et Barletta) [le 2ème jour], une nouvelle
armée romaine envoyée en Apulie,
quoique supérieure en nombre, est elle
aussi écrasée (14.000 rescapés, 10.000
prisonniers, 60.000 tués dont un des
deux consuls commandants en chef),
au cours d’une bataille qui demeurera
longtemps un modèle de manœuvre
dans les écoles militaires. Capoue, alors
seconde ville d’Italie, se soulève contre
la domination de Rome, tandis que les
cités d’origine grecque lui demeurent
fidèles. Suivent treize années difficiles
pour Rome, enfin sur le Métaure, une
armée de renfort carthaginoise est
détruite, et en -203, Hannibal obéit aux
ordres de rappel de Carthage et évacue
l’Italie.
Ensuite, la Pax romana règne : la
Via Appia Rome-Capoue, prolongée
jusqu’à Bénévent, Tarente et Brindisi,
verra passer les légions lancées à la
conquête du bassin méditerranéen.
Haut Moyen-Âge. L’empire romain
s’écroule sous les coups des Barbares
et l’Apulie, la région italienne la plus
proche de Byzance, ressentira tout le
poids du conflit. Les Goths s’emparent
de Tarente et de Brindisi. Suit au VIème s.
une courte trève au cours de laquelle
Byzance domine la Pouille.
Au VIIème s., arrivent les Lombards qui
dominent la région sauf la zone côtière,
s’emparant peu à peu des villes de
Brindisi, Otrante, Tarente. Mais ils sont
chassés de Bari et de Tarente par les
Sarrazins, venus de leurs bases de Sicile,
qui se maintiendront à Bari jusqu’en
848, avant qu’en 922 apparaissent les
pirates slaves venus du N.E. de l’Adriatique.
En fait ces semi-invasions étaient rendues possibles par le contexte historique général de lutte entre les Empires
romains d’Orient et d’Occident, les
Empereurs germaniques se désintéressant de la Pouille où demeuraient sensibles les influences byzantines. C’est
de cette époque que datent les églises
et les monastères basiliens créés en
Pouille et en Calabre par des moines
venus de Grèce et de Byzance. Ces
monuments, qui subsisteront même
après le schisme de Michel Cérulaire,
ont laissé de nombreuses traces dans
la région de Matera [4e jour], célèbre
pour ses grottes dans lesquelles s’installèrent à cette époque monastères
et ermitages troglodytiques et où
subsistent encore les traces de décors
de style byzantin, fruits d’un art stylistiquement pauvre mais d’une grande
inspiration mystique.
En 1011 c’est au tour des Normands
de se manifester. Deux de leurs chefs
seraient venus en pèlerinage (?) dans le
Gargano au sanctuaire de Saint Michel
[1er jour], et auraient été recrutés par un
certain Mélès , chef local d’une révolte
anti-byzantine. Avec la bénédiction du
pape et l’aide de ces guerriers réputés venus du Nord, Mélès remporte
quelques succès avant d’être vaincu à
son tour et d’appeler à l’aide l’empereur
romain-germanique Henri II.
1020 : Henri II assiège Troia sans
succès. Dans un contexte général
d’insurrection anti-byzantine, les NorLa Promotion Violette
mands interviennent et battent les
Byzantins en plusieurs batailles, dont
une à Cannes (1041). À la même époque,
dans le lointain diocèse de Coutances
en Normandie, un petit hobereau, Tancrède de Hauteville, père de quinze
enfants, dont douze fils, encourage
plusieurs d’entre eux à partir tenter
leur chance en Italie du Sud et en Sicile.
Trois des fils, l’aîné, Guillaume (dit Brasde-Fer) avec ses deux frères Drogon
(ou Dreu) et Onfroy, partent (1037) se
mettre au service des Byzantins. Cependant, mécontents de leur solde, ils se
retournent contre leurs employeurs
et combattent désormais pour leur
compte : les Byzantins sont chassés des
Pouilles et Guillaume est nommé comte
de Melfi en 1043. À sa mort (1046), son
frère Drogon lui succéde, avant d’être
assassiné (1051), alors qu’il s’apprête à
combattre une coalition composée du
Saint-Siège, du Saint-Empire romaingermanique, des Byzantins et de divers
seigneurs lombards. Onfroy prend la
suite de Drogon et affronte la coalition.
Il en est victorieux à Civitale (1053) où il
fait prisonnier le pape Léon IX.
Dès 1045, d’autres fils de Tancrède de
Hauteville étaient passés en Italie avec
des renforts. Le plus jeune, Robert, dit
Guiscard (l’avisé) (v.1020-1085), aide
son frère Onfroy. C’est ainsi qu’il achève
la conquête de la Calabre et reçoit du
pape en 1056 le titre de duc de Pouille et
de Calabre (ce qui ne signifie pas nécessairement que l’entente règne entre
le Saint-Siège et ses turbulents voisins
qui adoptent l’hérésie de Béranger de
Tours hostile à la transsubstantiation).
Mais l’Italie du Sud commence à constituer un «ensemble normand» : Richard,
comte d’Aversa et maître de Capoue,
est le beau-frère de Robert Guiscard,
duc de Pouille, qui va dominer la Sicile
après 1061 avec son jeune frère Roger,
valeureux et subtil. Rappelons au passage que, dans la grande tradition de
leurs ancêtres Varègues et Vikings,
d’autres Normands établis en France
cherchent fortune ailleurs, et que l’un
d’eux, cinq ans plus tard (1066), ira simplement conquérir l’Angleterre…
Les Normands des Pouilles font de
leur mieux : ils occupent Tripoli (1146),
Tunis, Kairouan, Bône, et atteignent
Byzance (1149). Et surtout en Sicile, ils
s’imposent avec Robert Guiscard qui,
avec son cadet Roger Ier, dit Bosso,
puis «le Grand Comte»(v.1031 – 1101)
crée les bases d’un futur royaume.
Simon Ier (1091-1105) succède à son
Juin 2016
père Roger Ier, et ce sera Roger II
«l’Avisé» (1095-1154) frère de Simon
qui sera le fondateur du Royaume de
Sicile (1130) unifiant pour la première
fois les possessions normandes d’Italie.
Il est surtout le promoteur d’un système politique original que lui suggère
sans doute son caractère pragmatique
face au peuplement multi-ethnique
de la Sicile. Faisant la synthèse d’éléments féodaux normands, italo-lombards et arabes, Roger II s’inspire aussi
de la monarchie et de l’administration
byzantines, sans oublier les traditions
fatimides qui prévalaient alors en Sicile.
Mais cette construction si rapidement
édifiée ne durera guère, et les signes
avant-coureurs de sa ruine se manifestent rapidement. Le fils de Roger II,
Guillaume Ier «le Mauvais» (v.11251166) hérite d’un royaume puissant mais
y semble mal préparé et son règne s’annonce difficile : la plupart des barons
normands contestent un pouvoir qu’ils
jugent trop centralisé et détestent le
grand-amiral (Émir des émirs) Maion
de Bari, le personnage le plus puissant
du royaume. Guillaume II «le Bon»
(1154-1189) fils et successeur de Guillaume le Mauvais, élevé à l’orientale,
très cultivé et polyglotte, semble avoir
manqué d’autorité face aux barons normands. Par ailleurs, il croit trouver une
garantie pour l’avenir en négociant une
alliance de famille entre les rois normands et l’Empire romain-germanique
: l’empereur Henri VI, fils de Frédéric de
Hohenstaufen (Barberousse), épousera
Constance, fille posthume de Roger II
et dernière descendante des Hauteville,
celle-ci héritant de la Sicile si son neveu
Guillaume II meurt sans enfant.
C’est ce qui advient en 1189, mais alors
un cousin de Guillaume II, Tancrède
(v.1138-1194), soutenu par la noblesse,
se déclare prétendant au trône contre
Constance
(v.1154-1198),
épouse
depuis 1185 de l’empereur Henri VI.
Couronné roi en 1190, Tancrède, face
aux forces de l’empereur qui le traite en
usurpateur, est fragilisé par la rébellion
de ses vassaux révoltés, et il associe à
son règne successivement ses deux fils :
Roger III (v.1175-1193) qui mourra avant
lui, et un enfant, Guillaume III (11851198), auquel Henri VI, devenu roi de
Sicile, fera crever les yeux, y gagnant le
surnom d’Henri le Cruel, avant de décéder lui-même en 1197.
Frédéric Roger de Hohenstaufen.
Fruit d’une union considérée alors
comme surprenante du fait de l’âge de
sa mère, Constance de Hauteville, qui
avoue quarante ans (alors qu’on lui en
attribue plus), le futur empereur Frédéric II naît le 26 décembre 1194 à Iesi
(qu’il désignera en toute modestie dans
une lettre comme «notre Bethléem»).
En 1197, son père meurt, suivi en 1198
par sa mère, qui confie l’enfant au pape
Innocent III, un des plus grands défenseurs du principe de l’autorité papale,
et qui allait sans doute regretter toute
sa vie d’avoir accepté la tutelle de celui
qui, après avoir bénéficié d’une formation raffinée et pleinement assimilée,
ne manquerait aucune occasion de
s’affirmer en tant qu’héritier des prérogatives impériales.
1226 : Frédéric II a reçu les titres
d’Empereur Auguste, de roi de Sicile et
de Jérusalem. Il commence aussitôt à
lutter contre le pape Honorius III, successeur d’Innocent III, en faisant édifier
à Lucera, près de la frontière du SaintSiège, une cité où il installe une garnison de 20 000 Sarrazins raflés en Sicile
et transportés sur le continent pour
coloniser la Pouille, améliorer son agriculture et accessoirement surveiller le
pape. En 1227, Grégoire IX excommunie
Frédéric qui n’a pas tenu sa promesse,
faite au jour de son sacre, de partir en
croisade. Pour obtenir son pardon il
part en Terre-Sainte en 1228-1229, mais
après avoir conclu tous les arrangements nécessaires avec le sultan Malik
al-Kamel avec qui des il avait tissé des
liens d’amitié. Sa croisade, la sixième,
fut brève et facile, voire confortable,
puisqu’elle lui permit de découvrir
avec enthousiasme les agréments de
l’Orient, à commencer par la présence
de tout un entourage féminin (que
ses adversaires du clan pontifical présentèrent comme un harem). Tout se
termina par quelques négociations,
un simulacre de bataille et un accord,
le traité de Jaffa qui lui permit d’entrer
sans combattre dans Jérusalem où il se
couronna lui-même roi.
