2 mars - 8 mars 2015
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2 mars - 8 mars 2015
23.02.2015 6:00 Sciences et prospectives Les défis de l’agriculture « climato-intelligente » La recherche agronomique se mobilise pour trouver des parades aux bouleversements météorologiques. Objectif : concilier intensif et durable. Chaque année en France, la mauvaise gestion agricole, l’urbanisation galopante et le changement climatique sont responsables de la disparition de 100.000 hectares de terres agricoles. - Photo Grandguillot/ REA P roduire plus, durablement, avec moins de terre et d’eau. Sous ses airs de slogan politique, le défi de l’intensification durable des cultures au XXIe siècle vient ouvrir une nouvelle ère dans la recherche agronomique. « Après des décennies de travaux sur l’amélioration des intrants, les scientifiques vont maintenant devoir trouver les moyens d’améliorer la productivité naturelle des sols et des plantes », résume Hervé Guyomar, directeur scientifique agriculture à l’Institut national de recherche agronomique (Inra). C’est un sujet massif auquel s’attellent les scientifiques, et les moyens mis en oeuvre sont donc considérables : l’Inra y consacre désormais le tiers de ses effectifs et de son budget et prévoit en dix ans de passer maître dans ce registre du « durable » en se dotant d’outils stratégiques d’analyse et d’observation. Plus de 200 chercheurs et ingénieurs sont déjà affectés à ces dispositifs d’expérimentation destinés à mieux comprendre les échanges de flux dans les écosystèmes et les interactions entre les systèmes agricoles et environnementaux. L’établissement participe globalement à plus de 150 programmes européens dans ces domaines et pilote notamment le projet d’infrastructure scientifique Anaee d’un coût de 210 millions d’euros pour développer un réseau européen d’analyse et de modélisation des réactions des écosystèmes aux changements climatiques. « Cet outil permettra à plus de 2.000 chercheurs en Europe, dont 200 en France, de bénéficier d’une mutualisation inédite de ressources », précise son coordinateur, Abad Chabbi. Ces moyens ne seront pas de trop pour retrouver le chemin de la « salubrité agricole » chère au paysan-essayiste Pierre Rabhi. Depuis cinquante ans, l’agriculture intensive a littéralement lessivé les terres fertiles selon l’état des lieux réalisé par la plate-forme GenoSol : pas moins de 17 % des sols arables français sont aujourd’hui dégradés et le phénomène s’accentue à un rythme supérieur à celui de la pédogénèse qui les régénère. Mauvaise gestion agricole, urbanisation galopante et changement climatique sont ainsi responsables de la disparition de 100.000 hectares de terres agricoles tous les ans rien que dans notre pays. « Frappes chirurgicales » Pour développer l’agriculture « climato-intelligente » qu’appelle la lutte contre cette désertification, les scientifiques mènent de front plusieurs grands chantiers. Le plus urgent est de faire disparaître des usages un maximum d’engrais de synthèse. « L’agriculture numérique qui est née de cet objectif introduit la notion de «frappe chirurgicale» dans les cultures », explique Hervé Guyomard. Objectif : parvenir à doser avec précision les apports en azote indispensables à la photosynthèse. Des start-up se sont lancées dans ce défi en développant les moyens de tirer parti de la masse croissante de données disponibles sur la météo, les sols et l’état des cultures. A la fin de l’an passé, le premier groupe coopératif du pays, InVivo, a par exemple mis la main sur Smag, une entreprise montpelliéraine spécialisée dans l’analyse d’informations provenant de modèles météo, de capteurs dans les champs et de drones. Prévenu sur son smartphone, l’agriculteur sait précisément quand et quelle quantité d’azote pulvériser. Pour atteindre le même but, d’autres travaux s’intéressent à la diversité agricole : en cultivant des groupes d’espèces complémentaires, les chercheurs veulent parvenir à créer des usines naturelles de production d’azote. Des essais marient par exemple des légumineuses et des céréales pour mettre au travail des bactéries spécifiques qui recombinent les glucides des plantes en molécules riches en