Non à la haine des Juifs
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Non à la haine des Juifs
SUDOUESTDIMANCHE 9 ACTUALITÉ 10 JANVIER 2016 WWW.SUDOUEST.FR À 5 ans, il part à vélo pour sauver son père Des milliers de Kurdes réclament justice Pour secourir son papa victime d’un malaise cardiaque, un petit garçon de 5 ans a parcouru à vélo plus de 3 kilomètres, en tongs et pyjama, en pleine nuit et sous la pluie battante, sur une route de Mayenne, avant d’être recueilli par un automobiliste qui a pu donner l’alerte. Des milliers de Kurdes, venus de toute l’Europe, ont manifesté hier à Paris pour réclamer « justice », trois ans après l’assassinat de militantes dans la capitale française, et dénoncer les « crimes du régime turc » contre les Kurdes, « en première ligne » contre les djihadistes en Syrie. « Non à la haine des Juifs » Toulouse : hausse de 75 % des malaises cardiaques ATTENTATS La France a rendu hommage hier aux victimes de l’Hyper Cacher et à la policière municipale tuées par Coulibaly ATTENTATS DE JANVIER Durant les trois jours des attentats de Paris, les 7, 8 et 9 janvier 2015, le nombre de patients hospitalisés au Centre de la douleur thoracique (CDT) de la clinique Pasteur de la ville a augmenté de près de 75 % par rapport aux trois jours équivalents de 2014, selon une étude réalisée sous la férule du Pr Atul Pathak, qui travaille à la clinique. Les hospitalisations ont principalement concerné des infarctus du myocarde (+ 180 %), des arythmies cardiaques symptomatiques (+ 80 %) ainsi que de l’insuffisance cardiaque. « Le stress a un effet direct sur les organes », conclut le professeur, attribuant particulièrement les problèmes cardiaques au matraquage médiatique. Cette étude est la première du genre réalisée en France sur les impacts cardiaques des attaques de janvier 2015. Une étude nationale, cette fois, devrait être publiée d’ici six mois environ. «L ’année 2015 a été une année horrible pour les Juifs, pour les journalistes, pour les policiers et finalement pour tous les Français. » Les mots sont du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman, organisateur d’un « rassemblement unitaire d’hommage » aux victimes des attentats qui s’est tenu hier soir, à l’issue du shabbat – le repos juif de fin de semaine –, devant le supermarché casher de la porte de Vincennes, à Paris. Sur une estrade avaient été alignées 19 bougies : 17 pour les morts des attentats de janvier, une pour celles du 13 novembre, et une dernière pour toutes les victimes du terrorisme. Elles ont été allumées une à une par plusieurs responsables représentant notamment les différents cultes, dont le grand rabbin de France, Haïm Korsia, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André VingtTrois, et le dirigeant du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech. Plusieurs centaines de personnes se sont pressées derrières des barrières de sécurité. Des ex-otages de Coulibaly et des proches des victimes étaient présents, sous bonne garde d’un important dispositif de sécurité. Ainsi que Lassana Bathily, l’exmanutentionnaire de l’épicerie casher, salué comme un « héros » après avoir réussi à s’enfuir puis avoir fourni à la police des informations précieuses pour son intervention. L’angoisse persiste Le vendredi 9 janvier, Coulibaly prenait en otages clients et employés de l’Hyper Cacher, tuait quatre d’entre eux, tous juifs, Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, FrançoisMichel Saada, avant d’être abattu par la police. Si la communauté juive s’est ha- Hier soir, Manuel Valls a allumé une des 19 bougies alignées sur l’estrade devant l’Hyper Cacher. bituée à la présence, rassurante et impressionnante, de soldats devant plus de 700 synagogues, écoles juives, centres communautaires, l’inquiétude persiste et les doutes devant l’avenir se lisent notamment dans l’émigration vers Israël : la France a vécu en 2015 une deuxième année d’affilée record, avec près de 7 900 départs. « Cette angoisse, cette angoisse immense, cette angoisse légitime ne doit plus jamais être sous-estimée », a martelé Manuel Valls devant l’Hyper Cacher. « Je l’ai dit avec mes mots, avec mon cœur, avec mes tripes, et je ne cesserai de le répéter parce que c’est une conviction profonde : sans les Juifs de France, la France ne serait pas la France ! » « Pour ces ennemis qui s’en prennent à leurs compatriotes, qui déchirent ce contrat qui nous unit, il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser », a aussi insisté le Premier ministre. Coulibaly avait fait une première victime le 8 janvier à Montrouge, en banlieue parisienne. Hier matin, le président François Hollande a dévoilé une plaque à la mémoire de cette policière municipale de 26 ans, Clarissa Jean-Philippe, « victime du L’attaquant