De retour en Italie, il allait retrouver
tous les problèmes nés de l’hostilité
du Saint-Siège pris en tenaille entre
les territoires germaniques de l’Empire
et l’Italie du Sud, ancien domaine des
rois normands dont il était l’héritier
légitime. À cette époque il exerce une
activité administrative et culturelle
débordante, faisant preuve d’une curiosité débordante et recevant à sa cour
tous ses sujets quelle que fût leur religion, et tous les étrangers de passage,
Page 19
pourvu qu’ils fussent dignes d’intérêt,
selon les même principes que ceux qui
avaient jadis inspiré son ancêtre le roi
normand Roger II. Mais aussi Frédéric II
crée l’Université de Naples où former les
juristes qui seront à son service et, sans
négliger la Sicile, Frédéric II se consacre
à la bonification des campagnes de
l’ancienne Apulie, multipliant méthodiquement les créations de villes et de
villages, mais aussi de fermes-châteaux
comme de petites résidences dont certaines destinées à lui permettre de pratiquer la chasse «à l’oiseau», un sujet sur
lequel il rédigera un ouvrage qui fera
alors autorité. Parmi ces résidences, il
en est une, particulièrement remarquable, qui est son château de Castel
del Monte [3ème jour].
Le règne de Frédéric II se terminera
par une série d’échecs face au SaintSiège dans une rivalité qui se traduira
par la division d’une partie de l’Allemagne et de l’Italie entre Guelfes (partisans du pape) et Gibelins (partisans de
l’Empire). Dans ce jeu le pape disposait
d’une autorité spirituelle qui pouvait
dominer les esprits plus sûrement que
la force matérielle ou le pouvoir politique d’un souverain, et surtout l’Eglise
de Rome était à ce moment du MoyenAge la grande détentrice de richesse
mobilière, ce qui correspondait le plus
exactement aux besoins des marchands
qui venaient de constituer les communes guelfes. On suscita des rivaux (le
landgrave de Thuringe le comte Guillaume II de Hollande) à Frédéric et à ses
successeurs immédiats. La guerre civile
continua, indécise en Germanie comme
en Italie. Mais c’est là, en Romagne, que
Frédéric connut un grave mécompte en
1249, lorsqu’à la bataille de Fossalta les
Guelfes de Bologne capturèrent son fils
naturel Enzio, roi de Sardaigne, dont il
essaya vainement d’obtenir la libération et qui devait mourir après vingttrois ans de captivité sans avoir jamais
revu la Pouille («la Puglia piana…»)
qu’il chante dans un de ses poèmes de
prison. Quant à Frédéric II, il mourut en
1250 en Sicile.
Ensuite, après la défaite à Bénévent
(1266) d’un autre fils de Frédéric II, Manfred, sous le coups de Charles d’Anjou,
les Pouilles connaissent la domination
des Angevins, puis des Aragonais, C’est
au XIII-XIVème siècle qu’y est rapporté de
Byzance le Colosse de Barletta : une
des plus grandes sculptures de l’Antiquité, statue en bronze d’un empereur
romain de la décadence (Valentinien ou
Page 20
Honorius). Et puis, elles vont servir une
fois de plus durant les Guerres d’Italie de
champ de bataille où s’opposent Français et Espagnols. En 1503, le «grand
capitaine», Consalve de Cordoue, est
assiégé à Barletta [2ème jour] par les Français. La situation s’éternise et les esprits
s’échauffent : le 13 février, un groupe
de Français insulte des Italiens, dont le
chef, Prospero Colonna, lance un défi
au parti adverse qui l’accepte : 13 champions pour chaque camp, sur un champ
de bataille entre Andria et Corato (là où
Bayard avait vaincu en combat singulier
un Espagnol, Alonso de Sotomayor). Le
combat, connu dans l’histoire italienne
sous le nom de Sfida di Barletta (Défi de
Barletta), dura trois heures et se termina
par la défaite du camp français. Deux
Italiens en particulier s’y illustrèrent
dont les noms sont encore connus :
Ettore Fieramosca et Fanfulla de Lodi.
Après Barletta, Cerignola vit une autre
défaite française, les Espagnols maîtres
de Naples et Gonsalve de Cordoue viceroi. C’était la fin de toute une époque.
Les arts de l’Apulie.
En matière d’art, l’Apulie se révèle un
territoire d’une remarquable richesse,
due aux sédiments historiques déposés
par des peuples colonisateurs et occupants, guerriers, commerçants, moines,
fonctionnaires ou aventuriers, sur une
terre antique. Pendant dix siècles, après
l’écroulement de l’empire romain, on
voit une succession de ‘voyageurs’:
moines basiliens, fonctionnaires grecs,
nobles lombards, Sarrazins, Normands,
Allemands, Angevins, Espagnols, Français, Provençaux, qui feraient presque
oublier qu’il y a une population locale.
On peut l’aborder, à la suite d’un guide
irremplaçable, Emile BERTAUX, auteur
d’une monumentale thèse sur l’Art de
l’Italie méridionale de la fin de l’Empire
romain à la Conquête de Charles d’Anjou, Paris, 1903, 835 p., qui nous suggère la progression suivante dont je lui
laisse la responsabilité :
3 – Frédéric II et l’art impérial.(Castel
del Monte) [3ème journée] ;
4 – La tradition populaire et l’’architecture des Trulli (Alberobello) [4ème
journée] ;
5 – L’explosion du baroque de Lecce
[6-7ème journées].
Pour le cas où vous pourriez vous
arrêter à Canosa di Puglia, je souligne
ces petits détails.
C’est là, le seul monument consacré
– hors de la Sicile – à la gloire des Hauteville : la chapelle funéraire de Bohémond, fils de Robert Guiscard et prince
d’Antioche (†1111), adossée au mur Sud
de la cathédrale. Cette construction
est de conception résolument orientale (coupole sur plan carré), avec des
inspirations locales (voûtes en demiberceau) et une minuscule abside. Sur
les 5 faces visibles du tambour une
inscription rappelle la gloire du prince
de Syrie qui a «cinq fois vaincu la Grèce
et fait retentir son nom jusque chez les
Parthes». Sur les portes de bronze, une
autre inscription débutant par un jeu
de mots sur le nom du défunt, Boamundus, celui que boat mundus:
« Unde boat mundus quanti fuerit
Boamundus,
Graecia testatur, Syria dinumerat […],
Intrans cerne fores ; videas quid scribitur ; ores,
Ut coelo detur Boamundus ibique
locetur ».
Enfin, on notera autour des têtes
de lion sur le fermoir du panneau de
gauche une décoration en caractères
coufiques. Et puis, et puis …
Et puis, pour le reste, VOUS VERREZ
VOUS-MÊMES ! ET BONNE ROUTE …
Gérard Luciani
1 – Le royaume de Dieu en Apulie : un
Mont-Athos italien (Matera) [4ème journée] ;
2 – La splendeur normande : mais y
a-t-il un art ‘normand’ des Pouilles ? [les
basiliques des XI-XIIème siècles) [1ère journée : mais j’ai cru comprendre qu’il n’est
pas prévu un arrêt à Canosa di Puglia…
Cependant si vous pouvez négocier ?
Cela vaut le coup.]
La Promotion Violette
Assemblée générale du 27 Janvier 2016
Hôtel du Département
Hémicycle du Conseil départemental de l’Isère
*******
E
n préambule, le président
Jean-Cyr Meurant adresse ses
remerciements à M. le Président du
Département, en la personne de son
représentant M. Patrick CURTAUD, VicePrésident du Conseil départemental en
charge de la Culture et du Patrimoine,
pour la mise à disposition de l’hémicycle du Conseil départemental et de
la salle Berlioz et remercie ce dernier de
bien vouloir nous accueillir ce soir pour
notre assemblée générale annuelle,
en lui faisant part de notre grand plaisir d’être réunis en ce lieu et de faire
connaissance avec une personnalité
importante dont la mission correspond
à notre propre vocation.
M. le Vice-président CURTAUD, dans
un exposé détaillé, présente à notre
assemblée la politique départementale
en matière de culture, puis nous souhaite une excellente soirée.
Conformément à notre tradition,
notre assemblée générale proprement
dite a été précédée d’une conférence
prononcée par un spécialiste reconnu.
Nous avons eu l’honneur et le plaisir
d’accueillir cette année M. Jean GUIBAL,
Conservateur en chef du Patrimoine et
directeur du Musée dauphinois, qui
nous a entretenus des rapports entre
un musée et son territoire, à partir de
la présentation des collections, des
expositions permanentes et temporaires..., en illustrant ce qu’est le patrimoine isérois, dauphinois et alpin (un
patrimoine, non plutôt « des patrimoines », certains auxquels on pense spontanément, d’autres moins attendus). Ce
fut l’occasion de découvrir le musée
dauphinois -et aussi les autres musées
du département - « de l’intérieur », de
prendre conscience de l’importance
des réseaux de musées et du rayonnement régional de « notre » musée dauphinois. La richesse des connaissances
de M. Guibal, dont on ne peut bien
sûr rendre compte en quelques lignes,
mais aussi la hauteur de sa réflexion sur
ce qu’est un musée aujourd’hui ne pouvaient que nous passionner.
Notre conférencier ayant été chaudement applaudi et Nicole Laverdure et Jean-Cyr Meurant l’ayant prié
d’accepter de petits souvenirs (dont
un ensemble de DVD « Rien n’est plus
vivant que le passé... » -notre « patriJuin 2016
moine » amopalien), vint le moment
d’ouvrir l’assemblée générale.
Adressant ses souhaits de bienvenue
à cette assemblée générale aux participants, adhérents, sympathisants,
amis de la section de l’Isère, J.C. Meurant leur présente ensuite ses vœux
ainsi qu’à leurs familles, renouvelant les
vœux qu’il a formulés pour tous dans
le dernier édito de notre bulletin, « des
souhaits conformes à la tradition du
Nouvel An bien sûr, mais aussi marqués
par les événements douloureux qui ont
secoué notre pays dernièrement et qui
font tellement craindre pour l’avenir de
notre jeunesse, cette jeunesse qui est
au cœur de nos préoccupations et dont
certains éléments, comme on vient
encore de le voir voici quelques
jours encore, se fourvoient dramatiquement ». Il invite les participants à
souhaiter avec force que ceux qui sont
tentés par l’abîme se ressaisissent avant
qu’il ne soit trop tard, que les valeurs
humanistes qui sont les nôtres puissent
leur être d’un secourable recours en
affirmant leur appartenance à notre
communauté nationale.
