Etude Mali Nord et S.. - diapode

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Etude Mali Nord et S.. - diapode
Enda Mali
Environnement et Développement du Tiers Monde
BP. 3123 Bamako
Tél. (223) 2022 55 64 fax. (223) 223 25 93
Email [email protected]
ETUDES DIAPODE NORD ET SUD :
La diaspora malienne : Principaux modes
d'organisation et évolutions entre la France et le
Mali.
1
Sommaire
.................................................................................................................................................. 1
Sommaire ................................................................................................................................... 2
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 4
1.Contexte de l’étude ............................................................................................................. 4
2.Méthodologie ...................................................................................................................... 5
I.LA MIGRATION MALIENNE EN FRANCE : Principales caractéristiques ........................ 8
II.LES ASSOCIATIONS MALIENNES EN FRANCE : UNE DYNAMIQUE SUR DEUX
RIVES ..................................................................................................................................... 11
1.Des caisses de solidarité à l’association : des structures associatives marquées par les
politiques migratoires ........................................................................................................... 11
2.Identification, structuration et orientations des associations maliennes en France .......... 13
2.1. Localisation des associations maliennes ....................................................................... 14
2.2. Structure des associations maliennes ............................................................................ 14
2.3. Le statut des associations maliennes ............................................................................. 15
2.4. Domaines d’intervention : les activités des associations entre « ici » et « là bas » ...... 15
2.5.Les interlocuteurs institutionnels des associations maliennes en France ....................... 19
III.LES NOUVEAUX ENJEUX DU CO-DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF :
APPARITION ET COMBINAISON DE NOUVEAUX FACTEURS .................................. 24
ETAT DES LIEUX DES INITIATIVES DES ASSOCIATIONS AU MALI ........................ 31
INTRODUCTION .................................................................................................................... 31
1.Les migrations maliennes dans le contexte migratoire d’Afrique de l’ouest .................... 31
2.Les migrants d’origine malienne en France : Bref historique .......................................... 33
II.Méthodologie de l’étude ....................................................................................................... 34
III.L’investissement des diasporas dans les pays d’origine : Perspective historique .............. 35
1.Evolution de l’action des associations de migrants .......................................................... 35
1.1.Les transferts de fonds ................................................................................................... 35
1.2. Etats des lieux des principaux domaines et zones géographiques d’intervention des
groupes de diasporas : .......................................................................................................... 36
1.3.Les principaux dispositifs publics pour promouvoir l’implication de la diaspora au Mali
.............................................................................................................................................. 40
1.4.Bref historique de la mise en place des dispositifs institutionnels d’appui aux actions
des migrants. ........................................................................................................................ 41
IV.Les partenariats entre associations de migrants et les acteurs non-gouvernementaux
« classiques » du développement ............................................................................................. 43
1.Les partenariats entre groupes de diasporas et associations villageoises ........................ 43
2.Les partenariats entre associations de migrants et ONG de développement local ............ 47
3.Des interlocuteurs potentiels pour les groupes de diasporas ............................................. 49
V.Capitalisation des initiatives : études de cas de partenariats existants ................................. 51
1.Le programme PADDY: Le Programme d’appui au développement durable de Yélimané51
2.Projet d’adduction d’eau potable et d’assainissement dans le village de Lakanguémou. Un
partenariat Eau de Paris / association de ressortissants / SIAAP / ENDA ........................... 52
VI. Les principaux obstacles actuels au développement de partenariats et recommandations 54
1.Les principaux obstacles .................................................................................................. 54
2. Recommandations ................................................................................................................ 55
1.Mécanismes d’informations et de dialogue à mettre en place entre acteurs de
développement et groupes de diaspora : .............................................................................. 55
2.Cadres et domaines prioritaires de collaboration que les acteurs de développement
devraient proposer aux diasporas : ...................................................................................... 55
2
3.Amélioration les dispositifs institutionnels ou non gouvernementaux de valorisation des
compétences et des actions issues de la diaspora et de promotion des partenariats avec
d’autres acteurs: .................................................................................................................... 56
CONCLUSION ........................................................................................................................ 56
3
La diaspora malienne en France : Diversification et
renouveau du mouvement associatif
Etude de cas du réseau associatif dans l'agglomération de Marseille
INTRODUCTION
1. Contexte de l’étude
Cette étude sur la diaspora malienne s'inscrit dans la vision d‟Enda qui est celle d‟un
"monde solidaire et en paix» où les différentes ressources sont réparties équitablement et
gérées dans l‟intérêt des générations actuelles et futures". Dans le cadre du programme
DIAPODE cette vision se traduit par la mise en valeur des ressources intellectuelles et des
diverses compétences des immigrés dans
des projets de développement de leur pays
d‟origine. Ce projet vise à mieux articuler les pratiques et les réseaux existants pour
impliquer les diasporas dans les actions de développement, en vue notamment de contribuer
à l‟atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). DIAPODE
favoriser la convergence et la connaissance mutuelle de
veut
2 milieux, les réseaux des
diasporas, d'un côté, les acteurs de la coopération de l'autre, qui s‟ignorent largement à
l‟heure actuelle, en attirant l‟attention sur les objectifs fondamentaux des actions qu‟ils
mènent et qui sont sensiblement les mêmes.
Pour atteindre ces objectifs la méthodologie utilisée s‟adapte aux réalités de la communauté
malienne. Elle s‟est effectuée sur deux terrains, une étude Nord pour la diaspora malienne
en France et celle du Sud au Mali. La principale méthode utilisée a été l‟entretien sur la
base de questionnaires auprès de représentants d'organisations de la diaspora et auprès de
personnes ressources sur les questions d‟immigration et de développement «ici» et « là
bas ».
Cette enquête a été menée dans le cadre d'une approche théorique
de la
problématique du développement /migration appliquée à la diaspora malienne.
4
2. Méthodologie
Le travail d‟enquête a comporté deux grandes étapes :
- Une recherche documentaire préalable destinée à la fois à faire l‟état des lieux des
connaissances déjà existantes. Les informations les plus pertinentes ont été sélectionnées
pour le travail d‟enquête proprement dit.
- Un travail d'enquête de terrain d‟identification, de diagnostic et de contact avec les
différentes composantes et cibles repérées de la diaspora malienne qui sont engagés ou
souhaiteraient s‟engager dans des projets de développement au Mali.
La phase documentaire nous a permis d'approfondir la notion de co-développement et son
acceptation dans le contexte malien, en particulier au sein de la diaspora malienne.
Le concept de « Co-développement » a connu de nombreuses évolutions au cours des
dernières décennies. Il est encore méconnu des chercheurs comme des médias et du public,
voire de ses propres acteurs eux-mêmes. A l‟origine, il renvoyait à une idée d‟intérêt
commun à coopérer dans le développement économique des pays du Sud et du Nord. La
politique française dans ce domaine, en se limitant à des pays de forte émigration, a suscité
une certaine méfiance de la société civile et des organisations de défense des droits de
l‟homme vis-à-vis du co-développement considéré comme une politique de maîtrise des flux
migratoires. Il aura au moins permis de faire reconnaître et d‟intégrer officiellement l‟apport
des migrants comme facteur spécifique de développement pour leurs régions d‟origine.
1
Aujourd‟hui, une observation scientifique des pratiques de co-développement met en lumière
une grande diversité d'acteurs, combinant les apports des associations de solidarité
internationale et ceux de la coopération décentralisée. Ces différents acteurs ont en commun
de porter une vision des migrations comme des facteurs positifs d‟enrichissement mutuel
entre territoires.
Dans son ouvrage « les associations de Maliens en France » le sociologue Christophe Daum
met en relief le rôle des associations villageoises qui à travers des collectes de fonds
réalisent des projets d‟intérêt villageois. Il aborde également le rôle sociologique de la
migration à travers la redistribution des pouvoirs au sein de la famille et de la société
villageoise. Par « ces actions développementalistes », les immigrés interpellent
aussi la
1
Pour connaître les différentes définitions du co-développement, voir la fiche synthétique éditée par le
GRDR sur le site du programme Diapode http//www.diapode.enda-europe.org rubrique « boîte à outils »,
sous-rubrique « ressources sur le Co-développement »
5
société d‟accueil en montrant par leur démarche le développement de toute une série de
réseaux de citoyenneté « ici » et « là- bas ». 2
Avec l‟exemple des immigrés originaires de la région de Kayes au Mali, principale région
malienne pourvoyeuse d'émigrés vers la France, Christophe Daum dans son ouvrage « Les
migrants, partenaires de la coopération internationale : le cas des Maliens de France »
montre que les maliens
constituent une communauté culturellement et ethniquement
homogène qui se distingue par un fort dynamisme associatif. Si la migration a d'abord été
conçue par les candidats au départ et leur famille comme une solution temporaire aux
problèmes conjoncturels, peu à peu, elle est devenue dans cette région une stratégie usuelle
de diversification des sources de revenu pour l'économie villageoise et l'instrument privilégié
de promotion sociale pour nombre de catégories défavorisées. Une dépendance aux
revenus de la migration s'instaure progressivement, accentuée par un contexte économique
local peu favorable. Un apport important de C. Daum est la typologie des associations de
migrants qu‟il propose ainsi qu'une réflexion sur les articulations problématiques avec les
acteurs du développement plus classiques qui tout en ouvrant de nouveaux champs
d‟actions aux associations de migrants influent aussi fortement sur leurs logiques d‟actions.
Dans sa thèse « »Epargne, crédit et migration : le comportement financier des migrants
maliens et sénégalais en France , Seydi Ababacar Dieng présente une analyse du
comportement financier des migrants maliens et sénégalais résidant en France.3 Le
comportement financier désigne ici l'ensemble des pratiques d'une personne ou d'un groupe
de personnes face à l'endettement, l'épargne et son affectation -en placements financiers et
autres investissements. L'analyse des résultats révèle un comportement financier des
migrants spécifique par rapport à celui des Français « autochtones ». D'autre part, elle
montre l'existence d'une différence, bien que faible et souvent statistiquement non
significative, de comportements financiers au sein de la population étudiée. Enfin, l'analyse
des entretiens de recherche et les résultats statistiques permettent de mettre en évidence le
phénomène dit "d'incapsulation", à savoir la reproduction de pratiques d'épargne et de
crédits issues des pays d'origine.
La thèse de Yaya Sy portant
sur les associations Soninkés en France , a
revisité
l‟immigration et mis en exergue l‟apport de cette migration notamment à travers la création
de « la caisse ethnique » fondée sur le modèle de l‟organisation villageoise, mais aussi sur
celui du Kompo-xoore (chambre villageoise en ville en Afrique)
dés la fin des années
2
In Christophe Daum, Les associations de Maliens en France (migrations, développement et
citoyenneté), Karthala, Paris, octobre 1998, 250 pages
3
Thèse accessible sur le site de l'Université Lyon Lumière 2 : http://theses.univ-lyon2.fr/index.php
6
cinquante avec répartition des tâches entre les castes dominantes et les autres. Cette
« Caisse » aura pour rôle d‟assurer la cohésion communautaire : rapatriement des malades
mentaux et enterrement des morts.
Mais à partir de 1966-1968 la « caisse ethnique » cédera le pas à l‟association villageoise
soninké en France (AVSF) qui, en plus des prérogatives de la précédente « Caisse »,
entreprendra le plus souvent, dès sa création, la construction de la Grande Mosquée du
village. Elle impulsera ensuite la réalisation de projets sociaux, puis économiques de
développement villageois : pharmacies, maternités, dispensaires, postes, puits, forages,
bornes-fontaines, marchés, achats de pirogues, périmètres irrigués, coopératives d‟achats,
G.I.E. (groupement d‟intérêt économique), etc.
Dès la seconde moitié des années soixante-dix, les AVSF subiront de plein fouet les
contraintes générées par la crise économique avec la fermeture des frontières de la France
à l‟immigration de travail, l‟instauration de la carte séjour, et la promulgation de la loi sur le
regroupement familial. Tout cela mettra un terme à l‟immigration circulaire des Soninké et les
enracinera dans la durée. Aujourd‟hui la question qui se pose est : « l‟AVSF est-elle la forme
d‟organisation la plus efficace pour assurer à la fois la participation des Soninké au
développement de leurs villages d‟origine et leur intégration en France.
Aujourd‟hui les écrits sur les migrants et notamment la diaspora malienne en France invitent
à une analyse plutôt économique de l‟apport des migrants centrée sur les projets individuels
d‟investissements dans des secteurs productifs.
Concernant le travail de terrain, celui-ci s‟est effectué en deux phases :
La pré-enquête a concerné une dizaine d‟associations maliennes. Elle a permis de se
familiariser
avec le milieu des migrants
et ainsi, d‟identifier progressivement, les
associations répondant aux critères du projet Diapode.
La première phase a consisté à élaborer un répertoire des associations maliennes dans le
sud et
en Île de France en croisant plusieurs sources. La consultation du fichier des
associations à la préfecture de Marseille a permis d'identifier un certain nombre
d'associations africaines, dont des structures maliennes, mais la liste est loin d‟être
exhaustive.
Ensuite les contacts avec les représentants consulaires du Mali en France ont permis de
compléter l‟échantillon. Les contacts au sein des consulats généraux ont été peu fructueux
car la plupart des représentants consulaires disposent de très peu d‟informations sur les
associations de leur pays d‟origine.
La maison des associations a constitué une troisième source d‟informations.
Une autre
7
porte d‟entrée a été les contacts formels ou informels de chercheurs ayant travaillé sur le
sujet ainsi que de militants associatifs maliens. A partir de cette collecte une centaine
d‟associations ont été identifiées, qu‟elles soient maliennes ou mixtes, c'est-à-dire incluant
la présence d‟autres communautés
mais toujours en relation avec des projets de
développés pour et par des maliens.
A l‟issu de cette première phase, un échantillon de 15 associations est soumis à un
questionnaire portant sur la problématique de l‟étude. Ce questionnaire aborde
l‟identification , la gestion des projets au Mali , les actions et les réalisations des
associations « ici » et « là-bas » avant d‟aborder les difficultés rencontrées ainsi que les
perspectives de leurs action à travers notamment une coopération avec ENDA dans le
cadre du programme DIAPODE (Diasporas Pour le développement)
L‟échantillon, élaboré à partir des termes de références de l'étude, comprend des
organisations réparties entre deux zones géographiques aux contextes institutionnels
différents, dix associations maliennes du sud de la France et cinq d‟Ile de France. Les
associations ont été soumises aux questionnaires et le matériau a ensuite été complété par
des entretiens informels. Les difficultés qui se sont présentés par rapport à ce travail de
terrain
ont été principalement liées à la disponibilité de nos interlocuteurs. Souvent le
président n‟est pas l‟interlocuteur direct soit du fait de l'ignorance ou de la non maîtrise de la
langue française, soit parce que son pouvoir de décision est faible et son information quant
aux activités de l'association limitée.
I. LA MIGRATION MALIENNE EN FRANCE : Principales
caractéristiques
L‟immigration africaine en France est un phénomène ancien et fortement lié à l‟histoire
économique et les liens avec le continent noir. Parmi les premières vagues de cette
immigration, les Maliens sont assez représentatifs. Si les premières vagues d‟immigrés
sont surtout des marins originaires de la frontière entre le Mali et la vallée du fleuve
Sénégal , ces pionniers furent relayés par une deuxième vague d‟immigrants à la fin des
années cinquante .
L‟émigration
en Région
de Kayes
est liée à la colonisation
française.
On l‟attribue
4
également à une sorte de « rite initiatique » comme le souligne François Manchuelle sur la
4
In François Manchuelle, Willing Migrants : Soninke Labour Diasporas, 1848-1960 (Western African
Studies), 1997
8
tradition soninké et ses migrations qui précédèrent la colonisation. Cette assertion doit être
relativisée dans la mesure où la migration ne concerne qu'une partie de la population.
L‟arrivée
des colons français bouleverse
les modes
de productions traditionnels
et
favorise une première vague d'émigration saisonnière principalement vers le Sénégal
et
vers la France. Dans les années 60/70,
le
l‟immigration malienne
s‟intensifie
avec
développement des industries et une demande plus forte de main d‟œuvre de l'économie
française Il s‟agissait principalement des Soninkés. Cette migration veut répondre à un
grand besoin de main d‟œuvre de la métropole
dans un contexte de forte croissance
économique marquée par les « trente glorieuses ». D'autres facteurs jouent aussi, tels que
la dégradation climatiques et un contexte politique assez difficile au Mali.
En plus des dimensions climatiques et économiques du pays d‟accueil, les causes sociales
culturelles et politiques doivent être prises en compte. Christophe DAUM souligne ces
dimensions en rappelant tout d‟abord que les sociétés Soninkées sont fondées sur la
gérontocratie : Emigrer c‟est ainsi pouvoir « échapper au pouvoir des aînés et revenir
fortuné pour devenir à son tour un notable »5; Aussi émigrer permet de « se confronter à
un autre système de valeurs , échapper à une position figée « , donc une ascension sociale
.
Ces migrations étaient collectives et permettaient d‟apporter des solutions aux difficultés
de la communauté villageoise qui lui devait sa survie.