azote. Avec ces stratégies de régulation écologique qui produisent des auxiliaires de culture, on pourra sans doute lutter efficacement contre les parasites végétaux et les insectes nuisibles. Mais leur élaboration prendra encore du temps : les scientifiques doivent notamment comprendre comment fonctionnent entre elles les communautés végétales et quelles règles régissent leur compétition pour l’accès à l’eau, à la lumière et aux éléments nutritifs du sol. Ces travaux fondamentaux s’accompagnent d’une course génétique dont le but ultime est de parvenir à activer à volonté des gènes impliqués dans certains processus. « Il va falloir adapter les espèces végétales plus vite que prévu », prévient l’agronome et économiste Michel Griffon, pour qui « ce sera l’enjeu majeur des prochaines décennies ». Avec les premiers séquençages du génome des plantes, l’espoir d’atteindre ce Graal se dessine mais il faudra encore du temps pour parvenir à contrôler la croissance des cultures. A ce jour, une vingtaine de plantes seulement - dont un tiers sont non cultivables - ont été séquencées, et seulement les plus simples comme la tomate, le soja, le colza, le riz ou le maïs, qui affichent de petits génomes d’une poignée de milliards de paires de bases. Les chercheurs français du Genoscope qui ont entrepris le décryptage massif de la biodiversité, et plus encore ceux du Beijing Genomics Institute chinois qui mettent sur cet objectif plus de 800 bioinformaticiens et 130 machines, vont enrichir les connaissances en lançant cette armée de séquenceurs à l’assaut de la formule génétique de 1 million de plantes d’ici à 2020. Une fois cet alphabet connu, ils devront encore comprendre la grammaire du langage végétal et ses interactions avec l’environnement. La tâche est titanesque. La première plante séquencée il y a quinze ans, Arabidopsis (l’arabette), n’a révélé que la moitié des fonctions et des interactions de ses 25.000 gènes. Et que dire du génome du blé, considéré comme un monstre du règne végétal avec ses 17 milliards de paires de bases, cinq fois la taille du génome humain ! « Décrypter le contenu des 21 chromosomes dans lesquels il se répartit est au moins aussi compliqué que de déchiffrer dix volumes encyclopédiques écrits avec quatre lettres dans le désordre », compare Gilles Charmet, chercheur en génomique du blé. Le temps presse pourtant : d’ici à 2050, il faudra avoir doublé le rendement du blé tendre, qui constitue la nourriture de base pour plus d’un tiers de la population mondiale. Cela laisse à peine le temps de tester huit générations de nouvelles variétés si l’on applique les méthodes de sélection généalogique héritées de l’école Vilmorin. Paul Molga En chiffres 60 % D’ici à 2100, la surface du territoire national qui souffrira de sécheresse agronomique. 11 % La proportion d’eau du milieu naturel prélevée pour l’irrigation. Cette part peut monter jusqu’à 40 % en été. 30 % La diminution prévisible du débit des cours d’eau d’ici à 2060. 1 milliard Le nombre de bactéries qui pullulent dans un gramme de terre. Avec les 100.000 champignons présents à leurs côtés, ces organismes contribuent à l’essentiel de la fertilité des sols. 27.02.2015 11:38 Idées La révolution des céréaliers Editorial de Jean-François Loiseau (Président d’Axéréal, coopérative leader sur les marchés du grain) Aujourd’hui, une tonne sur deux est commercialisée à l’international permettant l’accès à plus de débouchés et une contribution de 7 à 8 milliards d’euros dans la balance commerciale française. ANTONIN SABOT/Le Monde.fr D epuis 1992, la politique agricole commune (PAC) n’a cessé de modifier l’organisation du marché des céréales, ouvrant toujours plus la porte à l’internationalisation. Aujourd’hui, une étape est franchie et plus que jamais, la commercialisation et la gestion des risques de volatilité du marché sont au centre de toutes les attentions. Une révolution silencieuse est en marche. Réformes successives de la PAC, hésitations et manque de conviction des pouvoirs publics, saturation de certains marchés européens : avec la libéralisation progressive des marchés des grains par l’Europe, les acteurs économiques, coopératives agricoles principalement, se