Puis il présente les excuses de
madame Dominique FIS, Inspectrice
d’Académie-Directrice académique des
Services de l’Education nationale de
l’Isère, qui ne peut se joindre à nous ce
soir et de mesdames Michèle CORJON
et Solange GATELLET, ainsi que de Luc
CHAMARD-BOIS et invite l’assemblée,
comme à l’accoutumée, à honorer par
quelques instants de silence la mémoire
de nos amis disparus cette année 2015 :
Mme Monique BURLET, professeur
d’anglais en retraite, chevalier des
Palmes académiques de la promotion
de juillet 1996,
Mme Thérèse DUTOIT, agent administratif en retraite, officier de la promotion de juillet 1999,
Mme Marie-Rose CORRENOZ, directrice d’école primaire honoraire, officier
de la promotion de juillet 1994,
Mme Marie-Odile HENRY, épouse de
notre adhérent et ami Bernard HENRY,
M. Joseph ROSSI, cadre commercial
retraité, chevalier 2002,
M. Maxime PICARD, Principal-adjoint
honoraire, commandeur 2002,
M. Jean GUITTON, directeur d’école
primaire honoraire, chevalier 1973,
notre doyen d’âge (31.07.1917),
M. MICHEL, époux de notre adhérente et amie Françoise MICHEL,
M. Franck COURTOIS, président de
l’association Patrimoine et Développement du Grand Grenoble, notre estimé
partenaire,
M. Jacques PITIOT, chef d’établissement honoraire, chevalier 1996.
Il remercie l’assemblée pour cet hommage et rappelle l’ordre du jour :
I. Modifications à apporter à notre
règlement intérieur
II. Présentation du rapport financier
2015 et du rapport du vérificateur
III. Présentation du rapport d’activités
2015
IV. Présentation du rapport moral de
fin de mandat
V. Election du nouveau Bureau
VI. Sous réserve de temps, évocation
du programme d’activités 2016 (chaque
membre a reçu les différentes fiches
descriptives du programme du premier semestre ; rien n’est encore mis à
l’étude pour le second semestre).
I. LES MODIFICATIONS DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR (au nombre de 4)
- Article 2 (membres d’honneur) :
Il convient d’apporter une précision,
qui avait été omise dans la rédaction
de notre règlement (J.C. Meurant prie
l’assemblée de l’excuser de cet oubli) :
« Ce titre peut être décerné par décision
du Bureau à une personne extérieure à
l’Association qui rend ou qui a rendu à la
section de l’Isère des services signalés ».
Sous réserve de parution dans les
statuts nationaux et le règlement intérieur national à la date de l’assemblée
générale de la section :
- Article 3, §1 (nombre et durée des
mandats des administrateurs de section, selon la résolution récente de l’assemblée générale en congrès) :
Les membres sortants sont rééligibles
(pour un mandat de même durée) une
seule fois.
Le président J.C. Meurant explique
que cette question vient d’être mise à
l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de l’AMOPA ainsi que
chacun a pu le constater hier ou
aujourd’hui en recevant le document
joint à l’appel à cotisation 2016, et
Page 21
du coup ne peut donc être traitée en
aucun cas ce soir. A noter que, selon le
document en question, seuls les présidents des sections seraient concernés
et non plus tous les administrateurs
-ce qui réjouit le président de la section de l’Isère, puisque qu’ainsi le vivier
des futurs présidents pourrait être
considérablement fortifié ! … (d’autres,
membres du Bureau, considèrent que
ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle…). Affaire à suivre donc.
Sous réserve également de parution
dans les statuts nationaux et le règlement intérieur national à la date de
l’assemblée générale de la section :
- Article 3, §3 (remboursement
des frais engagés par les membres du
Bureau).
Rien n’est paru à ce jour, mais il
convient de toute façon de modifier ce
qui figure dans notre règlement intérieur, puisque les changements sont
entrés dans les faits depuis cette année.
Le président J.C. Meurant rappelle la
situation précédente et présente les
modifications :
- Président ou représentant du président :
a) Participation aux réunions organisées par le président national
(congrès biennal, assemblée générale
annuelle, conférence des présidents,
réunions ou manifestations diverses) :
prise en charge, sur justificatifs transmis au trésorier de la section, de la part
non remboursée par le siège national
(50 % du tarif SNCF le plus avantageux)
n’ouvrant pas droit à déduction fiscale personnelle et des frais annexes
éventuels non remboursés ;
b) Participation aux réunions de la
Régionale : remboursement, sur justificatifs, des frais engagés ;
c) Déplacements pour remises de
prix, de médailles, représentation de
l’AMOPA® de l’Isère à diverses cérémonies ou manifestations officielles : remboursement, sur justificatifs, des frais
engagés.
- Membres du Bureau :
a) Participation au congrès et à l’assemblée générale : prise en charge,
sur justificatifs transmis au trésorier
de la section, de la part n’ouvrant pas
droit à déduction fiscale personnelle
a) b) Accompagnement du président :
remboursement des frais éventuellement engagés
b) c) Missions particulières confiées
par le Bureau : remboursement, sur justificatifs, des frais engagés
Page 22
2) Remboursement des frais engagés
pour le compte de l’Association ou de
la section (frais de nature diverse, hors
déplacements), avec l’accord du président, ordonnateur des fonds de la
section (article 12.3 des statuts) et sur
avis favorable du trésorier consulté préalablement : remboursement, sur justificatifs, des frais engagés.
L’AMOPA nationale et la section de
l’Isère ne peuvent être que gagnantes
avec ces nouvelles dispositions.
- Article 4 (convocation de l’assemblée générale) : L’assemblée générale
a lieu en principe chaque année le dernier ou avant-dernier mercredi du mois
de janvier. La convocation, comportant
l’ordre du jour, est adressée par lettre
simple au moins quinze jours avant la
réunion avec le bulletin du mois de
décembre.
J.C. Meurant rappelle notre situation
de « fille », « filiale » d’une association
nationale (donc non astreinte à aux
obligations juridiques d’une association loi 1901 départementale) et fait
valoir l’intérêt financier de ce changement de considération) ; il précise qu’on
en reparlera plus loin.
Aucune question ne se manifeste.
L’assemblée est d’accord pour
émettre un vote unique concernant ces
différents articles.
CONTRE : 0
ABSTENTIONS : 0
POUR : unanimité
II. RAPPORT FINANCIER 2015 ET
RAPPORT DU VERIFICATEUR DES
COMPTES
Jacques PRASSE, trésorier de la section, présente un diaporama constitué de plusieurs tableaux successifs
exposant le bilan 2015 et décrivant
en détail la situation financière de la
section (voir documents joints). Après
avoir commenté ces tableaux, il invite
les participants à le questionner ;
aucune intervention ne se manifestant,
il appelle le vérificateur des comptes,
Jean PASSARO, à présenter son propre
rapport. Ce dernier, ayant décrit l’analyse à laquelle il s’est livré, appelle l’assemblée à adopter le rapport financier
présenté par le trésorier et à lui donner
quitus pour l’exercice 2015, en remerciant le Bureau pour son travail.
CONTRE : 0
ABSTENTIONS : 0
POUR : unanimité
Le président remercie le trésorier et le
vérificateur pour leur remarquable travail ; ils sont vivement appalaudis par la
salle.
III. RAPPORT D’ACTIVITÉS 2015
André CLAUSSE, secrétaire de la section, présente en détail ce rapport,
articulé en activités d’utilité publique,
activités d’intérêt général, contribution
au prestige des Palmes académiques.
I. ACTIONS EDUCATIVES EN FAVEUR DE
LA JEUNESSE
1. Les concours nationaux « Défense
et Illustration de la langue française » :
Comme toujours, toutes les écoles
élémentaires (niveaux CM1 et CM2),
tous les collèges, tous les lycées ont
été sollicités (avec l’appui de Mme
l’Inspectrice d’Académie) : si la participation est toujours à peu près stable
pour les écoles, elle a été nettement
moindre pour les collèges, et toujours
nulle pour les lycées. Le jury a attribué
3 récompenses (2 prix et 1 accessit) -le
détail des sujets et le palmarès ont été
publiés dans le bulletin n°67 de juin
dernier.
2. Le concours départemental d’arts
visuels (réservé au cycle 3) :
Le thème proposé «Les jouets » » -en
lien avec le sujet du concours de langue
française pour le niveau CM1-CM2 portant sur le jeu-, n’a pas attiré une forte
participation (4 écoles, 5 classes) ; 6 prix
et 3 accessits ont été décernés. Comme
l’an dernier, le Bureau a décidé d’attribuer aux classes participantes un prix
collectif (un chèque a donc été remis à
chaque directeur) – le palmarès a également été publié dans le bulletin de juin.
Les prix de ces concours (chèquescadeaux, livres et livrets « Racontemoi les Palmes académiques » et le
diplôme) ont été remis lors de la cérémonie traditionnelle à la DSDEN, qui a
fait l’objet d’un compte rendu dans le
bulletin de décembre. Des diplômes
ont été également décernés aux classes
participantes.
3. Le nouveau concours départemental d’éloquence (pour les lycéens de
Première et de Terminale), sur le thème
de l’Europe de la culture :
Nous avions prévu (espéré) de l’affluence, en organisant a priori un jury
avec trois sous-commissions ; nous
n’avons eu besoin que d’une seule
formation… Mais nous avons eu le
La Promotion Violette
plaisir d’entendre une prestation particulièrement brillante et nous avons
remis à la lauréate, élève de Terminale
scientifique au lycée du Grésivaudan à
Meylan, un prix d’une valeur de 250€ au
cours de la cérémonie à la DSDEN (qui
a fait l’objet d’un compte rendu dans le
bulletin de décembre et d’un reportage
sur notre site amopa38).
4. Le concours du meilleur projet de
conception-réalisation de l’enseignement technique ou professionnel :
Comme les trois années précédentes,
la proposition a été envoyée aux établissements techniques et professionnels du Second degré, aux IUT et aux
composantes « licences professionnelles » des universités ; malgré cette
vaste publicité -et malgré le montant
des prix (pour les CAP et Bac pro : 1er
prix = 1500 € ; pour les BTS, DUT, licence
professionnelle : 1er prix = 2500 €),
nous n’avons, encore une fois, enregistré aucune participation.
5. Pour les autres prix nationaux : le
concours de géographie SarraméaGriotier et le concours d’Histoire (destinés aux lycées) :
Nous n’avons pas eu connaissance
des candidatures, car ces concours sont
gérés directement par le siège national
(nous nous contentons de transmettre
aux proviseurs les appels à participation et les documents). Nous avons
eu le plaisir d’apprendre que le 4ème
prix national de géographie avait été
décerné à une élève du lycée l’Oiselet
à Bourgoin : une cérémonie a donc été
organisée, au cours de laquelle nous
lui avons remis un chèque de 250€, au
nom du président national).
6. Le concours « Nous l’Europe » :
pour ce concours, notre rôle consiste,
également, à transmettre les appels à
participation et les documents ; il est
simplement prévu que nous soyons
informés par les établissements de leur
intention de participer : nous n’avons
(toujours) rien reçu.
7. Les bourses d’enseignement supérieur (jusqu’à 1000 € pour le niveau III,
1500 € pour le niveau II) : nous avons
reçu en 2015 un seul dossier, émanant
d’un étudiant de l’Institut d’études politiques de Grenoble (Université PierreMendès-France), préparant un master
2, dont le travail nécessite un séjour
en Algérie. Nous lui avons accordé une
aide de 250€, à laquelle l’AMOPA nationale a ajouté également 250€.