Pendant longtemps, les immigrés sont venus travailler au départ pour des périodes de 2 ou
3 ans puis ils rentraient chez eux. Comme le souligne Carolyn F. Les stratégies de
surveillance et de contrôle de l‟immigration adoptées par l‟Etat français depuis les années 60
ont significativement façonné les identités des migrantes et notamment leur façon de rester
en relation avec le pays d‟origine6. Avant 1974 , la venue en France pour les Maliens est
assez simple : une carte d‟identité malienne et une visite médicale à la Gare du Nord à
Paris
à l‟Office National de l‟immigration suffisent . Maris et pères de famille au Mali , un
grand nombre vivent en célibataire en France dans des foyers de travailleurs ( 75 en
France , dont 25 à Paris surpeuplés et parfois à la limite de l‟insalubrité)7 . Mais au
lendemain du choc pétrolier, Valéry Giscard d‟Estaing, alors Président de la République
nouvellement élu, met en place une politique forte de maîtrise de l‟immigration. Le 5 juillet
1974, le gouvernement français décide de la fermeture des frontières de l‟immigration.
5
6
Christophe Daum , 1995)
Carolyn F Sargent et Stéphanie Larchanché –kim in la revue American Behavorial Scientist ; en
2006.
7
AFP : les Maliens de France : une majorité de sans papier in Archives de liste, septembre 2002 ;
9
Les changements de politique migratoire ont entrainé l‟apparition de nouvelles pratiques
migratoires, de nouveaux modes : du « nomadisme » au « sédentarisme ». En effet avec
l‟obligation de la carte de séjour, les immigrés maliens ont commencé à s‟établir pour ne
pas risquer de perdre leurs droits. Dés 1975, les frontières sont réouvertes aux membres
de la famille. Le regroupement familial rentre en concurrence avec les divers mécanismes
de retour mis en place et cela a eu pour effet inverse de pousser les immigrants à faire le
choix de s‟installer définitivement en France par peur de ne jamais pouvoir revenir 8. Cette
situation a des conséquences à la fin des années 70 : l‟interruption
de l‟immigration
économique rend les allers et retours au pays plus difficile. De leur côté les femmes ne
veulent plus rester au village ou elles doivent assumer l‟éducation des enfants, le soin des
anciens, la culture, l‟élevage, etc. Elles aspirent à vivre elles aussi dans un pays moderne
et leur désir de rejoindre leurs maris qui supportent de plus en plus mal d‟être coupés des
leurs. Seulement, de 1984 à 1993, la réglementation française sur le regroupement familial
ne cesse de se durcir. L‟insertion de ces familles souvent polygames
devient de plus en plus difficile.
Outre les obstacles administratifs
et nombreuses,
et les difficultés
matérielles , ce sont les difficultés relationnelles avec les enfants ,qui fait dire aux adultes
qu‟il est impossible d‟élever les enfants en France dans le respect des valeurs africaines.
Au Mali, les dimensions politiques interviennent un peu plus tard dans les années 1990 ;
Christophe Daum rappelle ces bouleversements politiques qui refaçonnent le paysage social
et administratif du Mali.
Avec le renversement de la dictature de parti unique de Moussa Traoré en mars 1991, la
démocratisation des institutions se développe au Mali. On assiste notamment à la création
des communes rurales qui valorise l'ensemble des réseaux relationnels existants et les
initiatives des migrants en faveur de ces régions longtemps laissées à l'abandon.
L‟émigration commence aussi à inquiéter les édiles locaux des pays du Sahel , d‟autant
que les regroupements entraînent « une issue qu‟elle était censée éviter au départ , la
disparition de la communauté villageoise ».9
Il est à l'heure actuelle difficile nombre de Maliens en France. Selon les sources, au nombre
de 30.000 (recensement de 1999, non compris les Franco-Maliens), 40.000 (selon
l‟estimation des titres de séjour valides en circulation pour la même période), ou encore
90.000 selon des estimations incluant notamment une projection du nombre des illégaux.
Quoiqu‟il en soit, tout indique que l‟on a affaire à un petit nombre, au regard des 3,2 millions
8
Idem
J Barou, « les famille à distance. Nouvelles stratégies familiales chez les immigrés d’Afrique
sahélienne » hommes et migrations, n°1232 ? Juillet août 2001.
9
10
d‟étrangers installés en France en 1999. Pour le FSP (fond de solidarité prioritaire, on estime
à 4 millions le nombre de Maliens expatriés dont 80.000 à 120 .000 en France. La difficulté
aujourd‟hui est l‟estimation des clandestins maliens en France. Les clandestins seraient
environ 75 000 d'après des estimations du gouvernement français.
L‟immigration malienne comme les autres communautés connaît aujourd‟hui un recul,
résultat d‟une politique migratoire de plus en plus drastique du gouvernement français.
II. LES ASSOCIATIONS MALIENNES EN FRANCE : UNE
DYNAMIQUE SUR DEUX RIVES
L‟émergence des associations a débuté bien avant 1901, année de vote historique de la loi
qui régit la création des associations. En effet cette loi de 1901 a consacré le phénomène
associatif, mais elle ne l‟a pas créée ; ni l‟année 1901, ni l‟année 1902 n‟ont été des années
favorables en création associative.
Pour les associations africaines, leur création n‟est reconnue qu‟en 1980 mais déjà, elles
existaient sous une forme informelle notamment avec les amicales d‟étudiants, de marins, ou
de dockers.
Faire une typologie des associations maliennes
revient à analyser
les nouvelles
dynamiques associatives qui complètent ou assurent aujourd‟hui la relève des associations
villageoises.
1. Des caisses de solidarité à l’association : des structures
associatives marquées par les politiques migratoires
Depuis les caisses
de solidarités
au début de l‟immigration
jusqu‟aux associations
d‟aujourd‟hui , relais d‟Etat du pays d‟origine , le mouvement associatif malien connaît une
évolution soit adaptative soit aux antipodes des réalités migratoires ou des politiques
migratoires .
Dans toutes ses formes de fonctionnement, elles s‟adaptent à un contexte politique et
institutionnel qui lui est plus ou moins favorable. La question qui convient de se poser
relève de la pertinence, aujourd‟hui plus qu‟hier, du fonctionnement et de la participation de
ces association dans le développement de leur pays d‟origine mais également du pays
d‟accueil. Ainsi depuis les années 70, on a vu se succéder les caisses de solidarité, les
associations villageoises et inter-villageoises et depuis 1980 les associations loi 1901.
11
Il faut cependant souligner que les premières associations ont vu le jour depuis 1973
pour le Mali. Elles sont à 95 % déclarées au journal officiels et la moitié d‟entre elles est
créée depuis 1987. 10
De la typologie de Christophe Daum , la création des association
fait
ressortir une
appartenance communautaire qui veut singularisée et identifiée à une localité. Au regard
de cette appartenance villageoise l‟appartenance à une même condition d‟existence ou à
des mêmes réalités sociales ou parcours professionnels constituent de nouveaux
déterminant dans la mise en relation ou la création d‟association. On voit ainsi émerger des
associations de jeunes et des associations organisées à l'échelle inter-villageoise. 11Dans cet
essai de typologie, la notion de genre au sein du mouvement associatif est peu pris en
compte, ainsi que d'autres bases de regroupement , estudiantine notamment. Ces
dimensions sont pourtant importantes au sein du mouvement associatif actuel.
L‟importance des associations villageoises et leur implication a toujours existé et demeure
aujourd‟hui le fondement de la nouvelle participation des associations d‟immigrés dans le
développement de leur pays d‟origine.
Les évolutions au sein des associations villageoises ou communautaires sont sensibles.12
Par exemple, l‟élection des responsables n‟est plus conforme exclusivement à la logique du
rang social. De plus en plus chacun peut prétendre à une ascension sociale pour des
responsabilités au sein de l‟association ; ainsi de nouvelles compétences sont reconnues.
C‟est maintenant le niveau intellectuel et l‟importance des diplômes qui constituent de plus
en plus un critère de nomination. En effet, les exigences administratives du pays d‟accueil
requièrent un certain niveau intellectuel que les aînés n‟avaient pas forcément. On attribue
ce changement aux jeunes des villages ainsi qu‟aux étudiants.
Le mouvement associatif civique a été et continue d‟être porteur d‟une mobilité sociale
individuel pour une petite fraction des populations issues de l'immigration, au détriment d'une
promotion des groupes contrairement à ce que certains espéraient il y a quinze ans. Alors
que la deuxième vague d‟associations celles des années 80 répond à une injonction plus
ou moins explicite
émanant
cette fois ci de la société d‟accueil
dans le cadre d'une
politique d‟intégration , les associations maliennes continuent de d'inscrire dans la logique
des caisses de solidarité « nouvelle formule » . Malgré les structures dirigées par des
10
Christophe Daum : les associations maliennes en France, migration, développement et citoyenneté,
édition Karthala ; 253 pages.
11
Idem.
12
Christophe DAUM : « Les associations maliennes en France ; migration, développement,
citoyenneté », édition Karthala, 253 pages, pp 19.
12
jeunes, le lien avec les pays d‟origine est réaffirmé et reste d‟actualité. Les prérogatives
restent sensiblement les mêmes, la participation aux initiatives de développement du pays
d‟origine traverse des générations d‟immigrés.
2. Identification, structuration et orientations des associations
maliennes en France
A partir de l‟élaboration de ce répertoire des associations maliennes, il est important de faire
un point sur ces associations, leur localisation, leur identité , leur appellation mais aussi
leur statut et leur domaine d‟intervention
Les associations enquêtées sont soient maliennes à 100% soient des associations mixtes.
La mixité est liée à l‟origine essentiellement française et ou des autres pays africains. Ce
sont de jeunes associations.
Au niveau des objectifs visés nous pouvons noter la dimension sociale au sens d'appui à
l'accès des populations les plus défavorisées aux infrastructures de base et qui peut
constituer une porte d‟entrée vers d‟autres activités ou des perspectives d‟activités.
La localisation géographique des zones d‟intervention est la suivante : Bamako
essentiellement mais également d‟autres villes maliennes comme Kayes qui est le berceau
de l‟immigration malienne.
Les leaders
associatifs
sont essentiellement des hommes, les femmes étant
moins
représentatives ou simplement dans les commissions féminines. Les sources de
financement
proviennent principalement des cotisations des membres
ainsi que de
subventions des Municipalités des pays de résidence principalement.
Les communautés maliennes et en générales noires africaines, se distinguent
par une
organisation et une implication associative très dense, dynamique et parfois méconnue des
autorités locales. La création ainsi que le fonctionnement des associations reposent sur la
détermination et le militantisme d‟une ou de plusieurs personnes. Les associations de
femmes comme l‟association Benkadi fonctionne sur le modèle des groupements de femmes
que l‟on retrouve au Mali. C‟est la pratique de la tontine qui consiste à faire participer chaque
membre financièrement par mois, la totalité de la somme leur revient à tour de rôle. Ce
pécule permet de réaliser des projets familiaux et ou économiques. Que ça soit d‟une
manière plus moderne ou traditionnel, l‟engagement associatif est à situer à différentes
échelles suivant le type d‟association. Le cadre associatif traditionnel qui est l‟œuvre
13
d‟individus ( c‟est le cas souvent pour les premiers immigrés ) tend à renforcer les liens
avec les membres d‟un même village alors que la forme « moderne » de l‟association
s‟inscrit plus dans un cadre plus militant . Ce dernier type d‟association est orienté vers les
problèmes d‟intégration, de chômage, d‟émancipation dans la société française. C‟est le cas
de l‟association des étudiants maliens qui réclament une plus grande reconnaissance des
compétences dans le pays d‟accueil.
La création d‟une association
est pour certain un moyen d‟aide à l‟intégration et à
l‟acceptation du pays d‟accueil. Devant l‟acuité des programmes d‟intégration, la nécessité
d‟appartenir à un réseau de solidarité encore plus « revendicatif» cède la place au mode
traditionnel associatif.
Pour les associations maliennes ces objectifs se conjuguent aux actions en direction du
pays d‟origine. : « Aujourd‟hui l‟accent est mis sur l‟implication dans le pays d‟accueil tout
en se tournant vers le pays d‟origine. Pour les nouvelles générations, la notion d‟origine est
loin d‟être péjorative. Elle permet de puiser dans la culture du pays d‟origine pour plus
d‟enrichissement dans le pays d‟accueil »13 .
2.1.
Localisation des associations maliennes
La répartition
spatiale
des associations
correspond à la concentration des localités
migratoires maliennes. La région Parisienne en occurrence concentre le plus d‟immigrés
maliens et est à ce titre la plus pourvue en associations
l‟accent
est mis sur une dichotomie
maliennes. Dans cette étude
Nord/ Sud dans le choix
du terrain. En région
parisienne les associations sont localisées en banlieue parisiennes où les populations à
faible revenu et les populations d‟origine étrangère sont les plus présentes.
Dans
ces territoires
où vivent
des populations
avec des difficultés sociales
et
économiques, s‟applique la politique de la ville, politique nationale de lutte contre l‟exclusion
avec des
financements de projets d‟associations
dans les domaines de la santé et
d‟éducation entre autres.
La localisation du siège de l‟association ne correspond pas toujours au territoire
d‟intervention.
2.2.
Structure des associations maliennes
13
Entretien avec le Docteur Doumbia, malien, président de l’AFOA (association des français d’origine
français)
14
Au sein des structures associatives se croisent des étrangers, des populations nées à
l‟étranger et qui ont acquis la nationalité française mais aussi les jeunes générations nées
sur le sol
français. Nous rencontrons également des « Blancs ».
Le tissu associatif animé par les Maliens est largement dominé
par les associations
villageoises qui affichent un grand dynamisme mais qui s'ouvrent difficilement au public.
Elles ont pour principal objectif, la programmation des actions dans leur village d‟origine. Ces
associations participent à l‟équipement de leurs villages ; construction de dispensaires, de
rues goudronnées, d‟écoles, etc. Ce sont des associations d‟entraide pour les ressortissants
d‟un même village en cas de décès, de cérémonies religieuses entre autres.
2.3.
Le statut des associations maliennes
Il convient de distinguer
les associations déclarées
à la préfecture
avec un statut
d‟association loi 1901 des autres associations que l‟on peut qualifier d‟informelles. Dans ce
deuxième groupe sont recensées des regroupements de ressortissants d‟un même village,
structuration, recommandée par les consulats
dans un objectif de solidarité (entraide,
organisation pour le retour des corps, lien maintenu avec les pays d‟origine, projets de
développement et de financement collectif de divers équipements (église, mosquée, école,
dispensaire).
A côté des associations dites « formelle » ont été recensées une autre catégorie
d‟associations a été recensée qualifiée d'informelle au sens où elles n'ont pas d'existence
juridique. La plupart de ces associations sont des associations d‟origine sénégalaise plus
que malienne.
Ce sont des minorités qui ont des habitudes « communautaires » et des valeurs culturelles
très attachées à leurs us et coutumes et qui veulent les conserver voir les protéger.
Certaines de ces associations informelles sont des groupements de femmes qui se
structurent à partir de pratiques économiques du pays notamment « la tontine ». C‟est un
système de cotisation d‟une certaine somme d‟argent entre les différents membres du
groupe. Chaque semaine ou d‟une manière mensuelle, un des membres récolte la somme
totale pour financer un projet le plus souvent commercial.
2.4.
Domaines d’intervention : les activités des associations entre « ici » et « là
bas »
15
Certaines associations travaillent sur Marseille pour l‟amélioration des conditions de vie
dans leur quartier ; d‟autres s‟intéressent à l‟ Afrique et sur les projets de développement
et d‟autres encore se sont positionnées à l‟articulation entre Marseille et l‟ Afrique .
En région parisienne, les actions sont essentiellement tournées vers le Mali.
On peut ensuite distinguer les associations
qui ont des activités non lucratives et qui
proposent différents services aux populations le plus souvent en situation difficile. A
l‟opposé, il y a des associations qui ont misé sur des activités de type économique. Ces
dernières
semblent
utiliser
l‟association
pour développer
des revenus. Reste les
associations inclassables en termes d‟activité, difficile de comprendre quelles sont leurs
pratiques et leurs objectifs (pratique d‟activités non officielles, non déclarées).
L‟association « Agir pour le développement du village de Djafarabé » est crée en 2003 et se
compose
d‟une centaine
de cotisants
essentiellement
français. Les initiateurs sont
cependant des Maliens, anciens étudiants en médecine devenus aujourd‟hui médecin et
qui mettent leurs compétences professionnelles ainsi que leurs attaches en France pour
venir en aide à leur village d‟origine.
Aujourd‟hui les membres actifs de l‟association varient autour de 14 personnes qui
s‟investissent auprès des Maliens ici et là bas principalement dans des projets de
développement sanitaire
Le but de l‟association
est donc de mettre en place
des actions de développement
sanitaire, d‟éducation et des projets liés aux femmes en perspectives.