sont positionnés à l’exportation. Aujourd’hui, une tonne sur deux est commercialisée à l’international permettant l’accès à plus de débouchés et une contribution de 7 à 8 milliards d’euros dans la balance commerciale française. Ces nouvelles réformes confirment la volonté de l’Europe d’intégrer la globalisation croissante et incontestable du monde. Face à la stagnation des marchés européens, ces décisions obligent les agriculteurs à développer leur présence vers les nouveaux relais de croissance : bassin méditerranéen, Asie ou Afrique. Or dans le secteur céréalier, le positionnement à l’international est complexe. Avec l’affaiblissement de l’organisation commune des marchés et la baisse significative des aides directes, les producteurs doivent avoir pour priorité la satisfaction du client final. Une révolution pour ce monde qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, n’a pas tenu ce raisonnement jusque-là. Accompagner le produit jusqu’au client Sur l’échiquier mondial, la concurrence est rude et les craintes des agriculteurs justifiées. Les bassins de consommation imposent des caractéristiques techniques précises, adaptées à leurs utilisations. C’est le cas par exemple du taux de protéines pour le blé tendre, qui impacte fortement la qualité du pain fabriqué par le boulanger. Le bassin méditerranéen, premier importateur mondial, impose un taux jusqu’à 12,5. Si les céréaliers peuvent relever ce défi, les pouvoirs publics doivent les laisser identifier les facteursclés de succès et les aider à déployer les innovations techniques : nutrition azotée pour améliorer le taux de protéines, biotechnologie et marquage moléculaire végétal à l’instar de ce qui est déjà fait pour les maladies génétiques chez l’être humain. L’affaiblissement de la PAC fait de la compétitivité et de la qualité de la production des enjeux vitaux pour les agriculteurs. La réglementation doit donc évoluer en ce sens : accompagner le produit jusqu’au client et non sanctionner la production. C’est à la France de reprendre le chemin de l’innovation afin d’être en capacité de valoriser sa production sur les marchés mondiaux. La mutation commerciale dont le monde céréalier doit faire preuve va au-delà des évolutions des pratiques culturales. La satisfaction du client consiste aussi à développer une relation de confiance, en lui garantissant un approvisionnement en quantité et en qualité. Objectif évident dans l’industrie mais extrêmement complexe à atteindre dans le monde du vivant. Satisfaction du client L’année 2014 l’a rappelé : quinze jours de pluie pendant les moissons dans les bassins de production européens puis canadiens ont suffi à faire émerger la menace d’une pénurie mondiale de blé dur. Les opérateurs s’inquiétaient de ne plus pouvoir proposer pâtes et semoule aux consommateurs. Pour construire cette relation de confiance, le monde agricole doit donc bâtir des partenariats. En amont pour garantir l’approvisionnement tant sur le plan cultural que logistique en traçant les routes du blé, mais également à l’aval en accompagnant le client dans son développement et en investissant en propre dans les filières de transformation, pour maîtriser la commercialisation d’un produit fini de qualité. La production agricole ne peut plus être détachée de la commercialisation. La satisfaction du client à l’international devient donc une des clés fondamentales de l’agriculture de demain. Une clé pour conserver les millions d’emplois induits par le secteur, une clé pour maintenir notre balance commerciale (les céréales sont le deuxième poste excédentaire) et, point essentiel, une clé pour nourrir le monde. Sans accès à de nouveaux marchés dans le cadre d’une PAC en peau de chagrin, c’est bien la pérennité de notre agriculture céréalière et notre propre sécurité alimentaire qui seraient remises en cause. L’enjeu est fondamental. Nos décideurs politiques seraient bien inconscients de l’ignorer. Jean-François Loiseau (Président d’Axéréal, coopérative leader sur les marchés du grain) 04.03.2015 // 8:57 Actualités, Economie AGROÉCOLOGIE – Vers une agriculture durable Madagascar. A travers le projet «Manitatra», des agriculteurs pilotes, dans des zones