L`Homme qui aimait les femmes / Fiche élèves
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L`Homme qui aimait les femmes / Fiche élèves
Fiche Élève LYCÉENS ET APPRENTIS AU CINÉMA L’homme qui aimait les femmes France, 1977, 1 h 58, couleurs Réalisation : François Truffaut Scénario : François Truffaut, Michel Fermaud, Suzanne Schiffman Interprétation Bertrand Morane : Charles Denner Geneviève Bigey : Brigitte Fossey Véra : Leslie Caron Martine Desdoits et « Aurore » : Nathalie Baye Bernadette : Valérie Bonnier Nicole : Sabine Glaser L’ouvreuse de cinéma : Roselyne Puyo Uta : Anna Perrier UN HOMME SUR L’ÎLE DES FEMMES Ne pouvant « tolérer la compagnie des hommes après six heures du soir », Bertrand Morane, homme discret, presque timide, passe sa vie à chercher celle des femmes, de toutes les femmes. Le rejet de l’une d’elles le plonge un jour dans une profonde remise en question qui l’incite à écrire le roman de sa vie : L’homme qui aimait les femmes. Pour L’homme qui aimait les femmes, Truffaut a collecté les souvenirs d’un ami séducteur, en ajoutant des anecdotes personnelles, des éléments lus dans les journaux, ainsi que des situations inventées. Truffaut avouait aimer de moins en moins le cinéma documentaire et tenir de plus en plus à raconter des histoires. Loin de montrer un univers réaliste, il choisit de créer à l’écran le monde tel que le perçoit son personnage : peuplé uniquement de femmes et où toutes les contraintes ou les aléas de la vie quotidienne s’effacent derrière la quête obsessionnelle de la rencontre amoureuse. FRANCOIS TRUFFAUT (1932 – 1984) Cinéphile forcené dès son adolescence, François Truffaut s’est logiquement tourné vers la critique de cinéma pour gagner sa vie, aux revues Cahiers du cinéma et Arts. Il se distingue par la férocité de ses écrits à l’égard de certains grands cinéastes trop « installés » à son goût, et appelle à un renouveau du cinéma français. Il a 27 ans lorsque son premier long métrage, Les Quatre Cents Coups, est accueilli triomphalement au festival de Cannes. L’histoire d’Antoine Doinel, jeune garçon malheureux à l’école comme en famille, s’est créée à partir des souvenirs d’enfance de Truffaut et de la personnalité de son jeune acteur, Jean-Pierre Léaud. Antoine Doinel réapparaîtra dans un court et trois longs métrages, tout comme certaines répliques et images que Truffaut réutilise d’un film à l’autre. L’œuvre de Truffaut, dont l’amour des livres et du romanesque en particulier imprègne beaucoup des films, est ainsi d’une grande cohérence. Mais elle se construit aussi par un jeu d’opposition entre des films sombres, centrés sur une seule idée (l’amour non partagé dans L’Histoire d’Adèle H., le culte des morts dans La Chambre verte) et des films plus légers, que le cinéaste qualifie, sans dépréciation, de « fourre-tout » (Baisers volés, L’Argent de poche). L’homme qui aimait les femmes réunit ces différentes facettes grâce à une mise en scène qui se caractérise par un aspect majeur du style de Truffaut : la vivacité d’un récit qui se veut toujours en mouvement. ÇA COMMENCE PAR LA FIN À quel enterrement se pressent toutes ces femmes, qui n’ont pas l’air de se connaître ? Pourquoi n’y a-t-il pas un homme, pour regretter Bertrand Morane ? L’homme qui aimait les femmes va tenter de raconter, en commençant par la fin, comment ce séducteur a rencontré chacune des filles si différentes qui défilent devant sa tombe, et chercher à montrer ce qu’il pouvait trouver à chacune. Construit en boucle, le film se terminera par la même séquence de cimetière, seul moment où toutes les femmes sont réunies autour de l’homme qui les a aimées. Truffaut intrigue ainsi le spectateur pour le pousser à se questionner sur ce monde d’où tous les hommes auraient disparu. Le personnage masculin