Les projets mis en place sont essentiellement sanitaires. La construction d‟un dispensaire
et l‟embauche d‟un infirmier salarié sur place qui assure les consultations avec une
participation symbolique des populations de 150CFA (moins de 20 centimes d'euros) . Les
membres de la commission sportive de l‟association ont envoyé un conteneur de maillots
de sport (envoi qui a lieu tous les deux mois) pour la pratique du volley-ball. Quant à la
commission
« Développement durable », elle a initié
avec les jeunes scolaires le
ramassage des sacs en plastique. L‟objectif avec ce type d‟activité est de sensibiliser les
populations aux impératifs écologiques et de leur faire participer à la gestion de leur
environnement. Certaines associations après s'être engagées dans les domaines de
l'intégration/insertion, en France optent pour « un retour aux racines » et développement
des activités en faveur de leur pays d‟origine. A.D.V.S. Association pour le Désenclavement
du Village de Sobokounb2001 se donne pour objectif de limiter l‟exode des bras valides vers
d‟autres régions, d‟autres pays et d‟autres continents, en proposant un travail, ou une
formation. Le but premier de l‟association était de trouver un moyen de communication entre
16
le migrant, et le reste de la famille au village. L‟association a ainsi crée deux téléphone
satellites.
Les 132 membres qui composent l‟association sont d‟une part les migrants qui travaillent en
France, mais aussi des ressortissants du village qui sont soit des anciens migrants, ou de
simples citoyens du village.
Les associations de soutien aux immigrés participent également à la diffusion des valeurs
culturelles de l‟immigration mais, avec des moyens plus limités ; leurs actions étant axées
sur l‟interculturel, la promotion des langues et cultures d‟origine, l‟accès à la langue française
et à la participation. les associations d‟étudiants utilisent elles aussi la culture comme levier
et même une porte d‟entrée dans la société d‟accueil. L‟association des étudiants maliens
de Lyon s‟investit dans la promotion de la culture malienne
en participant
à des
manifestations culturelles organisées par les autres associations maliennes de la ville de
Lyon.
Cependant le défi majeur des associations d‟étudiants reste l‟accompagnement avant,
pendant et après les études universitaires. L‟ADEM (association des étudiants et diplômés
maliens en France), œuvre actuellement pour l'insertion professionnelle des jeunes diplômés
maliens en France et au Mali.
Les membres de l‟ADEM sont partis du constat que la
jeunesse malienne, dynamique mais sans soutien, fait souvent le choix de l‟immigration. Ils
trouvent dans les pays d‟accueil les moyens de se former et de se doter des outils
nécessaires pour contribuer au développement du Mali. Il s‟agit dans ce projet de montrer
combien cette immigration doit être considérée comme un facteur de développement et de
dynamisme, tant pour les pays d‟accueil que pour les pays d‟origine. Dans son projet
associatif 2008-09, l‟ADEM a donc inscrit un projet d‟insertion socio-économique, mettant la
France et le Mali en synergie.
Le sous-emploi des diplômés maliens en France, pointe l‟échec de l‟immigration, alors même
qu‟ils ont une formation et des compétences qui peuvent permettre aux pays du Sud de
relever le défi de la globalisation et de la croissance économique.
L‟ADEM souhaite ainsi, avec ses différents partenaires (ANPE Mali, Africasearch...) mettre
en place des mesures d‟accompagnement (information, orientation, et suivi) des jeunes
étudiants et diplômés maliens, de leur projet de formation au Mali (études des débouchés en
entreprises ou ONG, constitution d‟un projet professionnel) jusqu‟à leur insertion dans le
monde du travail, en France ou au Mali. C‟est cette vision de co-développement que défend
son président « le co-développement, c‟est le fait de porter et de partager la réalisation d‟un
projet, tant technique que financier, avec d‟autres partenaires, du Nord ou du Sud. »
L‟implication des acteurs Nord et Sud est déterminante et doit se définir sur de réelles
17
bases de coopération, ajoute le secrétaire de l‟ADEM ; Cette nouvelle invitation, l‟ADEM veut
redéfinir les nouvelles orientations de coopération.
Pour les associations féminines d‟immigrées, il apparaît qu‟elles se sont substituées aux
anciennes structures intégratrices ; contrairement aux associations masculines elles œuvrent
le plus souvent pour les actions orientées vers la société d‟accueil. C‟est le cas de
l‟association Benkadi des femmes maliennes, qui œuvrent pour une meilleur entente entre
les d‟ enfants à partir d'une connaissance de leurs cultures d'origine. Des soirées à thème
sont organisées comme « au pays » en vu de partager des conseils sur l‟éducation de leurs
enfants en France et la promotion de la culture malienne. C‟est des moments conviviaux
dans la nostalgie du pays. C‟est aussi des formes de rassemblement qui promeuvent des
pratiques de commerces informels entre les différents membres, comme la tontine.
L‟association Alliance Mali qui compte essentiellement des femmes, parfois les même que
dans l‟association Benkadi à une plus grande ouverture dans la composition de ses
membres. D‟autres nationalités non maliennes sont représentées. Elles sont cependant,
pour la plupart, des Africaines mais on y retrouve également des Françaises.
Le but de l‟association est de contribuer au développement socioéconomique, d‟organiser
et de mobiliser les membres autour d‟activités diverses pour favoriser la collaboration entre
les populations et les autres associations maliennes et françaises.
En fait, c‟est un rôle de médiateur entre les différentes entités sociales qui œuvrent pour
le Mali.
Les activités culturelles des associations maliennes ne doivent pas être négligées. Elles
constituent un support de développement qui, tout en maintenant le lien socio-ethnique entre
migrants, permet en même temps l‟inter-culturalité avec le pays d‟accueil. La promotion de
la culture malienne au-delà des frontières est souvent leur crédo mais ces échanges se
veulent dans les deux sens. L‟apport des migrants à leur propre culture n‟est pas perceptible
de prime abord. L‟association Africaculture, s‟inscrit aujourd‟hui dans une démarche de codéveloppement culturel ». La création aujourd‟hui de la Maison de la culture à Bamako est le
résultat de cette dynamique de développement. La Maison des Arts de Bamako, construite
dans le quartier de Djikoronipara avec un double objectif :
- accueillir et former des jeunes artistes en danses et en percussions traditionnelles du Mali,
mais aussi en peintures traditionnelles (le bogolan)
- permettre à ces jeunes de rester scolarisés et d‟accéder à l‟apprentissage.
La maison des arts de Bamako a commencé en été 2006 le recrutement de jeunes artistes :
huit artistes âgés de 12 à 27 ans ont commencé une formation, et dans le même temps trois
18
personnes à temps plein ont été engagés pour s‟occuper de la Maison des Arts. Aujourd‟hui
nous avons 17 jeunes artistes en formation et au mois de septembre 2007 une nouvelle
sélection a été faite14.
2.5.
Les interlocuteurs institutionnels des associations maliennes en France
Quelques repères historiques pour mieux comprendre l‟évolution des rapports de
coopération entre la France et de Mali. En 1997 s„est tenu la « table ronde de Kayes » qui
a enregistré une forte mobilisation
des associations de migrants pour cette rencontre
consacrée au développement de la région d‟origine. En 1998, c‟est la création du comité
franco-malien sur les migrations suivi en 2000 de la signature de la convention-franco
malienne sur le co-développement. Et en 2002, on assiste à la signature de la convention
de financement « mise en œuvre du co-développement ».
Après la suppression de la MICOMI (Mission Interministérielle au Co-Développement et aux
Migrations Internationales) en 2002, la récente nomination de Christian Connan
Ambassadeur délégué au co-développement auprès du Ministère des affaires étrangères
semblait confirmer la pleine inclusion d'un volet co-développement dans le cadre de
coopération bilatéral.
Pour la France, d‟une part, il apparaît nécessaire de relancer les politiques de codéveloppement non pas seulement de façon bilatérale entre la France et certains Etats
cibles mais plus globale, entre l‟Europe et l‟Afrique ou les autres pays associés comme c‟est
possible dans le cadre des accords avec les pays ACP. D‟autre part, face à l‟immensité et à
l‟urgence des besoins de terrain “ ici et là-bas ”, compte tenu des difficultés de convergence
des politiques européennes et du relatif désengagement de la politique française, la question
du co-développement se pose d‟abord au niveau de la connaissance mutuelle, de la
coordination et du renforcement des initiatives des associations et des collectivités
concernées. En cela l‟expérience française peut être considérée comme exemplaire si l‟on
s‟en réfère au processus qui a donné naissance au FORIM (Forum des Organisations de
Solidarité Internationale issues des Migrations).
Dans le cadre de la coopération franco-malienne un premier programme, intitulé Programme
de développement local et migration (PDLM), a été initié dans cet esprit en 1991 au Mali par
la Mission de coopération de Bamako. L‟objectif en était de financer, sur des crédits
déconcentrés d‟intervention (CDI), des projets de réinsertion de migrants à partir de la
création d‟activités productrices dans le pays d‟origine. Un programme expérimental
14
Extrait rapport d’activités de l’association Africaculture 2007.
19
d‟accompagnement de projets de réinsertion de migrants (une quinzaine) lui emboîte le pas
au Sénégal en 1993. Un projet FAC-IG intitulé “ Programme de développement migration ”
suit en 1995 : il dispose d‟une AP de 5 millions de francs CFA pour une durée de 36 mois et
est censé couvrir le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Deux autres projets FAC, mais dont
seul le bénéficiaire est le Mali, sont initiés. L‟un en 1996, sous l‟intitulé “ Programme de
développement migration au Mali ”, avec une AP de 5 millions de francs et pour une durée
de 30 mois et l‟autre en 1997 (il démarrera en 1998), sous l‟intitulé “ Programme de
développement régional à Kayes au Mali ”, avec une AP de 8 millions de francs et pour une
durée de 36 mois.
En janvier 1998, l‟OIM met par ailleurs également en place un fonds pour l‟aide au
démarrage de projets de réinsertion. Le Groupe de recherche et de réalisations pour le
développement rural dans le tiers-monde (GRDR), spécialisé sur les questions de migration
et de développement, joue un rôle de premier plan dans la mise en œuvre du PDLM. En
2001, un programme intitulé Mise en œuvre du co-développement est initié au Mali, sur un
financement du FSP de 2,6 millions d‟euros et d‟une durée de trois ans ; il a trois champs
d‟intervention privilégiés : le développement local et régional, le développement de l‟appareil
productif, le développement des échanges sociaux et culturels à destination de la jeunesse
franco-malienne.. Depuis 2001 également, un programme intitulé Migrations et initiatives
économiques (PMIE) et cofinancé à parité par le MAEE (MCNG) et le ministère des Affaires
sociales pour un montant de 300 000 euros et une durée de trois ans, se propose enfin, sous
la conduite de PS-Eau, de stimuler les initiatives économiques des migrants africains dans
leur pays d‟origine et en France, notamment par la mise en réseau des opérateurs d‟appui
compétents.
Plusieurs projets de coopération décentralisée impliquent des organisations de migrants de
manière directe ou indirect. La coopération décentralisée existant entre la Ville de Montreuil
et le Cercle de Yelimané fait figure de « cas d'école » en matière de participation des
migrants. Une convention a été passée entre la ville de Montreuil, le cercle de Yélimané et
l‟Organisation malienne pour la réalisation et le renforcement des initiatives à la base de la
coopération entre la mairie de Montreuil et le Mali. En 20 années de jumelage-coopération
avec Yélimané, 5 micro-barrages ont été construits ou renforcés, 14 puits ont été creusés ou
réhabilités ce qui a permis la création de périmètres maraîchers. L‟appui aux communes,
dans la maîtrise du processus de décentralisation et de démocratisation, s‟est concrétisé par
la formation de leurs élus et de leurs cadres avec notamment des accueils dans les services
municipaux de Montreuil et le soutien d‟organismes spécialisés. L‟appui à l‟éducation, à
l‟alphabétisation et au développement de la culture s‟est traduit par le développement des
20
écoles, des bibliothèques, mais aussi par la formation aux techniques agricoles, la promotion
des associations de femmes et de jeunes. A noter que le taux d‟alphabétisation est ainsi
passé en 10 ans de 13 à 24%15. L‟activité des centres de santé communaux a été renforcée
par l‟envoi de médicaments et de petits matériels médicaux, par le soutien à des
programmes de promotion de la santé et de l‟hygiène. Des médecins ont été accueillis en
formation au centre hospitalier de Montreuil. Le soutien à la création d‟emplois, par le biais
des projets évoqués ci-avant, ou d‟autres programmes plus spécifiques visant à réduire
l‟exode rural et l‟émigration contrainte a été mis en avant.16
D‟autres partenariats existent et se développement et peuvent être le fait d‟acteurs privés .
C'est par exemple le cas du projet d‟insertion professionnelle, l‟AFIP et la CNJE sont les
principaux partenaires en France de l‟ADEM (Association des diplômés et étudiants malien
en France) mené en partenariat avec l‟AFIP, la CNJE, l‟ANPE-Mali, Africasearch et
Animafac. Lors du premier forum organisé le samedi 14 juin 2008, l‟association a rassemblé
ces nouveaux partenaires sur le thème « Insertion professionnelle et Entreprenariat, Ici et làbas ». Cette première initiative ouvre des perspectives d‟une meilleure connaissance et
reconnaissance comme l‟espère les membres fondateurs.
Dans le Sud de la France et plus spécifiquement à Marseille, le maillage associatif constitue
un atout majeur pour la gestion de la ville et la participation des populations. Marseille, terre
d‟associations a engagé un partenariat renforcé dans le cadre de la politique de la ville.
Sur le terrain, les partenaires publics ont su créer
les conditions d‟émergence des
associations, notamment dans des sites où elles étaient peu présentes. Le contrat de ville
veut
faciliter
une logique de projets partagée entre
associations et institutions, en
s‟appuyant sur l‟adhésion des populations. « Afin d‟atteindre cet objectif , quatre exigences
seront requises : l‟identification des moyens mobilisés par les associations , la clarification
des tâches
à accomplir
( information , concertation, engagement dans l‟action , suivi
évaluation ), la définition des compétences de l‟ensemble des acteurs , la concertation
auprès des habitants . Le concept de participation des habitants doit désormais prévaloir
comme un outil d‟aide à la décision publique. »17
15
Mairie de Montreuil. Ambassade de France au Mali http://www.ambafrance-ml.org/; Consulat
du Mali en France
http://www.consulat-mali-france.org/
16
Une évaluation du programme a été réalisée à la fin de l'année 2009
Extrait contrat de ville de Marseille 2000-2006
Sous la direction de Philippe Dewitte : «Immigration et intégration , Etats des savoirs » ; Paris La
Découverte
17
21
La communication
de proximité a fait ses preuves
notamment
avec les journaux de
proximité mais les décideurs publics restent encore perplexes et ont du mal à en mesurer
les effets positifs. L‟objectif du contrat de ville consistera
mutualiser
selon les autorités locales, à
les moyens mobilisés et à éviter l‟éparpillement. Pour renforcer le rôle des
associations, la formation des acteurs est nécessaire (constitution des budgets, tenue de
comptabilité, montage de projets, formation aux pratiques démocratiques d‟une association,
connaissance du droit, etc.)
Un fonds de participation des habitants sera mis en place pour favoriser, au sein du contrat
de ville les initiatives personnelles ou collectives des habitants. Dans le même esprit, un
conseil consultatif des associations verra le jour pour favoriser l‟information entre les
décideurs et les associations, pour consulter étroitement les associations et les impliquer
sur les projets présentés. La réussite du contrat de ville
dépend de la qualité
de la
participation des habitants,, d‟où toute l‟importance du rôle des associations africaines dans
le développement urbain de Marseille. L‟engagement dans la vie associative prend
naissance dans les réalités quotidiennes du quartier ou de la commune et c‟est dans cette
proximité qu‟il joue un rôle de construction du lien social, d‟exercice solidaire des droits, voire
de renouveau démocratique. La vie associative modifie les rapports sociaux de sexe, lorsque
les femmes et les jeunes filles s‟y engagent. Le soutien à la vie associative se fonde aussi
sur la qualification des opérateurs à qui sont confiés des fonds publics : respect des
obligations légales et contractuelles auxquelles ils sont soumis par exemple. Ce soutien
s‟organise principalement autour de quatre outils: le financement des postes Fonjep alloués
à des associations intervenant pour favoriser l‟intégration et la lutte contre les
discriminations; le financement des postes Fonjep alloués à des associations intervenant
pour favoriser l‟intégration et la lutte contre les discriminations,; l‟attribution de subventions à
des associations d‟appui pour accompagner d'autres associations dans la conduite de leur
projet ou pour mettre à leur disposition des centres de ressources ou d‟ingénierie spécialisés
et l‟attribution de subventions à des associations de proximité favorisant la citoyenneté,
l‟éducation population et la diversité de la participation des habitants.
Les associations maliennes se fondent dans ce vaste champ du mouvement associatif à
Marseille. Très peu d‟associations maliennes demandent des subventions à des organismes
tels que l'ACSE (Agence pour la Cohésion Sociale et l'Egalité) jugeant les procédures trop
longues et compliquées. Les quelques unes qui tentent l‟aventure se sont vues refuser les
conventions car jugées trop « communautaires ». Seul le conseil départemental des
Bouches du Rhône dans sa politique de coopération octroie des subventions aux projets de
développement tournés vers le Mali et portés par des français « amoureux » du Mali.