vulnérables au changement climatique, bénéficient d’un appui logistique et de formations. Le projet vise à augmenter les surfaces cultivées et convaincre à l’adoption de techniques agroécologiques. Les paysans formés pourront à leur tour former d’autres agriculteurs. C oncilier environnement et agriculture. C’est l’objectif du projet « Manitatra » mis en œuvre par le Groupement semis directs de Madagascar (GSDM), financé par la Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe). Prévu durer une année, le projet en est actuellement à son cinquième mois. « Notre objectif est d’appuyer le changement d’échelle dans la diffusion des techniques agroécologiques à Madagascar jugées appropriées pour une agriculture durable », annonce le directeur exécutif du GSDM, Rakotondramanana. Une technique qui consiste à concilier environnement et agriculture. Plus d’une vingtaine de paysans pilotes et pépiniéristes, issus du Moyen Ouest et Sud Est de l’île ont pu bénéficier de formation et de logistiques, telles que des motos et des bicyclettes pour le partage des techniques. « Nous avons formé des paysans pilotes pour que, à leur tour ils forment leur pairs. Notre objectif est toutefois de répandre les techniques à travers le pays », indique le directeur exécutif. Celui-ci ajoute qu’il faut trois ans pour maîtriser parfaitement les techniques. D’après ses dires, ces localités ont été choisies du fait que ce sont des zones parmi les plus vulnérables au changement climatique. « Ils ont déjà bénéficié d’autres projets liés à l’agriculture, d’où une certaine continuité », souligne-t-il. À travers ce projet, le résultat attendu de ces deux localités étant d’augmenter les surfaces à exploiter, et de convaincre plus de paysans à adopter les différentes techniques agroécologiques. Des plantes pour la régénération de la fertilité du sol, la gestion de la biomasse, renforcement de capacité concernant le compostage, des formations sur l’apiculture et la pisciculture… ont été octroyés aux paysans pilotes. « Ces techniques nécessitent une dépense conséquente pour la première année, mais elle diminue au fur et à mesure », souligne Rakotondramanana. Plus de deux mille agriculteurs bénéficient du projet, et la participation des femmes a été vivement sollicitée. À noter que le financement du projet est à hauteur de 250 000 dollars. Sarindra Razafindrabe 04.03.2015 6:00 PME & Régions Des appareils pour surveiller les ports et les champs Deux entreprises développent des drones aux usages multiples. La Chambre d’Agriculture de la Somme investit dans ce domaine en partenariat avec des fournisseurs d’agroéquipements. Une société vient de mettre au point un bateau de surveillance insubmersible et autonome. L fertilisant et les zones à traiter. Plus précis, ce système vise à réduire les intrants, notamment dans les zones de captage. La chambre d’agriculture a investi 35.000 euros dans l’achat de ce drone, fourni par Airinov, l’un des spécialistes français du secteur. Créée il y a quatre ans, cette société multiplie actuellement les partenariats avec les chambres d’agriculture et les fournisseurs d’agroéquipements, comme John Deere. Cette année, les ailes volantes d’Airinov survoleront 30.000 hectares, le cap des 100.000 hectares devant être franchi d’ici à un an. Airinov a réalisé un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros en 2014. es usages des drones ne cessent de s’élargir. Deux exemples récents en témoignent dans la surveillance maritime et l’agriculture. La société Tecknisolar, installée à Saint-Malo, vient de mettre au point un drone maritime autonome. Il s’agit d’un petit bateau fabriqué à base de carbone et de mousse, long de 2,50 mètres. Il flotte, est indétectable et insubmersible, même par gros temps. La machine peut transporter jusqu’à 20 kilos de charges, notamment des caméras, des systèmes de brouillage radio. Côté énergie, l’appareil est « autonome », puisqu’il fonctionne de jour grâce à des cellules solaires à haut S. du G. et G. R., Les Echos rendement et de nuit grâce à deux batteries qui se rechargent en fonction de l’oscillation de la vague. Il peut s’éloigner à des dizaines de kilomètres du littoral. Défense et sécurité