8. La Bourse Berthier (pour les élèves
instrumentistes à cordes des conservaJuin 2016
toires à rayonnement régional, donc
celui de Grenoble) : toujours aucune
participation connue, malgré un
échange poussé avec la direction du
conservatoire. C’est dommage.
9. Le Prix Gaston-Vignot (arts graphiques) : un établissement (le lycée
professionnel Argouges) est pour ainsi
dire « abonné » aux récompenses mais
cette année, 2 prix nationaux ont été
attribués : un quatrième et un dixième
prix ont été décernés par le jury national à deux élèves de bac pro. Une cérémonie a été organisée au lycée le 19
juin pour que le président de l’AMOPAIsère leur remette, au nom du président
national, leur chèque (300 et 150€) en
présence de toute l’équipe éducative.
Un compte rendu figure dans le bulletin de décembre.
II. ORGANISATION DE MANIFESTATIONS
CULTURELLES
André CLAUSSE précise qu’il s’agit
d’un rappel rapide, puisque toutes les
activités font l’objet d’une fiche descriptive détaillée et la plupart d’un
compte rendu -dont nous remercions
vivement les auteurs- publié dans le
bulletin, voire d’un reportage vidéo sur
notre site amopa38).
En janvier :
- « Journée pour la Chimie » à Jarrie,
avec la visite de l’usine ARKEMA le
matin, déjeuner au Château de Cornage à Vizille, et la visite du musée de la
Chimie l’après-midi
- Première des 6 conférences thématiques du cycle 2 au musée de Grenoble
(portant sur la sculpture et la peinture)
En février : 2ème conférence au musée
de Grenoble
En mars :
- Visite de l’exposition « Confidences
d’Outre-Tombe » au musée Dauphinois
et au musée archéologique SaintLaurent
- 3ème conférence au musée de Grenoble
En avril :
- Journée dans la Drôme, avec la visite
de la Maison de la Céramique à Dieulefit, la visite de la Commanderie du
Poët-Laval et la visite du musée du Protestantisme dauphinois
- 4ème conférence au musée de Grenoble
En mai :
- Voyage de cinq jours à Venise
- 5ème conférence au musée de Grenoble
En juin :
- 6ème et dernière conférence du cycle 2
au musée de Grenoble
- Visite de l’exposition « De Picasso à
Warhole » au musée de Grenoble
- Journée « Confluences » à Lyon, avec
croisière sur les deux fleuves, découverte du nouveau quartier et visite du
musée des Confluences
- Dîner traditionnel suivant la cérémonie de remise des diplômes à la préfecture
En août : soirée musicale à La CôteSaint-André et dîner dans la cour du
château Louis XI
En septembre : Journée en Ardèche,
avec la visite du musée de la Magnanerie à Lagorce et de la réplique de la
grotte Chauvet à Vallon-Pont-d’Arc
En octobre : voyage de 4 jours à Turin
et Milan, avec la visite de nombreux
sites, édifices, palais royaux, musées
(dont le musée Egyptien, le musée du
Cinéma, le musée de l’Automobile et
une journée à l’Exposition Universelle
En novembre : visite de l’exposition
Georgia O’Keeffe, peintre américaine,
au musée de Grenoble
En décembre : journée traditionnelle
au Clos-d’Or, avec en matinée une
conférence ayant pour objet la création
de la « caverne » du Pont-d’Arc, par le
professeur Delannoy, le déjeuner au
restaurant du lycée le midi et un divertissement littéraire et musical en compagnie de Mme de Sévigné et de sa fille
l’après-midi).
III. CONTRIBUTION AU RAYONNEMENT
ET AU CRÉDIT DE L’ORDRE DES PALMES
ACADÉMIQUES
- 14 janvier : réception de Nouvel An
à la Direction des Services départementaux de l’Education nationale, avec
invitation de Mme l’Inspectrice d’Académie, Directrice académique, de ses
adjoints et de ses collaborateurs
- 12 mars : participation à la conférence des présidents à Paris
- 22-23-24 mai : participation au
congrès international de l’AMOPA
-10 juin : organisation en totalité de
la cérémonie de remise des prix des
concours de langue française, d’éloquence et d’arts visuels à la Direction
des Services départementaux de l’Education nationale
- 19 juin : remise de prix nationaux
d’arts graphiques au lycée Argouges
- 24 juin : participation à la cérémonie annuelle de remise des diplômes
en préfecture ; remise de diplômes aux
côtés de M. le Préfet et de Mme l’Inspectrice d’Académie, Directrice acaPage 23
démique, représentant également M.
le Recteur ; présentation de l’AMOPA
et de sa section de l’Isère, félicitations
aux nouveaux nommés et promus de
l’année et invitation à nous rejoindre.
Organisation d’un dîner avec les récipiendaires des deux promotions
annuelles et les membres de la section
- 12 octobre : présence à la réunion
organisée par Mme le Recteur sur la
Réserve citoyenne de l’Académie, en
qualité d’association ambassadrice
- 2 novembre : audience chez M. le
Président du Département, pour lui
présenter l’AMOPA et notre section (et
solliciter la reconduction de la subvention allouée précédemment)
- 24-25 novembre : participation à la
seconde conférence des présidents à
Paris
- 11 décembre : cérémonie de remise
du 4ème prix national de géographie
au lycée de Bourgoin (repoussée au 15
janvier)
Ajoutons notre présence
- aux diverses cérémonies auxquelles
l’AMOPA de l’Isère est invitée
- et bien sûr à diverses cérémonies
touchant nos adhérents.
- Enfin, dans le domaine de la communication, rappelons :
1. La publication de nos deux bulletins semestriels « La Promotion violette », d’un contenu aussi riche que
possible, envoyés non seulement aux
adhérents, sympathisants et amis,
mais aussi aux « détenteurs de pouvoir
et d’influence » dans le département
et au-delà.
2. Notre site internet www.amopa38.
fr , grâce à Jacques Prasse.
J.C. Meurant remercie vivement
André CLAUSSE de cet exposé qui
rappelle et met en relief toutes nos
activités. Il fait part à l’assemblée des
agréables messages de félicitations
qu’il a reçus (particulièrement en ce
moment de vœux) consécutivement à
l’envoi de notre bulletin de décembre
(qui comportait cette fois-ci 36 pages
plus toutes les annexes) ; il adresse
ses remerciements à tous ceux qui
apportent leur concours à la réalisation
de ce beau bulletin.
IV. Le moment est maintenant venu,
dit le président de notre section, pour
présenter le RAPPORT MORAL DE
CETTE ANNÉE 2015, QUI SERA EN MÊME
TEMPS LE RAPPORT MORAL DE FIN DE
MANDAT, puisque comme chacun sait
(il a beaucoup insisté sur ce changePage 24
ment fondamental) notre bureau est
parvenu au terme de son action.
Ces quatre années ont été marquées
par des changements importants,
induits par la réforme des statuts : bien
plus que d’un « toilettage » comme
envisagé initialement, il s’est agi d’une
refonte en profondeur, dictée par la
nécessité de répondre aux critères qui
justifient notre label d’utilité publique.
L’élaboration du Livre Blanc de la
section de l’Isère et de son règlement
intérieur, qui ont demandé tous deux
un temps et un travail considérables,
ont été les fondations de notre nouvel
édifice.
Tous les adhérents ont été sensibilisés
à ce changement d’orientation (qualifié au niveau national d’ « impératif
absolu », de « réorientation complète »,
comme on s’en souvient), plutôt, pour
ce qui nous concerne et pour rassurer
d’éventuelles inquiétudes, de nouvelle
et seconde orientation car il n’était pas
question que l’une (les ARUP) se fasse
au détriment de l’autre (les AIG). J.C.
Meurant rappelle qu’il a donc choisi
de parler de « balance égale », d’évolution et non de révolution, et cela a
été avéré dans les faits, concrètement,
pense-t-il. Mais la volonté manifestée
par les nouvelles instances nationales
a été respectée.
Pour rappel : le volume horaire de
notre bénévolat au sein de la section,
tel qu’il l’a alors calculé alors avec
autant de précision que possible et en
toute clarté, est pratiquement l’équivalent d’un emploi à temps plein (à raison
de 35h/semaine avec 5 semaines de
congés payés (« mais on ne va pas se
plaindre, puisque quand on est bénévole, c’est qu’on aime, et donc on ne
compte pas! »).
Dans la foulée du Livre Blanc, il y avait
la recherche d’une reconnaissance plus
large, sur laquelle on reviendra plus
loin.
Un autre gros travail a donc été l’élaboration de notre règlement intérieur,
conjuguant les dispositions du Règlement intérieur national (dont il fallait
décliner fidèlement les orientations) et
notre affirmation d’espace d’autonomie -raisonnable.
J.C. Meurant donne deux exemples
de ce qui lui semble être une bonne
illustration d’une possible dualité, à
partir des modifications apportées
aujourd’hui à notre règlement inté-
rieur (dispositions financières et statut
juridique). Les deux montrent que finalement nous ne pouvons échapper à
notre « filiation ».
Après le changement d’orientation, la
recherche de « reconnaissance ».
Les liens nouveaux avec les universités (concrétisés par nos participations
aux cérémonies et par l’augmentation
considérable -surtout en qualité- des
dossiers de demandes de bourses -qui
n’est pas sans nous amener à nous interroger sérieusement sur nos possibilités
financières futures) sont pour nous des
marqueurs importants de notre action
et de notre reconnaissance.
Cette reconnaissance est également
acquise (au-delà d’une reconnaissance de circonstance, par exemple au
moment de la remise des diplômes),
comme on a pu le voir au fil des bulletins, par le Recteur de l’Académie,
par l’Inspecteur d’Académie de notre
département, au quotidien. Elle a aussi
été actée par le rectorat par notre
désignation comme ambassadeur de
la Réserve citoyenne de l’Education
nationale.
Si l’on regarde maintenant les choses
de près pour essayer de mesurer notre
« impact » sur les nouveaux : certes
nous avons peine à maintenir l’effectif
de la section du fait des cotisations non
réglées, mais nous y arrivons ; en 2013
nous avons eu, du fait du problème
de la communication des adresses, 13
adhésions ; en 2014, sûrement pour
la même raison, 15 ; en 2015, nous en
avons eu 25. Nous n’avions pas atteint
ce nombre depuis plusieurs années
et l’on peut espérer qu’avec la reconnaissance qui nous est très clairement
consentie, des combats difficiles sont
maintenant derrière nous.
« Maintenant, que voulions-nous
améliorer, quelles ont été nos nouvelles
ambitions ? »
1. Les activités reconnues d’utilité
publique (ARUP)
Pour tous les concours qui existaient,
les choses n’ont pas vraiment changé :
il y a du satisfaisant et du moins satisfaisant (les lycées sont toujours aux abonnés absents, sauf pour le Prix Vignot et
pour notre nouveau concours d’éloquence). Mais nous persistons dans les
efforts de sensibilisation.