22
A côté de ces initiatives institutionnelles, des actions sont menées parallèlement par des
associations plus modestes qui ne bénéficient pas de ses prérogatives. C‟est le cas de la
plupart des associations enquêtées; ces associations mettent en place une structure de
gestion au Mali. Pour l‟association:Agir pour le développement de Diafarabé ; une structure
de gestion a été créée au Mali. Ce sont des ressortissants
constitués
de Diafarabé qui se sont
en association ASSACO. Cette association se compose
des villageois
également. Un bureau est mis en place avec comme président un enseignant en même
temps directeur de l‟établissement scolaire. Il connaît bien les problèmes du village et
constitue un interlocuteur privilégié. Il diagnostique avec les villageois leurs problèmes et
établi un bilan des activités de l‟association. Ensuite, les idées de projets sont proposées
au bureau de l‟association en France. La participation de la population est pour cette
association capitale même si elle désire davantage l‟implication effective des femmes .
En effet, dans les perspectives de l‟association, un système de microcrédit serait mis en
place pour commercialiser du savon artisanal. Mais ce projet ne pourra être commercialisé
qu‟en Afrique. Diarafabé
a un autre potentiel , c‟est une région
d‟élevage
classé au
patrimoine de l‟UNESCO , on y pratique la vannerie , l‟exploitation de la laine de mouton qui
est une activité capitale ; d‟ailleurs l‟association voudrait s‟investir dans cette activité à
moyen et long terme
A côté de ces différentes approches du co-développement, on voit émerger de nouvelles
associations toutes jeunes encore peu expérimentées. C‟est le cas de l‟association FAMA
lancée en 2008 par un groupement de diplômés et d'étudiants maliens et français. Le Fonds
d'Aide Malien, avec comme sigle « Groupe FAMA », est une association de solidarité
internationale visant à favoriser l'accès à l'éducation et à l'information au Mali en particulier,
et en Afrique en général ; « Nous agissons pour un Mali où les valeurs du mérite, de la
réussite et de la liberté restent au cœur de la dynamique de développement. Ainsi, notre
engagement et nos valeurs restent ancrés dans la démocratie et la solidarité; cependant
nous nous heurtons à là méfiance de nos partenaires souhaités ». Pour contourner ses
obstacles, le FAMA a des projets ambitieux mais raisonnables en vu de « rassurer » les
futures partenaires. D'après le Président : « Les partenaires du secteur privé qui se joindront
à nous auront un avantage certains sur les concurrents agissant dans leur secteur d'activité
car, ils auront conquis les populations par la construction d'une bibliothèque visible, un
concours d'excellence télévisé, un voyage d'intégration et de découverte d'envergure
nationale, une remise de diplômes et certificats portant le nom de chaque partenaire, grâce
au financement, par les partenaires du «CAC 40 de l'Amitié», de projets d'entreprises etc....
Sur le long terme, les partenariats que le groupe FAMA développera permettront d'asseoir et
de confirmer le statut de partenaire au développement de FAMA et du « CAC 40 de l'Amitié
» grâce à un concept très simple et novateur. Par ailleurs « à la suite de plusieurs études
23
que nous avons menées, nous pensons pouvoir tirer plusieurs secteurs d'activités vers le
haut en les valorisant auprès des populations et des étrangers (tourisme, hôtellerie,
restauration, etc....) ».
A ce jour, FAMA a obtenu le soutien de FUDIAD: Le fonds participatif des migrants installés
en France ; l‟ONG Aide et Action entre autres.
III. LES NOUVEAUX ENJEUX DU CO-DEVELOPPEMENT
ASSOCIATIF : APPARITION ET COMBINAISON DE
NOUVEAUX FACTEURS
Les nouveaux défis du co-développement s‟inscrivent dans un contexte de mondialisation
et une nouvelle dynamique des politiques de coopération entre les Etats du Nord et du Sud.
Aujourd‟hui le nouveau défi dans les relations de coopération est l‟intégration du phénomène
migratoire dans toute sa dimension en favorisant l‟implication des acteurs eux même. Le
co-développement constitue la symbiose de ces paramètres
qui concernent à la fois les
pays du Nord et ceux du Sud. On parle de développement « ici » et « là bas ». La
participation des migrants à deux échelles ne peut donc que s‟articuler sur ces deux plates
formes.
Les associations maliennes qui œuvrent dans cette forme de coopération, revêtent
aujourd‟hui une dimension particulière avec notamment
l‟apparition de
nouveaux
partenaires jeunes , portés parfois par des étudiants. Les nouveaux objectifs de ces
associations s‟articulent aux nouvelles politiques en matière de coopération. Les
associations adaptent souvent leurs projets pour mieux entrer dans les dispositions des
bailleurs. Cette pratique occulte d‟une certaine façon la pertinence et surtout l‟esprit
d‟initiative des migrants.
1. Un cadre de coopération évolutif
La coopération entre la France et le Mali veut appuyer la stratégie de coopération bilatérale
sur la diaspora malienne en France, c‟est ce qui constitue d‟ailleurs un point novateur du
programme par la large et véritable implication d‟acteurs locaux (institutionnels, élus,
associatifs...). Près de 900 000 euros ont été mobilisés par les migrants et la société civile
malienne (associations, communes, etc.) dans le cadre du cofinancement des projets de Co-
24
développement soit 35% du budget total du FSP (Fonds de Soutien Prioritaire) 2001/10718.
L‟objectif du projet consistait à étendre au niveau national l‟appui aux associations de
migrants pour leurs projets d‟infrastructures dans les villages d‟origine, de renforcer le rôle
joué par les jeunes issus de l‟immigration et les migrants maliens hautement qualifiés dans le
dispositif de co-développement et d‟accentuer la mobilisation de l‟épargne des migrants à
travers des outils de crédits adaptés. Le projet s‟appuie sur les acteurs (Directions
techniques régionales, élus, associations, bureaux d‟études, représentants de migrants) déjà
mobilisés dans les comités d‟analyse des projets et sur les procédures d‟instruction et de
suivi-évaluation développés dans le cadre de la mise en œuvre du précédent projet. Il
s‟attache à renforcer la valorisation en France des actions cofinancés et du dispositif dans
son ensemble, et cherche à gérer progressivement des transferts de compétences vers les
structures maliennes. Cette deuxième phase du co-développement au Mali vient compléter
le dispositif de co-développement conduit dans la Zone de Solidarité Prioritaire et les actions
d‟appui à la société civile malienne, notamment le Fonds Social de Développement (FSD), le
Programme Concerté Santé Mali (PCSM) et le Programme de Développement Social Urbain
(PDSU)19. L‟objectif est donc de faciliter les échanges et les transferts de compétences
entre les deux espaces à travers une consolidation du partenariat entre les structures locales
et les migrants. Dans ce sens, le FSP Co-développement favorisait la réalisation de missions
d‟identification et d‟expertise, ainsi que des missions de sensibilisation et d‟échanges entre le
Mali et la France. Le défi majeur est de réduire les coûts financiers de ces transferts pour
favoriser les investissements productifs. Mais ces velléités se heurtent aux réticences des
établissements bancaires qui freinent les avancées pour éviter d'êtres mis en concurrence20.
Cependant cette politique de coopération a été profondément remise en cause avec la
nouvelle stratégie du gouvernement français dans le cadre du Pacte Européen sur
l'Immigration et l'Asile stipulant la conclusion avec les Etats d'origine d'accords de gestion
concertée des flux migratoires. Les contenus de ces accords diffèrent en fonction des pays,
ils reposent néanmoins sur les principes communs suivants :
> l'organisation de la migration légale (circulation, visas, immigration de travail, accueil et
séjour des étudiants) ;
18
http// :www.gouv.fr : Poursuite et renforcement du Co-développement au Mali, Opérations non
ventilées/ONG 2 500 000 € ; 36 mois
19
« Poursuites et renforcement du co-développement au Mali » in site diplomatie française.
20
Figaro. fr; extrait article : « Clandestins : laborieux accord franco-malien » de spécial
à Bamako Thierry Oberlé envoyé spécial à Bamako, le 15/10/2007
19Extrait Statuts de l’association de « Marseille à Bamako »
25
> la lutte contre l'immigration irrégulière (réadmission des ressortissants en situation
irrégulière,
coopération policière en vue de la surveillance des frontières, démantèlement des filières de
passeurs, lutte contre la fraude documentaire) ;
> le codéveloppement, rebaptisé « développement solidaire » couplé à la coopération pour
l'aide au développement.
Au 8 novembre 2008 cinq accords ont été signés :
> le Gabon (7 juillet 2007), le Sénégal (23 septembre 2006),
le Congo-Brazzaville (25
octobre 2007), le Bénin (28 novembre 2007), la Tunisie (28 avril 2008).
La France a atteint son objectif qui consistait à signer six accords de ce type en 2008. Il
est prévu dans le projet de loi de finances 2009, d‟en signer sept par an d‟ici 2011.
Certains gouvernements ont cependant refusé de signer les accords, dont le Mali. Suite à
cela le dispositif FSP de co-développement a été interrompu. Cela ne signifie pas la
disparition de toute mesure relevant, au sens large, de la participation des migrants au
développement des pays d'origine : Ainsi la mise en place de la carte compétences et talents
touche aussi le Mali. Ce dernier est aussi le pays d'expérimentation du dispositif européen
CIGEM (Centre d'Information et de Gestion des Migrations). Cependant, en l'absence de
cadre de coopération, ces initiatives demeurent fragmentaires et dispersées.
Aujourd'hui un relai semble s'amorcer au niveau européen par la mise en place de la cellule
technique de co-développement. Cette cellule qui existait déjà dans le cadre du FSP francomalien bénéficie aujourd'hui des financements de la Commission européenne. Sa mission
officielle reprend globalement celle de l'ancien dispositif, elle consiste à appuyer
techniquement l'implication de la diaspora dans différents secteurs de développement du
Mali relevant à la fois du développement local (financement des infrastructures de base par
les associations) et de l'investissement privé. Elle s'organise en particulier autour de 3 axes
qui sont :
1. Apporter un cadre méthodologique à la diaspora dans le contexte de décentralisation et
en coopération étroite avec les services techniques de l'Etat.
2.Appuyer l'investissement privé des migrants en facilitant les partenariats avec les
organismes bancaires en France et au Mali.
3 Jeunesse et co-développement : Appui à la participation des jeunes au développement de
leur région d'origine par la consolidation de partenariats dans les deux espaces.21
21
Pour complément d'informations voir le site internet de la cellule co-développement :
www.codeveloppementmali.org
26
Aujourd'hui la structure relai française est gérée par le FORIM (Forum des Organisations
Issues des Migrations) et une coordination avec les organismes d'accompagnement et les
partenaires des organisations de migrants maliens se structure. Le bon fonctionnement et
l'efficacité de ce dispositif dans le contexte national reste un défi.
2. Un mouvement associatif en recomposition
Du côté des associations, les méthodes se professionnalisent et les domaines d'intervention
se diversifient avec l'engagement des jeunes générations, qu'il s'agisse des jeunes migrants
ou des jeunes nés en France d'origine malienne. La féminisation de la migration et
l'émergence des femmes dans le mouvement associatif est aussi un facteur de renouveau
important.
La pomotion de la culture malienne est par exemple un catalyseur important de nouveaux
engagements. C‟est le cas de l‟association de Marseille à Bamako guidé par un artiste
contemporain malien qui à travers son art fait connaître la culture malienne, et en a fait son
activité professionnelle.
Ainsi en France, l‟association propose des ateliers de danse
africaine, des ateliers d‟apprentissage, de confection du Bogolan qu‟il a lui même appris au
Mali. Des vernissages de peintures sont proposés au public également.
Au Mali, l‟association a fait construire la maison de la culture et de l‟Art de Bamako. Cette
maison reçoit des jeunes défavorisés, futurs artistes, à qui l‟on propose une formation
professionnelle qualifiante ; elle se bat aujourd‟hui pour la reconnaissance
du diplôme
d‟artiste des étudiants sortant de cet établissement. On assiste donc à la mise en place
d‟une politique culturelle de co-développement. Ces initiatives sont aujourd‟hui plus qu‟avant
à la recherche de nouveaux partenariats aussi bien dans le pays d‟accueil, qu‟au Mali. C‟est
ce que nous révèlent à ce propos les
demandes de partenariats de l‟association de
Marseille à Bamako.
Ce soutien peut revêtir plusieurs formes. Ainsi, sponsoriser le festival peut être l‟occasion
d‟initier un partenariat avec l‟association en parrainant officiellement un évènement. En
s‟associant à un projet, en apportant une contribution plus limitée, c'est-à-dire choisir de
financer une ou plusieurs activités du festival : danse, exposition, concert… .Faire la
promotion des spectacles au sein de l‟entreprise en informant les salariés, en faisant
partager les contacts dans la région, ou simplement en
offrant du matériel, des
équipements, des boissons ….peut être une autre forme de participation.
En contrepartie, l‟association propose des garanties et voire même de prendre envers
l‟entreprise certains engagements. Par exemple « une garantie de sérieux et de
professionnalisme ». L‟association se réclame un partenaire fiable et fait sa propre
27
propagande : « devenir partenaire d‟Africaculture, c'est vous associer à une organisation
solide, professionnelle qui réalise un travail de fond, efficace mais peu spectaculaire, qui a
fait ses preuves et est reconnue pour son sérieux et son éthique » 22. Cette volonté s‟engage
à faire preuve de transparence en fournissant une estimation précise de tous les frais
engagés en fonction du type de soutien choisi par les partenaires, en rendant compte de
l'utilisation des fonds engagés, et en vous informant des résultats de l'action à laquelle
l‟entreprise aura apporté sa contribution.
L‟heure est à la recherche « marketing » de partenaires. L‟association se vend, innove dans
la recherche de « clients » potentiels. L‟apparition de nouveaux acteurs, comme les bureaux
d‟études orientent les associations vers le développement de nouvelles actions, de projets
économiques qui requièrent une expertise en amont et en aval, entre « ici » et « là bas ».
Cet appel à ces nouveaux clients est aussi le fait des associations d‟étudiants ou de jeunes
professionnel comme l‟ADEM qui fait appel à Africasearch dans le cadre de ses projets. Cet
entreprise de consulting et de conseil a pour objectif de
promouvoir l‟efficacité du
management des ressources humaines pour améliorer « le business » , d‟ aider les acteurs
de la fonction à passer de la gestion du personnel à la gestion des RH , de développer des
outils de management mieux adaptés au contexte des entreprises en Afrique et de remettre
les Hommes au cœur des projets et réformes économiques structurants (AGOA, NEPAD,…).
Cette nouvelle orientation ne leur est pas exclusive. Les associations villageoises ont
compris la nécessité de s‟orienter et de s‟adapter aux nouvelles exigences du marché, voire
des nouvelles technologies même si aujourd‟hui encore, trouver des experts reste une
utopie. C‟est le cas de l‟association A.D.V.S. Association pour le Désenclavement du Village
de Sobokou dans son projet d‟électrification via le solaire. Ce projet est soutenu par
Monsieur Gadega DIABY, migrant lui même et ayant beaucoup servi comme secrétaire
administratif dans les associations de migrants en France. Il est diplômé en électrotechnique
et en comptabilité. D‟abord employé par
une société franco-belge dans le domaine du
solaire en France il est parvenu à créer son entreprise d'installation et de distribution de
panneaux solaires. Il travaille avec un GIE à Kayes, fournit les Maliens, les Sénégalais et
Mauritaniens des 5 continents et est fournit par des Européens (Français, Anglais) et
Cambodgiens. La crédibilité de ces actions restent encore marginales car beaucoup
d‟associations sont taxées de communautarisme et donc se voit refuser les financements
pour ce type de projet.
22
Extrait Statuts de l’association de « Marseille à Bamako »
28
C‟est le cas pour la plupart des associations villageoises comme ADVS. En effet en réponse
à un appel d‟offre, cette association s‟est vue refuser le financement car « les instituions du
co-développement nous reprochent de fonctionner comme une entreprise ». Ceci entraîne
des relations de méfiances vis-à-vis des institutions étatiques du co-développement et
naturellement une orientation vers les bailleurs privés.
L‟université pour sa part a fait son chemin dans les partenariats avec les associations
d‟étudiants « ici » et « là bas ». L‟université de Grenoble a signé des conventions avec
l‟association des étudiants maliens de Grenoble. Il s‟agit de promouvoir à travers ce
partenariat les « aides pédagogiques » qui se traduisent par des documents électroniques
mis à la disposition de l‟université de Bamako.
