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Skyfall
(09 novembre 2012)
Back to the future
En raison d'une mission qui tourne mal et qui le laisse pratiquement mort, Bond met en danger plusieurs agents
infiltrés dans différentes organisations terroristes mondiales. En plus de cet échec, le MI6 est attaqué de plein
fouet et M est obligée de relocaliser l'Agence. Remise en cause, et sous le coup d'une double menace intérieure
et extérieure, M ne pourra compter que sur le meilleur agent qu'elle n'ait jamais connu : Bond, James Bond.
Plus que jamais, 007 devra travailler dans l'ombre et se lance sur la piste du mystérieux Silva, ancienne
connaissance de M, dont l'objectif est aussi obscure que mortel.
50 ans. Un demi-siècle que l'agent le plus performant du MI6 agit pour les services de sa majesté la Reine. 50
ans que gadgets, martinis on the rock et james bond girls se bousculent dans les aventures de celui qui sauvera
le monde quoi qu'il en coûte. 50 ans de rêves et d'aventures pour les spéctateurs du monde entier. 50 ans et
l'équivalent en douilles de 59 Terminators et Predators réunis. 50 ans et quelques rides. 50 ans et l'équivalent
en bouteilles vides de l'importation chinoise sur les 8 dernières années. 50 ans. Un mythe. Un Monde. Un Bond.
James Bond.
Que de souvenirs pour ce personnage, dans un film qui aura à coeur de montrer au monde l'évolution du
bonhome. D'une voiture légendaire que Sean Connery astique tous les week-end pour les besoins de la
production à un univers technologique qui invahit celui qui ne traite qu'avec les hommes. D'une licence double
0 à l'apothéose d'une carrière qui finira recalée par une blessure à l'épaule. Nombreux sont les détails évoquant
la vie et le passé de notre agent secret. Un voyage dans le temps qui s'oppérera d'une façon magistrale dans le
film, tant les spectateurs semblent nostalgique de cette belle époque. A l'image d'un "Die Hard 4" qui s'est pris
une volée de bois vert dans cet univers informatique, James Bond le dit très bien lui-meme : "Allons là où nous
avons l'avantage, retournons dans le temps." D'un être dépassé, il redevient le maître des lieux, et de quels
lieux.
Dans une volonté de faire découvrir davantage l’histoire de Bond, le rendu final nous offre rien de moins qu'un
retour dans son domaine familiale, dans la maison qui l'a vu vivre, qui l'a vu grandir, et qui l'a vu se transformer
en autre chose que ce "petit gars" qui vivait là. Une émotion qui s'installe dans chaque prise de vue, dans
chaque kilomètre parcouru et dans chaque silence que les personnages partagent sobrement. Les moments les
plus solennels seront sûrement ceux qui touchent de près à sa propre famille. L'approche d'un Bond plus
humain, attaché à une histoire et à une famille touche son but et vise de plein fouet le coeur de chaque fan qui
se respecte. La manoeuvre est d'autant plus réussie que les précédents films ne mettaient pas réellement Bond
en valeur dans cette nouvelle ère de l'information. Bien sûr, le monde peut se mettre à genoux par un simple
ordinateur portable, bien sûr, les plus grandes sociétés de nos jours tremblent devant les transactions
financières, mais rien ne vaut un agent sur le terrain, et Bond le sait mieux que quiconque. Rien ne vaut, pour
stopper un fou furieux, qu'un serveur doté d'un silencieux dans une pizzeria des rues d'Abu Dhabi. Rien ne vaut
la puissance du savoir faire et de l'expérience.
Sur un autre registre et au-delà d'un simple film anniversaire, le réalisateur Sam Mendes a su s'inspirer d'une
autre ultime référence en matière de films de héros, une oeuvre signée par le révolutionnaire Christopher
Nolan. Et pour ceux qui auraient vécu dans la jungle équatoriale durant ces 45 dernières années, l'oeuvre
référencée n'est autre que "The Dark Knight". Impossible en effet de ne pas remarquer les volontés
scénaristiques du méchant de se faire volontairement capturer, manoeuvre que le Joker lui-même avait
employé de la plus belle des manières. Impossible en effet de ne pas remarquer la référence tant le méchant en
titre est proche de la folie que Heath Ledger avait su insuffler à son personnage. Impossible de ne pas tracer un
parallèle tant Javier Bardem persiste et signe dans les rôles de malades mentaux, tant il avait crevé l'écran dans
l'incroyable et loufoque "No Country For Old Men". Même si la comparaison ne gagne pas forcément en la
faveur de Bardem, l'hommage est tout de même intéressant.
Dans les évolutions naturelles, Bond devra se séparer d'une amie fidèle qui le suivait depuis de nombreuses
années. Une amie-morue qu'il respectait et qu'il tenait en très haute estime. Et ce n'est que la juste évolution
des choses justement que ce départ. Dans des conditions qui n'ont rien de particulières, dans des circonstances
qui sont contre toute attente très réussies, cette séparation marque le début d'une nouvelle équipe et l'arrivée
d'une secrétaire déjà connue de tous : Miss MonneyPenny. La séquence de l'adieu est touchante, imprégnée
d'une longue vie traversée ensemble, pas toujours facile mais toujours d'une grande qualité.
Sur un point de vue plus anecdotique, nous pouvons regretter l'absence d'une james bond girl de charisme et
d'importance. D'une première fille qui lui sauve la vie sans que l'on sache réellement pourquoi à une autre
victime qui se fera exécuter assez sommairement, la part belle n'est pas aux filles dans ce volume des aventures
du héros. Mais peut-être est-ce d'une intention volontaire. Peut-être que le réalisateur tente d'ouvrir une porte
impossible, ou un placard devrions-nous dire. Impossible également de ne pas remarquer la séquence explicite
et toute en nuances de l'orientation sexuelle de Bond. Un jour, potentiellement, le charmeur de ses dames
changera-t-il de casquette pour se tourner, le temps d'un épisode, vers ces messieurs les hommes ?
Sur une note moins positive, relevons tout de même les nombreuses longueurs du film et quelques
invraissemblances. Quid de ce métro qui tombe sur Bond alors que rien ne pouvait prédire qu'il suivrait Silva
par ce chemin-là. A l'exception d'une facture en effets spéciaux digne d'une garde-robe de la Reine, la scène
n'aura rien apportée de concret. Impossible de ne pas se demander ce que Mendes voulait montrer dans des
scènes qui tirent parfois en longeur. Un manque de rythme est la pire chose à reprocher à un film d'action,
principalement dans la première partie, mais là, malheureusement Madame la Présidente, Mendes ne peut que
plaider coupable.
Une note ? Ingénieux, nostalgique, mélancolique parfois, étonnant, divertissant, grotesque de temps à autre et
un tantinet longuet. Malgré tout une belle réussite qui fera oublier le précédent film que tout le monde, et
bien, a déjà fort heureusement oublié.17/20
En Bluray ? Au service de sa majesté.