La Lettre # 48 - WordPress.com
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La lettre d’Archimède L’actualité de l’Eldo vue par un spectateur Sommaire No 48 — 20 février 2016 Visite ou Mémoires et confessions The Waiting Room L’appel des tracteurs (du cinéma Eldorado) Le film mystère En bref — Prochains rendez-vous à l’Eldo VISITE OU MÉMOIRES ET CONFESSIONS un film de Manoel de Oliveira séance unique le vendredi 26 février, 20 h 15 Quatrième et dernier film projeté à l’Eldorado dans le cadre « hors les murs » de Toute la mémoire du monde, le festival du film restauré organisé par la Cinémathèque française, Visite ou Mémoires et confessions de Manoel de Oliveira est une œuvre singulière. Par son histoire tout d’abord. Conçu grâce à des subventions obtenues en 1981, Visite est « un film de Manoel de Oliveira, sur Manoel de Oliveira, à propos d’une maison ». Âgé de 73 ans, le cinéaste endetté doit quitter la maison des environs de Porto dans laquelle il a vécu près de quarante ans avec son épouse, Maria Isabel. Il réalise donc Visite, dans lequel il évoque sa vie, ses proches, ses idées sur le monde, puis il confie le négatif et une copie du film à la Cinémathèque portugaise avec consigne de ne le projeter qu’après son décès. Le vieil homme ignorait alors qu’il vivrait encore plus d’une trentaine d’années, et qu’il n’avait réalisé qu’une petite moitié de son œuvre cinématographique. Il est décédé le 2 avril 2015 à l’âge de 106 ans, toujours productif, et, le 4 mai suivant, le public de Porto pouvait enfin découvrir Visite. Il ne faudrait pas déduire des lignes qui précèdent que le seul intérêt de Visite soit sa conception, même s’il est difficile de l’oublier lorsque nous voyons Oliveira parler de l’amour et de la mort, des joies et des tristesses qu’il a vécu dans la maison de Porto. Oliveira reste avant tout un cinéaste, et c’est un vrai film de cinéma qu’il réalise. Visite est par ailleurs un objet difficile à définir, mi-fiction mi-documentaire, entre l’essai, les mémoires et la poésie — en affirmant que « la fiction est la réalité du cinéma », Oliveira s’affranchit de toutes frontières. Il nous propose ici d’accompagner une femme et un homme qui rendent visite aux propriétaires d’une maison. Après avoir traversé le jardin, nous entrons avec eux dans la bâtisse qui semble vide mais dont la porte s’ouvre d’elle-même. Avec les deux curieux, nous déambulons le long des couloirs labyrinthiques du vaisseau immobile, découvrons une salle de séjour digne du Transsibérien disparu, nous faufilons dans les chambres habitées par les portraits du clan. La maison est pourtant habitée (hantée ?) par Manoel de Oliveira qui s’adresse à nous, spectateurs, sans que les deux visiteurs ne puissent le percevoir… Sous ses airs de documentaire, Visite est un film fantastique où l’espace, le temps, les catégories habituelles n’ont plus cours. Les choses ne sont pas que choses inertes, elles sont signes, échos, traces, et elles sont parfois dotées d’une vie propre, tel ce palmier, portier de la maison, « sourd et mécontent comme tous les portiers », et qui ne souhaite, comme tout bon portier, que le départ des visiteurs pour fermer la maison et éteindre les lumières. La maison elle-même est homologue à la fois à son propriétaire et au monde, un être vivant qui vit, vieillit et se souvient des moments vécus, rêvés ou imaginés. Au moment de quitter la maison et le monde, alors que les visiteurs tardifs ne sont déjà plus que des fantômes incapables de laisser la moindre trace et dont les ombres s’évanouissent dans le crépuscule, Oliveira professe sa foi : « je me souviens de moi et je m’éclipse ». La bobine est finie… Visite ou Mémoires et confessions (Visita ou Memórias e Confissões ; Portugal ; 2015 ; 1 h 08 ; couleur, 1.33:1 ; mono), produit et réalisé par Manoel de Oliveira, écrit par Manoel de Oliveira et Agustina Bessa-Luis ; musique de Ludwig van Beethoven, image d’Elso Roque, montage de