L‟émergence de nouveaux types de partenariats est aussi celle qui existe entre associations
« traditionnelles »
villageoises et les nouvelles dynamiques de regroupements. Les
associations d‟étudiants maliens ont une ouverture dans ce sens là. Pour l‟Adem par
exemple, l‟organisation d‟activités comme l‟opération porte ouverte des foyers de migrants
dans le cadre de la semaine de lutte contre les discriminations et les inégalités sociales ou
l‟organisation de cours d‟alphabétisation dans les foyers en collaboration avec les
associations villageoises . Dans un autre sens, ces derniers font appel aux associations
d‟étudiants lors de manifestations pour la promotion de la culture malienne du fait de leurs
connaissances culturelles et la nécessité de transmettre celle-ci aux jeunes générations
nées « ici ».
La mixité au sein des associations va croissant, en particulier dans les associations crées ou
présidées par des femmes. De plus en plus d'associations incluent ainsi des personnes
originaires de différents pays d'Afrique, d'Europe voire même, bien que plus rarement,
d'Afrique.
IV.
RECOMMANDATIONS
Le foisonnement des associations maliennes de co-développement reste marqué par une
forte présence des associations villageoises qui peu ou prou veulent sortir leur épingle du jeu
et d‟autre part cette nouvelle génération de jeunes associations dominée par les étudiants et
les professionnels.
La rencontre de ces deux univers est une logique quasi indispensable pour mobiliser les
compétences, savoirs faire, connaissances intellectuelles et appartenance socio ethnique qui
les relient très fortement.
L‟expérience des premiers sous l‟égide d‟un fort lien social et organisationnel conséquent
pourra compléter une expérience jeune même si très ambitieuse. Il faut donc encourager
29
en favorisant le lien entretenu entre les associations « traditionnelles » et de la nouvelle
génération afin de ne pas perdre de vu les réalités socio-culturelles, tout en dynamisant une
ouverture vers les nouvelles pratiques de co-développement.
Concernant les rapports entre institutions de coopération
et associations de co-
développement, ils soulèvent deux types d‟interrogation : celle d‟une culture politique et
celle de la compétence même des immigrés. Dans le cas de cette étude, il ne s‟agit pas de
remettre en cause
les choix politiques en matière de co-développement mais d‟ abord
accroître les capacités des responsables politiques aux niveaux national et local à
communiquer avec les immigrés et leurs organisations . Aujourd‟hui les compétences des
associations ne sont pas encore véritablement reconnues, même si des efforts en ce sens
ont été faits.
Le problème de communication pourrait voir une solution dans l‟utilisation des médias gérés
par les migrants
pour mieux refléter les réalités vécues. L‟utilisation des
satellites
accessible au « village » est la valeur ajoutée pour montrer ce qui est ici à faire valoir « là
bas » et vice versa.
Le développement des radios et télévisions privées a toute sa place à faire valoir dans le codéveloppement.
Aussi au niveau de la documentation de la mise en réseaux, la création d‟une base de
données sur les différents acteurs du co-développement est indispensable. Savoir qui fait
quoi et dans quel domaine permet un gain d‟efficacité et une plus grande crédibilité au
regard des bailleurs souvent réticents.
La reconnaissance des initiatives encouragées par des prix décernés au plus innovants
pourrait aussi encourager les petites associations, voire villageoises et permettre leur
ouverture au monde plus globale du co-développement.
30
ETAT DES LIEUX DES INITIATIVES DES ASSOCIATIONS AU
MALI
INTRODUCTION
1. Les migrations maliennes dans le contexte migratoire d’Afrique de
l’ouest
La migration est sans conteste un des
phénomènes démographiques le plus difficile à
cerner au Mali. Cette difficulté est évidemment liée au manque de précision et de consensus
à propos du concept de migration. Qui plus est, alors que la naissance, le mariage et le
décès sont pour partie enregistrés par des actes d'état civil, la migration ne fait l'objet
d'aucun enregistrement à l'exception des pays disposant d'un système de registre de
population (1 : A propos de la fiabilité de la mesure de la migration : les résultats d‟une
enquête menée au Mali : Michel Poulain, Landing Savane, Babaly Thiam)
Les origines géographiques et la nature des flux migratoires internationaux ont connu de
profondes modifications au cours des dernières années. Désormais les réfugiés et les
demandeurs d'asile frappent aux portes des pays du Nord en nombre croissant. En outre,
une partie de l'opinion publique redoute de plus en plus une arrivée massive de migrants en
provenance du Sud et de l'Est dans un avenir proche. L‟augmentation des déséquilibres
économiques entre le Nord et le Sud et le chômage dans les pays de l‟Union Européenne
expliquent sans doute cette appréhension. Or, la réalité actuelle des migrations – à peine
3% de migrants dans le monde entier - montre le caractère fondamentalement partiel et
partial d‟une telle approche.
31
L'Afrique de l'Ouest est peut-être une des régions du monde ou la question des migrations
internationales, mais aussi intra-régionales, se pose avec le plus d'accuité. Sans doute plus
qu'ailleurs en Afrique sub-saharienne (partie du monde qui compte probablement le plus
grand nombre de migrants), l'Afrique de l'Ouest se caractérise par un très haut niveau de
mobilité, par des migrations souvent anciennes, polymorphes et multidirectionnelles. Les
mouvements intra-régionaux restent les plus importants, mais ils s'articulent fortement avec
les autres systèmes migratoires orientés vers l'Afrique centrale et australe et vers les pays
du Nord (notamment de l'Union européenne). Néanmoins, comme les crises migratoires
dans les enclaves espagnoles au Maroc en 2005 et dans les Iles Canaries espagnoles en
2006 l‟ont démontré, les Africains du sub-Sahara ont une tendance croissante à migrer vers
les pays de l'Afrique du Nord. Alors que certains utilisent cette région comme un point de
transit vers l‟Europe, d‟autres y restent pour s‟y installer.
Ces migrants viennent d'une gamme de pays de plus en plus diverse, comme le Sénégal, la
Gambie, la Sierra Leone, le Libéria, le Mali, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria ainsi que
la République Démocratique du Congo, le Cameroun, le Soudan, la Corne de l'Afrique et
même l'Asie. Rappelons en effet que la migration internationale est devenue pour un grand
nombre des pays de cette partie du monde un élément-clé de leurs économies.23
Selon les différentes estimations, entre 65.000 et 120.000 subsahariens entreraient au
Maghreb (Mauritanie, Maroc, Tunisie, Algérie et Libye) annuellement, dont on croit que 70 à
80 pourcent migrent vers la Libye et 20 à 30 pourcent migrent vers l'Algérie et ensuite le
Maroc. Plusieurs dizaines de milliers (et non pas des centaines de milliers, comme les
reportages dans les médias semblent le suggérer) de subsahariens tentent de traverser la
Méditerranée chaque année.24 Bien qu'ils soient communément dépeints comme
«misérables» ou «désespérés», ces migrants sont en réalité souvent relativement bien
éduqués et issus des couches socio-économiques aisées. 25
Selon le recensement de 1999, 36 000 Maliens vivent en France, dont 9 000 sont
naturalisés. Ils forment une des communautés de migrants parmi les plus structurées en
associations de développement tournées vers les villages ou régions d‟origine. Confrontées
23
Cf Les migrations internationales en afrique de l'ouest face à la crise' Richard LALOU Chercheur à
I'ORSTOM, Dakar
24
Migrations Transsahariennes vers l'Afrique du Nord et l'UE: Origines Historiques et Tendances
Actuelles By Hein de Haas Université d’Oxford
25
Migrations Transsahariennes vers l'Afrique du Nord et l'UE: Origines Historiques et Tendances
Actuelles By Hein de Haas Université d’Oxford
32
à de grandes difficultés de reconnaissance de la part des autorités publiques françaises, ces
associations ont pu néanmoins établir des relations privilégiées avec certaines collectivités
locales de la banlieue parisienne par le biais de la coopération décentralisée. Il s‟agit la
plupart du temps de soutenir des actions à destination des villages d‟origine. Mais elles
peuvent être aussi l‟occasion d‟échanges novateurs, au sein d‟une commune française,
entre les résidents maliens, souvent stigmatisés, et les populations locales. L‟exemple des
relations entre la ville de Saint-Denis et l‟une de ces associations, Guidimakha djikké, illustre
les opportunités multiples de ce type d‟accords.
2. Les migrants d’origine malienne en France : Bref historique
La migration malienne en France, amorcée dans les années soixante, est d‟abord constituée
d‟hommes jeunes, d‟origine rurale, qui après quelques années de résidence en France sont
remplacés par des frères ou des fils. Elle implique alors le maintien de relations étroites entre
le migrant et son village. Dans les années soixante-dix, le contexte migratoire s‟est modifié.
Les séjours se prolongent, et c‟est le début de l‟installation en France. Ces changements,
provoqués en partie par les sécheresses répétitives au Mali, par les politiques françaises
d‟interruption
des
migrations
de
travail
et
d‟incitation
au
regroupement
familial
s‟accompagnent donc d‟une féminisation et d‟un rajeunissement de la migration. Loin
d‟affaiblir les mécanismes de solidarité entre les migrants et leur pays d‟origine, ces
transformations contribuent à leur donner une nouvelle forme. D‟abord préoccupées par les
conditions d‟installation et de vie dans le pays d‟accueil, les premières organisations de
solidarité, les caisses villageoises, orientent progressivement leurs actions vers le Mali et
deviennent de véritables moyens d‟intervention collective. Avec l‟autorisation faite aux
étrangers de se constituer en associations loi 1901, les migrants formalisent leurs actions en
créant des associations de développement. Ce statut permet de faire appel, en plus des
cotisations des membres, à des financements extérieurs d‟organismes de solidarité
internationale ou d‟institutions, et de s‟ouvrir à de nouveaux réseaux de partenaires français,
dont les collectivités territoriales par le biais de la coopération décentralisée.
En effet, la loi de décentralisation de 1992 accorde aux communes de nouvelles
compétences, et leur permet de développer des actions de coopération internationale. Ces
initiatives mettent en lien les collectivités françaises, celles des pays du Sud, et les
associations de développement des migrants. Pour la seule région de Kayes, une
quarantaine d‟accords ont été signés. Plusieurs collectivités de la banlieue parisienne en ont
initié, prenant ainsi contact avec les réseaux associatifs tissés par les communautés
maliennes sur leur territoire. C‟est le cas par exemple d‟Aubervilliers et de Montreuil,
33
jumelées respectivement avec l‟association des ressortissants de Boully en Mauritanie et
avec le cercle de Yelimane et Guidimakha djikké au Mali.
II. Méthodologie de l’étude
La méthodologie de l‟étude s‟est reposée essentiellement d‟une part sur la stratégie de
collecte de données d‟analyse auprès des structures responsables de la question des
migrations au Mali, et bien entendu des associations de diasporas existant sur le terrain,
d‟autre part la collecte de documentations (rapport d‟activité, répertoire, etc.) sur la diaspora
auprès des structures interviewées par la consultation.
Pour ce faire, la consultation a utilisé comme outils privilégiés de l‟étude, cinq (5) guides
d‟entretien en fonction des groupes cibles : Le premier pour les structures indistitutionnelles,
le second pour les associations, le troisième pour les associations qui ne sont pas issues de
la diaspora, mais qui pourraient être intéressées
par une future coopération avec les
associations de diasporas, le quatrième est spécifique à l‟Organisation Internationale pour
les Migrations (OIM), et le cinquième spécifique à l‟Université de Bamako, dans le cadre
notamment de son programme Tokten.
Cette étude a été réalisée dans un souci de recueil d‟information sur les groupes de
diaspora, leurs modes d‟organisation et d‟investissement dans le pays d‟origine. Cette
information pourrait être un point de départ important vers la constitution d‟un répertoire de
groupes de diaspora et aussi un indicateur du niveau de collaboration entre les structures
responsables de la question des migrations et les associations de diaspora.
L‟échantillonnage a donc porté sur les responsables des structures partenaires concernées
par le thème des migrations, les responsables des associations et ceux des associations
dont les activités ne concernent pas directement la diaspora. Ces entretiens ont été
nombreux à Bamako et à Kayes, du fait du nombre élevé de ses ressortissants et de leurs
investissements.26
III. L’investissement des diasporas dans les pays d’origine :
Perspective historique
26
Voir les Termes de références des études disponibles sur le site de Diapode diapode.enda-europe.org
34
Au Mali l‟investissement des Diasporas est un phénomène ancien. Déjà en 1960, les
premiers migrants mettent en œuvre des projets pour améliorer le quotidien de leur famille
restée au pays. En1970, des ONG comme le GRDR travaillent sur le double espace. A partir
du début des années 80 les migrants se structurent formellement et mobilisent d‟autres
acteurs de développement (collectivités françaises, ONG…). Longtemps cantonnées aux
investissements dans les structures collectives (construction des écoles, centres de santé,
mosquées), les champs et les modalités d‟actions sont de plus en plus diversifiés. A ce jour,
400 associations maliennes sont recensées en France ayant pour objectifs statutaires le
développement de leur village d‟origine.27
1. Evolution de l’action des associations de migrants
1.1.
Les transferts de fonds
120 Milliards de FCFA (180 millions €), c‟est le montant annuel des transferts financiers des
migrants maliens résidant en France vers leur pays d‟origine dont 75 % pour la
consommation familiale
en
mi
lli
on
s
de
F
C
F
A
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
1985-89
1990-94
1995-99
2000-2004
Montant des investissements comptabilisés sur 31 villages:
2,8 Milliards Fcfa en 10 ans (4,2 Millions d‟€)
9 millions Fcfa / an / village (13 000 €)
Les projets de développement associatif
35
en nombr e de pr ojets
30
25
agriculture
Cf rapport d’Evaluation Finale du programme d’appui aux initiatives des migrants pour le
éducation
développement
20 de leur pays d’origine, juillet 2003.
Évolution du nombre
hydraulique
de projets par
35
15
secteur d’activité
santé
27
10
mosquées
On note que les priorités évoluent : l‟éducation devient le premier secteur d‟intervention en
nombre de projets
1.2.
Etats des lieux des principaux domaines et zones géographiques
d’intervention des groupes de diasporas :
La zone d‟intervention de prédilection des ONG est la région de Kayes. Certaines actions
timides sont mises en œuvre en œuvre dans le District de Bamako (voir tableau ci-dessous)
Quelques exemples d‟actions de la diaspora :
Nom de
Année de
Domaines
Zones
l’association
création
d’activités
géographiques
d’intervention
Association
01
des
2003
-Activités
Bamako
Maliens Rapatriés de
Génératrices
la
Revenus
Côte
(AMRCI)
d‟Ivoire
de (Communes
III,
(Vente IV, V et VI)
de manioc).
-Education
-Formations
en
couture et coiffure
36
02
des le 16 Octobre
Association
Maliens
Expulsés 1996
-Accueil,
Bamako
hébergement
(AME)
temporaire
des
migrants,
-Réinsertion socioéconomique
des
migrants
03
Coordination
des
Associations
des
2006
-Appui des projets Bamako
proposés par les environs
Maliens Rapatriés de
associations
la
membres
Côte
et
d‟Ivoire
(CAMRCI)
auprès
des
autorités
gouvernementales
, ONG etc.
04
Association Ensemble
2007
-Elaboration
projets
des Bamako
pour
promotion
la
du
dialogue
des
cultures
05
Association
des
2007
-Activité
Bamako
Femmes des Maliens
Génératrices
de
Rapatriés de la CI
Revenus (Couture,
Coiffure et petits
commerces)
06
Association
Réinsertion
pour
la
2005
des
- Réinsertion des Bamako
maliens de retour
Maliens de l‟Extérieur
ou expulsés
(APREMEX)
07
Association
Jeunes
des
Maliens
2007
-Réinsertion socio- Bamako
économique
des
Rapatriés de la Côte
jeunes
maliens
d‟Ivoire (AJMARCI)
rapatriés de la CI
37
08
Association
pour
l‟Appui
1985
au
-Education
Villages
- Santé
environnants
Développement
de
Kayes
Global (ADG)
09
Organisation
Rurale
pour
1989
le
-
Education Colibiné
(alphabétisation
Développement
des
Intégré
construction
de
Colibiné
filles,
d‟écoles)
(ORDIC)
-Réalisation
de
forages
-Réalisation
des
banques
de
céréales
10
GIE WAGADOU
1999
-Accueil
des Kayes
migrants de retour
-Assurer
la
communication
entre les migrants
de transit à Kayes
et leurs familles
11
Inter
Périmètres
Irrigués
(INTERPIV)
Villageois
1999
- Agriculture
Villages
environnants
de
Kayes
38
12
Association
Guèmè
2000
Kafo
-Construction
de Tringa Lanbantra
classes
et
logements
enseignants
pour
des
écoles
communautaires
-
Banques
de
céréales
-Maraîchage
- Construction de
CSCOM
13
Association
des
1996
Jeunes de Djangonè
-Renouvellement
Diangonè
du pont
- Aide aux femmes
dans
le
maraîchage
-
Réalisation
de
forages
-Construction
d‟une
école
et
d‟une mosquée
14
Association
Magou
Maré
1988
-Construction
de Tringa Maréna
château d‟eau
- Construction de
pompes
d‟adduction d‟eau
-Maraîchage
39
15
Association
Ressortissants
Dialaka
des
de
1999
- La construction Dialaka
d‟un
pont,
barrage,
un
un
château d‟eau
-
Réalisation
de
caniveaux.