Pour la bourse BERTHIER, malgré nos
liens nouveaux avec le Conservatoire
régional de Grenoble, nous n’avons pas
vu venir de candidatures.
La Promotion Violette
Pour ce qui était à l’état de renaissance en 2012 (les bourses universitaires) : nous avons fait véritablement
un grand pas en avant, en rapport avec
les liens établis avec les cabinets, secrétariats, vice-présidences et directions
des relations internationales, vice-présidents Vie étudiante… etc).
Pour ce qui est nouveau : nous avons
donc institué un nouveau concours
départemental, le concours d’éloquence pour les lycéens de 1ère et de
Terminale.
2. Les activités d’intérêt général (AIG)
Nous avons essayé de proposer le
maximum d’activités susceptibles d’intéresser nos adhérents (nous en avons
eu la liste tout-à-l’heure ; ce qu’elle ne
montre pas, c’est le constant succès
qu’elles ont rencontré -qui nous oblige
à refuser des inscriptions, à notre grand
regret).
J.C. Meurant espère que nos bulletins
rendent compte de tout cela. Il remercie au passage nos rédacteurs.
Avant de conclure, il adresse ses
remerciements réitérés à Alain Mistral pour son aide précieuse pendant
toutes ces années.
Nous espérons que grâce à l’accueil
extrêmement favorable que nous a
réservé le nouveau président du Département le 2 novembre, nous pourrons non seulement poursuivre, mais
développer nos actions en faveur de
la jeunesse.
Le président sortant termine son
exposé en disant que son équipe et
lui ont été, pendant ces quatre années,
fidèles à ce qui se faisait auparavant
dans notre section de l’Isère, fidèles
aussi à la nouvelle équipe dirigeante de
l’AMOPA élue en 2012 dont il « salue avec
respect tout l’énorme travail accompli
depuis », qui, dit-il (en souriant !) « nous
a donc amenés à « travailler » aussi, l’a
fait quelquefois « râler devant tout le
boulot demandé par Paris » -mais il se
décrit lui-même comme un « rouspéteur incorrigible ») mais toujours dans
l’affectueuse loyauté à l’égard de notre
président Michel Berthet ».
Il remercie l’assemblée de sa bienveillante écoute, il est temps de passer au
vote de ce rapport d’activités et de ce
rapport moral :
CONTRE : 0
ABSTENTIONS : 0
POUR : unanimité
Juin 2016
V. ELECTION DU NOUVEAU BUREAU
J.C. Meurant exprime le souhait
d’adresser d’abord tous nos remerciements aux membres sortants :
André CLAUSSE, président d’honneur
de la section depuis longtemps, qui a
accepté avec beaucoup de gentillesse
d’être notre secrétaire
Luc CHAMARD, l’Homme du Festival
Berlioz, depuis très très longtemps
Gisèle RONDEAU, qui a coordonné
pendant de nombreuses années le
comité de lecture des concours de
langue française
Mireille VINOT, notre Dame des
Musées
Marie-Thérèse GUILLAUD, secrétaireadjointe.
Ils ont « donné » pendant de très
nombreuses années, ils ont mérité
cette seconde retraite ! Il leur exprime
la gratitude de notre section et aussi
la sienne, personnelle, pour avoir été à
ses côtés pendant ces quatre années, il
témoigne de toute l’amitié qui lie, qui
unit les membres à l’intérieur de notre
Bureau, où règnent une atmosphère
chaleureuse, un climat de transparence,
de partage, de solidarité, pour tout dire,
oui, de sincère amitié.
Il invite l’assistance à se lever avec lui
pour les applaudir chaleureusement.
Ils sont très longuement, très chaudement applaudis par tous les participants debout.
Le président sortant souhaite aussi
adresser ses remerciements aux autres
membres du Bureau pour tout le travail
accompli et particulièrement à notre
équipe d’animation des activités :
Nicole LAVERDURE, Josiane POURREAU, Danièle ROUMIGNAC et Jacques
PRASSE qui, en plus de son travail lié
à sa fonction de trésorier, organise
les grands voyages, aide le Président
dans de nombreux domaines et gère
de A à Z notre magnifique site internet, sont également chaleureusement applaudis.
Jacques PRASSE
Danièle ROUMIGNAC
Gisèle BOUZON-DURAND manifeste
alors sa volonté de rejoindre, « par
amitié » (car ses occupations ailleurs
sont déjà prenantes) ce groupe, ayant
jusque-là espéré que d’autres candidatures se présenteraient. Bien sûr notre
adhérente et amie est vivement remerciée. Le président répond à quelques
questions concernant la composition
du futur Bureau, puis soumet cette liste
de neuf personnes au vote de l’assemblée :
CONTRE : 0
ABSTENTIONS : 1
POUR : unanimité moins une voix
Le président sortant présente ses
remerciements à l’assemblée pour ce
vote. Les fonctions au sein du Bureau
feront donc l’objet d’une élection
interne dans les meilleurs délais.
VI. PROGRAMME D’ACTIVITES 2016
Chacun connaît le programme du
premier semestre 2016, et la suite n’a
pas encore été envisagée.
Le trésorier et le président sortants
font part de quelques observations et
conseils relatifs à « l’assistance » et à
« l’assurance » des participants à nos
voyages.
Il n’y a pas de question.
Après une information finale concernant les candidats boursiers universitaires de cette année 2015-2016 et
l’espoir que nous pouvons avoir pour
l’avenir, le président sortant adresse
donc ses remerciements à tous les participants, adhérents, sympathisants,
amis de la section pour leur présence
et leur fidélité et les invite à rejoindre le
buffet dressé dans la salle voisine -où va
régner la plus joyeuse, la plus amicale
des ambiances.
ULTIME APPEL AUX CANDIDATURES :
J.C. Meurant présente la liste 20162020 (pour un Bureau élargi)
Dominique ABRY (ex-membre associé)
Gilbert COTTIN (membre associé)
Nicole LAVERDURE
Gérard LUCIANI
Jean-Cyr MEURANT
Josiane POURREAU
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La Promotion Violette
In memoriam à René-Guy CABANEL
René-Guy CABANEL, l’un de nos anciens et fidèles adhérents, vient de nous quitter. Nombreux ont été ceux qui ont
rendu hommage à cet homme dont les qualités exceptionnelles et rarement réunies faisaient, en politique, un modèle
à bien des égards dans un monde où le respect des autres, l’intégrité ne sont pas toujours des valeurs dominantes ou
réellement mises en pratique.
René-Guy CABANEL devient docteur en médecine en 1953 ; spécialisé en rhumatologie, il est reçu à l’agrégation en
1961, est nommé professeur à la faculté de médecine de Grenoble deux ans plus tard. Il en sera le doyen de 1969 à 1974.
A ce moment commence sa carrière d’homme politique : député de 1973 à 1981, conseiller général et régional entre 1982
et 2008, sénateur de 1983 à 2001, maire de Meylan de 1983 à 1995. Dans ces deux mondes qui finalement auront été les
siens, le monde de la médecine universitaire, le monde de la politique, il jouira de la considération générale due à une
personnalité d’envergure et du respect également dû à un homme de dialogue et de consensus. Le professeur CABANEL
sera promu commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur en juillet 2011.
Pour nous, ceux qui ont eu la chance de le connaître, dans le cadre de l’AMOPA ou de diverses fonctions notamment
au service de la jeunesse, ou ailleurs, il demeurera un homme d’un abord charmant, raffiné, doté d’une culture
impressionnante mais d’une modestie exemplaire et extraordinairement attentif aux autres, un vrai humaniste. Rien
d’étonnant à ce que cet « honnête homme » ait été nommé chevalier dans notre ordre des Palmes académiques en 1971,
puis promu officier en 2007.
JCM
Juin 2016
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In memoriam à Pierre JOURDAN
Pierre JOURDAN nous a récemment quittés et lors de la cérémonie d’adieu, le 20 avril, nous avons pu nous rappeler, en
écoutant l’hommage rendu par sa nièce, qu’il était de ceux qui avaient « fait bouger les choses » dans le monde éducatif
-voici maintenant bientôt cinquante ans, mais sa contribution est toujours bien vivante et d’actualité.
Quel « CPE » d’aujourd’hui en effet ne connaît pas « Délégué-Flash », un ouvrage connu jusqu’au Japon ? Ces mots
« Vie scolaire », « Apprentissage de la citoyenneté », « Formation des délégués de classe », quand les a-t-on entendus pour
la première fois ?
Souvenons-nous : il y a un demi-siècle, régnaient encore (« sévissaient », dit-on…-la littérature fourmille de portraits
de « surgés » de l’Ancien Régime) dans les lycées, sous l’autorité des proviseurs et principaux, les « surveillants généraux »,
gardiens en tout cas du Temple voué à la Discipline1 ; nous les avions connus lycéens, nous les retrouvions collègues.
Qui parlait alors d’animation socio-éducative ? (quoique oui, cette dimension existât bien souvent, même sans être
institutionnellement établie comme elle le fut par les textes promulgués en 1968 par le gouvernement Edgar Faure
et notamment celui relatif aux « FSE », les foyers socio-éducatifs : qu’on pense à tous les « clubs » nés de l’exemple des
associations d’éducation populaire dans les internats). Il fallut attendre la création du corps des conseillers d’éducation
et de celui des conseillers principaux d’éducation pour la voir officiellement reconnue et prendre forme, sous leur égide.
Mais, avant ce fameux « tournant » de mai 68, il y avait, dans l’Académie de Grenoble, précisément au lycée Mounier,
un professeur (agrégé de Lettres), qui était passionné par ces questions (il avait même été à l’origine de la création,
dans son établissement, d’un mini-parlement lycéen). Ce professeur s’appelait Pierre JOURDAN. C’est donc à lui que de
nombreuses générations d’élèves2 doivent de s’être initiés à « la démocratie lycéenne », bien avant les « CVL » (conseils
des délégués pour la vie lycéenne), « MDL » (Maisons des lycéens)... et d’avoir pu être de bons « délégués de classe », voire
d’efficaces représentants dans les différentes instances de leur établissement.
Ce professeur, nommé chevalier dans l’ordre des Palmes académiques en 1968, puis promu officier en 1973, enfin
commandeur en 1992, était aussi un fidèle Amopalien, dont nous saluons avec respect la mémoire.
JCM
1) Se souvient-on des « chefs de classe » ?… « C’était avant » !
2) D’élèves, bien sûr, mais aussi de cohortes d’aspirants CPE et Personnels de direction, qui avaient dans leur poche
-pardon leur petite bibliothèque- un Délégué-Flash pour se présenter avec de solides références aux épreuves orales
de ces deux concours (constat personnel fait maintes fois pendant de nombreuses années à ces deux jurys nationaux).