Manoel de Oliveira et Ana Luísa Guimarães ; avec Manoel de Oliveira (le propriétaire), Maria Isabel de Oliveira (la propriétaire), Urbano Tavares Rodrigues (le propriétaire), et les voix de Teresa Madruga et Diogo Dória. Distribué par Epicentre Films. Dans le cadre du festival GéNéRiQ THE WAITING ROOM séance unique le mardi 23 février, 20 h 15 en présence de Stuart Staples du groupe Tindersticks Tarif : 6 €, sauf Carte Culture (étudiant) : 3,50 € L’idée du projet est simple : accompagner chaque chanson d’un album d’un court métrage — d’un vrai court métrage, pas d’un clip. Gageure supplémentaire, aucune directive n’est donnée aux cinéastes, juste les chansons. Le moins que je puisse dire, c’est que le résultat est réussi. Les films sont variés, certains presque narratifs (Help Yourself), d’autres à la limite du documentaire (Hey Lucinda), du film expérimental (The Fear of Emptiness) ou revendicatif (We are Dreamers!), la cohérence de l’ensemble reposant sur la musique mélancolique des Tindersticks. Autre atout pour ce type de programme, aucune séquence n’est véritablement plus faible que les autres, même si, évidemment, chaque spectateur aura sa préférée. Mon seul reproche est que ce moment soit trop court, le temps d’un album malheureusement… The Waiting Room (France ; 2015 ; 52’ ; couleur), réalisé par Suzanne Osborne et Stuart A. Staples (Follow Me), Christoph Girardet (Second Chance Man), Pierre Wincour (Were We Once Lovers?), Claire Denis (Help Yourself), Rosie Pedlow et Joe King (Hey Lucinda), Stuart Staples (The Fear of Emptiness), Gregorio Graziosi (How He Entered), Stuart Staples (The Waiting Room), David Reeve (Planting Holes), Gabraz et Sara Não Tem Nome (We Are Dreamers!), Stuart A. Staples et Suzanne Osborne (Like Only Lovers Can), produit par Matthieu Buchsenschutz ; musique de Tindersticks. L’appel des tracteurs (du cinéma Eldorado) Si ces tracteurs ne sont pas les « monstres camus » des Raisins de la colère, ils n’en sont pas moins efficaces. Apparus l’an dernier de la volonté de quelques spectateurs fervents au plus fort de la lutte pour la survie de la salle, ils sont devenus d’indispensables courroies de transmission entre les Dijonnais et l’Eldorado. Je les laisse se présenter plus précisément et faire appel à vous pour perpétuer leurs actions. Archi. Vous les avez peut-être croisés sur le marché, rue des Godrans, centre Dauphine, où depuis le mois de mai, avec beaucoup de constance, ils informent les passants de la situation de l’Eldo, distribuent les programmes, annoncent les séances et soirées spéciales, recueillent les doléances ou les confidences, et orientent aussi parfois les touristes égarés. Ils sont bénévoles, aiment le vrai cinéma, celui qu’on peut découvrir avec bonheur à l’Eldo. Ils sont attachés à ce lieu qui défend l’indépendance, la liberté d’expression et l’ouverture aux autres et au monde. Ils veulent partager cette chance qu’un tel cinéma existe à Dijon ! Mais, s’ils sont jeunes… d’esprit et résistants aux intempéries, ils sont hélas trop peu nombreux ! Rejoignez-les, partagez avec eux cette expérience unique en les accompagnant sur le terrain, en suivant leurs aventures via la lecture de leurs comptes rendus, en leur proposant de nouveaux lieux à investir, en échangeant des idées avec eux, ou en les encourageant par vos messages de soutien. Contactez-les à l’adresse suivante : [email protected], ils vous enverront alors régulièrement de leurs nouvelles ! « Les tracteurs de l’Eldo » est une initiative de Collectif Eldo soutenue par l’équipe de l’Eldo. Le film mystère Les Huit Salopards a quitté depuis lundi dernier les écrans de l’Eldorado mais je ne résiste pas au plaisir de vous proposer de découvrir encore un film auquel Quentin Tarantino fait quelques clins d’œil dans son dernier film. Reconnaissez-vous ce film mystère d’après le photogramme ci-après qui en est extrait ? Pour jouer, il suffit d’envoyer le titre du film mystère et le