du commissariat vivait dans un foyer de réfugiés allemand À Montrouge, une plaque en souvenir de la policière municipale a été dévoilée par François Hollande. PHOTOS AFP terrorisme », tuée « dans l’accomplissement de son devoir ». Le chêne du souvenir La jeune femme originaire de Martinique avait été abattue par Coulibaly alors qu’elle intervenait pour un banal accident de la circulation. Les enquêteurs se demandent s’il ne visait pas initialement une école juive à proximité. « Elle a payé de sa vie » de s’être « interposée » entre Coulibaly, « animé par la haine antisémite », et « des enfants juifs » qu’il semblait viser, a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo. François Hol- lande s’est longuement entretenu en privé avec la famille de la victime. La semaine de commémoration des attentats prendra fin aujourd’hui avec un hommage populaire place de la République, dédié aux 149 personnes tuées en France par des djihadistes en 2015, dont les 130 victimes du 13 novembre. Une plaque sera dévoilée au pied d’un « arbre du souvenir », un chêne de 10 mètres planté pour l’occasion, puis Johnny Hallyday interprétera « Un dimanche de janvier », chanson saluant la mobilisation populaire du 11 janvier. Dérapages : BFMTV devra verser 60 000 euros ■ Le suivi en direct de la traque des frères Kouachi, tueurs de « Charlie Hebdo », puis de la prise d’otages sanglante de l’Hyper Cacher avaient scotché des millions de Français à leurs écrans et radios. Images chocs, divulgation prématurée d’informations… des dérives avaient été déplorées pour lesquelles des plaintes avaient été déposées au pénal. L’une des procédures les plus emblématiques a connu son épilogue vendredi, avec un accord entre BFMTV et les six otages de la chambre froide de l’Hyper Cacher, qui ont retiré leur plainte pour mise en dan- ger de la vie d’autrui. Le 9 janvier 2015, alors qu’Amedy Coulibaly n’avait pas encore été neutralisé, un journaliste de la chaîne avait lâché qu’une femme s’était cachée dan s cette chambre froide. Une information susceptible de parvenir aux oreilles du tueur. Dans un communiqué conjoint avec les plaignants, BFMTV a réitéré « ses plus vifs regrets » pour cette « faute » qui « aurait pu avoir des conséquences dramatiques ». BFM a accepté de verser 60 000 euros pour le soutien des victimes, via le Fonds social juif unifié. Le retrait de la plainte ne met pas fin à l’enquête du parquet de Paris, mais un procès semble hypothétique. Un procès aura bien lieu, en revanche, pour la divulgation sur les réseaux sociaux, puis par les médias, de l’identité des frères Kouachi au soir de la tuerie de « Charlie Hebdo », a annoncé vendredi le procureur de Paris, François Molins. L’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) n’a pas permis de remonter à la fuite initiale. Mais deux policières, affectées à la sécurité publique à Brest et à Marseille, comparaîtront pour avoir transmis des copies de documents sur les deux tueurs à un ancien de la DGSE reconverti dans la sécurité privée, Pierre Martinet. Il avait diffusé l’avis de recherche interne à la police des Kouachi sur Facebook, quelques minutes après un autre homme très actif sur les réseaux sociaux, le photoreporter Jean-Paul Ney, qui l’avait posté sur Twitter. Les deux policières comparaîtront pour violation du secret professionnel, un délit qui peut être puni jusqu’à un an de prison et 15 000 euros d’amende. Pierre Martinet et JeanPaul Ney seront jugés pour recel. ALLEMAGNE L’homme tué jeudi après avoir tenté d’attaquer un commissariat parisien vivait « dans un foyer de demandeurs d’asile » dans l’ouest de l’Allemagne, que la police a perquisitionné hier, a indiqué la police judiciaire allemande. « Aucun indice de possibles autres attaques » n’a été trouvé lors de cette perquisition dans ce foyer situé à Recklinghausen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), précise la police, ajoutant travailler en étroite coopération avec les autorités françaises. En France, le nom de Tarek Belgacem était avancé vendredi comme celui de l’auteur de l’attaque. EN BREF ■ TENTATIVE D’ASSASSINAT Un médecin généraliste lyonnais de 63 ans, soupçonné d’avoir voulu éliminer son épouse, également médecin, en recrutant un homme de main, a été mis en examen et placé en détention. ■ JE SUIS CHARLIE À la question « Par rapport aux événements qui se sont déroulés il y a un an à Paris, laquelle de ces phrases exprime le mieux votre position ? », 76 % choisissent « Je suis Charlie », tandis que 22 % préfèrent répondre « Je ne suis pas Charlie » (sondage BVA-iTélé). ■ MIGRANTS Quatre migrants irakiens d’une vingtaine d’années ont été découverts vivants, hier, dans un camion frigorifique sur une aire de repos de l’autoroute A1 dans l’Oise. Ils ont été hospitalisés.