-Installation
de
pompes d‟eau
-Construction
de
classes d‟écoles
-Aide aux femmes
dans
le
maraîchage
L‟évolution des actions est aussi liée à la mise en place progressive de dispositifs de soutien
de la part des pouvoirs publics, suite à une reconnaissance tardive des migrants comme
« acteurs de développement de leurs pays d‟origine », tant au niveau national
qu‟international.
1.3.
Les principaux dispositifs publics pour promouvoir l’implication de la
diaspora au Mali
La diaspora malienne dans ses différentes manifestations a souvent bénéficié du concours
d‟organismes gouvernementaux ou intergouvernementaux ayant mis en place des
programmes spécifiques de soutien aux projets de développement ou de transfert de
compétences. Les principales instiution à l'échelon national sont :
La Délégation Générale des Maliens de l’Extérieur (DGME), créée en 2000 et ses deux
départements spécialisés : la Section Etudes et Prospectives des Migrations, et celui
chargé de la Réinsertion Socio-économique des maliens de l’extérieur.
- La Cellule technique du Co-développement est née le 11 février 2002 à Bamako, sous
l‟impulsion de la coopération française dont les principales missions ont été interrompues par
le refus du gouvernement malien de signer les accords de gestion concertée des migrations.
-L'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM-Bamako), qui a établi
pleinement ses fonctions en 2006. Son activité excède largement la promotion d‟actions
40
concrètes de co-développement. Une part importante des activités de l‟OIM est consacrée à
favoriser le retour volontaire des migrants dans leur pays d‟origine à travers l‟organisation
des campagnes de sensibilisation contre la migration irrégulière, à la création de centres de
dépistages volontaires du VIH/ SIDA dans les régions frontalières du Mali pour mieux suivre
de près l‟évolution de la sexualité dans ces dites zones à forts taux migratoires; à répondre
au souci des gouvernements du Nord et du Sud qui visent la régulation des flux migratoires
comme convenu dans les accords établis entre eux ; et à lutter contre la migration
clandestine et ses conséquences.
Quelques programmes sont spécifiquement axés sur le soutien aux actions de
développement.
Ainsi la réalisation de l‟« Enquête pour la valorisation du Savoir et du Savoir-faire des
Maliens de l’extérieur » a été l‟étape préliminaire pour la mise en œuvre de MIDA-Mali
(Migration et Développement en Afrique) qui vise à renforcer les liens entre les migrants
maliens et le Mali, leur pays d‟origine. Le programme Tokten (Transfert des connaissances à
travers les expatriés Nationaux) a été lancé en 1998 sous la coordination de l‟université de
Bamako. Celle-ci dispose actuellement d‟un répertoire de deux cent quatre vingt trois (283)
personnes qualifiées de la diaspora de 1998 à 2008 et a déjà effectué quatre cent quarante
quatre (444) missions de recherche et coopération.
Bref historique de la mise en place des dispositifs institutionnels d’appui
aux actions des migrants.
En 1995, a eu lieu le lancement du Programme Développement Local Migration (programme
1.4.
liant Migration et Développement dans le Bassin du Fleuve Sénégal). En 1997, la « Table
Ronde de Kayes » réunissant des représentants des associations de migrants à l'étranger,
des responsables politiques locaux et nationaux a permis d‟impliquer les pouvoirs publics qui
créent en 1998 des structures politiques spécifiques autour du Co-développement : Création
du Ministère des Maliens de l ‟Extérieur, de la Mission Interministérielle sur le Codéveloppement, de la Délégation Générale des Maliens de l‟Extérieur, … .
En 2000, la signature de la Convention Franco Malienne sur le Co-développement fut suivie
de celle de la convention de mise en œuvre du FSP Co-développement Mali en 2002
Quatre millions de Maliens ont émigré dont 60 à 120 000 en France. De nos jours, 100 000
comptes sont ouverts dans les banques maliennes représentées à Paris : la Banque
Internationale pour le Mali (BIM), la Banque de l‟Habitat du Mali (BHM), la Banque de
Développement du Mali (BDM), et la Bank of Africa Mali (BOA).
La mise en œuvre d‟un Fond de Solidarité Prioritaire Co-développement Mali est sans
conteste une forme d‟intervention novatrice suite aux nombreuses actions en faveur de la
41
migration et du développement de la zone d‟origine des migrants par la coopération
française. Elle l‟est particulièrement au Mali dans le prolongement de la Table Ronde de
Kayes de 1997, à la suite de laquelle les pratiques avaient relativement peu évoluées. Si,
dans cette région, la composante « migrants » a toujours été considérée et mise en exergue
dans les projets de développement, la particularité de ce programme réside dans le fait de
tenter de faire la symbiose entre les actions menées en France et au Mali.
Le concept nouveau de Co-développement fait appel au rôle des migrants en tant que «
moteurs de transformation sociale », en les articulant aux capacités de développement local,
renforcées dans le cadre de la décentralisation.
Aujourd‟hui, on peut considérer que ce concept de Co-développement a été intégré et validé
par les autorités maliennes et surtout par les acteurs du développement local.
Cette première phase a permis la mise en œuvre de 350 projets de réinsertion : 22 projets
de développement local, 10 projets d‟échanges portés par des jeunes issus de l‟immigration
et 100 missions d‟expertise et de formation. Au regard de ces résultats d‟ensemble, après
une première phase (2003-2005), le projet a été reconduit en 2006 pour une durée de 3 ans.
La dynamique de développement de la région de Kayes repose en grande partie sur les
quelques 400 associations de ressortissants installés en France, qui interviennent en étroite
relation avec des associations de développement villageois. Ces associations investissent
chaque année près de 4 milliards de Fcfa dans des projets collectifs dans la région de
Kayes.
De 1994 à 2002, la Coopération Française a cofinancé près de 40 projets avec les
associations de migrants à travers le Fonds Social de Développement.
En plus du FSP Co-développement, annoncée lors de la visite du Commissaire Louis Michel
à Bamako le 8 février 2007, et coparrainé par la France et l'Espagne, la création du Centre
d'informations et de gestion des migrations (CIGEM) est emblématique de l' « approche
globale des migrations », la proposition en a été faite lors de la Conférence de Tripoli.
Cette structure malienne est, telle qu‟elle est présentée par les autorités du pays, destinée à
informer sur tous les aspects de la migration, notamment sur les conditions et les
opportunités de travail et de formation au niveau national, sous-régional et européen ; sur les
risques et les aléas de la migration clandestine ; et sur l'accompagnement des migrants de
retour dans leur pays d'origine. Elle comporte une maison des Maliens de l'extérieur et un
centre d'information et de gestion des migrations.
Le CIGEM doit fonctionner en relation étroite avec les dispositifs existants, tant sur
« l'amélioration des connaissances du phénomène migratoire », sur sa mission « d'accueil
42
d'information, d'orientation et d'accompagnement des migrants potentiels et des migrants de
retour » que sur la « valorisation du capital technique, scientifique et financier de la
diaspora ». Elle semble faire l'objet d'appréciations différentes entre les différents acteurs de
son élaboration. Dans un premier temps, cette structure est apparue comme une agence de
migration légale vers l'Union Européenne et vers les pays voisins selon une logique
consistant à favoriser la migration légale afin de diminuer la pression sur l'immigration
illégale, selon le concept de « migration accompagnée » développé par le Commissaire
européen Louis Michel.28 Puis le concept a été revu et précisé dans une logique plus proche
de celle du Co-développement. Dans l'état actuel du projet, les objectifs sont l'amélioration
de la connaissance des flux migratoires, l'accueil, l'information, l'orientation des migrants
potentiels et des migrants de retour, l'information sur les conditions juridiques de la migration
et la sensibilisation de la population pour la prévention de la migration clandestine et la
valorisation du capital humain, financier et technique des Maliens de l'extérieur. Cette
structure à la vocation de s'étendre dans la région et à la CEDEAO. Le montant du projet
s'élève à 10 millions d'euros sur trois ans financés sur le IXè FED (Fonds Européen de
Développement), dont 4 millions de frais de structure. Ce projet mobilise les deux tiers de
l'enveloppe dévolue à l'Afrique de l'Ouest sur le IXè FED au titre de la question des
migrations.
IV.Les partenariats entre associations de migrants et les acteurs
non-gouvernementaux « classiques » du développement
Au Mali, cette étude a permis de relever différents partenariats existant entre les groupes de
diasporas et les acteurs du développement. Ceux-ci se caractérisent par des appuis
financiers, techniques et humains pour des projets de développement, les renforcements de
capacité, la réinsertion socioéconomique des migrants, et aussi parfois des actions
humanitaires. Plusieurs types de partenariats ont été identifiés.
1. Les partenariats entre groupes de diasporas et associations villageoises
L‟action des associations de migrants dans leur village d‟origine via les associations
villageoises est un phénomène ancien et connu au Mali, en particulier dans la région de
Kayes. L‟impact des actions, en général intégralement financées par les ressortissants, est
alors limité à l‟échelle du village. Cependant, on observe, à l‟instar d‟autres pays d‟Afrique de
l‟ouest tels que le Sénégal, une structuration croissante des mouvements au niveau inter-
28
Député européen, Ex commissaire européen au Développement et à l'Aide Humanitaire au sein de la
Commission Barroso et Ministre d'Etat
43
villageois, voire communal, impliquant un dialogue renforcé avec les autorités des
Communes et des partenaires variés. En voici plusieurs exemples :
Organisation Rurale pour le Développement Intégré de Colibiné (ORDIC):
ORDIC avec l‟appui de sa diaspora qui réside en France, a tissé un partenariat avec la
Coopération Française, Le Jardin de Cocagne, l‟Union Européenne, et la Fondation
Micalane. Les principales activités de cette association sont : l'éducation (alphabétisation des
filles, construction d‟écoles), la réalisation de forages et la mise en place des banques de
céréales pendant les périodes de soudures.
Cette association sert de relais aux diasporas de neufs villages voisins du village Kolibiné
pour la mise en œuvre des activités de développement (caisse d‟épargne, forage, campagne
de sensibilisation pour la scolarisation des filles, etc.).
Association Guèmè Kafo:
Celle-ci signifie « Aide au milieu d‟origine » et bénéficie des financements des communes
françaises (Paris XIVème) dans lesquelles résident ses ressortissants, en plus des
cotisations de ces derniers. Par le biais de ceux-ci, l‟association a reçu un apport financier
pour la réalisation des projets comme, la construction de trois (3) salles de classe et un
logement pour les enseignants en 2000-2001; la réalisation d‟une banque de céréales pour
les plus démunis de la communauté. Elle a aussi financé la réalisation de quatre (4) pompes
d‟eau; l‟aide technique et financière aux femmes dans le jardinage en 2006, la construction
d‟un Centre de Santé Communautaire (CSCOM) inauguré le 02 février 2008.
Cette association travaille en réseau avec les associations des jeunes de quatre (4) villages
qui sont Djankonè, Tringa Marena, Dialaka, et Tringa Lambantra. Il faut signaler que ces
associations font participer leurs jeunes dans les travaux de construction et le financement
vient généralement de la diaspora de ces communautés. Les partenaires sont les mairies
des communes. Les avantages d‟une telle coopération, résident dans la gratuité de la main
d‟œuvre, le renforcement de la cohésion entre les différentes communautés voisines.
Les seules difficultés que rencontre l‟association sont le manque de suivi des projets
exécutés et le manque de soutien technique et financier même en cas de manifestation de
volonté de suivi de ces projets.
Inter Périmètres Irrigués Villageois (INTERPIV):
Cette association de Kabaté née en 1999, est constituée d‟un réseau de neuf (9) villages
soninké, elle s‟occupe d‟irrigation et de soutien aux activités de maraîchage des femmes des
communautés concernées. Elle adopte dans un premier temps un plan d‟observation de la
nécessité d‟irriguer des périmètres, et dans un second temps, elle appuie les activités des
44
périmètres déjà irrigués et tout cela grâce à l‟appui financier de ses ressortissants résidant
en Europe (France et Espagne principalement) ainsi qu‟en Afrique Centrale.
Cette diaspora d‟Europe s‟appuie le plus souvent sur les mairies des communes où elle
réside pour traduire, et montrer la pertinence de leurs projets auprès de ces autorités, afin
de tisser avec elles un partenariat en vue d‟obtenir une assistance le plus souvent financier.
Association Maré Magou:
L‟association créée en 1988 est l‟une des plus anciennes de la région. Elle se focalise sur le
développement de Tringa Marena à travers des activités comme la construction d‟un
château d‟eau en 1997, de pompes d‟adduction d‟eau potable, de robinets de jardinages
Ces travaux sont financés par la diaspora de la communauté résidant majoritairement en
France qui travaille en partenariat avec les autorités municipales des communes françaises
et coordonne ses actions avec les membres du comité villageois. Il serait important de
signaler que l‟association est en partenariat
avec l‟ADG qui, propose des projets de
développement notamment dans le cadre de l‟éducation et de l‟implantation des banques de
céréales etc.
Association des Ressortissants de Dialaka:
Cette association des ressortissants de Dialaka existe aussi au niveau de la Commune,
représentée par la jeunesse qui porte le même nom. Elle a réalisé des travaux pour le
développement communautaire comme la réalisation d‟un barrage avec l‟appui financier de
sa diaspora, d‟un château d‟eau, la réalisation de caniveaux pour empêcher la stagnation de
l‟eau pendant l‟hivernage, l‟installation de pompes d‟eau, l‟assistance aux femmes de la
communauté dans les activités maraîchères, la construction de salles classes cofinancée par
le projet APPUI (une structure anglophone selon les sources). La main d‟œuvre pour la
réalisation de tous ces travaux est la jeunesse de la communauté appuyée par celle d‟autres
communautés comme c‟est le cas très souvent, tandis que la participation de la diaspora est
financière.
Outre celles-ci, l‟étude s‟est intéressée également aux associations issues de l‟organisation
de réfugiés et d‟expulsés, et plus particulièrement aux associations maliennes issues de la
grande crise Ivoirienne. Dans le contexte actuel de gestion de plus en plus répressive des
politiques migratoires, ces structures seront vraisemblablement amenées à se multiplier et
les pouvoirs publics ne peuvent l‟ignorer.
La guerre de la Côte d‟Ivoire dirigée spécialement contre les ressortissants du Nord, en
majorité d‟origine Malienne et Burkinabé a engendré un flux de refugiés en son temps au
Mali. La majorité de ces refugiés étant d‟origine malienne, ils se sont intégrés dans la
45
société. Suite à cela, une multitude d‟associations de réfugiés a vu le jour. Elles ne sont pas
des associations de la diaspora, mais elles ont quand même leurs spécificités. Leurs actions
sont
humanitaires, mais aussi de développement. Leurs partenaires sont surtout les
services techniques de l‟état dont la DGME, les organisations internationales humanitaires et
des droits de l‟homme. Voici en détails les partenariats que quelques unes des associations
des Maliens rapatriés de la Côte d‟Ivoire ont tissés :
Association des Maliens Expulsés (AME):
Cette association est membre d‟un réseau de soutien des sans papiers et des expulsés,
notamment en France (Droit devant, la Cimade, Réseau Educations Sans Frontières),
Migreurop (Réseau d‟Observation des Flux Migratoires) avec son siège en Italie, la
Coordination des Sans Papiers (CSP) de Montreuil.
En Espagne (Association Pour les Droits de l‟Homme en Andalousie) qui informe rapidement
l‟AME des expulsions en cours et suivent les dossiers ensemble. Au Mali, l‟AME, en plus de
ces acteurs au développement, est en partenariat avec le Ministère des Maliens de
l‟Extérieur et de l‟Intégration Africaine, le Ministère de Développement Social et de la
Solidarité avec les Personnes âgées, le Ministère du transport (dans le cadre de la
collaboration avec le personnel de l‟aéroport du Mali, qui avertit l‟AME de l‟arrivée des
migrants), le Ministère de l‟Intérieur et de la Protection Civile, et l‟Assemblée Nationale. Les
principales activités de cette association sont l‟accueil, l‟hébergement temporaire des
expulsés et leur réinsertion socio économique.
Association des Maliens Rapatriés de la Côte d’Ivoire (AMRCI):
Elle est appuyée dans ses activités (AGR, formation en coupe couture, école pour les
enfants des rapatriés) par le Ministère de la Promotion de la Femme de l‟Enfant et de la
Famille, le Ministère de l‟Emploi et de la Formation Professionnelle, du Fond de la Solidarité
Nationale. Elle n‟enregistre pas la coopération d‟Organisation Non Gouvernementale.
Coordination des Associations des Maliens Rapatriés de la Côte d’Ivoire (CAMRCI):
Quant à elle, a un partenariat avec Open Society Justice (ONG Anglaise), permettant la
participation de l‟association à la conférence sur les droits des migrants tenue à Abuja, le
Mouvement pour la Paix, le Développement et la Liberté (MPDL, une ONG Espagnole basée
à Bamako) pour les activités éducatives des enfants rapatriés, l‟Organisation Internationale
pour les Migrations (OIM- Bamako) pour l‟appui de forme générale aux projets présentés,
AMNESTY International dans la lutte pour la défense des droits de l‟association.