Pascal Barguirdjian, le dirigeant de Tecknisolar va démarrer dans quelques semaines la commercialisation. Il table sur des marchés dans le secteur de la défense en France et à l’étranger. Tecknisolar connaît bien le secteur, puisque l’entreprise, qui réalise 700.000 euros de chiffre d’affaires annuel, a déjà conçu et vendu plusieurs séries de courte et de moyenne portée, notamment pour le GIGN. Les avions sans pilote s’implantent aussi dans les usages agricoles, comme en témoigne le nouveau service de pilotage des fertilisations proposé aux exploitants depuis l’automne 2014 par la Chambre d’agriculture de la Somme. Après le survol des parcelles, les données recueillies sont analysées par un ingénieur-conseil, qui met en place un plan d’action indiquant les doses de 04.03.2015 10:39 Conso-Distribution Entre génétique et numérique, les agriculteurs à l’heure du « big data » SIMA - Salon de l’Agriculture : Les objets connectés révolutionnent les métiers de l’agriculture. Demain, on ne lèvera plus seulement le nez pour guetter le soleil ou la pluie, on s’appuiera sur les résultats de « big datas » modélisées d’après les années précédentes et les configurations semblables - DR Xavier Fontanet, ex-membre de la commission Attali pour la libération de la Quand le salon de l’agriculture attirait à Paris personnalités politiques et grand public, le moins médiatique Mondial des Fournisseurs de l’Agriculture et de l’Élevage, le SIMA-SIMAGENA, réunissait à Villepinte éleveurs et agriculteurs autour des dernières innovations du secteur. P our nourrir les sept milliards d’humains attendus à l’horizon de 2050, les secteurs de l’agriculture et de l’élevage doivent encore et toujours évoluer. Dans les allées de la 76ème exposition internationale biennale des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage, plus vieux salon au monde de la profession, au produire plus, on préfère désormais opposer le produire mieux. Concrètement, le secteur veut en finir avec le gâchis. Pour y parvenir, il compte, notamment, sur les objets connectés. Leur données de précision sont une révolution depuis les semailles jusqu’à la récolte, en passant par le traitement et l’irrigation, pour un agriculteur qui veut évaluer et anticiper au plus juste. Demain, on ne lèvera plus seulement le nez pour guetter le soleil ou la pluie, on s’appuiera sur les résultats de « big datas » modélisées d’après les années précédentes et les configurations semblables. Dans les champs, on sèmera mathématiquement et sans perte, de même, on arrosera pile sur la graine la quantité nécessaire. L’éleveur sera, lui, plus à l’écoute de sa vache, en étant plus à distance, mais en enregistrant à l’aide de tapis connectés le moindre de ses mouvements. Des instructions peuvent aussi être envoyées à l’animal, par le même canal, sous forme de vibrations à des moments clés qui le stimulent à se rendre à la traie ou à la mangeoire. VIDEO L’agriculteur de demain : un « geek » des champs ? Retour aux fondamentaux de la terre La terre revient au premier plan et la géostatistique est promise à un bel avenir dans ce domaine, selon Gilbert Grenier, enseignant-chercheur à Bordeaux Sciences Agro. Les traitements phytosanitaires étant de plus en plus encadrés, et certains produits voués à être interdits, on en revient aux fondamentaux de l’agronomie, tels qu’édictés par Olivier de Serres, père fondateur de la discipline au XVIIe siècle. La formation suit le mouvement. Dans les meilleurs cursus d’ingénieurs agronomes, le principe est de savoir jouer davantage avec la nature qu’avec les poisons en optimisant les cultures avec, par exemple, une rotation de cultures différentes sur des parcelles de taille raisonnable dont les plantes, non seulement n’appauvrissent pas les sols, mais éventuellement les équilibrent. Les déchets transformés en revenu additionnel Pour achever la diversification des exploitations, les installations de méthanisation pour transformer les déchets des cultures et de l’élevage en énergie fournissent déjà un revenu additionnel aux exploitations qui en sont équipées. Il reste toutefois plus avantageux en France de revendre l’énergie produite que de fonctionner en