Kôdô - Association Monaco Japon
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Kôdô - Association Monaco Japon
Kôdô La Voie de l'encens Trouvant ses origines en Chine, l'encens a été introduit au Japon au Vle siècle dans le cadre des pratiques bouddhistes. Ce mélange d'éléments aromatiques était brulé non seulement en signe d'offrande mais également pour ses vertus purificatrices. Au cours des périodes Nara (710-794) et Heian (794-1185), l'aristocratie japonaise fut fortement influencée par la culture chinoise. Tout en conservant l'utilisation de l'encens lors des cérémonies religieuses, son usage fut sécularisé par les nobles, qui s'amusèrent à composer des encens selon des recettes importées de Chine. Ils découvrirent rapidement qu'ils pouvaient s'affranchir de ces recettes pour inventer leurs propres mélanges, et les utiliser pour parfumer leurs palais et textiles. Ils en vinrent à organiser des concours pour comparer leurs créations. Aucun des bois ou épices utilisés dans la composition des encens n'est originaire du Japon. Ils proviennent des forêts équatoriales du Sud-est asiatique. Par conséquent, ces matières premières doivent être importées au Japon, et, grâce à un savoir-faire multiséculaire, elles sont utilisées pour créer ce que l'on connait sous le nom d'encens japonais, ou Kô (香). La langue japonaise utilise le terme équivalent à «écouter », plutôt que « sentir », en particulier pour désigner le fait d'apprécier l'odeur des bois bruts utilisés. On comprend aisément pourquoi ce terme s'est imposé quand on a eu l'opportunité de faire l'expérience de la délicieuse et subtile fragrance du bois nommé Jinkoh (沈香) ou simplement Jin (沈) ce qui signifie « bois noyé ». Bien que tous les bois utilisés ne soient pas denses au point de ne pas pouvoir flotter, ceux qui ne sont pas suffisamment huileux ou résineux pour flotter sont généralement moins aromatiques et donc de grade inférieur. Personne ne sait exactement à quoi le bois « Jinkoh » doit ses propriétés aromatiques, mais il est généralement admis que des altérations biochimiques se produisent chez certaines espèces lors du processus de décomposition. L'élite sociale de la période Muromachi (1333-1573), à savoir les guerriers et les aristocrates de sexe masculin, organisait fréquemment des séances collectives d'évaluation d'encens, afin d'améliorer la finesse de leur sens olfactif Ils sentaient les fragrances issues de petits éclats de bois chauffés (non brûlés) dans les règles de l'art. Ces réunions posèrent les premières bases du kôdô, plus communément désigné par le vocable de « cérémonie de l'encens », quoique, littéralement, cela corresponde plutôt au terme de « voie de l'encens » ou « appréciation de l'encens ». Le kôdô pris forme sous le règne du shôgun Ashikaga Yoshimasa (足利義政) qui fut un grand mécène des arts tels que la cérémonie du thé et l'arrangement floral. Ashikaga Yoshimasa chargea son vassal Shino Sôshin (志野宗信) en qui il avait toute confiance, d'évaluer et de classifier tous les encens connus. Sôshin s'acquitta de cette tâche et établit une série de règles dont le but était de magnifier l'usage de l'encens. Il fut soutenu dans cette entreprise par Sanjônishi Sanetaka (三条西実隆), éminent érudit, poète et ministre du shogun en charge de toutes les questions liées à l'encens à la cour impériale. L'art du kôdô atteignit son apogée au mitan de l'époque d'Edo (1603-1868). A cette époque, le goût pour l'encens s'était répandu au-delà de l'aristocratie et des guerriers pour toucher également les riches particuliers. Les rencontres autour de l'encens s'apparentèrent alors davantage à un jeu, appelé kumikô (組香), dont les thèmes étaient empruntés aux contes et poèmes classiques. La cérémonie de l'encens en vint à être enseignée par des instructeurs professionnels, issus d'écoles dirigées par des maîtres reconnus. Tout un éventail d'ustensiles et de délicats objets d'art y furent alors consacrés. Vers la fin du XIXème siècle, l'écroulement de l'ordre social féodal, résultant pour partie de l'ouverture du pays à l'Occident et de l'occidentalisation qui s'ensuivit, contribua à terme au déclin de maints arts traditionnels japonais, y compris le kôdô. Ce n'est pas avant le début des années 60 que les maîtres des deux principales écoles de kôdô (Shino et Oie) recommencèrent à enseigner leur art au public. Ces dernières années, la résurrection du kôdô au Japon, ainsi qu'un intérêt croissant pour cette discipline à l'étranger, ont abouti à une prise de conscience du rôle que peut jouer l'odorat dans la sublimation du quotidien, dont témoigne le « boom des fragrances » (kaoribûmu en japonais). Lecture complémentaire : The Book of Incense: Enjoying the Traditional Art of Japanese Scents, by Kiyoko Morita: Kodansha International, Tokyo, London, New York, 1992. Les dix vertus de l'encens 感格鬼神 aiguiser ses sens ; 清浄心身 purifier le corps et l'esprit ; 能拂汚職 supprimer les polluants de l'esprit ; 能覚睡眠 lutter contre la fatigue ; 静中成友 guérir l'impression de solitude ; 塵裏楡閑 créer un sentiment d'harmonie malgré les sources de stress du quotidien ; 多而不厭 son abondance n'est pas nuisance ; 少而知足 se satisfaire de petites quantités ; 久藏不朽résister au effets du temps ; 常用無障 l'usage quotidien ne nuit pas. La lignée des maîtres de la voie de l'encens de l'école Shino 1 . Soushin Syouinken Shino (1443-1523) 2. Souon Sanusai Shino (1477-1557) 3. Syouha Hukansai Shino (- 157 1) 4. Sougo Kyusai Hachiya (- 1584) 5. Souin Ichiininsai Hachiya (-1607) 6. Souhu Keizan Hachiya (- 1660) 7. Sousei Zensai Hachiya (- 1688) 8. Souei Youzan Hachiya (- 1728) 9. Sousen Hokousai Hachiya (1693-1739) 10. Katsujirou Hachiya (1722-1748) 11. Katsujirou Toyomitsu Hachiya (l 727-1764) 12. Shikibu Hachiya ( -) 13. Shikibu Toyomitsu Hachiya (-1812) 14. Sadashige Jyouso kuan Hachiya (1759-1826) 15. Soui Shinkousai Hachiya (1803-1881) 16. Soukei Koukosai Hachiya (1837-1890) 17. Momoe Keikouan Hachiya (1834-1907) 18. Souchi Ganroan Hachiya (1874-1931) 19. Souyu Yukyusai Hachiya (1902-1988) 20. Sougen Yukousai Hachiya (l 939-) Actuel héritier : Souhitsu Issiken Hachiya (1975-) The Shino Incense School Souhitsu Hachiya