Hommage à Michel PIGUET
Le 15 mars nous étions nombreux : Amopaliens, collègues et amis à rendre un dernier hommage à Michel PIGUET,
ancien proviseur-adjoint du lycée Stendhal.
Michel est né à Remiremont dans une famille profondément attachée à l’école laïque et républicaine.
De mutation en mutation, son père, professeur de physique, obtient sa nomination pour le lycée Claude-Bernard de
Villefranche-sur-Saône. Cette nomination comblait la famille Piguet car elle les rapprochait de Cortevaix, berceau de la
famille.
Le bac en poche, le jeune Michel poursuit ses études à la Faculté de Lyon et en 1962 part faire son service militaire en
Algérie à Reggane. Il en profite pour se préparer au CAPES de physique. Il est reçu et affecté à l’école normale d’institutrices
de Lons-le-Saunier. En 1963, il épouse Marie-Thérèse, professeur de Lettres.
Suite à la fermeture programmée des écoles normales, il postule au poste de censeur et sera nommé à Saint-Cyrl’Ecole. En 1974, il rejoint le lycée Stendhal.
Discret voire secret, Michel ne se mettait jamais en avant. Exigeant, il aimait le travail bien fait. Il fallait qu’un emploi
du temps soit équilibré, respectant les vœux des professeurs et les impératifs des élèves. La porte de son bureau était
toujours ouverte.
Il aimait le camping, le ski et la randonnée qu’il pratiquait en famille, apportant une attention particulière à l’éducation
de ses deux fils.
Michel s’était investi dans le club d’escrime de Grenoble. Il assuma son engagement avec compétence et sérieux. En
1992, volontaire pour les J.O. d’Albertville, il fut chargé de convoyer les personnalités officielles pendant la durée des
Jeux : un de ses plus beaux souvenirs !
Il se rendait aux réunions de l’AMOPA chaque fois que son emploi du temps le lui permettait, il appréciait ce moment,
convivial et amical.
Merci Michel pour l’exemple que tu nous a donné.
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George SIMONI
La Promotion Violette
CONCOURS « DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANÇAISE »
Option « Jeune nouvelle » - Classe de 3ème - Collège Raymond Guelen - 38680 Pont-en-Royans
Premier Prix national : Jocelyn ROZAND
Un soir de novembre
J
e m’appelle Simon, je travaille dans
un bureau d’administration à Paris.
Ce soir de novembre, il faisait inhabituellement chaud. Une sacoche à la main,
je me dirigeais d’un pas sûr jusqu’à ma
voiture. Là, j’ai attrapé mon téléphone et
appelé Camille. C’est ma petite amie, nous
ne vivons pas ensemble car nos universités sont à l’opposé l’une de l’autre, on ne
se voyait pas prendre les transports en
commun des heures chaque jour.
Elle a décroché, j’ai dit :
- Je vais réserver pour une petite soirée
en amoureux ce soir au restaurant. Qu’en
dis-tu ?
Elle m’a répondu :
- Avec plaisir, tu viens me chercher ?
- Je viens à huit heures.
Puis j’ai raccroché et remis mon téléphone portable dans ma poche. »
A ces derniers mots, Simon arrêta brusquement son récit. Je vis que c’était très
dur pour lui de me raconter tout cela. Je
coupai le micro quelques minutes. Après
quelques instants, il reprit son histoire avec
beaucoup plus d’émotion dans la voix.
« J’ai pris le volant et me suis dirigé vers
mon appartement. C’était un logement
plutôt petit mais bien décoré, avec une
vue magnifique sur l’Arc de triomphe. J’ai
pris une douche, me suis habillé avec soin,
je me suis mis un peu de parfum. Puis, j’ai
quitté mon appartement, je suis remonté
dans ma voiture et parti chez Camille.
Elle m’attendait sur le trottoir où des centaines de personnes passaient chaque
jour. Camille est étudiante en école de
commerce depuis quatre ans. Une jeune
femme simple dans une vie des plus normales mais avec un petit grain de folie
incomparable ; en partant d’une seule
phrase, elle peut se lancer dans des délires
complètement fous ; et puis ses yeux
bleus si incroyables qu’on les remarquait
tout de suite. J’ai arrêté le moteur, je suis
descendu. J’ai embrassé Camille, l’ai prise
par la main, lui ai ouvert la portière sans
un mot. Puis j’ai démarré, et Camille s’est
exclamé :
- Tu ne m’as même pas dit bonjour, tu es
bien brusque, Simon.
- On aurait perdu du temps si on avait
discuté là-bas, je suis trop impatient d’être
au restaurant avec toi et j’ai tellement
faim. Maintenant, je peux te dire bonjour ;
comment s’est passé ton examen ? lui ai-je
répondu.
On a discuté de nos journées, écoutant
les quelques chansons qui vagabondaient
de temps à autre sur le poste de radio.
Quand nous sommes arrivés au petit restaurant que j’avais choisi, je la tenais par
la main et nous marchions en direction
d’une douce senteur, celle des bons plats
qui nous attendaient. Cette année, il faisait anormalement chaud pour un mois
de novembre et des personnes buvaient
Juin 2016
des apéritifs ou mangeaient aux terrasses
des bars et des restaurants. On entendait
des gens rire de toutes parts, un musicien
jouait de la guitare et le public autour de
lui savourait sa musique, de temps à autre
on entendait des voitures passer, un scooter ou bien une moto... Des dizaines de
serveurs prenaient les commandes, une
statue vivante était au milieu de la rue, des
personnes restaient à côté d’elle et quand
elles lui donnaient une pièce, l’artiste
leur donnait un petit bonbon. C’était une
soirée parfaite : un dîner en amoureux, un
vent agréable, tout était bien. Nous nous
sommes installés à la table qu’un aimable
serveur nous a indiquée. Nous avons
regardé très attentivement nos cartes où
des dizaines de plats nous faisaient saliver.
Après avoir réfléchi quelques minutes, j’ai
décidé de prendre une assiette de nems et
des nouilles, et Camille une salade chinoise
et un boeuf aux cinq épices. Le serveur a
pris nos commandes et est reparti comme
une flèche vers la cuisine. En attendant
nos assiettes, je me suis levé et agenouillé
près de Camille et lui ai dit:
- Camille Audero, cela fait bientôt huit
ans que nous sommes amoureux l’un de
l’autre et je ne veux plus vivre sans que tu
saches à quel point je t’aime. Tu es une fille
extraordinaire. Veux-tu m’épouser ?
Quand elle a entendu ces mots, des
larmes ont coulé de ses yeux et elle a dit :
- Oui, je le veux... Et moi aussi, j’ai
quelque chose à t’annoncer...
À ce moment-là, une voiture a débarqué sur l’avenue et des hommes cagoulés ont baissé les vitres. Ils ont tiré. Une
balle a frappé Camille et elle s’est écroulée. Moi, j’ai plongé au sol, mais une balle
m’a atteint à l’épaule ; je hurlais. Les balles
sifflaient sur l’avenue, il y avait des tas de
corps inanimés, sur les chaises, qui glissaient à terre. La vitrine du restaurant était
brisée et le symbole du « Petit Cambodge
» ne s’illuminait plus. Des gens criaient et
les tireurs ne réduisaient pas la cadence
de tir, ils rechargeaient puis tiraient sur les
clients qui essayaient de se cacher sous les
tables.
On entendit la voiture partir et ensuite,
un silence, un silence macabre. L’avenue
entière était silencieuse. Peu après, des
bruits de sirènes se firent entendre au loin.
Une voix s’éleva et cria :
- C’est fini, les secours arrivent, trouvez les blessés et aidez-les ! Je me suis
levé malgré la douleur qui m’accablait à
l’épaule. Des corps inanimés gisaient sur
les terrasses ; des blessés hurlaient. »
Simon s’arrêta de nouveau dans son
récit. Et sortit. Il revint cinq minutes plus
tard et reprit. J’enregistrais à nouveau.
« Les sirènes retentissaient sur l’avenue.
Les personnes sauves portaient secours
aux blessées. J’étais resté à côté de
Camille ; en pleurant, j’écoutais son coeur,
l’oreille sur sa poitrine, mais rien. Une tache
de sang commençait à apparaître sur sa
chemise, une balle avait touché son coeur
- il ne battait plus. Je pleure, je lui fais un
massage cardiaque, comme je le peux...
Au bout d’un moment, une main me saisit
à l’épaule, puis deux. C’est un ambulancier.
Il me prend sous les bras et à ce moment
je tombe évanoui. Puis d’autres ambulanciers arrivent, on me met sur un brancard
et on m’emmène dans une ambulance.
J’ai été conduit à l’hôpital le plus proche
et je me suis réveillé le lendemain. Mon
épaule était bandée. J’avais très mal mais
les médicaments que les médecins me
donnaient atténuaient la douleur. Dans
mes pensées, tout se bouscule : qu’est-il
arrivé à Camille ? Est-elle vivante ? Est-elle
blessée ? Sa famille est-elle auprès d’elle ? Beaucoup de questions, mais aucune réponse.
Une semaine plus tard, je sortais de
l’hôpital et décidais de chercher Camille,
j’appelais sa famille - en vain. Avec les derniers souvenirs que j’avais, j’ai décidé de
commencer à la chercher dans tous les
hôpitaux. Lorsque le père de Camille m’a
enfin appelé, il m’a dit de les rejoindre à
l’hôpital Sainte-Périne.
Je suis arrivé là-bas ; ils étaient dans le
hall ; je me suis dirigé vers eux. J’étais nerveux, je ne savais pas ce qu’ils allaient me
dire, une mauvaise ou une bonne nouvelle. Il y avait ses parents et son frère. Sa
mère avait la tête basse et un regard vide.
Aucune expression sur le visage. Son frère
était devant l’écran de son téléphone, l’air
absent.
- Simon...
Son père avait la voix nouée, s’efforçait
de rester digne.
- Camille est morte, elle a reçu une balle
dans le coeur. Je n’ai pas réussi à t’appeler
avant.
A ces paroles, j’ai serré les poings. Mon
alter-ego est morte, ma moitié s‘est envolée. C’est un immense choc, j’allais me
marier et en une seconde, une balle a
détruit un amour profond de huit ans. La
famille de Camille me consolait du mieux
qu’elle pouvait ; l’enterrement était le jour
suivant.
Le lendemain, je me rendais au cimetière avec eux. Un cercueil en bois clair
gisait près d’un trou profond. Ils l’ont descendu dans cette fosse qui engloutissait
mon amour. Comme les autres j’ai pris
une rose et l’ai jetée sur le cercueil, sans un
mot, puis je suis parti, sans un mot.
J’ai mis des jours avant de me remettre
à parler.
Trois semaines plus tard, avec la famille
de Camille, je suis allé vider son appartement pour le débarrasser de tous ces
souvenirs et les mettre dans un grenier.