auto-alimentation, alors que de l’autre côté du Rhin on privilégie cette dernière option. Les professionnels du secteur déplorent d’une même voix une volonté politique insuffisante dans l’Hexagone pour que ce modèle de transition énergétique se développe pleinement. Quant aux jeunes futurs agriculteurs, issus d’une génération biberonnée au numérique, la perspective de gérer leur exploitation plus souvent depuis un écran que depuis le siège d’un tracteur a tout pour les séduire. @michelewarnet 05.03.2015 9:11 Sciences et prospectives Point de vue. L’agriculture ne doit pas craindre le futur L’avenir certain de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire doit se fonder sur des stratégies territoriales et politiques volontaristes. En un siècle, la production a été multipliée par 6 pour une population agricole divisée par 13, grâce à un décuplement de la taille des exploitations et à une multiplication par 40 de la mécanisation. Xavier Fontanet, ex-membre de la commission Attali pour la libération de la croissance. | DR Nos régions, la Bretagne en particulier, ont été partie prenante de cette transformation. Elles ne doivent pas craindre le futur si l’on en juge par les marges de progrès et les nouvelles technologies disponibles. Il s’agit de faire les bons choix, de se préparer à une remise à plat de la Pac (Politique agricole commune) et, par anticipation, d’aller chercher des marchés hors d’Europe. Deux facteurs vont y contribuer. D’abord, le coût des transports maritimes et aériens va baisser et permettre d’élargir les débouchés comme l’ont fait les grandes coopératives agricoles hollandaises et néo-zélandaises. Au Salon de l’agriculture, nos hommes politiques Aujourd’hui, le trajet Saint-Nazaire-Singapour ne sont venus en nombre assurer les paysans de leur coûte pas plus cher que Pontivy-Marseille. Le monde soutien. est à portée de main, si l’on remet le port de Brest aux normes internationales et si l’on dispose d’un ’est bien. On a eu cependant beaucoup de gros aéroport dans la région. Ensuite, les salaires de mal à percevoir dans leur propos une vision la partie côtière de la Chine vont dépasser les nôtres. stratégique. Cela ouvre de fantastiques marchés si l’on sait séduire les palais chinois avides de nouveautés. Les axes sont pourtant simples à définir. Entre 1950 et2050, la population mondiale triplera. La terre Il faudra ensuite décider si notre région se met dans arable par habitant, du fait de l’urbanisation, sera les commodités ou cherche à se démarquer sur des divisée par plus de 2,5. L’agriculture et l’industrie produits combinant santé, respect de l’environnement agroalimentaire ont donc de beaux jours devant et saine nutrition (type « Produits de Bretagne »). Il elles. À condition de poursuivre leurs efforts de faudra rentrer dans les nouveaux créneaux que sont productivité. l’élevage du poisson et la culture des algues, domaines où la Bretagne dispose de potentiel si elle tisse les C bons partenariats avec les Asiatiques, maîtres en la matière. Le potentiel est donc là pour une agriculture florissante. « Avec l’aide d’un État moins hypertrophié » Enfin, il faut que l’État et les syndicats comprennent qu’ils sont responsables de la gestion de 57% du PIB (1), c’est-à-dire de la majorité du prix de revient des produits agricoles. Nos paysans n’en contrôlent que 43% ! Toutes les études montrent que notre sphère publique est à peu près 50% plus dispendieuse que les sphères allemande et hollandaise (et sans parler de celle de la Nouvelle-Zélande, infiniment moins chère). Ce surcoût, ajouté à l’explosion législative due à l’hypertrophie de l’État, fait courir un risque aux paysans. Si tout cela est bien compris, l’axe pour nos politiques est simple : reformer notre sphère publique pour baisser fortement son coût (et les impôts qui la financent) tout en simplifiant et en stabilisant le cadre de travail des entreprises ; la filière agroalimentaire saura dans ces conditions concevoir et exécuter des stratégies agricoles gagnantes. (1) La sphère publique française représente 57% du PIB, elle a la main sur 57% du coût d’un produit 100% fait en France. Xavier Fontanet 05.03.2015 15:23 Blog - Relais d’Opinion