Association des Jeunes Maliens Rapatriés de la Côte d’Ivoire (AJMARCI):
46
Elle a tissé un partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et du Sport, le Ministère de
l‟Emploi et de la Formation Professionnelle, du Fond de la Solidarité Nationale. Elle ne
bénéficie pas de la collaboration d‟Organisation Non Gouvernementale (ONG). Sa principale
activité est la réinsertion économique des jeunes maliens rapatriés de la Côte d‟Ivoire.
Association des Femmes des Maliens Rapatriés de la CI :
Cette association a été crée pour permettre aux femmes des rapatriés de communiquer et
d‟échanger des difficultés quelles rencontrent.L‟association est en partenariat pour la
promotion de la réinsertion socio-économique des femmes des rapatriés avec le Ministère
pour la Protection de la Femme de l‟Enfant et de la Famille, le Ministère de l‟Emploi et de la
Formation Professionnelle, l‟Agence Nationale pour la Promotion de l‟Emploi (ANPE), la
Coordination des Associations des Maliens Rapatriés de la Côte d‟Ivoire.
Les activités de l‟association se concentrent sur l'appui aux Activités Génératrices de
Revenus.
Au total, les partenariats avec d‟autres associations de développement locales restent faibles
et ponctuels, cantonnés à des aspects souvent très techniques. Et lorsque de tels
partenariats existent, la contribution des ressortissants est essentiellement financière. Pour
autant un certain nombre d‟ONG de développement local ont une expérience importante
d‟accompagnement et de partenariat auprès des associations de ressortissants et de leurs
relais dans les régions d‟origine.
2. Les partenariats entre associations de migrants et ONG de développement
local
Parmi les plus importantes ONG œuvrant aux côtés d‟associations de migrants, on
dénombre:
Le GRDR (Groupe de Recherche sur le Développement Rural) est l‟une des plus anciennes
ONG d‟accompagnement des associations de migrants dans l‟élaboration et la mise en
œuvre de projets de développement villageois. 29
Le GRDR à Kayes a pour vocation principale d'appuyer techniquement des projets des
migrants et de faciliter la concertaion et la collaboration avec les autorités locales. Il
accompagne des projets en collaboration avec les communes françaises, leurs bailleurs, et
les migrants tels la construction de centres de santé et d‟écoles. Le programme PIMEDERO
(Programme d‟Intégration des Migrants pour le Développement de leur Région d‟Origine) en
29
Pour une analyse historique du GRDR cf C. Daum, Les associations de maliens en France, Karthala,
Paris 1998
47
est l‟un des exemples qui a permis la construction de salles de classes, des centres de
santé, d‟infrastructures d'assainissement, etc.
L'ADG - Association pour l‟Appui au Développement Global (ADG) - est une ONG nationale
de développement basée à Kayes œuvrant principalement dans les secteurs de la santé, de
l‟éducation et de l‟agriculture. L‟ADG élabore les projets de développement et les soumet
aux communautés. Après approbation, celle-ci s‟appuie sur sa diaspora pour le financement.
Cette association collabore avec les associations des migrants ressortissants des villages
environnants de Kayes. Ces ressortissants résident en France, en Espagne et en
République du Congo. L‟appui de la diaspora française vient des cotisations des membres
de l‟association, mais aussi des communes des villes françaises où résident ces migrants.
Quant à celles de la République du Congo et de l‟Espagne leurs actions dans leurs villages
d‟origine sont financées uniquement avec les cotisations.
Pour le moment, l‟apport des associations de diaspora à cette ONG se limite à l‟appui
financier dans la réalisation des activités d‟éducation, de santé et d‟agriculture. L‟ADG d‟une
part, élabore des projets principalement dans les domaines de la santé, de l‟éducation etc.
Et d‟autre part la communauté sollicite ponctuellement, selon les cas qui se présentent, la
participation de l‟ADG dans la gestion scolaire, la distribution des vivres, le suivi des travaux
effectués (forages, maraîchage...).
Les responsables de l‟ADG font le constat que dans la région de Kayes pratiquement
chaque village a ses ressortissants en France et dans plusieurs pays de l‟Afrique Centrale.
Ceux-ci forment une association ente eux et limitent leurs actions dans leurs villages
respectifs. Cette situation peut, selon les responsables,
engendrer des réalisations
individualistes qui ne sont pas prioritaires, comme le montre le cas de la construction de trois
écoles dans trois villages de Tringa Marena.
ADER – Association pour le Développement Economique Régional – crée en 1994 a pour
objet la réduction de la pauvreté par l‟intégration des populations défavorisées. Elle œuvre
parmi ses champs d‟action pour l‟amélioration de l‟habitat dans des quartiers spontanés de
Bamako et dans la région de Kayes. C‟est dans ce cadre qu‟a été initié depuis quelques
années un programme avec des associations de migrants maliens pour soutenir et orienter
l‟investissement des migrants dans la promotion d‟un habitat de qualité à moindre coût.
L‟originalité de ce programme est qu‟il s‟adresse à de nouvelles entités (de type associatif ou
coopératif) autre que l‟association villageoise, conciliant une logique économique, par
l‟investissement privé, le soutien au secteur des entreprises de construction en matériaux
48
locaux, les GIE d‟électrification solaire, et une logique éthique et solidaire. Cette évolution
suit celle du mouvement associatif, porté notamment par les plus jeunes, pour un intérêt
croissant au développement d‟activités économiques génératrices de revenus.
Les programmes spécifiquement adressés aux jeunes migrants ou d‟origine immigrée
souhaitant s‟investir au Mali restent à ce jour relativement faible, en dehors de quelques
initiatives telles que celles portées par le Groupement d’Echanges de Recherche, la
Formation pour l’Action au Co-développement (GERFAC) soutenue par la fondation Léo
Lagrange, le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Celui-ci organise des séjours
d‟échanges entre jeunes français et jeunes maliens autour de chantiers de solidarité
(construction de salles de classe, maison d‟alphabétisation des femmes) ou de stages
professionnels. La question du relais générationnel reste un enjeu majeur au sein du milieu
associatif du co-développement au Mali.
3. Des interlocuteurs potentiels pour les groupes de diasporas
Au Mali, certains acteurs du développement « classique » sont déjà des interlocuteurs de la
diaspora. L‟étude a aussi permis d‟identifier un certain nombre d‟organisations intéressées
par des collaborations futures et les raisons de cet intérêt.
L‟Union Régionale des Coopératives Agricoles de Kayes (URCAK)
Elle a été créée par des immigrés qui se sont installés au bord du fleuve pour créer les
Coopératives Agricoles Multifonctionnelles (son premier nom) en 1970. Les activités de
l‟URCAK ne se concentrent pas que sur l‟appui technique à apporter aux Maliens de la
diaspora de retour, elle organise aussi un système de vente des produits cultivés tel que
l‟oignon pour servir le marché dans le cadre des activités génératrices de revenus. Elle tisse
des relations de partenariat avec les autres structures comme l‟Association Malienne pour la
Promotion du Planning Familial (AMPPF), la Radio rurale, l‟Agence pour la Promotion de
l‟Emploi des Jeunes (APEJ, Agence de Kayes), le Ministère de l‟Emploi et de la Formation
Professionnelle, le Groupement d‟Intérêt Economique (GIE) Wagadou.
L‟URCAK se trouve dans plusieurs communautés de la région comme Samaguidi Koura,
Sobokou.
Il trouve qu‟une future collaboration avec les groupes de diaspora ne peut qu‟améliorer les
champs d‟activités de part et d‟autre, car il suppose que les membres de l‟URCAK sont les
acteurs les mieux placés dans la compréhension des idéaux des immigrés, vu qu‟ils sont
passés par la même expérience.
49
Enda Mali
Enda Mali a été créé en 1987. Nous avons signé avec le gouvernement du Mali en 1995 un
accord-cadre qui confère à Enda Mali, le statut d‟ONG nationale. Sa mission, similaire à celle
d‟Enda tiers monde est de lutter contre la pauvreté et de promouvoir une citoyenneté
plurielle. Ses principaux groupes bénéficiaires sont : les enfants en situation difficile (ESD),
les enfants et jeunes travailleurs (EJT), les associations de développement de quartier
(ADQ), les filles/femmes et les communautés rurales.
Il mène ses activités à travers cinq programmes :
 le programme Santé
 le programme d‟accompagnement des groupes défavorisés ;
 le programme d‟accompagnement des initiatives locales de développement ;
 le programme Education alternative et alphabétisation ;
 le programme formation professionnelle et d‟appui aux activités génératrices de
revenus.
Après plus de quinze ans d‟expérience sur le terrain, Enda mali fait partie des leaders en
matière d‟accompagnement des enfants en situation difficile, d‟appui aux initiatives locales
de développement, d‟alphabétisation et de promotion de la santé reproductive. Nous
participons au plan national et international à l‟animation des nombreux réseaux relatifs à
ces thématiques.
Les antennes d‟Enda Mali existent à Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti et le District de
Bamako., Gao. L‟Expérience d' Enda Mali dans la gestion des projets dans plusieurs
domaines y compris relevant du thème de la migration, sa présence à travers ses différentes
antennes dans 6 régions du Mali notamment à Kayes, font d‟elle une interlocutrice potentielle
de la diaspora.
Le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) Sema Saniya, est une structure créée en
1994, qui s‟occupe de l‟assainissement de Faladiè Sema (un quartier de la commune VI de
Bamako). A la base, c‟est une initiative de jeunes diplômés sans emploi qui se sont
regroupés, pour créer le GIE et ont bénéficié de subventions du Ministère de la Formation
Professionnelle. .
Une future coopération entre cette association et les diasporas sera fructueuse dans la
mesure où l‟association intervient dans l‟assainissement de la ville de Bamako.
L'Association pour l’Education et la réinsertion des enfants défavorisés (ASLAD) se
situe à Mopti, elle a été créée en 1998. Les principales activités sont entre autres :
l‟éducation, la formation, la réintégration et la réunification familiale.
50
Les attentes du responsable de la structure se situent dans l‟attribution des lots à usage
d‟habitation pour faciliter leur retour et aussi la création des instituts d‟éducation et de
socialisation des enfants.
V. Capitalisation des initiatives : études de cas de
partenariats existants

Le programme PADDY: Le Programme d’appui au
développement durable de Yélimané
Ce programme, est le résultat de la conjugaison des efforts de la population locale et de
l‟investissement des ressortissants du cercle de Yélimané en France (l‟ADCYF) avec l‟appui
de la Ville de Montreuil. C‟est la Commune de Yélimané qui est en charge de ce projet.
Après la visite à Yélimané d‟experts français et vietnamiens - le Vietnam étant également
jumelé à Montreuil - le gouvernement du Mali a souhaité collaborer avec ce dernier. Cette
collaboration aura pour but la mise à disposition d‟experts et de techniciens vietnamiens. en
vue de la mise en œuvre du programme spécial pour la sécurité alimentaire PSSA, dans le
cadre des accords de relations privilégiées de coopération de la Mairie de Montreuil et de la
Province de Hai Duong au Vietnam. Afin de faciliter le financement du programme par les
partenaires du nord, l‟association française d‟appui à la région de Kayes (AFAK) a été créée
en août 2005, cette association regroupe des collectivités territoriales, des organisations de
solidarité internationale, des associations de migrants, des entreprises privées et des
personnes physiques qui souhaitent apporter leur appui au développement de la région de
Kayes.
L‟originalité du programme tient à la place privilégiée qu‟occupe les associations de
ressortissants maliens : alors que dans la plupart des autres programmes de coopération
décentralisée leur rôle se cantonne à celui d‟initiateur de la démarche auprès de la
collectivité au Nord et / ou de bailleur, les associations de migrants sont partie prenante du
PADDY à tous les niveaux. Bailleurs au même titre que la collectivité de Montreuil, que la
FAO et que l‟ensemble des coopérations nationales présentes dans le projet, les membres
de l‟ADCYF participent à toutes les missions et jouent pleinement leur rôle de médiateurs
entre la collectivité de Montreuil et les collectivités locales au Mali, en permettant au
renforcement institutionnel de ces dernières. La participation à ce vaste programme a aussi
en retour contribué à renforcer l‟organisation des associations de ressortissants maliens
dans le cadre de l‟Association du Cercle de Yelimané de France, aujourd‟hui basée à
51
Montreuil et à articuler les différents niveaux d‟action, de l‟échelle villageoise – niveau
d‟action traditionnel de ces associations – à une compréhension renforcée du contexte
national et international via l‟implication des coopérations vietnamiennes, brésiliennes,
vénézueliennes. Conscients de ne pas être les seuls acteurs en présence, ces associations,
qui souvent jouissent d‟une très forte légitimité dans leur village d‟origine,
font
l‟apprentissage de la négociation et du compromis permanent auprès des communautés et
des autres partenaires.
Ils n‟hésitent pas non plus à activer leurs anciens et nouveaux réseaux pour contourner
certains obstacles estimés trop « bureaucratiques » et continuer à œuvrer concrètement
pour le développement des régions d‟origine. Ainsi le programme Paddy comprend aussi un
volet « adduction d‟eau et assainissement » qui tarde aujourd‟hui à déboucher sur ces
actions concrètes. Cela n‟a pas empêché certaines associations membres de l‟ADYF de
faire appel à des partenaires pour mettre en œuvre des activités concrètes localement. C‟est
le cas du village de Lakanguémou
dans lequel un projet d‟adduction d‟eau et
d‟assainissement a été initié depuis 2008.

Projet d’adduction d’eau potable et d’assainissement dans le
village de Lakanguémou. Un partenariat Eau de Paris /
association de ressortissants / SIAAP / ENDA
Lakanguémou est un village d'environ 4000 habitants situé dans la Commune de Kirané
(cercle de Yelimané – région de Kayes). A l‟instar de la plupart des villages de la région, les
migrants ont financé eux-mêmes l‟installation de la plupart des infrastructures de base :
école, centre de santé, mosquée, …. Ils ont fait appel en 2007 à Eau de Paris et au SIAAP
(Syndicat Interdépartemental d‟Assainissement de l‟Agglomération Parisienne) pour
construire un château d‟eau et réaliser les installations en assainissement. Enda a été
chargée de la partie accompagnement social
du projet. C‟était la première fois que
l‟association était amenée à faire appel et à travailler dans la durée avec ces différents
partenaires. Après de débuts incertains, chacun a finalement été amené à définir sa place
spécifique dans la réalisation des activités. Cette expérience est donc instructive pour la
juste compréhension des enjeux de partenariats entre associations de migrants et autres
acteurs de développement et de leurs apports spécifiques pour la bonne conduite du projet.
Tout d‟abord cette expérience témoigne de la force de proposition que peuvent représenter
les ressortissants au sein du village et de leur capacité à mobiliser les populations sur des
thématiques souvent négligées par les populations voire même les autorités locales dans
52
ces régions. En effet, nombreuses sont les associations à attacher une importance
particulière à l‟adduction d‟eau – un enjeu essentiel dans ces zones arides – en tant que
celle-ci est inséparable de l‟assainissement et de la sensibilisation à l‟hygiène et à la santé.
Si les ressortissants sont au fait des besoins de base de leurs villages et se mobilisent en
fonction de ces besoins, ils n‟en résident pas moins en Europe et travaillent même parfois
dans les secteurs de l‟assainissement, liquide ou solide.
Les ressortissants peuvent ainsi jouer, du fait de leurs contacts étroits et quotidiens avec les
populations, de leur statut souvent prestigieux auprès des communautés, un rôle de
sensibilisation essentielle. Les acteurs ayant déjà une expérience de travail auprès de ces
associations, témoignent de l‟importance de cette préparation préalable des populations,
sans laquelle la réalisation des activités s‟avère beaucoup plus problématique. Cette
sensibilisation se fait non seulement au début mais aussi tout au long du projet. Ce rôle de
facilitation / sensibilisation ne doit pas être confondu avec celui d‟accompagnement et
d‟ingénierie sociale prise en charge par l‟ONG. L‟imbrication très forte des migrants dans le
jeu d‟interactions sociales et communautaires du village rendrait sans doute problématique,
voire conflictuelle, une telle attribution. Néanmoins le rôle de médiation et de facilitation
continue, portant aussi bien sur des activités de traduction entre les partenaires
« extérieurs » et les populations que la gestion de conflits ponctuels au sein même de la
communauté s‟avère très précieux. Malgré l‟âge déjà relativement avancé de ces
ressortissants, à la retraite pour la plupart, leur expérience migratoire les rend
particulièrement attentifs à la mobilisation, y compris économique, de certains groupements,
en particulier les jeunes. A Lakanguémou les membres de l‟association ont ainsi veillé à ce
que les jeunes du village s‟organisent et occupent une place motrice dans le comité de
gestion de l‟eau mis en place par Eau de Paris au début du projet.