nom de son réalisateur par mail à l’adresse [email protected] ou déposez la réponse avec le numéro de la Lettre, votre nom et des coordonnées (de préférence une adresse électronique) dans l’urne située dans le hall de l’Eldorado avant le vendredi 26 février minuit. Le gagnant sera tiré au sort parmi les bonnes réponses et remportera deux places gratuites. Bonne chance ! Le film mystère précédent Le film mystère de la semaine dernière était plutôt difficile à reconnaître, et seuls deux d’entre vous ont trouvé L’Ultime Razzia (The Killing ; 1956) de Stanley Kubrick. Il est vrai que les acteurs principaux du film (Sterling Hayden et Coleen Gray) n’apparaissent pas dans le photogramme. La dame au chien est interprétée par Cecil Elliott (1887–1982), une actrice habituée des très petits rôles, comme dans Chinatown (1974) de Roman Polanski, ou La Toile d’araignée (The Drowning Pool ; 1975) de Stuart Rosenberg. Elle reprit brièvement un rôle de « dame au chien » au début d’une comédie avec Don Knotts et Leslie Nielsen, The Reluctant Astronaut (1967) d’Edward Montagne, le chien lui échappant encore mais finissant cette fois-ci dans une boîte aux lettres. Toutes mes félicitations aux deux spectateurs qui ont eu l’œil, et doublement à Max B. que le tirage a désigné comme le gagnant des deux places gratuites en jeu. En bref Préventes en cours pour le ciné-atelier Le Voleur de Bagdad (lundi 22), la séance-rencontre The Waiting Room (mardi 23) et de l’avant-première de Saint-Amour (jeudi 25). Méfiez-vous ! Mardi prochain, dernières séances des films Mad Love in New York, Les Premiers, les derniers, Steve Jobs, et La Terre et l’Ombre. Dans la semaine, séances uniques de Le Voleur de Bagdad (lundi 22), The Waiting Room (mardi 23) et Visite (vendredi 26). Pour l’avant-première de Saint-Amour de Benoît Delépine et Gustave Kervern, une formule inédite : pour 10 €, une place et une bouteille de vin — du saint-amour bien entendu. Film à consommer sans modération. François Ruffin devait présenter son film Merci patron ! dans l’émission Europe 1 Social Club, mais il a été déprogrammé par la direction de la radio. Censure ? Que nenni, répond la direction, le film est polémique et il mérite la présence d’un contradicteur. N’en doutons pas, si Bernard Arnaud était invité à l’antenne, la direction exigerait aussi « l’organisation d’un véritable débat »… Une nouvelle raison de soutenir le film de François Ruffin qui sortira mercredi prochain. Prochains rendez-vous à l’Eldo Février Lundi 22, 14 h : Ciné-atelier Le Voleur de Bagdad animé par Francesca Veneziano, conférencière au service pédagogique de la Cinémathèque française. Mardi 23, 20 h 15 : Projection de The Waiting Room, suivie d’une rencontre avec le musicien Stuart Stuaples. Jeudi 25, 20 h : Avant-première Télérama de Saint-Amour, avec dégustation de vin. Vendredi 26, 20 h 15 : Visite, ou Mémoires et confessions, présenté par Hervé Aubron, critique. Mars Mardi 1er mars, 20 h 15 : Projection de Merci patron !, suivie d’une rencontre avec Jean-Pierre Garnier, sociologue. Mercredi 2 mars, 16 h : Projection de Les Filles au moyen-âge, suivie d’une rencontre avec le réalisateur Hubert Viel. Vendredi 4 mars, 20 h : Soirée Marguerite Duras – Théâtre et cinéma. Jeudi 10 mars, 20 h : Séance présentée de Mommy. Samedi 12 mars, 9 h : Atelier cinéma spécial court-métrage animé par Aurélio Savini, formateur-réalisateur. Samedi 12 mars, 16 h : Projection de Les Filles au moyen-âge, suivie d’une rencontre avec un médiéviste. Mardi 15 mars, 20 h 15 : Projection de Fellini Roma, suivie d’une discussion avec Marc Dauber. Cinéma Eldorado 21, rue Alfred de Musset / 21 000 DIJON Divia : liane 5 et ligne 12 — Station Vélodi à proximité Site web : http://www.cinema-eldorado.fr — Courriel : [email protected] Twitter : @CinmaEldorado — Facebook : CinemaEldorado La lettre d’Archimède Site web : https://cinemaeldorado.wordpress.com/la-lettre — Courriel : [email protected]