va être présent dans toutes les séquences suivantes du film, mais le cinéaste choisit de ne le faire apparaître qu’après ce prologue. La première scène laisse ainsi la part belle aux femmes, qui viennent se présenter une à une au spectateur, invité à imaginer l’aventure que chacune a vécue avec le défunt. UN HÉROS TRÈS DISCRET Avant L’homme qui aimait les femmes, François Truffaut a fait jouer les grands acteurs français de son époque : Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Gérard Depardieu ou encore Jean-Paul Belmondo. Malgré quelques apparitions d’actrices connues, il a choisi, pour ce film, des habituées des seconds rôles et beaucoup de figurantes. Pour donner la réplique à toutes ces femmes, il a envisagé un acteur discret, mystérieux, Charles Denner, qui avait déjà joué dans deux films du cinéaste. La voix du service de réveil le décrit ainsi : « Vous êtes de taille moyenne, mince, très brun, le visage creusé, l’air ténébreux, vous bougez la tête comme un oiseau de nuit. » Morane n’a pas le physique avantageux du séducteur, ni la présence lumineuse d’un dragueur, et c’est ce qui le rend si énigmatique. François Truffaut disait aimer les films qui faisaient vaciller la morale, la remettait en cause. C’est bien le cas avec ce personnage que le comportement compulsif, enfiévré fait passer pour un malade ou un sadique, mais que la très grande sincérité et l’absence de complaisance dans l’écriture de son manuscrit autobiographique rendent pourtant attachant. NARRATION EN BOUCLE Si le film commence par la fin, il suit ensuite un déroulement assez complexe. Le souvenir de Geneviève, l’éditrice du roman autobiographique de Morane, déclenche le récit en voix off des aventures amoureuses. Truffaut aimait les films comportant un commentaire, car il avait l’impression qu’ils lui murmuraient quelque chose à l’oreille. Passant d’une paire de jambes au cimetière à une autre dans la blanchisserie, le film est construit suivant le mouvement de la pensée et des souvenirs de son héros, et n’hésite pas à sauter librement d’un lieu à un autre, d’un moment à un autre, comme par associations d’idées. De la rencontre d’un couple de jeunes mariés, nous passons au collègue qui avoue vouloir divorcer. Truffaut redoutait de tomber dans le piège du film à sketches, dans lequel le mouvement général du récit se perd au bénéfice de la cohérence et de l’autonomie de chaque aventure. Il a donc choisi de commencer par la fin et d’entrelacer minutieusement les épisodes entre eux, soignant les transitions, reprenant des personnages à des moments différents du film, et créant des effets d’échos. Ce n’est que lorsque Bertrand Morane n’est plus en état de parler que le film peut s’arrêter. JEUX DE MAINS Le désir qu’a Bertrand Morane de combler la distance qui le sépare des femmes se manifeste souvent par des gros plans de ses mains. Venues du bord du cadre, elles se mettent à occuper tout le champ, masquant à la vue du spectateur le visage de la femme qui jusque là était le centre des regards. Enveloppées dans les mains du séducteur, chaque femme conquise disparaît, pour laisser sa place à la suivante. ANALYSE DE SÉQUENCE 1a 1b 2 3 4 5a 5b 6 7a 7b 8 9 10a 10b 11a 11b 11c 11d Procédant comme dans un film policier, Bertrand Morane déploie toutes les ruses et tous les mensonges pour retrouver un moment avec une femme dont les jambes lui ont plu. Pour lui, c’est une question de vie ou de mort. Directrice de publication : Véronique Cayla. Propriété : CNC (12, rue de Lübeck – 75784 Paris Cedex 16). Rédacteur en chef : Simon Gilardi. Conception graphique : Thierry Célestine. Auteur de la fiche élève : Raphaëlle Pireyre. Conception et réalisation : Centre Images (24 rue Renan – 37110 Château-Renault). Crédit affiche : Guy Jouineau – MK2.