En France, les membres de l‟association ont des échanges téléphoniques quotidiens avec le
village ; ce qui permet un suivi bien plus rapproché des évolutions que les autres partenaires
n‟en ont la possibilité à travers les missions ponctuelles. La pleine implication des
responsables d‟associations dans les échanges entre différents partenaires du projet permet
donc une remontée d‟informations importantes pour la bonne compréhension des enjeux
locaux, la préparation des missions, et donc plus largement la bonne conduite des projets.
Ces expériences sont significatives du rôle positif et concret que peuvent potentiellement
jouer les associations de migrants dans l‟amélioration des conditions de vie des
communautés aux différents stades de réalisation des activités. Les expériences montrent
53
que c‟est paradoxalement lorsque les ressortissants ne sont pas pleinement associés ou
cantonnés à un strict rôle de bailleurs qu‟ils peuvent faire obstacle à l‟avancée des projets,
du fait de leur place très importante parmi les populations bénéficiaires des activités. Au-delà
des strictes compétences techniques, ce positionnement particulier des migrants et de leurs
associations peut donc devenir un atout pour l‟ensemble des acteurs, à condition d‟être bien
compris et valorisé par chacun d‟entre eux dans le cadre du partenariat.
VI.
Les principaux obstacles actuels au développement de
partenariats et recommandations
1. Les principaux obstacles
La coopération association de diaspora- acteurs au développement connaît des difficultés.
Elles sont notamment :

La grande négligence administrative entraînant toute sa lourdeur, qui se traduit par
un manque de cohésion entre les activités des associations et les institutions
concernées. Les responsables des associations disent « sentir un accompagnement
théorique et au moment de la pratique c'est-à-dire le financement ou l‟exécution des
engagements des institutions, il ne se passe rien ». Cette problématique est le
résultat d‟un manque de précisions dans les missions et prérogatives assignées à
chaque institution, ce qui entraîne une fuite de responsabilité dans l‟imprécision.

Le manque de stratégie nationale et de répertoire pour les migrations mettant de ce
pas les associations dans une impasse (ne sachant pas souvent à qui s‟adresser)

La passivité des institutions comme le Haut Conseil des Maliens de l‟Extérieur dans
sa collaboration avec les associations de diaspora..

Le manque de partenaires techniques et financiers ; ce qui freine souvent les
activités des associations (cas de payement de la location de l‟Association des
Maliens Rapatriés de la Côte Ivoire ou nécessité de rénover le véhicule de liaison de
l‟Association des Maliens Expulsés).
2. Recommandations
54
L‟équipe d‟évaluation, au regard des entretiens, des attentes, avis et observations tant avec
les responsables des associations et structures responsables des migrations sous toutes ses
formes, fait les recommandations suivantes :
1. Mécanismes d’informations et de dialogue à mettre en place entre acteurs de
développement et groupes de diaspora :
 Il serait important dans ce cas précis d‟instaurer un système d‟information qui puisse
mettre et les acteurs de développement et les groupes de diaspora au même niveau
d‟information. Et cela pourrait être possible par la création sur Internet d‟une page
web, qui fournira un grand nombre d‟informations sur l‟historique des groupes de
diaspora, les exemples de coopération acteurs de développement et associations de
diaspora, la future stratégie nationale sur la migration, un répertoire disponible des
associations de diaspora existant dans le pays etc.
 La nécessité de tisser un partenariat avec les médias publics et privés (les chaînes
de télévision, radios, et journaux) pour une facile diffusion des différents messages.
 La nécessité d‟existence du référent national, chargé du suivi, de l‟écoute des
associations de diaspora, et de la gestion des problèmes auxquels ils auront à faire
face ; cela pourrait être plus manifeste à partir de l‟organisation des rencontres ou
réunions bihebdomadaires, ou mensuelles pour statuer sur les situations et créer
une symbiose d‟actions complémentaires
2. Cadres et domaines prioritaires de collaboration que les acteurs de
développement devraient proposer aux diasporas :
 La
nécessité
d‟élaboration
d‟une
stratégie
nationale
par
les
acteurs
au
développement et les associations de diaspora pour la migration, répondant aux
aspirations et exigences de chaque acteur concerné, qui pourrait être sans doute un
socle pour les activités futures sur la migration dans tous ses aspects.
 Les institutions gouvernementales et autres partenaires au développement pourraient
élaborer un programme de formation professionnelle dans le cadre de la réinsertion
économique ; organiser des séances de travail avec les responsables des
associations pour les appuyer dans leurs activités (programme de construction de
salles de classes, de centres de santé, de caisses d‟épargne, d‟activités génératrices
de revenus etc.)
55
3. Amélioration les dispositifs institutionnels ou non gouvernementaux de
valorisation des compétences et des actions issues de la diaspora et de
promotion des partenariats avec d’autres acteurs:
 La mise en place d‟une commission constituée des représentants du ministère
chargé des questions des migrants, des acteurs au développement, de la société
civile et des groupes de diaspora qui fonctionnera conformément à la future stratégie
nationale adoptée par toutes les parties concernées. Ceci dans le but de concrétiser
les résolutions adoptées par celle-ci. Elle se réunira selon un calendrier qu‟elle
établira pour échanger, analyser les actions des diasporas qui peuvent être
mobilisées pour le développement des différentes régions du Mali. Cette commission
se chargera également de la mobilisation des compétences et des actions issues de
la diaspora pour ensuite les exposer aux acteurs de développement.
 La commission doit impliquer les medias dans les différentes campagnes
d‟information et de sensibilisation sur la migration et les actions de la diaspora
CONCLUSION
A la lumière de cette étude le co-développement apparaît incontestablement comme vecteur
de développement dans les nouvelles relations de coopération entre, pays du Nord et pays
du Sud. Ce concept si on se tient à une des ses définitions, est « toute action d‟aide au
développement, quelle qu‟en soit la nature et quel que soit le secteur dans lequel elle
intervient, à laquelle participent des migrants vivant en France, quelles que soient les
modalités de cette participation. Celle-ci peut intervenir à une ou plusieurs étapes du projet :
conception, étude de faisabilité, financement, réalisation, évaluation ». A côté des apports
financiers déjà importants destinés essentiellement à l‟amélioration des conditions de vie de
leurs proches , aujourd‟hui on parle d‟expertise , d‟étude de marché , d‟investissement dans
des projets de développement tout en ne niant pas les anciennes pratiques de solidarité
des migrants envers leurs villages d‟origine . Dans les perspectives de l‟étude Diapode, il
est souhaitable que l‟ensemble des composantes de la constellation Enda mais aussi de
ses partenaires divers
ciblent, dans une perspective plus opérationnelle les possibilités
concrètes et stratégiques d'appui et de conslidation de cette dynamique.
Principales références bibliographiques
1.OUVRAGES GENERAUX
56
Daum Christophe, 1998, : « Les associations maliennes en France : migration ,
développement et citoyenneté , éditions karthala , Paris , 253.
Christophe DAUM « Les migrants, partenaires de la coopération internationale : le cas des
Maliens de France » Ed. Centre de développement de l’OCDE , 1995.
Catherine QUIMINAL « Gens d’ici, gens d’ailleurs », Ed. Christian Bourgeois, 1991 ;
Fweley Diangitukwa, 2008 , « MIGRATIONS INTERNATIONALES,
CODÉVELOPPEMENT ET COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE », 288 pages.
Insitut Panos Paris 2005, : D’un voyage a l’autre des voix de l’immigration pour un
développement pluriel, édition institut panos , 303 pages.
Lopez, R., Temine, E, 1989, Histoire de migration à MarseilleVol.II , Edisud, Aix en
Provence
2.REVUES SCIENTIFIQUES
Christophe Daum 1998 MIGRANTS ET SOLIDARITÉS NORD-SUD ,dossier conçu avec le
CCFD, N°1214 - juillet – août
Xavier Denian, Migration et développement au Mali, Assemblée nationale, Paris, 1996
Daouda GARY-TOUNKARA : "Quand les migrants demandent la route, Modibo KEITA
rétorque : "Retournez à la terre!". Les Baragnini et la désertion "du chantier national"
(1958-1968)", Mandes Studies, n° 5, 2003, p.49-64
Sous la direction de Catherine Quiminal et Mahamet Timera : « Africains , citoyens d’ici et
de là- bas » , revues hommes et migration N° 1239, septembre octobre , 2002 , 152
Seydi Ababacr Dieng " Le comportement financier des migrants
France », Revue d'Economie financière, date?, p. 103-134.
maliens et sénégalais en
INSEE, 2001, “Les femmes immigrées en PACA”, SUD INSEE stats, N° 117, INSEE,
Marseille.
3 TRAVAUX DE RECHERCHE D’EQUIPES UNIVERSITAIRES
Laboratoire de SEDET-Université Pari VII, DRAFT : Le Mali et ses migrants (1968-1991),
, novembre 2006, 15 pages.
Yaya SY, « Les associations villageoises soninké en France (A.V.S.F.)
(Leur rôle dans la dynamique associative en France et le développement des villages
d'origine). Universté : René Descartes Panthéon-Sorbonne
4. PRINCIPAUX SITES VISITES
Site de l’ACSE Paca : http//www.lacse.fr
57
Site : http//www.co-développement . org
Site ADEM France : http://www.ademfrance.org/
Site de FAMA :http://www.groupefama.org
Site de Africacultures : http//www.africaculture.org
Site association malienne des expulsés : http://www.expulsesmaliens.org/
Site la diplomatie française :http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
Site ambassade France au Mali : http://www.ambafrance-ml.org/;
ANNEXES : Grilles d'entretiens et liste des associations enquêtées
LISTE DES ASSOCIATIONS ENQUETEES
Nom de l’association
Objectifs
Contacts
Alliance Mali
Contribuer au développement
socio économique du Mali,
organiser et mobiliser les
membres autour d’activités
divers à l’ endroit des
populations démunis au mali,
favoriser la collaboration entre
les populations et les autres
associations maliennes et
françaises
Madame Diarra
Présidente
Association de Marseille
à Bamako
Association de Marseille à
Bamako a pour but de
promouvoir les arts et la culture
traditionnelle
malienne, de dynamiser le
quartier de Djikoroni Para
Troukabougou, de
démontrer la qualité des
enseignements traditionnels de la
Maison des Arts
de Bamako, de récompenser les
élèves et professeurs du centre de
formation de la Maison des Arts,
de rappeler constamment
l’importance et
le rôle social et culturel de la
femme au sein de la société
malienne comme
au sein de la Maison des arts de
Bamako où la parité sexuelle est
de mise.
Association De Marseille à
Bamako
MMA Denis Papin
13015 Marseille
Présidente
[email protected]
quartier de
Djikoroni Para
Troukabougou,
Bamako
Association Benkadi
Association de femme malienne
à Marseille développe des
activités liées principalement à
l’intégration de ses membres.
Ces activités festives permettent
de maintenir le lien sociale set
Madame Diarra
Secrétaire générale
Marseille
Zone
d’intervention
au Mali
Périphérie de
Bamako
58
CPD Cellule Pour le
Développement
ADEM association des
diplômés et étudiants
maliens en France
Association pour le
développement de
Djafarabé
A.D.V.S. Association
pour le Désenclavement
du Village de Sobokou
FAMA(fonds d’aide
Malien)
certaines pratiques des collecte et
de financement d’activité
lucrative notamment la tontine .
Favoriser l’insertion
professionnelle des membres de
l’association, Améliorer le
système éducatif malien,
Participer au développement
socio-économique du Mali. Aider
les nouveaux étudiants maliens
en France, tenir des
débats/conférences/colloques,
partenariat avec d’autres
associations en vue d’une action
commune, mettre en place une
solidarité et un échange entre les
étudiants (maliens ou non
L’ADEM favorise l’intégration
et l’action des maliens en France
et au Mali. Les actions ADEM
France ont pour but l’insertion
des diplômés , étudiants et cadres
maliens souhaitant réintégrer la
vie économique et sociale au
Mali par le dialogue et la
concertation avec les autorités
compétentes maliennes et
française.
L’objectif de cette association
créée par un médecin d’origine
malienne est d’encourager la
solidarité par un apport matériel
et professionnel au niveau de la
santé et à long terme s’investir
dans des projets de
développement pour mieux
harmoniser santé et
développement économique et
social .
Objectifs à moyen terme et long
terme : Limiter l’exode des bras
valides vers d’autres régions,
d’autres pays et d’autres
continents, en proposant un
travail, ou une formation.
Trouver un moyen de
communication entre le migrant,
et le reste de la famille au village
Le Fonds d'Aide Malien (Groupe
FAMA) est une association de
solidarité internationale qui se
veut de participer activement au
développement du Mali et de
l'Afrique en générale en
apportant son soutien technique,
logistique et financier aux
initiatives locales. Créé en 2008,
le Fonds d'Aide Malien se veut
de
Président Amadou Koné
Lyon, Valence,
Grenoble,
Bamako
France Mali
Docteur Koné Président
Mali
Saounaré Sékou président
France Mali
Cheick Oumar Diallo
président
Bamako
59
Association des étudiants
maliens de Grenoble
Association Caravane du
coeur
promouvoir le développement du
Mali en adoptant des méthodes
novatrices d'organisation, de
communication et d'action. Cela
passe notamment par l'actionterrain au Mali et l'ouverture de
sections dans
La création et de cet association
émane d’un groupe d’étudiants
maliens à Grenoble pour
maintenir le lien social entre eu
et favoriser le développement
personnel mais également celui
du Mali au niveau de l’éducation
en priorité. Favoriser également
des échanges universitaires
entres celles de Grenoble et
l’université de Bamako.
L’objectif de l’association est de
soutenir des projets de
développement tant au niveau de
l’éducation, de la santé qu’au
niveau du développement
socioéconomique dans le Nord
du Mali. Tourisme solidaire
Issiaka Koné Président
France , Mali
Moussa Ag Assarid
président
Gao , Mali
Grilles d'entretiens avec les associations de migrants de l'agglomération de
Marseille
60
. Informations générales sur l’association en France
Code de l’association :
Date de
l’enquête……………………………………………………….
Nom de l’enquêteur : BERTHE
SENE
Adresse de l’association
………………………………………………………………………………………………………
………….
Arrondissement………………………………………..
I/ Identification
Nom
Date de création
Nombre de membres
Organigramme du bureau
Niveau scolaire des membres du bureau et la situation socioprofessionnelle
II/Statut ou raison sociale
Modalité des réponses
Nature
1Mission
But
Objectifs à moyen terme et long terme
Obectif à cours terme
Ressources
1- Cotisation Subventions Autres à préciser
Adhésion :
Périodicité :
Nombre d’adhérents :
Les partenaires autres financiers
RELATIONS ET REALISATIONS DE L’ASSOCIATION
QUESTIONS
MODALITES DES REPONSES
Avez vous des partenaires ici , au 1- Oui
2- Non
Mali ?
Quelle est la nature de votre
1- Expertise
3- Recherche de partenaires
partenariat au Mali
2-Participation financière
4- Autre à préciser
Travaillez vous avec les autorités
locales ? si oui lesquelles ? Ontelles une influence dans la gestion
et /ou la réalisation du projet ?
les autres partenaires locaux
(associations de développement et
autres associations de migrants ,
institutions financières, centres
d’expertise divers…)
61
Qui a défini les secteurs
d’activités du partenariat et
comment s’est mis en place le
partenariat (démarche spontanée
de l’association ou sollicitée)… ?
Dans quelles circonstances les
décisions sont elles prises ?
(cadres de concertations entre les
partenaires)
Quelles sont les réalisations
QUESTIONS
Avez vous mis en place une
structure de gestion du projet au
Mali ?
Si oui combien de personne la
compose ?
Quel est le niveau d’instruction
et la situation socioprofessionnelle des membres de
cette structure ? Q
Quels sont les bénéficiaires du
projet ?
Comment/selon quelles
modalités est impliquée la
population locale ?
Le projet a t-il a été évalué, si
oui les
objectifs fixés ont -ils été
atteints ?
MODALITES DES REPONSES
concrètes à l’issue de ce
partenariat et les modes de
diffusion (plaquette, site internet)
Comment y apparaît
l’association ?
Quels sont les limites ou facteurs
bloquants à la mise en œuvre du
partenariat ?
GESTION DES PROJETS AU MALI: DIFFICULTES ET
PERSPECTIVES
Questions
Modalités des réponses
62
Les difficultés et obstacles
rencontrés
Les bénéfices sont ils réinvestit
1- Oui 2- Non
dans les projets ? (Je ne
comprends pas bien : à quels
bénéfices pensez-vous ?)
Souhaitez-vous investir le savoirFinancière
faire acquis dans un autre
Juridique
secteur ?
Si oui lequel(s) ?
Quel est l’état actuel du projet ?
3. Oui
Pensez-vous y associer des
4. Non
partenaires, lesquels ?
Etes vous satisfait de vos
5.
partenariats actuels au Mali ? Si
non qu’est ce que vous souhaitez
améliorer ou renforcer ?
Seriez- vous intéressé par un
partenariat avec DIAPODE dans
le cadre de ce programme ?
Quelles sont vos attentes ?
63