Tout le monde était au travail et j’enlevais
les affaires dans la salle de bain, lorsque
j’ai trouvé un test de grossesse. Les mots
qu’elle avait prononcés ce soir-là me sont
revenus. Je suis resté muet.
Elle était enceinte.
J’ai éteint le micro.
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CONCOURS « DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANÇAISE »
Option « Jeune nouvelle » - Classe de 4èmeA - Collège Le Chamandier - 38610 GIERES
3ème accessit national : Eric MASCLET
Maux des sens
Nouvelle fantastique
C
her journal, cela va bientôt faire un
an que je consigne tous mes faits
en ces pages. Mais à partir d’aujourd’hui,
je ne t’écrirai plus que pour mettre de
l’ordre dans mes idées. Voilà maintenant
quelques années que Claudia se confie
à moi, et ces derniers temps, ses propos
m’ont fortement intriguée. Je vais coucher en ces lignes des événements qui
pourraient nous faire passer pour des
folles, Claudia et moi. C’est en partie
pour cette raison que je ne daterai plus
mes textes, comme cela, si quelqu’un
venait à découvrir ce carnet, il ne pourrait pas savoir si les épisodes datent de
nos six ans, de nos trente ans ou s’ils sont
contemporains de l’année où il les lit. De
plus, je pourrais très bien écrire pendant
longtemps sur le même sujet, d’où l’inutilité des dates.
Bon, je me lance ! omme tu le sais,
Claudia, dont je suis la confidente, est
quelqu’un de placide, maîtresse de ses
nerfs et qui n’est pas du style à s’alarmer
pour un rien. C’est ce qui, en quelque
sorte, m’a mis la puce à l’oreille. Il y a
environ une semaine, alors que nous
rentrions ensemble, elle me dit qu’elle
ne voyait plus clairement les lignes du
tableau et me demanda si à l’avenir elle
pouvait copier les cours en s’aidant de
mon cahier. Je lui répondis que oui et
nous en restâmes là.
Mais cet après-midi, elle m’a déclaré
qu’elle ne distinguait plus le tableau
alors que notre enseignant nous avait
fait passer devant. J’ai lu dans ses yeux
le doute. Ses sourcils auraient voulu
former un point d’interrogation qu’ils ne
s’y seraient pas mieux pris ! Son visage
paraissait tendu... En fait, elle ne voulait
pas en parler à ses parents et m’assurait que ce n’était que de la fatigue ! J’ai
insisté, je ne voulais pas qu’elle reste
toute seule avec ça. Je crois avoir réussi
à la convaincre puisque j’étais avec elle,
que son père la questionnait, que sa mère
enchaînait numéro sur numéro pour
trouver d’urgence un rendez-vous chez
un ophtalmologue et que l’odeur du thé
à la vanille mélangé au bois qui brûlait
dans l’âtre de la cheminée m’apaisait, me
berçait et me rassurait.
Ses parents ont fini par trouver un
médecin ! J’ai prévenu les miens et j’ai
sauté dans la voiture de Claudia. Le trajet
fut court et je n’en garde qu’un vague
souvenir de moteur à plein régime. Sauf
que chez l’ophtalmologue, nous nous
sommes alarmés : elle ne voyait le méde-
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cin que sous une vague forme de spectre
pâle! Même avec des lunettes ou toutes
sortes d’objet correcteur de vue, elle ne
pouvait apercevoir aucun signe ! Pas
même la montgolfière du test pour les
enfants, rien ! Le docteur ne comprenait
pas ; il a appelé ses collègues, ouvert tous
ses livres de médecine, et s’est penché
sur son bureau, les doigts sur les tempes.
Ensuite nous avons attendu : un tour
d’aiguille, une feuille tournée, deux tours
d’aiguille, une mouche qui vole, quinze
tours d’aiguilles... Les couleurs blanches
du cabinet me faisaient mal à la tête et
aux yeux. Je demandai à sortir et Claudia m’accompagna. Une fois que la brise
eut fini de me sortir de ma torpeur, je
me retournai vers elle et la pris dans mes
bras. Que se passait-il ? Il était certain
qu’elle n’était pas aveugle car elle pouvait
encore voir les personnes qui avaient de
l’importance pour elle. Mais comment se
faisait-il qu’elle ne voyait pas le reste ?
Plus tard, il se produisit un autre événement qui impliquait sa vision et qui aurait
pu passer pour un gag mais qui ne réussit qu’à me faire de peine pour Claudia.
C’était alors que nous rentrions de nos
cours, nos carapaces de sac sur le dos, un
vent chaud dans la figure et en parlant
du temps. Prises dans notre discussion,
nous ne vîmes pas l’imposante personne
en costume-cravate qui se pressait, la
tête baissée. On aurait pu penser qu’elle
voulait forcer les aiguilles de sa montre à
reculer tellement elle les observait avec
insistance ! Claudia le percuta. Elle chercha à contourner un objet qui dans sa
tête devait être un lampadaire sauf que
ce n’était pas tout à fait égal à la carrure
d’armoire à glace du Monsieur. Elle le
heurta de nouveau et vacilla, le poids de
son cartable l’entrainant vers l’arrière ! Elle
retrouva son équilibre, sentit ses deux
pieds en liaison avec le sol et fit mine
d’avancer. Mais l’étranger se mit en colère,
sous sa grosse moustache, sa bouche se
contracta et sa grosse main vint saisir la
frêle épaule de mon amie. Elle sursauta,
et lorsque les torrents de reproches prononcés d’une grosse voix atteignirent
ses oreilles, elle poussa un cri, perçant,
effrayé, de désarroi ! Elle n’avait pas l’air
de comprendre ce qui lui arrivait ! Le
bonhomme la secoua, j’avais beau avoir
une carrure plus robuste qu’elle, je ne me
voyais pas intervenir. Il allait lui faire mal
! Elle hurla encore plus fort ! Son agresseur dut craindre le scandale et la relâcha. Allait-il en rester là ? Apparemment
oui ! Je me précipitai sur Claudia. Elle ne
pleurait pas, mais d’une voix tremblante,
timide, elle me demanda ce qui s’était
passé. Prise au dépourvu, je lui chucho-
tai l’histoire à l’oreille. Elle me questionna
sur l’apparence de l’homme. Alors, pour
essayer de la détendre, je le comparai
à un immeuble, avec la moustache de
Maupassant et pressé comme le lapin
dans Alice au pays des Merveilles. Elle
ne me répondit pas. C’était impressionnant ce que ses yeux pouvaient exprimer ! A ce moment-là, ils regardaient
dans le vague... Je crus comprendre,
Claudia n’avait pas vu le monsieur. Elle
aurait simplement été ballottée, prise
dans des remous, comme une algue, et
après c’était le calme. Mais dans sa tête,
la tempête continuait, l’emportait. J’errais
avec elle dans l’incompréhension. C’est
pour cela que je suis son amie, non ? Mais
pourquoi s’était-il encore produit un incident pareil ?
Une autre aventure étrange m’arriva à
quelques jours d’intervalles. Elle me semblait avoir une relation singulière avec
les problèmes de Claudia. J’aurais bien
aimé ne pas l’avoir vécu si cela avait pu lui
rendre la vue intégrale.
Comme j’aime me promener dans les
ruines de l’ancienne ville romaine d’à
côté, je passe très souvent dans l’allée des
statues, en face du temple. Ce sont les
dieux et déesses les plus importants qui
sont représentés en haut de leur colonne,
des deux côtés de l’allée et qui projettent
leurs ombres au crépuscule. Je marchais
habituellement à cette période de la journée sauf que cette semaine là, ce n’était
plus la beauté du lieu mais bien la vie que
j’y rencontrais qui me fascinait. Non, je
ne voyais personne de ma connaissance
comme on pourrait le croire, mais ce sont
les dieux, ou plutôt leurs statues, qui retenaient mon attention. Depuis quelques
temps, leurs ombres prenaient de l’importance, j’avais l’impression qu’elles
voulaient me raconter leur histoire, elles
devenaient plus marquées, leurs détails
ressortaient... Le soir, avant l’incident
de Claudia et de l’homme à la montre,
j’y étais encore, le ciel se dorait et les
ombres s’allongeaient, lorsque je les vis,
oui je les vis... se mouvoir, elles se retournaient entre elles, se faisaient des signes,
mouvaient leurs bras et remettaient leurs
drapés en place. Elles se réveillaient clairement comme des enfants qui avaient
fini leur sieste. Il émanait d’elles une puissante majesté, de la grandeur, quelque
chose que même les statues auxquelles
appartenaient les ombres ne pouvaient
exprimer. C’était de la magnificence que
seule la vie pouvait montrer, oui, la vie...
C’était comme si ma vue percevait audelà de la réalité.
Maintenant, Claudia n’entend plus ! Sa
mère m’a téléphoné et apparemment
La Promotion Violette
mon amie s’est résignée. Elle savait
qu’elle risquait de se perdre et pour elle,
le monde du silence était une promesse
de calme.
Comme j’allais me mettre au lit, j’entendis un cri, ou une supplication. Je
cherchais pendant longtemps l’origine
de ce bruit mais n’en trouvant aucune
source possible, je me convainquis que ce
devait être des acouphènes. Néanmoins,
je tergiversais pendant encore quelques
temps et revint sur ma première idée, mes
oreilles ne pouvaient créer un tel bruit ! Je
me mis donc en quête de l’endroit d’où
pouvait provenir ce son si implorant. Je
cherchais, l’oreille au mur, l’oreille sur
un cahier, une peluche, et finis par localiser mon bureau. J’allumai ma lampe et
fouillai dans le désordre de ma table de
travail à la recherche de ce qui aurait pu
produire pareil bruit. Je finissais même
par croire que mon chat s’était coincé
quelque part ! Je fus vite détrompée. La
tête emportée par la fatigue, je m’étais
saisie d’un crayon quand le bruit si particulier fut remplacé par un chuintement.
Je regardai ce crayon et je crus même
sentir les vibrations si caractéristiques du
ronronnement d’un chat. Je le posai dans
la boite où j’avais omis de le ranger une
fois mon dessin achevé et le bruit s’arrêta
instantanément. C’était donc ce crayon
seul qui criait son désespoir ? Ce tout petit
crayon qui ne supportait pas la séparation d’avec ses semblables. Maintenant
que j’y pense, un crayon c’est l’inverse
d’un humain. Plus il est vieux, plus il rapetisse et a un caractère enfantin. En plus
celui-ci avait une petite mine. J’avais l’impression de voir un petit chaton aveugle
qui venait de retrouver la chaleur de sa
mère. « Aveugle » dorénavant, à chaque
fois que je croise ce mot je pense à elle,
Claudia, la pauvre. Et je pensais qu’à moi
aussi il m’arrivait de drôles de choses,
sauf qu’elles étaient tout de même plus
heureuses... Que m’étais-je imaginé avec
ce crayon ? J’avais dû avoir des hallucinations! Je ne savais pas ce qui m’arrivait,
j’imaginais la vie dans des choses si bêtes,
si classiques, si... « Mortes » ? Etait-ce de la
folie ? Etait-ce une sorte de maladie ? Et
surtout, y avait-il un lien avec ce qui arrivait à ma chère Claudia ?! Elle qui perdait
ses sens et moi qui devenais hypersensible ! Que de questions sans réponse !