L’agriculture durable, facteur de réassurance du consommateur Agroalimentaire : les agriculteurs en première ligne dans la stratégie de communication des marques face au consommateur. Pour cette nouvelle session de contributions, l’INSEAD Alumni Association France et l’Opinion ont décidé de mettre l’agroalimentaire à l’honneur. Au lendemain du Salon de l’agriculture, il nous a semblé intéressant de mettre en avant ce secteur en perpétuel changement. Quel est son avenir, ses enjeux… ? Evolution ou révolution ? D ans un contexte de méfiance des consommateurs, l’agriculteur représente désormais un vecteur de communication de choix pour les marques alimentaires nationales. C’est un fait, les scandales alimentaires des 20 dernières années ont développé une méfiance des Français dans les produits alimentaires qu’ils achètent au quotidien. Désormais le consommateur se pose (à tort) la question de la sécurité sanitaire des produits qu’il achète dans un acte aussi banal que les courses hebdomadaires. Ces crises ont ainsi modifié les attentes des consommateurs envers les industriels de l’agroalimentaire : 7 consommateurs sur 10 déclarent accorder plus d’attention qu’avant aux informations concernant les ingrédients (71%*), au même niveau que le prix, le lieu de fabrication (71%) ou encore à l’origine des ingrédients (69%). Les consommateurs qui cherchent désormais en priorité les informations relatives à la composition et à l’origine des produits avouent, dans le même temps, éprouver de réelles difficultés à les identifier et à les comprendre. Face à ce paradoxe, ils développent de plus en plus des attitudes de contournement en « recherchant » ces informations directement auprès d’acteurs comme les associations de défense des consommateurs, les ONG, les influenceurs/ blogueurs… En fait de recherches (combien d’entre nous avons le temps de faire des recherches sur des produits alimentaires avant d’entrer dans un supermarché), disons plutôt que les consommateurs sont très perméables aux informations émises par ces acteurs sur les marques alimentaires nationales car ces nouveaux relais d’opinion font un travail de digestion de l’information que les consommateurs n’ont pas le temps ou la capacité de faire. Dans ce contexte de méfiance et d’émergence de nouveaux influenceurs du comportement d’achat, les marques alimentaires devraient toutes se poser la question de leur réputation et de ce qu’elles font pour l’entretenir que ce soit en mode défensif (avoir un discours opposable en cas d’attaque) ou offensif, tout simplement pour se différencier. Certaines marques comme LU (https://www. lulechampdespossibles.fr/Engagement/La-CharteLU-HARMONY) ou Fleury Michon (http://www. fleurymichon.fr/venezverifier) ont bien compris la nécessité de changer le discours et ont développé des programmes de production durable avec un acteur clé de leur chaîne d’approvisionnement : l’agriculteur. Seul l’agriculteur (local ou national) est aujourd’hui perçu comme encore capable de tenir une promesse vis-à-vis du consommateur « en faisant des efforts » pour le respect des saveurs, de la santé et de l’environnement. Pour 52%* des consommateurs ce sont les agriculteurs qui en font le plus en faveur du goût et de la saveur des produits, contre seulement 28% pour les industriels de l’agroalimentaire et 16% pour les grandes surfaces. C’est fort de ce constat que des agriculteurs français ont fait l’effort de s’inscrire dans une démarche innovante de production de céréales. Avec l’objectif de s’adresser directement aux consommateurs, ils ont créé RESPECT’in, la première marque de céréales durables, des céréales cultivées avec un engagement de respect de l’environnement et une empreinte carbone réduite. Sertaç Turan (EMBA INSEAD 08), http://blog.respectin.com/ www.respectin.com @TuranSertac *Une enquête auprès de la population française réalisée par Ipsos pour la marque de céréales durables RESPECT’in. L’étude a été réalisée du 30 septembre au 7 octobre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1005 Français âgés de 15 ans et plus (méthode des quotas INSEE : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage, région et catégorie d’agglomération).