Résumé - Carmen Decu Teodorescu

Transcription

Résumé - Carmen Decu Teodorescu
Séminaire doctoral commun Paris 1 / Paris 4
DÉCRIRE, ANALYSER, COMPARER, INTERPRÉTER : LES
PROCESSUS D’INVESTIGATION DE L’HISTORIEN DE
L’ART EN QUESTION
Séance 5 / L’analyse (II)
Carmen DECU TEODORECU, Questionner le
l'intrigante entorse héraldique de la Dame à la Licorne.
convenu :
À force d’être répétées, certaines hypothèses de travail acquièrent très vitre un statut
d’évidence scientifique interdisant pas là même qu’on les interroge de plus près. En prenant
comme objet d’étude un chef d’œuvre presque sacralisé de la production médiévale, la tenture
de la Dame à la licorne, cette communication se propose d’apporter un éclairage inédit sur la
nécessité de pratiquer constamment une démarche de questionnement du convenu en histoire
de l’art. Depuis le XIXe siècle et le début de l’engouement pour la Dame à la Licorne, un
certain consensus historiographique s’est formé autour du nom de Jean IV Le Viste en tant que
commanditaire de la tenture. Cela au détriment d’autres commanditaires potentiels et dans un
quasi silence à propos de l’incontestable point d’achoppement dans l’appréciation de cet
ensemble, l’erreur héraldique du blason qui orne chacune des six pièces composant la tenture.
En effet, les armes qui apparaissent sur la célèbre tenture de la Dame à la licorne, armes
attribuées par les spécialistes à la branche aînée et au chef de la famille Le Viste, constituent
dans la réalité une entorse patente aux règles élémentaires de l’héraldique française. Dans cette
perspective, tout en soulignant la faiblesse des arguments ayant contribué à imposer le nom de
Jean IV Le Viste en tant que commanditaire de la tenture, et tout en interrogeant de plus près
les sources à disposition, cette communication tâchera de présenter une partie de la méthode
qui nous a amené à sortir de l’ombre la figure d’un important mais méconnu commanditaire de
la fin du Moyen Âge, Antoine Le Viste, membre de la branche cadette de la famille LeViste. Il
apparaît ainsi que la superposition incorrecte de couleurs du blason a pu être délibérément
choisie pour signifier de manière explicite à l'observateur qu'il se trouvait devant un
phénomène bien connu, celui de la modification du blason par la pratique des brisures.
L’apport de nouvelles sources documentaires, héraldiques et iconographiques semble devoir
valider cette hypothèse jadis trop vite écartée. L’intégralité de notre démonstration a fait
l’objet d'une publication dans le Bulletin monumental, t. 168-IV, 2010.