Quelle angoisse !
Je me mis à courir, pieds nus dans mon
jardin, sous la chaude brise qui nous
venait du sud. Courir pour respirer, regarder la lune pour ajouter de la clarté dans
mes idées, je suis comme ça moi, pour
penser, j’ai besoin d’air. Tout en sentant la
mousse ou l’herbe sous mes pieds quand
je courais, je me mis à penser que Claudia
n’entendait plus, alors que j’avais perçu
le cri d’un crayon, si aigu, si impensable.
Il m’aurait fallu quatre oreilles pour l’en-
Juin 2016
tendre ? Peut-être que Claudia était avec
moi ?
Cela devait faire une heure que j’étais
dehors. Il est surprenant de voir comment le vent chaud amène la paix et
l’ordre dans ses idées. J’allai chercher un
petit flacon. Je l’ouvris, laissai un instant
à l’air pour qu’il se repère et s’installe.
Enfin je refermai le flacon. Maintenant, il
m’aidera, je le porterais toujours sur moi !
Lorsque j’approche mon oreille, j’entends
comme l’ombre de ce vent, je le vois
encore s’agiter dans cette petite fiole et il
me protège comme un talisman.
Je me suis relue, mais, qu’avais-je
écrit ?? Comment se fait-il que j’entende
ce vent ? Toute la nuit j’avais été bercée
par ce souffle, placé sous mon oreiller,
que se passait-il ? Lorsque je m’éloignais
de lui, je me crispais, j’étais sur les nerfs ;
pourquoi ? Etait-ce une sorte de drogue
douce ? Pour quelle raison étais-je la
seule à l’entendre ?
Non, je ne l’avais pas imaginé ! Ou dans
ce cas, mon fidèle Rus, ce petit cocker si
malin, était dans le même rêve que moi.
Il avait passé son après-midi à courir dans
la maison et il s’était mis plusieurs fois en
arrêt devant ma chambre, l’oreille attentive et quand le murmure lui effleurait
l’oreille, il se calmait aussitôt !
Il était tard ! Je n’arrivais plus à dormir,
le souffle qui me berçait fut couvert par
un sifflement qui se jetait sur mes volets,
ma petite bouteille de verre lui répondait,
dans ‘ce langage si étrange...elle était si
suppliante que je la pris au creux de ma
main, ouvris la fenêtre et posai mon doigt
sur le bouchon. Rus jaillit aussitôt dans
ma chambre et se jeta sur le bord de la
fenêtre. Quand je fis sauter le bouchon
de liège, le vent du dehors et celui qui
s’échappait de la fiole poussèrent à l’unisson un soupir de soulagement. Rus leva
ses deux oreilles pour essayer d’attraper
ce bruit si étrange. Dès que le courant
d’air eut soulevé ses mèches de poils
noirs, le chien repartit et le vent se calma.
Je retournai au lit. A mon réveil, « Quel
rêve étrange! » fut ma première pensée,
mais le flacon vide me rappela les évènements de la nuit. Je me suis dit qu’au
niveau de l’étrangeté, je devais égaler
Claudia !
Puis, Claudia perdit le goût, elle ne pouvait plus savourer le chocolat chaud pour
se réconforter ni le thé à la menthe. Elle
ne vint plus en cours et j’avais vraiment
peur qu’elle ne tombât dans la dépression. En plus de son palais, j’avais l’impression qu’elle commençait à perdre le
goût de la vie, elle sombrait petit à petit
dans le néant et je ne savais pas quoi faire
pour l’en sortir. Je croyais qu’elle devait
passer un test pour déceler un éventuel
cancer ou autres maladies graves. Je n’en
étais pas certaine car nous nous voyions
de moins en moins. Nous étions en train
de nous perdre : Au secours !
Aujourd’hui, elle a perdu le toucher.
Cette fois, elle est partie, elle flotte dans
un monde, quelque part, à côté de nous,
mais sans nous.
Je suis en train de caresser distraitement les oreilles de Rus, je passe mes
doigts dans ses boucles d’ébène et j’admire les reflets de bien-être qui s’y mêlent.
Je sens chaque poil, chaque bourre, je
profite de ces délicieux chatouillis qui
me courent le long des veines, si vivant,
si sensible... Pourquoi Claudia n’y a-t-elle
plus droit ? L’en aurais-je privée ? Y suis-je
pour quelque chose ? D’une quelconque
manière ?
Les ombres des romains me sont
apparues, la ville antique s’est réveillée,
de son côté, à l’insu de notre monde. Ils
arpentent les rues, se parlent sans que
je ne puisse les entendre, hantent cette
ville par leurs vies. Ils rejoignent les statues dans leur monde, intouchables mais
présents. Quand le voile d’or disparaît du
ciel, je pars, laissant ce peuple dans son
intimité allumer de vieilles bougies et se
retrouver. Je suis si bien, libre de préoccupations, la tête légère, mais je ne suis
pas à ma place. Je longe le cimetière en
entendant le vieux lierre me murmurer
les frasques et légendes de tous ses résidents. Dans les senteurs de la nuit. Et,
dans le halo de lumière des phares, je vois
danser d’étranges petits êtres, ils sont si
lumineux... Depuis, je les vois dans chaque
rayon de lumière, jusqu’au plus profond
des ténèbres et il me rappelle qu’il y a toujours de l’espoir, partout ! Même lorsque
l’on se rend compte, comme moi, que les
vagues de vent ne sont que des requins
qui vous mordent les mollets et se tortillent... Et que je perds mon esprit ! Il est
si bon de rêver, d’oublier ses problèmes,
c’est si facile. Mais, suis-je folle ? Si seulement je pouvais vraiment oublier, oublier
ma peur d’avoir volé les sens de mon
amie, ma moitié. Est-ce de ma faute si
elle est là, sous mes yeux, couverte d’un
drap blanc, dans une chambre blanche,
ce même blanc où tout a commencé ? Là,
inerte, abandonnée de tout ce qui nous
permet de goûter la vie. Juste un souffle,
pour ressembler à une plante, moins
vivante qu’une algue, elle m’a abandonnée. Ou est-ce moi ? Lui aurais-je volé ses
sens ? Préférerais-je être folle et que toute
raison m’ait abandonnée plutôt que d’accepter d’être une voleuse ?
J’ouvre le journal de Claudia posé sur la
table de chevet, à la dernière page. Il est
écrit : « J’ai l’impression que tout ce qui
est vivant et auquel je n’attachais que très
peu d’importance disparaît, et si je pense
que les mots qui disparaissent aussi à mes
yeux sont inanimés, j’ai tort. Ils expliquent
le vivant, et sont créés par le vivant pour
le vivant, vivant, la vie me quitte... »
Page 31
Lauréats départementaux
CONCOURS « DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE LA LANGUE FRANÇAISE »
Option « Jeune poésie » - Classe de 4ème
Prix unique : Adèle DEVLEESCHOUWER
Collège du Grésivaudan - 38330 SAINT-ISMIER
UTOPIE
J’ai laissé ma malchance de l’autre côté des rails
Ici c’est blanc noir ou pile face et depuis
Défi folle utopie me guette me tenaille
Partir ailleurs vers un autre infini
Le temps a calciné le bas-côté, les buissons
Noir est mon esprit et mon imagination
J’ai envie d’avoir des ailes qui puissent déverser
De la couleur et des rires sur ce désert déserté
J’aimerais avoir des ailes ne serait-ce que pour voir
De haut, cette étendue de gris qui immense broie du noir
J’aimerais voir le vent fouetter mon visage exténué
Mais je ne suis que moi et je ne peux que marcher
Alors je cours sans m’arrêter, sans m’retourner
Je n’ai que mes pieds pour aller les chercher
Ces couleurs, cet espoir, cette vie, j’ai fini
D’errer, d’vagabonder, c’est le temps du défi
J’ai laissé ma malchance de l’autre côté des rails
Ici c’est blanc noir ou pile face et depuis
Défi folle utopie me guette me tenaille
Partir ailleurs vers un autre infini
Les rails sont rouillés, fallait s’en douter
Aucun train ne pourra me retrouver
Pas celui de la chance ni celui d’la victoire
Tant pis, faudra plus pour que j’perde espoir
Option « Jeune poésie » - Classe de TL
Accessit : Philippe IANNETTA
Ecole des Pupilles de l’Air - 38330 MONTBONNOT
Blancheur infernale chronique
Je suis là
Ordinateur allumé
Sans aucune idée
Rien à expliquer
Ou bien à critiquer
Alors j’écris simplement
Sans grand-chose à dire
Je reste simple
Face à cette feuille vierge
Qui ne désire que moi
N’appelle que moi
Crie après moi
Tandis que la musique me dit
Que tout ce que j’ai à faire
Est de suivre son appel
Je me laisse donc emporter
Dans cette poésie
Au sens dérisoire
La musique me parle
La feuille est si belle
Mais si vide
Je la veux
Et je ne peux rien y faire
Pourtant j’ai beau courir
Je ne l’atteins jamais
Plus de détermination que de sang dans mon coeur
Certains seraient morts, moi j’crois encore au bonheur
Option « Jeune poésie » - Classe de 5ème
Premier accessit national : Adèle BELDJELTI
Collège du Grésivaudan - 38330 SAINT-ISMIER
Là-bas je sais une lumière brille pour moi
Que dans le futur un autre moi me remerciera
Le chant du loup
Chaque pas semble plus lourd que le précédent
Ma tête me tourne, mais je serre les dents
Animée par une force, je me sens invincible
Je ris et tout semble à nouveau possible
J’ai laissé ma malchance de l’autre côté des rails
Ici c’est blanc noir ou pile face et depuis
Défi folle utopie me guette me tenaille
Partir ailleurs vers un autre infini
Quand la nuit est à son heure la plus sombre,
Les étoiles scintillant dans la pénombre,
Un long hurlement triste et plaintif retentit
Au plus profond des taillis.
Le loup hurle, le museau pointé vers les constellations.
Son chant raconte ses peines, ses émotions,
Sa peur des hommes qui le chassent cruellement,
Sa plainte pathétique s’éteint doucement.
Directeur de publication : Michel BERTHET, Président national de l’AMOPA
Rédacteur en chef : Jean-Cyr MEURANT, Président de la section Isère
Maquette et mise en page : Gilbert COTTIN
Impression : Rectorat de Grenoble
N° ISSN : 2272-0809
(Reconnue d’utilité publique par décret du 26 Septembre 1968)